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Anti impérialisme - Page 4

  • 12 Mars 1956 : Le PCF votait les pouvoirs spéciaux au gouvernement Guy Mollet (Lutte Ouvrière)

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    "Le gouvernement disposera en Algérie des pouvoirs les plus étendus pour prendre toutes les mesures exceptionnelles commandées par les circonstances, en vue du rétablissement de l'ordre, de la protection des personnes et des biens et de la sauvegarde du territoire": voilà ce que précisait le texte qui fut adopté à l'Assemblée nationale, le 12 mars 1956, par 455 voix, y compris celles des 146 députés du Parti Communiste Français, contre 76.
    Le gouvernement du socialiste Guy Mollet avait ainsi sollicité et obtenu des "pouvoirs spéciaux" afin de disposer en Algérie des moyens d'intervention qui lui sembleraient bons, sans même en référer à l'Assemblée nationale.
    Un gouvernement élu pour faire la paix...
    En janvier 1956, le front électoral constitué sous l'étiquette de "Front républicain", et composé essentiellement de socialistes et de radicaux, avait obtenu la majorité parlementaire en laissant entendre qu'il allait faire la paix en Algérie. Les formules volontairement floues permettaient toutes les interprétations.
    Le gouvernement se mit en place dans une situation marquée par l'opposition virulente de l'extrême droite d'Algérie. Celle-ci s'opposait à toute modification de la situation coloniale et dénonçait le "bradage" de "l'Algérie française" que préparait -selon elle- le nouveau gouvernement, à direction socialiste.
    Dès le début du mois de février, après un voyage à Alger au cours duquel il fut accueilli par des manifestations d'hostilité de la part de cette extrême droite, Guy Mollet obtempéra. Il nomma comme nouveau gouverneur d'Algérie un socialiste, Robert Lacoste, qui réclama aussitôt des renforts militaires, qu'il obtint sans tarder.
    ...mais qui accentua la guerre, avec la complicité du PCF.
    Le 28 février, tandis que Guy Mollet justifiait à la radio l'envoi de nouvelles troupes en Algérie, L'Humanité titrait: "Guy Mollet aux Algériens: guerre à outrance si vous ne déposez pas les armes" et réclamait qu'il entame des négociations et qu'il réalise la paix. Cette prise de position n'allait rendre que plus scandaleux le vote des pouvoirs spéciaux de ses députés, quelques jours plus tard.
    Le 12 mars, le PCF votait la confiance au gouvernement Guy Mollet et lui accordait les pouvoirs spéciaux qu'il réclamait. Lors de son discours à l'Assemblée nationale, Jacques Duclos, au nom du groupe communiste, justifia ce vote en expliquant: "Les pouvoirs spéciaux sont demandés, nous dit-on, pour aboutir rapidement à la paix et pour contraindre, si besoin est, les grands possédants d'Algérie à renoncer à leurs privilèges." Duclos précisait d'ailleurs que "d'autres déclarations différentes ont été faites aussi, et elles sont relatives à des mesures militaires que nous ne saurions approuver", preuve qu'il ne pouvait ignorer ce que cachaient ces "pouvoirs spéciaux".
    En fait, la direction du PCF s'engageait à ne pas gêner le gouvernement et à faire accepter sa politique par la population et par les travailleurs du pays. Il espérait que le soutien de ses députés au gouvernement Guy Mollet lui vaudrait, en retour, de réintégrer le jeu politique traditionnel, d'autant que le PCF, dans son souci d'apparaître responsable aux yeux de la bourgeoisie française, parlait de "paix en Algérie", mais se gardait bien de revendiquer le droit du peuple algérien à l'indépendance.
    Depuis 1947, avec la Guerre froide, le PCF avait été déclaré infréquentable par tous les autres partis. Après la mort de Staline, en 1953, sa direction avait espéré un changement d'attitude à son égard et n'avait pas ménagé ses offres de services. En vain. En 1954, Pierre Mendès-France avait même refusé d'inclure dans le total des voix pour son investiture celles des députés communistes. Au début de cette année 1956, l'espoir de mettre fin à cet ostracisme passait loin devant tout ce qui concernait le sort du peuple algérien.
    Fort de ce chèque en blanc, Guy Mollet allait rapidement intensifier les opérations militaires et il avait d'autant plus besoin de ce soutien que les manifestations de rappelés du contingent qui refusaient de partir se multipliaient, avec l'appui d'une partie de la population, notamment dans les gares.
    La guerre d'Algérie intensifiée
    Le 17 mars 1956, Guy Mollet signait avec son ministre de la Défense, Bourgès-Maunoury, celui de la Justice, François Mitterrand, et Robert Lacoste (gouverneur général de l'Algérie) un décret relatif à l'application de la justice militaire en Algérie. Ce décret donnait les pleins pouvoirs à l'armée, qui utilisa la torture à large échelle contre tous ceux qu'elle soupçonnait d'aider le FLN, et les assassina discrètement dans bien des cas. De 200 000 hommes début 1956, les troupes présentes en Algérie passèrent à 450 000 hommes en juillet, afin d'assurer le "quadrillage" de la population que Robert Lacoste réclamait depuis son arrivée en Algérie.
    Le slogan électoral "faire la paix", sur lequel les partis du Front Républicain s'étaient fait élire, avait laissé place à une guerre menée de façon de plus en plus féroce contre la population algérienne, avec la complicité tacite de la direction du PCF. Ce n'est finalement qu'en juillet 1956 (mais les rappelés étaient alors en Algérie) que les élus du PCF commencèrent... à voter contre la politique de Guy Mollet.
    Daniel MESCLA (LO, mars 2006)
  • L'assimilation à la hussarde des musulmans français : « Merci, très peu pour nous » (Pambazuka)

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    Des Antilles à l’Afrique du Nord, jusqu’au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud-est, les Français sont majoritairement considérés comme des tortionnaires chevronnés, dont la langue gracieuse et raffinée ne sert pas tant à décrire une sauce crémeuse ou un décolleté plongeant, qu’à enrober les douleurs et les souffrances indicibles qu’ils infligent à des millions d’innocents.

    Les Français sont peut-être mieux connus, tant à leurs yeux qu’à ceux des Européens de l’Ouest et des US-Américains blancs, comme des créateurs de haute couture et des maîtres dans l’art culinaire dont le langage amoureux est particulièrement adapté à la romance. Cependant, les Américains blancs, comme les Allemands et les Britanniques, ont une relation d'amour-haine avec les Français, mais clairement faite de plus d’amour que de haine, comme en témoigne tout récemment la publication dans le New York Times d’une tribune de Marine Le Pen, leader du Front National d’extrême-droite.

    Mais dans le reste du monde – des Antilles à l’Afrique du Nord, de l’Ouest et centrale, jusqu’au Moyen-Orient et à l’Asie du Sud-est –, les Français sont majoritairement considérés comme des assassins et des tortionnaires chevronnés, dont la langue gracieuse et raffinée ne sert pas tant à décrire une sauce crémeuse onctueuse ou un décolleté plongeant sur une robe de soirée, et moins encore à faire la cour ou à flirter, qu’à enrober les douleurs et les souffrances indicibles qu’ils infligent à des millions d’innocents.

    Pourtant, la culture dominante française persiste à ne vouloir se voir qu’à travers ses propres yeux, et la plupart des Français sont scandalisés à l’idée même que quiconque dans le monde puisse seulement remettre en question l’image élogieuse et raffinée qu’ils ont d’eux-mêmes.

    BARBARIES COLONIALES

    Ce contraste est à la fois dû à l’histoire de la France et à sa politique actuelle. Commençons par l’Histoire : un rapport sur les atrocités coloniales françaises en Indochine pour les années 1930-33, suite au déclenchement de la mutinerie de Yên Bái en février 1930, recense certaines des méthodes monstrueuses de torture chères aux officiers français. Selon la célèbre militante française Andrée Viollis, les méthodes de torture incluaient – en plus de l’utilisation de l’électricité – la privation de nourriture, le bastinado (flagellation de la plante des pieds, aussi appelée falaka), les épingles introduites sous les ongles, les semi-pendaisons, la privation d’eau et l’usage de tenailles appliquées sur les tempes (pour faire jaillir les orbites), entre autres. Une méthode plus délicate comprenait l’utilisation d’ « une lame de rasoir [pour] couper la peau des jambes en longs sillons, combler la plaie avec du coton et brûler ce coton [1]. »

    En 1947-48, les autorités coloniales françaises se sont déchaînées à Madagascar, tuant et violant la population et incendiant des villages entiers, en guise de châtiment suite au soulèvement nationaliste malgache. Certaines des pratiques et spécialités de torture spécifiquement françaises qui furent employées contre le peuple de Madagascar incluaient les « vols de la mort », où des indigènes étaient jetés depuis des avions militaires au milieu de la mer, se noyaient et devenaient des « disparus ».

    Cette méthode meurtrière était une spécialité dont la France s’enorgueillissait tellement que les autorités coloniales françaises en Algérie continuèrent à y recourir plusieurs années plus tard, pendant la bataille d’Alger en 1956-57. Dans le cas de l’Algérie, les parachutistes français ont décidé de perfectionner cette méthode lorsque des cadavres d’Algériens ont commencé à refaire surface, exposant cette pratique. La modification consistait à attacher des blocs de béton aux pieds des victimes pour s’assurer qu’ils coulent définitivement (les généraux argentins soutenus par les Usa trouveront cela très utile dans leurs efforts pour réprimer la résistance à leur dictature à la fin des années 1970).

    Ce ne sont pas des méthodes de torture ad hoc que les Français ont élaboré sur place, mais des cruautés bien conçues et bien rodées. Dans l’Algérie du 19e siècle, le général Saint-Arnaud enfumait les révolutionnaires algériens dans des grottes et ses soldats violaient les femmes algériennes, comme le feront les soldats Français tout au long de la révolution algérienne, des années 1950 au début des années 1960.

    Les estimations des morts causées par les Français s’élèvent à un million de Vietnamiens et un million d’Algériens. Quant à Madagascar, on estime que plus de 100 000 personnes ont été tuées par les Français. Ce ne sont là que quelques exemples de la barbarie coloniale française dans certaines colonies, et en aucun cas une liste exhaustive. Le colonialisme français, sous le titre grandiose de « mission civilisatrice », a clairement échoué à civiliser, avant tout, les Français eux-mêmes. La « mission », semblerait-il, reste inaccomplie !

    CATHOLICISME LAÏQUE

    La question de la façon dont les Français sont perçus ne se limite pas seulement à l’histoire, mais reste pertinente dans le présent. Tandis que l’assimilation des indigènes aux coutumes du Français colonisateur a été le noyau du programme colonial français, cette philosophie est venue hanter les Français après qu’ils se sont partiellement retirés des colonies pour constater que les immigrants africains, arabes et indochinois, entre autres, n’étaient pas « assimilables » aux usages des « Français ». Il semble que seuls les immigrants allemands, russes, espagnols, italiens et certainement hongrois en France puissent être maintenant assimilés à la société française, mais pas les immigrés plus basanés et surtout non-chrétiens.

    Le massacre des Algériens français commis par la police française en octobre 1961, qui s’inspirait clairement de la spécialité des « vols de la mort » de l’armée française en Algérie et à Madagascar, a entraîné la mort de plus de 200 manifestants musulmans (certaines estimations vont jusqu’à 400) qui furent abattus ou jetés dans la Seine.

    Il a fallu attendre 1998 pour que le gouvernement français à dominante catholique [2] reconnaisse enfin que la police a tué à peine 40 des 200 à 400 Musulmans français assassinés. Les victimes du gouvernement français à dominante catholique considèrent ces actes barbares et cruels comme une des principales caractéristiques de la culture catholique française, voire comme une définition de celle-ci. Et non seulement n’est-ce pas une vue propre aux Musulmans français (les autorités coloniales françaises ont inventé la catégorie des « Français musulmans » dans l’Algérie du 19e siècle afin d’imposer légalement aux Algériens de renoncer à la « loi islamique », y compris la polygamie, pour pouvoir accéder à la pleine citoyenneté française), mais les Français juifs eux-mêmes ont également compris l’antisémitisme catholique français comme un élément central de la culture catholique française.

    Après tout, les Juifs français avaient été soumis par Napoléon à un « test pH » similaire – ou était-ce un test de « catholicité » ? – en 1806, visant à rassurer ses craintes au sujet des lois juives sur la polygamie et le divorce qui contredisaient les lois nationales françaises, et qui ne devaient plus être appliquées : c’était là une condition de l’émancipation juive. Bien sûr, ces lois de l’État étaient conformes à la monogamie catholique, mais pas à la polygamie juive. Pourtant, les Français continuent à se voir et à se présenter au monde et à eux-mêmes comme des amants sensibles et pensifs, des intellectuels engagés et des défenseurs du sécularisme ou « laïcité » !

    C’est ce dernier point qui fait désormais partie intégrante des campagnes sectaires et racistes officielles et officieuses des Catholiques français, « laïques » bien sûr, contre les Musulmans français, sans parler des musulmans hors de France. C’est là-bas que les Musulmans français sont considérés comme ayant en quelque sorte leurs origines géographiques, religieuses et culturelles, hors de France, une accusation qui n’est jamais portée contre les citoyens français d’origine immigrée italienne, allemande, russe, espagnole ou hongroise.

    Si les Catholiques français ont insisté pour que les Musulmans et Juifs algériens deviennent Français sous l’Algérie française (les Juifs français d’origine algérienne ont été considérés comme ayant réussi à effectuer cette transition avec succès depuis le décret Crémieux de 1870 qui les a légalement transformés en citoyens français et non plus Algériens, un statut qui a ensuite été révoqué sous le régime collaborationniste de Vichy pendant la Seconde Guerre mondiale, révélant la fragilité de la tolérance catholique française), les mêmes Catholiques français insistent pour que les Français d’origine musulmane algérienne en France soient contraints à s’assimiler encore à une sorte de francité fantasmatique prétendument séculaire ou « laïque » et en aucun cas chrétienne.

    Il est difficile de savoir si les Bretons, les Corses ou les Basques et les Alsaciens – en 2011, Nicolas Sarkozy croyait que ces derniers vivaient toujours en Allemagne – se sont déjà entièrement assimilés à cette francité présumée ou s’ils sont toujours dans l’attente de nouvelles instructions.

    LES VALEURS DE LA REPUBLIQUE

    Au lendemain de l’attaque contre les bureaux du magazine Charlie Hebdo par deux Musulmans français, et l’attaque d’un supermarché juif français par un troisième (les origines géographiques des parents de ces hommes ont été immédiatement identifiées par les médias français comme significatives voire centrales dans leurs crimes), l’ancien président français d’origine catholique hongroise Nicolas Sarkozy (son grand-père maternel était un Juif grec qui s’est converti au catholicisme), a proposé « d’expulser tout imam [musulman français] qui soutient des points de vue qui ne respectent pas les valeurs de la République. »

    On ne sait pas si Sarkozy serait d’accord avec la proposition de l’expulser en Hongrie ou en Grèce s’il venait à épouser des vues « qui ne respectent pas les valeurs de la République ». De même, il reste difficile de savoir si cela devrait aussi être le sort réservé aux prêtres catholiques français et aux rabbins juifs français s’ils s’avèrent manquer de respect envers ces valeurs, bien qu’en se basant sur le statut des Juifs sous Vichy, il semble que les rabbins ne seraient pas épargnés non plus.

    Contrairement à la perception qu’ont la plupart des Catholiques français d’eux-mêmes, le problème avec la culture française contemporaine dominante catholique (« laïque ») est, avant tout, son manque de raffinement. Le racisme français s’exprime souvent de la manière la plus vulgaire, sans les moindres palliatifs ou euphémismes. En cela, les Français sont différents de leurs pairs des contextes Us-américain et britannique, où le racisme est souvent formulé dans un langage socialement plus acceptable, bien qu’il cache la même vulgarité raciste. La vulgarité du racisme catholique français, cependant, est plus similaire à celle du racisme juif israélien, qui n’a souvent que faire des périphrases et autres produits cosmétiques linguistiques.

    La politique et les crimes actuels du gouvernement français au Mali, en Libye et en Afghanistan, pour ne citer que les trois principaux lieux d'interventions militaires françaises, se poursuivent. Lorsque les troupes françaises ont ouvert le feu sur une voiture civile en Afghanistan en 2011, tuant trois civils, dont une femme enceinte et un enfant, le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, a exprimé sa « profonde tristesse » pour ces morts, mais a déclaré que les soldats avaient agi en légitime défense car la voiture avait « refusé de s’arrêter en dépit des sommations répétées. »

    Le soutien français actuel apporté aux djihadistes syriens, y compris l’aide de la France et de l’Otan, sinon l’encouragement, prodigués aux Français musulmans désireux de prendre part aux combats en Syrie, démentent l’horreur officielle des Catholiques français face à la montée de l’État Islamique et à ses pratiques de décapitation. Peut-être que les membres Français de Daech ont trop bien assimilé la culture catholique française, surtout en ce qui concerne l’intolérance et la décapitation – car la pratique « laïque » de l’État français d’exécution des criminels par décapitation par la guillotine s’est poursuivie jusqu’en 1977, la dernière personne décapitée étant par coïncidence un criminel français musulman.

    QUI DEVRAIT S’ASSIMILER ?

    C’est cette France qui accuse sa population musulmane de refuser de s’assimiler à ses usages, mais ne se demande jamais pourquoi elle ne devrait pas s’assimiler à leurs manières – puisque les Musulmans français font tout autant partie de la France et de sa culture que les Catholiques français et puisque la France n’est plus la propriété exclusive des Catholiques français qui pourraient en disposer à leur guise. Peut-être que les Catholiques français (devrions-nous simplement les appeler Gaulois ?) pourraient apprendre des Musulmans français une certaine forme de tolérance.

    Après tout, ce sont les Musulmans français qui ont subi et continuent du mieux qu’ils peuvent à supporter le racisme et l’intolérance des Catholiques français depuis des décennies. Les Catholiques français pourraient-ils à leur tour apprendre à supporter la tolérance des Musulmans français ? Aussi choquante que cette dernière idée puisse être aux yeux des Catholiques français et des racistes sectaires (qui sont bien sûr « laïques »), ces mêmes personnes n’ont jamais considéré leurs actions choquantes lorsque, en tant que minorité coloniale, ils ont cherché à forcer la majorité des colonisés à s’assimiler à leurs usages – quels que soient leurs usages, bien sûr.

    On ne sait pas vraiment si on attend des Musulmans français qu’ils adoptent la torture et les méthodes meurtrières des Catholiques français et leur intolérance « laïque » dans le cadre de leur processus d’assimilation. Si cela était effectivement requis, alors les trois seuls Musulmans français assimilés avec succès ne seraient autres que Cherif et Saïd Kouachi, les frères qui ont attaqué Charlie Hebdo, et Amedy Coulibaly, qui a attaqué le supermarché juif.

    De manière assez surprenante, le gouvernement français a refusé de reconnaître à quel point les frères Kouachi étaient des Français bien assimilés, et il a demandé au gouvernement algérien de les faire enterrer en Algérie, un pays où ils n’avaient jamais mis les pieds, plutôt qu’en France où ils s'étaient assimilés d’une manière exemplaire. Le gouvernement algérien a dûment refusé d’autoriser l’inhumation des deux Français sur son sol. La France a obtenu la même réponse du gouvernement du Mali, qui a rejeté une demande du gouvernement français de leur envoyer le corps du citoyen français Coulibaly pour qu’il y soit enterré.
    Malgré l’ampleur horrible des actes de ces trois hommes, leurs crimes restent numériquement modestes et pâles comparés aux bien plus cruelles monstruosités des Français catholiques et « laïques » qui ont atteint des proportions génocidaires à travers le monde. Cependant, si les frères Kouachi et Coulibaly avaient survécu, ils auraient encore eu besoin de beaucoup de leçons de cruauté et d’intolérance violente avant de pouvoir devenir entièrement assimilés à l’authentique francité catholique et laïque.

    Le reste des Musulmans français continuent à résister à l’assimilation à la francité catholique et « laïque » et à refuser de suivre l’exemple de l’intolérance des Français catholiques et « laïques » racistes et de leurs quelques émules musulmans. Pour la majorité des Musulmans français, la réponse à ces invitations catholiques françaises et laïques à l’assimilation est un « Non merci » explicite, ou plutôt, dans la langue raffinée des Français : « Merci, très peu pour nous ! »

    NOTES

    1] Andrée Viollis, SOS Indochine, p. 13. Également mentionnée, « Introduire un fil de fer en tire-bouchon dans le canal urinaire et le retirer brusquement. » Et, pour des femmes de 16 à 18 ans, « viols, pendaison par les orteils, flagellation sur les cuisses et la plante des pieds, introduction de nids de fourmis dans les parties intimes, leurs bras et leurs jambes attachés, jusqu’à ce qu’elles avouent faire partie d’un groupement communiste. »

    2] Il s’agit de la culture et de l’histoire chrétienne originelles, indépendamment de l’attachement à la foi, toute idée ou référence religieuse ayant été éradiquées avec succès par les voltairiens, malgré la résistance de Rousseau, Robespierre et Jaurès, entre autres. Aujourd’hui, les « racines judéo-chrétiennes » de la France sont néanmoins brandies par les athées les plus forcenés pour dénoncer l’Islam et les musulmans. Selon nous, les musulmans permettraient bien plutôt à la « fille aînée de l’Église » de renouer avec une identité, des traditions et des valeurs longuement enterrées.

    Il nous semble utile de préciser que l'auteur, né en Jordanie, est issu d'une famille palestinienne chrétienne.

    http://www.pambazuka.org/fr/l'assimilation-à-la-hussarde-des-musulmans-français

  • Contre la guerre, le racisme et le colonialisme, Toutes et tous dans la rue (Afriques en lutte)

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    Les guerres menées par la France comme par les autres puissances impérialistes sont des guerres de pillage et d’ingérence pour le contrôle des ressources.

    Ces guerres sèment le désastre. Elles tuent des civils, et font des dizaines de milliers de morts, des millions de blessés et de déplacé, provoquent des viols et des mutilations de milliers de femmes réduites à l’esclavage.

    Elles créent la misère là bas et entretiennent un climat de peur et de militarisation ici. Ces guerres s’ajoutent aux autres moyens utilisés contre les peuples (dette, occupations, accaparement des terres …) pour renforcer partout la domination coloniale et néocoloniale (Françafrique, Moyen Orient, Palestine, colonies françaises…) Parce que nous nous opposons à ces guerres déclarées en notre nom Parce que nous soutenons


    - Le combat contre les discriminations et tous les racismes, et notamment le racisme antimusulman,
    - La lutte des réfugiés, migrants et sans papiers Parce que nous nous opposons aux mesures d’exception, aux violences policières et au contrôle généralisé des populations qui ciblent en priorité les personnes musulmanes ou supposées telles, les quartiers populaires et les mouvements sociaux.

    Nous manifesterons à l’occasion de la semaine anticoloniale, des Journées internationale de lutte contre le racisme et contre les violences policières pour :

    -  Exiger l’arrêt immédiat des interventions militaires françaises, le retrait des bases militaires, la fin des traités et alliances (OTAN…) ;
    -  Dénoncer le marché des ventes d’armes qui irrigue entre autres les pires dictatures ;
    -  Combattre la militarisation de la société, le quadrillage des territoires et des esprits par le complexe militaro-sécuritaire ;
    -  Soutenir le droit à l’autodétermination des peuples en apportant notre solidarité aux forces de résistance et d’émancipation.

    14 mars 2016

    Contre la guerre, le racisme et le colonialisme, Toutes et tous dans la rue le 19 Mars 2016, 14 H Barbès

    Premiers signataires :

    Collectif « NI guerres, ni état de guerre » Réseau Sortir du colonialisme Association culturelle des travailleurs immigrés de Turquie (ACTIT) ; Ailes-Femnes ; Alternative Libertaire (AL) ; Campagne Civile pour la Protection du Peuple Palestinien (CCIPPP34) ;CAPJPO-Europalestine ; CGT Paris 7e ; Collectif des Féministes pour l’Egalité (CFPE) ; Comité anti-impérialiste ; Confédération nationale du travail (CNT) ; Droits devant !! ; Emancipation tendance intersyndicale ; Fédération des Associations de Solidarité avec Tou-te-s les Immigré-e-s (FASTI) ; Femmes plurielles ; Fondation Frantz Fanon ; Front Uni des immigrations et des quartiers populaires (FUIQP) ; Marxistes Unitaires ; Nouveau parti anticapitaliste (NPA) ; Organisation Communiste - Futur Rouge (OC-FR) ; Organisation de Femmes égalité ; Parti des Indigènes de la République (PIR) ; Parti communiste des ouvriers de France (PCOF) ; Rassemblement organisé des communistes (ROCML) ; Sangha-Paris ; Section française de la LIFPL/WILPF (Women International League for Peace and Freedom) ; Survie, Union juive française pour la paix (UJFP) ; Union des Femmes Socialistes de Turquie (SKB) ; Union pacifiste de France (UPF) Collectif Fathi Koumba, Ecologie sociale, Idle No More Kabylie, USTKE, Parti Travailliste, Mouvement des Jeunes Kanaks de France, 4 ACG (Anciens Appelés en Algérie et leurs Amis Contre la Guerre), association Ch’ul Ixim, Association culturelle les Oranges, Génération Palestine, CDISCOM (Collectif de Défense de l’Intégrité et de la Souveraineté des Comores), Guilde des Artistes Comoriens (GAC), Groupe de Réflexion pour l’Intégrité Territoriale de l’Archipel des Comores (GRITAC), CRLDHT, FTCR (Fédération des Tunisiens pour une Citoyenneté des Deux Rives)

    http://www.afriquesenlutte.org/communiques-luttes-et-debats/communiques-autres/article/contre-la-guerre-le-racisme-et-le

  • Il y a un siècle, l’impérialisme en débats (Anticapitalisme & Révolution)

     

     
    Nous semblons loin du temps des colonies. Non parce que les puissances occidentales justifient par les droits de l’homme leurs expéditions militaires (déjà la colonisation…). Mais les rapports de force à travers le monde semblent chamboulés avec le déclin de la France et autres pays d’Europe, la montée des « émergents », la « mondialisation ».
     
    Et une guerre entre pays développés, ce spectre qui hantait le début du 19ème siècle, semble aujourd’hui inconcevable. Le concept marxiste d’« impérialisme » forgé alors est-il donc obsolète ? Nous empêche-t-il de penser le monde tel qu’il est ? Nous tentons dans ce dossier, d’un côté, de retrouver le fond des analyses de l’impérialisme au début du 20ème siècle et, d’un autre, d’ausculter quelques grandes lignes d’évolution structurantes de notre époque : l’hégémonie américaine, la puissance nouvelle de la Chine, la mort prétendue de la Françafrique... Car pour agir, il faut comprendre dans quel ordre (et désordre) mondial nous vivons.
     
    « L’impérialisme, stade suprême du capitalisme »
     
    Quel drôle de titre que celui de l’ouvrage de Lénine en 1916 ! Un accent prophétique, voire apocalyptique. Mais nous étions alors justement en pleine apocalypse : en pleine guerre mondiale. Or ce titre se veut une synthèse de toutes les analyses non seulement de Lénine, mais de tout le courant marxiste révolutionnaire d’avant 1914, dont Rosa Luxemburg, dont le « pape du marxisme » d’alors, Karl Kautsky, sur lequel pourtant Lénine tape dur.

     
    Ces marxistes, dès 1900, avaient tenté de saisir la nouveauté de leur époque (exemple à suivre). Pour eux, le partage du monde en colonies et la marche à la guerre n’étaient pas le résultat d’une politique fortuite, ou de l’aventurisme de quelques secteurs des classes dominantes, mais une forme inévitable du capitalisme moderne. « Stade suprême » du capitalisme, l’impérialisme était même la « phase terminale » d’un système « en putréfaction », désormais profondément parasitaire. Non qu’il allait s’effondrer tout seul. Mais ce nouvel impérialisme, qui entraînait le monde vers une guerre terrifiante, ne faisait décidément plus progresser la société. Il était donc « mûr pour être remplacé par un système qui ferait bien mieux : le socialisme ». Dixit Karl Kautsky, dans sa brochure de 1907 « Socialisme et politique coloniale ».
     
    A partir de la fin du 19ème siècle, la libre concurrence capitaliste accouche via l’élimination des entreprises les plus faibles d’oligopoles, des trusts industriels d’un côté et des trusts bancaires de l’autre, qui tendent à fusionner sous la domination du capital financier. S’enchaîne alors l’étape suivante : une interpénétration inédite entre ce capital financier et l’État. Au fond, chacun a profondément besoin de l’autre. Les trusts ont besoin du soutien de l’État et l’État moderne doit s’appuyer sur les forces du capital. Et ça tombe bien : celui-ci est désormais assez riche et puissant pour dominer le personnel politique.
     
    Ce capitalisme peut avoir un certain dynamisme, mais il souffre de « disproportions » permanentes (Kautsky toujours…) : le retard, par rapport à l’industrie, de l’agriculture (ce qui provoque une crise de pénurie des matières premières et des biens alimentaires) et de la consommation (qui provoque une crise de surproduction et de sous-consommation, car le capital, exploitant ses travailleurs, ne peut les payer assez pour développer ses marchés de consommation, sauf à menacer le taux de profit). Ces limites internes au développement du capitalisme conduisent les capitalistes à repousser leurs limites géographiques en cherchant dans les pays agraires matières premières et débouchés commerciaux.
     
    Les exportations britanniques passent de 13 milliards de francs en 1870 à 35 en 1913, les allemandes de 5 à 25 (les françaises sont alors à 15 milliards). Selon Daniel Cohen[1], les exportations de marchandises sont passées de 5,1 % du PIB mondial en 1850 à 9,8 % en 1888, 11,9 % en 1913. Elles s’effondreront avec la guerre et ne retrouveront leur niveau de 1913... qu’en 1973.
     
     
    L’exportation des capitaux, tendance majeure du nouvel impérialisme
     
    Mais le capitalisme des pays développés cherche surtout à exporter des capitaux, car il a une difficulté croissante à trouver des placements rentables dans ses bastions déjà industrialisés. Ainsi selon Suzanne Berger[2], à la veille de 1914, « entre le tiers et le quart de la richesse nationale globale [française], en dehors de la terre et de l’argent destiné à la consommation, était placé à l’étranger (…) Les investissements à l’étranger représentaient en 1907 près de 40 % de la richesse nationale des Britanniques. » Des chiffres considérables ! Avec une nuance importante : Grande-Bretagne et France exportent davantage leurs capitaux que l’Allemagne et les États-Unis, parce qu’elles disposent de grands empires, peut-être, mais surtout parce qu’elles sont moins dynamiques sur leur propre sol.
     
    Or Luxemburg et Kautsky insistent sur les conséquences profondément réactionnaires, dramatiques autant économiquement que politiquement, de cette expansion capitaliste d’alors. Elle accélère la course aux colonies (déjà en elle-même une insulte à la dignité des peuples) car le capital, quand il exporte non seulement ses produits, mais lui-même, par des investissements fixes, des infrastructures ou des prêts à des États étrangers, a d’autant plus besoin de la protection de son État national. Les capitalistes ont peur que leurs investissements n’aient pas une rentabilité garantie, soient récupérés par les classes dominantes des pays d’accueil (qui pourraient même imiter les Japonais, à leur tour s’industrialiser et devenir de nouveaux concurrents), ou pire encore par des puissances capitalistes rivales. D’où leur aspiration à la mise sous tutelle directe ou indirecte par leur État. Sont ainsi découpés en tranches des continents entiers, non seulement l’Afrique directement colonisée, mais aussi de grands empires en déclin, la Turquie, la Chine.
     
    Mais l’exportation des capitaux (à la force des armes) ne pouvait-elle permettre aux « peuples arriérés » de moderniser leurs économies et s’arracher à leur soi-disant « sauvagerie » ? Luxemburg dans L’Accumulation du capital (1912), Kautsky dans de multiples textes, exterminent impitoyablement ces préjugés et espoirs (hypocrites) qui courent jusque dans le mouvement ouvrier, dans des pages terribles sur ce qu’on appellerait aujourd’hui le « développement du sous-développement » sous l’impulsion du capital étranger.
     
    La « dette du tiers-monde », déjà…
     
    C’est que ces exportations de capitaux ont des caractéristiques assez particulières. Ainsi la France envoyait finalement peu de ses capitaux dans ses colonies : en 1914, 4 milliards de francs sur 45 investis à l’étranger, contre 25 % en Russie ! Et pour faire quoi ? Des investissements « directs » finançaient des capacités de production mais, en l’occurrence, surtout l’extraction de matières premières et des infrastructures de transport. Ces investissements sont fort utiles pour piller les richesses d’un peuple, mais n’élèvent pas la productivité générale du travail local et n’enclenchent pas une dynamique d’industrialisation et de modernisation (même pas des relations sociales, au contraire, vu l’usage d’une main-d’œuvre indigène quasi servile).
     
    Plus importants étaient les investissements « de portefeuille », comme des prêts de consortiums bancaires occidentaux à des gouvernements de pays pauvres. Des Etats empruntaient pour moderniser leurs infrastructures et s’armer. Ils exploitaient durement leur population pour rembourser, et le chemin de fer servait moins à donner accès au marché mondial à la paysannerie qu’à la faire exproprier, à développer des cultures d’exportation, ruiner les producteurs locaux submergés par les marchandises des pays industrialisés (et les prêteurs). Le défaut de paiement d’un État faible ouvrait la voie à la colonisation. C’est ainsi qu’en 1881, le défaut du bey de Tunis servit de prétexte à une démonstration de force française et au Traité du Bardo qui transforma le pays en protectorat français.
     
    Si l’État endetté était trop puissant pour se laisser dévorer, la dette publique lui servait de toute façon à renforcer l’oppression de son peuple et en même temps garantissait une poule aux œufs d’or pour les créanciers étrangers. C’est ainsi que le tsar se gava d’emprunts contractés à la Bourse de Paris. Les grandes banques françaises placèrent ces emprunts auprès de centaines de milliers de bourgeois et de petit-bourgeois. Chaque mois, le rentier français « tondait les coupons » en allant percevoir à la banque ses dividendes, sueur et sang des moujiks. En favorisant cette perfusion financière, les dirigeants politiques français s’acoquinaient avec les banquiers français et achetaient l’alliance militaire russe.
     
    Pour les marxistes, la compréhension de ces phénomènes leur permit de saisir clairement qu’il ne pouvait pas y avoir de « colonisation progressiste », alors même que le mouvement socialiste était très divisé sur cette question, entre une aile droite carrément « social-impérialiste » et une mouvance platement humaniste (comme Jaurès, qui dénonçait les crimes coloniaux mais en appelait parfois à une colonisation juste). Ces déchirures se traduisirent par les ruptures que l’on sait quand éclata la Première Guerre mondiale.
     
    1914 : une guerre impérialiste
     
    En 1914, selon Lénine, « le partage du monde est terminé ». C’était une exagération : de gros gâteaux aiguisaient encore les rivalités. Mais les disparités technologiques et militaires étaient telles que les colonisateurs n’avaient eu guère de mal à se tailler des empires en quelques décennies... tant qu’ils ne se heurtaient pas les uns aux autres. Le partage en colonies et en « sphères d’influence » s’était fait sur des rapports de forces politiques et économiques. Or ces forces avaient changé : la France et la Grande-Bretagne, désormais en relatif déclin économique, s’étaient taillées la part du lion par rapport à des challengers devenus plus puissants (les États-Unis) ou plus dynamiques (l’Allemagne, le Japon).
     
     
     
    Comment envisager alors un nouveau repartage, sinon par la force armée ? Le spectre de la guerre généralisée hantait donc tous les peuples d’Europe. Quand elle éclata, le mouvement socialiste aussi. Une aile révolutionnaire déclara la guerre à la guerre impérialiste, la plupart des directions socialistes se rallièrent à l’union sacrée au nom de la « défense nationale ».
     
    La guerre était-elle « absolument » impérialiste ? Il est de bon ton depuis quelques années de nuancer la nuance de la nuance et de déplorer comme véritable « raison » de la guerre un enchaînement malheureux de malentendus et d’aveuglements[3].
     
    Mais les dirigeants marxistes de l’époque ne prétendirent jamais que la guerre avait été simplement commanditée par les financiers et les marchands de canons, ni perpétrée pour le seul repartage des colonies africaines. Pour faire une théorie utile de leur époque, il fallait bien saisir les évolutions essentielles, radicalement nouvelles et terriblement dangereuses, de leur époque, sans se jouer de mots ni garder des habitudes de pensée héritées de l’époque précédente. En analysant la guerre comme « impérialiste » (de pillage, de partage du monde au profit des capitalistes), ils pensaient ce qu’avait proclamé la résolution de Bâle de 1912, qui avait fait l’unanimité du congrès de l’Internationale socialiste : « la guerre à venir sera faite pour les profits des capitalistes et l’orgueil des dynasties ».
     
    Les cliques aristocratiques en Allemagne, en Autriche-Hongrie, en Russie, avaient leurs propres motivations (précipiter leur peuple dans la guerre pour consolider le trône). Ce qui n’empêcha pas la République française de pousser à la roue elle aussi ! Or, la symbiose grandissante de l’État et du capital financier joua à plein : des secteurs importants du capitalisme exigeaient le soutien militaire de leurs États pour étendre leurs sphères d’intérêt, réciproquement les sommets des États exigeaient le soutien des milieux financiers pour mener leur diplomatie agressive. Ils s’étaient liés les uns aux autres pour le pire et le pire. Les enjeux dépassaient les colonies, africaines par exemple, pas si rentables d’ailleurs : aux portes des grandes puissances, toute l’Europe centrale et l’empire ottoman étaient en décomposition. Qui allait s’y tailler des sphères d’influence telles qu’il prendrait un ascendant décisif sur ses rivaux ?
     
    Surtout, la guerre devint mondiale et totale. Plus elle durait et coûtait, plus les enjeux grimpaient pour les gouvernements. Ruinés financièrement, l’Allemagne, la France, la Grande-Bretagne comptaient bien, pour se relever, se payer sur la bête, dévorer les restes de l’empire turc, extorquer des réparations aux vaincus, et payer les sacrifices de leurs populations par du poison nationaliste plutôt que par des réformes sociales. L’impérialisme fit la guerre, la guerre le lui a bien rendu. Ses conséquences (et les buts de guerre des puissances) seraient fatalement bien plus impérialistes encore que ses causes.
     
    La querelle de l’« ultra-impérialisme »
     
    Il était donc impensable qu’il puisse y avoir une « bonne issue » à la guerre, une paix « sans vainqueurs ni vaincus », une paix durable entre les puissances. C’est pourtant l’idée que caressait avec de plus en plus d’insistance Karl Kautsky et bien d’autres au sein des courants de la social-démocratie qui se redécouvraient pacifistes et se désolidarisaient de leurs camarades, partisans de la « guerre jusqu’à la victoire ». Kautsky formula ainsi son idée dans L’impérialisme et la Guerre, en septembre 1914 : « L’impérialisme est-il la forme finale de la politique capitaliste mondiale ? (…) La classe capitaliste ne se suicidera pas. L’effort pour conquérir des régions agraires et réduire en esclavage leur population est trop vital pour le capitalisme pour rendre possible une opposition sérieuse de quelque groupe capitaliste que ce soit. » Mais : « Il y a un autre aspect dans l’impérialisme. L’effort de la colonisation a amené des conflits profonds entre les groupes capitalistes et a amené la guerre mondiale depuis longtemps prophétisée. Cette phase de l’impérialisme est-elle nécessaire pour la continuation du capitalisme ? (…) D’un point de vue purement économique, il n’est pas impossible que le capitalisme soit sur le point d’entrer dans une nouvelle phase, marquée par le transfert des méthodes de cartels à la politique internationale, une sorte d’ultra-impérialisme. »
     
    Kautsky ne parlait pas (pour l’instant en tout cas) d’une nouvelle phase de l’histoire du capitalisme qui eût été « non impérialiste », mais d’une nouvelle phase (pacifique, mais tout de même exploiteuse du reste du monde) de l’impérialisme lui-même. Sur la base de cette hypothèse, il rejeta toute politique révolutionnaire contre la guerre, pour lui aventuriste, pour proposer un programme de paix « démocratique » qui puisse rallier des secteurs de la petite bourgeoisie et de la bourgeoisie. D’où la colère de Lénine contre le « renégat » : « cet ultra-impérialisme est une ultra niaiserie » et une « mystification petite bourgeoise » !
     
    L’ultra-impérialisme américain
     
    Les traités « de paix » (allemand de Brest-Litovsk puis allié de Versailles) lui donnèrent raison. Il y avait pourtant une exception, apparente mais de taille : à la Maison Blanche. Le président Wilson présenta un programme de paix en « quatorze points » : ni annexions ni réparations, droit des nations à disposer d’elles-mêmes, Société des Nations, liberté des mers et du commerce... Le plus grand impérialisme ne proposait-il pas ainsi un ordre mondial « ultra-impérialiste » ? Une entente entre les puissances, non pour cesser de piller les pays pauvres, mais pour renoncer aux empires économiques exclusifs et à la guerre ?
     
    Cet « idéalisme wilsonien » était en fait un réalisme politique propre à l’impérialisme américain, tellement fort économiquement, et inexpugnable dans son île-continent, qu’il avait intérêt à promouvoir l’idée d’un autre type « d’empire », sans colonies et libre-échangiste (mais pas sans respect des dettes, car il ne renonça pas aux milliards de dollars de créances sur ses « alliés »). Comme le notera plus tard avec humour Léon Trotski, « l’impérialisme américain a toujours un peuple à libérer. C’est sa profession. »[4] Les gouvernements américains échouèrent cependant à imposer ce nouvel ordre mondial. Il arriva au contraire ce qu’on sait : la Dépression de 1929, la dislocation des relations économiques internationales, puis la Deuxième Guerre mondiale.
     
    Après 1945 : un monde nouveau
     
    Pourtant, un certain trouble s’éveille en nous : l’« ultra niaiserie » ne se serait-elle pas finalement réalisée après 1945 ? Ne serait-ce pas l’ordre impérialiste dans lequel nous vivons encore aujourd’hui ? Les rivalités économiques entre les divers pays capitalistes n’ont certes pas disparu, et suscitent souvent tensions et coups tordus. Mais la guerre, ce n’est plus entre les pays développés, c’est pour les pauvres depuis longtemps et, semble-t-il, pour longtemps.
     
    Mais alors, pourquoi une hypothèse absurde en 1918 avait-elle pris corps en 1945 ? L’argumentation de Lénine contre Kautsky pourrait paradoxalement nous mettre sur la piste. Ainsi, dans la préface à la brochure de Boukharine L’Economie mondiale et l’impérialisme, en décembre 1915, il écrit :
     
    « Il n’y a pas trace de marxisme dans ce désir de tourner le dos à la réalité de l’impérialisme et de s’évader en rêve vers un «ultra-impérialisme» dont on ignore s’il est réalisable ou non (…) Peut-on cependant contester qu’il soit possible de «concevoir» abstraitement une phase nouvelle du capitalisme après l’impérialisme, à savoir l’ultra impérialisme ? Non (…) Seulement dans la pratique, cela signifie devenir un opportuniste, qui nie les tâches aiguës de l’actualité au nom de rêveries sur des tâches futures sans acuité (…) Il ne fait pas de doute que le développement va dans le sens d’un seul et unique trust mondial (…) Mais ce développement s’opère dans des circonstances, sur un rythme, avec des contradictions, des conflits et des bouleversements tels (et non seulement économiques, tant s’en faut, mais aussi politiques, nationaux, etc.) que, sans aucun doute, avant qu’on n’en arrive à un tel trust mondial (…), l’impérialisme devra inévitablement sauter et le capitalisme se transformera en son contraire. »
     
    L’hypothèse de Kautsky supposait des « bouleversements » extraordinaires. Qui eurent lieu. Car pour le coup il y eut bien une « époque de guerres et de révolutions », qui nulle part ne déboucha sur le socialisme (sinon des grimaces de socialisme, staliniennes ou social-démocrates). En 1945, les impérialismes japonais et allemand étaient écrasés, la France et la Grande-Bretagne plus ruinées qu’en 1918. Face aux révolutions coloniales, au « péril rouge » et au bloc soviétique, les puissances impérialistes n’avaient pas d’autre choix que de serrer les rangs et d’accepter l’hégémonie américaine, qui instaura ce que le trotskyste argentin Claudio Katz appelle un « ordre impérialiste collectif »[5], conflictuel mais coopératif, par les accords financiers et monétaires de Bretton Woods, le plan Marshall, son parapluie militaire, la protection des flux financiers par leurs marchés et le dollar, énergétiques par leur force armée.
     
    Ensuite s’engagea ou se confirma une mutation économique profonde. Pour les marxistes, ce sont les limites internes du capitalisme dans ses bases nationales développées qui avaient engendré les conflits inter-impérialistes. Marx n’en avait pas moins noté à propos du développement du capitalisme : « potentiellement illimité ». Mais à travers tant de crises et de souffrances...
     
    L’essor de la mécanisation et de la taylorisation, l’industrialisation de l’agriculture, le développement d’une consommation de masse, le nouveau rôle de l’État au sein de l’économie capitaliste, toutes ces mutations qui ont émergé à travers la crise de 1929 puis la « guerre totale » ont donné un nouveau souffle au capitalisme pendant quelques décennies. Le capitalisme des Trente Glorieuses a été beaucoup moins internationalisé que dans la période précédente, plus centré sur les pays déjà développés.
     
    Le pillage des richesses du « tiers-monde » n’avait pas cessé pour autant. Il fallait garantir des rentes néocoloniales, payer à bas prix les matières premières (ce n’est d’ailleurs qu’après la Deuxième Guerre mondiale que les pays développés commencèrent à importer vraiment leur énergie !). Toute cette période, faite de paix inter-impérialiste, de guerre froide et de guerres chaudes contre des pays pauvres, fut marquée par la fine pensée que l’on prête au secrétaire d’État américain Kissinger, dans les années 1970 : « les Américains ont compris qu’il est plus funny de botter le cul des Arabes de temps en temps que de faire des économies d’essence. » Après 1945, l’impérialisme américain eut toujours un peuple à bombarder… Ce fut en quelque sorte sa profession.
     
    « Ultra » pour les Vietnamiens, les Algériens, les Africains, les Irakiens, les Chiliens... les impérialismes le furent dans le sens le plus banal du terme après 1945.
     
    Yann Cézard
    dans la revue L'Anticapitaliste n° 273 (février 2016)
     
     
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    [1] La Mondialisation et ses ennemis, Grasset, 2004.
    [2] Notre première mondialisation. Leçons d’un échec oublié, Seuil/La République des idées, 2003.
    [3] Les Somnambules (2014) de Christopher Clark sont un modèle (par ailleurs passionnant) du genre.
    [4] Europe et Amérique, 1924.
    [5] Dans un livre très intéressant, Sous l’Empire du capital (l’impérialisme aujourd’hui), M Editeur, Québec, 2014.
     
  • France Arabie saoudite : une alliance bénie par les marchands d’armes (Lutte Ouvrière)

     
    Sarkozy aussi (2008)

    La délégation saoudienne reçue à l’Élysée et dans divers ministères le 4 mars ne s’était pas déplacée seulement pour quelques colifichets, sacs Vuitton, Légion d’honneur et haute couture. Il y a entre la France et l’Arabie saoudite des affaires bien plus sérieuses.

    La monarchie pétrolière achète en effet aux marchands de canons français de quoi équiper, en plus de son armée, celles de ses alliés. Les deux navires refusés à la Russie et rachetés par l’Égypte avec l’argent saoudien en sont un exemple. Un contrat d’une valeur de trois milliards d’euros pour moderniser l’armée libanaise devait également être financé par les caisses saoudiennes. Mais il semble qu’il y ait eu une difficulté, d’où la visite princière.

    L’armée libanaise est, comme le reste du pays, soumise aux pressions des différentes factions qui se disputent le pouvoir, héritage des divisions soigneusement installées par le colonialisme français.

    La France et l’Arabie saoudite soutiennent l’une d’entre d’elles, comprenant notamment le clan Hariri, milliardaire libano-saoudien. Le Hezbollah en dirige une autre, fort d’un puissant soutien populaire et allié de l’Iran et de Bachar al-Assad, le dictateur syrien. L’équilibre relatif obtenu après des dizaines d’années de guerre civile, d’interventions étrangères, d’occupation d’une partie du territoire par Israël, d’une autre par la Syrie, est remis en cause par la guerre dans ce dernier pays, l’arrivée de centaines de milliers de réfugiés, la tension grandissante dans la région. Dans ces conditions, l’Arabie saoudite craint que les armes fournies à l’armée libanaise se retrouvent entre les mains du Hezbollah et dirigées contre les intérêts saoudiens. Elle vient donc à Paris exiger des garanties.

    Les discussions ont dû être laborieuses car des intérêts contradictoires entrent en ligne de compte. La diplomatie française tient à préserver la relative stabilité du Liban et, pour cela, l’accord du Hezbollah est indispensable. L’Arabie saoudite veut, au minimum, contenir l’influence du Hezbollah et certainement pas lui fournir des armes. Les marchands de canons veulent leurs profits, quelles que soient les conséquences, et sont prêts à vendre leur marchandise à qui les paiera.

    Hollande, Valls, Le Drian et Ayrault se sont tour à tour entretenus avec la délégation saoudienne, pour la convaincre de continuer à payer les armes et à maintenir l’alliance franco-saoudienne, si profitable aux Dassault, Thales et DCNS.

    Un dictateur qui rend de tels services aux marchands de mort industrielle que sont les capitalistes français mérite en tout cas la Légion d’honneur !

    Paul GALOIS 09 Mars 2016
     
  • La gauche devant le colonialisme Retour sur une longue histoire (Essf)

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    Texte introductif au numéro 13 des Nouveaux Cahiers du Socialisme consacré à l’impérialisme [1]. Pierre Beaudet revient ici sur l’histoire de la la gauche (de Marx à nos jours) face au colonialisme et au racisme.

    « La bourgeoisie, en tant que classe, est condamnée à prendre en charge toute la barbarie de l’histoire, les tortures du Moyen-âge comme l’inquisition, la raison d’état comme le bellicisme, le racisme comme l’esclavagisme. »

    Aimé Césaire, Discours sur le colonialisme [2]

    Le monumental ouvrage coordonné par Marc Ferro, Le livre noir du colonialisme [3], est une référence incontournable pour tous ceux et celles qui veulent comprendre notre planète chaotique. Ferro et ses collègues racontent ce qu’on essaie toujours de cacher, à savoir comment le capitalisme, l’impérialisme, le colonialisme, le racisme forment en fin de compte un dispositif du pouvoir qui constitue le fondement du monde contemporain. Devant tout cela, les mouvements anticapitalistes sont interpellés. À la fois acteurs, complices, victime, ils cherchent à élaborer un projet à travers tout cela, mais la plupart du temps, il faut constater qu’ils échouent à confronter l’impérialisme de « leurs » nations. Les classes populaires dans leur hétérogénéité sont « fracturées » par le capitalisme : ruraux contre urbains, précaires contre ouvriers, hommes contre femmes, immigrants contre tous les autres. Dans les réseaux organisés se distillent des idéologies réactionnaires et racistes, prônant le racisme, l’ethnisme, le nationalisme de droite. C’est là qu’entre en jeu le projet de l’émancipation. Avec Marx, avec la révolution des soviets, avec l’irruption des mouvements de libération nationale, les mouvements populaires se réinventent, forgeant une nouvelle identité internationaliste. Les deux voies, celle de la fragmentation et celle de l’émancipation, restent ouvertes, jusqu’à aujourd’hui. C’est pourquoi l’œuvre de Ferro et d’autres penseurs et mouvements que nous évoquerons ici vaut le détour.

    Conquérir, exterminer, mettre en esclavage, piller

    Au tournant du seizième siècle, l’Europe sort de la profonde somnolence dans laquelle elle est plongée pendant 1000 ans. Des villes expérimentent la financiarisation et la marchandisation de la production. Ces marchands se glissent entre les mailles des systèmes féodaux. Avec les nouvelles techniques de navigation, cette Europe presque capitaliste se disperse dans le monde. Elle « découvre » l’Amérique, que les pêcheurs et les pirates connaissent depuis longtemps, mais qui devient un vaste territoire à conquérir. De là l’Europe procède à une systématique extermination des peuples autochtones. Dans l’ile d’Hispaniola (Haïti et la République dominicaine aujourd’hui), le massacre fait passer la population d’un million à 60 000 en 10 ans. Les enconiemdas (grandes concessions accordées aux chefs des expéditions) deviennent des camps de la mort où le travail forcé combiné à l’utilisation massive de la torture enferme les populations dans un cycle de mort.

    Les profits gigantesques extraits de ces opérations alimentent l’essor du capitalisme et renforcent les marchands qui deviennent peu à peu des bourgeois [4]. La population des Amériques pratiquement éliminée, le capitalisme européen passe à une deuxième étape qui passe par la mise en esclavage de millions d’Africains. De 10 à 15 millions de personnes sont capturées et envoyées dans les plantations des Amériques. Le capitalisme des plantations, très « rationnel » du point de vue économique, expérimente également l’organisation « scientifique » du travail sur une main d’œuvre totalement dépossédée et menée comme dans les futurs camps de concentration nazis [5]. En Angleterre, où le passage au capitalisme est plus rapide, l’esclavage permet l’approvisionnement des matières premières transformées par les industries où sont concentrées les masses prolétariennes. Après l’Afrique et les Amériques, l’Europe capitaliste se tourne vers l’Asie. En Inde, un immense territoire économiquement développé mais politique fragmenté, l’Empire britannique détruit la production locale et transforme la population en une masse corvéable à volonté, entassés dans les ateliers de misère de Bombay et Calcutta [6].

    L’ère des massacres

    Au tournant du dix-neuvième siècle, l’Afrique acquiert une nouvelle importance alors que s’accélère la course aux ressources entre les rivaux impérialistes traditionnels (France et Angleterre) et « émergents » (Allemagne, Japon, États-Unis) [7]. Réunis à Berlin en 1885, les Européens découpent le continent en zones d’influence pour mettre la main sur les riches ressources minières et agricoles. Le pouvoir colonial procède à de massives expropriations. Les Africains sont soumis à une prédation de nature terroriste, comme au Congo, où la Belgique affame et conduit à la mort des millions de personnes. C’est selon Elikia M’Boholo, « le temps des massacres » [8]. On observe comment le capitalisme avec ses nouveaux moyens expérimente de nouvelles techniques de prédation. Des génocides sont perpétrés un peu partout, comme en Afrique du Sud, en Namibie, au Cameroun, en Angola, à Madagascar. L’esclavage est délaissé pour être remplacé par un système de travail forcé. Alimentant les clivages ethniques, le capitalisme colonialiste recrute des supplétifs locaux qui commettent des atrocités. Dans les colonies de peuplement où arrivent des milliers de colons, le pillage prend la forme du vol des terres, comme en Algérie [9].

    À travers le bain de sang, les États impérialistes agissent à la fois par la coercition et l’hégémonie. L’hégémonie, c’est pour inculquer, non seulement les « bonnes manières », mais l’idée que la domination et le pillage sont légitimes. Ainsi en Europe sont ressuscités les mythes ancrés dans la tradition sur l’infériorité des Noirs. Sous l’égide des Lumières comme l’explique Catherine Coquery-Vidrovitch, le discours colonial insiste sur la nécessité de civiliser les sauvages, quitte à les dominer pour « sauver leurs âmes » [10]. Plus tard, le virage « scientifique » impulsé par Darwin avance l’idée qu’il « existe des races inaptes au progrès » [11]. Dans son Essai sur l’inégalité des races humaines, le comte de Gobineau (l’inspirateur d’Hitler) défend la subjugation. Ernest Renan, dont l’influence est énorme sur les débats intellectuels en France, explique que l’Europe domine parce qu’elle est supérieure sur le plan économique. Il est donc normal, affirme-t-il que les pays de race étrangère deviennent des « pays de serfs, de journaliers agricoles ou de travailleurs industriels. Il ne s’agit pas de supprimer les inégalités parmi les hommes, mais de les amplifier » [12]. Se construit alors une conscience racialisée au sein des populations européennes, y compris parmi les couches populaires [13].

    À la recherche d’une stratégie

    Ces pratiques prédatrices deviennent systématiques au moment où le capitalisme s’internationalise. En même temps, c’est l’époque où surgissent des mouvements anticapitalistes. Comment expliquer alors le fait que les mouvements en question s’engagent très peu sur le terrain de la lutte anticoloniale ? En réalité, il sévit dans ces mouvements une conscience tronquée, basée sur le fait que le capitalisme représente un « progrès inévitable », une sorte de « marche irrésistible de l’histoire ». Le capitalisme selon Marx confronte la « barbarie » des régions non-européennes. Il crée dans les centres du capitalisme mondial une classe moderne qui pourra éventuellement renverser le système et le remplacer par le socialisme. En attendant, malgré les énormes destructions commises par les capitalistes européens en Inde et en Afrique, le colonialisme contribue à provoquer les transformations sociales qui sont nécessaires pour que le capitalisme prenne son essor et pour que le socialisme, marchant sur ses traces, puisse s’imposer à l’humanité.

    En attendant explique le collaborateur de Marx, Friedrich Engels, « des peuples qui n’ont jamais eu leur propre histoire, qui passent sous la domination étrangère à partir du moment où ils accèdent au stade le plus primitif et le plus barbare de la civilisation, ou qui ne parviennent à ce premier stade que contraints et forcés par un joug étranger, n’ont aucune viabilité » [14]. C’est le cas avec le Mexique, où la brutale invasion par les États-Unis est une « bonne chose », selon Engels : « Est-ce un malheur que la splendide Californie soit arrachée aux Mexicains paresseux qui ne savaient qu’en faire ? Est-ce un malheur que les énergiques Yankees, en exploitant rapidement les mines d’or qu’elle recèle augmentent les moyens monétaires, qu’ils concentrent en peu d’années sur cette rive éloignée de l’Océan Pacifique une population dense et un commerce étendu, qu’ils fondent de grandes villes, qu’ils créent de nouvelles liaisons maritimes (…) qu’ils ouvrent vraiment pour la première fois l’Océan Pacifique à la civilisation ? » [15] L’écrasement de la révolte en Algérie, affirme le même Engels, est une chose positive, puisque les Bédouins sont une « nation de voleurs ». Le colonialisme français apportera le capitalisme, donc la civilisation [16]. De la même manière, la colonisation de l’Inde par l’Angleterre impériale est certes une tragédie, mais en imposant le capitalisme à une société barbare, la colonisation est un « instrument inconscient de l’Histoire ». Un texte de Marx, longtemps commenté et critiqué, reflète cette pensée binaire :

    « […] aussi triste qu’il soit du point de vue des sentiments humains de voir ces myriades d’organisations sociales patriarcales, inoffensives et laborieuses se dissoudre (…) et leurs membres perdre en même temps leur ancienne forme de civilisation et leurs moyens de subsistance traditionnels, nous ne devons pas oublier que ces communautés villageoises idylliques, malgré leur aspect inoffensif, ont toujours été une fondation solide du despotisme oriental (…) en en faisant un instrument docile de la superstition et l’esclave de règles admises, en la dépouillant de toute grandeur et de toute force historique (…) Il est vrai que l’Angleterre, en provoquant une révolution sociale en Hindustan, était guidée par les intérêts les plus abjects (…). Mais la question n’est pas là. Il s’agit de savoir si l’humanité peut accomplir sa destinée sans une révolution fondamentale dans l’état social de l’Asie [17]. »

    Basculement du monde

    Plus tard, Marx nuancera ses positions, en se détachant de la vision simpliste d’une « marche irrésistible de l’histoire. Il devient partisan des luttes d’indépendance de la Pologne et surtout de l’Irlande, en qui il voit des ferments d’une lutte à finir contre le capitalisme. Néanmoins, le mal est fait, dans un sens. Les partis socialistes européens comme en Allemagne, en France, en Angleterre ne s’opposent pas à l’avancée du colonialisme dont ils déplorent par ailleurs les impacts négatifs. Sous l’égide de la Deuxième Internationale, les socialistes collaborent à « civiliser » les nations barbares. En Namibie en 1904, le premier génocide du siècle est commis par l’armée allemande contre les populations hereros. La puissance social-démocratie s’émeut du caractère inhumain de l’opération, mais leur théoricien Édouard Bernstein déclare : « les colonies sont là pour rester. Les peuples civilisés doivent guider les peuples non civilisés. Notre vie économique repose sur des produits qui viennent des colonies que les indigènes ne peuvent pas utiliser » [18]. En France, Jean Jaurès et propose d’humaniser le colonialisme : « Là enfin où la France est établie, on l’aime, là où elle n’a fait que passer, on la regrette ; partout où sa lumière resplendit, elle est bienfaisante [19].

    Pendant que les socialistes s’enfoncent dans le nationalisme qui les mène à renoncer à leurs principes fondamentaux en 1914, les peuples subjugués n’attendent pas la permission pour se révolter. L’Inde connait un immense soulèvement en 1857 qui met l’Empire britannique à mal. En Chine, une véritable guerre éclate contre les impérialistes qui veulent obliger la vente de l’opium, une énorme source de profits et en même temps une calamité pour ce pays. Au Mexique, les insurrections paysannes débouchent sur une révolution nationale et démocratique (1910-11).

    Avec la révolution des soviets en 1917, le monde bascule. La nouvelle Union soviétique renonce à tous les traités coloniaux établis par l’ancien régime. Des liens sont créés avec les mouvements de libération en Asie. À Bakou se tient en 1920 le « Premier Congrès des peuples de l’Orient » où sont présents 2500 délégués venus de Chine, de l’Inde, de Turquie, de Perse. Soucieux d’étendre la révolution vers l’est (devant l’échec de révolutions européennes en Italie, en Hongrie, en Allemagne), le pouvoir des soviets veut changer la donne [20]. Quelques temps avant, le deuxième congrès de la nouvelle Internationale communiste (Troisième Internationale) fait le constat que l’impérialisme depuis la catastrophe de la Première Guerre mondiale est en crise. Il ne suffit plus de compatir avec les souffrances des peuples colonisés, mais, selon Lénine de « faire une politique tendant à réaliser l’union la plus étroite de tous les mouvements de libération nationale et coloniale avec la Russie des Soviets » [21]. Dans son allocution finale, Lénine insiste sur le fait que la révolution mondiale se déplace vers les pays où réside la grande majorité de la population mondiale, opprimée sous le joug de l’impérialisme. Cet impérialisme colonialiste, estime le communiste indien M. N. Roy, maintient le capitalisme en vie : « il y a longtemps que le système capitaliste en Angleterre se serait écroulé sous son propre poids sans les vastes possessions coloniales que ce pays a acquises pour l’écoulement de ses marchandises et pour servir de source de matières premières pour ses industries sans cesse croissantes. En réduisant en esclavage les centaines de millions d’habitants de l’Asie et de l’Afrique, l’impérialisme anglais est arrivé à maintenir jusqu’à présent le prolétariat britannique sous la domination de la bourgeoisie. » [22] Il est impératif que la gauche change de cap, selon la déclaration du Congrès de Bakou :

    « Le socialiste qui, directement ou indirectement, défend la situation privilégiée de certaines nations au détriment des autres, qui s’accommode de l’esclavage colonial, qui admet des droits entre les hommes de race et de couleur différentes ; qui aide la bourgeoisie de la métropole à maintenir sa domination sur les colonies au lieu de favoriser l’insurrection armée de ces colonies, – ce « socialiste », loin de pouvoir prétendre au mandat et à la confiance du prolétariat, mérite sinon des balles, au moins la marque de l’opprobre . » [23]

    En tournant des années 1920, l’IC accentue sa campagne antiimpérialiste au moment où les puissances acceptent du bout des lèvres le droit à l’autodétermination, ce qu’elles renient en perpétuant les pratiques coloniales. De nouveaux massacres sont perpétrés au Maroc, au Vietnam, au Nicaragua. Le congrès de fondation de la Ligue anti-impérialiste est convoqué à Bruxelles en 1927 par l’IC et des mouvements de libération de cinq continents. Les « nations obscures » prennent leur élan et bientôt, se détachent de l’Internationale qu’ils trouvent trop inféodé à la politique soviétique [24]. Des dissidents comme Sultan Galiev, un tatar qui participe à la révolution soviétique, trouvent que l’Internationale reste trop européocentrique, ce qui laisse penser que l’influence d’une certaine gauche coloniale reste vivante [25]. Cette thématique sera reprise sous des formes diverses par des mouvements et des penseurs importants tel Mao Tsétoung, Ho Chi Min, Amilcar Cabral, etc.

    Le rebond de l’histoire

    Après la Deuxième guerre mondiale, l’irruption du tiers-monde emporte les vieux empires coloniaux en Afrique et en Asie. La révolution chinoise, à la fois anti-impérialiste et antiféodale, inaugure un cycle des grands mouvements d’émancipation sociale et nationale. Réunis à Bandung (Indonésie) en 1955, des États indépendants et des mouvements de libération nationale s’érigent en troisième pôle dans une géopolitique mondiale dominée par l’affrontement entre les États-Unis et l’Union soviétique [26]. La plupart des pays africains arrachent leur indépendance, sauf dans les régions où sévit le colonialisme de peuplement (Afrique du Sud, Angola, Mozambique, Algérie). Au tournant des années 1960, ces mouvements se radicalisent et définissent un agenda de transformation radicale.

    Les pays impérialistes alors, États-Unis en tête, réorganisent leur stratégie. Ils concèdent l’indépendance là où des relais locaux sont prêts à perpétuer les pratiques coloniales sans le statut colonial : c’est le « néocolonialisme ». Ce projet est rejeté par plusieurs mouvements, notamment au Vietnam, où le Front national de libération continue d’affronter les États-Unis et leurs fantoches après le départ des colonialistes français. Aux États-Unis et dans plusieurs pays capitalistes, un grand mouvement de solidarité internationale se met en place en soutien à la lutte du peuple vietnamien. Ce renouvellement de l’internationalisme bouscule les partis de gauche et mobilise des secteurs importants de la jeunesse.

    En Amérique du Sud, cette insurrection contre le contrôle impérialiste connait un rebond imprévu à Cuba (1959). Les révolutionnaires cubains lancent un grand mouvement latino-américain pour accentuer la résistance. Dans son « Message à la Tricontinentale » (une organisation fondée à Cuba pour coordonner les luttes), Che Guevara déclare qu’il faut se battre : « Le rôle qui nous revient à nous, exploités et sous-développés du monde, c’est d’éliminer les bases de subsistance de l’impérialisme : nos pays opprimés, d’où ils tirent des capitaux, des matières premières, des techniciens et des ouvriers à bon marché et où ils exportent de nouveaux capitaux (des instruments de domination) des armes et toutes sortes d’articles, nous soumettant à une dépendance absolue » [27].

    Ce cri du cœur du Che s’ajoute à d’autres interventions qui viennent secouer le confort d’une certaine gauche institutionnalisée qui fonctionne à travers les partis de gauche dans les pays capitalistes, et qui est globalement alignée sur l’Union soviétique. C’est le cas notamment de Frantz Fanon (voir le texte d’Immanuel Wallerstein sur Fanon dans ce numéro des Nouveaux Cahiers du Socialisme). Dans les années 1970, le mouvement anti-impérialiste et anticolonialiste continue d’avancer à travers les victoires marquées en Angola, au Mozambique, au Nicaragua. Le dispositif impérialiste est menacé de dislocation devant la montée des résistances. Les États du tiers-monde constituent des alliances qui reprennent le drapeau de Bandung et mettent de l’avant un « Nouvel ordre économique international ».

    Après une période d’instabilité, les États-Unis se remettent sur un mode offensif dans les années 1980. Ils contribuent à l’enlisement de l’Union soviétique qui commet une erreur stratégique en envahissant l’Afghanistan (1980). Plusieurs États du tiers-monde entrent dans une crise prolongée provoquée par les nouvelles politiques macro-économiques imposées par Washington via la Banque mondiale et le FMI. Quand l’URSS implose en 1989, les États-Unis et leurs alliés subalternes estiment qu’ils peuvent consolider leur emprise en déployant leurs forces militaires dans toutes les régions du monde. De conflit en conflit, cette tension permanente débouche sur les évènements de 2001 et subséquemment, sur le déclenchement de la « guerre sans fin » de George W. Bush.

    Le colonialisme et l’anticolonialisme aujourd’hui

    Une guerre de position (selon la formule de Gramsci) est en cours et déterminera les contours de la géopolitique et de la géo-économie mondiales. Dans le sillon de la guerre sans fin se déploie une véritable entreprise de reconquête d’un vaste « arc des crises » qui traverse l’Asie jusqu’à l’Afrique en passant par le Moyen-Orient. Au début, les États-Unis pensaient occuper militairement cette zone et procéder à une « réingénierie » politique, sociale, économique. C’était sans compter sur les résistances qui ont empêché ce plan de se réaliser, notamment en Irak, en Afghanistan, en Syrie, en Palestine. Ces résistances anticoloniales s’expriment davantage sous la forme de mouvements nationalistes utilisant la religion comme référence et sur la base d’un projet relativement non-défini où les accents réactionnaires (contre les droits des femmes et des minorités par exemple) occupent une place importante.

    Pour autant, la confrontation avec l’impérialisme prend d’autres formes, notamment en Amérique latine où la vague progressiste (voir le texte de Thomas Chiasson-Lebel dans ce numéro des Nouveaux Cahiers du Socialisme) remet en question des mécanismes du contrôle exercé par les États-Unis et ses alliés-subalternes du G7.

    Devant tant de points de blocage, les dominants ressortent un certain nombre de vieilles recettes. Le regain d’un néonationalisme de droite couplé à l’hostilité entretenue face aux Arabes et aux Musulmans s’ajoute à une remonté du racisme anti-immigrant. L’idéologie derrière cela est de présenter la « menace » d’un ennemi à la fois « intérieur » et « extérieur », antinomique avec les « valeurs » du capitalisme et de la démocratie libérale où les zones sans droit de Gaza, Bagdad, Kaboul se combinent aux quartiers immigrants ghettoïsés dans les grandes villes capitalistes. On en vient à une autre facette de la « guerre sans fin » dans le domaine de la culture et des médias. Les lubies du politicologue conservateur Samuel Huntingdon reviennent à la mode, dans le sens d’une « guerre de civilisations » où le camp « occidental » doit se défendre dans une confrontation sans fin et sans merci.

    Dans cette évolution, le racisme occupe toute sa place, mais un racisme « modernisé :

    « La hiérarchie raciale se présente plus comme une pyramide que comme une opposition entre deux pôles homogènes. Elle est à la fois bipolaire, opposant Blancs et non-Blancs, et pyramidale : face aux Blancs ou plutôt en dessous des Blancs s’empilent les différents groupes raciaux opprimés, par strates de couleur ou de culture, chacune selon son rang dans l’humanité ou la civilisation [28]. »

    La gauche contemporaine saura-t-elle éviter cette dérive ? Les enjeux sont multiples, car on y trouve à la fois de profondes régressions sur le plan des droits ainsi que l’extension de la militarisation et des confrontations, non seulement contre des mouvements de résistance, mais contre des États perçus comme des adversaires (les « émergents »). Des secteurs de la social-démocratie, convertis au social-libéralisme, semblent tout à fait disposés à s’engager dans cette « guerre sans fin ». Il reste aux secteurs toujours dévoués à la cause de l’émancipation d’y faire échec et de repenser luttes et stratégies au prisme de la « décolonialité » politique et théorique, qui « met en évidence la dimension raciste et culturellement infériorisante de la domination coloniale et s’ouvre à des modes de vie et de pensée disqualifiés depuis le début de la modernité capitaliste/coloniale » [29].

    Pierre Beaudet

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36927

    Lire aussi:

     

     

  • Allié privilégié de Hollande, le régime saoudien assassine ! (Npa)

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    L'Arabie Saoudite vient d'exécuter par balles ou par décapitation quarante-sept hommes ce 2 janvier dans différentes villes du pays.

    Ils étaient condamnés pour « terrorisme », un qualificatif si flou qu'il peut s'appliquer à toutes celles et ceux dont les idées ou les actes s’opposent au régime.

    Parmi les condamnés figurent plusieurs militants de l'opposition, notoirement actifs lors du soulèvement populaire initié en 2011. C'est ainsi que Nimr Baqer Al Nimr, qui avait pris la tête du soulèvement de la province orientale, et avait tenu des propos virulents contre les dictateurs de la région, avec en tête les Al Saoud, Al Khafila et Al Assad, a été exécuté.

    Le NPA dénonce cette nouvelle série d'exécutions perpétrée par le régime du souverain soi-disant « réformateur ».  Toutes les condamnations à morts prononcées par les tribunaux saoudiens doivent être annulées, les accusés doivent avoir droit à des procès publics et équitables.

    Nous ne sommes pas dupes de l'hypocrisie des dirigeants iraniens qui protestent bruyamment mais utilisent de la même façon les condamnations à mort pour faire taire leurs propres opposants. Mais nous dénonçons particulièrement celle du gouvernement français qui s'est contenté de « déplorer » ces peines capitales, alors que depuis la visite de Hollande à Ryad en mai dernier et la tenue de la commission jointe franco-saoudienne, c'est un permis de tuer qui a été délivré par la France, avec à la clé des promesses de ventes pour au moins 20 milliards d'euros en jeu : hélicoptères Air Bus H 145, patrouilleurs maritimes, centrales nucléaires EPR, accords sur la formation à la sûreté nucléaire et le traitement de déchets…

    En exacerbant les tensions au Moyen Orient, l’Arabie Saoudite apporte une nouvelle preuve du cynisme des politiques extérieures de la France et des USA qui sont ses alliés privilégiés. Loin d’être un rempart au terrorisme djihadiste, les régimes dictatoriaux et théocratiques ont contribué à sa formation, et leurs exactions le renforce !

    Le NPA apporte son soutien aux manifestants de Bahrein qui, en solidarité avec les victimes du régime saoudien, occupent les rues de plusieurs villes depuis deux jours, et s’opposent à la répression qui les vise.

    Il apporte son soutien à tous les opposants au régime des Al Saoud qui se battent pour la démocratie, la justice sociale et réclament « le renversement du régime ».

    Montreuil, le 4 janvier 2015

    https://npa2009.org/communique/allie-privilegie-de-hollande-le-regime-saoudien-assassine

    Lire aussi:

    https://npa2009.org/actualite/international/notre-ami-le-roi

     
  • Violents affrontements à Bahreïn entre manifestants chiites et police (Anti-k)

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    Dubaï – Des affrontements ont opposé dimanche à Bahreïn la police à des manifestants chiites qui protestaient contre l’exécution la veille du chef religieux Nimr al-Nimr dans le royaume saoudien voisin, ont rapporté des témoins.

    Ces violences ont fait des blessés. Elles se sont produites dans plusieurs localités chiites de la banlieue de Manama où la police a tiré des gaz lacrymogènes et, dans certains cas, des balles de chevrotine en direction de manifestants qui ont lancé des cocktails Molotov, ont ajouté ces témoins.

    Le cheikh Nimr était vénéré par la communauté chiite majoritaire à Bahreïn et les manifestants brandissaient des portraits de lui dans les localités de Jidhafs, Sitra, Duraz et Bilad al-Qadeem.

    Les affrontements les plus violents ont eu lieu à Sitra, à l’ouest de Manama, où 400 manifestants se sont heurtés à la police, selon des témoins.

    A Duraz, les forces de sécurité ont tiré des gaz lacrymogènes sur les manifestants qui ont bloqué une route et jeté des pierres en direction des policiers, selon les mêmes sources.

    Dès samedi, les autorités bahreïnies avaient prévenu qu’elles prendraient toutes les mesures légales nécessaires contre les auteurs d’actions offensantes ou négatives à l’égard de la décision du royaume saoudien d’exécuter Nimr al-Nimr.

    Ces fauteurs de troubles pourraient être poursuivis pour incitation à la sédition et menace à l’ordre civil, avait averti le ministère de l’Intérieur.

    Bahreïn, siège de la Ve Flotte américaine et dirigé par une dynastie sunnite, est le théâtre de troubles sporadiques depuis des manifestations de masse en 2011 de la majorité chiite qui demandait des réformes et un plus grand rôle politique pour cette communauté.

    Le pouvoir à Bahreïn fait montre d’une extrême fermeté à l’égard des opposants, mais nie toute discrimination envers les chiites. Les dissidents sont souvent accusés d’être liés à l’Iran, une accusation qu’ils rejettent. 4 janvier 2016

    http://www.anti-k.org/violents-affrontements-a-bahrein-entre-manifestants-chiites-et-police

    Commentaire: Nous ne classons pas ces évènements dans la rubrique "religions"

  • Blair, menteur et faussaire (Npa)

     

    sto war

     

    Douze ans après les événements, l’ancien Premier ministre britannique, Tony Blair, a présenté de prétendues « excuses » à propos de la guerre en Irak de 2003.

    «Je présente mes excuses pour le fait que les informations que nous avons reçues étaient fausses. Je m’excuse aussi pour certaines des erreurs dans la planification et, évidemment, pour notre erreur à comprendre ce qui se passerait après le renversement du régime», ajoutant qu’il trouve «difficile de s’excuser d’avoir mis fin au pouvoir de Saddam»

    Nous ne versons pas la moindre larme sur Saddam Hussein, mais Blair oublie les men- songes répétés de ceux qui ont déclenché une guerre pour le pétrole, au premier rang des- quels George W. Bush et lui-même. Tony Blair «oublie» de mentionner que les renseigne- ments sur les prétendues armes de destruction massive en Irak ont été sciemment maquil- lés ou totalement inventés.

    Il «oublie» de mentionner que, dès mars 2002, comme vient de le révéler un quotidien britanique sur la base de documents américains, il était associé aux préparatifs de la guerre déclenchée un an plus tard (à l’époque, Blair proclamait sur tous les tons qu’il cherchait une solution diplomatique..). Bien naturellement, Tony Blair «oublie» aussi les victimes civiles irakiennes : des centaines de milliers de victimes des suites du blocus préalable à la guerre (dont de nombreux enfants), et pour ce qui est de la guerre elle-même, au moins cent mille tuéEs, des centaines de milliers de blesséEs, des milliers de disparuEs, des centaines de milliers de personnes déplacées et de réfugiés.

    Si Tony Blair sort aujourd’hui de sa boîte sur cette question, c’est qu’un rapport parle- mentaire britannique risque de remettre la question irakienne sur le tapis. Ses excuses en trompe-l’œil visent à prendre les devants. Au-delà de sa personne, malgré tous les discours humanitaires, les méthodes des dirigeants impérialistes n’ont clairement pas changé depuis 1914 : diplomatie sécrète et mensonges sur le dos des peuples !

  • Le Parti communiste libanais condamne les crimes terroristes (Essf)

    *

    A Kobané (Aïn Al-Arab), Koweït, Tunisie et en France

    Le Parti Communiste libanais (PCL) condamne les crimes terroristes barbares contre des centaines de personnes civiles au Koweït, en Tunisie et en France.

    Il a aussi condamné le massacre perpétré à Aïn Al-Arab, sous le couvert du gouvernement turc, appelant les peuples de la région, en particulier les forces de gauches, ainsi que les progressistes et les démocrates, à unifier leurs luttes afin de faire face au projet terroriste-fasciste qui tente de légaliser les massacres et le chaos et de mieux servir les objectifs du soi-disant projet impérialiste appelé « Le Moyen-Orient nouveau ».

    Le PCL a envoyé des missives dans ce sens au « Courant progressiste Koweitien » ainsi qu’au « Front populaire » tunisien et autres partis de la gauche en Tunisie ; il a affirmé sa solidarité avec les peuples de Tunisie, du Koweït et de France, ainsi que les forces populaires kurdes dans la lutte qu’ils mènent contre le terrorisme qui a l’aval de l’impérialisme étasunien, des forces sionistes et de la réaction arabe.

    PCL, Beyrouth, le 27 juin 2015

    http://assawra.blogspot.fr/2015/06/le-parti-communiste-libanais-condamne.html

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35325