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Algérie - Page 8

  • Mohammed Harbi sur l’expérience autogestionnaire algérienne 1962-1965 (Anti-K)

    (Photo : Explication des décrets de mars, meeting de l’Amicale des algériens en France. (Au milieu, Mohammed Harbi); Coll. privée.

     

    Nous publions ci-dessous la contribution de Mohammed Harbi, dans Autogestion, hier, aujourd’hui, demain, (Syllepse, 2010), accompagné des annexes qui suivaient dans le livre (article de Raptis, décrets de 1963, circulaires, articles, documents visés par le texte de M. Harbi), ainsi que des extraits de l’entretien accordé auxTemps Modernes en juillet 1982 « l’expérience de 1962 à 1965, sa portée, ses limites ».

    LA DEMOCRATIE AUTOGESTIONNAIRE ALGERIENNE A L’EPREUVE

    Lorsqu’à l’automne 1963, le président Ahmed Ben Bella décide l’organisation d’un congrès des travailleurs du secteur agricole autogéré, baptisé à tort congrès des fellahs, la première question posée est de savoir qui devait l’organiser. Le Front de libération nationale (FLN), dont l’appareil est encore en gestation après son implosion au cours de l’été 1962, le Bureau national d’animation du secteur socialiste (BNASS), maître -d’œuvre des décrets de mars 1963, l’Union générale des travailleurs algériens (UGTA) ou le ministère de l’agriculture et de la réforme agraire, bras exécutif de la politique agricole.

    Dans une interview à Révolution africaine (juillet 1963), Ahmed Ben Bella estime qu’il revient au syndicat de prendre le secteur socialiste en main. Tournant le dos à cet engagement, il confie la préparation du congrès au FLN. Ce revirement s’explique par le discrédit de la direction de l’UGTA. Parvenue au sommet de l’organisation à l’issue d’un véritable coup de force appuyé par Ahmed Ben Bella, Mohamed Khider et Bachir Boumaza, la direction centrale n’a pas réussi à toucher le cœur des travailleurs. Sa légitimité n’est pas reconnue. Dans le même temps, les partisans de l’autonomie à l’égard du FLN, sûrs de l’appui des syndicats urbains, tentent de l’extérieur de s’implanter dans le secteur agricole, de combattre toute déviation étatique de l’autogestion et d’unifier sous leur égide la classe ouvrière.

    La conquête de l’UGTA est un enjeu d’importance pour toutes les factions du FLN, à droite[1] comme à gauche. Dans le monde du travail, les ouvriers du secteur agricole forment la majorité de la classe travailleuse.

    La première initiative en vue d’organiser un congrès des travailleurs de la terre a pour origine la commission organique du FLN sous l’impulsion d’Omar Benmahjoub, membre du bureau politique.

    Au départ, il y a un noyau central confié à Belhamissi, un des secrétaires de l’UGTA « illégitime » qui a l’appui du secrétariat du FLN et de ses compères de la direction de l’UGTA pour organiser les réunions à l’échelle nationale et préparer le programme du congrès. Ni le bureau politique ni le comité central n’en sont avisés. L’affaire s’ébruite quand le ministre de l’agriculture, Ahmed Mahsas, informé par ses collaborateurs des réunions organisées dans les domaines reprend le projet à son compte. Il semble à un moment que Benmahjoub et Mahsas agissent de concert. Benmahjoub cherche à investir comme candidat Belhamissi au secrétariat général de l’UGTA et ne tarit pas d’éloges à son égard. Il répète sans cesse : « Ce Belhamissi est une révélation sur le plan syndical », mais omet de signaler que celui-ci, instituteur de son état, n’a même pas été élu par la Fédération des travailleurs de l’éducation et de la culture. Quant à Mahsas, son but est clair. Il s’en est ouvert en toute franchise après le congrès à un membre du bureau politique, Aït El Hocine, ancien responsable de l’Amicale des Algériens en France : « Oui, vous avez tous des bases dans les fédérations, moi aussi je veux m’en créer une[2]. »

    Que faire pour éviter l’embrigadement des ouvriers agricoles et aider les partisans de l’autogestion en lutte contre les bureaucrates qui veulent faire main basse sur l’UGTA ?

    Avant même que Zahouane, le responsable de la commission d’orientation, ne soit alerté des réunions informelles se tiennent entre des éléments du BNASS (Lotfallah Souleiman, Mohammed Harbi), de l’UGTA (Mourad Benattig, Rebah Slimane) et un député (Abdelaziz Zerdani). En sort un texte diffusé par la section de l’UGTA d’Alger-Centre ( Document n° 1). Aussitôt après, Abdelaziz Zerdani soulève la question lors d’une réunion de la commission d’orientation. La décision est prise de faire barrage aux manœuvres qui visent à réviser les décrets de mars sur l’autogestion et à consolider l’étatisation du mouvement ouvrier. Les défenseurs de -l’autogestion au comité central se réunissent à la préfecture d’Alger sous la présidence de Hocine Zahouane, réunion au cours de laquelle sont prises les mesures suivantes : déclencher une campagne d’information à tous les niveaux pour dénoncer les intrigues des bureaucrates du FLN qui substituent à un fonctionnement normal des institutions les jeux de l’ombre ; s’appuyer à cet effet sur les textes de la charte d’Alger et le discours d’Ahmed Ben Bella au congrès du FLN (avril 1964) ; désigner Mohand Saïd, animateur de la commission des organisations de masse, pour suivre les travaux du congrès ; charger Mohammed Harbi de rédiger une note d’orientation à la presse, à la radio et à la télévision pour éclairer l’opinion sur les tentatives de révision des décrets de mars (Document n° 2).

    Les directives de la commission d’orientation sont suivies à la lettre par tous les organes de presse et plus particulièrement par les hebdomadaires El Moudjahid de langue arabe et Chabab (jeunesse) sous l’autorité de Zemnouar Merrouche et de Haïdar Hassani. DansRévolution africaine, Amar Ouzegane se tient sur une prudente réserve.

    Notre but n’est pas de nous substituer aux représentants des ouvriers agricoles, mais de neutraliser l’action de leurs ennemis. Dès l’ouverture du congrès, le président Ben Bella sa caution à Mahsas : « Je vous présente Mahsas qui a fait de la prison avec moi. Il n’a de leçon à recevoir de personne. » L’attaque déguisée vise Mazouzi, Rebah, Slimane et Mourad Benattig et conforte ses amis. Choqué, Mazouzi quitte le congrès. Les fonctionnaires du ministère de l’agriculture n’ont pas les mains libres pour autant. Les délégués des ouvriers agricoles ne se laissent pas faire. Les récalcitrants sont séquestrés à Rocher-Noir avant l’ouverture du congrès. Malmenés par Mokhtar Bouchafa[3] qui les menace en exhibant ostensiblement son revolver, ils réagissent au congrès et présentent leurs doléances sans faux-fuyants. De leurs interventions il ressort que les assises de la FNTT tournaient, comme le premier congrès de l’UGTA, à l’opération policière (Document n° 3).

    À gauche, Hocine Zahouane décide de réagir le samedi. Resté en contact avec les cadres de la commission d’orientation (le capitaine Mostafa Khalfallah, Ali Merrouche), de la commission économique (Hamadache) et de l’UGTA (Rabah et Benattig), il se rend au congrès où il trouve une atmosphère -irrespirable. Pressenti comme futur secrétaire général de la FNTT, Bouchafa oriente les travaux du congrès et en expulse Belhamissi en recourant à la violence. Zahouane téléphone à Ben Bella, l’entretient de l’atmosphère qui règne au congrès et de la volonté des fonctionnaires du ministère de l’agriculture de prendre par la menace et l’intimidation le contrôle de la commission exécutive de la FNTT. S’ensuit un échange sur la notion de producteur. Ils ne parviennent pas à s’entendre au téléphone, Zahouane se rend alors à la villa Joly et lui fait un compte-rendu du déroulement du « congrès ». Gêné, Ben Bella promet finalement après une discussion serrée que sur les quarante-deux membres de la commission exécutive, il n’y aurait que deux fonctionnaires. Il se rend à Ben Akroun pour sermonner Bouchafa et ses collègues. Il est 16 heures. Tout le monde croit à un revirement de Ben Bella. Les partisans de Benmahjoub Nekkache et Boudissa se rendent à la villa Joly et le firent changer d’avis. Vers 18 heures, Zahouane fait un saut au congrès. Les jeux étaient presque faits. Certains délégués pleuraient de rage. Zahouane reprit le chemin de la villa Joly pour demander des explications à Ben Bella. Celui-ci ne savait que répondre et finit par lui dire : « Les autres frères de la commission organique s’en occupent. Je te demande de ne pas ajouter à la tension et ne plus intervenir. » L’échange est tendu : « Je ne cautionnerai pas une telle politique et tu dois t’attendre à ma démission. » Ben Bella l’accompagna jusqu’à l’ascenseur : « Non, ce n’est pas comme çà qu’il faut me dire. » À 21 heures, Zahouane fait à nouveau un saut au congrès. Les imposteurs jubilaient aux côtés de Boudissa, mais Ben Bella sanctionna Bouchafa auquel échappe le secrétariat général au profit de Ramdane Bouchebouba, ancien contrôleur général de l’organisation du MTLD, arrêté en France au cours de la guerre comme chef de wilaya.

    Le soir même de la clôture d’un congrès scandaleux, Zahouane adresse un article au Peuple d’Alger, à Républicain et à Alger Le Soir et les conjurés se retrouvent en accusés devant l’opinion publique ( Document n° 4).

    Ce n’est que le 29 décembre que Zahouane revoit Ben Bella en présence de Ben Alla. Ben Bella lève les bras au ciel et dit : « Comment tu nous fais un coup comme ça, Hocine. » « Je t’avais averti, répond Zahouane et de toute façon ce congrès est un scandale et il reste contesté. » « Oui, tu vois, c’est que je ne voulais pas laisser le congrès entre les mains des communistes », répond Ben Bella. Les communistes, c’était pour Ben Bella les nationalistes de gauche, c’est-à-dire tous ceux qui s’étaient opposés à lui sur la question de l’autonomie des syndicats et qui, sur le terrain étaient les adversaires des syndicalistes du PCA.

    Lors de la réunion du comité central qui suivit le congrès de la FNTT, Saadouni propose de dénoncer le congrès de la FNTT. Ben Bella élude la question et ne l’inscrit pas à l’ordre du jour. Ce fut, après l’épreuve du congrès un moment révélateur des ambiguïtés du président Ben Bella sur la question de l’autogestion et des illusions que nourrissent à son égard les concepteurs des décrets de mars. En vérité, l’année 1964 est caractérisée par une offensive tous azimuts des tenants du conservatisme social et des étatistes qui avancent masqués derrière le bouclier de la religion. La gauche, qui inclue en son sein le parti de la sécularisation, s’est vue accusée d’anti-arabisme, d’anti-islamisme et d’athéisme (Document n° 5). Et, comme Ben Bella considère l’islam comme le ciment normatif de la société, il s’est montré plus sensible aux pressions de ses amis étatistes qu’aux intérêts fondamentaux du monde ouvrier.

    Mohammed Harbi 10 décembre 2016-

    Notes:

    [1]. S’y retrouvent des partisans de la propriété privée et des étatistes liés à Ben Bella, ainsi que d’anciens apparatchiks du PPA-MTLD.

    [2]. Propos rapportés à Hocine Zahouane par Aït El Hocine

    [3]. Chef du commando du FLN à Alger avant Yacef Saadi.

    http://www.autogestion.asso.fr/

    http://www.anti-k.org/

  • Rafles d’Africains en Algérie : l’irrésistible attraction de l’abject (Afriques en Lutte)

     

    Beaucoup a été dit et écrit sur un régime illégal qui conduit, entre prédation et in-compétence, l’Algérie vers une zone de turbulences que l’on pressent extrêmes.

    Mais, le sujet semble inépuisable car en matière de régression politique et morale, ceux qui maintiennent le pays dans une désastreuse impasse se révèlent en effet particulièrement féconds.

    Au fil de son délitement, ce système semble avoir fait le serment d’extirper – ou au moins de porter systématiquement atteinte à – tout ce qu’il y a de plus élevé et de plus digne de respect dans le capital politique du peuple algérien. Ceux qui le dirigent et en tirent bénéfice semblent avoir fait le serment de ne laisser qu’un champ de ruines en héritage aux générations qui viennent. Cette dictature amnésique, dont la brutalité n’a d’égale qu’une illégitimité intrinsèque, a habitué les populations aux agissements les plus répréhensibles, aux scandales et aux discours plus démagogiques les uns que les autres.

    Régression et machisme

    La camarilla au pouvoir, qu’elle apparaisse sous les feux de la rampe du gouvernement des apparences ou tapie dans l’ombre, situation qu’elle affectionne car elle se sait imprésentable, parvient à chaque détour de l’actualité à étonner par sa capacité à descendre toujours plus bas les échelles de l’indignité. Hocine Aït-Ahmed avait observé avec sa finesse légendaire que « ce régime ne se reproduit que par amputations successives ». Les événements ne cessent de donner sens à l’oxymore du leader disparu. À corruption égale et continue, ceux qui se succèdent pour incarner le système semblent décidément à chaque fois plus ineptes.

    Désemparés par la contraction durable des revenus pétroliers depuis la chute des prix du baril, les porte-voix du régime rentier exposent leur incompétence au grand jour. Ainsi, les déclarations d’une « ministre de la Solidarité, de la Famille et de la Condition féminine » ( !) qui propose le 30 novembre que les femmes cadres reversent leur salaire au Trésor public, car « nos maris s’occupent de nous », n’ont pas fini de choquer une opinion qui pensait pourtant avoir tout entendu. Même si bien peu de monde garde quelque illusion sur une bureaucratie dont la vaine parole est le fidèle écho du vide qui la constitue. Et l’on voit bien que face à une crise dont elle appréhende l’ampleur, cette bureaucratie panique et ne trouve de ressources que dans sa culture d’expédients et de bricolages, dénuée de la moindre vision et de toute morale.

    Cette autorité, benoitement inculte, relaie une vision du monde approximative construite sur les représentations machistes à rebours du siècle. Pour scabreuses qu’elles soient, ces déclarations d’une ministre illustrent bien la vulgarité commune d’un personnel de troisième zone formé au cœur du système. Il est vain d’espérer de ces milieux la moindre renouvellement sociopolitique ; on peut constater en toute objectivité qu’ils sont, bien au contraire, les fourriers de l’obscurantisme. Tout aussi gravement, cette sortie augure des difficultés que devra affronter le pays, une fois les réserves de change épuisées.

    Rafle raciste

    Mais ces sottises ministérielles ne sont que vétilles à côté de la rafle de quelque 1 400 sans-papiers africains dans la nuit du 1er au 2 décembre dernier. La descente de police et de gendarmerie qui a commencé jeudi soir s’est poursuivie vendredi matin. Des éléments de ces services de « sécurité » ont fait irruption dans des locaux occupés par des migrants subsahariens en les sommant de monter dans des bus.

    Selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l’homme, les personnes ra-flées, dont des femmes et des enfants, ont été d’abord regroupées dans un camp insalubre dans la périphérie de la capitale. À l’issue de ce voyage au bout de la nuit, ces malheureux devaient être transférés manu militari à Tamanrasset avant leur expulsion du pays.

    Il s’agit là d’une forfaiture renouvelée digne d’un régime fasciste. Par ces pratiques criminelles réitérées, l’Algérie de la Révolution africaine, l’Algérie solidaire de tous les peuples en lutte, l’Algérie de Fanon est ainsi ramenée au rang honteux des pays racistes. Sans fard ni vergogne, des Algériens occupant des fonctions d’autorité ont ordonné la déportation brutale et inhumaine de frères et de sœurs de notre commun continent broyé par les guerres et la misère.

    La servilité du régime

    Comment une telle atrocité a-t-elle pu se reproduire ? Les précédentes expulsions auraient dû servir de leçons. Au regard des valeurs de ce peuple, une telle atrocité est totalement injustifiable et rigoureusement inacceptable. Qui a pris sur lui de cracher à nouveau sur l’Histoire ? Au nom de quel racisme « d’État », au nom de quelle xénophobie officielle expulse-t-on des femmes, des enfants et des hommes réfugiés sur le sol national ? Aucune « raison » ne saurait être opposée à la tradition nationale d’accueil et de solidarité forgée au cours des âges et souvent lors des plus sombres périodes.

    Aucune logique de pseudo-maintien de l’ordre n’excuse l’action policière où certains ont cru voir une manière de flatter les bas instincts d’une catégorie de la population. Bien peu sont dupes cependant. Qui n’a pas compris qu’il s’agit avant tout d’envoyer un signal aux protecteurs européens de la dictature ? Cette punition collective est d’abord destinée à montrer aux Occidentaux que le régime d’Alger est plus que disposé à servir de supplétif docile aux politiques de « containment » des migrations africaines.

    Cet acte cruel et inhumain est un odieux désordre.

    Il est le fait d’un régime mercenaire sans assise populaire et sans repères historiques qui s’empresse de complaire à ses maîtres. Le peuple algérien bâillonné est la première victime de la brutalité d’une tyrannie servile, sans éthique et sans mémoire. Il n’est en rien complice des crimes de la dictature qui l’opprime avec férocité. Les nombreuses expressions concrètes de solidarité de citoyens anonymes en sont la preuve. Ce n’est point en son nom que ce régime commet ces exactions à l’endroit de personnes vulnérables.

    La déliquescence de l’État

    Ce que révèlent essentiellement les pratiques d’expulsion éminemment condam-nables de la dictature et les propos choquants d’une ministre, c’est avant tout l’inquiétante carence de l’État. Incapable de formuler des stratégies d’adaptation à la crise des recettes pétrolières et incapable de concevoir des politiques d’accueil des migrants, le régime n’a plus d’autres recours que d’ineptes balbutiements et la brutalité policière.

    La confusion et le désordre qui caractérisent l’action publique sont flagrants. De fait, cette rafle intervient le jour même de l’ouverture du Forum économique africain, « accueillant » - dans une exhibition honteuse d’impréparation et de désorganisation - les partenaires africains dont le régime expulse les ressortissants.

    De fait, le recul de l’État peut être observé à tous les niveaux d’autorité. De l’administration locale complétement défaillante jusqu’aux centres de décision les plus élevés, entre absence et incompétence avérée. Les annonces qui se succèdent ne sont suivies d’aucun effet, sinon de scandale, conférant à l’action officielle un caractère de pure gesticulation. S’agissant des populations de migrants condamnées à la précarité et aux violences, l’inexistence d’une politique publique claire et cohérente fondée sur les principes fondateurs de l’État algérien est la démonstration claire et nette de l’irresponsabilité du pouvoir face à la situation de quelque 100 000 migrants subsahariens qui vivent dans des condition déplorables en Algérie, comme l’a dénoncé Amnesty International.

    L’informel, dont sont directement victimes ces populations sans droit ni titre de séjour, ronge la société toute entière et contrecarre à la racine les évolutions rendues urgentes par l’imminence des ruptures sociopolitiques. Il est donc vital pour tous ceux qui aspirent à une transition la moins coûteuse possible d’envisager les formes de mobilisations pacifiques qui doivent pallier le déficit d’État et les manipulations politiciennes visant à stimuler les fausses contradictions pour opposer migrants et citoyens. Une démarche elle aussi importée d’Europe ou elle connaît un tragique succès.

    Dans ce contexte de dégradation des conditions générales, pour dérisoires qu’elles soient, les considérations de la ministre ne sont donc pas seulement anecdotiques. Elles disent l’impuissance et le désarroi du système sans autre base sociale que ses clientèles. Privé de moyens financiers opulents hier encore assurés par la rente, le seul levier du régime est la répression.

    L’interdiction des manifestations, les arrestations et condamnations de syndicalistes forment le quotidien d’un régime complétement dévoyé. Dans ces conditions, l’appui de l’Occident est d’autant plus crucial pour la dictature. La déportation massive de migrants est la démonstration implacable qu’un nouveau palier supplémentaire dans une honteuse collaboration a été franchi. Les rafles des Africains sont une autre souillure indélébile que devra assumer ce régime.

    Installé dans une surenchère démagogique et brutale, les « décideurs » sont ainsi aspirés dans une spirale d’indignité qui les entraîne à chaque fois plus bas dans l’infamie.

    Omar Benderra 7 décembre 2016

    http://www.afriquesenlutte.org/

  • Algérie du Possible

     

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    Pour aller plus loin, nous avons déjà publié et mis en ligne:

    Algérie 1962-1965 Autogestion mythe ou réalité? (suite):

     Deux textes de Mohammed Harbi.

    Autogestion, mythe ou réalité? (Algérie 1962-1965) suite Bibliographie et documents écrits et audiovisuels

    Deux biographies :

    Trois documents :

    • La voix de l’Algérie socialiste, émission radiodiffusée du 7 août 1963
    • Kader Ammout, Christian Leucate, Jean-Jacques Moulin, La voie algérienne, Maspero, 1974 (extraits)
    • « L’autogestion en Algérie » Sous le Drapeau du socialisme n° 3, 1965.

    Sur le site du Centre d’histoire sociale, « autogestion et équivoques du FLN », quatre articles de Daniel Guérin en 1964.

    http://tendanceclaire.org/

  • En Algérie, incompréhension après les rafles de migrants dans la capitale (RFI)

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    Depuis jeudi, plus de 1 500 personnes subsahariennes ont été arrêtées, regroupées dans un camp puis emmenées à Tamanrasset pour être expulsées. Pourtant, depuis 2012, les migrants semblaient tolérés par les autorités.

    Derrière les barrières de tôle, le chantier de logements semble à l’arrêt. Driss*, un Malien de 22 ans, n’est pas sorti du chantier depuis jeudi 1er décembre. Ce jour-là, vers 17h, les forces de l’ordre sont entrées sur ce chantier où sont employés et vivent des migrants subsahariens. Dix de ses collègues ont été emmenés. « Les gendarmes ont dit : est-ce que vous avez des papiers ? Puis ils leur ont demandé de monter dans le bus », raconte-t-il. L’objectif de cette opération est l’expulsion, selon plusieurs sources qui demandent à rester anonymes.

    Les autorités du Niger confirment avoir été saisies par Alger pour « le passage d’un convoi de migrants à destination de leurs pays d’origine ». Depuis, Driss a peur de mettre le nez dehors. Ses employeurs, une entreprise chinoise, font les courses pour lui : « Ils m’ont demandé ce dont j’avais besoin et ils ont envoyé le chauffeur à la boutique. Eux-mêmes ne comprennent pas ce qu’il se passe et ils s’inquiètent de ne pas pouvoir continuer à travailler si les arrestations se poursuivent », explique le jeune homme.

    A quelques kilomètres de là, Nassim est venu chercher Michel*, un Ivoirien installé en Algérie avec sa famille depuis un an, avec sa fourgonnette. « Je refuse de sortir seul. Si on m’arrête, qui va s’occuper de ma femme et de mon bébé ? Mais le patron a besoin que son chantier avance, donc il proposé de me récupérer chez moi en voiture », dit Michel.

    Employés sur des chantiers et tolérés

    A travers la capitale, les migrants subsahariens travaillent sur des chantiers de construction publics ou privés, dans des restaurants, des cafés, sur les routes. Comme dans d’autres régions du pays, les employeurs avancent des arguments similaires. « C’est impossible de trouver des Algériens pour faire ces travaux. Des électriciens, j’en ai, mais pour des maçons ou des manoeuvres, je dois embaucher des étrangers, même s’ils n’ont pas de papiers. Je n’ai pas le choix », affirme Hamid, chef d’un chantier dans un quartier huppé de la capitale.

    Sur ce chantier coincé entre un barrage de police et la maison d’un homme politique important, une dizaine d’hommes originaires de pays d’Afrique de l’Ouest travaillent depuis plusieurs mois, sans jamais avoir été arrêtés. Selon la loi, toute personne en situation irrégulière en Algérie est passible de deux mois de prison ferme, d’une amende et est reconduite à la frontière. Depuis 2012 et le début des affrontements entre groupes armés du nord et armée malienne, les refoulements qui se faisaient à Tinzaouatine ont été arrêtés. Aujourd’hui, plus de 100 000 migrants d’Afrique de l’Ouest et d’Afrique centrale sont présents, travaillent et circulent en Algérie. Il arrive que certains soient arrêtés, condamnés pour « séjour irrégulier ». Ils passent alors deux mois en prison et sont libérés avec une obligation administrative de quitter le territoire, mais cette injonction de la justice n’est pas mise en application.

    En fait, depuis 2014, seuls des Nigériens organisés en filières de mendicité ont été arrêtés et reconduits à la frontière, dans le cadre d’un accord entre Niamey et Alger. Selon les chiffres officiels, 17 000 personnes ont été ramenées à la frontière dans ce cadre. Au mois de septembre, le ministre de l’Intérieur annonçait l’expulsion de 1 492 Sénégalais et 370 Guinéens, une annonce étrange que les ambassades n’ont jamais pu confirmer. Une source diplomatique affirmait même que le nombre de Sénégalais présents en Algérie, étudiants et diplomates inclus, « ne dépasse pas les 500 personnes ». Au mois d’août, plus de 400 Maliens avaient été rapatriés au Mali après des violences dans la ville de Tamanrasset, mais ces autorités algériennes ont affirmé que c’était sur la base du volontariat.

    Quatrième épisode de violence en un an

    De l’autre côté de la capitale, la vague d’interpellation de jeudi et vendredi a provoqué la panique. Sophie*, Libérienne, n’a presque pas dormi depuis trois jours : « Je sursaute dès que j’entends un bruit. La gendarmerie est venue deux fois arrêter les gens dans leurs maisons. Ils ont pris des Libériens, des Guinéens, des Maliens. » Dans ce quartier, les migrants subsahariens vivent dans des garages ou petites pièces louées par des Algériens à des prix supérieurs à ceux du marché. Plusieurs enfants libériens, nigérians et camerounais, nés en Algérie, sont scolarisés depuis l’année dernière dans des écoles publiques. Une femme est même régulièrement en contact avec un procureur d’une région du centre du pays depuis que son mari a été assassiné et que la justice algérienne s’est auto-saisie pour trouver le responsable.

    Il y a bien eu des affrontements avec des habitants de Dely Ibrahim, un quartier de la capitale, fin novembre. C’est la quatrième fois cette année que des violences opposent migrants et habitants dans différentes villes. A Dely Ibrahim, le maire avait alors promis aux migrants de « trouver une solution de relogement » et de régler la question « de façon définitive ». Mais lors de violences précédentes cette année, dans les villes de Béchar et Ouargla, les autorités n’avaient pas choisi d’expulser les migrants.

    Dans le camp de Zéralda, en périphérie de la capitale, où ont été rassemblés plus de 1 500 migrants interpellés, comme dans le camp de la région de Tamanrasset, à l’extrême sud du pays, où ils ont été envoyés ensuite, les migrants n’ont eu aucune explication : « Nous sommes enfermés dans des bungalows, sans autorisation d’en sortir, raconte Mohamed*, Malien, à Tamanrasset. Combien de temps va-t-on nous garder là ?  » Dans le bus escorté par des gendarmes, qui l’emmènent vers le sud du pays, Tristan s’inquiète : « On ne sait pas où on va. On ne sait pas ce qu’ils vont faire de nous ».

    Ce mardi, les autorités algériennes n’avaient fait aucune déclaration. « On ne comprend toujours pas ce qu’il se passe », admet une ONG. « J’ai entendu des rumeurs, j’ai été saisi par des compatriotes, mais je n’ai reçu aucune explication officielle », regrette un ambassadeur concerné.

    Leïla Beratto  06-12-2016 

    *Les prénoms ont été modifiés

    http://www.rfi.fr/

    Commentaire: Cet article s'est retrouvé affublé d'un commentaire raciste, d'un certain "Djihad" au nom bien français. Comme il n'est pas question d'encourager la négrophobie, il a été supprimé. Veuillez nous excuser de n'avoir pas été assez vigilants!

  • PST (Algérie)

    La imagen puede contener: texto
     

    PST حــــــزب العمـــــــال الاشـــــــــتراكي

    Dans le cadre de son programme d’activités,
    Le Parti Socialiste des Travailleurs
    vous invite à une conférence-débat :


    « Quelle résistance à la politique antisociale du gouvernement »

    Samedi 10 Decembre 2016, à 13h30,
    au siège national du PST, animée par
    M. Idir Achour, Secrétaire général du Conseil des lycées d'Algérie (CLA)
    Adresse : 27, boulevard Zighoud-Youcef, Alger-Centre

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  • Ne laissons pas la violence à l’encontre des syndicalistes autonomes algériens se banaliser (Solidaires)

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    A Bouira, à une centaine de kilomètres au sud d’Alger, une manifestation organisée par les syndicats autonomes a été violemment empêchée et réprimée le 30 novembre.

    A l’appel du Snapap (Syndicat national autonome des travailleurs de l’administration publique), les manifestant-es entendaient notamment protester contre des réformes désastreuses pour les travailleurs et travailleuses : réforme du code du travail, du régime général des retraites... La marche prévue a été neutralisée avant même de commencer : la police avait installée des barrages à l’entrée de la ville et contrôlait le trafic des transports publics. Elle a procédé à des arrestations en faisant usage de la violence.
    Nous tenons particulièrement à dénoncer celles subies par notre camarade Yamina Maghraoui, représentante du Snapap et coordinatrice de son Comité des femmes. Violemment bousculée, elle a été interpellée avec d’autres manifestant-es et mise en garde à vue au poste de police. Des poursuites ont été notifiées par la police à plusieurs manifestant-e-s.

    Une fois de plus, c’est la liberté d’expression sous plusieurs de ses formes que bafoue le pouvoir algérien. Un pays qui ne tolère aucune contestation exprimée pacifiquement et conformément au droit international (et national !) ne mérite pas le nom de démocratie.

    Nous exigeons l’arrêt de toutes les poursuites intentées contre nos camarades.

    Nous exigeons plus généralement la réintégration immédiate dans leur emplois de tous les syndicalistes autonomes suspendus en raison de leurs activités syndicales.

    Pour la démocratie et la justice en Algérie, toutes et tous Solidaires avec les syndicalistes autonomes algériens !

    Union syndicale Solidaires 2 décembre 2016

    http://www.algeria-watch.org/

  • Cuba Algérie (Algeria Watch + CADTM)

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  • Violence à l’encontre des femmes : Insoutenable situation en Algérie (El Watan)

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    Au moins trois femmes sur cinq sont violentées en Algérie.

    D’après l’enquête menée par le Syndicat national autonome des personnels de l’administration publique (Snapap), dont les résultats finaux ne sont pas encore dévoilés, 9% des hauts responsables femmes sont violentées en Algérie et près de 93% de femmes de moindre responsabilité, telles que les femmes de ménage, font l’objet de violences.

    Sur la base de ces chiffres effrayants, le Snapap a organisé, samedi à Alger, une rencontre à l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la violence à l’égard des femmes. Dans un langage ferme, Yamina Meghraoui, présidente du comité des femmes travailleuses-Snapap, dénonce la pression dont fait l’objet la femme algérienne, que ce soit dans son lieu de travail ou dans son domicile. «Cette rencontre est pour nous une occasion d’exprimer notre colère quant à la maltraitance de la femme.

    Nous considérons que toutes les lois du gouvernement algérien instaurent la violence à l’encontre des femmes. A leur tête, la réforme du système de départ à la retraite qui pénalise la femme, majoritaire dans les demandes de retraite anticipée. L’obliger à travailler et lui ôter la possibilité de partir en retraite est aussi une forme de violence», a déclaré Mme Meghraoui, qui n’a pas manqué de dénoncer la loi de finances 2017 adoptée la semaine dernière qui, selon ses propos, ne fera que généraliser la précarité, affaiblir le pouvoir d’achat, augmenter le taux de chômage et réduire le niveau de vie des foyers.

    De pareilles conséquences vont, selon l’oratrice, «directement peser sur la femme, étant donnée qu’elle est le noyau de la cellule familiale». «La précarité et la pauvreté en Algérie commencent à prendre des couleurs féminines. L’importance du taux de chômage et la difficulté d’accéder au travail obligent la femme à accepter des postes précaires, souvent sous contrat à durée déterminée. Ce mode de recrutement en lui-même est une source de violence.

    De plus, la femme est toujours dans la crainte de voir son contrat non renouvelé et se trouve obligée de se taire face à la maltraitance qu’elle pourrait subir. Toutes les femmes recrutées en CDD sont exposées systématiquement à la répression, à la violence et au harcèlement dans toutes ses formes pour voir leurs contrats renouvelés de manière régulière. La majorité des postes de travail précaires sont occupés par des femmes», abonde-t-elle, avant de s’en prendre au code du travail qui, selon elle, légalise et instaure cette sous-traitance et devient alors une source légale de violence à l’égard des femmes.

    Asma Bersali El Watan, 28 novembre 2016

    http://www.algeria-watch.org/

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    Lire aussi:

     

  • Pari réussi pour les syndicats autonomes (Le Soir d'Alger)

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    Pari réussi pour l’Intersyndicale.

    Elle a réussi à passer à une action de rue hier et braver les forces de l’ordre pour tenir un rassemblement à Alger. Les syndicats autonomes, empêchés de rejoindre le siège de l’APN, ont été rejoints par les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte à proximité de la Grande-Poste, où le sit-in s’est finalement tenu.

    La capitale était quadrillée hier aux premières heures de la matinée.

    Un important dispositif sécuritaire a été déployé et des barrages dressés pour fermer tous les axes menant vers le boulevard Zighoud-Youcef, où est située l’Assemblée populaire nationale et où l’Intersyndicale a annoncé la tenue d’un rassemblement pour protester contre la réforme de la loi du travail. Les forces de l’ordre ont bouclé aussi la gare routière du Caroubier pour empêcher les manifestants et les syndicalistes venant des autres wilayas du pays de rejoindre le centre-ville, paralysant ainsi la circulation sur tout l’axe routier de l’est d’Alger.

    Des citoyens ont été contraints de descendre des bus et prendre le tramway et le métro pour rallier le centre-ville et leurs lieux de travail. De simples citoyens ont été même interpellés ou fouillés à proximité de la gare du Caroubier. A 10h, devant le siège de l’APN, où le ministre du Travail présentait en plénière le nouveau projet de loi du code du travail, la place était déjà quadrillée par un nombre impressionnant de policiers. L’endroit était interdit aux piétons. Seuls les journalistes ont eu droit d’y accéder.

    Aux environs de 10h30, les groupes parlementaires du PT et de l’Alliance verte sont sortis du siège de l’APN pour rejoindre les journalistes qui attendaient dehors l’arrivée des syndicats. Peine perdue, aucun syndicaliste n’a réussi à rallier le lieu du rassemblement. Le groupe de journalistes et les parlementaires, apprenant que les syndicats étaient un peu plus loin et empêchés de rejoindre les lieux, ont décidé de marcher jusqu'au jardin Khemisti, à proximité de la Grande-Poste.

    Un groupe de manifestants, à sa tête Meziane Meriane, Sadek Dzeri, Lyes Merabet, et les autres présidents de syndicats, a réussi à rejoindre le jardin Khemisti, scandant des slogans contre le nouveau code du travail et la suppression de la retraite anticipée.

    Les forces de l’ordre et anti-émeutes et des agents en civil ont réussi à boucler le périmètre et interdire aux manifestants d’avancer. Leur nombre important était difficile à cerner. Le rassemblement s’est tenu sur place avant que les forces de sécurité ne procèdent à plusieurs arrestations. Idir Achour, porte-parole du Conseil des lycées d’Algérie (CLA) était l’un des syndicalistes interpellés à la première heure avant d’être déposés à la gare du Caroubier, où un autre rassemblement était, d’ailleurs, improvisé par les manifestants qui n’ont pas pu prendre part au rassemblement de la Grande-Poste, selon les déclarations du coordonnateur de l’Unpef qui a souligné que 25 bus ont été bloqués à l’intérieur de la gare routière. La répression policière n’a rien entamé de la détermination de l’Intersyndicale.

    Lors d’un point de presse, les syndicats autonomes, tout en dénonçant l’oppression, ont réaffirmé leur volonté d’aller jusqu’au bout de leur démarche. «L’Intersyndicale est plus que jamais déterminée à aller de l’avant et durcir son mouvement pour protéger les acquis sociaux des travailleurs», ont déclaré les membres des syndicats autonomes. Ces derniers vont poursuivre leur mouvement de grève aujourd’hui et demain. Ils se réuniront dans une semaine pour décider de leur prochaine action qui risque de se radicaliser en absence de dialogue avec les pouvoirs publics.

    Salima Akkouche - Alger (Le Soir) -

    http://www.algeria-watch.org/fr

     

  • Jeudi d’Acrimed : regards croisés sur la situation des médias en Algérie et en Égypte (24 novembre)

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    Les soulèvements arabes déclenchés à l’hiver 2010-2011 n’ont pas fini de bouleverser le paysage politique et social de la zone Moyen-Orient et Afrique du Nord [1].

    Produits de la dégradation de la situation économique et sociale dans la région, de l’augmentation des inégalités et de la persistance de l’autoritarisme et des pratiques clientélistes des pouvoirs en place, ces soulèvements étaient porteurs de revendications articulées autour des questions de justice sociale, de dignité et de libertés démocratiques.

    Le pluralisme, la liberté d’expression et la liberté de la presse étaient, pour nombre de manifestants et de groupes révolutionnaires, des préoccupations majeures. Force est en effet de constater, sans négliger la diversité des situations nationales, que la censure et la répression contre les journalistes et les médias non inféodés aux classes dirigeantes étaient la règle dans la région, d’où le rôle des nouveaux médias, et notamment des réseaux sociaux, dans la diffusion des informations lors des soulèvements [2].

    Près de six ans après le début du soulèvement tunisien, le moins que l’on puisse dire est que la situation régionale est loin d’être stabilisée, et que les pays touchés par le mouvement de révolte ont connu des trajectoires variées, de l’écroulement de l’État libyen à la difficile « transition » tunisienne en passant par la tragédie syrienne et la contre-révolution en Égypte. Sur le front de la liberté de la presse comme sur bien d’autres, l’enthousiasme initial a laissé place à la déception, au découragement, voire à une dégradation des conditions de travail des journalistes.

    En mai 2015, un rapport portant sur « l’état de la liberté de la presse dans le monde arabe (2014-2015) », établi par la Fédération des journalistes arabes (FAJ), concluait ainsi que « les changements politiques et les turbulences faisant suite aux soulèvements de 2011 ont conduit à une détérioration de l’environnement pour les journalistes dans la plupart des dix-sept pays couverts par l’étude ». La situation de la liberté de la presse en Égypte était même qualifiée de « catastrophique ».

    Qu’en est-il réellement ? Dans quelle mesure les aspirations de 2010-2011 ont-elle été étouffées dans l’œuf ? Quelles sont concrètement les conditions d’exercice de la profession de journaliste dans un environnement instable, autoritaire, voire contre-révolutionnaire ?

    C’est pour répondre à ces questions – et à bien d’autres – que nous vous invitons au prochain Jeudi d’Acrimed, durant lequel nous nous intéresserons plus précisément à deux pays, l’Algérie et l’Égypte, qui connaissent chacun des situations particulières mais partagent aussi nombre de problématiques communes, entre autres et notamment dans le champ médiatique.

    Acrimed,

    http://www.acrimed.org/