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Palestine - Page 101

  • Inter­vention lors du ras­sem­blement devant le ministère des affaires étrangères (Afps)

     

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/00/3845574971.jpeg

    Nous sommes ras­semblés alors que les bom­bar­de­ments ont repris sur Gaza et qu’on entend déjà cer­tains en faire porter la res­pon­sa­bilité sur les Pales­ti­niens.

    Hier mardi plus de 70 raids ont été effectués par l’aviation israé­lienne au pré­texte de l’envoi de 3 roquettes sur une zone déser­tique du sud d’Israël. Aujourd’hui la liste des vic­times et des des­truc­tions s’allonge, le chiffre de 2000 morts est dépassé.

    Une fois de plus Israël s’arroge le droit d’agir à sa guise en dehors de toutes les règles du droit inter­na­tional et du droit huma­ni­taire.

    Hier, alors qu’à Gaza les bom­bar­de­ments repre­naient, la femme et le fils de Mohamed Deif, res­pon­sable de la résis­tance armée du Hamas étaient tués dans l’attaque de leur maison, à Ramallah, et ce matin c’est le domicile de Khalida Jarrar, diri­geante du Front popu­laire, qui a été investi et elle s’est vue signifier un « ordre » de dépor­tation à Jéricho !

    Alors il est par­fai­tement hors de propos de faire porter la res­pon­sa­bilité de la fin de la trêve sur le Hamas.

    Hors de propos car aucun Pales­tinien, aucune orga­ni­sation pales­ti­nienne membre ou non de l’OLP, ne peut accepter que se pro­longe le statu quo cri­minel en place depuis plus de 7 ans et sur lequel s’arc-boutent les négo­cia­teurs israé­liens. La levée du blocus et du siège de Gaza, c’est l’exigence unanime de la société pales­ti­nienne. Le tribut payé a été trop lourd. Faut-​​il rap­peler que les bom­bar­de­ments ont fait plus de 2000 morts pales­ti­niens, très majo­ri­tai­rement des civils, dont plus de 430 enfants ou ado­les­cents et des mil­liers de blessés dont un très grand nombre res­teront han­di­capés à vie. Qui pourra jamais chiffrer ce coût humain ? 500 000 per­sonnes ont dû quitter leurs maisons que beaucoup ne retrou­veront pas. Les des­truc­tions ont été d’une ampleur jusque là inconnue et les bom­bar­de­ments d’écoles et d’hôpitaux ont constitué autant de crimes de guerre dont les res­pon­sables devront répondre. Ainsi que l’a clai­rement dit le secré­taire général de l’ONU et comme un certain François Hol­lande l’a concédé du bout des lèvres. Qui pourra vraiment chiffrer les des­truc­tions et dégâts de tous ordres ?

    Gaza ne peut accepter d’attendre, assiégé, la pro­chaine attaque, survolé par des drones espions qui à tout moment peuvent porter la mort. Il faut se repré­senter ce qu’est aujourd’hui la vie de la popu­lation à Gaza où après la des­truction de la cen­trale élec­trique où désormais l’eau et l’électricité sont quasi inac­ces­sibles pour une grande partie de la population.

    Non Gaza ne peut plus vivre sous blocus. Ni les Pales­ti­niens, ni aucune per­sonne de bonne foi ne peuvent l’accepter.

    C’est dire notre indi­gnation devant ce qui se joue en ce moment même à Gaza. En plein cœur de la « trêve estivale », nous avons été là pour la crier. Mais nous sommes là aujourd’hui pour dire que nous ne tenons pas nos gou­ver­nants pour quittes.

    La France, comme ses par­te­naires de l’UE, a une lourde res­pon­sa­bilité dans ce qui s’est passé et se joue aujourd’hui dans l’enclave pales­ti­nienne martyre. En épousant sans le moindre recul les thèses israé­liennes dès le début de l’agression, en inversant l’ordre des res­pon­sa­bi­lités entre occupant et occupé, elle donnait un feu vert scan­daleux au gou­ver­nement le plus extré­miste de l’histoire d’Israël et à ses plans d’épuration eth­nique et d’écrasement des Pales­ti­niens. Il aura fallu attendre le 4 août pour que devant la force des réac­tions et de nos mobi­li­sa­tions, le ministre des AE comme le Pré­sident prennent un autre langage et consentent à parler de carnage, tout en restant en réalité proches d’un renvoi dos à dos des deux parties.

    Si nous sommes là aujourd’hui, c’est pour dire à nos gou­ver­nants : c’en est assez !

    C’est l’impunité dont Israël sait pouvoir béné­ficier quoi qu’il fasse qui l’incite à se com­porter en Etat pré­dateur et agresseur. C’est elle qui constitue un danger majeur pour la paix. Continuer à fermer les yeux, se contenter de condam­na­tions ver­bales qui font sourire les apprentis sor­ciers de Tel Aviv, c’est en réalité leur donner un permis de tuer.

    Pour que cesse la tra­gédie de Gaza, l’heure est donc aux sanc­tions, plus urgemment que jamais. Israël ne lèvera pas le blocus de Gaza, ne cessera pas la colo­ni­sation de la Cis­jor­danie et de Jéru­salem sans y être contraint.

    La France doit immé­dia­tement cesser toute coopé­ration mili­taire et mettre un embargo total sur les armes à des­ti­nation d’Israël.

    Elle doit, au nom de la clause de sau­ve­garde de son article 2 sur le respect des droits de l’homme, sus­pendre pour ce qui la concerne l’accord d’association UE-​​Israël. Elle doit faire savoir qu’elle pour­suivra ceux de ses res­sor­tis­sants qui se sont rendus cou­pables de crimes ou de com­plicité de crimes de guerre. Au lieu de les freiner, elle doit appuyer les démarches pales­ti­niennes pour adhérer au statut de Rome et intégrer la CPI. Elle doit rap­peler qu’il n’y aura pas de solution poli­tique sans la libé­ration préa­lable des plus de 6800 pri­son­niers pales­ti­niens incar­cérés en Israël en vio­lation des Conven­tions inter­na­tio­nales. Elle doit cesser de cri­mi­na­liser la soli­darité, spé­cia­lement les actions de boycott citoyen, et abroger la cir­cu­laire Alliot-​​Marie.

    C’est cette voix que le Pré­sident de la Répu­blique doit faire entendre à Bruxelles au Conseil euro­péens du 30 août en apportant son soutien effectif au gou­ver­nement d’entente nationale dont l’éclatement est bel et bien le but poli­tique pour­suivi par Neta­nyahou depuis le début. Nous vous appelons à signer et faire signer la pétition au Pré­sident de la Répu­blique pour en finir avec l’impunité d’Israël qui vous est pro­posée par nos mili­tants et que vous trou­verez sur le site de l’AFPS.

    Nous le savons, seule notre mobi­li­sation citoyenne pourra amener nos gou­ver­nants à oser choisir clai­rement le chemin du droit et à dire non à l’impunité. C’est dire notre res­pon­sa­bilité : nous ne lâcherons pas !

    Paris, le 20 Août 2014

    http://www.france-palestine.org/Intervention-de-l-AFPS-lors-du

  • Assez de répression du peuple palestinien (Npa)

    khalidaj

     

    Tôt ce matin les forces d'occupation israéliennes ont envahi à El Bireh - Ramallah le domicile de notre camarade Khalida Jarrar, dirigeante du Front Populaire de libération de la Palestine (FPLP) lui intimant l'ordre de s'exiler dans la ville de Jericho avec interdiction d'en sortir.

    Cette pratique d'expulsion de dirigeants à l'intérieur de la Cisjordanie n'avait plus court depuis 1980 !

    En s'attaquant à Khalida, députée palestinienne, militante active de la résistance du peuple palestinien, l'Etat d'Israël tente de briser toutes les voix qui s'opposent à l'occupation de la Palestine, qui dénoncent les crimes horribles commis à Gaza.

    Il poursuit sa politique visant à empêcher toute avancée dans un processus de négociation aboutissant à la reconnaissance d’un Etat palestinien.

    Le NPA exprime son entière solidarité avec Khalida Jarrar.

    Il renforcera ses actions, dans l'unité la plus large, pour faire reculer cet Etat colonialiste et assassin. Il appelle à participer massivement aux manifestations organisées partout dans le pays en soutien à la résistance du peuple palestinien. Montreuil, le mercredi 20 août 2014

    http://npa2009.org/communique/assez-de-repression-du-peuple-palestinien

     

  • Nouveautés sur Afps Rennes

    • Un pont pour la Palestine 2

      Le collectif rennais pour une paix juste et durable profite du retour des vacanciers et vous invite à réitérer l’action "Un pont pour la Palestine" le dimanche 31 Aout. (cf action du 17 Aout dernier) Cette action a pour but de sensibiliser les automobilistes et à être visible du grand public. RDV (...)

     

    • Évaluation des dommages physiques à l’aide d’images satellite GAZA (avant et après)

      Sur le site de l’United Nations Office for the Coordination of Humanitarian Affairs appelé l’OCHA* on peut avoir apparaitre cette page : http://www.ochaopt.org/content.aspx... qui montrent les dommages physiques liés aux bombardements massifs dans la bande de Gaza perpétrés par l’armée israélienne (sous les yeux souvent enchantés des colons habitant aux alentours). Les images satellites affichées permettent de constater l’avant et l’après... Certaines zones et habitations ont été littéralement RASÉES (...)


    • Let Gaza Live” - “End Gaza Genocide !” -“We Are All Gaza”

      19 août

      Act to end complicity with Israel’s massacre of Gaza. Wear black to show your sympathy and support for the people of Gaza. Wear black to show your opposition to those who aid Israel’s accumulative genocide against the Palestinian people. To turn a blind eye to Israel’s massacres in Gaza today is to be complicit in Israel’s genocidal attacks against the Palestinian people. As of 2 PM on August 9th, an estimated 1,922 Palestinians have been killed — of whom 448 are children and 235 women — and (...)


    • Gaza : « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure »

      18 août

      Près de 2 000 morts, plus de 10 000 blessés, plus de 400 000 déplacés, des dizaines de milliers de bâtiments détruits ou endommagés… Le bilan de l’agression israélienne contre Gaza s’alourdit, malgré les « trêves » et autres « cessez-le-feu », de jour en jour. Il s’agit tout simplement, en termes de bilans humain et matériel, de la plus violente offensive israélienne dans les territoires palestiniens depuis la guerre de juin 1967. À l’heure actuelle, l’attention se polarise sur les « négociations » en cours (...)


    • Israël cesse d’exporter vers l’UE les volailles de colonies jugées illégales

      18 août

      Israël va cesser d’exporter à partir du 1er septembre vers l’Union européenne des volailles et produits laitiers originaires des colonies en accord avec des directives européennes, ont rapporté dimanche des responsables israélien et européen. (AFP) "En accord avec de précédentes décisions, l’Union européenne ne reconnaît plus l’autorité des services d’inspection vétérinaire israéliens pour approuver l’exportation de volailles et de (produits laitiers) issus de colonies", a affirmé un responsable européen à (...)


    • Gaza : un "Juste" néerlandais rend sa médaille à Israël

      18 août

      Henk Zanoli, 91 ans, avait reçu la médaille de Yad Vashem pour avoir caché un enfant juif entre 1943 et 1945. Aujourd’hui, il reproche à Israël le "meurtre" de six personnes de sa famille dans les bombardements de Gaza. Un Néerlandais de 91 ans, distingué comme "Juste parmi les Nations" pour avoir sauvé un enfant juif durant l’Occupation nazie, a rendu sa médaille, arguant que six de ses proches sont morts à Gaza sous les bombes israéliennes, ont rapporté vendredi les médias israéliens et néerlandais. (...)


    • Gaza : une conférence des donateurs programmée si un cessez-le-feu durable est mis en place

      18 août

      Les donateurs internationaux pour la Palestine se réuniront au Caire en vue de financer la reconstruction à Gaza dès qu’un accord de cessez-le-feu durable aura été conclu entre Israël et Palestiniens. Cette annonce, faite lundi 18 août du chef de la diplomatie norvégienne, Boerge Brende, intervient alors que la trêve en cours doit expirer dans la nuit de lundi à mardi et que les négociateurs sont à nouveau réunis en Egypte après trois jours d’interruption. C’est le titre d’une brève du journal Le (...)


     

    • SIONISME...

      17 août

      Nous avons choisi de consacrer un article de cette documentation à la question du « sionisme », tant il est vrai que ce mot, qui a pourtant un sens précis est utilisé aujourd’hui à toutes les sauces, voir complètement détourné, parfois pour des objectifs opposés mais souvent aussi par pure méconnaissance. Aujourd’hui, en Israël, la religion est omniprésente dans la législation, dans la classe politique, dans le gouvernement, dans le Parlement et dans le débat public. Mais cela n’a pas toujours été le cas (...)

  • Nouveautés sur "Samidoun"

    239-arrests
    239 Palestinians arrested in last week by occupation forces
    239 Palestinians were arrested in Jerusalem and the West Bank over the past week, reported the Palestinian Prisoners’ Club on Friday, August 15. 132 are from Jerusalem, 32 from Ramallah/al-Bireh, 25 from al-Khalil, 16 from Bethlehem, 10 from Nablus, 9 from Jenin, 5 from Salfit, 4 from Tulkarem, 3 from Tubas and 3 from Jericho […]
     
     
    Art by Melanie Cervantes. More info: https://www.facebook.com/melaniecervantes/media_set?set=a.10103382330005363&type=1&l=54fbe93d5e
    Palestinian statement on murder of Mike Brown and solidarity with Ferguson
    Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network is an endorser of the following statement, posted on Electronic Intifada by Rana Baker: Palestinian groups and individuals inside and outside of historic Palestine have signed thefollowing statement in solidarity with their brethren in Ferguson, Missouri. Unsurprisingly, many of the police deployed to crush unarmed protesters demanding justice for the brutal murder of […]
     
     
    ibrahim-jaber-2010-kopie1
    10 Palestinians arrested as former prisoner released
    Ibrahim Jaber, former Palestinian prisoner released in the Wafa al-Ahrar prisoner exchange, was released on August 12 after being re-arrested last week. He is one of 62 former prisoners released in the exchange who have been re-arrested since June; their release is one of the terms of the Palestinian resistance in relation to a ceasefire […]
     
     
    pris
    Palestinian lawyers meet with detainees from Gaza as many remain missing
    Palestinian lawyers met with 26 Palestinians from Gaza abducted by occupation soldiers during the ground invasion of Gaza on August 12, where they are being held in Ashkelon prison. A number of Palestinians continue to be unaccounted for following their disappearance during the Israeli assault on Gaza, when a reported over 250 Palestinians were arrested […]
     
     
    ferguson
    Solidarity with Ferguson: Justice for Michael Brown, End Police Oppression
    Samidoun Palestinian Prisoner Solidarity Network expresses its solidarity to the steadfast and struggling people of Ferguson, Missouri, U.S., who are currently facing a militarized police occupation of their community following the police killing of Michael Brown, a young Black man, on Saturday, August 9. The community of Ferguson have taken to the streets to demand […]
     
     
    israel
    Palestinians detained from Gaza being brought before military courts
    Occupation authorities are bringing Palestinians detained in Gaza before sham military courts to extend their detention, said Raafat Hamdouna, representative of the Ministry of Prisoners’ Affairs, saying that Palestinian lawyers are pursuing the issue. 10 Palestinians from Gaza had their detention extended on August 10, 3 on August 11, 8 are scheduled for military court […]
     
     
    aqra-maan
    Occupation forces kill Palestinian during assault on home in Nablus
    Palestinian Zakariya al-Aqra, 24, a Fateh activist, was killed by occupation soldiers on Monday, August 11, after his family home in Qabalan, near Nablus was surrounded by army vehicles. Soldiers fired several “Energa” shells into the home, then bulldozed the entrance to the home, after which soldiers entered and shot al-Aqra, killing him and wounding […]
    PFLP, Hamas and Islamic Jihad banners at rally for Palestinian national unity.
    PFLP prisoners reject family visits in solidarity with targeted Hamas and Islamic Jihad prisoners
    The occupation prison administration has prevented family visits to Hamas and Islamic Jihad prisoners for two months, reported the Prisoners Center for Studies on August 10. In addition, prisoners affiliated with these movements have had electrical appliances removed from their rooms, denied recreation and frequently transferred to other prisons. The prison branch of the Popular […]
     
     
    July 24: Mass arrest of Palestinians by occupation ground forces, Gaza
    Dozens of Palestinians abducted from Gaza remain missing
     
    Dozens of Palestinians abducted by Israeli occupation forces from Gaza during their ground invasion remain missing, reported Shawqi al-Ayassa, Palestinian minister of prisoners’ affairs. Over 200 Palestinians were reportedly abducted from Gaza, including a number from the Khuza’a area, and interrogated by the Shin Bet. Approximately 75 were released en masse in Beit Hanoun, but […]
     
     
    ketz
    Palestinian political prisoners raided, stormed by Israeli special units
     
    Palestinian prisoners continue to be subject to aggressive armed raids and abusive sanctions, reported Palestinian lawyers. On Sunday, August 10, the Palestinian Prisoners’ Society reported that 200 special forces officers ransacked section 24 of Negev (Ketziot) prison for sudden and violent inspections. This followed an incident on Friday, August 8, when special units stormed three […]

  • Les camps palestiniens dans la révolution syrienne (Noria)

     

    Arrivés par vagues successives du nord de la Palestine en 1948, du Golan en 1967 et du Liban dans les années 1980, les Palestiniens sont aujourd’hui 500 000 à vivre en Syrie, la plupart dans des camps de réfugiés progressivement transformés en quartiers périphériques des grandes villes.

    Quoique bien intégrés et bénéficiant d’un statut juridique relativement favorable, ils ne peuvent avoir accès à la nationalité syrienne[1].

    Le régime syrien s’est toujours, et de façon très nette depuis le début de la révolte, appuyé sur les minorités, se présentant comme leur protecteur face au spectre de la division confessionnelle et ethnique pour s’assurer soutien populaire et crédibilité sur la scène internationale.

    La population palestinienne ne peut certes pas être considérée comme une minorité nationale, mais son soutien est néanmoins précieux dans la mesure où le discours officiel du régime conditionne au maintien au pouvoir de Bachar al Assad la survie de la « résistance » à Israël. Ce soutien semble aujourd’hui bien entamé et le régime est conscient de l’impact symbolique que constitue une mobilisation des Palestiniens aux côtés des révolutionnaires syriens. En avril 2012, l’intellectuel palestinien vivant en Syrie Salama Kila a ainsi été arrêté, torturé puis expulsé en Jordanie pour avoir écrit dans un journal clandestin que «pour libérer la Palestine, il est nécessaire de faire tomber le régime [syrien]»[2]. C’est ce nouveau regard sur le régime, comme frein et non moteur de la résistance à Israël, ainsi qu’un sentiment de solidarité avec la population syrienne, qui a fait progressivement entrer les camps palestiniens dans la géographie de la révolte syrienne.

    On se concentrera ici davantage sur les logiques de mobilisation de la jeune génération des camps, en laissant délibérément de côté les conflits, les prises de positions et les doutes des factions politiques palestiniennes traditionnelles à l’égard de la crise syrienne. Il semble en effet que celles-ci n’aient eu que peu d’influence sur les choix et les orientations récentes des Palestiniens, qui, de même que les révolutionnaires tunisiens et égyptiens, rejettent de plus en plus les structures partisanes[3].

    Il est possible de distinguer trois niveaux de participation des Palestiniens de Syrie à la mobilisation, correspondant à trois périodes successives.

    Durant les premiers mois de la révolte, les camps restent calmes. On observe alors cependant une participation indirecte et passive des Palestiniens. Pour tenter de la comprendre, une étude de la géographie des camps, en particulier leur répartition dans le pays et la place qu’ils occupent dans chaque ville, peut s’avérer utile.

    À partir du mois de juin 2011, la contestation entre dans les camps palestiniens qui se révoltent non pas contre le régime syrien directement mais contre les milices palestiniennes pro-régime.

    Enfin, depuis quelques mois seulement, la participation des Palestiniens à la révolte semble être entrée dans une troisième phase, celle de l’intégration active et directe, adoptant cette fois les mêmes moyens d’action, les mêmes modes d’organisation et les mêmes revendications que les révolutionnaires syriens.

    Socialisation et politisation de la jeunesse palestinienne en Syrie

    De toute évidence, la volonté du régime et de certaines factions palestiniennes de maintenir les réfugiés hors des événements que traversait la Syrie était illusoire. Bénéficiant d’un statut juridique favorable, les Palestiniens se sont intégrés à la société syrienne. Ils sont désormais représentés dans toutes les classes et catégories sociales.

    Une partie, certes minoritaire, de la population palestinienne a pu tirer profit de l’ouverture économique des dix dernières années. La qualité de l’enseignement des écoles de l’UNRWA[4] auxquelles ont accès les Palestiniens en Syrie, ainsi que le capital culturel élevé de nombreux réfugiés aux origines citadines, ont rendu possible l’ascension sociale d’une partie d’entre eux. Ils sont très présents dans les universités ainsi qu’à tous les niveaux des secteurs public et privé, en particulier dans les professions intellectuelles telles que l’enseignement et le journalisme.

    Du fait de cette ascension sociale, de nombreux Palestiniens vivent désormais hors des camps, notamment dans le centre des grandes villes du pays. Les camps sont quant à eux sont également habités par de plus en plus de Syriens attirés par leur loyers bon marché. Le statut de « réfugié » et la qualification de « camps » pour designer les quartiers palestiniens, ne doit pas cacher la réalité de l’intégration et de la socialisation de la population palestinienne à la société syrienne. Ainsi, malgré le discours des factions palestiniennes traditionnelles, les réfugiés se sentent tout autant concernés par les événements. Comme le confiait avec ironie à l’auteur un étudiant du camp de Yarmouk à propos de la prétendue égalité entre Palestiniens et Syriens : « Finalement, nous sommes comme les Syriens : comme eux je ne peux pas voter pour changer de président, je dois faire le service militaire et si je me plains je vais en prison. Nous sommes égaux dans la souffrance et dans la détestation de ce régime ».

    Dans la Syrie prérévolutionnaire, où la question palestinienne et plus généralement la « résistance » à Israël jouissaient d’un quasi monopole dans le débat public, la dictature ayant anéanti tout espace politique et toute dissidence intérieure, les camps palestiniens se distinguaient fondamentalement des quartiers syriens par l’omniprésence de la politique dans l’espace public. Portraits, drapeaux et affiches des innombrables  factions palestiniennes couvrent les murs et remplissent les échoppes des camps. Outre les activités militantes, les factions palestiniennes organisent des activités culturelles, entretiennent la mémoire des « martyrs »,  gèrent des clubs de sport, offrent des bourses d’études, etc. S’ils rejettent aujourd’hui les factions, les Palestiniens sont dès le plus jeune âge confrontés et imprégnés de leurs discours politiques.

    Les camps palestiniens, « poumons des villes assiégées »

    La mobilisation des Palestiniens de Syrie a tout d’abord pris la forme d’une participation passive et indirecte à la révolte. La majorité d’entre eux préférait rester en dehors du conflit. Le souvenir du sort réservé aux Palestiniens en Jordanie, au Liban et en Irak, qui ont payé cher leur engagement dans la politique intérieure, les incitait à ne pas prendre position dans un conflit dont l’issue était plus qu’incertaine[5].

    Hésitant à participer directement à la révolte, ou du moins en tant que Palestiniens, de nombreux militants jugeaient inopportun d’organiser des manifestations dans les camps et préféraient grossir les rangs des cortèges des quartiers voisins. De fait, les camps palestiniens sont souvent situés à proximité des quartiers à la pointe de la mobilisation.Construits en périphérie des grandes villes, les camps se retrouvent aujourd’hui dans des banlieues densément peuplées, d’une population le plus souvent pauvre et sunnite arrivée avec l’exode rural, des travailleurs kurdes et turkmènes, des déplacés originaires du « Golan occupé ».

    À Damas, les camps Yarmouk-Falestine jouxtent le quartier de HajrAswad, l’une des premières villes de la banlieue de la capitale à s’être mobilisée.  Le camp palestinien de Homs se trouve tout près de l’université et du quartier de Baba Amr, aujourd’hui entièrement détruit par les bombardements. Le quartier de al-Ramel à Latakieh est coupé en deux, entre une partie syrienne sunnite au nord, qui s’est mobilisée dès le début de la révolte et un camp palestinien informel au sud. On retrouve une situation équivalente à Deraa et à Hama.

    Cette proximité permet ainsi à certains jeunes Palestiniens des camps de participer aux manifestations des quartiers voisins, mais également d’offrir un refuge aux activistes pourchassés, aux déserteurs en fuite, aux blessés évitant les hôpitaux et aux familles déplacées. La surveillance étant souvent considérée comme moins intense dans les camps palestiniens, de nombreux militants syriens s’y réunissaient et s’y cachaient. Les comités locaux de coordination, qui organisent le mouvement dans chaque quartier, ont décrit les camps palestiniens comme « les poumons des villes assiégées »[6].

    En effet,  Deraa, première ville ayant subi le siège de l’armée, a bénéficié pendant un temps de l’aide matérielle fournie par les Palestiniens que ce siège avait relativement épargnés. Le même phénomène s’est produit à Homs où, selon plusieurs témoignages, les premières armes récoltées par les opposants  auraient été fournies par des Palestiniens[7]. Un peu plus tard, le 15 août 2011, le quartier de al-Ramel à Latakieh, sur la côte méditerranéenne, a été investi par l’armée à la suite d’une série de manifestations. Les opposants pourchassés se sont retranchés dans le camp palestinien voisin qui a alors été bombardé par la marine.

    La révolte contre les factions palestiniennes pro-régime

    Avant de se révolter contre le régime syrien, c’est contre les partis palestiniens que la colère de la jeunesse des camps va se tourner. Aux cris de « al sha’ab yourîd isqât al fasâ’il » (le peuple veut la chute des factions), la population des camps s’approprie le fameux slogan des révolutions arabes[8] et déclenche sa révolution au niveau local, à l’intérieur des camps.

    Contrairement aux accusations portées par la propagande du régime syrien, les partis n’ont pas joué de rôle essentiel dans la mobilisation des Palestiniens.

    De fait, différents partis politiques palestiniens sont actifs dans les camps. Seul le Hamas, allié traditionnel du régime syrien, a pris ses distances avec la « solution sécuritaire » du pouvoir. Le bureau politique du mouvement a quitté Damas pour s’installer entre le Caire et Doha. Si la plupart des partis affichent leur soutien au régime, certains se montrent de plus en plus prudents, craignant de perdre leur soutien populaire.

    C’est notamment le cas du FDLP (Front Démocratique pour la Libération de la Palestine) et duFPLP(Front Populaire pour la Libération de la Palestine). Le Fatah a été accusé par le régime d’être responsable des premiers troubles à Deraa puis à Latakieh. Les dirigeants du mouvement n’ont eu de cesse de démentir toute implication, Mahmoud Abbas allant même jusqu’à nier la participation des Palestiniens aux manifestations en Syrie[9].

    D’autres factions restent au contraire fidèles à Damas, participant même à la répression du soulèvement, au premier rang desquelles le FPLP-Commandement Général, d’Ahmed Jibril[10]. Ce parti est considéré par de nombreux opposants comme la branche palestinienne des services de renseignements syriens. De fait, ce sont les milices du FPLP-CG, les seules réellement armées, qui assurent la sécurité et la répression dans les camps. C’est donc contre ces milices que vont se révolter les Palestiniens à partir du mois de juin 2011.

    C’est lors de la commémoration de la Nakba et de la Naksa, le 15 mai et le 5 juin 2011 que les premières émeutes éclatent dans les camps palestiniens. Chaque année, l’anniversaire de l’exode des Palestiniens en 1948, puis celui de la défaite de 1967, donnent lieu à des manifestations en faveur de la libération de la Palestine et du retour des réfugiés. À ces occasions, le 15 mai et le 5 juin 2011, des Palestiniens de Syrie ont manifesté à la frontière israélienne, parvenant même à la franchir et à s’introduire dans le « Golan occupé ». La marche du 5 juin fut particulièrement violente puisqu’une vingtaine de manifestants ont été tués par des soldats israéliens. C’est pendant les funérailles de ces victimes, le lendemain à Yarmouk au sud de Damas, que la première émeute a éclaté contre les factions palestiniennes. Le cortège funéraire s’est transformé en manifestation, s’attaquant au FPLP tout d’abord et FPLP-CG ensuite, dont le siège a été brulé et plusieurs cadres tués.

    Contrairement à ce qui a souvent été présenté dans les médias[11], l’idée de se rendre à la frontière n’était pas qu’une manifestation orchestrée et pilotée par le régime syrien destinée à détourner l’attention des problèmes internes à la Syrie. Il s’agissait en réalité d’une initiative créée par un groupe de jeunes Palestiniens, pour la plupart opposés au régime syrien, rassemblés dans les mouvements de la « troisième Intifada »et de la « Révolution des Réfugiés »qui souhaitaient étendre le printemps arabe à la Palestine. L’objectif était même pour certains de tenter de ridiculiser l’armée syrienne en montrant que des manifestants désarmés étaient capables de franchir une frontière qu’aucun soldat syrien n’osait approcher. Cependant, les autorités syriennes ont tenté de détourner cette initiative à leur profit, tout d’abord en autorisant les manifestants à se rendre à la frontière, ce qui n’avait jamais été possible auparavant, mais également en leur fournissant des autobus.

    C’est la tentative de récupération de l’événement, et notamment des « martyrs », qui a mis le feu aux poudres. De nombreux jeunes Palestiniens disent avoir compris à compter de cette date du 5 juin que le régime syrien utilisait la question palestinienne ainsi que celle des réfugiés pour son propre agenda politique.Cet événement a achevé de déconstruire le mythe de la Syrie championne de la « résistance » à Israël. Consciente de cette tentative d’instrumentalisation, la jeunesse des camps entame alors un bras de fer avec les factions pro-régime. En cette année 2012, au lendemain du dernier anniversaire de la Nakba, on constate qu’une telle marche commémorative n’a pas eu lieu.Le régime, n’ayant plus confiance en la foule palestinienne, ne peut désormais plus se payer le luxe de la mobiliser sans risquer de la voir se retourner contre lui.

    L’entrée tardive dans la révolution

    Après s’être développée de façon autonome par rapport au soulèvement syrien, et répondant à des dynamiques propres aux camps, la mobilisation des Palestiniens s’intègre finalement à la révolution syrienne à partir des mois de février et mars 2012. C’est donc au bout d’un an de révolte que l’on peut observer un rapprochement entre les logiques et les modes de mobilisation des  camps et celles des quartiers qui les entourent.

    Il ne s’agit plus de combattre les autorités locales dans les camps, c’est-à-dire les milices du FPLP-CG et les shabbiha[12] palestiniens, payés par de grandes familles palestiniennes proches du régime,  mais de réclamer désormais, aux côtés des Syriens, la chute du régime. Les mêmes formes de lutte et les mêmes modes d’organisation apparaissent alors dans les camps. Descoordinations locales (tansîqiyyat mahalia)[13], ont été créées dans chaque camp sur les mêmes modèles et en coordination avec les tansîqiyyat syriennes des autres quartiers et organisent des manifestations nocturnes quotidiennes.

    Les militants recueillent des informations et publient sur le réseau social Facebook des listes de noms et des photos de « collaborateurs », soupçonnés de travailler avec le régime ou avec le FPLP-CG. Des soldats de l’Armée de Libération de la Palestine(ALP)[14] désertent et rejoignent l’Armée Syrienne Libre (ASL) faisant le serment de libérer la Syrie d’abord, la Palestine ensuite. Les milices du FPLP-CG toujours présentes dans les camps menacent les familles des potentiels déserteurs, ce qui explique que les défections soient pour l’instant peu nombreuses et rarement publiques[15]. Le climat au sein de l’armée de libération est extrêmement tendu. À la fin du mois de mars, trois officiers ont été assassinés en pleine rue à Yarmouk. Des attaques contre des personnalités connues pour leurs opinions hostiles au régime répondent aux opérations de l’armée libre contre des Palestiniens soupçonnés de participer à la répression. Le responsable de la sécurité du camp de Yarmouk, Imad Serya, a été assassiné par l’ASL[16]. Depuis la fin du mois de juillet, les combats à l’intérieur des camps sont quotidiens. Le camp de Deraa est régulièrement bombardé. À Yarmouk, au cœur de la « bataille de Damas » qui se concentre aujourd’hui dans la banlieue sud autour des quartier de Tadamon et Hajr Aswad, des brigades palestino-syriennes de l’ASL affrontent les blindés de l’armée régulière. Les camps ressemblent désormais au reste de la Syrie.

    L’entrée tardive et hésitante dans le mouvement révolutionnaire s’explique par la crainte de prendre position dans un conflit que de nombreux Palestiniens considèrent comme interne à la Syrie. Cependant on peut constater une certaine redéfinition identitaire de la jeune génération dans les camps palestiniens[17]. Les shebbab al-moukhayem, les jeunes du camp,  comme ils aiment à se présenter, revendiquent plus aisément leur identité locale, de quartier, que leur identité strictement palestinienne. Certains se présentent également comme syro-palestiniens. Lorsque leur est rappelée leur identité palestinienne, ils ironisent en affirmant qu’ils ne sont pas « les enfants de Sykes-Picot », rejetant ainsi le découpage colonial des frontières de la région.

    Tout comme les Syriens, les jeunes Palestiniens sont conscients de souffrir de la dictature, de la répression et de la corruption. L’existence de shuhada’,« martyrs » palestiniens de la révolution syrienne, participe à la construction de ce nouveau référent identitaire à travers la construction en cours d’une histoire commune. Cela se traduit donc par une mobilisation non plus côte à côte, mais avec les Syriens, comme cherche à le montrer ce slogan des manifestations palestino-syriennes: « wahed wahed wahed, falistini souri wahed »(un, un, un, les Palestiniens et les Syriens ne font qu’un).

    Felix LEGRAND

     
    Pour citer cet article:

    Legrand, Felix. « Les camps palestiniens dans la révolution syrienne ». Noria, 19 août 2012, [En ligne] http://www.noria-research.com/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne (date de consultation)

    Notes:

    http://www.noria-research.com/2012/08/19/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne/

  • Palestine. Traduire les exigences du peuple de la Palestine historique et des opprimé·e·s d’une région entière (Al'E)

    Ce 15 août 2014, au Caire, se poursuivent les négociations indirectes – sous la houlette des services de l’intelligence militaire du président, ex-maréchal, Abdel Fattah al-Sissi – entre la «délégation palestinienne» et «la délégation israélienne». Cette dernière est formée de membres des divers services de l’armée et de la «sécurité». Avec leurs collègues d’Egypte il n’y a donc pas besoin de traducteurs.

    Pour disposer d’un pâle reflet du rapport de force effectif et de ce que représente le sys- tème territoires-libérés-pour-être-mieux contrôlés (Gaza), il suffit d’avoir connaissance de deux éléments abordés lors de ces tractations. Ainsi, l’Etat d’Israël semble prêt à permettre le transfert d’une somme pour le paiement des 40 000 fonctionnaires du Hamas à Gaza. Paiement qui serait effec- tué par l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas et par ceux qui la financent.

    Cette information – élémentaire – est offerte par le quotidien israélien Yedioth Ahronoth qui suit les transactions cairotes. Autre «concession» d’Israël: le nombre de camions transitant par le point de contrôle de Karam Abu Salem pourrait passer à 600 par jour. Reconstruction oblige. Mais seront encore précisées les modalités de surveillance de ces convois ainsi que de leur contenu. Cette vigilance ne doit pas faire obstacle à un business favorable à l’économie d’Israël et à l’AP, dont les membres sont amateurs de quelques «dons».

    Pendant ce temps, un pilonnage de Gaza, par Israël, reste possible. Cela dans la mesure où il faudrait «recadrer les négociations» selon les vœux du gouvernement israélien et de son «conseil de sécurité».

    Pour l’heure, laissons de côté ces négociations indirectes, le rôle attribué à un Mahmoud Abbas qu’il «faut renforcer», les déclarations des diverses fractions du gouvernement israélien, les multiples chantages diplomatiques face à des Etats-Unis moins triomphants, les frictions au sein de la «délégation palestinienne», le rôle de l’Egypte et de ses alliances, etc.

    En effet, conjointement aux pourparlers du Caire, se déroule une autre tragédie, d’une ampleur historique.

    L’International New York Times, du 15 août, l’a compris. En première, avec photographie à l’appui, il titre : «Syria rebellion teeters on defeat» (La rébellion syrienne bascule vers la défaite). Les forces du peuple insurgé de Syrie ont dû se battre – sans appui – contre la dictature de Bachar el-Assad et contre les criminels de l’Etat islamique (ex-Etat islamique en Irak et au Levant). Sur la chaîne israélienne I24News, ce 15 août 2014, à 16 h 50, dans une émission consacrée à «la défense», Alon Pinkas, ancien consul général d’Israël à New York, reconnaissait que l’Armée syrienne libre (ASL) n’avait pas été soutenue par les Etats-Unis et par Israël.

    Pour une raison dite évidente: ce «boucher, ce criminel» (selon les termes de Pinkas), Bachar el-Assad, assurait le plus de stabilité relative dans la région. Ce d’autant plus qu’il «était affaibli» et qu’il n’existe pas d’alternative plus favorable pour ceux qui ont des intérêts dans cette région tourmentée. Plus exactement une région torturée: 180 000 morts, des centaines de milliers de blessé·e·s, des traumatismes pour des centaines de milliers d’enfants, d’adolescents, d’adultes, des millions de «personnes déplacées» en Syrie et dans les pays voisins, des milliers et milliers de déte- nu·e·s torturé·e·s. Cette lugubre énumération doit être répétée de manière inlassable; entre autres en direction de ceux et celles qui se mobilisent, à juste titre, pour les droits du peuple palestinien, mais qui expriment, au mieux, un égarement d’ignorant, au pire, un fanatisme rappelant les adeptes du «culte de Mao», avant leur conversion! Une volte-face qui frappe souvent les dévots.

    Parallèlement, les prosélytes armés de l’Etat islamique viennent de prendre, ces derniers jours, le contrôle de huit localités situées au nord d’Alep. Cette ville historique de Syrie – peuplée aujourd’hui d’un maximum de 500’000 habitants alors qu’elle en comptait plus de 2 millions en 2009 – est bom- bardée quartier par quartier par l’armée de Bachar el-Assad. En Irak, des dizaines de milliers d’Ira- kiens – de diverses confessions – cherchent à survivre dans des régions montagneuses et désertiques et à trouver refuge dans des villes du Kurdistan irakien ou en Syrie. Sans ces refuges, ces milliers de fugitifs seront soumis aux plus insupportables supplices.

    Voilà l’arrière-plan complexe et dramatique sur lequel va se dérouler, le 23 août 2014, une manifestation nationale de soutien aux droits du peuple palestinien. Il est dès lors impératif de prendre en compte cette réalité d’ensemble, même de façon sommaire. Les réunions dites unitaires ne semblent pas traduire une telle exigence. L’appel dit unitaire va être publié. Dans le cadre d’échan- ges préparatoires à cette manifestation, des membres du Mouvement pour le socialisme/Bewegung für Sozialismus (MPS-BFS) – qui partagent les objectifs généraux de la campagne BDS (Boycott, désin- vestissement et sanctions) – ont proposé le texte ci-dessous, datant du 10 août 2014. Un texte qui se veut élémentaire. Le MPS-BFS fera connaître sa propre analyse et ses options pour la solidarité avec les opprimé·e·s et les exploité·e·s de la Palestine historique et de la région, lors de la manifestation du 23 août 2014 à Berne. (Rédaction A l’Encontre)

    Les bombardements sur Gaza doivent cesser !
    Le blocus de Gaza doit être levé !
    Halte à la colonisation de la Cisjordanie !
    Pour l’application de toutes les résolutions de l’ONU !
    Pas de collaboration entre les appareils militaro-industriels d’Israël et de Suisse !

    Depuis le 8 juillet 2014, la puissante machine de guerre israélienne pilonne Gaza. En réalité, depuis des décennies, il ne s’agit que d’une guerre, dont les phases sont de plus en plus meurtrières. Une guerre pour contrôler, harceler, emmurer, emprisonner, expulser les Palestiniens et les Palestiniennes. Et contraindre des centaines de milliers de réfugié·e·s à littéralement croupir dans des camps-ghettos au Liban, en Jordanie, en Syrie.

    Un terme doit être mis à cette guerre. Une tâche historique, difficile, mais décisive pour l’émancipation de tous les peuples. Cette tâche repose sur les épaules blessées du peuple palestinien et sur sa volonté inébranlable, malgré toutes ses souffrances. Elle repose de même sur le combat contre tous les pouvoirs autocratiques de la région, complices des divers impérialismes.

    En Europe comme en Suisse, toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien – et ses frères dans la région – participent de ce combat pour la libération nationale et contre un Etat colonialiste. Une solidarité décidée, continue, concrète – au-delà de sa modestie – relève d’un impératif éthique universel. Elle est reçue comme telle par les opprimé·e·s de la Palestine historique. Cette fraternité est aussi entendue par les Arabes israéliens.

    Une minorité, en Israël, qui s’oppose à la politique guerrière et colonisatrice du gouvernement, peut comprendre le sens d’actions solidaires pour les droits du peuple palestinien car elles renvoient à des principes intelligibles que le sionisme fondamentaliste n’a pu gommer. Cela peut ébrécher «l’unité nationale sioniste» qui se reconstruit à coups de guerres dites défensives.

    Face à ces guerres à répétition contre le peuple palestinien, le premier devoir de la solidarité consiste à diffuser les revendications centrales portées par la société civile palestinienne :

    • un peuple occupé et opprimé détient le droit de se défendre et de mettre fin à l’occupation et à la colonisation des terres reconnues internationalement comme les siennes ;

    • le démantèlement du mur de séparation ;

    • l’arrêt de l’édification de colonies et l’établissement d’un plan régional pour la dislocation de celles établies contrairement à la résolution 446 du Conseil de sécurité, du 22 mars 1979. Elle affirmait que «ces colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 n’avaient aucune validité en droit et faisaient gravement obstacle à l’instauration d’une paix générale, juste et durable au Moyen-Orient» ;

    • la mise en place d’une initiative intergouvernementale afin d’assurer le droit de retour et l’indemnisation des réfugié·e·s, selon les termes de la résolution 194 de 1948 de l’ONU ;

    • l’interruption de l’occupation déguisée de Gaza par le biais du blocus et le rejet d’une mise sous mandat international de la bande de Gaza ;

    • la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, doublement emprisonnés par le pouvoir israélien ;

    • l’application stricte de tous les droits fondamentaux des citoyens et citoyennes arabes israéliens, ce qui implique la dissolution du système de ségrégation qui les vise.

    Un vaste mouvement de solidarité en Suisse – au-delà de sa configuration plurielle, normale – met l’accent sur :

    • l’arrêt de toute collaboration militaire et coopération en matière d’armement de la Suisse avec l’Etat d’Israël. Dans l’immédiat, l’achat de drones israéliens doit être révoqué ; dans cette optique peuvent être développés des objectifs de la campagne internationale BDS ;

    • la convocation par les autorités suisses, en qualité d’Etat dépositaire des Conventions de Genève, d’une conférence pour l’application du droit humanitaire ;

    • le soutien à des initiatives internationales assurant la constitution d’une enquête complète sur l’opération «Bordure protectrice», cela afin que toute plainte qui serait déposée devant la CPI par des représentants de la société civile palestinienne puisse développer ses effets aux plans juridiques et économiques ;

    • la reconnaissance du statut de réfugié politique aux Palestiniens visés par le pouvoir militaire et policier israélien, comme à toutes les personnes menacées de mort, de torture et de prison par les gouvernements autocratiques de la région et par les forces obscurantistes et criminelles de l’Etat islamique. (10 août 2014)

    Rédaction A l’Encontre Publié par Alencontre le 15 - août - 2014

    http://alencontre.org/moyenorient/irak/palestine-traduire-les-exigences-du-peuple-de-la-palestine-historique-et-des-opprime%C2%B7e%C2%B7s-dune-region-entiere.html

  • Paris: Collectif National pour une Paix Juste et Durable, mercredi 20 août 18h30

    9 AOUT 2014.jpg

    Appel du Collectif National pour une Paix Juste et Durable

    Rassemblement mercredi 20 août à 18 heures 30
    place des Invalides – métro Invalides


    Halte à l’agression israélienne
    Levée du blocus, illégal et criminel, de Gaza
    Libération de tous les prisonniers
    Sanctions immédiates contre Israël jusqu’au respect du droit international
    Soutien à la résistance du peuple palestinien
    Oui à la liberté d’expression, non à la criminalisation de la solidarité

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3463

  • Gaza et les négociations du Caire (Julien Salingue Essf)

     
    La première des hostilités dont sont victimes les habitants de Gaza est le blocus illégal et inhumain
     
    « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure »

    Près de 2 000 morts, plus de 10 000 blessés, plus de 400 000 déplacés, des dizaines de milliers de bâtiments détruits ou endommagés… Le bilan de l’agression israélienne contre Gaza s’alourdit, malgré les « trêves » et autres « cessez-le-feu », de jour en jour. Il s’agit tout simplement, en termes de bilans humain et matériel, de la plus violente offensive israélienne dans les territoires palestiniens depuis la guerre de juin 1967.

    À l’heure actuelle, l’attention se polarise sur les « négociations » en cours au Caire, en vue d’un cessez-le-feu durable. Ces négociations aboutiront-elles ? Rien n’est moins sûr. Et quand bien même elles aboutiraient, rien ne sera réellement réglé.

    Un « cessez-le feu » ?

    Le récit politique et médiatique dominant demeure imprégné du point de vue israélien. Les « hostilités » se résumeraient aux bombardements sur Gaza et aux tirs de roquettes palestiniens. Une « sortie de crise » passerait donc par un accord permettant de mettre un terme aux uns et aux autres. Les diri- geants et les médias occidentaux pourraient ainsi respirer un grand coup et passer à une autre actua- lité, en attendant que dans un an ou deux, une nouvelle campagne militaire israélienne ait lieu au prétexte des tirs de roquettes, et chacun s’interrogerait et tenterait de comprendre pourquoi la « trêve » n’a pas duré…

    Les données du problème sont pourtant simples. La première des hostilités dont sont victimes la bande de Gaza et ses habitants est le blocus illégal et inhumain imposé à la petite enclave côtière, avec la complicité de l’Égypte, depuis plus de 8 ans. Ce blocus a détruit la vie au sein de Gaza et menace chaque jour un peu plus ses habitants d’une véritable tragédie humanitaire. Un rapport de l’ONU publié en 2012 indiquait ainsi que la bande de Gaza ne serait « plus vivable » en 2020, en raison du manque d’infrastructures (au moins 80 hôpitaux supplémentaires devraient être construits, le nombre d’écoles devrait être doublé) et de la pénurie de ressources essentielles (avant l’agression actuelle, la moitié des habitants de Gaza n’avaient pas un accès régulier à l’eau potable et près de 80 % de la population devait se contenter de 4 heures d’électricité par jour).

    L’opération israélienne en cours a aggravé encore un peu plus la situation, avec des dégâts estimés entre 5 et 6 milliards de dollars (soit environ 3000 dollars par habitant). La seule centrale élec- trique de Gaza a été détruite et les officiels annoncent qu’il faudra au moins un an pour la réhabiliter ; des milliers de bâtiments ont été endommagés ou détruits, parmi lesquels des écoles, des hôpitaux et des établissements industriels indispensables ; le nombre d’habitants dépendant de l’aide alimentaire internationale a encore augmenté, pour atteindre plus de 75% de la population. Selon un responsable de l’ONG israélienne Gisha, qui fait notamment campagne pour la liberté de circulation des biens et des personnes depuis et vers Gaza, sans levée du blocus, « cela prendrait 100 ans de reconstruire Gaza » si le blocus n’est pas levé, qui empêche notamment les matériaux de construction d’entrer dans la Bande.

    « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure »

    Les demandes palestiniennes pour la signature d’un accord de cessez-le-feu ne sont absolument pas, dans de telles conditions, et ce contrairement au récit dominant des négociations en cours, « maxima- listes » ou « radicales ». Elles font d’ailleurs consensus chez l’ensemble des forces palestiniennes, y compris la très docile Autorité Palestinienne de Ramallah, dirigée par un Mahmoud Abbas dont on con- naît pourtant la tendance au «compromis», ou plutôt à la compromission. On pourrait s’étonner du fait que quasiment personne, chez ceux qui vantent la «modération» d’Abbas pour mieux l’opposer à la «radicalité» du Hamas, n’ait souligné ce fait, si l’on ne savait pas déjà que ce genre de propos est avant tout destiné à affaiblir la partie palestinienne.

    Quelles sont ces demandes ?

    La levée du blocus, évidemment, qui passe notamment par l’ouverture des frontières avec Israël et avec l’Égypte, la réhabilitation du port et de l’aéroport de Gaza (détruit et fermé depuis la fin de l’année 2000), l’extension à 10 kilomètres de la zone de pêche au large de Gaza. Comme le souligne la juriste Francesca Albanese, qui a travaillé durant 8 ans pour l’ONU, « Aucune de ces revendications n’est nou- velle. Les Nations Unies, entre autres, ont régulièrement exigé la levée du siège, siège illégal selon la législation internationale, comme une condition nécessaire pour mettre fin à la situation humanitaire désastreuse dans la Bande. Faciliter les mouvements des marchandises et des gens entre la Cisjor- danie et la Bande de Gaza avait déjà été stipulé dans l’Agrément sur le Mouvement et l’Accès (AMA) signé entre le gouvernement d’Israël et l’Autorité Palestinienne en 2005. Même la construction d’un port et la possibilité d’un aéroport à Gaza avaient déjà été stipulées dans l’AMA, alors que leur réalisation effective n’a jamais suivi. La demande d’élargissement de la zone de pêche autorisée est inférieure à celle envisagée en 1994 dans les Accords d’Oslo et elle faisait déjà partie de l’arrangement du cessez-le-feu en 2012 »

    Rien de « maximaliste » ou de « radical » dans de telles exigences, qui correspondent tout simplement au minimum vital pour la population de Gaza, et qui sont reconnues comme légitimes par l’ensemble des organismes internationaux. Ce sont ces revendications qu’Israël refuse d’entendre, démontrant une fois de plus que ce que la puissance occupante refuse au nom de sa prétendue sécurité n’est pas la satisfaction des droits nationaux des Palestiniens (eux aussi consacrés par le droit inter-national) mais l’établissement des conditions de la satisfaction de leurs besoins les plus élémentaires: circuler, se loger, se soigner, se nourrir convenablement, s’éduquer. D’où l’exaspération de la population de Gaza et des organisations de la résistance palestinienne, et ce sentiment de plus en plus répandu chez les habitants de l’enclave, et ce malgré la violence de l’agression actuelle, tel que le résume Raji Sourani du Palestinian Center for Human Rights (PCHR) : « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure ».

    Sans justice, pas de paix !

    Nulle intransigeance donc de la part des Palestiniens, mais au contraire une certaine modération puis- que nulle organisation ne demande aujourd’hui la satisfaction de l’ensemble des droits nationaux des Palestiniens (fin de l’occupation civile et militaire, droit à l’autodétermination et droit au retour des réfu- giés) en échange d’un cessez-le-feu, mais seulement des droits basiques et un peu d’oxygène.

    L’intransigeance est à situer, une fois de plus du côté de l’État d’Israël, qui démontre à qui voulait l’oublier qu’il poursuit, au nom de sa soi-disant « sécurité », une entreprise méticuleuse de des- truction de la société palestinienne afin de l’empêcher de pouvoir revendiquer collectivement ses droits. Tel est l’un des objectifs inavoués de l’agression contre Gaza: renvoyer la petite bande côtière à l’âge de pierre afin que les préoccupations de la population ne soient pas liées à la lutte pour la fin de l’occupation mais à la lutte pour la reconstruction et la survie.

    C’est pourquoi, dans les négociations actuelles, Israël refuse d’entendre parler d’une véri- table levée du blocus, qui permettrait en effet aux Gazaouis de respirer un peu et, à terme, de se réor- ganiser pour combattre l’occupation. On serait tenté de dire que l’État d’Israël aurait tort de se priver d’agir de la sorte dans la mesure où personne, dans les chancelleries occidentales, ne formule de quel- conques exigences à son égard et ne considère qu’il faudrait exercer de quelconques pressions à son encontre. Bien au contraire, on accuse les Palestiniens d’être responsables de l’échec des soi-disant « trêves » et on exige qu’ils cessent de revendiquer leurs droits, les plus élémentaires, en échange d’une « accalmie », entendre la fin des bombardements massifs.

    Dès lors, il est plus qu’urgent d’entendre les appels répétés des organisations palesti- niennes, qu’il s’agisse des organisations palestiniennes ou des structures de la société civile, qui ne cessent de répéter que l’urgence est aujourd’hui à l’imposition de véritables sanctions contre Israël, avec l’extension de la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), seule à même d’exercer de véritables pressions sur Israël, de contribuer à son isolement et de modifier le rapport de forces en faveur des Palestiniens. Comme le soulignaient dès le 15 juillet plusieurs organisations de la société civile de Gaza, « sans pression et sans isolement, le régime israélien n’a cessé de prouver qu’il continuera à perpétrer des massacres tels que ceux auxquels nous assistons pour l’instant et qu’il n’a nullement l’intention de mettre un terme à des décennies d’épuration ethnique, d’occupation militaire et de politique d’apartheid. (…) Nous vous invitons à rallier la campagne sans cesse croissante de Boycott, Désinvestissement et Sanctions afin de demander des comptes à cet État voyou qui se révèle une fois de plus si violent tout en bénéficiant pourtant de la plus grande impunité ».

    Le meilleur service à rendre aux Palestiniens est donc de faire preuve d’au moins autant de déter-mination et d’obstination qu’eux en faisant payer le prix des souffrances qui leur sont infligées à l’État d’Israël et à tous ceux qui le soutiennent, entre autres et notamment le gouvernement Hollande-Valls.

    Trêve durable ou pas, la lutte devra se poursuivre afin d’éviter qu’Israël ne se sente libre, à l’avenir, de bombarder, d’emprisonner, d’expulser, de tuer et de coloniser. Qu’il s’agisse de leurs droits nationaux ou de leurs droits les plus élémentaires, les droits des Palestiniens ne sont pas négociables et ne peuvent être sacrifiés sur l’autel des intérêts de l’État d’Israël et de ses alliés occidentaux et arabes. En d’autres termes, et comme le répètent depuis des décennies les Palestiniens et tous ceux qui sont authentiquement solidaires de leur cause : sans justice, il n’y aura pas de paix.

    Julien Salingue  15 août 2014

  • «Peu de Palestine reste. Pas à pas, Israël l’efface de la carte (Eduardo Galeano)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/01/01/1816872736.jpeg

      Pour se justifier, le terrorisme de l’État fabrique des terroristes :

    il sème de la haine et récolte des alibis. Tout indique que cette boucherie de Gaza, qui selon ses auteurs veut en finir avec les terroristes, réussira à les multiplier.

    Depuis 1948, les palestiniens vivent condamnés à l’humiliation perpétuelle. Ils ne peuvent même respirer sans permission. Ils ont perdu leur patrie, leurs terres, leur eau, leur liberté, leur tout. Ils n’ont même pas le droit de choisir leurs gouvernants. Quand ils votent pour celui pour lequel ils ne doivent pas voter, ils sont punis.

    Gaza est punie. C’est devenu une souricière sans sortie, depuis que le Hamas a proprement gagné les élections en 2006. Quelque chose de semblable était arrivée en 1932, quand le Parti Communiste a triomphé aux élections d’El Salvador.

    Baignés dans le sang, les habitants du Salvador ont expié leur mauvaise conduite et depuis ce temps-là ont vécu soumis à des dictatures militaires.

    La démocratie est un luxe que tous ne méritent pas. Enfants de l’impuissance sont les roquettes « maison » que les militants du Hamas, parqués à Gaza, lancent maladroitement sur les terres qui avaient été palestiniennes et que l’occupation israélienne a usurpées. Et le désespoir, au bord de la folie suicidaire est la mère des bravades qui nient le droit à l’existence d’Israël, des cris sans aucune efficacité, tandis que la guerre très efficace d’extermination nie, depuis des années, le droit à l’existence de la Palestine. Peu reste de la Palestine. Pas à pas, Israël l’efface de la carte.

    Les colons envahissent, et après eux les soldats corrigent la frontière.

    Les balles sacralisent la spoliation, en légitime défense. Il n’y a pas de guerre agressive qui ne dit pas être une guerre défensive. Hitler a envahi la Pologne pour éviter que la Pologne envahisse l’Allemagne. Bush a envahi l’Irak pour éviter que l’Irak envahisse le monde. Dans chacune de ses guerres défensives, Israël a avalé un autre morceau de la Palestine, et les déjeuners suivent.

    La dévoration se justifie par les titres de la propriété que la Bible a octroyée, par les deux mille ans de persécution dont le peuple juif a souffert, et par la panique que les palestiniens génèrent au guet. Israël est le pays qui ne tient jamais les recommandations ni les résolutions des Nations Unies, celui qui ne respecte jamais les sentences des tribunaux internationaux, celui qui se moque des lois internationales, et est aussi l’unique pays qui a légalisé la torture de prisonniers.

    Qui lui a offert le droit de nier tous les droits? D’où vient l’impunité avec laquelle Israël exécute le massacre de Gaza ? Le gouvernement espagnol n’aurait pas pu impunément bombarder le Pays Basque pour en finir avec l’ETA, ni le gouvernement britannique aurait pu raser l’Irlande pour liquider l’IRA.

    Est-ce que la tragédie de l’Holocauste implique une assurance d’impunité éternelle ? Ou ce feu vert provient-il de la puissance, le grand manitou qui a en Israël le plus inconditionnel de ses vassaux ? L’armée israélienne, la plus moderne et sophistiquée du monde, sait qui elle tue. Elle ne tue pas par erreur. Elle tue par horreur. Les victimes civiles s’appellent dommages collatéraux, selon le dictionnaire d’autres guerres impériales.

    A Gaza, sur chaque dix dommages collatéraux, trois sont enfants. Et s’ajoutent par milliers, les mutilés, les victimes de la technologie de l’écartèlement humain que l’industrie militaire essaie avec réussite dans cette opération de purification ethnique. Et comme toujours, toujours la même chose : à Gaza, cent pour un. Par chaque cent palestiniens morts, un Israélien. Des gens dangereux, avertit l’autre bombardement, pour le compte des médias de masse de manipulation, qui nous invitent à croire qu’une vie israélienne vaut autant que cent vies palestiniennes.

    Et ces médias nous invitent à croire aussi que sont humanitaires les deux cents bombes atomiques d’Israël, et qu’une puissance nucléaire appelée Iran a été celle qui a anéanti Hiroshima et Nagasaki.

    La soi-disant communauté internationale : existe-t-elle ? Est-elle quelque chose de plus qu’un club de marchands, de banquiers et de guerriers ? Est-elle quelque chose de plus que le nom scène que prennent les États-Unis quand ils font du théâtre ? Devant la tragédie de Gaza, l’hypocrisie mondiale brille encore une fois. Comme toujours, l’indifférence, les discours vides, les déclarations creuses, les déclamations ronflantes, les postures ambiguës, rendent un tribut à l’impunité sacrée. Devant la tragédie de la Gaza, les pays arabes se lavent les mains. Comme toujours. Et comme toujours, les pays européens se frottent les mains.

    La vieille Europe, si capable de beauté et de perversité, répand quelque larme tandis qu’elle célèbre secrètement ce coup de maître.

    Parce que la partie de chasse aux Juifs a toujours été une coutume européenne, mais depuis un demi-siècle cette dette historique est demandée aux palestiniens, qui sont aussi sémites et qui n’ont jamais été, ni ne sont, antisémites. Ils paient, par le sang comptant et trébuchant, un compte des autres.

    (Cet article est dédié à mes amis juifs assassinés par les dictatures latino-américaines qu’Israël avaient conseillées).

    Eduardo Galeano

    Aporrea.org. Caracas, le 26 novembre 2012.

    *Eduardo Galeano, est un écrivain et journaliste uruguayen, célèbre pour avoir écrit « Les veines ouvertes de l’Amérique Latine ». Gagnant du prix Stig Dagerman, il est considéré comme l’un des écrivains les plus remarquables de la littérature latinoaméricaine.

    El Correo. Paris, 5 août 2014.

    http://www.elcorreo.eu.org/Peu-de-Palestine-reste-Pas-a-pas-Israel-l-efface-de-la-carte-Eduardo-Galeano

  • Le problème palestinien et le conflit israélo-arabe (Manifeste Matzpen 1967)

    Le dix-neuvième anniversaire de la création de l'Etat d'Israël aura lieu ce mois-ci. Durant ces dix-neuf années le conflit israélo-arabe ne s'est pas rapproché d'une solution.

    Le problème palestinien demeure une plaie ouverte au sein du Moyen-Orient ; une source incessante d'effusions de sang, de souffrances et d'injustices ; un lourd fardeau pesant sur les ressources économiques de la région ; un prétexte pour l'intervention impérialiste et l'agression militaire ; une menace grave pour la paix mondiale.

    Mais ce qui est particulièrement grave, c'est la situation des Arabes palestiniens, les victimes directes de la guerre de 1948 et de la collusion entre « les frères-ennemis » : Ben Gourion et Abdallah. La majorité des Arabes de Palestine ont été dépossédés de leurs foyers et de leurs terres durant la guerre de 1948 et après celle-ci, et ils vivent depuis lors comme réfugiés, dans les souffrances et la détresse, à l'extérieur d'Israël.

    Les dirigeants israéliens refusent catégoriquement de reconnaître leur droit élémentaire au rapatriement. Les Arabes qui sont restés en Israël sont victimes d'une sévère oppression économique, civique et nationale.

    Durant ces dix-neuf années, Israël a été un îlot isolé au sein du Moyen-Orient, un état qui n'est indépendant qu'au sens formel du terme, vu sa dépendance économique et politique des puissances impérialistes, spécialement des Etats-Unis. Il a servi continuellement d'instrument de ces puissances contre la nation Arabe et contre les forces progressistes du monde arabe. Ce rôle de la politique officielle israélienne s'est manifesté le plus clairement (mais ce ne fut pas la seule occasion) en 1956, lorsque le gouvernement israélien s'est joint à l'impérialisme anglo-français dans une collusion agressive contre l'Egypte, fournissant même à ces puissances le prétexte d'une intervention militaire.

    L'état de guerre et l'hostilité entre Israël et ses voisins arabes s'est poursuivi depuis dix-neuf ans et les dirigeants sionistes d'Israël n'ont aucune perspective réelle de modifier cette situation. La politique israélienne est dans l'impasse.

    La crise économique actuelle en Israël, qui a entraîné un chômage important chez les ouvriers et qui soumet les masses populaires à une pénible épreuve, souligne le fait qu'Israël ne peut continuer à exister longtemps sous sa forme présente, en tant qu'Etat sioniste, coupé de la partie du monde où il se situe.

    Ainsi la situation actuelle est contraire aux intérêts des masses arabes : Israël, sous sa forme actuelle, constitue un obstacle important à la lutte de ces masses contre l'impérialisme et pour l'unité socialiste Arabe. Le maintien du statu quo est également contraire aux intérêts des masses israéliennes.

    L'Organisation Socialiste Israélienne dans les rangs de laquelle se trouvent des Arabes comme des Juifs, estime que le problème palestinien et le conflit israélo-arabe peuvent et doivent être résolus dans une direction socialiste et internationaliste, prenant en considération les aspects spécifiques de ce problème complexe. Ce n'est pas un conflit ordinaire entre deux nations.

    Par conséquent il ne suffit pas d'en appeler à une coexistence basée sur la reconnaissance mutuelle des droits nationaux des deux peuples.

    L'état d'Israël est la conséquence de la colonisation jusqu'au boutiste de la Palestine par le mouvement sioniste, aux dépens du peuple arabe et sous les auspices de l'impérialisme. Le présent état d'Israël, sioniste, est aussi un instrument de la poursuite du "projet sioniste". Le monde arabe ne peut approuver l'existence en son sein d'un Etat sioniste dont l'objectif déclaré est non pas de servir d'expression politique à sa propre population, mais de tête de pont, instrument politique et destination de l'immigration des juifs du monde entier. Le caractère sioniste d'Israël est également contraire aux véritables intérêts des masses israéliennes, parce qu'il signifie que le pays se trouve dans une dépendance constante de forces extérieures.

    Nous estimons, par conséquent, qu'une solution du problème requiert la désionisation d'Israël. L'Etat d'Israël doit subir une profonde transformation révolutionnaire, de sorte que cet état sioniste (c'est-à-dire état des Juifs du monde entier) devienne un état socialiste représentant les intérêts des masses qui y vivent. En particulier, la « loi du retour » (qui accorde à tout juif du monde le droit absolu et automatique d'immigrer en Israël et en devenir un citoyen), doit être abrogée. Chaque demande d'immigration en Israël sera jugée à ce moment séparément sur ses mérites propres, sans discrimination aucune de nature raciale ou religieuse.

    Le problème des réfugiés arabes de Palestine est l'aspect le plus douloureux du conflit israélo-arabe. Nous sommes donc d'avis que tout réfugié qui désire retourner en Israël doit être mis en mesure de le faire ; dans ce cas, il devrait obtenir un rétablissement intégral dans tous ses droits économiques et sociaux. Les réfugiés qui choisiraient librement de ne pas être rapatriés devraient être intégralement indemnisés pour la perte de propriété et les souffrances personnelles subies par eux.

    En outre, tous les lois et règlements ayant pour objet d'exercer une discrimination envers la population arabe d'Israël, de l'opprimer et d'exproprier ses terres doivent être abrogés. Toutes expropriations et tous dommages (relatifs à la terre, à la propriété et à la personne) causés sous couvert de ces lois et règlements doivent être intégralement dédommagés.

    La désionisation d'Israël implique également que soit mis fin à la politique étrangère sioniste, qui sert l'impérialisme. Israël doit prendre une part active à la lutte des arabes contre l'impérialisme et pour l'établissement d'une unité socialiste arabe.

    La colonisation sioniste de la Palestine se différencie de la colonisation d'autres pays sous un rapport essentiel : alors que dans d'autres pays les colons ont fondé leur économie sur l'exploitation du travail des autochtones, la colonisation de la Palestine a été réalisée par le remplacement et l'expulsion de la population indigène.

    Ce fait a engendré une complication extrême du problème palestinien. Comme résultat de la colonisation sioniste s'est formée en Palestine une nation hébraïque avec ses propres caractéristiques nationales (langue commune, économie séparée, etc.). Qui plus est, cette nation a une structure de classe capitaliste ; elle se divise en exploiteurs et exploités, bourgeoisie et prolétariat.

    L'argument que cette nation s'est formée artificiellement et aux dépens de la population arabe indigène ne change rien au fait que cette nation hébraïque est maintenant existante. Ce serait une erreur désastreuse que d'ignorer ce fait.

    La solution du problème palestinien doit non seulement réparer les torts faits aux arabes de Palestine, mais également garantir l'avenir national des masses hébraïques. Ces masses ont été amenées en Palestine par le sionisme, mais elles ne sont pas responsables des actions du sionisme. Tenter de punir les travailleurs et les masses populaires d'Israël pour les péchés du sionisme ne peut résoudre le problème palestinien, mais seulement mener à de nouveaux malheurs.

    Ceux des dirigeants nationalistes arabes qui en appellent au Jihad [guerre sainte] pour la libération de la Palestine ignorent le fait que, même si Israël était vaincu militairement et cessait d'exister en tant qu'Etat, la nation hébraïque existerait encore. Si le problème de l'existence de cette nation n'est pas résolu correctement, une situation de conflit national dangereux et prolongé sera à nouveau créée, ce qui causera une effusion de sang et des souffrances sans fin et servira de nouveau prétexte à l'intervention impérialiste. Ce n'est pas une coïncidence que les dirigeants qui préconisent pareille « solution » s'avèrent également incapables de résoudre le problème kurde.

    De plus, il faut comprendre que les masses israéliennes ne seront délivrées de l'influence du sionisme et ne lutteront contre lui qu'à la condition que les forces progressistes du monde arabe leur présentent une perspective de coexistence sans oppression nationale. L'Organisation Socialiste Israélienne estime par conséquent qu'une solution véritable du problème palestinien requiert la reconnaissance du droit de la nation hébraïque à l'autodétermination.

    Autodétermination ne signifie pas nécessairement séparation. Au contraire, nous sommes d'avis qu'un petit pays pauvre en ressources naturelles, tel qu'Israël, ne peut exister en tant qu'entité séparée. Une seule alternative s'offre à lui : ou bien continuer à dépendre des puissances étrangères, ou bien s'intégrer dans une union régionale.

    Il s'ensuit que la seule solution conforme aux intérêts des masses arabes, comme des masses israéliennes, est l'intégration d'Israël en tant qu'unité dans une union économique et politique du Moyen-Orient sur la base du socialisme. Dans un pareil cadre, la nation hébraïque sera à même de mener sa propre vie nationale et culturelle sans mettre en péril le monde arabe et sans que sa propre existence soit menacée par les arabes. Les forces des masses israéliennes se joindront à celles des masses arabes dans une lutte commune pour le progrès et la prospérité.

    Nous estimons, par conséquent, que le problème palestinien, de même que d'autres problèmes essentiels du Moyen-Orient, ne peut être résolu que dans le cadre d'une Union du Moyen-Orient. L'analyse théorique et l'expérience pratique montrent toutes deux que l'unité arabe ne peut se former et exister de manière stable seulement si elle a un caractère socialiste.

    On peut donc résumer la solution que nous proposons par la formule : désionisation d'Israël et intégration de celle-ci dans une Fédération Socialiste du Moyen-Orient. Nous sommes d'avis que le problème de l'avenir politique des Arabes palestiniens devrait également être résolu dans le cadre décrit ci-dessus.

    Certains estiment que la justice exige la création d'une entité politique spéciale des Arabes de Palestine. Notre opinion est que cette question doit être décidée par les Arabes palestiniens eux-mêmes, sans ingérence extérieure. Cependant, nous pensons que ce serait une grave erreur de poser le problème de l'avenir politique des arabes palestiniens séparément et indépendamment de la question de l'union socialiste arabe. Les arabes palestiniens sont à présent aux premiers rangs de la lutte pour l'unité. Si on devait leur présenter un objectif séparé et indépendant, la cause de l'unité arabe pourrait en subir de sérieux dommages. De même, la création d'un petit etat arabe séparé n'est pas conforme aux intérêts de la nation arabe, y compris du peuple arabe de Palestine.

    Par conséquent, nous sommes d'avis que si les arabes de Palestine se prononcent pour la création d'une entité politique propre, les dispositions politiques et territoriales nécessaires devraient être prises dans le cadre de la formation d'une Fédération socialiste du Moyen-Orient. Les pays qui détiennent actuellement des portions du territoire de la Palestine — Israël, la Jordanie, et l'Egypte — devraient contribuer en particulier à un tel règlement.

    Nous en appelons aux forces socialistes révolutionnaires des pays arabes et des autres pays, afin qu'elles prennent en considération le programme présent qui est le nôtre, et entament une large discussion en vue de mettre au point une position commune sur les problèmes du Moyen-Orient.  

    Organisation Socialiste Israélienne

    Matzpen (La Boussole) 18 mai 1967

    https://www.marxists.org/francais/4int/suqi/1967/05/manifeste_matzpen.htm