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Féminisme - Page 8

  • Maroc : derrière les beaux discours, la discrimination des femmes (lutte Ouvrière)

    Le Maroc se targue de participer à toutes les conférences internationales relatives aux droits des femmes, et le pays a ratifié la plupart des documents internationaux destinés à promouvoir l’égalité hommes-femmes. Il vient de présenter devant l’ONU son rapport périodique sur la question, qui concerne les années 2009-2012.

    Ce rapport met sans doute en avant les quelques dispositions prises ces dernières années en faveur des femmes, comme le droit à l’IVG en cas de viol, d’inceste ou de malformation grave du fœtus, ou bien la répression du harcèlement sexuel. Mais, derrière ces mesures bien insuffisantes, les beaux discours ne peuvent occulter une situation désastreuse pour les femmes de ce pays, qui de plus se dégrade dans certains domaines.

    L’Association démocratique des femmes du Maroc (ADFM) a publié un rapport parallèle, écrit en collaboration avec 32 autres ONG marocaines, qui dénonce les multiples discriminations dont les femmes sont victimes. Même si l’IVG est tolérée dans certains cas, il n’en reste pas moins qu’une femme choisissant de se faire avorter au Maroc peut aujourd’hui écoper d’un à cinq ans de prison ferme. Cela conduit à la multiplication des avortements clandestins, estimés à 600 à 800 par jour, dans des conditions sanitaires souvent lamentables.

    L’ADFM pointe aussi du doigt les difficultés d’accès au divorce pour les femmes, l’interdiction des relations sexuelles hors mariage, auxquelles on peut ajouter l’augmentation constante ces dernières années des mariages de mineures, essentiellement des jeunes filles entre 14 et 17 ans. Alors que le Maroc en comptait 18 000 en 2004, le nombre de ces mariages est passé à 35 000 en 2013. Ils sont théoriquement interdits par le nouveau Code de la famille, mais les dérogations accordées par le juge de la famille, censées être utilisées de manière exceptionnelle, sont devenues la règle.

    En matière de droit du travail, la situation des femmes régresse aussi. Le taux d’activité féminin, déjà trois fois plus faible que celui des hommes, est passé de près de 28 % en 2000 à 24,7 % en 2012. Cette situation s’explique en partie par une plus grande vulnérabilité des femmes sur le marché de l’emploi, car elles sont globalement moins scolarisées et moins formées que les hommes. L’analphabétisme concerne encore 47,6 % des femmes (et plus des deux tiers d’entre elles en zone rurale) contre 25,3 % des hommes.

    Derrière l’esbroufe des conférences internationales et des rapports à l’ONU, reste la mauvaise volonté manifeste du gouvernement du Maroc, même en matière de législation et d’avancées sociales pour les femmes.

    Valérie FONTAINE 21 Octobre 2015
     
  • Elections communales et régionales au Maroc: Où sont les femmes ? (Afriques en lutte)

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    Aucune femme n’a été élue à la tête des conseils régionaux.

    Les 12 nouveaux présidents des conseils régionaux sont tous des hommes. Les grandes décisions politiques sont une affaire d’hommes. Les femmes ont certes participé, elles avaient même des listes « sur mesure » pour elles. 14 femmes seulement ont obtenu leur siège à la chambre des conseillers contre 106 hommes !

    Ce constat est triste et décevant pour un pays comme le Maroc qui essaye tant bien que mal de se frayer un chemin vers la démocratie. La constitution de 2011 nous a donné plein d’espoirs et de rêves avec son article sur l’égalité entre hommes et femmes …Mais sincèrement devront nous être étonnés par cette absence des femmes dans la présidence des régions ? La chose politique ne fait que refléter l’état d’âme d’une société ! Et comme tout le monde le sait notre société est structurellement minée par un machisme culturel des plus primaires, aggravé par un retour en force d’un conservatisme religieux assez inquiétant.

    L’absence de femmes au sein des conseils régionaux n’est finalement qu’un symptôme de plus de ce retour en arrière de la démocratisation du pays. Cela montre une fois de plus que Le Politique est aujourd’hui entre les mains d’un implacable patriarcat fortement renforcé par des mentalités forgées par la misogynie culturelle. La représentation politique des femmes reste le plus souvent et malheureusement le résultat soit d’un compromis idéologico - politique soit celui d’une cynique instrumentalisation de « l’alibi » femmes par certains décideurs politiques afin d’afficher leur prétendue adhésion aux valeurs de la démocratie et de la modernité !!

    La question des femmes reste l’otage d’une triple discrimination ; celle du néolibéralisme sauvage, du patriarcat culturel et de l’autoritarisme politique et religieux.

    La constitution, les réformes, les lois qui stipulent l’égalité et la parité sont certes importantes mais elles resteront toujours vaines sans une vraie révolution des mentalités et un réveil des consciences des hommes et des femmes...Beaucoup de chemin reste à faire…

    Octobre 2015 Asma Lamrabet

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/elections-communales-et-regionales

  • Halte à la traite des femmes mauritaniennes vers l’Arabie saoudite (Afriques en lutte)

    La Confédération syndicale internationale a reçu des informations alarmantes de la part de ses affiliées mauritaniennes, signalant que 900 Mauritaniennes travaillaient sous la contrainte en Arabie saoudite.

    Un grand nombre d’entre elles subissent des violences, sans aucun recours.

    La Mauritanie éprouve encore des difficultés à mettre un terme à l’esclavage traditionnel mais, en outre, des formes contemporaines d’esclavage telles que la traite des êtres humains sont en hausse.

    Les syndicats mauritaniens affiliés à la CSI reçoivent chaque jour des plaintes de femmes qui reviennent d’Arabie saoudite après y avoir travaillé sous la contrainte. Toutes signalent qu’on leur avait promis des salaires et des emplois décents en Arabie saoudite en tant qu’infirmières et enseignantes, mais qu’elles se sont retrouvées travailleuses domestiques, payées quelques dollars par jour. Leur passeport leur a été confisqué et elles ne pouvaient pas quitter la maison sans l’autorisation de l’employeur.

    Certaines ont été victimes de harcèlement sexuel et disent avoir été frappées et enfermées sans nourriture ni eau pendant une semaine. D’autres ont été menacées de viol si elles se plaignaient de leurs conditions de travail. Lorsqu’elles ont demandé à repartir en Mauritanie, leur employeur a refusé. 10 octobre 2015

    Ces travailleuses sont clairement victimes de la traite d’êtres humains à des fins de travail forcé. Mais le gouvernement de Mauritanie reste indifférent aux appels au secours lancés par les familles et les syndicats mauritaniens.

    Tant que le programme sur les travailleurs migrants ne sera pas révisé pour établir des sauvegardes contre le travail forcé au niveau des employeurs, d’autres violations se produiront.

    Souhaitez-vous envoyer un message au gouvernement mauritanien maintenant ?

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/mauritanie-55/article/halte-a-la-traite-des-femmes

  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

    Manif maroc contre mariage des mineures

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    Maroc : le mariage des mineures reste autorisé

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  • Blocage de la loi sur les violences faites aux femmes (Algeria Watch)

    Des associations montent au créneau

    Le projet de loi sur les violences faites aux femmes a fait sortir de sa léthargie le mouvement associatif féminin. Plusieurs associations, à leur tête le réseau Wassila, ont décidé d’unir leurs forces pour faire pression sur le pouvoir afin qu’il assume ses engagements.

    La loi contre les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale (ANP), n’est toujours pas programmée au Conseil de la nation. Pourtant, le projet a été transmis aux membres de la Chambre haute du Parlement pour débat et approbation. D’aucuns s’interrogent sur sa non-programmation au Sénat alors que la commission des affaires juridiques l’a examinée en présence des experts ?

    Douze associations, militant pour l’émancipation de la femme, la défense et l’égalité de ses droits, sa protection, l’aide aux femmes et enfants victimes de violences…, s’inquiètent de ce retard et du silence de cette institution et ont envisagé d’agir en interpellant toutes les instances concernées par le phénomène de la violence qui prend de l’ampleur dans notre société. A cet effet, une lettre argumentée et signée par toutes les associations féminines sera adressée aux différentes institutions.

    Dans cette missive, il sera d’abord demandé au Conseil de la nation de programmer et de voter le plus rapidement cette loi. Il est également détaillé et argumenté les raisons d’une telle urgence. Les signataires expliquent que cette loi a été proposée après les nombreuses demandes des associations pour lutter contre ces violences qui détruisent les femmes et les familles. «Aujourd’hui, notre inquiétude est grande en constatant qu’aucune date n’a été fixée pour son étude, alors que nombre de lois votées par l’APN bien après ont déjà été adoptées par le Conseil de la nation», déplorent ces associations.

    La violence à l’égard des femmes provoque chaque année des décès, des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie. «Les femmes attendent cette loi qui les encouragera à se protéger, sinon on est en situation de non-assistance à personne en danger. Des femmes osent maintenant déclarer cette violence, ne pas les prendre en charge, c’est les laisser offertes à l’arbitraire et aux représailles des agresseurs», affirment Mme Djerbal, membre du réseau Wassila.

    De son avis, et c’est ce qui est mentionné dans la lettre, la banalisation et la grande tolérance de la société face à cette violence ont fait qu’elle est devenue le modèle d’impunité pour toutes les autres formes de violence. Que ce soit dans la famille, à l’école, dans la rue, au travail, la violence contre les femmes provoque des traumatismes profonds, qui compromettent le bon fonctionnement de la famille et de la société. Cette loi, rappelle Mme Djerbal, a pour but de sanctionner les agresseurs, de dissuader les hommes violents, car si cette violence n’est pas prévenue, encadrée par un texte de loi et des mesures concrètes pour l’appliquer, on perpétue et aggrave le désordre social.

    «Malgré la clause du pardon qui risque d’être obtenu par des pressions sur une victime fragilisée psychologiquement et matériellement par la peur de se retrouver à la rue, nous avons estimé que cette loi est un premier pas pour les victimes, en attendant les mesures concrètes de leur prise en charge», affirment les militantes des droits des femmes. Celles-ci interpellent l’Etat et lui rappellent que la réduction et l’éradication de la violence contre les femmes est de sa responsabilité, avec d’abord une sanction juridique claire, une loi et des mesures d’accompagnement institutionnelles connues et efficaces, effectivement appliquées.

    Nabila Amir El Watan, 7 juillet 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/associations_creneau.htm

  • Algérie : rencontre sur la Loi sur les violences faites aux femmes (Essf)

    La loi sur les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale, et transmise, depuis, au Conseil de la nation pour débat et adoption, a été le thème d’une rencontre du mouvement associatif, hier, à la maison de la Presse Tahar Djaout d’Alger.

    La loi sur les violences faites aux femmes, adoptée en mars dernier par l’Assemblée populaire nationale, et transmise, depuis, au Conseil de la nation pour débat et adoption, a été le thème d’une rencontre du mouvement associatif, hier, à la maison de la Presse Tahar Djaout d’Alger, où pas moins de 12 associations nationales de protection des droits de la femme se sont regroupées.

    Intervenant à cette occasion, Mme Nafissa Lahrèche, présidente de l’Association femmes en communication, a indiqué qu’aucune date n’a été fixée par le Conseil de la nation pour l’examen et l’adoption de loi contre les violences faites aux femmes. Et d’ajouter que « cette loi a été proposée suite aux nombreuses demandes d’associations de femmes pour lutter contre ce phénomène qui ne cesse de prendre des dimensions inquiétantes dans notre société ». Prenant la parole, Mme Soumia Salhi, de l’Association pour l’émancipation des femmes, a mis l’accent sur l’importance de mise en application de cette loi qui a pour but de prévenir toutes les formes de violence à l’égard des femmes, en sanctionnant les agresseurs, précisant que tout les jours, plusieurs femmes victimes de violence souffrent en silence. « Selon une étude réalisée en 2006 par le ministère de la Solidarité nationale, une femme sur 10 révèle avoir été violentée durant sa vie », a précisé Mme Salhi, ajoutant que « les violences engendrent, chaque année, des décès et des milliers de blessées, sans compter les traumatisées à vie ».

    Pour elle, les statistiques des différents corps de la sécurité démontrent la triste réalité. « 6.984 cas de violence faite aux femmes ont été enregistrés par les services de la DGSN, durant les neuf premiers mois de l’année 2014, dont 27 décès », a-t-elle indiqué. Mme Salhi a fait savoir que d’après le bilan des services de la Sûreté nationale, les problèmes familiaux viennent en tête de liste des actes de violence contre les femmes, avec 4.113 cas pour les six premiers mois de l’année, soit 58% des cas. Soulignant le rôle des médias pour faire face à toute forme de violences à l’encontre des femmes, la présidente de l’Association femmes en communication a estimé, elle, que cette loi qui constitue une réelle protection contre ce fléau qui représente une cause principale de dislocation de la cellule familiale. En effet, le projet de loi complétant le code pénal introduit les notions de « harcèlement dans les lieux publics », et de « harcèlement moral conjugal », prévoyant de lourdes sanctions pour réprimer les abus. Des sanctions allant jusqu’à 20 ans pour les coups et blessures volontaires portés par le conjoint sur son épouse.

    D’autres sanctions ont été également prévues contre les contraintes exercées sur les femmes par les maris afin de disposer de leurs ressources financières, oscillant entre six mois et un an de prison.

    Les sanctions contre les époux coupables de violence contre leurs conjoint « ayant entraîné une incapacité temporaire, un handicap permanent ou une amputation » ont été durcies. Des sanctions sont également prévues contre l’abandon de l’épouse « enceinte ou non » et contre les pressions ou intimidations visant à priver l’épouse de ses biens. Le projet de loi énonce par ailleurs des « sanctions » à l’encontre de l’auteur d’agression « sexuelle » contre la femme. Les sanctions sont « aggravées si le prévenu est un parent de la victime ou si celle-ci est mineur, handicapée ou enceinte ».

    Kamélia Hadjib

    * « Loi sur les violences faites aux femmes : Un phénomène qui interpelle la société ». El Moudjahid, PUBLIE LE : 08-07-2015 | 0:00 :
    http://www.elmoudjahid.com/fr/actualites/80360

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35382

  • Maroc: mettre une robe n’est pas un crime !

     

    Rassemblement devant l’ambassade du Maroc à Paris,

    samedi 4 juillet 2015 à 15h

    Dans un environnement de régression et d’attaques aux droits et libertés au Maroc : atteinte à la liberté d’expression, liberté de la presse, procès inéquitable où on condamne tout un groupe d’étudiants sans distinction  de la responsabilité individuelle comme exigé  dans un jugement juste. Les atteintes à la liberté de manifester et même d’avoir une activité associative organisée et pacifique sont devenues monnaie courante. 

    Nous voilà confrontés maintenant à une attaque  sur la façon de s’habiller avec l’arrestation, le 21 juin 2015, de deux jeunes filles au Souk d’ Inezgane, (près d’Agadir) parce que celles-ci  portaient des tenues d’été. 

    Ces deux jeunes femmes sont poursuivies pour avoir porté des habits « attentatoires à la pudeur ».

    Elles sont convoquées par le procureur, en état de liberté, à l’audience du lundi 6 juillet 2015 pour atteinte aux mœurs. 

    Nous ne pouvons pas accepter cette atteinte grave aux droits de la femme marocaine.

    Pour dénoncer les atteintes aux libertés et demander l’abandon immédiat des poursuites contre ces deux jeunes filles qui n’ont rien fait d’illégal.

     Nous appelons à un rassemblement devant l’ambassade du Maroc à Paris, 

     Le samedi 4 juillet 2015 à 15h

     Nous sommes tous concernés!  Mettre une robe n’est pas un crime !

    Venez les soutenir avec vos tenues d’été

     Signataires de l’appel :  

    ASDHOM, AMF, ATMF, AMDH-Ile de France & AILES-femmes du Maroc

  • Projet de loi contre les violences faites aux femmes (Algeria Watch)

    Inquiétude et mobilisation du mouvement associatif

    Des animatrices du mouvement associatif sont actuellement en concertation pour définir les voies et moyens de faire pression sur le gouvernement afin de l’amener à adopter le projet de loi.

    Le mouvement associatif entend «presser» le Conseil de la nation et exiger qu’aucune concession ne soit faite. Le projet de loi relatif à la protection des femmes contre toutes formes de violences avait été adopté à la majorité par l’APN, début mars dernier. Pourtant, sa présentation au Conseil de la nation n’est toujours pas d’actualité.

    Pression sur les autorités

    Ce qui inquiète au plus haut point les réseaux de protection des femmes. «Nous sommes actuellement en concertation avec d’autres associations afin d’adopter une feuille de route et discuter des actions et démarches à suivre afin de faire pression sur les autorités», affirme ainsi Dalila Djerbal, membre du réseau Wassila.

    Ce projet de loi, tant discuté «a été soumis par le gouvernement au Conseil de la nation et attend d’être débattu», a précisé hier Tayeb Louh, ministre de la Justice et Garde des sceaux, afin d’expliquer «ce retard». «Nous ne sommes pas naïves. Au vu du chahut provoqué par l’adoption de cette loi, nous sommes conscientes des réticences qu’il y a autour de ce projet», explique Mme Djerbal. «Nous sommes étonnées et inquiètes de ce blocage et on ne cerne pas quel en est l’objectif», ajoute-t-elle.

    Et elle n’est pas la seule à être soucieuse de ce qui ressemble à s’y méprendre à un rétropédalage. «Dans le cas où le statu quo perdurerait, l’Algérie deviendrait la risée du monde. Car quoi de plus naturel et nécessaire que de punir les auteurs de violences ?» s’exclame maître Nadia Aït Zai, juriste et présidente du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (Ciddef).

    Celle-ci estime qu’il s’agit d’«une anomalie que ce projet, pourtant adopté au mois de mars, ne soit toujours pas programmé, tandis que d’autres textes de loi sont à l’ordre du jour alors même qu’ils sont ultérieurs». «Il n’y a aucun motif valable et légal, ils doivent laisser la loi suivre son cours, car dans la législation, rien ne justifie un éventuel blocage. Mais il est tout de même impératif que ce soit fait avant juillet et que cela ne soit pas relégué à la session d’automne. Car cela signifierait une temporisation et une tentative de faire oublier cette loi», s’alarme-t-elle.

    Discours misogyne

    Et si les saillies haineuses et les discours misogynes n’ont pas manqué lors de la présentation de ce texte de loi, il est du devoir des autorités de ne pas céder à la pression d’une minorité au détriment de la volonté populaire et gouvernementale. Car quelle que soit l’hostilité aussi farouche qu’irraisonnée rencontrée au sein de la société, la seule réaction qui importe est celle des personnes victimes de maltraitances qui elles, n’ont pas été entendues et dont la protection est du ressort des législateurs.

    «Les seules qui ne se sont pas exprimées sont les femmes violentées et qui ont trop peur ou trop honte pour en parler», rappelle Me Aït Zai, qui ajoute : «Quant aux hommes qui justifient ou excusent la maltraitance, nous les rencontrons tous les jours lorsqu’ils accompagnent leurs filles ou leurs sœurs battues et qu’ils sont aussi indignés que honteux.»

    D’autant plus que ce n’est qu’«une modification du code pénal, un processus de réadaptation des lois pour les mettre en accord avec les mutations de la société et aussi assurer la sécurité de tous», rappelle la juriste. «Cette loi, au contraire de ce qui a été clamé par ses détracteurs, renforcera la structure familiale et non la disloquer en protégeant tous ses membres, femmes, enfants mais aussi hommes», conclut Me Aït Zai.

    Ghania Lassal El Watan, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/mobilisation_associations.htm

  • Selon la LADDH : Les mariages religieux explosent (Algeria Watch)

    Un couple, deux témoins, un Imam, et le tour est joué ; c'est ainsi que des milliers d'Algériens convolent en (fausses) noces en s'engageant dans des unions secrètes par le biais du mariage ôrfi.

    Le phénomène, dont l'ampleur est insoupçonnée, sévit sur une large échelle à travers tout le territoire national, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui relève à ce propos, dans un communiqué transmis, hier, à notre rédaction, que « de nombreux algériens se contentent d'une bienveillante ‘‘fatiha'' d'un Imam sans s'astreindre à l'obligation de se présenter devant les services administratifs afin d'officialiser leur union ».

    Ce genre de mariage ôrfi, qui se suffit d'un accord oral entre les époux, peut prendre plusieurs qualifications ou appellations, toutes véhiculant la notion d'une union temporaire telle que mariages El Mut'a, El Missiar (de passage), El Hiba (l'offrande)… porte un grave préjudice aux liens sociaux, surtout aux droits de la femme et des enfants qui naissent de ces unions.

    « Le mariage ôrfi est une forme d'oppression contre la femme, surtout que les autorités algériennes n'ont jamais voulu présenter à l'opinion publique des données précises autour du nombre de femmes qui souffrent de ces mariages ôrfi », considère la LADDH. Ajoutant dans ce contexte qu' « il s'agit là d'une bombe à retardement qui risque d'exploser à tout moment ». Comment peut-il en être autrement lorsque ce sont « des ministres, des cadres supérieurs, des députés, des artistes et des hommes d'affaires qui sont mariés à la coutume ôrfi et qui craignent à tout moment que la situation ne se transforme en scandale », indique le communiqué de la LADDH.

    Selon des statistiques non officielles, « les cas de mariages ôrfi se situeraient entre 46 000 et 50 000, dont 36 000 cas enregistrés entre 1993 et 1997 ». Voulant en savoir plus sur les causes de la propagation du mariage ôrfi, la mission de faire la part des choses entre le juridique, le religieux et le social, s'est avérée très difficile.

    Les hommes politiques interrogés sur le sujet ont tous esquivé la question, souligne le communiqué de la LADDH ; c'est alors vers d'autres personnes compétentes qu'on a soumis la préoccupation. Des Imams, interrogés à propos de l'application de l'instruction promulguée en 2005, en parallèle à la révision du Code de la famille durant la même année, conditionnant la lecture de la Fatiha par le préalable établissement de l'acte de mariage devant l'officier de l'état civil, affirment que cette instruction a permis de limiter les problèmes et les escroqueries qui visent les femmes.

    Malheureusement, reconnaissent-ils, « plusieurs Imams refusent d'appliquer l'instruction en question tant qu'ils n'existent pas d'instructions qui les contraint de se référer à cela dans leur travail (!) ». Dans tout cela, c'est le statut de la femme qui est en jeu.

    Des juristes, de leurs côtés, indiquent que près de 7000 affaires de faux mariages sont pendantes devant les tribunaux. Les femmes victimes de ce genre de mariage, de plus en plus, prennent leur courage à deux mains et se présentent à la justice, surtout lorsqu'elles se retrouvent enceintes dans des situations presque illicites. Selon les juristes, les mariages ôrfi ont connu une croissance phénoménale après les amendement apportés en 2005 au Code de la famille, car à travers les textes révisés on a fait désormais obligation au mari qui veut se remarier de mettre au courant sa première épouse et informer sa seconde de sa situation d'homme déjà marié, ainsi qu'une demande d'autorisation à introduire auprès du président du tribunal.

    « Les hommes évitent tout ce parcours juridique, presque impossible à satisfaire, et recourent au mariage ôrfi, en secret », estime-t-on, non sans relever à l'appui de leurs affirmations que « les cas de mariages ôrfi avant 2005 étaient très rares ». Selon d'autres avis, cette nouvelle tendance d'idée de mariages ‘‘temporaires'' est propagée par des salafistes qui ont importé ce mode de vie d'Egypte, des pays du Golfe et de la Syrie.

    En tout cas, cela est en train de provoquer la catastrophe au sein de la société. Plus de 30 000 affaires de mariages ôrfi sont actuellement devant les tribunaux du pays, afin de bénéficier de jugements qui assoiraient d'une façon légale les unions des couples concernés et assurer une filiation à leurs progénitures. A ce propos, la LADDH parle d'une famille constituée de 5 membres qui vivent « sans identité depuis 34 ans et sont privés de leurs droits les plus élémentaires ! ».

    La LADDH tire la sonnette d'alarme sur ces nouveaux modes de mariages qui risquent de disloquer le tissu social, et appelle le législateur algérien à trouver de nouveaux mécanismes juridiques pour éradiquer ce phénomène en pleine expansion, et où certains semblent avoir, tout simplement, trouvé la parade, calqué sur le modèle occidental, en instituant dans nos contrées le concubinage ‘‘hallal''.

    par Abdelkrim Zerzouri, Le Quotidien d'Oran, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/explosion_mariages_religieux.htm

    Voir aussi:

    http://rue89.nouvelobs.com/2010/11/13/mariage-orfi-ces-egyptiens-qui-sunissent-en-secret-175781

  • Rhabillons les Femen ! Une réponse féministe marocaine (Orient 21)

    Le 2 juin dernier, deux Femen françaises, seins nus, s’embrassaient sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat, prétendant manifester de la sorte leur solidarité avec la communauté LGBT marocaine.

    Si certains militant-e-s et féministes ont pu y voir un geste fort anti-homophobie et anti-patriarcat, d’autres dénoncent une attitude paternaliste et post-coloniale qui ne peut que nuire aux luttes d’émancipation menées au Maroc par les femmes et les groupes marginalisés.

    Deux activistes des Femen ont débarqué mardi 2 juin à Rabat pour une action seins nus sur la très symbolique esplanade de la tour Hassan. Le poing levé, c’est en se donnant en spectacle dans un baiser «  intersexe  » que ces deux activistes ont entendu manifester leur solidarité avec le groupe LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) au Maroc. Cette petite escapade en «  terre d’Arabie  » qui marque la première venue des Femen au Maroc a été interprété par certaines féministes progressistes et par certains militants LGBT comme un geste fort censé venir éclairer nos sociétés archaïques et sauver nos mentalités dégénérées par l’homophobie et le patriarcat arabe.

    Pourtant, ce qu’expriment les actions éclair des Femen qui «  font le buzz  » n’est rien d’autre qu’un mépris envers toutes les femmes qui luttent depuis des années au sein de la société marocaine. C’est de ces femmes-là que l’on devrait normalement parler. Celles qui militent au grand jour, mais aussi celles qui décident de lutter dans l’ombre, celles qui refusent même, parfois, de se définir féministes mais qui sont de fait des femmes qui se battent au quotidien dans la société marocaine.

    Il serait bon de rappeler aux quelques défenseurs marocains des actions des Femen que ce groupe d’activistes n’est en rien représentatif de la cause féministe. Il en est même la manifestation la plus dévoyée et la plus odieuse. D’ailleurs, de nombreuses féministes, y compris occidentales, dénoncent le caractère islamophobe et impérialiste de leurs actions. Deux critiques majeures sont à retenir. Premièrement, ce groupe d’activistes instrumentalise le corps des femmes en exhibant des plastiques qui répondent complaisamment et en tous points aux standards imposés par les canons de beautés eurocentrés. Deuxièmement, en imposant leurs agendas politiques sans concertation ni même prise en compte des stratégies internes et propres aux dynamiques des différentes luttes existantes au Maroc, elles participent à monopoliser et à façonner un débat déconnecté des réalités locales.

    Si les critiques fusent à l’encontre des Femen, c’est bien parce que bon nombre de féministes s’insurgent de la direction qu’elles font prendre à la cause des femmes en général. Ces critiques ne sont pas l’expression d’un archaïsme  ; elles témoignent en réalité de l’effervescence des féminismes qui s’inventent et se pratiquent de par le monde. Aujourd’hui, un feminism of color existe, de même qu’un «  féminisme islamique  », et bon nombre de féministes du Nord dénoncent elles aussi le racisme structurel induit par ce type de discours qui infériorise, au nom de la liberté des femmes, les sociétés post-colonisées. En créant l’image d’une communauté musulmane minée par le «  patriarcat arabe  », les Femen produisent un discours qui réduit les rapports de force à une sorte de pathologie culturelle.

    Plus grave encore, en imposant un discours essentialisant, les Femen tentent également d’imposer des pratiques de résistance. Avec leur guide de bonnes pratiques militantes, elles ne font que reproduire un discours paternaliste tout à fait insupportable à toute personne qui entend s’inscrire dans une lutte pour l’émancipation. Les actions paternalistes, de type Femen, qui bénéficient, usent, et abusent du white privilege (privilège blanc) ne peuvent qu’engendrer des dégâts néfastes à toute possibilité d’instauration d’un dialogue social autour de questions aussi épineuses que celle de la dépénalisation des pratiques sexuelles — en particulier homosexuelles —, au Maroc. En effet, ce type d’action qui instrumentalise la question des libertés individuelles participe à dépolitiser les questions sociales, notamment en refusant de pointer les causes politico-structurelles à l’œuvre dans la criminalisation des mœurs, au profit d’un mépris sociétal et d’un discours pathogène.

    Toutefois, en dépit de tous les efforts déployés par des groupes assimilés à l’hégémonie occidentale, une alternative s’organise. Il est important de savoir qu’existe une pluralité de voix issues des sociétés post-colonisées, qui dialoguent et essaient de trouver leur propre voie d’autonomie. Elles donnent du courage, car bon nombre de défenseurs du féminisme «  va-t-en-guerre  » pensent que tout ce qui ne répond pas aux critères érigés par un féminisme eurocentré est une offense à la cause des femmes et une défense du patriarcat. Et ils sont nombreux et surtout ils (ou elles) sont ceux qui ont le pouvoir, tant médiatique que politique.

    À ces critiques, il faut simplement oser dire non  !

    Il faut oser dire, que nous, femmes marocaines, nous ne voulons plus être le bras droit d’un féminisme qui se veut prétexte à une réduction de l’homme arabe au patriarcat.

    Il faut oser affirmer que ce type de féminisme laïcard, éradicateur, exprime non seulement un mépris de classe repris par certaines de nos élites progressistes, mais surtout qu’il infériorise notre culture en niant totalement les expressions complexes et diverses des résistances des femmes qui s’expriment et se pratiquent constamment dans le quotidien marocain.

    Il est temps d’oser affirmer que nous avons le pouvoir et le devoir de ne pas vouloir que la cause des femmes soit le prétexte à des discours impérialistes, directement empruntés aux discours coloniaux. Des discours utilisés pour justifier les interventions étrangères et les politiques islamophobes qui affectent négativement toute la diaspora maghrébine en Europe.

    Et, pour ce qui est de notre émancipation, que les féministes du Nord cessent de s’inquiéter : on s’en charge  !

     
    Soraya El-Kahlaoui  16 juin 2015
    Doctorante en sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et contributrice pour Le Monde Afrique.

    http://orientxxi.info/magazine/rhabillons-les-femen,0936