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Algérie - Page 37

  • Droit de grève : ce qui va changer (Liberté Algérie)

    Le nouveau projet de Code du travail prévoit des restrictions

    Le nouveau code du travail est finalement dévoilé. Le projet de loi élaboré par le département du Travail, de l’Emploi et de la Sécurité sociale risque de provoquer un bras de fer, notamment concernant le droit de grève.


    Dans la loi soumise à débat, “le droit de grève” n’est pas clairement remis en cause, mais le législateur a mis des balises qui rendent compliqué l’exercice de ce droit. Dans le volet obligations des travailleurs, outre celles déjà prévues par la législation en vigueur, l’accent est particulièrement mis, dans le texte, sur l’exercice du droit de grève qui devient de plus en plus canalisé.

    Ainsi, il sera désormais fait obligation aux travailleurs observant un mouvement de grève d’assurer le service minimum, de se soumettre à toute réquisition des autorités compétentes, de ne pas entraver la liberté de travail (qui sera considérée comme une faute professionnelle grave).

    Selon le nouveau projet, les travailleurs sont désormais soumis “à l’obligation de se soumettre à la réquisition des autorités compétentes” en cas de grève.

    Selon l’article 352, le refus d’exécuter un ordre de réquisition constitue une faute professionnelle grave. Les rédacteurs du document ajoutent un nouveau concept qui peut prêter à confusion, à savoir “le droit au travail”. Selon l’article 344, l’entrave à la liberté de travail est punie par la loi. Dans l’article qui suit, soit le 345, il est dit que “l’occupation par des travailleurs en grève de locaux professionnels de l’employeur est interdite quand elle a pour objet de constituer une entrave à la liberté du travail”. Est-ce à dire que le piquet de grève est interdit sur le lieu du travail ? Cette “entrave à la liberté du travail” fait partie des motifs justifiant le licenciement.


    Le nouveau texte élargit également le champ d’application des domaines touchés par “le service minimum”.

    Ainsi, les enseignants “qui dispensent des programmes pédagogiques des examens à caractère national” sont touchés par l’obligation d’observer le service minimum (article 348). Le refus par un travailleur concerné d’assurer le service minimum auquel il est astreint constitue une faute professionnelle grave.


    Par ailleurs, il est clairement stipulé que durant les journées de grève, le salarié “n’a pas droit à une rémunération”.

    Un article susceptible de dissuader les salariés qui auront recours à la grève. À signaler aussi l’article 353 qui précise les domaines d’activité où le recours à la grève est interdit, à l’instar des agents actifs des douanes.


    Les entraves aux libertés syndicales ont de tout temps été dénoncées par les syndicalistes.

    Les dispositions contenues dans le nouveau projet de loi de code du travail risquent encore d’exacerber les tentions entre les syndicats et les pouvoirs publiques.

    Par : Said SMATI

    http://www.liberte-algerie.com/actualite/droit-de-greve-ce-qui-va-changer-le-nouveau-projet-de-code-du-travail-prevoit-des-restrictions-227779

  • Plus de 21% des femmes atteintes de cancer (El Watan)

    Séminaire sur la tragédie nucléaire de la France dans le Hoggar

    Treize tirs nucléaires furent effectués, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962.

    Les explosions nucléaires, la catastrophe de Béryl et le droit international humanitaire» est l’intitulé du séminaire organisé, avant-hier, par l’association Taourirt des victimes de la tragédie nucléaire de la France, dans l’Ahaggar. Organisée avec le concours du centre universitaire et la direction des œuvres universitaires de la wilaya, la rencontre, à laquelle ont pris part des chercheurs, des experts en nucléaire, des juristes et des représentants de l’Association des victimes de Reggane (Adrar), était une occasion pour sonner, pour la énième fois, le tocsin face au désastre survenu sur les monts de Tan Affla et Tan Ataram dans la région d’In Ekker, à 180 km au nord de Tamanrasset, où furent effectués 13 tirs nucléaires, dont 12 ont échoué, parmi lesquels l’essai baptisé du nom de Béryl, le 1er mai 1962. Mais aussi pour accabler la France pour avoir utilisé des Algériens comme cobayes pour mener à terme ses expériences en les faisant passer pour des mannequins.

    150 Algériens utilisés comme cobayes

    «Pas moins de 150 prisonniers algériens, conduits de l’établissement pénitentiaire de Sidi Bel Abbès à In Ekker par un militaire allemand qui travaillait pour la France en qualité de chauffeur», dénonce maître Benbraham Fatma-Zohra, avocate à la cour d’Alger. Et de poursuivre : «Le dossier est entre les mains de personnes honnêtes qui ne se laisseront jamais duper par la France. Mieux, le dossier mis sur la table du Parlement français en janvier dernier est à jour. Il est temps de passer à la vitesse supérieure et de montrer au monde entier que le service rendu à la France a été récompensé par la mort et le génocide.

    L’Etat algérien doit s’immiscer pour mieux avancer dans cette affaire.» Et d’insister sur la levée du sceau du secret-défense sur toutes les archives se rapportant aux explosions et expérimentations nucléaires françaises dans le Sahara algérien, afin qu’«elles servent de documents de référence aux chercheurs et experts en la matière, et surtout pour connaître le nombre exact d’Algériens impliqués dans le programme nucléaire de la France ainsi que la population sédentaire et nomade concernée par les conséquences sanitaires des explosions».

    Ces archives permettront également de localiser les lieux des essais, le matériel contaminé et les endroits d’entreposage des déchets radioactifs enfouis ou laissés sur place après le départ de la France, en 1967, conformément aux Accords d’Evian. Me Benbraham a appelé l’assistance, composée essentiellement d’historiens et d’étudiants, à s’organiser et à se mettre à la recherche des précieux documents et témoignages des victimes encore en vie, en plus de toute attestation servant de pièce à conviction afin d’étoffer le dossier. Benseddik Boudjemaâ, que la France exploitait pour une minable rémunération dans la construction des galeries d’explosion, était dans la salle. Il a fourni une pièce précieuse à maître Benbraham et lui a promis d’en envoyer d’autres qu’il a toujours en sa possession.

    L’association Taourirt, 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à l’ONU pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle. La loi promulguée en janvier 2010, dite Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’«elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites.

    Cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires. Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etat malgré leur négationnisme», ajoute encore Mme Benbraham.

    Pour sa part, Bendaoud Abdelkader, professeur de droit à l’université d’Oran a, tout en regrettant l’absence des autorités locales à cette rencontre, plaidé pour la mise en place d’un plan d’urgence impliquant les ministères de la Justice et des Affaires religieuses et des Wakfs afin de subventionner les associations et organisations activant dans ce cadre. Comme il a préconisé d’en appeler au Comité international de la Croix-Rouge, «plus efficace» que l’ONU, avec pour but d’accélérer les procédures liées à ce dossier. La plaidoirie de M. Bendaoud portait aussi sur la nécessité «de mettre en place une bonne assise juridique dotée d’une base de données dans le cadre de la commission internationale humanitaire. Toutefois, la mise en place d’une stratégie territoriale visant à rentabiliser les méthodes de supervision est plus qu’impérative pour la sauvegarde de la mémoire et une indemnisation durable. Il est donc utile de prévoir des rencontres et coopérations de recherche sur, entre autres thématiques, Béryl, les dommages et les solutions».

    Dans son intervention, Mansouri Amar, docteur en physique à l’université d’Alger, a fait voyager l’assistance dans l’histoire du nucléaire de par le monde avant de terminer par des prises de vue aussi percutantes que choquantes, réalisées dans des sites impropres à toute forme de vie à cause de la menace radioactive, à l’exemple de Hammoudia (40 km de Reggane) polluée pour 244 000 ans, soit 10 fois la période du plutonium utilisé lors des essais d’In Ekker. Abdul Kadhum Al Aboudi, expert en nucléaire, a, quant à lui, évoqué les dernières révélations des médias français pour évaluer les risques radioactifs auxquels est exposé le Sahara algérien.

    Le conférencier – originaire d’Irak mais épris du Sahara algérien où il a réalisé plusieurs œuvres scientifiques au point d’émettre le désir d’y être inhumé – a invité les associations de victimes à se constituer en collectif national afin de parvenir à tracer une feuille de route permettant de dépoussiérer ce dossier et d’exhumer nos martyrs du cimetière de l’oubli. En conclusion, les participants ont recommandé de nettoyer et de réhabiliter les sites des essais. Ils ont mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic.

    Selon une étude réalisée récemment par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% de cancer de la thyroïde. Pour cette raison, ils ont insisté pour la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par le président de l’Association des victimes de Reggane, El Hamel Omar, qui a félicité son homologue de Taourirt pour cette première initiative et le défi relevé contre la France, le déni de l’histoire et… les autorités locales.
    Ravah Ighil El Watan, 4 mai 2014

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/france/essais_nucleaires_hoggar.htm

  • Essais nucléaires français dans le Sud algérien (El Watan)

    L’AVEN s’alarme des décès causés par le cancer à Tamanrasset

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    Le bilan des décès causés par les maladies radio-induites ne cesse de s’alourdir à Tamanrasset.  Au  total 20 cancéreux, entre femmes, hommes et enfants, sont morts en juillet dernier, s’alarme Ibba Boubakeur, secrétaire général de l’Association des victimes des essais nucléaires à In Eker (Aven), Taourirt.

    «Nous avons assisté à l’enterrement d’enfants amputés de leurs membres inférieurs et de  femmes à la fleur de l’âge. Le pire, c’est qu’aucune de ces victimes ne possède un dossier médical, hormis les quelques certificats délivrés par les médecins exerçant dans la région», se plaint-il. 52 ans après cette tragédie que la France ne veut toujours pas réparer, l’Association de Taourirt dresse un réquisitoire contre un crime inouï dans l’histoire de l’humanité et en appelle à toutes les institutions et organisations internationales pour rétablir les victimes dans leur droit à l’indemnisation morale et matérielle.

    «La géopolitique de l’époque obligeait nos dirigeants négociateurs à fléchir et faire des concessions en autorisant la réalisation de ce que la France appelait  ‘‘les expériences scientifiques propres’’. Malheureusement, après toutes ces années, nous continuons à vivre les conséquences affreuses d’une tragédie commise par un pays qui prône pourtant le respect de la justice et des droits universels», souligne Touhami Abdelkrim, vice-président de l’association.

    Et de poursuivre : «L’association continuera ses démarches, même voir le diable s’il le faut pour montrer ce qui s’était réellement passé et dévoiler au monde entier l’atrocité et la monstruosité du colon français qui voulait coûte que coûte faire aboutir sa stratégie nucléaire et développer une arme de dissuasion aux dépens des milliers de vies d’innocents algériens.»  L’association  qui a dernièrement saisi tous les départements ministériels concernés, entre autres les ministères de l’Intérieur et des Collectivités locales,  de la Santé, de la Population et de la Réforme hospitalière, le ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique et celui des Moudjahidine, compte prendre attache avec les AVEN d’outre-mer  afin de réunir toutes les données liées à ce lourd dossier, notamment en Polynésie et à Tchernobyl également secoués par plusieurs déflagrations nucléaires.

    «Nous allons  associer notre douleur à la leur pour réclamer ce que de droit. Une prise de conscience collective et des recommandations ont été déjà faites en collaboration avec des spécialistes très au fait du dossier.  Certes, on nous a utilisés comme des cobayes, et on ne veut aucunement être des oubliés de l’histoire. L’Etat algérien doit nous accompagner dans cette démarche, si on veut sauver des milliers de personnes de la mort.  Une solidarité entre l’Etat et l’association nous encouragera infailliblement et nous aidera à prendre en charge les victimes», ajoute notre vis-à-vis.  L’association n’a pas les moyens mais croit dur comme fer en sa cause.

    Recours au Tribunal Européen des droits de l’homme

    Dotée d’une volonté inébranlable,  elle a réussi à approcher certains professeurs et chercheurs en la matière afin d’éclairer la population de l’Ahaggar sur les dangers et les répercussions des explosions nucléaires réalisées dans la région. C’était lors d’un séminaire tenu en mai dernier à Tamanrasset, qu’une plate- forme de revendications, soumise à toutes les autorités compétentes, a été ainsi élaborée. Les principaux points recommandés axent essentiellement sur l’indemnisation des victimes, l’amendement des lois en trompe-l’œil y afférentes et la décontamination des sites des essais.

    Car la loi promulguée en janvier 2010, dite de Morin, où il est clairement fait abstraction de victimes algériennes et des dégâts importants occasionnés à l’environnement, ne répond aucunement aux aspirations des concernés, puisqu’elle occulte un principe aussi fondamental que la présomption d’origine et limite le seuil d’exposition et le nombre de pathologies radio-induites. Selon M. Abdelkrim, «cette loi scélérate instaure faussement la caution de la science pour masquer son objectif portant limitation des indemnisations pour des raisons purement budgétaires.

    Nous allons déposer une plainte contre la France auprès du Tribunal européen des droits de l’homme pour réclamer non seulement la modification de la loi Morin, mais aussi le droit de revendiquer des dédommagements pour tous les habitants du Sahara algérien». Il faut retenir que les explosions nucléaires sur une population pacifique demeurent un parfait crime contre l’humanité et restera de ce fait imprescriptible donc voué à contraindre leurs auteurs à reconnaître d’abord puis à réparer les dommages constatés, car l’histoire rattrape toujours les hommes et les Etats malgré leur négationnisme.

    Evoquant le nombre de victimes, le président de Taourirt, Alouaar Mahmoud, fait savoir que le chiffre obtenu se limite au nombre de personnes recensées par l’écrivain public de la région qui fut sollicité par les anciens travailleurs du Centre d’expérimentations militaires des oasis (CEMO) pour saisir le service français en charge de l’opération d’indemnisation des victimes de la radioactivité. «On ne peut pas avoir le nombre exact de victimes. En 2010, un recensement partiel faisant état d’un peu plus de 500 victimes a été réalisé dans les localités relevant uniquement de la commune de Tamanrasset, à savoir Inzaouen, Ifak, Toufdet, Tahifet, Indalak, Izarnen, Outoul  et Tit. Nous y avons constaté beaucoup de maladies, des avortements, des malformations et toutes les formes de cancer».

    Plus de 21% des femmes atteintes du cancer du sein

    «C’est un crime contre l’humanité», s’indigne M. Elouaar. Ce dernier a mis l’accent sur le suivi médical des victimes des rayonnements ionisants via la construction par la France de structures sanitaires spécialisées à même de prendre en charge les pathologies radio-induites chez les personnes impliquées directement et leur descendance, et ce, depuis le stade de diagnostic. Selon une étude réalisée par des experts, 21,28% des femmes de cette région sont atteintes de cancer du sein et 10,13% du cancer de la thyroïde.

    Pour cette raison, on a insisté sur la mise en place d’un système de surveillance des sites, à l’instar de ce qui s’est fait en Polynésie française, et exigé de la France la formation de spécialistes algériens en décontamination et l’indemnisation des victimes suivant «le principe du parallélisme des formes». L’introduction de cette calamité dans le programme de l’éducation nationale a été soulignée par l’association qui invite aussi les universités, particulièrement le centre universitaire de Tamanrasset et l’université africaine d’Adrar, à prendre en charge ce dossier sur le plan scientifique afin de déterminer l’impact et les conséquences de la tragédie nucléaire française au Sahara algérien.

    Taourirt en appelle également à l’ONU et invite ses membres à visiter les sites des explosions avec à la clé dresser un rapport patent sur la violation des droits de l’homme, à l’exemple de ce qui s’était passé aux îles Marshall en 2012 (site des essais nucléaires réalisés par les Etats-Unis dans les années 1950 et 1960). Tout en rejetant l’alibi des essais nucléaires scientifiques français propres, l’AVEN exige l’intervention immédiate des autorités algériennes afin d’éloigner les habitants, les autochtones ou les nomades, des sites irradiés.

    La France, quant à elle, est appelée à assainir les lieux pollués, délimiter les zones à risque, déterminer les centres d’enfouissement des déchets nucléaires et évaluer les niveaux de radiations dans les régions contaminées, Reggane, et In Eker en particulier. La réalisation des stèles à la mémoire des victimes oubliées au niveau de ces régions a été aussi recommandée par l’association qui a pris l’initiative d’inviter toutes les associations concernées pour se constituer en coordination nationale à l’effet de coopérer et de réunir la force nécessaire pour combattre le déni de l’histoire et pour que la vérité et la justice soient rendues à toutes les victimes de la catastrophe nucléaire française.

    Ravah Ighil le 30.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/l-aven-s-alarme-des-deces-causes-par-le-cancer-a-tamanrasset-30-08-2014-269632_109.php

  • En route pour l’exploitation du gaz de schiste (El Watan)

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	Manifestation à Alger du 7 juin dernier devant la Grande-Poste

    Cet automne, les autorités donneront les résultats de l’appel d’offres pour l’exploitation de 31 zones géographiques, dont une partie dans le sud-ouest du pays. Après avoir été reportée par deux fois, la date à laquelle les sociétés doivent remettre leurs propositions est désormais fixée au 30 septembre.

     

    Les premiers contrats seront signés un mois plus tard. Sur ces 31 périmètres, une quinzaine pourrait concerner les gaz de schiste. «Après la signature des contrats, l’Algérie s’engagera irréversiblement dans l’exploitation de ces gaz», explique un expert. Dans la région d’Adrar, les opposants à l’exploi- tation du gaz de schiste ont prévu de poursuivre leurs actions de sensibilisation dans les zones éloi- gnées, comme Reggane. «Nous envisageons une réunion publique à Adrar en septembre mais pas à l’extérieur, dans une salle.

    Certains citoyens nous reprochent de manifester, alors nous voulons leur montrer que notre objectif est juste de discuter de l’impact de l’exploitation de ces gaz sur notre quotidien», explique Mohad Gacemi, militant, qui aimerait parvenir à réunir les militants du Sud avec ceux du Nord dans un grand sit-in à Alger. Des experts, comme l’ancien haut-responsable de Sonatrach, Hocine Malti, dénoncent les risques écologiques et économiques de l’exploitation de ce gaz non conventionnel.

    Si plusieurs pays dans le monde ont interdit cette exploitation du fait des risques environnementaux, l’Algérie manque surtout de compétences dans l’extraction de ce gaz. Malgré les recommandations de prudence, le président Abdelaziz Bouteflika avait officiellement autorisé l’exploitation du gaz de schiste lors du Conseil des ministres du 21 mai. Selon le Département de l’Energie américain, il y aurait dans le sous-sol algérien près de 20 000 milliards de m3 de gaz, principalement dans les régions de Mouydir, Ahnet, Berkine-Ghadames, Timimoun, Reggane et Tindouf.

    Leïla Beratto le 29.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/economie/en-route-pour-l-exploitation-du-gaz-de-schiste-29-08-2014-269506_111.php

    Commentaire: Apparemment l'Algérie ne manque pas d'eau! Il en faut des quantités pour cette extraction, qui une fois polluée ira... polluer le reste!

  • L'usine invisible de la révolution algérienne (La Brèche)

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    "Mémoires d'un trotskiste grec"

    Dimitris Livieratos, chargé, pour le compte de la IVeme Internationale, de coordonner et de mener a bien l'installation d’usines d’armement pour le FLN au Maroc, raconte dans ce livre ses propres mémoires


    Ce livre nous offre la possibilite de lire de la plume d'un acteur - et étroit collaborateur de Michel Raptis (Pablo), dirigeant célèbre de la IVeme Internationale - la manière dont il a vécu les évenements.
    Il laisse, dans la description d’une revolution en marche, loin des recits héroiques et hagiographiques, une place au tragique, au doute, aux incertitudes.

    Il pose des questions essentielles sur la difficulte d’etablir de nouvelles relations humaines, de nouvelles relations dans le travail, qui ne détruisent pas l’individu au service de la cause.


    Il décrit le décalage entre la classe ouvrière algérienne, qui «vivait hors des frontieres», «s'était développée dans un cadre européen» à «Paris, Marseille, Lyon, Frankfort ou Cologne», et les «gens des djebels», qui peut contribuer a expliquer les difficultes de l'Algerie independante. Il décrit la grandeur et les difficultes de l'internationalisme.

    http://www.la-breche.com/catalog/product_info.php?products_id=3101&osCsid=75a86e5e0d1538b907bc17d8b519f0c4

  • Oran : Lutte et répression à l’usine Tosyali (AeL)

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    La Ligue algérienne pour la défense des droits de l’Homme (LADDH) a annoncé, ce mercredi 20 août, l’arrestation de quinze employés de l’entreprise turque Tosyali, dont trois syndicalistes, par la gendarmerie à Oran.

    « Ces travailleurs ont été arrêtés hier lors d’un rassemblement devant leur entreprise. Ils ont été relâchés aujourd’hui après leur présentation devant le procureur », précise Keddour Chouicha, responsable du bureau de la LADDH à Oran. « Ils disent avoir été maltraités pendant leur détention. Ils sont accusés d’entrave à la liberté de travail et d’attroupement non autorisé. Aucune date ne leur a été donnée pour l’instant pour leur procès », précise la même source.

    Dans son communiqué, le bureau de la Ligue à Oran affirme que les travailleurs de l’entreprise en question avaient entamé une grève et avaient organisé un rassemblement quotidien devant l’usine sans bloquer l’entrée pour protester contre le licenciement « arbitraire » de leurs délégués. « Depuis l’élection de ces délégués, la direction refuse de les reconnaître et refuse même d’accuser réception du Procès-verbal d’élection continuant à faire de l’UGTA l’unique représentant des salariés, alors que la stricte majorité des travailleurs n’a pas participé à l’élection », ajoute l’organisation.

    Le bureau d’Oran de la LADDH dénonce la « direction de l’entreprise turque qui confond travail et esclavagisme ». Il dénonce également « l’inertie des instances qui se doivent d’intervenir pour faire appliquer la loi (même l’inspection de travail a refusé d’accuser réception d’un rapport déposé par les délégués) ». Le bureau de la Ligue réclame « une enquête sur le comportement des autorités locales qui semblent tout permettre à l’entreprise en participant à la répression des syndicalistes et des travailleurs ». 22 août 2014

    Source : Tout Sur l’Algérie

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/oran-lutte-et-repression-a-l-usine

  • Syndicats: l’été, c’est plus pratique pour licencier (El Watan)

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	Des délégués des travailleurs de l’agence de sécurité 2SP manifestannt devant le siège de Sonatrach à Alger au mois d’avril

    Au moins 11 travailleurs ont été limogés du jour au lendemain depuis le début du mois de juillet. Leur faute ? Etre membres de syndicats autonomes. Malgré la loi, les entreprises continuent de licencier sans être inquiétées.

    Tarek Ammar Khodja travaille à la Poste depuis 16 ans en bordure d’Alger. Après les grèves de l’année 2011, des employés estiment que l’UGTA ne se sent pas concernée par les problèmes des travailleurs et ils créent un syndicat autonome, dont Tarek devient le chargé de communication. Ses problèmes commencent au mois de mars dernier.

    Des inspecteurs se rendent sur son lieu de travail pour vérifier qu’il est présent. «Ils m’ont dit qu’ils venaient vérifier si je rejoignais bien mon poste de travail, et ils m’ont demandé ma pièce d’identité», raconte-t-il décrivant des scènes où les inspecteurs se moquaient ouvertement des employés.

    Au fur et à mesure des semaines, des collègues, membres du syndicat autonome et en poste dans différentes directions, lui conseillent de se faire discret, son nom serait «dans le collimateur». «Avant, je n’avais jamais eu un seul problème, je suis un travailleur honnête, mais je n’étais pas syndicaliste», lance-t-il en souriant.

    L’homme de 42 ans prend la parole dans les médias pour demander aux responsables le respect des promesses faites lors des deux grèves de 2013, mais l’élément déclencheur des représailles est un nouveau sit-in. «Le 7 juillet, mes collègues et moi avons observé un arrêt de travail de deux heures, car l’un de nos collègues avait été suspendu arbitrairement», explique-t-il.

    Représailles

    Ce jour-là, un haut cadre de la direction générale lui lance : «De quel droit t’exprimes-tu dans les journaux ?» Un autre jure même qu’il va «briser» les travailleurs qui vont «payer très cher» leur réclamation. «A partir de ce moment-là, tout est allé très vite», rapporte Tarek Ammar Khodja. Le lendemain de l’arrêt de travail, il est convoqué pour être auditionné.

    Face à lui, trois cadres qui l’accablent de questions. «Ils m’ont demandé si j’appartenais à une organisation syndicale et l’un d’entre eux m’a provoqué pendant tout l’entretien», raconte l’employé. Le 9 juillet, il est suspendu et le lendemain il reçoit une convocation pour un conseil de discipline. Le 17 juillet, lors de la commission, il expose son passé professionnel, «irréprochable» selon un de ses collègues.

    Rien n’y fait, il est licencié. Au cours de l’entretien, le directeur de la commission, responsable de la région d’Alger-Est, lui a même dit : «C’est à vous d’apporter la preuve de votre innocence». L’un des motifs officiels de licenciement est «menaces et injures à travers la presse». «C’est une chasse aux syndicalistes», s’insurge l’employé. Mourad Nekkache, 40 ans, est le président de ce syndicat autonome des travailleurs de la Poste. Il travaille dans une agence de Boumerdès depuis 15 ans. Il participe aux grèves de janvier, puis août de l’année dernière.

    Après la dernière grève et alors que la tutelle promet de répondre aux sollicitations des employés, du jour au lendemain il comprend qu’il est surveillé au bureau. Tous ses gestes sont observés. Le personnel est réduit à coups de mutations, de congés, de récupérations. Mourad, lui, est maintenu en poste et doit faire face à la pression. Les clients sont toujours aussi nombreux. «J’ai de la chance, je n’ai fait aucune erreur. Je suis du genre pointilleux», rigole-t-il aujourd’hui.

    Intérêt moral

    Le 2 août dernier, ses supérieurs ont fini par le suspendre pour «avoir porté atteinte aux intérêts moraux de l’entreprise». Hier, il est passé devant une commission de discipline ; une «mascarade» selon lui. «Ils étaient six. Deux membres n’avaient aucune idée concernant le dossier, et comme ils ne voulaient pas entendre ma version des faits, ils ont suspendu la séance», raconte-t-il. Il doit encore attendre huit jours pour savoir s’il sera licencié ou non. Mais il ne se fait pas d’illusion.

    «Cette entreprise ne veut pas de syndicat autonome, de gens qui demandent à ce que leurs droits soient respectés et que l’entreprise soit protégée, estime Tarek Ammar Khodja. Ils veulent nous faire passer pour des fauteurs de troubles, ils veulent faire croire que l’on cherche à détruire l’entreprise, mais c’est faux ! La gestion de la Poste aujourd’hui est catastrophique, les travailleurs n’ont pas de stylo, pas de chaise, on va droit dans le mur !»

    Les deux travailleurs de la Poste sont peinés mais ils ne veulent pas «lâcher». Sur les réseaux sociaux, une photo de leurs collègues circule avec une pancarte : «Licenciez-nous tous !». «Ces méthodes-là ne font plus peur, on ne va pas se laisser faire», lancent-ils. Mais pour seule riposte, ils n’ont qu’un sit-in, «devant le ministère du Travail d’ici la fin du mois d’août». Ils ont peu d’espoir d’être réintégrés.

    Vulnérables

    Il y a plus d’un an, les sociétés de restauration Cieptal et Saha Catering avaient licencié 35 délégués du personnel à Hassi R’mel (Laghouat). «Toute la presse en avait parlé, la justice avait ordonné leur réintégration, mais aujourd’hui ils sont au chômage et certains ont quitté la région pour trouver du travail. Ces hommes n’ont ni la force ni les moyens de se battre contre une telle machine», raconte Yacine Zaïd, militant et ancien employé licencié pour ses activités syndicales. Il estime que rien ne protège les employés : «Les entreprises sont encouragées par l’absence de réaction du ministère du Travail ou de l’Inspection du travail.

    Leur silence est un feu vert pour les licenciements, explique-t-il. Les autorités ne soutiennent jamais la création d’un syndicat et la justice est incapable d’obliger une entreprise à réintégrer des travailleurs licenciés abusivement !» Le sentiment est le même aux sein des effectifs de Sonelgaz. Au début du mois de juillet, Abdellah Boukhalfa, président du syndicat autonome, est révoqué après avoir organisé une réunion syndicale dans l’Est du pays.

    Deux autres employés qui ont participé à la réunion sont suspendus et 25 autres reçoivent des questionnaires. «Les membres du syndicat ont bien déposé les dossiers pour faire enregistrer leur groupe, mais le PDG de Sonelgaz a décrété que ce syndicat n’était pas reconnu», explique Mourad Tchikou du Snapap. Sur les documents officiels envoyés aux 28 travailleurs, il est inscrit dans la case «motif» : «activité avec un syndicat non reconnu».

    Si la Poste et Sonelgaz sont des entreprises publiques, le secteur privé n’est pas irréprochable. A Bethioua, près d’Oran, 6 délégués du personnel de l’entreprise turque de fabrication de pièces en métal Tosyali ont été licenciés il y a une semaine, après 4 mois de conflit. Au début de l’année, la direction des ressources humaines licencie 150 personnes. «Cette dame est entrée dans mon bureau, accompagnée d’un agent de sécurité, et m’a dit : ‘‘tu as 5 minutes pour partir’’», raconte un employé.

    Les travailleurs décident de s’organiser pour dénoncer ce qu’ils estiment être des licenciements abusifs. Le syndicat officiel de l’entreprise reste silencieux. Il n’inspire plus confiance, et six employés sont choisis par leurs collègues pour les représenter. Une grève a eu lieu au mois de mai. «A ce moment-là, la DRH a voulu licencier 36 personnes. Elle n’a pas réussi», raconte l’employée qui assure que l’UGTA, l’Inspection du travail et même la wilaya ont été alertées.

    Gendarmerie

    Au début du mois d’août, les six délégués demandent aux responsables la mise en place d’une convention collective. Ils sont immédiatement convoqués en conseil de discipline. La direction refuse la présence des autres travailleurs pendant la réunion. «Ils nous ont licenciés tous les six en affirmant que la décision venait de Turquie», raconte Mohamed Bouzid, l’un des délégués. Les autres travailleurs se mettent alors en grève et bloquent l’usine.

    Les responsables de l’entreprise demandent l’intervention des services de gendarmerie et portent plainte. Les forces de sécurité interviennent mardi avec une «vingtaine d’engins de type 4×4, des chasse-neige et un bus chargé de gendarmes», selon le journaliste oranais Salah Ziad. Plusieurs employés sont violentés et 19 d’entre eux sont arrêtés. Ils passent la nuit en garde à vue avant d’être présenté devant le procureur. Les 19 travailleurs devront se présenter au tribunal le 20 octobre prochain. Leïla Beratto le 22.08.14 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/syndicats-l-ete-c-est-plus-pratique-pour-licencier-22-08-2014-268803_109.php

  • Algérie : Nouvelle grève à l’usine Tosyali de Bethioua (Ael)

    Le feuilleton concernant l’usine de sidérurgie algéro-turque Tosyali, située dans la zone industrielle de Bethioua, ne semble pas près de prendre fin. Depuis dimanche, les 600 travailleurs de cette usine sont revenus à la charge en reprenant le chemin de la grève qu’ils affirment pour cette fois illimitée. Ce débrayage est le quatrième depuis le début de l’année 2013. Ainsi, les travailleurs de cette entreprise avaient débrayé au mois d’octobre de l’année dernière. Après des négociations, le travail avait repris.

    Mais ce ne fut qu’un sursis puisque la grève a repris en mai et juin 2014. Ainsi, au mois de mai, les ouvriers avaient organisé un vaste mouvement de protestation pour dénoncer leurs mauvaises conditions de travail et surtout revendiquer la réintégration de 60 de leurs collègues, considérés comme victimes de licenciements arbitraires.

    La pression exercée par ce mouvement sur la direction et le mouvement de solidarité exprimé par des syndicalistes de la zone industrielle d’Arzew, avait débouché, au mois de juin, sur la satisfaction de certains points de la plateforme de revendications, à l’instar de la dissolution de la section syndicale de l’entreprise, considérée par les ouvriers comme illégitime et l’ouverture de négociations pour la satisfaction des autres points.

    Les pourparlers avec les représentants des travailleurs n’ont pas abouti à l’amélioration des conditions de travail, au versement de primes, de risque, nuisance et rendement ainsi qu’à la gratification concernant la femme au foyer. Se disant floués par leur employeur qui n’a pas tenu ses promesses depuis le premier mouvement de protestation, les travailleurs ont repris la grève tout en exigeant pour cette fois la satisfaction de l’ensemble des revendications comme préalable à la reprise du travail.

    Source : Le Temps d’Algérie 21 août 2014 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-nouvelle-greve-a-l-usine

  • Le village Azrou n’Svah rend hommage à Lounès Kaci (Liberté)

     

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    Militant berbériste de la première heure impliqué dans l’affaire “des poseurs de bombes”

    Le comité du village et l’association culturelle Azrou n’Svah, relevant de la commune de Yakourène (Tizi Ouzou), en collaboration avec la Direction de la culture de la wilaya, ont rendu un vibrant hommage au fils du village, Lounès Kaci, militant berbériste durant les dures années 1970, lors d’une cérémonie mémorable à laquelle ont pris part de nombreux militants de l’époque qui luttaient pour l’identité et la culture amazighes.


    Cette cérémonie se voulait une reconnaissance à celui qui, avec ses compagnons, ont ébranlé l’État algérien à une époque où les libertés étaient quasiment verrouillées. L’affaire dite “des poseurs de bombes” a fait couler beaucoup d’encre en 1976. Pour le pouvoir de l’époque sous la présidence de Houari Boumediene, de nombreux militants de la cause berbère, tels que Haroun Mohamed, Cheradi Houcine, Kaci Lounès, Ahcène Chérifi, Medjber Mohamed ou Smaïl, furent taxés de saboteurs et injustement accusés de trahison, d'atteinte à la sûreté de l'État, de complicité avec l’étranger, de trafic de devises et de jets d'explosifs. Mais pour beaucoup d’autres observateurs, ce sont des exemples de courage, d’engagement et de patriotisme.


    Arrêtés, ces jeunes “berbéristes” furent déclarés “ennemis de l’Algérie”, “agents de services spéciaux nostalgiques de la colonisation” et longuement soumis par les médias étatiques à la vindicte populaire, et leur “cause” clouée au pilori. Leur procès devant la cour de sûreté de l’État a fait, pendant des semaines, l’actualité nationale et leurs “aveux” mis en exergue ; ils seront condamnés par le tribunal de Médéa, le 2 mars 1976, à de lourdes peines. Trois peines capitales, deux condamnations à perpétuité et d'autres peines allant de 10 à 20 ans de prison. Le quotidien El Moudjahid titrait en grandes manchette, à l’époque, “Un châtiment exemplaire, demande l’opinion publique”.


    Durant son témoignage poignant, Lounès Kaci a mis en exergue la répression qui s’est abattue, depuis et jusqu’aux années 1980, sur les militants berbéristes. Des arrestations, des emprisonnements, des membres fondateurs de la première Ligue des droits de l’Homme ont été  condamnés dans un simulacre de procès à la cour de sûreté de l’État, des provocations et des intimidations. Le chanteur et compositeur kabyle, Lounis Aït Menguellet, tout comme le chanteur engagé, Ferhat Imazighen-Imoula, n’ont pas échappé à cette campagne de dénigrement du pouvoir en place. Les membres du réseau des poseurs de bombes ont été toutefois libérés en 1987, après avoir passé 11 ans dans les geôles de Lambèse.


    Lounès Kaci qui vit, depuis 1992, au Canada, a été invité expressément par le comité de son village à assister à l’hommage qui lui a été rendu. De nombreux berbéristes des années 1970 et du mouvement de 1980 ont répondu présent.


    Un programme alléchant a été concocté par les villageois : exposition de coupures de presse du journal El Moudjahid, El Djeïch, Ech Chaâb et des photos. De nombreux militants berbéristes dont Lounès Kaci et sa famille, ainsi que le chanteur Ouzib Mohand Ameziane ont été récompensés à l’occasion et un gala artistique auquel ont pris part de nombreuses stars de la chanson kabyle, s’est tenu dans la soirée jusqu’aux premières heures de la matinée. Par : C. Nath Oukaci

    http://www.liberte-algerie.com/actualite/le-village-azrou-n-svah-rend-hommage-a-lounes-kaci-militant-berberiste-de-la-premiere-heure-implique-dans-l-affaire-des-poseurs-de-bombes-226852

  • Il y a 50 ans, l’insurrection algérienne" (Emancipation)

    L'insurrection algérienne et les communistes libertaires

    Chacun y allant de sa commémoration du cinquantenaire de l’atroce guerre d’Algérie, à notre manière il nous a paru utile de rappeler que nous nous sommes opposéEs à la barbarie colonialiste qui façonne, aujourd’hui encore, l’inconscient français. Pour cela nous avons interrogé notre camarade Georges Fontenis sur son activité à l’époque au sein de la Fédération Communiste Libertaire (FCL) et à l’Ecole Emancipée.

    L’Emancipation : "La Toussaint rouge", le 1er novembre 1954, marque le déclenchement de l’insur-rection. Dès le 9 septembre dans Le Libertaire n°391, vous aviez publié un article critique sous la plume de Paul Philippe à propos du congres du MTLD (Mouvement Pour le Triomphe des Libertés Démo- cratiques). Est-ce à dire que vous pouviez prévoir l’imminence du passage à lu lutte armée?

    Georges Fontenis: La FCL prévoyait clairement le déclenchement de l’insurrection, sans pouvoir bien entendu donner de date. C’est parce que nous avions, d’abord dans les rangs de la FCL des camarades algériens bien formés qui nous apprenaient quelle était la mentalité générale dans les villes et la cam- pagne algériennes. Et nous avions aussi des camarades directement liés a nous du Mouvement Libertaire Nord Africain (MLNA) qui nous faisaient prévoir aussi des événements.

    L’article de Paul Philippe à propos du congrès du MTLD n’a donc rien de surprenant, si ce n’est qu’à cette époque nous étions les seuls strictement à pouvoir nous douter que quelque chose d’extraordi- naire se passerait très bientôt. Nous reparlerons de cet article de Paul Philippe.

    Il y avait aussi le souvenir cruel chez beaucoup d’Algériens des évènements de Sétif de mai 1945 [1]), D’ailleurs au cours des événements de 45, L’Humanité et le PC ne s’étaient pas couverts de gloire, c’est le moins qu’on puisse dire, Ils sanctifiaient l’unité derrière un gouvernement De Gaulle dans lequel des communistes étaient présents, dont d’ailleurs le ministre de l’armement Tilion.

    L’Emancipation La défaite du corps expéditionnaire de Dien Bien Phû a-t-elle influencé la décision du CRUA [2] pour passer à la lutte armée ?

    G.F.: Sans doute la défaite de la France colonialiste au Vietnam n’était pas pour rien non plus, à la fois dans la préparation de l’insurrection algérienne et dans notre clairvoyance. Il ne faut pas oublier que bien des militants qui seront des animateurs du FLN plus tard étaient, au moment de la guerre d’Indo-chine, dans l’année française, et la défaite du corps expéditionnaire français n’a pas été pour rien dans le déclenchement de l’insurrection de novembre 1954.

    L’Emancipation: Penses-tu que la position de la FEN et du SNI résolument anti indépendantistes trouve sa légitimation dans l’assassinat de l’instituteur Guy Monnerot dans les gorges de Tighonimine, ou bien faut-il l’imputer à l’allégeance politique des majoritaires à la SFI0 et à Guy Mollet?

    G.F. : Il est sûr que les positions de la FEN et du SNI sont violemment nationalistes, au profit de la France bien entendu. La présence au gouvernement où la SFIO a sa place et Guy Mollet beaucoup d’importance, n’est pas pour rien non plus dans la position de la FEN et du SNI au moment de l’insur-rection. Il m’est arrivé de rencontrer quelques responsables qui osaient défendre la présente coloniale en Algérie sous prétexte que l’Algérie avait toujours connu un certain colonialisme et que les Arabes n’avaient pas à revendiquer puisqu’ils étaient eux-mêmes les anciens conquérants d’un pays berbère... N’importe quoi. En tout cas on peut résumer ainsi: oui, il y a eu allégeance politique des responsables majoritaires de la FEN et du SNI à la position des dirigeants de la SFIO. Toutefois, et il en sera de même dans le Parti communiste. Le Parti socialiste est parfois divisé. Dans les sous sections, il y avait un certain nombre de camarades socialistes, même inscrits au parti et là je parle en tant qu’ancien instituteur parisien qui étaient restés dignes et qui n’approuvaient pas du tout la politique de la SFIO et de Guy Mollet, j’en reparlerai à l’occasion,

    L’Émancipation: Les jeunes insurgés du CRUA sont en rupture avec le MNA de Messali Hadj. Cette rupture va déboucher sur la fondation du FLN par Ahmed Ben Bella au Caire. L’historien Benjamin Stora évolue à 4 000 les victimes des règlement de comptes entre MNA et RN en métropole, de 1954 à 1962. C’est près de 2% des Algériens de la métropole. Pourrais-tu nous expliquer les différences politiques, culturelles, stratégiques entre le MNA et le FLN. Pourquoi une telle violence politique entre eux ?

    G.F.: Il est clair qu’il y a des différences considérables entre les militants du MNA de Massali Hadj et du FLN qui vient de se fonder. L’analyse globale de la situation soit de la part du MNA, soit du FLN est insa- tisfaisante, bien que le MNA demeure plus proche d’une analyse marxiste. Mais, ni l’un ni l’autre n’ont tenu compte de la complexité de la société algérienne et notamment de l’existence d’une petite bour- geoisie nationale que le colonialisme a laissé se développer (exemple de petites entreprises dirigées par des familles algériennes, se satisfaisant de la présence française). De ce point de vue il est clair que le FLN sera plus adapté que le MNA à la situation du peuple algérien, plus nationaliste que désireux d’un mouvement révolutionnaire. Quant à l’affirmation du nombre de victimes en métropole entre le MNA et le FNL je crois qu’on peut se rallier au point de vue de Benjamin Stora.

    L’Émancipation: Pourquoi les libertaires de la FCL et les trotskistes du PCI aidèrent-ils au départ les nationalistes du MNA plutôt que le FLN et comment s’opérera le basculement d’alliance en faveur de ce dernier?

    GF. : Il ne faut pas oublier que l’Etoile Nord Africaine, puis le MTLD (sous sa nouvelle forme MNA) existent depuis les années 1930. Pour les camarades de la FCL, il y aura bien sûr peu à peu un passage du soutien au MNA en faveur du FNL. Cela se fera sans que nous rejetions nos contacts et notre soli- darité avec le MNA. Mais il faut bien admettre, quand on est responsable d’un mouvement, des change- ments historiques comme la montée du FLN par rapport au MNA et ce basculement d’alliance sera parfaitement assimilé par nos camarades, car il correspond à une véritable connaissance de la réalité politique.

    L’Emancipation : Comment les tendances dons la FEN et le SNI ce situaient-elles par rapport aux questions de la décolonisation ? Quel climat régnait à l’intérieur de la profession et de ses syndicats ?

    G.F.: J’en viens à préciser comment nous voyions, à ce moment-là, les tendances dans la FEN et le SNI. J’ai parlé un peu plus haut de la position des majoritaires qui était finalement colonialiste. Mais il y avait, à l’époque, une véritable résistance par l’Ecole Émancipée. Et, il faut bien dire que chez les majoritaires comme d’ailleurs chez les militants disons de la tendance cégétiste étroitement dirigée par le PCF, qui devait devenir Unité & Action , il y avait des différences individuelles considérables. Car, même dans les tendances réformistes, il y avait un certain nombre de militants qui n’étaient pas igno- rants des vraies questions de la décolonisation, je me souviens d’avoir échangé des propos assez violents avec le secrétaire majoritaire de la fédération de la Seine qui était franchement nationaliste et colonialiste, Mais on peut bien penser que l’ensemble des enseignants ne suivaient pas la trajectoire des partis communiste et socialiste. Il y eut donc, dans les premières années de l’insurrection, assez souvent une différenciation entre les chefs des partis et un certain nombre des militants de base. Plus tard, lorsque nous passerons à la clandestinité, nous recevrons des aides très ouvertes, très sympa-thiques de militants communistes en dépit des positions de leur parti et d’un certain nombre de militants socialistes qui d’ailleurs nous rendront un certain nombre de services.

    En réalité, il y avait une réponse saine d’un assez grand nombre de syndicalistes en dépit de ce que j’appellerais le colonialisme honteux des directions. Encore que, même dans les directions, il y ait eu des militants qui résistaient.

    L’Émancipation: Pourrais-tu nous relater en quoi consistait votre soutien concret aux insurgés ?

    GS. : Voilà une des questions les plus gênantes qu’on peut me poser. Notre soutien concret aux insur- gés algériens consistait en dépôt et transport de matériel (armes légères, vêtements et pièces d’état civil. Transport possible grâce à notre système de passage des frontières terrestres (Belgique, Suisse) ou maritimes (Ste) et facilité par nos rapports avec des camarades de diverses nationalités, et aussi des camarades d’autres réseaux.

    L’Émancipation: Pourrais-tu lever un coin du voile sur la teneur de vos conversations lors de ta rencontre à Angoulême avec Messali Hadj ?

    GF: Il est évident qu’avec Messali Hadj nous avons abordé des problèmes de fond concernant l’avenir, voulu par lui et ses amis, pour l’Algérie et sur le poids limité que nous avions dans l’opposition en France. Messali envisage une société algérienne démocratique et basée sur l’autogestion, mais il reste flou. On sent qu’il n’est pas sûr de ses troupes. Messali, que j’avais rencontré grâce à l’aide et à l’insis- tance de Daniel Guérin en dépit de l’opposition du parti trotskiste, le PCI de Lambert, qui a tenté d’empêcher ma rencontre avec Messali. Je précise que ce parti lambertiste restera inconditionnellement partisan du soutien au MNA alors que les autres groupes trotskistes sont pour le soutien au FLN.

    Il est clair que ce fut une conversation très libre, très ouverte, au cours de laquelle j’insistais sur la nécessité d’une analyse révolutionnaire de la situation et de l’orientation nécessaire du mouvement de libération. En fait, Messali Hadi était d’accord avec notre position de "soutien critique". Messali, au cours de cette conversation, fut d’accord avec ce que je pouvais avancer. Mais il me laissa entendre qu’il n’était pas toujours entendu et que quelquefois les militants du MNA n’avaient pas toujours une position parfaitement claire. D’où, bien entendu, accord minimum avec la FCL sur ce que nous appelions à l’époque "le soutien critique’.

    L’Émancipation: La question du contenu politique du nationalisme algérien a pu poser problème. Comment expliques-tu ta position d’alors : le "soutiens critique" aux natio- nalistes et, surtout, comment as-tu pu participer à la réflexion d’abord dans le MNA ensuite dans le FLN ? En quoi certains cadres de la lutte armée ont-ils modifié leurs positions grâce aux positions critiques que la FCL développait ?

    G. F. : Il est vrai que le courant politique du nationalisme algérien n’a pas été toujours très clair. C’est pourquoi notre "soutien critique" qui peut convenir à d’autres cas et à presque toutes les guerres de libération demande une analyse de la situation, en particulier des différentes forces qui se trouvent opposées à la puissance colonialiste. Et je dois dire que, dans les rencontres que nous avions avec les représentants du MNA d’abord et du FNL ensuite, nous n’avons jamais caché notre inquiétude a propos des insuffisances politiques du nationalisme algérien.

    Mais notre position selon laquelle il Fallait se libérer sur le plan national mais aussi sur le plan intérieur, pour une Algérie nouvelle, dans une direction disons socialiste, il est sûr que cela a fini par toucher un certain nombre de nos correspondants. C’est si vrai que certains des militants du MNA n’étaient pas loin de nous rejoindre et que même certains cadres de la lutte armée ont modifié leurs positions et adopté les nôtres grâce aux positions critiques que nous développions. Je suis même persuadé d’une certaine réussite lorsque, au cours d’une rencontre, j’eus la surprise d’entendre Mohammed Boudiaf reprendre pratiquement nos positions. A ce sujet, voir son livre "Ou va l’Algérie ?" (Editions de l’Étoile, 1964).

    Il est peut-être utile de rappeler ce qu’était notre position de "soutien critique". Nous pouvons pour cela nous reporter a l’article du Libertaire paru dès septembre 1954, c’est-à-dire quelques mois avant l’insurrection, sous la signature de Paul Philippe, membre du secrétariat de la FCL. C’est une position de "soutien critique" aux luttes de libération nationale parce qu’elles font partie de la guerre contre le capitalisme et ses extensions colonialistes et que, affaiblir les métropoles est toujours une chose indis- pensable dans un processus de libération. Mais l’aspect critique de ce "soutien critique est dû au fait que le mouvement algérien (le MTLD à l’époque) n’a pas le bases théoriques révolutionnaires propre- ment dites. C’est pourquoi dans ce soutien critique", nous rappelions que le but final révolutionnaire était indispensable, c’est-à-dire précisément : socialisation de la propriété. Notre "soutien critique", c’était notre soutien aux luttes de libération nationale mais dans une perspective révolutionnaire partant d’une analyse de classe.

    L’Emancipation: On s’imagine souvent que le PCF, parce que stalinien, était monolithique. Mais à l’épreuve des evenements, qu’en a-t-il été ?

    Georges Fontenis: Dés le début de la guerre d’Algérie, il y a eu des des problèmes à l’intérieur du Parti communiste. Et quand nous serons dans la période où un certain nombre de militaires refuseront de partir, où les trains s’arrêteront et où les gares seront envahies par les opposants, nous verrons tout de suite qu’il y a à l’intérieur du parti toute une tendance de militants communistes qui ne sont pas satisfaits de la politique du parti. Nous verrons par exemple cela dans la région parisienne mais aussi à Grenoble Nous retrouverons bien sûr l’esprit de la Résistance. C’est un véritable vent de fronde qui se manifeste. Au fond, ces militants ne faisaient que participer à la cause de la Révolution algèrienne comme les militants du PCA dans le FNL

    Officiellement, le PCF n’était pas pour la libération de l’Algérie. Il avait d’abord beaucoup critiqué les insurgés de novembre 54. L’Humanité, à l’époque, avait condamné les nationalistes en prétendant que les émeutiers faisaient le jeu des nazis. Le PCF ne se ralliera que très tardivement à la cause de l’Algé- rie indépendante. La position officielle était défendue, proclamée par Maurice Thorez. Une abomination sera le vote des pouvoirs spéciaux a Guy Mollet par le Parti Communiste, Et ce ne sera guère plus beau que les positions du Parti socialiste de Guy Mollet ou de Mitterrand qui voulaient voir en Algérie des départements français.

    L’Émancipation : On a quasiment oublié, comme le rappelle l’article du Monde du 29/10/04, que la FCL a été la première a réclamer l’indépendance de l’Algérie et à dénoncer la tor- ture. De même que vous avez été les premiers à aider les "rebelles". Pourrais-tu nous rappeler l’ampleur de la répression qui vous a frappés et ses conséquences politiques?

    GF. : Comme ce serait évidemment beaucoup trop long de faire la liste des persécutions que nous subissions, je me contenterai de citer quelques exemples.

    Le Libertaire , le journal de la FCL, avait été saisi sept fois en peu de temps . car ce décompte date de juillet 56 dont trois saisies en quatre semaines ! Et pour parler des inculpations de nos militants, il suffit de savoir que tous les numéros du Libertaire, même ceux qui n’ont pas été saisis, ont été poursuivis. Ces poursuites étaient nominales. J’y étais en bonne place en tant que directeur du journal. Et à mes côtés Robert Joulin, Paul Philippe, Michel Donnet, etc. [3]. Il est bon de signaler que nous avions été obliges de changer d’imprimeur parce que l’imprimerie du Croissant où nous sortions au début de la guerre d’Algérie ne voulait plus nous éditer! (...)

    L’Émancipation : Qu’est-ce qui a poussé à vous rendre à la justice? Tu totalisais en tout 18 mois de prison, si j’ai bien compté tes condamnations sans parler de la lourdeur des amendes. Comment as-tu « néqoclé » ta sortie de la clandestinité?

    G.E. : D’abord je dirai qu’il faut préciser que nous ne nous sommes pas rendus à la justice. Person- nellement, j’ai été arrêté par la DST alors que je me camouflais comme je pouvais. Je n’ai pas été le seul dans cette situation. Nous n’avons donc pas eu à négocier la sortie de la clandestinité. Elle s’est faite par l’arrêt de nos activités du fait que la plupart des camarades responsables étaient arrêtés ou devaient se cacher davantage qu’auparavant. Et nous étions réduits à nos propres forces.

    L’Émancipation: Lors des poursuites et de la clandestinité, as-tu été défendu par le SNI ou la FEN?Et, à ton retour à la vie normale le syndicat t’a-t-il aidé à retrouver ton métier?

    G.E.: En ce qui me concerne, jamais le SNI ou la FEN dans leurs directions n’ont agi en ma faveur, ou pour essayer de me défendre. Le retour à une vie normale a demandé des mois après la sortie de prison. Et je dois là saluer, non pas un responsable syndical mais un militant déjà ancien du Parti socia- liste qui avait été mon directeur d’école et qui, ancien déporté, n’avait toujours estimé. Ce personnage, monsieur Dirand, du fait de son parcours politique, avait réussi à intégrer de hautes fonctions au minis- tère de l’éducation nationale. C’est grâce a lui que lefus réintégré car il insista beaucoup auprès de la direction de l’enseignement du département de la Seine pour que je retrouve un poste.

    L’Émancipation: Y avait-il débat à l’intérieur de l’École émancipée sur la question algérienne? Quels étaient les clivages politiques dans l’EE de l’époque?

    G.E. : le ne me souviens pas qu’il y ait eu débat à l’École Émancipée sur la question algérienne. Sur le fond, tout le monde à l’époque était d’accord. Et naturellement la position de la FCL était connue et estimée. Le clivage politique entre libertaires et trotskistes au sein de l’École Emancipée était peu marqué à l’époque, au moins sur le sujet de l’anticolonialisme.

    Du côté trotskiste, il y avait le PCI de Lambert qui devient l’OCI lorsque Frank et Pablo sont majo- ritaires dans la 4°t Internationale. L’opposition entre eux à propos de la guerre d’Algérie est violente, l’OCI restant obstinément fidèle au MNA. En ce qui concerne les libertaires, il faut préciser qu’il y avait eu scission au début des années 50 entre les militants de la FCL et ceux qui créèrent Le Monde liber- taire. Nous regroupions surtout des camarades ouvriers, des jeunes, sur des positions de classe alors que les autres s’en tenaient à un pacifisme qui renvoie dos à dos le colonialisme et les luttes de libé- ration nationale. Et nos camarades du MLNA (Mouvement Libertaire Nord Africain), voisin de la FCL, voyaient le Monde Libertaire en vente en Algérie pendant que Le Libertaire - le nôtre – était poursuivi.

    Cependant je dois préciser qu’il y aura une évolution parmi certains militants de la FA. Leurs positions, sans aller jusqu’au "soutien critique" se rapprocheront des nôtres dans l’affirmation du combat anti- colonialiste. En 1957, Le Monde libertaire sera saisi en Algérie et des militants subiront à leur tour des poursuites, surtout au début des années 60. La FCL du fait de sa position révolutionnaire, en particulier dans la guerre d’Algérie, se retrouvait aux côtés de l’opposition interne du PC (La Voie Communiste), cette collaboration s’étendit naturellement à d’autres regroupements comme le Réseau Jeanson. La FCL cessant de fonctionner, même clandestinement, se transforme en « Action Communiste ».

    De cette époque j’ai conservé le souvenir d’une bonne entente avec les militants encore au PC mais dans la mouvance « Voie Communiste ». Certains, comme Blumental, Folgalvez, ont été membres, voire responsables du PCF, d’autres ont rompu avec la IVème Internationale. Il y a aussi à la Voie Communiste d’anciens membres du Parti Communiste Algérien. La plupart des militants de la Voie intégrèrent le réseau « Jeune Résistance".

    C’est la "Voie" et ses militants qui organisent l’évasion de la prison de la Roquette, le 1 janvier 1961, de six militantes françaises et algéniennes. Je veux signaler aussi l’activité incessante de nos camarades de Macon et de Genève, activité gérée par Guy Bourgeois, décédé récemment,

    L’Émancipation: Quand tu vols les évolutions en Algérie depuis l’indépendance, regret- tes-tu tes engagements d’alors ou y trouves-tu matière à renouveler tes enthousiasmes et tes espoirs? Rétrospectivement, quel regard portes-tu sur les jeunes militants que vous étiez, au-delà du courage exemplaire dont la mémoire fait dorénavant partie de noire histoire?

    G.E. : Je ne regrette en rien les engagements de l’époque en dépit de la disparition des espoirs et, bien sûr, des enthousiasmes. Notre "soutien critique", au cours des années depuis la libération et depuis la paix de 62, s’est manifestement valorisé car il fallait bien que la nation algérienne se constitue, mais il aurait fallu promouvoir un système d’autogestion beaucoup plus général et démocratique, et éliminer la toute puissance de l’armée et des cadres de l’industrie. Les jeunes militants que nous étions, étaient suffisamment conscients du fait qu’une insurrection particulière ne peut aboutir indépendamment de la situation de la lutte des classes dans le monde, notamment dans les métropoles.

    Néanmoins, notre soutien à la Révolution algérienne nous a confortés dans notre opposition révolu- tionnaire et nous a donné le courage de continuer notre lutte qui intègre une véritable libération pour le peuple algérien. C’est pourquoi je reste fidèle ainsi que mes vieux camarades de la FCL au slogan que nous avions élaboré avec Daniel Guérin « Il y a toujours un point du globe où la guerre de classes se rallume".

    Propos recueillIs par Gilbert ESTEVE Novembre 2004

    Ouvrages et documents consultés : Georges Fontenis. Changer le monde, Ed Le Coquelicot/AL Une résistance oubliée (1954-1957), un documentaire de D. Goude et G. Lenormant. K7 Le Fil du temps ; L’insurrection algérienne et les communistes libertaires, Edition en facsimilé du Libertaire. Ed. AL (La signature de A. Coursan est un pseudonyme de G. Fontenis).

    [1La rupture chez les nationalistes algériens entre intégrationnistes et indépendantistes s’est cristallisée au cours de la 2"° Guerre Mondiale lorsque Messali Hadi a été condamné aux travaux forcés par le régime de Vichy pour avoir refusé de collaborer avec les nazis. Il est à nouveau emprisonné à la veille de la défaite hitlérienne, Les Algériens ont alors le sentiment que jamais la France ne leur accordera la citoyenneté française et le suffrage universel. Le jour même de la capitulation allemande, le S mai 1945, éclatent les massacres de Sétif qui feront officiellement 103 morts chez les Européens et 10 000 chez les Algériens (45.000 d’après les nationalistes). Signalons que le maire socialiste de Sétif qui avait voulu s’interposer entre la police et les manifestants, sera abattu. L’Humanité condamne violemment les nationastes algériens et prétend que les émeutiers seraient des sympathisants de Hitler et des nazis.

    [2Le jour de la Toussaint 1954, les jeunes insurgés membres du CRUA (Comité révolutionnaire d’union et d’action) déclenchent une trentaine d’attentats qui feront 7 morts, dont un européen, l’instituteur Guy Monnerot, fauché lors da mitraillage d’un autocar dans les gorges de Tighanimine. Là encore le hasard a voulu que Monnerot soit tué alors que les insurgés visaient le caïd Hadj Sadok. Par la suite, ses meurtriers seront cruellement punis par leurs propres chefs car les ordres formels du CRUA étalent de n’abattre que des notables musulmans. (ndlr)

    [312 juillet 1956: arrestation de Fontenis, Joulin, Caron, Donnet, Mulot, Simon et Philippe par la DST,

    Arrêté le 29 juin 1955, l’ouvrier du bâtiment Pierre Morain , de la FCL, a été le premier militant français emprisonné (un an d’incarcération) pour sa lutte contre la guerre d’Algéne (ndl

    ESTEVE, Gilbert. "Un entretien avec Georges Fontenis.

    Source: L’Emancipation syndicale et pédagogique, 31 janvier et 28 février 2005

    http://raforum.info/spip.php?article1845&lang=en