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Algérie - Page 9

  • Les carences du secteur agricole accentuent l’insécurité alimentaire (Algeria Watch)

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    En dépit d’un engouement des opérateurs étrangers à investir

    El Watan, 14 novembre 2016

    Des millions d’hectares de terre en jachère, d’autres mal exploités, certaines terres sont détournées de leur vocation, d’autres encore reclassées pour servir au bâtiment, une main- d’œuvre en désertion et des semences locales disparues du marché.

    Vue sous cet angle, la sécurité alimentaire de l’Algérie semble bien compromise. Pourtant on ne peut pas dire que la volonté politique a manqué avec le PNDA, le PNDRA, l’effacement des dettes des agriculteurs, les crédits bancaires à taux 0, etc.

    Si bien que l’agriculture a été le principal secteur porteur de la croissance économique durant une bonne partie des années 2000. Au cours des cinq dernières années, sa croissance a évolué à un rythme annuel de plus de 7% en moyenne. En 2015, la valeur ajoutée du secteur représentait 12% du PIB.

    Pourtant, les résultats semblent insuffisants, car même si le ministère de l’Agriculture avance un taux de couverture de nos besoins agricoles à hauteur de 70% par la production nationale, le pays reste entièrement dépendant des importations pour ce qui est des produits de première nécessité.

    «L’Etat est appelé à venir en permanence à la rescousse pour sauver un marché national exposé aux pénuries dès lors que le secteur agricole national couvre à peine 15 à 20 % du marché en produits de première nécessité», observe Akli Moussouni, expert agronome. La balance agricole et alimentaire est déficitaire et a quadruplé entre 2000 et 2011. «On couvre 70% de nos besoins en fruits et légumes, entre 80 % et 100% pour la viande rouge et blanche, mais on ne couvre localement que 30% de nos besoins en céréales et moins de 50% en matière de lait», argumente Laala Boukhalfa, expert en sécurité alimentaire.

    Dépendance

    Une dépendance aux conséquences économiques directes et pas seulement en termes de sorties en devises. D’après les données de l’Ifpri (International Food Policy Research Institue, 2007), une hausse de 15% des prix agricoles sur le marché international coûte à l’Algérie 0,7% du PIB en raison d’une facture d’importations agricole représentant 4,5% du PIB à plus de 3 milliards de dollars.

    Mais le problème pour l’Algérie ne s’arrête pas là. Car la dépendance aux produits agricoles commence à la base. Des experts dans le domaine agricole ont en effet tiré la sonnette d’alarme sur le fait que 80% des semences locales ont disparu et que celles qui sont importées ne font que renforcer la dépendance de l’Algérie puisqu’il s’agit majoritairement de semences hybrides utilisables une seule fois.

    Déperdition

    Le ministre de l’Agriculture reconnaît qu’il existe un problème de semence qui est en train d’être pris en charge, mais il admet aussi que son règlement prendra des années. Quand ce n’est pas la dépendance aux importations qui pose problème, c’est la déperdition des superficies agricoles qui inquiètent. Les besoins en construction de logements et d’investissements industriels ont sérieusement empiété sur le foncier agricole, mettant à l’arrêt des exploitations agricoles entières. En 2015, ce sont près de 4000 hectares de terres agricoles qui ont été reclassées au bénéfice de l’industrie.

    A cela s’ajoutent quelque 3 millions de terres qui demeurent en jachère, soit plus d’un tiers de la surface agricole utile (8,5 millions d’hectares). Certaines sont considérées à haut potentiel. Le chiffre est important, mais pour Mohamed Alioui, président de l’Union des paysans algériens, il y a lieu d’abord «de s’inquiéter des terres qui sont censées être en exploitation mais ne le sont pas».

    Pourtant le gouvernement a pris ces dernières années des décisions allant dans le sens de l’amélioration de la production agricole et de la couverture des besoins nationaux à travers des mécanismes d’aides directs au profit des agriculteurs. Ces derniers se sont vu effacer en 2009 une dette de 41 milliards de dinars, mais la décision n’aurait pas profité à qui de droit. Selon Mohamed Alioui, «50 à 60% de cet effacement n’a pas bénéficié aux véritables agriculteurs qui en avaient le plus besoin».

    Ambitions

    En cette période de crise, où l’agriculture se positionne comme une alternative au pétrole, la question de la sécurité alimentaire pose indéniablement l’impératif de réduire la dépendance aux importations pour les produits de première nécessité. Pour Akli Moussouni, la solution résiderait dans «un changement radical des politiques agricoles, dont la contrainte de dépendance vis-à-vis du produit agricole étranger doit constituer d’axe de développement».

    Dans ce cadre, le plan d’action Filaha 2019 prévoit la réduction de 30 % de la facture des importations alimentaires (2 milliards de dollars par substitution (poudre de lait, blé dur, semence pomme de terre (A), viande bovine et tomate industrielle) et le doublement des exportations. Pour ce faire, des efforts seront concentrés sur un certain nombre de filières, dont la céréaliculture, les légumes secs, le lait, les cultures fourragères, les viandes bovines et blanches, la pomme de terre, la tomate industrielle.

    Safia Berkouk


    Investissements dans le secteur agricole

    Engouement des opérateurs étrangers

    Les investisseurs étrangers et nationaux se bousculent pour la grande concession.

    Ils sont de plus de plus nombreux à frapper à la porte du ministère de l’Agriculture, du Développement rural et de la Pêche (MADRP) pour proposer leurs projets. Jusque-là, le secteur a attribué plus de 600 000 hectares pour la réalisation de projets structurants pour un montant de 600 milliards de dinars. Et ce, au profit de 1 500 investisseurs porteurs de projets intégrés dans les filières stratégiques. Sur ce montant, la valeur des investissements en cours de mise en œuvre avec des partenaires étrangers est de l’ordre de 25 milliards de dinars pour une superficie dépassant les 10 000 hectares par projet.

    Et ce, en dehors des régions du Nord. Le cap est en effet mis sur les IDE dans le Sud et dans les Hauts- Plateaux dans les filières stratégiques où l’Algérie est dépendante des importations C’est le cas notamment à Khenchela, Adrar et Ghardaïa, a-t-on appris auprès du MADRP. Les appels lancés par le gouvernement à l’égard des investisseurs étrangers, faut-il le rappeler, remonte à plusieurs années.

    Déjà en 2006, quand il était secrétaire général du ministère de l’Agriculture, Abdeslam Chelghoum avait invité les opérateurs étrangers à investir dans le domaine de la mise en valeur des terres par le biais du système de la concession mis en place et touchant les zones sahariennes, steppiques et montagneuses. «S’il y a des opérateurs étrangers qui veulent apporter leur contribution à la mise en valeur des terres ils sont les bienvenus», avait-il indiqué à l’issue d’une rencontre avec une délégation canadienne. Depuis, les appels se sont succédé par d’autres responsables du secteur. Il a fallu que les changements interviennent dans le cadre réglementaire notamment dans le cadre de la loi sur les concessions agricoles pour que les investisseurs se manifestent et affichent leur intérêt pour le secteur agricole algérien.

    Des mesures d’accompagnement

    Il faut dire en effet qu’une série de mesures a attiré l’engouement des investisseurs étrangers à la faveur d’une nouvelle stratégie en matière d’investissement dans le secteur agricole, qui mise sur le développement durable et la sécurité alimentaire en Algérie. Parmi ces mesures, on cite l’institutionnalisation d’une cellule d’accompagnement au ministère de l’Agriculture. Dans une de ses études, le cabinet Oxford Business Group ne manque pas d’ailleurs de le souligner.

    Projets structurants

    Il relève le nombre important de contrats d’investissements en projet ou conclus récemment, donnant comme chiffre 80 demandes d’investissements déposées au MADRP au cours du premier semestre 2016. Et rappelant par la même occasion les principaux projets conclus. A titre illustratif, celui conclu fin 2015 entre le Groupe Lacheb et le consortium américain International Agricultural Group, portant sur un mémorandum d’entente sur l’investissement de 100 millions de dollars dans la création d’une nouvelle joint-venture baptisée El Firma, dédiée à l’élevage bovin dans la région d’El Bayadh.

    Au total, six accords ont été signés entre les Etats-Unis et l’Algérie en 2015 dans plusieurs segments agricoles, dont l’irrigation, l’élevage de bétail et l’élevage de vaches laitières, ainsi que l’importation de semences. Plus récemment, le 15 septembre dernier, l’Algérie et la Chine ont signé un protocole d’accord pour l’exécution de la deuxième phase du projet pilote de l’aménagement des terres agricoles salines dans la région de Hmadna (Relizane). Pour le MADRP, ce projet est d’un intérêt stratégique pour l’Algérie, avec l’extension considérable de la salinisation des terres agricoles particulièrement dans les zones arides et semi-arides.

    Déjà en 2012, il y a eu le lancement de la première phase de ce projet pilote pour trois ans (jusqu’à 2015, entre l’Institut national de la recherche agronomique d’Algérie (INRAA) en coopération avec l’entreprise China Agriculture International Development.
    «Les résultats encourageants des expérimentations effectuées incitent à poursuivre les essais durant une seconde phase (2016-2018) avec l’appui de l’expertise chinoise», avait expliqué le MADRP après la conclusion de l’accord pour la deuxième phase du projet.
    Des intentions de projets sont par ailleurs exprimées par des partenaires français et allemands notamment.
    Samira Imadalou


    Développement des filières

    Les céréales et le lait, des défis majeurs

    Poussée par une croissance démographique et de nouvelles habitudes de consommation, la facture des ’importations céréalières a explosé face à une production nationale trop irrégulière pour répondre à tous les besoins.

    L’Algérie importe 80% de ses besoins en blé tendre et produit 60% de son blé dur. Pour le maïs, les importations sont de 100%, alors que pour l’orge, elles demeurent faibles à moins de 20%.

    Ces deux céréales sont destinées principalement à l’alimentation de bétail. 60% des céréales produites au niveau national sont du blé (dont 70% de blé dur et 30% de blé tendre). Selon une étude de l’Ipemed (Institut de prospective économique du monde méditerranéen), l’Algérie a connu une progression rapide de la consommation de blé tendre utilisé pour le pain et la pâtisserie «avec l’occidentalisation du modèle de consommation». Une demande trop forte comparée aux disponibilités réelles. Les céréales occupent à peine un tiers des terres arables et plus de la moitié des exploitants agricoles. Mais on estime cependant que la moitié de la production est réalisée par des exploitations de taille modeste (moins de 50 ha).

    La production reste marquée par une forte irrégularité. «On est à 17q/h. C’est trop faible», observe Laala Boukhalfa, selon qui «il y a des zones de culture à fort potentiel qui ne sont pas exploitées». Une étude de l’Ipemed explique cette faiblesse aussi bien par des causes naturelles (sol et climat), que techniques (semences, pratiques culturales) qu’humaine (organisation et formation des producteurs). Pour réduire la facture d’importation, le ministère de l’Agriculture a prévu dans son plan d’action 2019 de doubler la production céréalière à près de 70 millions de quintaux et d’en finir complètement avec l’importation de blé dur. Cela serait notamment possible grâce à l’augmentation des surfaces irriguées, qui passeront de 230 000 hectares en 2016 à 600 000 hectares en 2019.

    Pour Akli Moussouni, expert agronome, il est possible de couvrir «les ¾ des besoins du marché national à condition de réduire d’environ de 50% les surfaces qui leur sont consacrées, mais en investissant dans la performance de celles qui seront cultivées pour atteindre des rendements élevés (plus de 50 q/ha)». Les surfaces abandonnées par les céréales seraient ensuite consacrées aux parcours pour les filières animales (ovine en particulier)

    Le lait en crise

    Même constat ou presque pour le lait, enclin à des crises cycliques, avec un taux de collecte qui reste faible, puisque seulement le tiers de la production laitière bovine est collectée (en 2012). A la fin des années 1960, les importations totales en lait couvraient 40% des disponibilités, pour une consommation qui atteignait les 50 litres équivalent lait /habitant. Aujourd’hui, elles en couvrent plus de 50 % pour une consommation par habitant qui a presque triplé à 147 litres équivalent lait/habitant. «Nous produisons environ trois milliards de litres pour des besoins estimés à 6 milliards», observe Laala Boukhalfa.

    Près de 30% des disponibilités laitières sont destinés à l’autoconsommation ou se retrouvent dans le circuit informel, selon les chiffres du ministère de l’Agriculture. On estime que le taux d’intégration du lait cru est autour de 15% en moyenne, entre laiteries privées et publiques. Pourtant, pour augmenter cette production et son intégration dans le processus industriel de fabrication du lait pasteurisé, le gouvernement a mis en place un système de primes destiné aux producteurs, aux collecteurs et aux transformateurs.

    Rien n’y fait. Selon Laala Boukhalfa, les subventions constituent «un frein au développement de la filière». Les investisseurs «n’investissent pas car ils ne peuvent pas concurrencer un prix administré de 25 dinars le litre. Ils ne veulent pas investir dans des vaches laitières puisqu’il y a la poudre et qu’elle est subventionnée». En 2013, les subventions à la poudre de lait ont atteint 30 milliards de dinars. Mais, c’est loin d’être la seule contrainte. Dans une étude de l’IAMB (Institut agronomique méditerranéen de Bari) datant de 2015, il est noté que 99% des exploitations laitières sont du type «familial et traditionnel ».

    En 2008, «plus de 95% des exploitations laitières comptaient moins de cinq vaches, alors que celles qui disposaient de plus de 50 vaches laitières ne représentent que de 0,3% du total». Selon la FAO, la taille des troupeaux reste relativement faible, avec 6 à 8 vaches laitières par exploitation. En 2012, on estimait que le bovin laitier de race importée représentait 28% de l’effectif total des vaches laitières et assurait environ 70% de la production totale de lait de vache. Pour Akli Moussouni, la filière agit encore dans l’«archaïsme» pour au moins 4 raisons : sous-alimentation du cheptel, générant une faible rentabilité laitière, la petitesse des exploitations face à des coûts de productions trop importants, infrastructures d’élevages d’un autre âge et enfin le manque de professionnalisme.

    Insuffisances

    Si Laala Boukhalfa pose le problème de l’adaptation des vaches importées au climat algérien, il évoque également la question de la disponibilité de l’alimentation devant répondre aux besoins du cheptel. Des études publiées entre 2009 et 2013 par des chercheurs algériens (Chehat, Soukhal) montrent une «insuffisance des ressources fourragères qui constitue un obstacle au développement de l’élevage bovin en Algérie», puisqu’elles ne couvrent que 50% des besoins annuels, alors que «plus des 2/3 des besoins protéiniques du cheptel sont couverts par des aliments concentrés». En gros, les superficies fourragères ne représentent que 9% de la surface agricole utile, au moment où l’industrie des aliments du bétail est dépendante des importations des matières premières, soulignent les études.

    Selon la FAO, les contraintes liées à la production laitière en Algérie sont nombreuses, citant notamment, la faible production de l’élevage bovin, un prix de revient à la production trop important, des ressources fourragères insuffisantes, un coût de l’alimentation du bétail trop élevé et une désorganisation des réseaux de collecte. Des contraintes que le gouvernement compte lever pour les besoins de la sécurité alimentaire. A l’horizon 2019, l’objectif tracé est de réduire à 0 % l’importation de poudre de lait destinée à la fabrication de produits dérivés. Il est aussi question de promouvoir l’intégration de la production locale du lait cru par l’élargissement de son marché aux produits laitiers dérivés et le renforcement des capacités de production du fourrage.

    Safia Berkouk


    Maladies récurrentes et pratiques informelles

    Menace sur la production animale

    Avec des maladies à répétition, chaque année ou presque, une partie de l’élevage ovin, bovin et avicole est décimée. Brucellose, bronchite infectieuse, grippe aviaire, blue tongue, fièvre ap0hteuse, etc., les maladies sont multiples et leur propagation àa des degrés divers.

    Dernièrement encore, les citoyens ayant acheté le mouton de l’Aïd, n’ont pas sacrifié que ce dernier, mais également l’équivalent d’un mois de salaire pour ceux d’entre eux qui se sont retrouvés avec une viande putréfiée, impropre à la consommation. Pourtant les campagnes de vaccinations existent. En 2014, avec la fièvre aphteuse le gouvernement a dégagé une enveloppe de 100 millions de dinars pour l’achat de 900 000 doses de vaccin, alors que 1,6 million de bovins avaient déjà été vaccinés.

    Avec plus de 26 millions de têtes, l’élevage ovin représente près de 80% de l’effectif total du cheptel national devant le bovin qui en représente 6%. Importations frauduleuses d’animaux malades, abattages clandestins, non-déclaration des maladies, des pratiques hasardeuses en matière d’alimentation et d’administration des médicaments par les éleveurs, menacent cette richesse. Les résultats de l’enquête menée sur la viande de l’Aid avait mis en cause un surdosage de compléments alimentaires administrés aux bêtes en vue de leur engraissement rapide. Mais ce n’est qu’un exemple parmi d’autres.

    Explications

    Pour les professionnels de la santé animale, ces maladies à répétition ne sont pas forcément anormales. Saida Akali, secrétaire générale du Syndicat national des vétérinaires fonctionnaires en explique les raisons. «Les effectifs de ces élevages sont sans cesse en augmentation (en nombre d’éleveurs et d’animaux), le nombre de vétérinaires augmente aussi et donc les diagnostics de maladies se font aussi plus souvent et leur déclaration se font aussi rapidement». Si l’apparition de ces maladies n’étonne pas, c’est que plusieurs facteurs y contribuent. «Nos élevages ne sont pas identifiés.

    On donne des crédits à toute personne qui le demande pour faire de l’élevage sans formation, sans structure d’encadrement, etc. Aussi, la protéine animale est devenue une valeur spéculative, donc des affairistes s’occupent de présenter des denrées d’origine animale par n’importe quels moyen et méthode». Ahcene Kaci, enseignant–chercheur, spécialiste des productions animales, partage une partie de cette analyse. «Des vétérinaires n’arrivent jamais à déterminer les véritables mortalités du cheptel car les barrières sanitaires ne sont pas respectées, le nombre de laboratoires d’analyse est très insuffisant, la veille sanitaire n’existe pas et la traçabilité des produits n’est pas prise en considération par l’ensemble des acteurs de la chaîne des filières animales». Les deux spécialistes mettent également en cause les faiblesses en matière de contrôle des frontières pour ce qui est des déplacements de troupeaux qui ne sont pas «systématiques».

    La production avicole

    Cet état des lieux vaut d’autant plus pour le secteur avicole. Dans un document consacré à l’analyse de la filière, le ministère de l’Agriculture note que les limites techniques et sanitaires des bâtiments traditionnels qui représentent la quasi-majorité des bâtiments d’élevage privés, mal aérés, provoque des maladies respiratoires et entraîne des taux de mortalité élevés, ainsi qu’une difficulté de désinfection et de mise en place de barrières sanitaires. Car la filière reste dominée par les pratiques informelles. Certains experts ont estimé que 80% des abattoirs de volailles ne possèdent pas d’agrément sanitaire.

    D’autres avancent un chiffre moins alarmant. «Selon l’étude non encore publiée par Ferrah Ali, chercheur à l’INRA Algérie, l’économie informelle dans l’aviculture algérienne représente 50 %, c’est-à-dire 1 opérateur sur 2 ne dispose pas d’agrément sanitaire», estime Ahcene Kaci. Selon Laala Boukhalfa, spécialiste des questions de sécurité alimentaire, la filière avicole peut produire jusqu’à un million de tonnes par an, mais «les abattoirs existants ne peuvent prendre en charge qu’une capacité de 20%, le reste se fait dans les abattoirs clandestins», posant un grand risque sanitaire. Seulement le problème est beaucoup plus grand qu’une simple question de pratiques informelles. Ahcene Kaci estime que «le risque sanitaire à l’avenir pourrait être d’une grande ampleur» au vu des carences. Car dit-il, il n’est plus concevable d’admettre la présence «des élevages modernes de grandes capacités à côté d’autres élevages traditionnels pourvoyeurs de maladies potentielles.»

    Organisation

    Mais les types d’élevage ne sont pas les seuls à mettre en cause. Pour Saida Akli on exige trop des vétérinaires fonctionnaires sans leur donner les moyens. On leur demande «d’assurer le contrôle sanitaire, les vaccinations, les prélèvements, les enquêtes épidémiologiques, la pharmacovigilance, les comités de lutte contre les zoonoses, les contrôles laitiers. Tout ça avec des effectifs réduits, des salaires dérisoires et des moyens matériels inexistants». En parallèle, la requête formulée pour une 6e année universitaire attend toujours une réponse, les recrutements sont gelés depuis 2014 et l’installation de jeunes vétérinaires relèverait «du casse-tête», selon notre interlocutrice.

    Avec la propagation de l’informel, l’impossibilité de l’identification des cheptels, les insuffisances en matière de contrôle et le manque de moyens au profit des professionnels, la protection des citoyens et de la richesse animale devient problématique. «Nous sommes le dernier maillon de la chaîne alimentaire, mais il faudrait que tous les autres maillons fonctionnent, à commencer par l’application des lois déjà existantes», affirme Saida Akli Abondant dans le même sens, Ahcene Kaci, qui considère que le véritable problème réside dans «l’organisation des filières animales», l’Etat doit prendre «des mesures strictes pour faire respecter la législation à travers ses services fiscaux et vétérinaires». De l’autre, «les autres acteurs doivent instaurer un système de coordination dans le cadre d’un groupement interprofessionnel représentatif afin de permettre à chaque maillon de la filière (agro-fourniture, secteur agricole, agro-industrie, distribution) d’investir, de garantir une traçabilité du produit et de dégager une valeur.»
    Safia Berkouk

    http://www.algeria-watch.org/

  • Un seul héros : le peuple ! Appel à soutien (Bretagne Info)

  • Le 1er novembre 1954, la « Toussaint Rouge » marque le début de la Guerre d’Algérie (Jeune Afrique)

    Veille de la Toussaint 1954. Un calme relatif plane sur les départements de l’Algérie française.

    En cette nuit sombre, partout sur le territoire, des hommes très mal équipés, armés pour la majorité de simples poignards et ne disposant que de quelques armes à feu, se préparent à lancer la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.

    Casernes militaires et de gendarmerie, bâtiments administratifs, bureaux de poste, fermes de colons, immeuble de la radio ou voies ferrées… Tous les symboles de l’occupation coloniale française sont frappés. Aux premières lueurs de ce 1er novembre, les Algériens et les autorités françaises sont réveillés par des nouvelles alarmantes : plusieurs attentats simultanés ont été commis dans la nuit, et ce en différents lieux du territoire algérien.

    Dans ces attaques nocturnes, dix personnes trouvent la mort : quatre militaires – une première en Algérie – un policier, un caïd (un Algérien servant l’administration coloniale) et quatre civils. Personne ne le sait encore, mais les opérations commando de cette nuit-là marquent le début d’une guerre longue de presque huit ans, qui pendant longtemps ne dira pas son nom dans l’Hexagone où l’on parlera avec euphémisme des « événements d’Algérie »…

    Des résultats mitigés

    Le premier de ces « événements » a donc lieu la nuit du 1er novembre 1954, dans les cinq régions définies par les meneurs de l’insurrection dans lesquelles de petits groupes se lancent à l’attaque. Les différents chefs régionaux disposent de plusieurs commandos, généralement composés d’une dizaine d’hommes. Ces indépendantistes, peu préparés à l’insurrection et mal équipés, n’ont souvent que leur courage pour se battre au nom de la liberté qu’ils veulent conquérir.

    Si très peu d’objectifs sont atteints – les dégâts sont minimes, peu d’armes sont récupérées et certaines bombes posées sont défectueuses -, la mission principale des opérations, symbolique, est largement couronnée de succès : il s’agissait d’acter le passage à la lutte armée, de choquer et de marquer les esprits au travers d’opérations spectaculaires.

    Ces multiples attentats sont revendiqués par une nouvelle organisation indépendantiste, le Front de libération nationale (FLN). Celui-ci, favorable au combat, dispose de sa propre branche militaire : l’Armée de libération nationale (ALN).

    L’apparition du FLN

    C’est à la fin de juin 1954, quelques mois seulement avant l’insurrection, qu’une réunion de 22 éléments indépendantistes a eu lieu dans le plus grand secret en Algérie. Des membres du CRUA (Comité révolutionnaire d’unité et d’action) et des anciens membres de l’Organisation spéciale (OS), branche paramilitaire du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj, ont décidé de passer à la lutte armée. Au cours de cette réunion, ils ont créé un comité de cinq dirigeants – qui passera à six en août – puis, le 10 octobre 1954, ils ont adopté la dénomination « FLN ».

    La veille et les jours suivant l’attaque du 1er novembre, le secrétariat national du tout jeune FLN diffuse une déclaration expliquant les moyens – « principes révolutionnaires » et « continuation de la lutte par tous les moyens » – ainsi que les objectifs de son insurrection face à l’occupation française, à savoir la « restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ».

    Le comité des six, appelé « groupe de l’intérieur », est en charge des opérations sur le territoire algérien. Il est composé de Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’Hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche.

    Un second groupe – appelé « de l’extérieur », car exilé au Caire – est quant à lui chargé de représenter et aider les combattants, notamment dans la diffusion et la promotion du combat du FLN à l’international. Il est composé de Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella – futur premier président algérien – et Mohamed Khider. Tous réunis, ils forment le groupe des « neufs chefs historiques » de la Révolution algérienne. 

    Le feu aux poudres

    En tuant pour la première fois des militaires français sur le territoire algérien et en agissant en nombre et de manière simultanée, les jeunes indépendantistes ont ce soir-là, selon l’expression de Mourad Didouche, « allumé la mèche » de la libération. Elle mettra le feu aux poudres d’une guerre qui durera presque huit années, et ce malgré le déploiement de plus d’un million de soldats du contingent français.

  • Algérie : grève générale contre la réforme des retraites (JA)

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    Plusieurs syndicats autonomes appellent à deux nouvelles journées de grève lundi et mardi prochain pour protester contre la réforme du Code du Travail, qui prévoit notamment une révision du système des retraites. Un premier mouvement social avait déjà été observé le 17 octobre.

    Le dossier des retraites secoue le front social algérien. Les enseignants, les médecins du secteur public, ou encore les fonctionnaires de l’administration observeront deux nouvelles journées de grève, le 24 et le 25 octobre.

    « Le mouvement de contestation grossit »

    Réunie jeudi à Alger, la coalition syndicale, qui regroupe 16 syndicats autonomes de différents secteurs, a décidé de reconduire le mouvement de grève, déclenché le 17 octobre dernier. Un mouvement « largement suivi, avec une moyenne nationale estimée à 70% des effectifs au sein du secteur public », d’après les organisateurs.

    Les représentants syndicaux espèrent que les grévistes seront plus nombreux la semaine prochaine. « Le mouvement de contestation grossit. On a enregistré l’adhésion d’unités locales de l’UGTA (Union générale des travailleurs algériens, syndicat proche du gouvernement, ndlr), ainsi que le soutien du Syndicat national autonome des travailleurs de l’électricité et du gaz, le Snateg » , indique le docteur Lyes Merabet, président du Syndicat national des praticiens de la santé publique (SNPSP).

    L’intersyndicale rejette un projet de loi amendant le Code du Travail, en discussion au Parlement, dénonçant notamment la suppression de la retraite anticipée. À partir de janvier, les travailleurs algériens ayant cumulé 32 ans d’activité ne pourront plus partir à la retraite s’ils n’ont pas atteint l’âge légal, fixé à 60 ans pour les hommes et 55 ans pour les femmes par le texte voté en conseil des ministres.

    Des milliers de fonctionnaires anticipent la réforme

    Ce départ à la retraite après 32 ans d’activité avait été institué par l’ordonnance 97-13 (de mai 1997) instituant le départ à la retraite sans condition d’âge. Alors au bord de la cessation de paiement, l’Algérie avait négocié avec le FMI un rééchelonnement de sa dette.

    Parmi les contreparties demandées par l’institution financières dans le cadre d’un plan d’ajustement structurel figurait l’instauration d’un départ à la retraite anticipée à même d’alléger le poids des paies dans les finances algériennes. De fait, la mesure s’était traduite par de nombreuses suppressions d’emplois et d’entreprises.

    Selon les chiffres de la Caisse nationale de retraite (CNR), 246 503 Algériens bénéficiaient de cette retraite sans condition d’âge, sur un total de 1 740 281 allocataires au 31 décembre 2015. Résultat de la réforme annoncée : des milliers de fonctionnaires anticipent leur départ à la retraite pour ne pas être pénalisés par la réforme.

    « Cette réforme pousse des cadres avec un capital expérience vers la sortie. D’après nos informations, 40 000 employés de l’Éducation publique et 25% des effectifs de la Santé publique ont déposé une demande de retraite anticipée. C’est une déperdition pour des secteurs qui sont déjà touchés par des déficits d’effectifs », déplore le docteur Merabet.

    La Caisse nationale de retraite menacée de faillite ?

    Pour l’État algérien, acculé par l’érosion des recettes pétrolières, cette réforme permettra de préserver la CNR de la faillite. Si le système de retraite en vigueur est maintenu, la CNR sera entièrement vidée d’ici six ans, a averti le ministre du Travail Mohamed El Ghazi, interrogé par l’agence de presse algérienne APS mardi. « Ces prévisions sont erronées. Les autorités gonflent les chiffres pour faire passer la pilule », dénonce quant à lui le docteur Merabet.

    La gronde sociale ne devrait pas faiblir. La coalition intersyndicale a déjà programmé une nouvelle rencontre pour le 29 octobre, afin de décider des suites à donner au mouvement de contestation. « La grève contre la réforme du Code du travail continuera tant que le gouvernement méprisera nos revendications. Nous pourrons avoir recours à d’autres modes d’action », affirme Salim Soulha, président du Conseil national autonome des professeurs de l’enseignement secondaire et technique (Cnapest), « nous sommes déterminés à aller jusqu’au bout ».

    Djamila Ould Khettab  Alger

    http://www.jeuneafrique.com/

     

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    17 octobre 1961 à Paris : le massacre des Algériens

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  • Il y a 55 ans, les médias et le massacre du 17 octobre 1961 (Acrimed)

     

    Le 17 octobre 1961 la fédération de France du Front de libération nationale (FLN) organise une manifestation à Paris. La répression policière est d’une extrême violence : outre l’internement de milliers de manifestants et l’expulsion de centaines d’entre eux, plusieurs dizaines, voire plusieurs centaines d’Algériens sont portés disparus – nombre d’entre eux ont été tués et jetés dans la Seine. Comment la presse a-t-elle rendu compte de ce massacre ? [1]

    À notre connaissance, la meilleure étude publiée à ce jour sur le traitement médiatique du 17-Octobre est due à Mogniss H. Abdallah : dans un article paru dans la revue bimestrielle Hommes & migrations de novembre-décembre 2000, sous le titre « Le 17 octobre 1961 et les médias. De la couverture de l’histoire immédiate au “travail de mémoire” » [2]. Notre contribution doit être comprise comme une incitation à lire cet article de référence.

    L’auteur examine ce traitement médiatique jusqu’en 2000. Mais qu’a-t-on pu lire dans la presse dans les quelques jours qui ont suivi ?

    De droite…

    « La presse populaire de droite, écrit Mogniss H. Abdalllah, à l’instar du Parisien libéré, de L’Aurore ou de Paris-Jour, reprend la version de la préfecture de police. Elle évoque de “violentes manifestations nord-africaines”, emmenées par des “meneurs” et des “tueurs”, “déferlant vers le centre de la ville” […] »

    Voici, par exemple, la « une » du Parisien libéré du 18 octobre, qui attribue les violences aux manifestants :


    Et en pages intérieures, on peut lire en tête de la page consacrée à la manifestation, cet encadré (extrait) qui résume le journalisme dont il s’agit.



    Le 19 octobre, Le Parisien libéré « explique » ainsi les manifestations, et en particulier la manifestation de femmes et d’enfants qui s’est déroulée la veille.



    Le Figaro, de son côté, commence par s’en tenir à une version pro-gouvernementale, en attribuant la violence aux « musulmans algériens ». À la « une », le 18 octobre…



    Mais, dans les jours suivants, Le Figaro (même Le Figaro…) ne peut dissimuler totalement la vérité. Ainsi, relève Mogniss H. Abdallah, «  Le Figaro du 23 octobre se départit quant à lui de son soutien initial à la police pour dénoncer des “scènes de violence à froid” dans les centres d’internement, au Palais des sports ou au stade de Coubertin. »

    À France-Soir, qui est alors un grand quotidien populaire qui affecte de n’épouser aucun parti pris, on commence, là aussi, par avaliser la version policière et renvoyer dos à dos « les extrémistes de l’OAS et du FLN »…

    Comme on peut le voir dans ce commentaire de page intérieure (extrait) :



    Mais au fil des jours France-Soir recueille également des témoignages sur l’ampleur et la violence de la répression.


    … à gauche

    La presse de gauche sera plus audacieuse. Certes, elle commence par afficher une certaine prudence, qu’elle attribue, non sans raison, à la censure, comme le fait L’Humanité le 18 octobre, ainsi qu’on peut le lire dans cet encadré de page intérieure (extrait) :



    Les jours suivants, en dépit de cette compréhensible prudence [3], dans l’ensemble de la presse que l’on peut classer à gauche le ton change et les informations filtrent.

    Changement de ton, avec par exemple, cette « une » de Libération (il s’agit du quotidien issu de la Résistance…), le 20 octobre (extrait) :



    Comme le relève encore Mogniss H. Abdallah, «  Libération, Témoignage chrétien ou France Observateur publient sous la forme interrogative “est-il vrai que... ?” ou “y a-t-il eu... ?” de multiples informations sur les exactions policières et leur caractère systématique (hommes frappés et jetés à la Seine ou retrouvés pendus dans les bois, décompte du nombre des morts et des disparus qui discrédite le bilan officiel faisant état de 3 morts et 55 blessés...) “Si tout cela est exact, et nous avons de bonnes raisons de le croire, qui sont les auteurs de ces crimes ?” demande Libération du 19 octobre 1961 ».

    Pendant toute la semaine qui suit, les témoignages s’accumulent et convergent. Et le 27 octobre, bien que la grève des cheminots fasse leur principal titre de « une », L’Humanité et Libération interrogent ou, plutôt, interpellent, sur la base de nouveaux témoignages.

    Ainsi, L’Humanité  :



    Même question, le même jour, dans Libération, qui invoque des témoignages convergents dans cet encadré (extrait) :



    Enfin, des photos d’Élie Kagan (1928-1999), prises lors de manifestation du 17 octobre sont publiées par Témoignage chrétien : elles sont accablantes.


    Les « petits médias »

    Pourtant, comme le souligne Mogniss H. Abdallah, c’est surtout aux « intellectuels-journalistes » (comme Paul Thibaud ou Claude Bourdet) et aux « petits médias » que l’on doit, dès 1961, le combat le plus acharné pour la vérité : outre les exactions en tous genres, c’est un véritable massacre qui a été perpétré :

     « Les “petits” médias, dont la revue Les Temps modernes, les journaux Témoignages et documents ou Vérité-Liberté, ou encore la maison d’édition François Maspero, publient de multiples documents qui permettront de faire une synthèse sans concession des événements du 17 octobre 1961. Droit et liberté, journal du Mrap, fournit des informations sur d’autres pogroms ailleurs en France (Metz, Nancy). Côté images, le biologiste Jacques Panijel va entreprendre une enquête caméra au poing qui donnera le film “Octobre à Paris”. Beaucoup de ces publications vont être saisies, le film sera interdit, mais paradoxalement, leur contenu diffusé “sous le manteau” va marquer toute une génération, ce qui ne semble pas le cas de la grande presse et son information éphémère, volatile. »

    Mais, en ce mois d’octobre 1961, aucune mobilisation de solidarité ne sera suscitée. Il n’en ira pas de même, quelques mois plus tard, à la suite de la tuerie du 8 février 1962 au métro Charonne. Pis : la mémoire collective et la commémoration de cette tuerie ont longtemps occulté le combat pour la vérité et la reconnaissance du massacre du 17 octobre 1961. Ce combat, qui est d’abord un combat pour l’information, n’est pas fini.


    Henri Maler

    http://www.acrimed.org/

     

  • Nouveautés sur Alternative Libertaire

     

    Syrie : Au cœur de la mêlée impérialiste

     

    La guerre civile syrienne est devenue, pour bonne part, le thé­âtre d’un affrontement indirect entre puissances étrangères. Russie, États-Unis, Iran, Turquie, France, pétromonarchies... Qui veut quoi  ? Et le Rojava dans tout ça  ? Essai de décryptage et hypothèses.

    Pour la troisième fois cette année, la Syrie a vu l’échec, en septembre, d’une tentative de trêve parrainée par la Russie et les États-Unis. ­Échec principalement dû à la multiplication, au sein de la guerre civile, de forces armées aux objectifs contradictoires, aux alliances mouvantes, aux parrainages incertains. Difficile de faire respecter un cessez-le-feu dans ces conditions. Plus que jamais cependant, Moscou et Washington apparaissent comme le duo (...)

     

     

     

    Algérie : Un hommage à l’anarchiste Saïl Mohamed

     

    Personnage relativement connu du mouvement anarchiste des années 1930-1950, il se faisait appeler Saïl Mohamed. Sous son vrai nom de Saïl Mohand Ameziane, on vient de lui rendre un hommage public en Kabylie.

    Quelques dizaines d’habitantes et d’habitants de Tibane (Algérie), militants politiques, syndicalistes et associatifs, ont participé, vendredi 14 octobre 2016, à une journée commémorative initiée par les jeunes de l’association Taddartiw du village Taourirt, pour rendre hommage à Mohand Ameziane Sail (Saïl Mohamed) 63 ans après sa disparition. Après avoir écouté les conférences des historiens, une visite a été rendue à la maison natale de Saïl Mohamed, où (...)

  • 1961 : L’État français noie la protestation populaire dans le sang (Alternative Libertaire)

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    Le 17 octobre 1961, près de 20.000 Algériennes et Algériens travaillant en région parisienne manifestent pacifiquement contre le couvre-feu que la préfecture de police veut leur imposer.

    La violence policière se déchaîne contre des hommes, des femmes et des enfants désarmés. Aujourd’hui encore, la clôture des archives empêche que toute la vérité soit connue sur ce massacre légal.

    « Le plus grand massacre d’ouvriers depuis la semaine sanglante de la Commune de Paris de mai 1871. » Voilà comment l’historien Gilles Manceron décrit la vague meurtrière déclenchée en octobre 1961 par la police française sur ordre de son préfet, l’ancien fonctionnaire vichyste Maurice Papon.

    Au plus fort de la vague, le 17 octobre, plusieurs dizaines d’Algériennes et d’Algériens ont été assassinés, plusieurs milliers blessés. Les victimes, des « émigrés-immigrés » qui travaillaient surtout sur les chantiers et dans les usines métropolitaines, étaient le produit historique d’un « déracinement » ayant dévasté l’économie traditionnelle de l’Algérie. Les massacres d’octobre 1961, s’ils ont connu leur apogée durant la nuit du 17 octobre, ne se réduisent pas à ce seul jour. Le 17 n’est que le symbole d’une mémoire en lutte. La mémoire des partisans antiracistes militant pour la reconnaissance d’un crime d’État que tous les gouvernements français qui se sont succédé depuis ont toujours refusé d’admettre.

    Commémoration 2016

    A l’occasion de ce 55e anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.

    Rassemblement le 17 octobre 2016 

    18 heures  Pont Saint-Michel à Paris.

    L’appel sur le site web de l’ATMF.

    À cette époque, la guerre de l’État français contre l’insurrection emmenée par le Front de libération nationale (FLN) durait déjà depuis presque sept ans. Cette « guerre sans nom » [1], qui dut attendre 1999 pour ne plus être désignée par le terme euphémique d’« événements » se déroula au sein de la plus vaste colonie de France, dont la conquête brutale entre 1830 et 1848, avait été célébrée par les grands esprits du temps, dont Victor Hugo. Elle a même été légitimée par le « matérialisme historique » de Marx et Engels pour qui l’avènement du communisme résulterait des contradictions du capitalisme.

    Indigènes et citoyens

    Le statut juridique de l’Algérie colonisée, avec l’institution du Sénatus-consulte du 14 juillet 1865 notamment, avait constitué deux groupes spécifiques au statut civil inégal.

    Le million de Françaises et de Français vivant alors en Algérie – les Pieds-noirs – jouissaient du statut métropolitain de « citoyens français de statut civil de droit commun ». S’y ajoutaient les 35 000 personnes juives naturalisées françaises par le décret Crémieux de 1870. En face, 9 millions d’Algériennes et d’Algériens autochtones souffraient d’être des « citoyens français de statut civil de droit coranique ». C’était le temps de l’indigénat, étendu à toutes les colonies françaises depuis 1889, qui infériorisait juridiquement les populations colonisées.

    L’autochtone était devenu « indigène », c’est-à-dire expropriable et corvéable, inférieur légal à assujettir par l’État impérial. L’indigénat représentait la matrice juridique d’un état d’exception pour les colonisé.es ainsi captifs d’une sujétion. Les « sujets » constitués d’un « corps d’exception » susceptible de subir toutes les violences, symboliques et physiques, allant des enfumades de la conquête coloniale aux fusillades du Constantinois, en passant par les « ratonnades » et autres noyades dans la Seine.

    Ce « corps d’exception » imposé à des femmes et des hommes, des amis et des parents aujourd’hui encore vivants, avait également été imposé, dans des conditions historiques différentes, à d’autres groupes sociaux. Les personnes juives de la région bordelaise, par exemple, dont plus de 1.500 ont été déportées, via Drancy, dans les camps nazis, ont été victimes entre 1942 et 1944 du zèle du secrétaire général de la préfecture de Gironde : Maurice Papon. Terrifiante continuité entre l’exception vichyste et la règle républicaine en la personne de Papon, chargé en 1956 de la coordination des forces civiles et militaires dans l’Est algérien, puis promu en mars 1958 préfet de police de Paris.

    En 1961, on recensait 152 000 Algériennes et Algériens en région parisienne. Soucieux d’éliminer définitivement son concurrent direct, le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj, et de contrôler la population algérienne travaillant en métropole, la fédération française du FLN a, en août 1958, ouvert un « second front » sur le sol métropolitain.

    La « bataille de Paris » de Maurice Papon

    Au même moment, la police de Papon rafle des Algériennes et des Algériens et les parque au Vél’ d’Hiv’ : horrible continuité encore. En 1960, le MNA est défait, et le FLN a réussi à mettre en place en région parisienne deux wilayas (dénomination arabe qualifiant des divisions administratives) parachevant sa volonté d’encadrer autoritairement la vie quotidienne de l’émigration algérienne en France. La mission confiée à Papon consiste, à l’aide de centres de tortures où officient souvent des harkis – Algériens dévoués à la cause française –, à briser le contrôle du FLN sur sa base populaire.

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    « Ici, on noie les Algériens » Réalisée dans les jours suivant le massacre, une inscription due à Jean-Marie Binoche et à Alexis Violet.

    Alors que le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) entament en 1961 un cycle de négociations, le FLN maintient la pression en France par des attentats contre la police. Le policier français moyen est alors habité par une rage vengeresse prête à se retourner contre n’importe quel « bicot », assimilé au FLN.

    Lors des obsèques d’un policier assassiné, le 3 octobre 1961, Papon promet à ses troupes : « Pour un coup donné, nous en porterons dix. » Et d’instaurer deux jours plus tard, malgré son caractère anticonstitutionnel, un couvre-feu interdisant aux Algériennes et aux Algériens de circuler dans les rues entre 20 h 30 et 5 h 30.

    Des cadavres dans le fleuve

    Le 7 octobre, le FLN demande à ses militants en France d’arrêter leur campagne d’attentats. La réponse au couvre-feu est l’organisation, pour le 17 octobre, d’une manifestation pacifique, où toute arme sera proscrite. La tension, extrême de tous côtés, est particulièrement palpable chez les Algériennes et les Algériens, que le FLN pousse à manifester alors que les meurtres racistes se sont multipliés pendant l’année : 200 personnes ont déjà été assassinées, dont 50 rien qu’en septembre.

    L’événement aux actualités du 25 octobre 1961... et trente ans plus tard, sur Antenne 2.

    Le 17 octobre, à 20 h 30, plus de 20.000 Algériens hommes, femmes et enfants, en tenue du dimanche et venus notamment des bidonvilles de la banlieue ouest (Nanterre, Courbevoie, Puteaux) forment des cortèges aux couleurs rouge et vert de la future Algérie libre. La répression éclate, barbare. Dans les quartiers de l’Étoile, de Concorde et d’Opéra, où des milliers d’Algériennes et d’Algériens ont afflué, un bon nombre de personnes sont conduites dans des centres d’identification. Mais les quartiers des Grands-Boulevards, de Saint-Michel et de Saint-Germain sont, eux, le théâtre d’affrontements violents. Les moyens mobilisés sont considérables : cars de police, mais aussi autobus de la RATP, pendant que le Palais des Sports et le stade Pierre-de-Coubertin servent de camps de concentration temporaire pour les personnes arrêtées.

    On compte plus de 11.000 arrestations dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 octobre, et plus de 1.000 le lendemain. La police déclare officiellement deux morts du côté algérien et une dizaine de policiers blessés (en fait une centaine).

    Le dénombrement des victimes et des disparus reste difficile, du fait de l’impossibilité légale de consulter toutes les archives, mais aussi en raison du désaccord des historiens sur la question. Entre l’estimation problématique de Jean-Paul Brunet (50 victimes) et les au moins 200 dénombrées par Jean-Luc Einaudi [2], c’est une béance dans la mémoire de l’État français, qui s’autorise à faire de son amnésie, une amnistie pour les assassins.

    Dans les semaines qui ont suivi, le fleuve a rendu des dizaines de cadavres à Paris, à Nanterre, à Stains et à Saint-Denis. Parmi eux, celui de Fatima Bédar, 15 ans, repêchée le 31 octobre dans le canal Saint-Denis et devenue aujourd’hui un symbole de l’innocence assassinée.

    Prises de position à chaud

    L’événement ne pouvait passer inaperçu. Il provoque des prises de position de la Ligue des droits de l’homme et de la revue Vérité-Liberté, de Pierre Vidal-Naquet. Le Monde, Témoignage chrétien, L’Express et Esprit publient des articles. La Cimade fait un exemplaire travail d’aide et d’information. Une synthèse de Paulette Péju, intitulée Ratonnades à Paris et publiée par François Maspero est censurée, tout comme le film tourné à chaud par Jacques Panigel, Octobre à Paris. Pour le photographe Élie Kagan qui, enfant, échappa aux rafles antijuives, les clichés pris le soir du 17 octobre témoignent d’une horrible continuité : « Ma peur, qui me reprend / Octobre 61 / Juillet 42 », écrira-t-il. Claude Lanzmann affirme la même chose dans Les Temps modernes.

    La gauche officielle préfèrera, elle, mettre l’accent sur la répression de ses propres manifestations. Comme celle du 8 février 1962, tournée davantage contre l’OAS et la torture que vers l’indépendance, et au cours de laquelle neuf militantes et militants CGT vont périr écrasés contre les grilles du métro Charonne.

    Le cinquantième anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 est ici l’occasion d’affirmer ceci : le devoir de mémoire au nom du respect des morts d’hier, tombés sous les coups de l’État français, doit déboucher sur le droit de comprendre comment la violence coloniale d’hier, combinant oppression de race mais aussi de classe, irradie d’une lumière fossile notre actualité postcoloniale.

    « Bavures » policières qualifiant euphémiquement le meurtre de personnes originaires du Maghreb, traitement administratif discriminatoire des personnes étrangères dites « irrégulières », confinées dans des centres de rétention comme celui de Vincennes, réactivation de l’état d’urgence de 1955 lors des révoltes de la jeunesse populaire et racisée de l’automne 2005… Nombreuses sont les manifestations du spectre colonial qui continue de hanter la République française, et de nourrir le racisme et la division du prolétariat.

    Franz B., pour la commission antiracisme d’AL 12 octobre 2016 

    http://alternativelibertaire.org/

    Lire aussi :

    Les fantômes du 17 octobre sont toujours là
    Pourquoi une si longue indifférence ?

    17 Octobre 1961 : que reste-t-il de « l’hommage » de Hollande ? (NPA)

    POUR ALLER PLUS LOIN

    • Olivier Le Cour Grandmaison (sous la dir.), Le 17 octobre 1961 : un crime d’État à Paris, La Dispute, 2001.
    • Sidi Mohammed Barkat, Le Corps d’exception : les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie, Amsterdam, 2005.
    • Jean-Luc Einaudi, Elie Kagan, 17 octobre 1961, Actes sud/BDIC, 2001
    • Olivier Le Cour Grandmaison, De l’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’Empire français, Zones/La Découverte, 2010.
    • Abdelmalek Sayad, La Double Absence : des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Seuil, 1999.
    • Benjamin Stora, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), La Découverte, 1993 ; La Gangrène et l’oubli, La Découverte, 1998.

    DE SÉTIF À ÉVIAN

    8 mai 1945 : Manifestations de Sétif, Guelma et Kherrata, dans le Constantinois, réprimées dans le sang.

    14 juillet 1953 : Répression d’une manifestation indépendantiste à Paris : 8 morts.

    7 mai 1954 : L’armée française capitule à Diên Biên Phu. La défaite du colonialisme en Indochine encourage le soulèvement en Algérie.

    1er novembre 1954 : « Toussaint rouge » : lancement de l’insurrection algérienne par le Front de libération nationale (FLN).

    5 janvier 1955 : Le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, en appelle à un renforcement de la répression.

    1er avril 1955 : Vote de l’état d’urgence en Algérie.

    12 mars 1956 : Consensus colonial et républicain à l’Assemblée nationale : la droite, le PCF et la SFIO votent, à la demande du gouvernement socialiste de Guy Mollet, les « pouvoirs spéciaux » à l’armée qui peut ainsi légalement torturer.

    Janvier-juillet 1957 : « Bataille d’Alger ». Cette victoire militaire pour l’armée française est une défaite politique, car elle radicalise le désir d’émancipation.

    1er juin 1958 : De Gaulle s’empare du pouvoir. Bientôt, il se résigne à concéder l’indépendance.

    Août 1958 : Le FLN décide d’ouvrir un « second front » sur le territoire métropolitain.

    19 septembre 1958 : Constitution, au Caire, du Gouvernement provisoire de la République algérienne.

    22-25 avril 1961 : Les généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan s’emparent du pouvoir à Alger pour entraver De Gaulle et poursuivre la lutte colonialiste.

    5 mai 1961 : L’Organisation armée secrète (OAS), colonialiste jusqu’au-boutiste, devient opérationnelle et lance une vague d’attentats.

    8 septembre 1961 : Tentative d’attentat de l’OAS contre de Gaulle.

    5 octobre 1961 : Instauration d’un couvre-feu pour les Algériens à Paris.

    17 octobre 1961 : Manifestations algériennes pour l’indépendance à Paris, réprimées dans le sang.

    8 février 1962 : La répression d’une manifestation fait huit morts au métro Charonne, à Paris.

    18 mars 1962 : Signature des accords d’Évian qui annoncent l’indépendance. Ils seront approuvés à 90 % des votantes et des votants au référendum organisé dans l’Hexagone le 8 avril.

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    Par Daho Djerbal Le site alencontre.org a consacré quelques articles – trop rares, certes – à l’histoire de la «guerre d’Algérie». Parmi eux une transcription (en 2012) d’interventions faites par Benjamin Stora pour France Culture. Dans l’introduction de cette transcription sont cités ses ouvrages et ceux de Mohammed Harbi. La bibliographie s’est enrichie depuis lors.

     
  • Ouargla : La Coordination nationale des chômeurs de nouveau dans la rue (Algeria Watch + Liberté)

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    Une série de rencontres en plein air a été organisée ces derniers jours à Ouargla où la Coordination nationale de défense des droits des chômeurs (CNDDC) a convié sa base à débattre de la réponse à donner à la visite annoncée d’une commission interministérielle qui arrivera sous peu à Ouargla.

    A Gherbouz, fief des chômeurs, le sit-in préparatoire de jeudi soir a mobilisé des dizaines de militants venus écouter Tahar Belabes se prononcer sur «cette nouvelle descente ministérielle décidée il y a quelques jours par le Premier ministre réagissant à un rapport adressé par une association de la société civile locale appelant le gouvernement à se pencher sur la grogne des chômeurs de Ouargla par rapport à la mise en place d’un ordre tacite de recrutement où la CNDDC aurait un droit de regard».

    Le retour de quelques chômeurs devant le siège de la wilaya a semble-t-il été le prélude d’une hausse de ton qui a poussé Tahar Belabes, redevenu coordinateur national du mouvement, à dénoncer toute «tentative de cacher le soleil avec un tamis en rééditant des négociations avec des associations bidon».

    La véhémence du discours de Belabes a étonné jusqu’à ses plus proches disciples et militants séculaires du mouvement, qui ont toutefois apprécié à sa juste valeur «ce retour sur le terrain». Une marche est en effet programmée aujourd’hui avec pour mot d’ordre «Non à la commission interministérielle de Sellal».

    Dans un communiqué rendu public vendredi, la CNDDC met en garde «le gouvernement, les autorités locales de la wilaya de Ouargla et notamment les services de sécurité, quant à une nouvelle manipulation de l’opinion publique ou une répression du droit à manifester et à la libre expression des chômeurs».

    Pour la Cnddc, «cette commission censée venir écouter les laissés-pour-compte du Sud est une nouvelle manoeuvre du gouvernement pour se redorer le blason devant l’opinion internationale qui a dénoncé la montée de la répression policière des chômeurs et des militants des droits de l’homme durant ces derniers mois». Pour toutes ces raisons, une grande mobilisation est promise pour le sit-in d’aujourd’hui.
    Houria Alioua

    http://www.algeria-watch.org/

    Lire aussi:

    Ouargla : les chômeurs reviennent à la charge