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Féminisme - Page 11

  • Solidarité avec les femmes kurdes en lutte! (Morlaix Anticapitaliste)

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    Déclaration de la Marche Mondiale des Femmes d’Europe

    10-11-12 octobre à San Sébastian - Pays Basque

    Solidarité avec les femmes kurdes en lutte !

    Nous, 60 femmes de 18 pays d’Europe réunies à Donastia au Pays Basque à l’occasion de la Coordination européenne de la Marche Mondiale des Femmes, nous saluons la résistance des femmes kurdes de Kobane (Rojava), à la frontière de la Turquie et de la Syrie, où se développent entre Kurdes, Syriens, Arméniens, Yesidis, Arabes et Chechens des alternatives concrètes au système capitaliste, colonial et patriarcal dans une coexistence pacifique entre plusieurs religions et dans le respect d’un partage démocratique du leadership à tous les niveaux. Ce modèle alternatif est défendu par la résistance courageuse du YPG (Unités de Protection du Peuple) et YPJ (composé par les femmes).

    Nous condamnons la violation des droits des femmes et des droits humains fondamentaux, ainsi que toutes les formes de fondamentalisme - religieux, ethniques ou politiques. Nous dénonçons l’augmentation des alliances avec les secteurs ultraconservateurs, y compris le fondamentalisme religieux, qui présentent le renforcement du modèle capitaliste et patriarcal comme une ’’solution à la crise’’.

    Nous continuons notre lutte dans les régions en conflit pour en finir avec la violence et l’esclavage des femmes, utilisés comme instruments de guerre. Nous construisons un autre monde d’où sont éliminées toutes les formes de domination, d’exploitation et d’exclusion d’une personne par une autre, d’un groupe par un autre, d’une minorité par la majorité, d’une nation par une autre.

    Face aux récentes attaques contre les alternatives et contre les droits des femmes, nous avons décidé de lancer la 4e action internationale de la Marche Mondiale des Femmes le 8 mars 2015 au Kurdistan avec l’objectif de soutenir les femmes kurdes dans leur lutte pour l’autonomie et l’auto-détermination de leurs corps et territoires.

    Nous lançons un appel à toutes les femmes du monde pour participer à la Caravane féministe européenne, afin de renforcer et rendre visible la résistance et les alternatives portées par les femmes.

    Tant que toutes les femmes ne seront pas libres, nous serons en marche !

    Publié le 15 octobre 2014 par Su EESF

    Lien avec EESF : http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article33260

    http://morlaixanticapitaliste.over-blog.com/2014/10/solidarite-avec-les-femmes-kurdes-en-lutte.html

  • “Le code de la famille est la première violence institutionnelle” (Liberté.dz)

    NADIA AÏT ZAÏ ET FADHILA BOUMENDJEL-CHITOUR, HIER, AU FORUM DE “LIBERTÉ”

    “Le foyer ne peut rester une zone de non-droit”, a martelé la directrice du Ciddef, rappelant que 267 femmes sont mortes sous les coups de leur époux, en 2012.

    Le Forum de Liberté a été consacré, hier, aux dernières lois adoptées en Conseil des ministres et soumises à l’APN. Il s’agit surtout des projets de loi portant amendement du code pénal, création d'un fonds de pension alimentaire et protection de l'enfant.

    Des textes marqués par “des insuffisances” mais salués, à la veille de la Journée internationale pour l’élimination de la violence à l'égard des femmes, pour leur souci de protéger “des catégories vulnérables”, par les deux invitées du quotidien, à savoir : Nadia Aït Zaï et Fadhila Boumendjel-Chitour, respectivement juriste et directrice du Centre d’information sur les droits de l’enfant et de la femme (Ciddef), et médecin spécialiste et membre fondateur du réseau Wassila d’aide aux femmes et aux enfants victimes de violences.

    D’emblée, Me Aït Zaï a relevé que l’équipe gouvernementale “est consciente des problèmes existants dans la société algérienne et des nouveaux faits sociaux”. Sans omettre d’observer que les principales dispositions de ces textes obéissent au souci d’harmoniser la législation nationale avec la Convention internationale sur l’élimination de toutes les formes de discrimination à l’égard des femmes (Cedaw), ratifiée par notre pays, ainsi qu’avec d’autres textes, à l’exemple du code de la nationalité et de la Convention des droits politiques des femmes. Tout en estimant que “ces harmonisations ne sont pas tout à fait au point”, l’avocate a reconnu, cependant, que désormais “le processus est engagé” en Algérie. Dans son analyse du projet de loi sur le code pénal, Nadia Aït Zaï tiendra à signaler que les modifications apportées sont “conformes à l’esprit que veut véhiculer le code de la famille”.


    Par ailleurs, elle a relevé qu’en ce qui concerne le projet de loi sur le code du travail, celui-ci “ne protège pas la victime du harcèlement sexuel et ne précise pas que ce harcèlement peut être une faute lourde professionnelle”. “Il faut remettre de l’équilibre dans la protection des victimes et dire que le harcèlement sexuel constitue une faute lourde professionnelle”, a déclaré l’invitée du forum. Sur le registre des violences conjugales, elle a interpellé “la responsabilité de l’État” qui, énoncera-t-elle, ne doit pas se limiter à la promulgation de lois, mais à un engagement à travers “plus de protection des femmes victimes de ces violences” et “plus d’infrastructures d’accueil”.

    La responsabilité de l’État est, en outre, située dans “le changement des mentalités” et “le combat contre les stéréotypes”. De son côté, le Dr Chitour a mis l’accent sur la disposition relative au pardon de la victime, dans le cas des violences conjugales, en jugeant que celui-ci “ne peut intervenir que lorsque justice a été faite”, avant de s’interroger sur “le devenir” du projet de loi sur la criminalisation de la discrimination, déposé en 2012 par le mouvement associatif, à l’APN. “Le foyer ne peut rester une zone de non-droit”, a-t-elle martelé, rappelant que 267 femmes sont mortes sous les coups de leur époux, en 2012. Selon l’intervenante, la clause du pardon est le signe de “la faillite de l’État et de la société”.

    “L’État est au pied du mur : soit il continuera à légitimer la violence, soit la loi servira à poser la pierre dans la construction d’un État de droit”, a-elle assuré. Lors du débat, “l’incohérence autour des lois” a été réitérée et des précisions ont été apportées, telles que la non-prise en compte de violence sexuelle dans la violence conjugale. Il a aussi été question des enfants nés hors mariage, “sujets des discriminations”, ainsi que “du fossé entre les lois et leur application” et de “l’absence de volonté politique” des gouvernants, à aller vers une véritable élimination des discriminations à l’égard des femmes. Dans leurs interventions, invitées et participants ont admis que le code de la famille est “la première violence institutionnelle”. Par : Hafida Ameyar

    http://www.liberte-algerie.com/actualite/le-code-de-la-famille-est-la-premiere-violence-institutionnelle-nadia-ait-zai-et-fadhila-boumendjel-chitour-hier-au-forum-de-liberte-228186

  • Ces féministes qui réinterprètent l’islam (Orient 21)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/00/897012553.jpeg

    Dans un ouvrage paru en 2012, la sociologue et chercheuse Zahra Ali donnait la parole à des intellectuelles et des militantes musulmanes engagées dans la défense des droits des femmes à l’intérieur du cadre religieux.

    Deux ans plus tard, et en dépit notamment de l’action d’un grand nombre de femmes dans les mou- vements de revendications qui ont suivi les printemps arabes, l’image d’un islam par nature incom- patible avec les libertés féminines persiste. Ces féministes musulmanes, présentant leur relecture de l’islam, en appellent pourtant à un « féminisme sans frontières » enfin débarrassé de ses scories néocoloniales.

    «  Féminisme  » et «  islamique  » : si l’association de ces deux termes dérange encore et continue de susciter invariablement en Occident une interrogation incrédule, c’est parce que l’égalité des sexes est le fruit d’une élaboration historique. S’est-on jamais posé la question de la pertinence d’un fémi- nisme chrétien, par exemple  ? Un tel courant a pourtant bel et bien été fondé dès la fin du XIXe siècle, en particulier en France, en Belgique et au Canada. Il a permis notamment l’élaboration d’une théologie féministe qui a interrogé -– et interroge encore — le canon des Écritures, la paternité divine, l’identité du Christ, l’action de l’Esprit-Saint, le culte de Marie, et surtout les institutions patriarcales de l’Église, au grand dam du magistère de l’Église catholique.

    Mais la condition de «  la femme musulmane  » — toujours au singulier, comme si la dimension sociologique d’un grand nombre de pays très différents par leurs langues et leurs cultures ne jouait pas — est l’emblème et l’argument favori des islamophobes occidentaux contemporains comme de leurs prédécesseurs coloniaux. Elle témoignerait ainsi de l’obscurantisme fondamental du «  monde musulman  ». En conséquence, l’émancipation des femmes musulmanes et la conquête de leurs droits devrait passer obligatoirement par leur libération du «  carcan  » religieux. L’ouvrage dirigé par la sociologue Zahra Ali, Féminismes islamiques est, à contre-courant des préjugés racistes, un recueil d’articles et d’entretiens avec des chercheuses, des intellectuelles et des militantes engagées dans la défense des droits des femmes à l’intérieur du cadre religieux musulman1.

    Il affirme qu’il y a bien non seulement une dynamique féministe islamique, mais également qu’elle est soutenue par une pensée élaborée depuis des décennies, voire des siècles. Elle se veut aujourd’hui un «  support de réflexion et d’analyse proposant une ouverture vers de nouvelles perspectives quant à la manière de poser le lien entre femmes, féminisme et islam  ».

    Cette pensée est largement ignorée quand elle n’est pas stigmatisée, y compris par la plupart des féministes pour qui toute religion est patriarcale, surtout les religions monothéistes et surtout, parmi elles, l’islam. Mais aussi par nombre de musulmans qui considèrent qu’elle occidentalise la pensée islamique, appréhendée comme un cadre fini. Un même essentialisme fait l’unanimité, qui définit l’islam comme «  une réalité statique, fondamentalement dogmatique, intrinsèquement sexiste  » et le féminisme comme un modèle unique, issu de la modernité occidentale.

    L’égalité inscrite dans les textes

    Pour Zahra Ali et pour les chercheuses et militantes à qui elle donne la parole, l’égalité est au contraire au fondement de la religion musulmane et le message de la Révélation coranique est garant des droits des femmes. Ainsi, «  Le Coran affirme le principe d’égalité entre tous les êtres humains et ce sont les idées (l’idéologie) et les pratiques patriarcales qui ont entravé ou subverti la mise en pratique de cette égalité entre hommes et femmes  » (Margot Badran).

    Du reste, des femmes musulmanes ont de tout temps clairement contesté l’attitude machiste et les injustices subies par les femmes.

    Les tafsirs (commentaires du Coran) en témoignent, et deux versets répondent à leur conviction que l’égalité entre les sexes est explicite dans le Coran2. L’ouvrage retrace l’histoire de cette contestation, des premiers temps à l’époque contemporaine, pour affirmer l’existence d’un féminisme endogène aux sociétés musulmanes. Selon Asma Lamrabet, l’exclusion des femmes dans l’histoire de la civilisation islamique se construit avec le décalage entre le Coran et ses interprétations exégétiques et juridiques successives. Cette exclusion des femmes est à son apogée à l’ère coloniale : elles sont alors prises au piège entre le discours colonisateur (l’apport de la «  civilisation  » contre les archaïsmes religieux oppresseurs) et un discours nationaliste et traditionaliste qui leur intime de rester dans le rang, au nom d’une identité islamique en danger.

    Une pensée réformiste

    Le temps fort de l’histoire du féminisme islamique remonte au mouvement réformiste musulman — la Nahda (Renaissance) — du XIXe siècle qui appelait au retour aux sources scripturaires, c’est-à-dire au Coran et à la Sunna, en différenciant la charia (littéralement «  la voie  » ou les principes déterminés par Dieu et exprimés dans le Coran) de al-Fiqh, le droit islamique élaboré à partir d’une interprétation humaine — et surtout exclusivement masculine.

    Dès les années 1930 en Égypte, puis à partir des années 1970 en Turquie, au Maghreb, en Syrie, en Arabie saoudite et surtout en Iran où naît le concept dans les années qui suivent la révolution iranienne, émerge une conscience féministe «  islamique  » à mesure que les femmes deviennent plus instruites, qu’elles s’approprient le savoir religieux et que le féminisme se développe en tant que discours intellectuel, mais aussi sous la forme de pratiques militantes. On passe alors «  d’un discours féminin de défense de l’islam à un discours féministe à l’intérieur de l’islam  ».

    Ces vingt dernières années, le féminisme islamique est devenu un courant théologique transnational qui, à l’instar du féminisme chrétien — dont il n’est pas la copie, mais il emprunte de fait des voies assez proches — propose une relecture des sources (Coran et Sunna) débarrassée de ses interprétations sexistes. Une élite savante utilise l’outil juridique de l’ijtihad3 pour repenser les droits des femmes en rapport avec les contextes dans lesquels elles se situent. En faisant usage des sciences sociales, les féministes extraient les principes d’égalité et de justice des sources de l’islam et les éloignent des interprétations élaborées à partir d’une grille de lecture machiste et patriarcale. Elles s’appuient notamment sur la notion d’unicité divine (tawhid)4 pour affirmer que l’égalité entre les hommes et les femmes est inscrite dans le Coran.

    La pensée féministe islamique légitime ainsi l’action militante qui opère à l’intérieur de l’islam. Elle ouvre un espace de réflexion entre la remise en question du modèle occidental qui se veut universaliste et, dans le champ islamique, tout un pan de la jurisprudence qui a organisé la marginalisation du rôle et de la place des femmes dans la cité et réservé le savoir et l’autorité religieuse aux hommes.

    Pour une action unitaire sous conditions

    Le militantisme féministe, quant à lui, «  a concentré son travail sur la révision des statuts personnels inspirés par la «  Loi islamique  » dans de nombreux pays musulmans  », au travers de réseaux tels que l’organisation malaisienne Sisters in Islam, Femmes sous lois musulmanes ou encore Mousawah (promotion de l’égalité et de la justice dans la famille musulmane). En Occident, ce même militantisme est engagé dans la défense des femmes contre les discriminations qui les frappent, avec des organisations comme Karamah (Muslim Women Lawyers for Human Rights).

    Les féministes musulmanes conçoivent une libération qui ne passe pas par la désacralisation des normes religieuses ni par la libéralisation sexuelle. À la condition d’accepter l’idée qu’il n’existe pas un, mais des féminismes — tous légitimes — et qu’ils naissent et demeurent fortement ancrés dans les sociétés d’où ils ont émergé, Zahra Ali estime en conclusion qu’il est possible de construire des coalitions entre eux, car ce qui les différencie n’empêche nullement la lutte commune pour les droits fondamentaux des femmes. Un «  féminisme sans frontières  » qui intègre les questions sociales et «  raciales  » à celle de la domination masculine, sans faire l’économie d’une réflexion approfondie sur les avatars contemporains de l’héritage orientaliste et colonial.

    Françoise Feugas

    1Margot Badran, Asma Lamrabet, Asma Barlas, Malika Hamidi, Ziba Mir-Hosseini, Zainah Anwar, Omaima Abou Bakr, Saida Kada, Hanane Al-Laham.

    2Verset 195 de la sourate 3 (Al-‘Imran) et verset 35 de la sourate 33 (Al-Ahzab), très souvent cités.

    3«  Désigne le processus relatif à l’effort déployé par un juriste musulman qualifié – mujtahid – pour déduire des lois à la lumière des sources religieuses (…) de manière plus générique, c’est l’effort réflexif et intellectuel visant à penser l’islam dans son contexte.  »

    4L’attribut de l’unité de Dieu stipule que la souveraineté de Dieu, son pouvoir sont indivisibles et inpartageables. Personne ne peut revendiquer aucune forme de souveraineté ou de pouvoir qui entre en conflit avec la souveraineté divine. Les théories de la supériorité masculine, en établissant un parallèle entre Dieu et les pères, ou maris et en les présentant comme des intermédiaires entre les femmes et Dieu, jouissant d’un pouvoir sur elles et se donnant droit à leur obéissance, violent le concept de tawhid.

    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/ces-feministes-qui-reinterpretent,0666

  • L’OLFI en danger: des militantes féministes menacées à Bagdad (Essf)


     

    Alors qu’à Mossoul, les milices fanatiques de l’Etat Islamique sèment la terreur, à Bagdad on assiste au renforcement de milices réactionnaires chiites. Soupçonnée d’avoir commis le massacre de 31 personnes dans le quartier de Zayouna, la milice Asaib Ahl al Haq menace désormais directement nos camarades de l’Organisation pour la Liberté des Femmes en Irak (OLFI).

    Créée en 2003, l’Organisation pour la Liberté des Femmes en Irak lutte pour les droits des femmes et assure une protection dans des foyers pour celles qui fuient les violences machistes et en particulier les crimes d’honneur. Selon Dalal Jumaa, une militante de l’OLFI à Bagdad, l’organisation a permis de sauver 200 jeunes femmes depuis sa création.

    L’OLFI apporte aussi soutien et refuge à de jeunes hommes homosexuels. Haidar, un des jeunes hommes protégés par l’OLFI, a été agressé et battu par des réactionnaires religieux en 2012, et a vu son ami Saif se faire tuer.

    Militer pour l’égalité entre les femmes et les hommes, protéger des femmes victimes de violences conjugales ou menacées de crimes « d’honneur », soutenir de jeunes hommes coupables de pas aimer "« a bonne personne », tout cela est inacceptable pour les milices religieuses réactionnaires.

    Dimanche 20 juillet, la police a appelé l’OLFI, indiquant qu’ils avaient appris que l’organisation protégerait des jeunes filles en fuite et des gays. Puis, surtout, que la police avait reçu des menaces de la part de la milice Asaib Ahl al Haq à l’encontre de l’OLFI. Selon le policier, « on ne peut pas arrêter Asaib Ahl al Haq, ils savent que vous protégez des jeunes filles et des gays, si vous ne quittez pas Bagdad, ils vous tueront ». Dans les jours suivants, d’autres menaces, directes, ont été proférées à l’encontre des militantes de l’OLFI.

    Depuis 2003, malgré l’occupation, la guerre sectaire et les violences des terroristes religieux, l’OLFI lutte pour les droits des femmes. Récemment, l’OLFI a ouvert un refuge à Kerbala pour des veuves et leurs enfants fuyant la zone contrôlées par l’Etat Islamique. Nos camarades de l’OLFI continueront, malgré les menaces, leur lutte courageuse pour la liberté et l’égalité en Irak. En ces heures sombres pour la population irakienne, elles ont, plus que jamais, besoin de toute notre solidarité.

    Solidarité Irak

    Le site de l’organisation pour la liberté des femmes en Irak : www.owfi.info/

  • Tunisie: se révolter, une émission de France Culture avec les ouvrières de Lattelec

    Lecture
     
    Nasawiyat par Charlotte Bienaimé le samedi de 12h à 12h30 
    Un voyage en huit étapes à la rencontre de jeunes résistantes qui se battent au quotidien pour l’égalité entre les hommes et les femmes, indispensable à l’instauration de réelles démocraties. Etudiantes, ouvrières, architectes, poètes, journalistes, agricultrices...certaines ont fait la révolution, d'autres l'ont vécu par procuration, toutes mènent une deuxième révolution dans les recoins intimes de leurs pays et réinventent un nouveau militantisme longtemps étouffé par des régimes autoritaires.

    Une série de Charlotte Bienaimé, réalisée par Annabelle Brouard

    6ème étape, Tunisie : se révolter 

    Monia et Sonia, 30 ans, sont ouvrières dans l'usine Lattelec, filiale d'une entreprise française de câblages aéronautiques travaillant pour Airbus et Dassault. Dans la foulée de la Révolution, elles créent un syndicat pour défendre les droits des 400 ouvrières victimes notamment de harcèlement moral et sexuel. Elles se battent, obtiennent des avancées sociales et parviennent à faire réintégrer plusieurs ouvrières licenciées suite aux grèves... Mais elles, restent sur le carreau. Monia et Sonia sont actuellement en grève de la faim. Elle réclament leur réintégration.

    L'histoire de Monia et Sonia pourrait se retrouver dans un des poèmes de la jeune slameuse Sham's qui lit ses textes engagés dans les rues de Tunis. Elle y parle notamment des femmes, de la classe ouvrière et de la Révolution.

    Générique de fin : Osfour par Watcha Clan / Album Radio Babel

    Une émission réalisée en partenariat avec le Fond pour les femmes en méditerranée et avec l'aide de la Scam.

    16.08.2014 - Nasawiyat
    6ème étape, Tunisie : se révolter 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Monia et Sonia, 30 ans, sont ouvrières dans l'usine Lattelec, filiale d'une entreprise française de câblages aéronautiques travaillant pour Airbus et Dassault. Dans la foulée de la Révolution, elles créent un syndicat pour défendre les droits des 400 ouvrières victimes notamment de harcèlement moral et sexuel. Elles se battent, obtiennent des avancées sociales et parviennent à faire ...

    Idées

    09.08.2014 - Nasawiyat
    5ème étape, Maroc : témoigner 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Fedwa, médecin de formation, a lancé fin 2011 le webzine collaboratif féministe « Quandisha ". Pour que des femmes de tous horizons, de tous âges, croyantes ou pas, voilées ou non, y témoignent de leurs conditions de femmes marocaines. Quandisha est vite devenue une communauté soudée de femmes qui s'entraident au quotidien. Fedwa nous fait rencontrer l'un d'elle: Fatima, institutrice et ...

    Idées

    02.08.2014 - Nasawiyat
    4ème étape, Maroc : comment militer ? 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Jihane, 23 ans est la plus jeune membre de l'« Association Démocratique des Femmes du Maroc ».Il y a quatre ans, elle retirait son voile et décidait de militer au sein d'associations pour «grignoter »des droits, petit à petit, aux pouvoirs en place.Betty, 38 ans croit en la désobéissance civile. Figure de la subversion au Maroc, elle déclencherégulièrement les passions avec ses actions ...

    Idées

    26.07.2014 - Nasawiyat
    3ème étape, Egypte : reprendre la rue 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Avec ses tenues moulantes et sa passion pour le tango, Zeinab vit à la marge de la sociétéégyptienne. Elle participe pourtant à son changement. Au Caire, elle organise des cours de selfdéfensepour les femmes victimes de harcèlement. Elle souhaite aussi travailler sur l'éducation desplus jeunes pour les inciter à transformer en profondeur le regard que la société égyptienne porte ...

    Idées

    19.07.2014 - Nasawiyat
    2ème étape, Tunisie : faire sa révolution 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Amal, 27 ans, se bat pour vivre libre. Dans des poèmes brûlants, elle remet en cause la sociétéconservatrice tunisienne en parlant de virginité, du rapport au père, de religion, de sexe et derévolution. En publiant régulièrement ses textes sur Facebook, elle espère inspirer d'autres jeunesfemmes.   Invitée : Amal, de Tunisie  

    Idées

    12.07.2014 - Nasawiyat
    1ère étape, Tunisie : retrouver le terrain 29 minutes Écouter l'émissionAjouter à ma liste de lecture

    Après la révolution, Ghofrane, 25 ans, décide de s’engager auprès des femmes de sa région agricole du Kef, au Nord ouest du pays. Déçue par les associations féministes rendues élitistes par le régime de Ben Ali, elle crée son association « Femmes et Citoyenneté » pour aider les femmes rurales à défendre leurs droits.

     

     

  • La femme et la révolution syrienne (Emancipation)

    Injured Syrian women arrive at a field hospital after an air strike hit their homes in the town of Azaz on the outskirts of Aleppo, Syria, August 15, 2012.

    De quelle femme faut-il parler en ce temps de tremblement de terre qui secoue la Syrie depuis trois ans ?

    La paysanne, la citadine, l’ouvrière, l’enseignante, la femme au foyer, etc.? Or depuis le début de la révolution en mars 2011, la seule ligne de partage, comme pour tous les Syriens, est entre celle qui participe à la révolution et celle qui soutient le régime dictatorial d’Assad : entre la femme qui agit et la femme qui subit.

    La Syrie est soumise depuis 1963 à un régime sécuritaire dont les multiples appareils contrôlent d’une main de fer la société : femmes, hommes et enfants (1).  La femme en Syrie a emprunté le chemin vers sa liberté, pour acquérir ses droits, depuis l’indépendance en 1946 : elle revendiquait une véritable place au sein de la société, le droit au travail, une reforme du statut de la femme adulte lui donnant des droits, au même titre que l’homme, etc. Le mouvement de la société dans son ensemble, lentement mais surement, allait dans ce sens.

    Les droits des femmes confisqués

    Or depuis 1970 un régime dictatorial s’est emparé du pays. Des générations ont vécu, vivent avec la devise d’une dictature : soumission totale à l’autorité, interdiction de penser autrement, interdiction donc, de toute initiative individuelle. De plus, le régime a réussi à instiller la terreur dans le cœur des citoyens et dissuader toute contestation en commettant des massacres spectaculaires, notamment celui de 1982 à Hama, ville au centre de la Syrie. La ville a été bombardée et des milliers de civiles ont perdu la vie. Ce massacre a été aussitôt suivi par la liquidation de toutes velléités de contestation politique qui subsistaient encore Des hommes et des femmes, intellectuels, militants de gauche, islamistes, etc. ont été envoyés périr dans les prisons durant de longues années.


    Dans ce régime totalitaire, la question des droits de la femme, comme pour le reste, a été confisqué par les organisations officielles du régime dédiées à la femme (l’Union des Femmes Syriennes) mais dans lesquelles des femmes véritablement contestataires n’avaient pas leur place. Aucun groupe, association ne peut exister en dehors de cette structure officielle.


    Ce régime, soi-disant laïque s’est employé à renforcer son emprise sur les femmes en favorisant un mouvement islamiste réactionnaire “al-Qobeissat” dont l’objectif est l’endoctrinement religieux des femmes et dont les cheftaines entretiennent des relations étroites avec des officiers de la sécurité. C’est ainsi que, à Damas seul, 80 écoles contrôlées par ce groupe/secte ont été fondées, dispensant un enseignement religieux aux filles dès leur prime enfance (en parallèle à leur scolarisation officielle). Ces écoles ont accueilli, à ce jour, 750 000 élèves ! (2)


    Aucune réforme susceptible de modifier la situation de la femme n’a vu le jour durant ces 45 ans du règne de la famille Assad. C’est le code islamique de la Chari’a qui est toujours en vigueur : en héritage la fille a la moitié de la part de son frère, la polygamie est tolérée/semi-autorisée, l’homme peut répudier sa femme selon son bon vouloir, etc.


    Il va sans dire que le principal obstacle aux droits des femmes en Syrie est l’absence de démocratie. Les femmes ont à mener un combat double : revendiquer leurs droits en tant que femme (à l’échelle individuelle et collective) pour faire évoluer la société sur ce chapitre, et se battre pour faire valoir leurs droits d’être humain face à la répression du pouvoir.

    Les femmes au premier rang

    Tout naturellement donc et quel que soit leur statut, leur milieu social, etc. elles étaient au premier rang de la contestation lorsque celle-ci a débuté. Ce sont des femmes qui ont organisé les premières manifestations pacifiques en mars 2011 à Damas, la capitale, symbole de la puissance du pouvoir. Parmi ces organisatrices des noms aujourd’hui connus : Souheir al-Attasi, Razan Zeitouneh. Lorsque la manifestation a été dispersée et des manifestants et des manifestantes arrêtés, les femmes ont organisé le lendemain un sit-in devant le ministère de l’intérieur réclamant la libération des détenus.
    Les figures féminines qui ont marqué par leur présence toutes et tous les Syriens révoltés ne manquent pas. Fadwa Soleiman, actrice, conduisait des manifestations à Homs et ses environs. Elle scandait avec la foule : “Nous Syriens, nous sommes tous unis contre la mafia au pouvoir”, démentant le discours communautaire du régime. Menacée de mort, elle a quitté la Syrie dans le courant de l’année 2012.
    Le choix de cette actrice de Homs n’est pas dû au hasard, c’est un choix politique et réfléchi.

    Fadwa Sleiment est alaouite (de la même minorité à laquelle appartient la famille Assad). Homs est une ville symbole de la révolution, une ville où vivait paisiblement une population de toutes les confessions. Dès le mois d’avril 2011, le régime commet son deuxième massacre, après celui de Dar’a au sud. Des milliers de pacifistes avaient occupé la principale place de la ville, à la manière de place Tahrir au Caire en Égypte.  L’armé a ouvert le feu sur la foule faisant des morts par dizaine, des blessés par centaines, et des milliers ont été enlevés ou jetés en prison.

    Période de manifestations pacifiques 
     

    Les femmes, de toutes les catégories sociales, de tous les âges ont pris une part active dès le premier jour dans la révolution syrienne. À la campagne comme à la ville : qu’elles soient mères de famille, étudiantes, fonctionnaires, ouvrières, institutrices, avocates, médecins, etc. les femmes ont participé à l’organisation des manifestations, ont pris part aux manifestations, sont venues en aide aux blessé(e)s, ont caché un parfait inconnu, une parfaite inconnue fuyant la traque des services de sécurité ou la mort par balle (3), etc.


    Les manifestantes n’étaient pas visibles dans les images que les médias occidentaux transmettaient. Or l’observateur attentif (4) relève non seulement une présence constante des femmes dans les manifestations de masse dans les rues de villes et de villages mais aussi un nombre important de manifestations organisées par les femmes au nom de la Femme Syrienne.


    (À signaler un phénomène intéressant symboliquement : la présence souvent à la tête de manifestants d’un garçon et d’une fille, âgés entre 11 et 13 ans, chantant tour à tour pour galvaniser la foule).
    Dans des zones où la présence massive des organismes officiels de répression rendait les manifes- tations très difficile à mener, elles ont fait preuve d’innovations pour inciter à l’action : à Damas, elles ont installé des haut-parleurs sur des immeubles, dans des jardins publics, diffusant des chansons révolutionnaires, ont lancé des ballons portant des tracts incitant la population à se joindre aux manifestants, ont tagué des murs en hommage à la révolution, aux prisonniers et aux disparus, etc.
    À Sweida (ville au sud de la Syrie) à la veille de Noël, des jeunes filles, habillées en père-noël, ont distribué des tracts appelant les habitants de la ville à la solidarité avec les révolutionnaires, etc.
    Autant d’actions qui nous paraissent d’ici anodines, mais dont les auteures là-bas risquent leur vie si elles sont prises sur les faits.


    Il y a aussi le phénomène de manifestations à l’intérieur (à domicile). Il existe de milliers de vidéos-amateur sur You tube montrant des femmes, visages cachés (pour ne pas être identifiée) lisant des déclarations, scandant des slogans, chantant des chansons révolutionnaires, brandissant des pancartes, etc.

    Des femmes ont multiplié les actions régulières, en ville comme à la campagne, en manifestant ou en organisant des sit-in pour réclamer la libération des leurs fils, filles ou maris injustement emprisonnés.
    À l’intérieur comme à l’extérieur du pays, des femmes se sont organisées : “Femmes syriennes pour défendre la révolte syrienne”, “Femmes Syriennes pour la Démocratie”...


    Dans cette guerre sans merci que le régime mène contre le peuple, la souffrance de la femme est particulièrement révoltante. Elle a été, elle est, quel que soit son âge, son rang social, la cible du viol collectif devant son mari, ses enfants, son père. Dans une société conservatrice où l’honneur de la femme est d’une importance capitale, c’est une arme que le régime emploie pour humilier les hommes de la famille et dissuader la population de toute action contre lui, mais aussi pour briser les femmes et les empêcher d’agir.


    Une politique qui a atteint en partie son objectif, puisque beaucoup ont tout quitté pour aller se refugier soit dans des zones libérées ou dans des pays limitrophes. Des militantes dans les camps de refugiés organisent régulièrement des campagnes d’explication pour aider les femmes violées, les amener à parler et raconter leur calvaire, mais aussi expliquer que la seule honte à avoir est d’avoir supporté ce régime infamant durant toutes ces années !!

    Période de lutte armée 
     
    Le rôle de la femme a atteint son apogée en 2012. L’arrestation, l’assassinat et la disparition de la plupart des activistes du premier rang de la contestation pacifique, notamment les hommes, ont été compensés par l’action des femmes qui se sont organisées en réseaux pour acheminer de l’aide médicale et des denrées alimentaires aux zones encerclés et bombardées par le régime mais aussi en perpétrant ou en soutenant le mouvement pacifique. Des militantes ont utilisé leur appartenance communautaire, comme alaouite ou chrétienne, pour passer les multiples barrages. L’efficacité de ce travail a décliné dès que certains barrages ont découvert le manège de ces militantes.


    Alors que la révolution prenait de plus en plus une tournure de lutte armée, des femmes  révolution-naires ont décidé de s’installer dans les zones libérées, devenues les zones les plus exposées, pour prendre part aux activités d’autogestion de la vie des gens et témoigner de la brutalité du régime. C’est le cas, pour ne citer que quelques noms connus, de Samira Khalil ou de Razan Zeitoneh (5) à Douma : témoigner et faire connaître à l’étranger ce que la population locale endure, encerclée par l’armée du régime et ses différents milices communautaires, bombardée, affamée, privée d’eau et d’électricité, etc.


    C’est le cas également de Marcelle Shahrour à Alep et bien d’autres anonymes.


    Jaramana, ville voisine de Damas, à majorité chrétienne et druze, a longtemps joué un rôle important dans la résistance des habitants et des combattants de plusieurs villes voisines révoltées. Grace à un réseau de femmes de Jaramana, cette ville est devenue l’arrière cuisine pour nourrir l’armée libre et les familles encerclées. Le régime et ses chabihha se sont chargés de liquider ces réseaux.
    Les exemples de femmes n’ayant pas une activité militante avant la révolution et qui se sont engagées y compris lorsque la révolution s’est armée ne manquent pas.


    C’est le cas de Oum Khaled à Kafrenbel (ville libérée au nord-ouest). Elle a fondé le premier centre réservé aux femmes. Elles se réunissent pour discuter de leur situation en temps de guerre, s’entraînent gratuitement dans des ateliers de premiers soins, mais aussi des ateliers de coiffure, de tricot, de langue anglaise, etc. Le centre a également une bonne bibliothèque. Oum Khalid est la preuve que les femmes de la région sont en mesure de s’exprimer dans les espaces publics créés par la révolution. En dépit de la militarisation croissante et de la domination masculine, la femme est capable de retrouver sa place et de jouer son rôle, place et rôle qui lui ont été volés depuis longtemps par le régime.

    Le combat continue 
     
    Lorsqu’en avril 2013, des groupes djihadistes, affiliés à al-Qaida, dont les pratiques n’ont rien à envier au régime, font leur apparition sur le sol syrien, des Syriens ont refusé de remplacer une dictature par une autre. Les actions pacifiques ont repris de plus belle : manifestations, sit-in, etc.
    C’est le cas notamment de la ville Raqqa (au nord-est) où le groupe Daech (l’État Islamique de l’Irak et la Syrie) en a fait sa principale base. Le mouvement de riposte pacifique des habitants contre les agissements de Daech n’a pas cessé.


    Mais une femme s’est distinguée en dehors de la mobilisation collective. C’est Souad Nofel, enseignante. Contre l’avis général, elle a décidé de dire son opposition en faisant des sit-in devant le quartier général de Daech, portant des pancartes avec des slogans à l’adresse des cadres du groupe. Malgré les menaces répétées à son encontre et l’agression physique dont elle est victime, elle refuse de “leur laisser” sa ville et continue tous les jours à les harceler avec ses pancartes et ses slogans.
    Souad est devenue un symbole de force et de la lutte des femmes syriennes qui résistent sur plusieurs fronts (6) : le régime, Daech, la mafia islamique, les autorités patriarcales, etc.

    Impact de la révolution et ses conséquences sur la femme

    Quelques points à souligner, sommairement, qui mériteraient d’être développés séparément.


    Responsabilités nouvelles
    Le drame dans lequel est plongée la femme syrienne (elle a perdu un mari, un père, un fils) loin de l’affaiblir lui procure autant de raisons pour agir. Sa participation active dans l’action humanitaire, l’autogestion locale, etc. change complètement la donne et la place en position de force.
    Avec les hommes au front, elle doit prendre en charge non pas seulement ses enfants mais aussi les parents, grands parents et souvent les enfants orphelins d’un frère ou d’une tante.  Cette terrible situation marque, marquera des générations des femmes et prépare une suite favorable à une lutte de la femme pour un avenir meilleur.


    Rencontre improbable !
    Pendant la lutte pacifique, les manifestations les plus nombreuses ont eu lieu au centre ville des métropoles syriennes. En revanche à Damas, elles ont souvent eu lieu dans les quartiers périphériques éloignés des casernes militaires, des bâtiments de sécurité et des points de rassemblement des milices privées du pouvoir. Les contestataires de toutes les conditions sociales se réunissaient dans une sorte de liesse populaire jubilatoire et apprenaient ensemble à vaincre leur terreur et affronter la répression sanglante. La place de la femme dans ces mouvements de masse n’était en rien moindre que celle de l’homme.


    Situation inédite où des femmes avocate, médecin, étudiante, fonctionnaire, scandant dans les cortèges avec les mères de famille, ouvrières, employée, paysanne.  Une situation où les militantes du centre ville, travaillaient main dans la main avec les hommes des quartiers décentrés pour préparer les manifestations. Ensemble elles vivent les horreurs que leur infligent les sbires du régime, se cachant chez les unes et les autres, chez les uns et les autres, en attendant que ça se calme (à Douma, Barzeh, al-Ghota).

    Cette mixité, cette interaction sociale n’aurait pas pu avoir lieu sans cet élan populaire de contestation.

    Il est trop tôt pour hasarder un pronostic sur l’issue de la révolution syrienne. En revanche, il est certain que pour beaucoup de femmes syriennes les lignes de démarcation sociale sont en partie tombées grâce à leur action décisive. Najwa Sahloul
    vendredi 4 juillet 2014

    (1) Voir du même auteur La révolution syrienne : Mille jours
    (2) Des réseaux du même type pour hommes ont été crées aussi, le nombre de mosquées et d’églises s’est multiplié. Les responsables religieux (Imams) sont nommés par le ministère des affaires religieuses. Le prêche du vendredi (prière collective à la mosquée) est fourni par les services de sécurité.
    (3) Bien entendu ces mères de famille savaient ce qu’elles risquaient : cacher un militant c’est s’exposer soi-même au danger d’être tué ou emprisonné.
    (4) Mohja Kahf, Les manifestations féminines de masse dans la révolution syrienne.
    (5) Zeitoneh est une avocate et militante de droits de l’homme, elle a été kidnappée depuis quelques mois avec ses amis.
    (6) C’est ce qui ressort de tous les messages que des femmes syriennes lui ont adressé

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1009