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Sur le site de l’United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs appelé l’OCHA* on peut avoir apparaitre cette page : http://www.ochaopt.org/content.aspx... qui montrent les dommages physiques liés aux bombardements massifs dans la bande de Gaza perpétrés par l’armée israélienne (sous les yeux souvent enchantés des colons habitant aux alentours). Les images satellites affichées permettent de constater l’avant et l’après... Certaines zones et habitations ont été littéralement RASÉES (...)
Act to end complicity with Israel’s massacre of Gaza. Wear black to show your sympathy and support for the people of Gaza. Wear black to show your opposition to those who aid Israel’s accumulative genocide against the Palestinian people. To turn a blind eye to Israel’s massacres in Gaza today is to be complicit in Israel’s genocidal attacks against the Palestinian people. As of 2 PM on August 9th, an estimated 1,922 Palestinians have been killed — of whom 448 are children and 235 women — and (...)
Près de 2 000 morts, plus de 10 000 blessés, plus de 400 000 déplacés, des dizaines de milliers de bâtiments détruits ou endommagés… Le bilan de l’agression israélienne contre Gaza s’alourdit, malgré les « trêves » et autres « cessez-le-feu », de jour en jour. Il s’agit tout simplement, en termes de bilans humain et matériel, de la plus violente offensive israélienne dans les territoires palestiniens depuis la guerre de juin 1967. À l’heure actuelle, l’attention se polarise sur les « négociations » en cours (...)
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Henk Zanoli, 91 ans, avait reçu la médaille de Yad Vashem pour avoir caché un enfant juif entre 1943 et 1945. Aujourd’hui, il reproche à Israël le "meurtre" de six personnes de sa famille dans les bombardements de Gaza. Un Néerlandais de 91 ans, distingué comme "Juste parmi les Nations" pour avoir sauvé un enfant juif durant l’Occupation nazie, a rendu sa médaille, arguant que six de ses proches sont morts à Gaza sous les bombes israéliennes, ont rapporté vendredi les médias israéliens et néerlandais. (...)
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BASSIOUNY Mustafa, HARROLD Ross - 17 juillet 2014
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L’insurrection révolutionnaire, qui a secoué la Tunisie vers la fin de 2010 et le début de 2011, a permis aux classes populaires et à la jeunesse de chasser Ben Ali et de briser son pouvoir. Mais, abattre le dictateur est une chose. Abattre le système économique et social, qu’il gardait, en est une autre.
Force et limites du mouvement révolutionnaire tunisien
Après avoir supporté, pendant 23 ans, la dictature néocolonialiste du capitalisme mondial, le
peuple tunisien s’est enfin révolté. Parti du centre de la Tunisie, l’insurrection révolutionnaire a vite gagné le reste du pays, notamment la capitale Tunis. Il ne lui a fallu que 29 jours pour déboulonner le dictateur.
La révolution a affiché comme objectif central celui d’abattre le régime. Mais, celui-ci a bien résisté à l’assaut populaire, malgré la perte de son chef. Le mouvement révolutionnaire, essentiellement spontané et manquant d’expérience politique, n’a pas su intégrer ses actions et ses différentes initiatives politiques dans une perspective de rupture avec l’ordre dominant. Il s’est finalement laissé ‘apprivoiser’ par les partis politiques de droite. Le mouvement syndical et, surtout, la gauche assume une lourde responsabilité dans ce premier échec.
Le mouvement syndical, sous contrôle bureaucratique. Un pas en avant, deux en arrière
La direction du puissant syndicat ouvrier, UGTT, a été, durant les deux premières semaines de l’insurrection révolutionnaire, ouvertement hostile à ce mouvement. Pareil qu’en 2008, lors de la longue révolte du bassin minier.
L’engagement massif des syndicalistes dans le mouvement révolutionnaire et la pression qu’ils exerçaient sur la direction de l’UGTT, l’augmentation du nombre des victimes et, surtout, l’incapacité évidente du pouvoir à éteindre le brasier, l’ont finalement poussé dans le camp de la révolution. Le 11 janvier, elle décida une série de grèves générales régionales tournantes. La région de Tunis a été programmée pour le 14 janvier. La direction de l’UGTT était loin de se douter que ce jour allait être le dernier du long règne de Ben Ali.
Le ralliement de cette direction à la révolution a permis un dénouement rapide de l’affrontement avec la dictature et, surtout, d’en limiter le coût en vies humaines.
La gauche, faiblesse et divisions
Malgré son fort ancrage dans le mouvement ouvrier tunisien, dont les origines remontent au début du XXe siècle, son combat contre toutes les formes de colonialisme et son engagement dans le mouvement révolutionnaire, la gauche tunisienne n’a pas pu jouer un rôle politique décisif après la chute de Ben Ali. Ce qui a permis au régime en place et aux forces impérialistes, de parer au plus pressant, en faisant appel aux services de vieux responsables politiques, puis aux islamistes, pour contenir la vague révolutionnaire et stabiliser le pouvoir de nouveau.
Le prix payé à la dictature, son extrême division et l’absence de perspectives politiques claires expliquent les défaillances de la gauche, à un moment décisif de la lutte des classes en Tunisie.
Déroute du parti-Etat et de la grande bourgeoisie locale
Il était difficile d’imaginer une insurrection révolutionnaire en Tunisie, en 2010. Encore moins, la chute du général Ben Ali. Bien entendu la situation sociale était catastrophique, la corruption générale et le contrôle criminel des familles du palais d’un pan de l’économie presque total. Cependant, les signes d’une irruption sociale imminente étaient difficiles à déceler.
Le 17 décembre 2010, un fait divers dramatique a brusquement changé la donne. La contestation des parents de la victime de ce drame, devant le siège du gouverneur, a marqué le début d’un mouvement de remise en cause du système, qui a fini par enflammer l’ensemble du pays.
Le pouvoir politique ne s’attendait pas à un embrasement social aussi général. La police et l’armée ont été vite débordées par l’ampleur du mouvement, mais aussi par sa forte détermination.
Le 14 janvier, vers le début de l’après-midi, l’avenue principale de la capitale a été occupée par une immense foule. Des dizaines de milliers de manifestants se sont massés spontanément face à l’immeuble, symbole de la dictature, du ministère de l’Intérieur. Puis, elle a scandé pendant des heures ‘dégage’ contre le dictateur, avant d’être violemment dispersée les brigades anti-émeutes.
Ben Ali a fini par être lâché par la grande bourgeoisie locale et par l’impérialisme. Son parti, qui comptait, quelques semaines plutôt, des centaines de milliers de membres, a, lui aussi, disparu dans la nature. Il ne restait au Général qu’une seule issue ; la fuite à l’étranger. Ce qu’il fit sans hésitation !
Les forces impérialistes au secours du régime tunisien
Au-delà des faiblesses du mouvement révolutionnaire, des erreurs de la gauche et des hésitations de la direction syndicale, le régime tunisien doit sa survie, notamment, grâce à l’intervention et au soutien multiforme des forces impérialistes. La grande bourgeoisie locale était, quant à elle, dans un désarroi total.
La rencontre du G8 à Deauville, fin mai 2011, qui s’est penchée sur ‘le printemps arabe’, n’était que la partie visible de la réaction et des manœuvres de l’impérialisme face aux insurrections révolutionnaires qui remettaient en cause l’ordre impérialiste dans la région arabe.
L’ingérence impérialiste, dans les affaires tunisiennes s’est renforcée. C’est ce qu’illustre l’influence qu’exercent les ambassades des Etats dominants sur les partis politiques locaux, et le contrôle quasi-total de la politique économique et sociale par les institutions financières internationales (IFI) et la Commission européenne.
Ennahdha à l’épreuve du pouvoir, face aux revendications populaires
L’insurrection révolutionnaire et la chute du dictateur ont créé des conditions objectives idéales, pour commencer une transformation progressiste de la société tunisienne. Il était important pour les classes populaires de savoir quelle force politique pouvait le faire ?
Beaucoup, parmi ces classes, étaient séduits par le parti islamiste Ennahdha, ce qui lui a permis d’obtenir la majorité relative aux élections, du 23 octobre 2011, de l’Assemblée Constituante, avec environ 37% des voix exprimées ; soit 89 sièges sur un total de 217 sièges. Mais, pour gouverner, il lui fallait plus. Il a noué une alliance gouvernementale avec deux autres partis, qui ont totalisé 49 sièges, formant ainsi la Troïka. Ennahdha, mais aussi les partis qui ont gouvernés avec elle, ont été chargée, d’une manière démocratique, de faire cette transformation.
Cependant, la Troïka, avec les islamistes aux commandes, a préféré servir de relais aux plans et aux exigences néocolonialistes : en poursuivant le remboursement de la dette de la dictature, en signant l’Accord de libre-échange complet et approfondi, véritable traité néocolonialiste exigé par l’Union Européenne et en signant, avec le FMI, un nouveau plan, qui durci l’austérité budgétaire et les restructurations capitalistes néolibérales… Bref, elle a poursuivi, dans des conditions sociales radicalement différentes, la même politique qui a conduit la Tunisie à l’insurrection. Résultats : extension et approfondissement de la crise !
La Troïka a été rattrapée par sa trahison des promesses de justice sociale, de lutte contre la corruption et de demander des comptes aux criminels de l’ancien régime. Les islamistes, et leurs alliés, savaient qu’il était impossible de dire oui, sur toute la ligne, au bourreau et de ménager, en même temps, ses victimes. Mais, leur nature de classe, leurs intérêts politiques et leur idéologie, ne pouvaient que les pousser à être les nouveaux serviteurs du néocolonialisme. Cette expérience a démontré, de manière irréfutable, l’incapacité de l’islam politique à satisfaire les revendications sociales, démocratiques et nationales exigées lors de l’insurrection révolutionnaire. Encore une voie sans issu !
Après une première période de gouvernement chaotique, les islamistes ont jeté l’éponge, une première fois, le 6 février 2013, à la suite de l’assassinat de Belaid, l’un des dirigeants du Front populaire (FP). Puis, définitivement, le 9 janvier 2014, sous la pression conjuguée de la rue, des partis politiques d’opposition et des puissances étrangères. Ils ont mis fin à 767 jours de gouvernement de la Tunisie, par la Troïka. Un gouvernement dit de ‘technocrates’, estampillé du label ‘consensus national’, a pris le relais.
Le Front Populaire : union difficile des forces de gauche et des nationalistes arabes
La gauche et les nationalistes arabes ont subi une défaite cuisante aux élections de 2011. Tirant le bilan de cet échec, ils ont formé, le 7 octobre 2012, le FP pour la réalisation des objectifs de la révolution.
Malgré des divergences idéologiques et un passé de conflictuel, les principales constituantes du FP ont réussi à préserver leur union, voire même à la consolider ; le FP est désormais un parti politique en construction.
Le Front n’est pas homogène, loin s’en faut. Il renferme toutes les tendances de la gauche et du mouvement nationaliste arabe. Pour certaines tendances, ces dénominations ne veulent plus dire grand-chose. Le seul catalyseur, de ce corps politique composite, est une réalité sociale très tendue, conflictuelle et dépourvue de vision alternative claire.
Le FP populaire se veut une force de progrès, voire révolutionnaire. Ses dizaines de milliers de membres sont bien ancrés dans le mouvement social, syndical et révolutionnaire.
Par contre, la direction du FP ne mesure pas bien l’étendue de son capital de confiance auprès des classes populaires. Là où il faut agir fermement, elle hésite encore, elle doute même et s’impose des autolimitations. En politique il ne peut y avoir de certitudes sur l’issu d’un combat que l’on engage. Mais, prendre l’initiative, frapper le premier, contribue souvent à déterminer l’issue de la bataille.
Le FP serait actuellement la troisième force politique. Il se prépare à participer aux prochaines élections législatives et présidentielles, qui débuteront à la fin d’octobre 2014, sous sa propre bannière.
Nida Tounès : recomposition de la droite néolibérale
Le Rassemblement constitutionnel démocratique (RCD), parti de l’ancien dictateur a été dissout le 9 mars 2011. Depuis, les initiatives de regroupement de ses anciens membres se sont multipliées. Nida Tounès est, de loin, le nouveau parti qui a réussi, non seulement à regrouper bon nombre d’entre eux, mais à attirer aussi vers lui des cadres du mouvement démocratique et syndical.
Nida Tounès, serait le premier parti, selon les sondages d’opinions, devançant Ennahdha. À l’instar du FP, Nida Tounès a décidé d’aller seul aux prochaines élections. Plusieurs signes indiquent que ce dernier et Ennahdha seraient d’accord pour gouverner ensemble, après les élections. Leur accord est total concernant le maintien de l’orientation capitaliste néolibérale de la politique économique et sociale. Par contre, ils divergent concernant la sécularisation de la société et, plus particulièrement, les droits acquis des femmes tunisiennes.
Echec et déroute des islamistes au pouvoir.
L’arrivée des islamistes au pouvoir, dans les conditions concrètes de la Tunisie après le 14 janvier, était inévitable. Cela a couté très cher à la Tunisie. Cependant, à quelque chose malheur est bon ! Cette expérience malheureuse a permis aux classes laborieuses de mettre les islamistes à l’épreuve de leurs revendications sociales légitimes, et qui nécessitent des choix politiques clairs. La faillite des islamistes au pouvoir est totale. Cela va certainement permettre à la société tunisienne de pouvoir enfin exorciser ses démons !
L’une des tâches urgentes, des forces sociales et politiques progressistes tunisiennes, doit consister, à partir de l’expérience vécue, à aider à la cristallisation de la conscience de classe des forces laborieuses tunisiennes. Concrètement, il leur faut se battre pour que les élections prochaines soient l’occasion de réparer les erreurs graves du passé, et non pas une nouvelle tentative pour restaurer le pouvoir de la dictature. Cela veut dire, avoir un programme électoral qui marche sur les deux jambes : politique d’une part, et, économique et social, d’autre part. Contenant des mesures immédiates et opérantes pour renverser la tendance actuelle.
Le ‘dialogue national’ accouche d’un gouvernement ‘technocrate’
La Troïka a été docile vis-à-vis des injonctions impérialistes. Mais, signer des accords de libre-échange, et accepter des plans d’austérité et de restructurations néolibérales est une chose, les appliquer en est une autre. Aussi, face aux effets catastrophiques de ces mesures, les islamistes ont commencé à s’inquiéter de la dégradation de leur image, et du coût politique que cela impliquait, tandis que les Institutions financières internationales et la Commission européenne, continuaient d’exiger d’eux toujours plus et plus vite.
Mission du gouvernement ‘technocrate’ : durcir l’austérité et les restructurations capitalistes néolibérales
Les forces capitalistes ont finalement décidé d’écarter la Troïka du pouvoir. Parmi les moyens économiques utilisés pour atteindre cet objectif, l’embargo financier, qu’ils ont commencé à appliquer à partir de juin 2013. Il ne prit fin qu’avec l’entrée en fonction du nouveau gouvernement, en janvier 2014.
Ce dernier a émergé, en apparence, du ‘dialogue national’ qui a été mise en place, un mois après l’assassinat de Brahmi, autre leader important du FP, le 25 juillet 2013, et le mouvement populaire qui s’en est suivi, pour réclamer le départ des islamistes du pouvoir et la dissolution de toutes les instances issues des élections de 2011.
Ce gouvernement est supposé n’avoir pas de liens d’intérêts avec les partis politiques. Il est supposé aussi être l’émanation du dialogue national. Rien n’est moins vrai ! Il a été concocté dans les coulisses des chancelleries étrangères, avec la collaboration de la grande bourgeoisie locale dont les intérêts sont intimement liés aux intérêts des firmes transnationales.
La plupart des membres du gouvernement actuel, sont des cadres dans les firmes transnationales, et dans les IFI. Leur mission, à laquelle ils s’y emploient avec dévouement, consiste à accélérer l’exécution des accords signés avec les IFI et la commission européenne.
Les prochaines élections législatives et présidentielles (octobre-décembre 2014).
Avant de quitter le pouvoir, la Troïka a fait voter à l’Assemblée Constituante, un budget qui durcit la politique d’austérité. Mais, quelques jours à peine après ce vote, la contestation populaire à fait reculer la Troïka, l’obligeant à annuler une partie des nouvelles mesures fiscales qui affectent les revenus et le pouvoir d’achat des classes populaires et moyennes. L’ampleur du mouvement a, du même coup, forcé le dirigeant d’Ennahdha et chef du gouvernement, Larayedh, à démissionner.
Le départ des islamistes du pouvoir a été accueille avec un grand soulagement dans le pays. Le nouveau gouvernement a joui d’un préjugé favorable auprès de l’opinion publique. De plus, il jouit d’un large soutien politique. Il a aussi le soutien des deux grandes organisations professionnelles ouvrière et patronale. Officiellement, il doit réunir les conditions nécessaires pour le bon déroulement des élections, supposées marquer la fin de la transition démocratique de la Tunisie.
Le gouvernement technocrate a mis cela à profit, pour faire des avancées significatives dans les grands dossiers des réformes structurelles néolibérales. Cependant, il avance avec précaution en ce qui concerne les mesures d’austérité budgétaire. Il a été contraint d’organiser ‘un dialogue économique national’ afin de garantir une couverture politique au programme d’austérité. Mais, ce dialogue n’a pas abouti, notamment à cause des réticences de l’UGTT et de l’opposition du FP aux augmentations des prix des produits de première nécessité.
Cela a poussé le gouvernement à mettre de l’eau dans son vin ; il a été contraint de maintenir les subventions aux produits de base, mais a opéré dans le même temps des augmentations importantes pour le prix du carburant, de l’électricité et du gaz.
Enfin, le projet de budget complémentaire pour 2014, qu’il vient de présenter à l’Assemblée Constituante comporte de nouvelles mesures fiscales et des retenues obligatoires sur les salaires, allant d’une journée à six journées de travail.
La dernière ligne droite du processus révolutionnaire
La tension sociale est de nouveau montée d’un cran à l’annonce de ces mesures. Dans le même temps, les partis politiques sont plongés dans les tractations et la recherche d’alliances pour les prochaines élections. Seul le syndicat UGTT demeure vigilant par rapport à la politique du gouvernement. Il s’est opposé à l’augmentation du prix de l’essence, il a aussi exigé des négociations sur les salaires.
Les classes populaires se sentent de nouveau abandonnées par les partis politiques trop préoccupé à l’heure actuelle par les élections qui approchent vite. Le gouvernement semble lâcher du lest sur les questions très sensibles qui touche les produits de première nécessité. Par contre il a accéléré la cadence des réformes : secteur bancaire et financier, code des investissements, code fiscal, et libéralisation de l’agricole, des services et des marchés publiques…
Les classes populaires et la jeunesse ont réussi, grâce à leur insurrection révolutionnaire, à briser leurs chaînes. Mais, presque quatre ans après la fin de la dictature leurs conditions de vie se sont dégradées. Aucune amélioration de l’emploi ou bien du pouvoir d’achat n’est attendue.
L’avenir proche va dépendre du résultat des élections. Le pire sera le retour des islamistes au gouvernement, l’idéal sera une victoire électorale du FP.
Enfin, la restauration de l’ancien système, dans les mois à venir, est peu probable. Par contre, une nouvelle victoire révolutionnaire est fort possible. Tout dépendra de la capacité du mouvement révolutionnaire à dépasser ses faiblesses organisationnelles et à se doter d’un programme capable de convaincre les classes laborieuses. CHAMKHI Fathi 16 juillet 2014
Fathi Chamkhi est membre de la direction du Front populaire en tant que porte-parole de RAID, l’organisation affiliée à Attac et au Cadtm en Tunisie.
Une version vidéo de ce texte est disponible sur https://www.dropbox.com/s/2ry15ovdz...
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Quoique bien intégrés et bénéficiant d’un statut juridique relativement favorable, ils ne peuvent avoir accès à la nationalité syrienne[1].
Le régime syrien s’est toujours, et de façon très nette depuis le début de la révolte, appuyé sur les minorités, se présentant comme leur protecteur face au spectre de la division confessionnelle et ethnique pour s’assurer soutien populaire et crédibilité sur la scène internationale.
La population palestinienne ne peut certes pas être considérée comme une minorité nationale, mais son soutien est néanmoins précieux dans la mesure où le discours officiel du régime conditionne au maintien au pouvoir de Bachar al Assad la survie de la « résistance » à Israël. Ce soutien semble aujourd’hui bien entamé et le régime est conscient de l’impact symbolique que constitue une mobilisation des Palestiniens aux côtés des révolutionnaires syriens. En avril 2012, l’intellectuel palestinien vivant en Syrie Salama Kila a ainsi été arrêté, torturé puis expulsé en Jordanie pour avoir écrit dans un journal clandestin que «pour libérer la Palestine, il est nécessaire de faire tomber le régime [syrien]»[2]. C’est ce nouveau regard sur le régime, comme frein et non moteur de la résistance à Israël, ainsi qu’un sentiment de solidarité avec la population syrienne, qui a fait progressivement entrer les camps palestiniens dans la géographie de la révolte syrienne.
On se concentrera ici davantage sur les logiques de mobilisation de la jeune génération des camps, en laissant délibérément de côté les conflits, les prises de positions et les doutes des factions politiques palestiniennes traditionnelles à l’égard de la crise syrienne. Il semble en effet que celles-ci n’aient eu que peu d’influence sur les choix et les orientations récentes des Palestiniens, qui, de même que les révolutionnaires tunisiens et égyptiens, rejettent de plus en plus les structures partisanes[3].
Il est possible de distinguer trois niveaux de participation des Palestiniens de Syrie à la mobilisation, correspondant à trois périodes successives.
Durant les premiers mois de la révolte, les camps restent calmes. On observe alors cependant une participation indirecte et passive des Palestiniens. Pour tenter de la comprendre, une étude de la géographie des camps, en particulier leur répartition dans le pays et la place qu’ils occupent dans chaque ville, peut s’avérer utile.
À partir du mois de juin 2011, la contestation entre dans les camps palestiniens qui se révoltent non pas contre le régime syrien directement mais contre les milices palestiniennes pro-régime.
Enfin, depuis quelques mois seulement, la participation des Palestiniens à la révolte semble être entrée dans une troisième phase, celle de l’intégration active et directe, adoptant cette fois les mêmes moyens d’action, les mêmes modes d’organisation et les mêmes revendications que les révolutionnaires syriens.
De toute évidence, la volonté du régime et de certaines factions palestiniennes de maintenir les réfugiés hors des événements que traversait la Syrie était illusoire. Bénéficiant d’un statut juridique favorable, les Palestiniens se sont intégrés à la société syrienne. Ils sont désormais représentés dans toutes les classes et catégories sociales.
Une partie, certes minoritaire, de la population palestinienne a pu tirer profit de l’ouverture économique des dix dernières années. La qualité de l’enseignement des écoles de l’UNRWA[4] auxquelles ont accès les Palestiniens en Syrie, ainsi que le capital culturel élevé de nombreux réfugiés aux origines citadines, ont rendu possible l’ascension sociale d’une partie d’entre eux. Ils sont très présents dans les universités ainsi qu’à tous les niveaux des secteurs public et privé, en particulier dans les professions intellectuelles telles que l’enseignement et le journalisme.
Du fait de cette ascension sociale, de nombreux Palestiniens vivent désormais hors des camps, notamment dans le centre des grandes villes du pays. Les camps sont quant à eux sont également habités par de plus en plus de Syriens attirés par leur loyers bon marché. Le statut de « réfugié » et la qualification de « camps » pour designer les quartiers palestiniens, ne doit pas cacher la réalité de l’intégration et de la socialisation de la population palestinienne à la société syrienne. Ainsi, malgré le discours des factions palestiniennes traditionnelles, les réfugiés se sentent tout autant concernés par les événements. Comme le confiait avec ironie à l’auteur un étudiant du camp de Yarmouk à propos de la prétendue égalité entre Palestiniens et Syriens : « Finalement, nous sommes comme les Syriens : comme eux je ne peux pas voter pour changer de président, je dois faire le service militaire et si je me plains je vais en prison. Nous sommes égaux dans la souffrance et dans la détestation de ce régime ».
Dans la Syrie prérévolutionnaire, où la question palestinienne et plus généralement la « résistance » à Israël jouissaient d’un quasi monopole dans le débat public, la dictature ayant anéanti tout espace politique et toute dissidence intérieure, les camps palestiniens se distinguaient fondamentalement des quartiers syriens par l’omniprésence de la politique dans l’espace public. Portraits, drapeaux et affiches des innombrables factions palestiniennes couvrent les murs et remplissent les échoppes des camps. Outre les activités militantes, les factions palestiniennes organisent des activités culturelles, entretiennent la mémoire des « martyrs », gèrent des clubs de sport, offrent des bourses d’études, etc. S’ils rejettent aujourd’hui les factions, les Palestiniens sont dès le plus jeune âge confrontés et imprégnés de leurs discours politiques.
La mobilisation des Palestiniens de Syrie a tout d’abord pris la forme d’une participation passive et indirecte à la révolte. La majorité d’entre eux préférait rester en dehors du conflit. Le souvenir du sort réservé aux Palestiniens en Jordanie, au Liban et en Irak, qui ont payé cher leur engagement dans la politique intérieure, les incitait à ne pas prendre position dans un conflit dont l’issue était plus qu’incertaine[5].
Hésitant à participer directement à la révolte, ou du moins en tant que Palestiniens, de nombreux militants jugeaient inopportun d’organiser des manifestations dans les camps et préféraient grossir les rangs des cortèges des quartiers voisins. De fait, les camps palestiniens sont souvent situés à proximité des quartiers à la pointe de la mobilisation.Construits en périphérie des grandes villes, les camps se retrouvent aujourd’hui dans des banlieues densément peuplées, d’une population le plus souvent pauvre et sunnite arrivée avec l’exode rural, des travailleurs kurdes et turkmènes, des déplacés originaires du « Golan occupé ».
À Damas, les camps Yarmouk-Falestine jouxtent le quartier de HajrAswad, l’une des premières villes de la banlieue de la capitale à s’être mobilisée. Le camp palestinien de Homs se trouve tout près de l’université et du quartier de Baba Amr, aujourd’hui entièrement détruit par les bombardements. Le quartier de al-Ramel à Latakieh est coupé en deux, entre une partie syrienne sunnite au nord, qui s’est mobilisée dès le début de la révolte et un camp palestinien informel au sud. On retrouve une situation équivalente à Deraa et à Hama.
Cette proximité permet ainsi à certains jeunes Palestiniens des camps de participer aux manifestations des quartiers voisins, mais également d’offrir un refuge aux activistes pourchassés, aux déserteurs en fuite, aux blessés évitant les hôpitaux et aux familles déplacées. La surveillance étant souvent considérée comme moins intense dans les camps palestiniens, de nombreux militants syriens s’y réunissaient et s’y cachaient. Les comités locaux de coordination, qui organisent le mouvement dans chaque quartier, ont décrit les camps palestiniens comme « les poumons des villes assiégées »[6].
En effet, Deraa, première ville ayant subi le siège de l’armée, a bénéficié pendant un temps de l’aide matérielle fournie par les Palestiniens que ce siège avait relativement épargnés. Le même phénomène s’est produit à Homs où, selon plusieurs témoignages, les premières armes récoltées par les opposants auraient été fournies par des Palestiniens[7]. Un peu plus tard, le 15 août 2011, le quartier de al-Ramel à Latakieh, sur la côte méditerranéenne, a été investi par l’armée à la suite d’une série de manifestations. Les opposants pourchassés se sont retranchés dans le camp palestinien voisin qui a alors été bombardé par la marine.
Avant de se révolter contre le régime syrien, c’est contre les partis palestiniens que la colère de la jeunesse des camps va se tourner. Aux cris de « al sha’ab yourîd isqât al fasâ’il » (le peuple veut la chute des factions), la population des camps s’approprie le fameux slogan des révolutions arabes[8] et déclenche sa révolution au niveau local, à l’intérieur des camps.
Contrairement aux accusations portées par la propagande du régime syrien, les partis n’ont pas joué de rôle essentiel dans la mobilisation des Palestiniens.
De fait, différents partis politiques palestiniens sont actifs dans les camps. Seul le Hamas, allié traditionnel du régime syrien, a pris ses distances avec la « solution sécuritaire » du pouvoir. Le bureau politique du mouvement a quitté Damas pour s’installer entre le Caire et Doha. Si la plupart des partis affichent leur soutien au régime, certains se montrent de plus en plus prudents, craignant de perdre leur soutien populaire.
C’est notamment le cas du FDLP (Front Démocratique pour la Libération de la Palestine) et duFPLP(Front Populaire pour la Libération de la Palestine). Le Fatah a été accusé par le régime d’être responsable des premiers troubles à Deraa puis à Latakieh. Les dirigeants du mouvement n’ont eu de cesse de démentir toute implication, Mahmoud Abbas allant même jusqu’à nier la participation des Palestiniens aux manifestations en Syrie[9].
D’autres factions restent au contraire fidèles à Damas, participant même à la répression du soulèvement, au premier rang desquelles le FPLP-Commandement Général, d’Ahmed Jibril[10]. Ce parti est considéré par de nombreux opposants comme la branche palestinienne des services de renseignements syriens. De fait, ce sont les milices du FPLP-CG, les seules réellement armées, qui assurent la sécurité et la répression dans les camps. C’est donc contre ces milices que vont se révolter les Palestiniens à partir du mois de juin 2011.
C’est lors de la commémoration de la Nakba et de la Naksa, le 15 mai et le 5 juin 2011 que les premières émeutes éclatent dans les camps palestiniens. Chaque année, l’anniversaire de l’exode des Palestiniens en 1948, puis celui de la défaite de 1967, donnent lieu à des manifestations en faveur de la libération de la Palestine et du retour des réfugiés. À ces occasions, le 15 mai et le 5 juin 2011, des Palestiniens de Syrie ont manifesté à la frontière israélienne, parvenant même à la franchir et à s’introduire dans le « Golan occupé ». La marche du 5 juin fut particulièrement violente puisqu’une vingtaine de manifestants ont été tués par des soldats israéliens. C’est pendant les funérailles de ces victimes, le lendemain à Yarmouk au sud de Damas, que la première émeute a éclaté contre les factions palestiniennes. Le cortège funéraire s’est transformé en manifestation, s’attaquant au FPLP tout d’abord et FPLP-CG ensuite, dont le siège a été brulé et plusieurs cadres tués.
Contrairement à ce qui a souvent été présenté dans les médias[11], l’idée de se rendre à la frontière n’était pas qu’une manifestation orchestrée et pilotée par le régime syrien destinée à détourner l’attention des problèmes internes à la Syrie. Il s’agissait en réalité d’une initiative créée par un groupe de jeunes Palestiniens, pour la plupart opposés au régime syrien, rassemblés dans les mouvements de la « troisième Intifada »et de la « Révolution des Réfugiés »qui souhaitaient étendre le printemps arabe à la Palestine. L’objectif était même pour certains de tenter de ridiculiser l’armée syrienne en montrant que des manifestants désarmés étaient capables de franchir une frontière qu’aucun soldat syrien n’osait approcher. Cependant, les autorités syriennes ont tenté de détourner cette initiative à leur profit, tout d’abord en autorisant les manifestants à se rendre à la frontière, ce qui n’avait jamais été possible auparavant, mais également en leur fournissant des autobus.
C’est la tentative de récupération de l’événement, et notamment des « martyrs », qui a mis le feu aux poudres. De nombreux jeunes Palestiniens disent avoir compris à compter de cette date du 5 juin que le régime syrien utilisait la question palestinienne ainsi que celle des réfugiés pour son propre agenda politique.Cet événement a achevé de déconstruire le mythe de la Syrie championne de la « résistance » à Israël. Consciente de cette tentative d’instrumentalisation, la jeunesse des camps entame alors un bras de fer avec les factions pro-régime. En cette année 2012, au lendemain du dernier anniversaire de la Nakba, on constate qu’une telle marche commémorative n’a pas eu lieu.Le régime, n’ayant plus confiance en la foule palestinienne, ne peut désormais plus se payer le luxe de la mobiliser sans risquer de la voir se retourner contre lui.
Après s’être développée de façon autonome par rapport au soulèvement syrien, et répondant à des dynamiques propres aux camps, la mobilisation des Palestiniens s’intègre finalement à la révolution syrienne à partir des mois de février et mars 2012. C’est donc au bout d’un an de révolte que l’on peut observer un rapprochement entre les logiques et les modes de mobilisation des camps et celles des quartiers qui les entourent.
Il ne s’agit plus de combattre les autorités locales dans les camps, c’est-à-dire les milices du FPLP-CG et les shabbiha[12] palestiniens, payés par de grandes familles palestiniennes proches du régime, mais de réclamer désormais, aux côtés des Syriens, la chute du régime. Les mêmes formes de lutte et les mêmes modes d’organisation apparaissent alors dans les camps. Descoordinations locales (tansîqiyyat mahalia)[13], ont été créées dans chaque camp sur les mêmes modèles et en coordination avec les tansîqiyyat syriennes des autres quartiers et organisent des manifestations nocturnes quotidiennes.
Les militants recueillent des informations et publient sur le réseau social Facebook des listes de noms et des photos de « collaborateurs », soupçonnés de travailler avec le régime ou avec le FPLP-CG. Des soldats de l’Armée de Libération de la Palestine(ALP)[14] désertent et rejoignent l’Armée Syrienne Libre (ASL) faisant le serment de libérer la Syrie d’abord, la Palestine ensuite. Les milices du FPLP-CG toujours présentes dans les camps menacent les familles des potentiels déserteurs, ce qui explique que les défections soient pour l’instant peu nombreuses et rarement publiques[15]. Le climat au sein de l’armée de libération est extrêmement tendu. À la fin du mois de mars, trois officiers ont été assassinés en pleine rue à Yarmouk. Des attaques contre des personnalités connues pour leurs opinions hostiles au régime répondent aux opérations de l’armée libre contre des Palestiniens soupçonnés de participer à la répression. Le responsable de la sécurité du camp de Yarmouk, Imad Serya, a été assassiné par l’ASL[16]. Depuis la fin du mois de juillet, les combats à l’intérieur des camps sont quotidiens. Le camp de Deraa est régulièrement bombardé. À Yarmouk, au cœur de la « bataille de Damas » qui se concentre aujourd’hui dans la banlieue sud autour des quartier de Tadamon et Hajr Aswad, des brigades palestino-syriennes de l’ASL affrontent les blindés de l’armée régulière. Les camps ressemblent désormais au reste de la Syrie.
L’entrée tardive et hésitante dans le mouvement révolutionnaire s’explique par la crainte de prendre position dans un conflit que de nombreux Palestiniens considèrent comme interne à la Syrie. Cependant on peut constater une certaine redéfinition identitaire de la jeune génération dans les camps palestiniens[17]. Les shebbab al-moukhayem, les jeunes du camp, comme ils aiment à se présenter, revendiquent plus aisément leur identité locale, de quartier, que leur identité strictement palestinienne. Certains se présentent également comme syro-palestiniens. Lorsque leur est rappelée leur identité palestinienne, ils ironisent en affirmant qu’ils ne sont pas « les enfants de Sykes-Picot », rejetant ainsi le découpage colonial des frontières de la région.
Tout comme les Syriens, les jeunes Palestiniens sont conscients de souffrir de la dictature, de la répression et de la corruption. L’existence de shuhada’,« martyrs » palestiniens de la révolution syrienne, participe à la construction de ce nouveau référent identitaire à travers la construction en cours d’une histoire commune. Cela se traduit donc par une mobilisation non plus côte à côte, mais avec les Syriens, comme cherche à le montrer ce slogan des manifestations palestino-syriennes: « wahed wahed wahed, falistini souri wahed »(un, un, un, les Palestiniens et les Syriens ne font qu’un).
Legrand, Felix. « Les camps palestiniens dans la révolution syrienne ». Noria, 19 août 2012, [En ligne] http://www.noria-research.com/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne (date de consultation)
Notes:
http://www.noria-research.com/2012/08/19/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne/