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Algérie - Page 33

  • « L’Algérie française, c’est fini mais… ça continue quand même ! »

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    L’establishment français observe une sorte d’omerta quand il s’agit de dénoncer des biens mal acquis par des dirigeants algériens. Pourquoi ?

    Je crois que c’est dû à un problème plus général qui est la France-Afrique et qui structure les rapports avec toutes les anciennes colonies. C’est ce qui fait que tous les dictateurs et les non-démocrates, qui se sont enrichis dans la période post-coloniale, ont tous placé, en partie, leur argent en France, dans l’ancien empire colonial, ont acheté des immeubles, parfois acquis des biens extraordinaires. Le tout exécuté dans un silence complice. La presse en a parlé un peu, mais les gouvernements se sont tus parce qu’il s’agit d’intérêts stratégiques. Et en France, il faudrait compter aussi sur ce sentiment de culpabilité.

    C’est cette attitude qu’on retrouve dans le Parti socialiste, aujourd’hui au pouvoir, et qui a été corespon- sable de la guerre coloniale, des assassinats et tortures et qui a fait voter les pouvoirs spéciaux. Chez la droite, ce n’est même plus de la culpabilité mais de la connivence. Et quand on a une alternance droite-gauche, alors tout le monde se tait sur ces phénomènes scandaleux d’enrichissement illicite. C’est cette collusion qu’on retrouve ces jours-ci dans cette affaire d’exploitation de gaz de schiste autorisée en Algérie alors qu’elle est proscrite en France.

    Levée de boucliers quand il s’agit d’anciennes colonies de l’Afrique subsaharienne ou centrale, omerta et impunité quand il s’agit d’Afrique du Nord : les liens sont-ils aussi forts ?

    Les liens sont forts. Il y a un phénomène avec l’Algérie que les Américains par exemple n’ont pas connu avec le Vietnam. Je parlais de culpabilité. Il ne faut pas oublier que le contingent était parti en Algérie. Il y a des milliers, des millions de Françaises et Français qui étaient liés directement à la guerre d’Algérie. Les soldats ont assisté pour la plupart à des scènes de torture, à la différence des soldats américains, ils se sont tus, ont complètement culpabilisé d’y avoir participé… D’où cette vague de silence.

    Le sentiment de culpabilité peut-il tout expliquer ? N’est-ce pas les appétits voraces, l’intéressement, la prédation qui motivent ces silences complices ?

    Oui. C’est certain. C’est pour cela qu’on parle de néocolonialisme parce que justement les liens coloniaux persistent à ce jour sur le plan économique. S’il n’y a pas de cogestion, il une cosolidarité avec les dirigeants algériens qui date de l’Algérie française et qui se traduit sur le plan économique.

    Qu’est-ce qui vous choque le plus dans ces rapports franco-algériens ?

    C’est l’existence de rapports coloniaux avec la direction algérienne. Avec sa bourgeoisie, sa bureau- cratie et ses appareils pourris. Quand on voit ce qui se passe avec Bouteflika, c’est une caricature de démocratie ; quand on voit la répression qui s’abat sur les Algériens, les vrais démocrates, on se rend compte du degré de connivence avec les milieux politiques et dirigeants français. Et même si formel- lement l’Algérie française, c’est fini, ça continue quand même ! Il y a des bénéfices colossaux qui sont réalisés en Algérie par les entreprises françaises parce qu’entre autre la main-d’œuvre algérienne est bon marché, que les Algériens travaillent toujours pour nous.

    Techniquement, comment cette France-Afrique s’organise, agit avec et envers l’Algérie ?

    C’est un classique. Elle s’organise avec les milieux financiers, les banques… et puis après on met le vernis idéologique des droits de l’homme, des libertés, de la démocratie.

    Alain Krivine est un ex-député européen, ancien porte-parole de la Ligue communiste révolutionnaire (actuellement Nouveau Parti anticapitaliste).

    Propos recueillis par Mohand Aziri (journaliste à El Watan)

     

  • Quand les anciens «cobayes» veulent un statut de citoyens (El Watan)

    In Salah. Des gerboises atomiques au gaz de schiste

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    «In Salah, sorrate Al Djazaïr (In Salah, nombril et cordon ombilical de l’Algérie).» Mohamed Didi, 45 ans, cultive avec amour les sept hectares qui lui sont octroyés à Barqa Sahel, la sebkha située au sud d’In Salah.

    Des cultures maraîchères, céréalières, des oliviers, trois cents palmiers Aggaz, espèce endémique, fierté de la région, tout lui réussit en ces contrées qui furent autrefois partie intégrante de cette mer intérieure aujourd’hui disparue comme le furent d’ailleurs les forêts de chênes et de pins entourant In Salah (il y a plusieurs millions d’années) et dont il ne subsiste aujourd’hui que des amas de bois pétrifié à In Ghar. Anxieux, Didi implore Dieu et Ses Saints : «Je suis en première ligne en cas de contamination (de la nappe).»

    Il est à 18 kilomètres des puits-test de gaz de schiste forés à Gour Mahmoud, dans ce bassin de l’Ahnet tout proche. «Pourvu que cette malédiction (gaz de schiste) ne pollue pas les hommes et la nappe. Regardez, dit-il en exhumant un conduit goutte-à-goutte de sous le sable, je n’ai même pas besoin de pompe, l’eau jaillit d’elle-même. A 2 m de profondeur de l’eau salée, à 11 m de l’eau douce en débit faible et à 38 m de l’eau à volonté.» Sous les pieds de Didi, l’Albien, la plus grande réserve d’eau douce au monde avec ses 50 000 milliards de mètres cubes.

    Gour Mahmoud : à 35 km au sud d’In Salah. Mardi 20 janvier. Au point kilométrique de cette nationale 1 débaptisée Route de l’unité africaine, une piste quelconque bifurque vers les fameux puits au trésor enfermé dans le schiste de la roche mère. Rien ne présage l’existence des forages décriés, si ce n’est la valse des camions-citernes transportant de l’eau ou ces semi-remorques Mercedes acheminant du matériel et  des produits de forage importés d’Italie et fonçant vers les puits dans un nuage de poussière.

    Des panneaux anodins, montés sur de vulgaires madriers, indiquent sommairement la direction, et par abréviations, les noms et numéros de districts comme pour AHT 1 et 2 (puits Ahnet) ou GMD (pour Gour Mahmoud). Un camionneur, employé d’une filiale de Schlumberger, la multinationale américaine des services pétroliers (spécialisée entre autres dans la fracturation hydraulique),  nous dépose non loin des forages.

    Dans sa remorque, quelque 30 tonnes de ciment et des fûts de produits chimiques. Le site reçoit quelque 20 chargements du genre par semaine. En ville, les caravanes de semi-remorques qui y transitent,  acheminant des containers de matériels, alimentent les supputations et la rumeur. Ici et là, on ne parle que de ces «additifs» dangereux pour la nappe, de ces produits chimiques que Schlumberger, Haliburton, Total, Partex… et autres grandes compagnies useraient durant la phase de la fracturation hydraulique. Sur site, un premier puits test est déjà réalisé.

    La tête de puits à haute pression, le séparateur de boue-gaz et la torche allumée le confirment aisément. Un container et des caissons portant la marque Schlumberger et la mention  «produits dangereux» trônent non loin des bourbiers, les bassins de décantation, recueillant les eaux de forage. Vides ou presque. A quelques centaines de mètres de là, le second puits est en cours de réalisation. «Vous n’avez pas d’autorisation, vous ne devez pas être ici», s’emporte un  agent de sécurité. Les journalistes sont persona non grata. La plateforme de forage de l’ENTP (filiale de Sonatrach spécialisée dans les travaux de forage) est installée.

    A pied d’œuvre. Les militaires qui couvent le site observent de leurs roulottes, presque indifférents, le remue-ménage. Les responsables du chantier exigent eux aussi un sauf-conduit express avant toute déclaration à la presse. Le forage est encore dans sa phase verticale, précise néanmoins un technicien de l’ENTP, et la foreuse a déjà traversé la première nappe albienne (le complexe terminal situé à 400 m de profondeur) et flirte avec le continental intercalaire, la seconde nappe enfouie à 2000 m de profondeur...

    «Après, ça sera le drain  horizontal», explique-t-il. «Il n’y a vraiment aucun risque sur l’aquifère, ajoute-t-il comme pour conjurer la rumeur. Et contrairement à ce qui se dit, les forages horizontaux n’atteignent pas une quinzaine de kilomètres mais à peine 900 m ; ils n’atteindront pas la ville et les produits utilisés durant les fracs ne causent ni la stérilité ni ne provoquent des avortements (…).» Autre prêche dans le désert ?

    Le «Sud» à l’assaut de l’état «pompeur»

    Samedi 27 décembre. A la tête d’une délégation officielle, Youcef Yousfi, le ministre de l’Energie, allume la première torche de gaz de schiste dans le bassin de l’Ahnet Gourara. Un petit pas pour l’homme et son Etat «pompeur», un affront pour le «peuple» d’In Salah.
    Le cortège de 4x4 fumés, payés par l’argent du gaz et du pétrole, ne s’arrêtera pas en ville. Un aller-retour simple : aéroport Krim Belkacem/forage de Gour Mahmoud.

    Sahat Essoumoud. Il est 20h passées ce mercredi 21 janvier, et la «place de la Résistance», baptisée ainsi par les manifestants antigaz de schiste, est en ébullition. un climat de pré-émeute plombe les lieux et l’ambiance. «Tassiid, tassiid» (escalade, escalade), clament les dizaines de protestataires campant depuis vingt et un jours à même l’esplanade de la daïra d’In Salah. Abdelmalek Sellal, le Premier ministre, venait tout juste de faire son speech à la télé, annonçant la poursuite des forages exploratoires «dans l’Ahnet», pulvérisant les attentes des populations du Sud quand à un renoncement officiel et définitif à l’aventure du non-conventionnel.

    De la désillusion, de l’abattement. De la colère. La placette change de physionomie et le bivouac – une dizaine de tentes dont une expressément réservée à alimenter la blogosphère et les réseaux sociaux – perd de son ambiance bon enfant. Les mots de Sellal ont fait des fracs dans le bloc des «22» délégués du Collectif de la société civile d’In Salah, créant un véritable le schisme entre pro et anti-radicalisation du mouvement de protestation.

    Le conclave de ce collectif hétéroclite (médecins, enseignants, pétroliers, étudiants, ingénieurs, techniciens, chômeurs, etc.), le météorite ayant carbonisé la vieille garde et les «notabilités» de la région, s’est achevé en queue de poisson. Le lendemain, une nouvelle manifestation, regroupant plusieurs centaines de marcheurs, sillonne le semblant de ville, paralysée depuis plus de trois semaines. Les commerces, les administrations et services publics (exceptés Sonelgaz, hôpital…) ont fermé depuis le début du mois. Par solidarité, par peur et contrainte. Le distributeur de billets de la poste est mis en fonction de temps à autre.

    Autrement, c’est à la poste de Fougarat Zoua, à 50 km au nord-est d’In Salah, que certains se déplacent pour retirer de l’argent. Les renforts de police, huit charters remplis de CRS arrivés à In Salah, sont casés dans les nouveaux édifices publics non encore inaugurés. A la nouvelle maison de jeunes, à la station SNVI et autres. «Samidoun, samidoun», «La, la li l’ghaz sakhri, la», «Wihda, wihda watania (unité nationale», scandent les manifestants escortés par les Patrol de la police.

     

    Après un week-end d’incertitude, de déchirement au sein du groupe de dirigeants du mouvement, de tractations non concluantes menées par l’intermédiaire du chef de daïra et du wali de Tamanrasset , arrivé à In Salah en début de semaine, la mobilisation reprend ses droits. Sans avoir perdu une once de son pacifisme resté un intact. Admirateur de la Grande âme, le Mahatma Gandhi, Mohamed Djouan, président de l’association Shems (pro-développement durable et énergie renouvelable), se dit convaincu que seule la lutte non-violente, «l’ahimsa», a droit de cité à Sahat Essoumoud.

    Shems (Sun and power, son pendant web) a défrayé la chronique par sa capacité à mobiliser, elle dont la création, en 2009, coïncidait avec le méga projet allemand Desertec (400 milliards d’euros destinés à fournir l’Europe en électricité à partir de plateformes solaires et éoliennes) et dont la région d’In Salah devrait être un des pivots pour plus de 350 sociétés spécialisées.

    Raisins de la colère

    Dimanche. Après la manif’ de «remobilisation» et autour de l’auberge de jeunes à l’architecture recherchée, et dominant la place de la daïra, les figures du mouvement partent en interminables palabres ou donnent des interviews aux nombreux médias nationaux et étrangers peuplant Meidan Echaref (place de la Dignité). Les Abdelkader Bouhafs, Mohamed Azzaoui, Khadir Maghili, Chaouidi Abderrahmane (et autres pétroliers, cadres à  Sonatrach), Mohamed Djouan, Dr Azzi…), les Hassina Zegzag Fatiha Touni, figures féminines de la protesta …etc émergent des foules d’hommes et de femmes de tous âges, enfants déscolarisés, jeunes et vieux en sit-in permanent depuis plus de trois semaines.

    Sur des tapis déroulés à même le trottoir du bâtiment officiel livré par ses fonctionnaires et  tagué de banderoles. «La wilaya, la Tanmira, In Salah hia Dahia (Nous ne voulons ni le statut de wilaya, ni developpement parce qu’In Salah en sera la victime).» Une citerne d’eau alimente une tente de brics et de brocs, la cuisine de campagne. En face, sur la petite Gara servant de placette, d’autres tentes, une dizaine, et des petits groupes de jeunes et vieux issus du chef-lieu ou venus des communes, localités et wilaya alentours : d’Adrar, Ouargla, Igosten, Fougart Zoua, Fougart El Arab, In Ghar…, se relayant jour et nuit.

    «Nous avons été mordus une fois, il n’en sera pas question d’une deuxième.» Abdelkrim Ba Aâllal, membre du «groupe des 22» délégués de la société civile fait référence au captage et la réinjection du CO2 effectué en opération pilote par la joint-venture «In Salah Gaz». «Début 2000, raconte-t-il, des experts de la compagnie In Salah Gaz (BP, Sonatrach, Statoil) nous annonçaient qu’ils allaient faire du stockage de monoxyde de carbone dans le sous-sol (à Khechba, Tigantour), prétendant que la compagnie avait tous les moyens, la technologie,  l’imagerie satellite, la 3D, la 4D.

    En dépit des mises en garde des experts algériens quant au risque de pollution de l’aquifère, la compagnie persistait qu’il n’y avait aucun risque. Nous, on s’est dit qu’il s’agit d’abord de Sonatrach, entreprise nationale, qui maîtrise la technologie et qui plus est a un partenaire étranger qui a de l’expérience. Après dix ans, on apprend qu’il y avait une fuite  importante de CO2 et que le réservoir n’était pas aussi isolé et étanche que prétendu.»

    Outre un soulèvement progressif des terrains (une surrection de 5 mm/an, atteignant un cumul de 10 à 20 mm, sur une zone de 4x5 km légèrement excentrée par rapport aux puits d’injection), une fuite a été constatée le long d’un puits et a fait l’objet de mesures correctives, notait un rapport d’étude (mai 2013) de l’Institut national de l’environnement industriel et des risques (Ineris), institut français. Les mouvements de la surface du sol ont été mis en évidence par surveillance satellitaire, confirmés par modélisation.

    Le réservoir d’injection s’étend sur 20 x 8 km et se trouve à 1880 m de profondeur. Il est équipé de 5 puits de production de gaz naturel et de 3 puits d’injection de CO2 au débit de 0,8 -1,2 Mt/an pour une surpression de 10 MPa. La masse totale injectée depuis 2004 est de 3 Mt.  «Il est probable, précise le rapport, qu’avant cette montée progressive des terrains, une baisse ait eu lieu dans les années précédentes du fait de l’extraction de gaz, mais nous ne disposons pas d’information sur ce point. Il est également fort probable que ces effets soient sans gravité, car progressifs et répartis sur une grande surface.»

    Essais Gerboises, expérimentation gaz de schiste

    Mohamed Bourezeg, ancien «pétrolier» à la retraite, ne compte plus les atteintes à l’environnement et à «l’homme d’In Salah» par cette industrie gazière cinquantenaire et ce depuis le «premier puits de gaz foré à In Salah à la fin des années 1950». A Hassi Moumen, à 35 km au nord, dans le nouveau champs gazier, ce fut l’autre alerte écologique, l’autre précédent, l’énième en ces terres d’expérimentation et «d’opérations pilote» pour les multinationales.

    Sonatrach et ses partenaires auraient procédé à la réinjection de l’eau extraite, par déshydrations, à partir du gaz humide, contaminée par des produits chimiques, dans un réservoir  de 1400 m de profondeur. Contaminer la nappe signifie extermination de la population, rappelle Bourezeg. «Toutes proportions gardées, cette histoire de gaz de schiste s’inscrit dans la même lignée des bombes atomiques françaises (lesdits essais Gerboises, ndlr), à  Regganne (à 250 km à l’ouest) et In Ekker (au sud).

    Les déchets nucléaires sont à ce jour abandonnés en pleine nature et les séquelles des explosions  se font encore sentir», rappelle-t-il non sans ironie. «Sauf qu’hier c’était le colonisateur et  aujourd’hui c’est l’Etat qui veut se remplir les poches au risque de nous exterminer.» Point zéro. Reganne. A 260 km à l’ouest d’In Salah. 13 février 1960, 7h40. A Houmoudia, à 60 km au sud de Reggane, la première bombe atomique française déchire le ciel et les entrailles du Tanzrouft.

    Suspendus à une tour de 100 mètres de hauteur, 70 kilotonnes de la bombe au plutonium (4 fois la bombe d’Hiroshima)  irradient — pour 24 000 ans — ces portions du vieux monde. «Les toits des onze grands ksour se sont soulevés et les vétérans racontent que Reggane ressemblait, ce jour-là, à une bouteille tellement la pression et le souffle étaient insupportables», relate Hamel Amar, président de l’association locale 13 Février 60 des victimes des explosions nucléaires. SNP, un sans- nom-patronymique, son père était parmi les «employés» indigènes, cobayes de première, de la «12e compagnie» qui a installé ses quartiers à Reggane.

    Dans l’hôpital de la ville, le Dr Oussidhoum Mustapha, 25 ans de médecine interne, «chouchou» de la population, observe mieux que quiconque les effets des explosions atomiques. «Même si à ce jour, on a pas établi un lien direct, car aucune étude sérieuse sur ceux-ci n’a été initié par les pouvoirs publics. Vous n’avez qu’à consulter le fichier de la commune et vous serez édifié par le nombre d’handicapés physiques et mentaux», indique-t-il. Nombre de maladies,  comme le cancer, restent sous-diagnostiquées pour défaut de moyens. Ironie de l’histoire : l’hôpital ne dispose ni de scanner ni des spécialistes permettant ce diagnostic. le 09.02.15 | 10h00 

     

    Mohand Aziri

    http://www.elwatan.com/actualite/quand-les-anciens-cobayes-veulent-un-statut-de-citoyens-09-02-2015-287096_109.php

  • A Laghouat, militer est un délit (El Watan)

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    Les chômeurs de Laghouat sont à nouveau convoqués par la justice. La semaine dernière, neuf d’entre eux ont été interpellés et jugés pour attroupement non armé. Le parquet a requis deux ans de prison ferme à leur encontre.

    «Les neuf chômeurs interpellés à Laghouat sont connus ici quant à leur dévouement pour les causes justes et la défense des droits des chômeurs, résume Safiddine Benadjila, 29 ans, ancien membre de la coordination des chômeurs de Laghouat, qui travaille actuellement comme agent de sécurité dans une multinationale à Hassi Messaoud. Je pense que les autorités veulent les maintenir en prison car ils les dérangent énormément, notamment après l’avènement de la protesta contre le gaz de schiste au Sud.» Neuf chômeurs ont été placés sous mandat de dépôt depuis dix jours à Laghouat.

    Parmi eux, Belkacem Khencha, 41 ans, père de quatre enfants et responsable du mouvement dans cette wilaya ; El Oulmi Benbrahim, 40 ans et père de deux enfants, et Mohamed Reg, 35 ans. «Ils ont été interpellés pendant le rassemblement qu’ils ont organisé le 28 janvier dernier devant le tribunal de Laghouat en signe de solidarité avec leur ami et membre du mouvement des chômeurs, Mohamed Reg, embarqué par la police le 22 janvier près de son domicile», explique Safiddine.

    Quant aux raisons de l’arrestation de Mohamed, Me Noureddine Ahmine, avocat des détenus et coordinateur du Réseau des avocats pour la défense des droits de l’homme (RADDH) précise : «Mohamed a été arrêté au passage sur ordre de l’officier en service sans raison apparente. Il est poursuivi pour violences en flagrant délit envers les forces publiques, en application de l’article 148.» Accusés d’«attroupement non armé», les neuf chômeurs placés sous mandat de dépôt ont été jugés par le tribunal de Laghouat, mercredi dernier.

    Attroupement

    La veille du jugement, trois autres personnes «qui étaient à la gare routière pour accueillir les gens venus assister au procès» ont été interpellées par la police à 1h du matin. Il s’agit du petit frère de Belkacem, Khalil Khencha, 22 ans, volleyeur professionnel à Oran, de son neveu, Abdelmadjid Benazzouzi, et Younes Charef, 29 ans, étudiant en master Sciences politiques à l’université de Laghouat.

    Ces derniers, qui ont été présentés le lendemain devant le procureur de la République, ont été eux aussi poursuivis pour «attroupement non armé». Convocation de justice en main pour se présenter devant le même tribunal le 25 février prochain, Kahlil, Abdelmadjid et Younes ont été relâchés le lendemain même vers 15h. «Nous avons été maltraités à l’intérieur du commissariat.

    L’un des policiers a qualifié d’acte terroriste notre présence à la gare routière de la ville», s’indigne Khalil. «C’est une manière claire des autorités locales de faire obstacle aux chômeurs qui, dans leur majorité, portent des revendications légitimes d’ordre socio-politique», ajoute Younes. Pour le procès des chômeurs, le 4 février dernier, plusieurs avocats ont fait le déplacement à Laghouat pour plaider leur cause.

    Me Ahmine fait le point sur le contenu de l’affaire. «Ils ont deux chefs d’accusation. Le procureur les accuse aussi d’essayer d’influencer les décisions du juge en organisant un sit-in de soutien en dehors du tribunal, selon l’article 147 du code pénal», explique l’avocat. Et de s’interroger : «Depuis quand les rassemblements de soutien sont-ils interprétés comme une volonté d’interférence aux décisions de la justice de la part des organisateurs ? Cela n’a aucun sens !»

    Police Dans son rapport, le bureau de Laghouat de la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme accuse les forces de l’ordre déployées autour du tribunal, le jour du procès, d’avoir des comportements «irrespectueux envers la citoyenneté». «La Laddh condamne cette recrudescence de la persécution exercée par des agents de l’ordre, qui se permettent des droits excessifs au détriment de la citoyenneté», lit-on sur le communiqué de la Laddh.

    Hamid Ferhi, coordinateur du Mouvement démocratique et social, qui a fait le déplacement d’Alger pour se solidariser avec les chômeurs, qualifie l’affaire de «procès de la honte» : «Le procès fait à Belkacem Khencha est une parodie de justice. Seuls des policiers ont assisté à ce procès de la honte. Son propre père a été empêché d’assister à cette audience surréaliste», et d’ajouter : «La justice vient d’inventer un nouveau chef d’inculpation : pression sur la justice. Ainsi donc, si on devait juger une telle fumisterie, les nombreux manifestants d’hier auraient dû être tous arrêtés.

    Le verdict sera rendu mercredi prochain, continuons la mobilisation pour la libération des militants de Laghouat et pour un Etat de droit.» Le parquet a requis «deux ans de prison ferme contre tous les prévenus». Le verdict sera connu mercredi prochain. Environ 100 personnes ont participé au rassemblement de soutien. «Ils sont venus de Batna, Relizane, Alger, Oued Souf et El Bayadh. Aucun incident n’a été enregistré, hormis l’interpellation d’un militant venu de Batna et relâché trois heures plus tard», affirme Safiddine qui était aussi présent au rassemblement de soutien.

    Solidarité

    Me Ahmine revient sur le procédé utilisé par la police et qualifie les agissements des forces de l’ordre de «contraires» à la loi. «La procédure utilisée par la police lors des interpellations est contraire à la loi. Déjà, ils ne peuvent intervenir que dans le cas d’un trouble public, ce qui n’était pas le cas avec les neuf chômeurs, insiste-t-il. Avant d’intervenir dans le cas d’un attroupement, la police doit d’abord alerter le wali. C’est soit ce dernier, le chef de daïra, le président d’APC ou le chef de la sécurité qui doit s’adresser aux manifestants afin de leur demander de se disperser. Si ces derniers acceptent, alors dans ce cas on ne peut pas parler d’attroupement.

    Le cas échéant, les policiers ont encore deux autres procédures à appliquer avant de procéder aux interpellations.» Me Ahmine s’étale encore sur le sujet des procédés utilisés par la police et explique leurs objectifs : «La police ignore les lois pour fatiguer et fragiliser les militants. Elle doit absolument cesser ces pratiques, car elle ne peut se mettre au-dessus de la loi, s’indigne l’avocat.

    Ces arrestations arbitraires constituent une grave atteinte au respect de la liberté des individus et la liberté d’expression garanties par tous les pactes et conventions ratifiés par l’Algérie, donc une violation caractérisée des droits de l’homme, des atteintes et des violations qui ne peuvent être que condamnées avec force.

    Le Réseau des avocats de défense des droits de l’homme condamne vigoureusement ces pratiques et demande la libération immédiate des détenus.» La Laddh appelle aussi à la libération des détenus et qualifie leur incarcération d’injuste : «Les charges retenues contre les accusés violent délibérément la liberté de réunion et de manifestation pacifique considérées comme des droits fondamentaux.

    Nous restons solidaires et nous revendiquons, sans conditions préalables, la libération et l’acquittement de tous les détenus», lit-on sur leur communiqué. Sur les réseaux sociaux, la nouvelle du procès des chômeurs a suscité une grande vague d’indignation. Certains se préparent d’ores et déjà pour la tenue d’un deuxième rassemblement de soutien prévu mercredi prochain, jour du verdict

    Meziane Abane le 06.02.15 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/a-laghouat-militer-est-un-delit-06-02-2015-286827_109.php

  • In Salah : La catastrophe écologique a déjà eu lieu (El Watan)

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    Au-delà de la confirmation officielle d’une première fracturation hydraulique d’un puits de gaz de schiste torché le 27 décembre dernier dans le bassin de l’Ahnet, les jeunes d’In Salah venus mardi soir confirmer de visu leurs appréhensions concernant la livraison de produits chimiques hautement toxiques en provenance d’Aqebli, dans la wilaya d’Adrar, ont mis à nu des failles sécuritaires visibles à l’œil nu. 

    Impatients, salués par les uns, décriés par les autres, rappelés à l’ordre pour la pacifisme de leur mouvement, ces derniers n’ont pas eu besoin d’attendre la confirmation d’une migration quelconque de produits chimique dans la nappe phréatique ni vérification de l’étanchéité de la cimentation et des blocs d’inox pour voir l’ampleur de la catastrophe écologique qui se déroule en ce moment même à Dar Lahmar.

     

    Un site qui porte bien son nom décidément puisque le dos de l’âne d’In Salah va supporter une expérimentation polluante bien visible sur les photos et les vidéos postées par le « comité » officieux de suivi de la fracturation en mission mardi soir. Ils sont restés des heures durant à observer les opérations en cours.

    Les jeunes ont pris des vidéos et des photos du puit, interrogeant les foreurs de l’ENTP qui leur ont déclaré « n’avoir reçu aucun ordre de cesser les travaux de forage au niveau du champs ». En fait, ces jeunes se sont présentés sans aucune protection sur un site ou de grandes quantités d’intrants chimiques rentrant dans le processus de la fracturation hydraulique étaient exposées à l’air libre.

    Des photos très rapprochées ainsi que des vidéos permettent de constater la nocivité étiquetée sur les emballages notamment la mention « Danger de mort » sur un fond rouge et noir pour attirer l’attention. La membrane en polymère utilisée pur garantir l’étanchéité du sol et recevant les eaux utilisées dans le procédé de fracturation présente visiblement des fissures à divers endroits.

    L’évaporation se faisant doucement en période hivernale, les déversements sont filmés sur un long canal creusé à même la terre, un bourbier sous la forme de khandag, ou tous les excédants de boue et de produits chimiques sont évacués et resteront là jusqu'à évaporation et absorption totale par le sol rouge argile entourant le puit AHT 214.

    La terre est argileuse dans cette région du sud ou la proximité de l’eau joue en faveur d’une écotoxicité rapide et quasi directe notamment le Chlorure de calcium mentionné sur les emballages et les bidons filmés hier et qui est reconnu peut être dangereux si on lui permet d'atteindre les prises d'eau potable. Les consignes de sécurité mettent en garde contre la  contamination des eaux domestiques et d'irrigation, les lacs, les étangs, les ruisseaux et les rivières.

    La catastrophe écologique a déjà eu lieu. Après la catastrophe de la faille de Krechba ou une faille souterraine a permis la migration du Co2 séquestré par Sonatrach, la population d’In Salah, réservoir d’eaux souterraines du complexe terminal et du continental intercalaire, rappelons-le, est entrain de vivre en live une protestation écologique inédite depuis 5 semaine au moment ou les failles du système de protection de l’environnement sont dument constatées.

    Toutes les informations sur la protestation anti-gaz de schiste à In Salah sont publiques. In Salah Sun and Power est le site Internet et la page Facebook lancée il y a deux ans par les membres de l’association Sahms In Salah. Elle comporte toutes les photos, vidéos, informations et commentaires, une sorte de plate-forme de discussion des habitants d’In Salah. 

    Houria Alioua le 04.02.15 | 17h08

    http://www.elwatan.com/actualite/in-salah-la-catastrophe-ecologique-a-deja-eu-lieu-04-02-2015-286719_109.php

  • Paris avec In Salah

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  • La liberté d’expression en régression (El Watan)

    Rapport de Human rights watch sur l’algérie

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    Aucune amélioration générale de la situation des droits humains n’a pu être constatée en Algérie en 2014, malgré les promesses d’introduire des réformes faites par le gouvernement depuis 2011.» C’est par ce constat que le rapport annuel de Human Rights Watch, rendu public jeudi dernier, entame son analyse de la situation des droits humains en Algérie.

    Le dit rapport, évaluant l’état des droits humains au cours de l’année 2014 dans le monde, souligne que les autorités algériennes ont «restreint la liberté d’expression et les droits à la liberté d’association, de réunion et de manifestation pacifiques, et ont eu recours à des arrestations et à des poursuites à l’encontre de militants politiques et syndicaux».

    L’ONG HRW note que même si elle a été autorisée (première fois depuis 2005) en octobre 2014 à tenir une conférence de presse sur la situation des droits humains dans les camps de réfugiés de Tindouf, le gouvernement algérien a «continué à bloquer l’enregistrement juridique des organisations non gouvernementales algériennes de défense des droits humains et a maintenu sa non-coopération avec plusieurs experts et mécanismes de droits humains des Nations unies».

    La liberté de réunion est fortement menacée en Algérie, les manifestations pacifiques continuent à être interdites et empêchées.

    Dirigeants syndicaux et défenseurs des droits humains font l’objet d’arrestations et de poursuites judiciaires sur des accusations de rassemblements illégaux, indique le rapport qui a cité, entre autres cas, l’arrestation Mohand Kadi militant de RAJ et du Tunisien Moez Ben Ncir inculpés pour «attroupement non armé qui peut troubler la tranquillité publique». HRW cite aussi le cas de 26 jeunes à Laghouat condamnés à des peines de prison pour des «accusations de participation à un attroupement armé» et de violence contre la police en se basant sur des témoignages de policiers qui n’incriminaient pas les accusés de façon individuelle.

    Sur les 26 accusés, 17 militants des droits humains ont été condamnés par contumace. Ils se sont rendus aux autorités et ont eu droit à un nouveau procès, au cours duquel ils ont été acquittés». L’entrave à la liberté d’expression est aussi une réalité. HRW cite le cas de Youcef Ouled Dada arrêté à Ghardaïa après diffusion d’une vidéo sur facebook montrant des policiers dévalisant un magasin à El Guerara.

    Le 1er septembre 2014, la cour d’appel de Ghardaïa prononce à l’encontre de Ouled Dada une peine de prison de deux ans et l’amende qu’un tribunal de première instance avait imposées en juin et ce pour le motif «d’outrage envers corps constitués» et «diffusion de document de nature à nuire à l’intérêt national».

    «Les ONG vulnérables à une ingérence gouvernementale excessive»

    La loi sur les associations promulguée en janvier 2012 est un réel blocage et une atteinte à la liberté d’association. Exigeant de toutes les associations, dont celles activant déjà, l’obtention d’un récépissé d’enregistrement délivré par le ministère de l’Intérieur qui a le droit de refuser d’enregistrer une association au motif très vague «d’activités contraires aux constantes et aux valeurs nationales, à l’ordre public, aux bonnes mœurs et aux dispositions des lois et règlements en vigueur».

    «Ces critères vagues donnent aux autorités une grande latitude pour refuser l’enregistrement, sans lequel les organisations ne peuvent pas légalement tenir des réunions publiques ni accepter des fonds de l’étranger», commente HRW en soulignant que les activités de certaines ONG, ayant obtenu une inscription avant la loi 2012, se trouvent restreintes à cause de procédés administratifs de blocage. La loi 2012 autorise aussi le ministère de l’Intérieur à suspendre ou dissoudre une association au motif «d’ingérence dans les affaires internes du pays ou d’atteinte à la souveraineté nationale».

    Aussi, le gouvernement algérien se donne un droit de regard et d’avis sur les accords de coopération qu’entretiennent les associations avec des organisations internationales. «Ces exigences accordent des pouvoirs excessifs au gouvernement sur l’établissement et le fonctionnement légaux des organisations indépendantes… La loi rend ces organisations vulnérables à une ingérence gouvernementale excessive», estime le rapport de HRW. Ce dernier évoque aussi avec inquiétude les entraves à la constitution et au travail des syndicats indépendantes.

    Le combat des familles de disparus pour la vérité et la justice ainsi que l’impunité consacrée par la charte pour la paix et la réconciliation nationale figurent dans le rapport de HRW, soulignant que le gouvernement algérien n’a pas accordé l’accès aux mécanismes des Nations unies relatifs aux droits humains depuis 2011. «Les demandes d’accès en attente comprennent celles des rapporteurs spéciaux sur la torture et sur la liberté de réunion pacifique et d’association, et les groupes de travail de l’ONU sur les disparitions forcées ou involontaires et sur les détentions arbitraires»

    Nadjia Bouaricha le 31.01.15 | 10h00

    http://www.elwatan.com/une/la-liberte-d-expression-en-regression-31-01-2015-286345_108.php

  • Algérie: des marches anti-schiste aujourd’hui à travers le pays (El Watan)

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    Il y a une mois, jour pour jour, et dans un scénario comparable à tant d’autres contestations, les autorités ont commencé par banaliser, puis discuter, ensuite intimider avant de promettre une réponse positive à la revendication unique, à savoir l’arrêt des puits expérimentaux de Dar Lahmar et enfin maintenir le programme et lancer l’appât de la promotion de cette daïra en wilaya. L’opposition au gaz de schiste se propage à travers le pays et dans la diaspora.

    In Salah a réussi le pari de la résistance, elle entame son deuxième mois de soulèvement par une série de manifestations de solidarité, une prise de conscience citoyenne contagieuse et un nouveau round de négociations avec les autorités, non pas à l’aéroport d’In Salah, mais à El Mouradia. Au moment où une dizaine de wilayas du pays ainsi que les villes de Paris et de Lyon, en France, organisent aujourd’hui une série de manifestations de soutien aux opposants au projet de gaz de schiste d’In Salah, la société civile locale de cette ville a désigné une trentaine de délégués chargés de mener un nouveau round de négociations avec la Présidence.

    Le comité des 22, auto-dissous après les menaces de Mahmoud Djemaa, wali de Tamanrasset, qui avait demandé la levée du camp au lendemain du show télévisé du Premier ministre, a fini par se reconstituer. «Le groupe bénéficie de la confiance des gens, les membres ont été obligés à poursuivre les démarches, on veut qu’ils soient automatiquement présents en compagnie de huit autres personnalités reconnues», apprend-on auprès d’un proche du comité.

    La marche du 31 janvier sera une nouvelle supplication, une prière collective chez cette population qui est restée pacifique jusqu’au bout : «Ya Allah ya Rahim, Arhamna Yallah». Il faut croire que la résistance continue au moment où la ville est quasiment encerclée par les radiations de la bombe nucléaire de Reggane, les puits expérimentaux de gaz de schiste à l’ouest, la séquestration du CO2 et la réinjection des eaux au nord.

    La seule direction qui reste vraisemblablement libre est celle de l’est : «Le gouvernement nous a laissé la Qibla, Dieu merci, prions pour notre salut.» A la place de la Résistance, les prises de parole se succèdent tout au long de la journée : «Si le deuxième puits est torché, il emportera avec lui le reste de confiance, nous sommes en train de réprimer les jeunes qui veulent passer à la vitesse supérieure.»

    Mobilisation

    Ouargla, Metlili, El Ménéa, Adrar, Oran, Djelfa, Laghouat, Béjaïa, Paris et Lyon organisent aujourd’hui des «milyonias» anti-gaz de schiste

       Plus de 80 organisations d’Afrique, d’Europe et d’Amérique ont apporté, la semaine dernière, leurs soutien et solidarité à la résistance d’In Salah. En Algérie, la communauté scientifique a apporté son soutien actif par des manifestations tant scientifiques que populaires tout au long du mois qui va se terminer en apothéose avec des manifestations simultanées. Adrar a organisé, hier matin, une marche de soutien où la présence de la gent féminine était visible, colorée et déterminée avec des autocollant anti-gaz de schiste sur leurs vêtements, un autobus d’étudiants a d’ailleurs parcouru les 400 km séparant Adrar d’In Salah pour participer aujourd’hui à la grande marche prévue dans la matinée. Hier, la police a essayé d’intimider les manifestants, pour la première fois ils portaient la tenue d’intervention rapide en signe d’hostilité, mais les jeunes ont réussi à garder leur calme. «Silmiya, silmiya», tel est le mot d’ordre qui a été répété.

    Ghazi ou Ouyahia

    Pendant ce temps, la délégation des «ambassadeurs d’In Salah», tel qu’il plait à la population de les appeler, se prépare à affronter le négociateur choisi par la Présidence. Quel qu’il soit, il aura en face de lui la crème des protestataires d’In Salah qui vient d’accepter l’initiative de Mohamed Baba Ali et Abbas Bouamama, respectivement député de Tamanrasset et sénateur d’Illizi. Il s’agit des seuls élus qui se sont, dès le départ, rangés du côté des revendications de la population, tout en menant de front une campagne médiatique et de sensibilisation du gouvernement. Une quarantaine de parlementaires du FLN sont attendus demain à Tamanrasset et In Salah, apprend-on auprès de l’APW de Tamanrasset.

    Houria Alioua le 31.01.15 | 10h00

    http://www.elwatan.com/actualite/des-marches-anti-schiste-aujourd-hui-a-travers-le-pays-31-01-2015-286342_109.php

  • In Salah : La population intercepte un convoi destiné à la fracturation hydraulique (El Watan)

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    Alors que de nouveaux pourparlers sont prévus au courant de la semaine prochaine entre une délégation d’habitants d’In Salah et un représentant du Président de la République à Alger, une dizaine de jeunes de la ville auraient mis au jour, vendredi, vers 17h, l’arrivée d’équipements destinés à la fracturation hydraulique au niveau du puits de gaz de schiste TP214 à Dar Lahmar, à quelque 28 Km d’In Salah.

    Selon nos informations, le convoi de camions banalisés, ne portait pas le sigle de la multinationale chargée de la fracturation hydraulique, seconde étape du 2eme forage prévu dans la région. Un des chauffeurs ayant été sommé de s’arrêter a affirmé que les camions appartenaient bien à Halliburton, qu’ils venaient d’Aqebli située à 140 Km d’In Salah, territorialement dépendante de la wilaya d’Adrar et qu’ils se rendaient à In Salah.

    En fait, comme le convoi empruntait l’évitement des poids lourds et se dirigeait vers le site des puits de gaz de schiste, les jeunes n’ont pas trop cru à la version du chauffeur et lui ont demandé de prendre la route de la base de vie de Halliburton, située elle à 9 km d’In Salah. Les jeunes, qui ont suivi le camion jusqu’à destination ont été reçu par le responsable de la base qui leur a répondu « khatina taksir hydrauliki » « nous ne sommes pas concernés par la fracturation hydraulique ».

    A In Salah, ou le rituel du vendredi vient d’être achevé à la place Somoud, l’information a fait le tour de la ville en quelques minutes. Les représentants de la société civile dénoncent une nouvelle entourloupe, ils appellent la population à plus de vigilance et convient les protestataires à un meeting demain matin pour prendre les décisions qui s’imposent apprend-on auprès du comité.

    Houria Alioua le 30.01.15 | 21h48

    http://www.elwatan.com/actualite/in-salah-la-population-intercepte-un-convoi-destine-a-la-fracturation-hydraulique-30-01-2015-286337_109.php

  • In Salah, 28 jours de sit-in non-stop (El Watan)

    Les femmes encore plus déterminées que les hommes

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    « La wilaya, la tanmiya, In Salah hiya dahia », ni wilaya, ni développement, In Salah est la victime. Après un grand rassemblement hier soir, après l'annonce du mini-conseil ministériel présidé par le président Bouteflika, la population poursuit en ce moment même son sit-in permanent devant la daïra.

    Les femmes, encore plus déterminées que les hommes se sont assises devant les portes de la daïra que l’administration voulait rouvrir après plus d’un mois de fermeture. Ces gardiennes de la protestation, supervisent tout. Elles ne laissent rien au hasard.

    Des cuisines ambulantes, des kheimas pour le thé, une esplanade occupée au mètre prés pour soutenir et accompagner l’élan citoyen né il y a un mois, l’heure est grave ce mercredi à In Salah ou la résistance prend l’allure d’un combat qui s’installe dans le temps.

    Cette partie du désert connue pour être un couloir des vents sahariens en cette période de l’année ou le froid est glacial malgré un soleil tout proche, semble vouloir en découdre avec l’inertie de ses bois pétrifiés qui se déclinent en forets entières tout au long de cet immense espace ou le Tidikelt, l’Ahaggar, le Touat et le Gourara se jouxtent et interagissent.

    La solidarité de ces espaces sahariens a pris toute son envergure et son sens depuis le déclenchement de la protestation qui se poursuit depuis 28 jours sans perdre de sa détermination devant les réponses des autorités locales.

    In Salah attendait que Bouteflika tranche pour elle, « une wilaya c’est peu, on veut un moratoire sur le gaz de schiste ». In Salah, elle, a tranché. La protestation continue de plus belle. De nouvelles manifestations sont prévues demain notamment à Ouargla ou des étudiants ont manifesté ce mercredi devant le pole 2 de l’université Kasdi Merbah. le 28.01.15 | 15h51

    http://www.elwatan.com/actualite/in-salah-28-jours-de-sit-in-non-stop-les-femmes-encore-plus-determinees-que-les-hommes-28-01-2015-286149_109.php

  • Algérie gaz de schiste

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