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Palestine - Page 102

  • Des survivants juifs du génocide nazi

    Des survivants juifs du génocide nazi et des descendants de survivants condamnent de façon sans équivoque  le massacre des Palestiniens à Gaza.

    En tant que survivants juifs du génocide nazi et descendants de survivants nous condamnons sans équivoque le massacre des Palestiniens à Gaza, l’occupation et la colonisation de la Palestine historique qui continuent. Nous condamnons en outre les Etats-Unis qui apportent un financement à Israël pour mener à bien leur attaque et de façon plus générale les états occidentaux qui utilisent leur force diplomatique à protéger Israël de toute condamnation. Le génocide commence par le silence du monde.

    Nous sommes très préoccupés par la déshumanisation raciste extrême des Palestiniens dans la société israélienne qui a atteint un paroxysme. En Israël, les politiciens et les pontes ont appelé ouvertement dans le « Times of Jerusalem » et le « Jerusalem Post » au génocide des Palestiniens et l’extrême-droite israélienne adopte des insignes néo-nazis.

    En outre, nous sommes dégoûtés et outragés par l’usage abusif de notre histoire dans ces pages pour promouvoir des mensonges flagrants utilisés pour justifier l’injustifiable :  l’important effort d’Israël pour détruire Gaza et le meurtre de près de 2000 Palestiniens, parmi lesquels plusieurs centaines d’enfants.

    Rien ne peut justifier le bombardement d’abris de l’ONU, de maisons, d’hôpitaux et d’universités. Rien ne peut justifier le fait de priver les gens d’électricité et d’eau. Nous devons élever une voix collective et utiliser notre pouvoir collectif pour mettre un terme à toutes les formes de racisme, y compris le génocide en cours des Palestiniens. Nous appelons à la fin immédiate du siège et du blocus de Gaza. Nous appelons à un total boycott économique, culturel et universitaire d’Israël. « Plus jamais » doit signifier « Plus jamais pour tous ».

    Appel déjà signé par 250 personnes.

    Déclaration et appel du Réseau International Juif Antisioniste (International Jewish Anti-Zionist Network – IJAN) publiés dans le « New York Times ».

  • Thèses du groupe trotskyste palestinien (Marxists.org)

    (Anti-sionistes années 1970)

     

    1. La faiblesse de l'impérialisme britannique après la deuxième guerre mondiale, la consolidation de la bour­geoisie indigène dans quelques colonies importantes et le dévelop- pement de la classe ouvrière ainsi que l'inten­sification de sa lutte sociale et anti-impérialiste ont obligé la Grande-Bretagne à évacuer ses troupes de certaines colonies et à prévoir un réajus-tement de la défense de l'Empire. D'autre part, la bourgeoisie indi­gène est devenue un agent de la domination impéria­liste indirect plus digne de confiance du fait de la peur grandissante devant la classe ouvrière organisée qui est sortie plus forte que jamais de cette guerre. Particulière­ment dans les colonies - et semi-colonies et dans les régions coloniales où l'impérialisme américain a pénétré comme principale puissance économique, l'impéria­lisme britannique essaie d'assigner une partie des tâches de la défense de l'Empire et de la préparation de la prochaine guerre mondiale à l'impérialisme améri­cain. D'autre part, la Grande-Bretagne cherche à main­tenir autant d'influence économique et d'autorité sur la bourgeoisie indigène qu'il est possible de le faire. C'est ce qui se passe à présent dans le Moyen-Orient. D'une part, l'impérialisme britannique évacue une partie de ses troupes de Palestine et de l'Irak et laisse à l'ONU, c'est-à-dire à l'impérialisme américain, le soin de déci­der le sort de la Palestine et, d'autre part; il incite à la “ guerre sainte ” en Palestine afin de gagner de l'in­fluence politique sur le monde arabe et il s'efforce de s'allier aux États arabes, comme par le traité prévu avec l'Irak qui donnerait à l'impérialisme britannique le maxi­mum de pouvoir possible dans les conditions de domi­nation indirecte. L'antagonisme entre les impérialismes américain et britannique dans cette région se manifeste particulièrement dans la question de savoir de quelle façon chacun d'eux peut obtenir le maximum d'influence directe sur l'économie et la politique indigène tout en y envoyant le plus petit nombre de troupes. La décision de diviser la Palestine appuyée par le États-Unis, appa­remment en opposition à la Grande-Bretagne, a créé la situation suivante dans l'Orient arabe : la Grande-Bre­tagne a obtenu la possibilité de retirer une partie de ses troupes tout en renforçant son prestige dans le monde arabe ; l'Amérique, dont les intérêts pétroliers n'ont pas souffert d'une certaine perte de prestige à cause de liens économiques qui lient la bourgeoisie indigène à l'impérialisme yankee, y a gagné un agent direct, la bourgeoisie sioniste, qui, de ce fait, est devenu complè­tement dépendante du capital américain et de la poli­tique américaine. De plus, l'impérialisme américain a maintenant une justification pour intervenir militairement dans le Moyen-Orient chaque fois que cela lui convien­dra. Tous les deux ont créé une situation de chauvi­nisme grandissant dans laquelle il est devenu possible d'écraser la classe ouvrière arabe et tous les mouve­ments de gauche dans tout l'Orient arabe, et ceci est également dû à cause de l'appui russe au plan impéria­liste de division de la Palestine.
    2. Les féodaux arabes et la bourgeoisie du Moyen-Orient, représentés par la Ligue Arabe, voient dans la bourgeoisie sioniste un concurrent non seulement sur le marché des moyens de consommation du Moyen-Orient (en ce qui concerne l'Égypte) mais également sur le marché des agents impérialistes dans l'Orient arabe. Par sa guerre raciale contre les Juifs de Palestine, la Ligue Arabe veut limiter la zone d'activité des industries juives et prouver à l'impérialisme qu'elle est un facteur qui peut encore mieux le servir que le sionisme. En même temps, elle favorise l'impérialisme dans ses plans sur une grande échelle au Moyen-Orient et elle n'est que trop intéressée à suivre ses ordres en vue d'utiliser cette guerre chauvine pour aviver les sentiments anti­-russes et pour écraser brutalement la classe ouvrière arabe et tous les groupes de gauche. Elle voit dans l'épouvantail sioniste et dans le problème palestinien en général une trop belle occasion pour détourner l'atten­tion des masses opprimées des pays arabes de leurs problèmes sociaux et de l'exploitation impérialiste et indigène et pour exacerber les haines raciales contre les minorités et pour recruter des chômeurs pour “ Gihad ” en Palestine. Dans ces circonstances, l'anta­gonisme traditionnel entre les deux cliques de la Ligue Arabe - la famille Hachémite britannique d'une part et le bloc américain du roi du pétrole de l'Arabie, de l'Égypte et du régime actuel en Syrie d'autre part - se manifeste dans leur compétition pour l'intervention la plus extrême et la plus active en Palestine afin d'être sur place, d'y créer un fait accompli et de rassembler le butin dès qu'il sera nécessaire de se conformer aux décisions finales de l'impérialisme.
    3. Les féodaux arabes de Palestine, sachant que dans une telle guerre raciale ils sont les dirigeants naturels, veulent reconquérir de cette façon leur autorité sur la population arabe de Palestine, autorité qui avait été affaiblie par le développement, durant la guerre, de la jeune bourgeoisie des villes du littoral et par la crois­sance et l'organisation de la classe ouvrière arabe de Palestine. L'appui direct que l'impérialisme britannique a accordé à des dirigeants féodaux, contre tout autre facteur arabe (rapatriement des Husseinis, reconnais­sance du Haut Comité arabe imposé par lui-même, etc.) - tout cela parce que l'impérialisme anglais était inté­ressé à voir la direction arabe la plus réactionnaire et chauvine - a permis à ces féodaux d'imprégner, dès le début, leur propre caractère aux événements actuels. Alors que la révolte de 1936 avait commencé par une grève générale et s'était concentrée au début dans les villes, cette fois-ci le principal aspect de l'activité a été dès le début une action militaire de bandes de guérillas rurales. Alors qu'en 1936-1939 une grande partie des “ combats ” a été menée contre les troupes britan­niques (même si le but principal était dirigé contre les Juifs), cette fois-ci ce sont principalement les Juifs qui sont attaqués tandis que les fonctionnaires de l'impéria­lisme britannique ainsi que les officiers et les soldats sont traités amicalement ou tout au plus accusés de ne pas tenir la “ neutralité ” promise. C'est ainsi qu'ils ont réussi à créer une atmosphère de chauvinisme extrême dans laquelle une provocation peut entraîner un mas­sacre massif des ouvriers juifs comme dans les raffine­ries de Haïfa de la part des sections arriérées de leurs compagnons ouvriers arabes (quelques-uns des ouvriers arabes les plus avancés ne participèrent pas à cette action et d'autres sauvèrent les Juifs), et où il n'y a plus de lutte gréviste commune entre ouvriers juifs et arabes pour les mêmes revendications, mais au contraire où ces luttes sont menées séparément pour l'introduction de mesures de sécurité contre des attaques éventuelles. La séparation entre ouvriers arabes et juifs et la séparation entre la classe ouvrière arabe des villes les plus avancées et de leur hinterland - les pauvres des campagnes - (l'un des principaux buts de la division) sont accomplies par la prétendue lutte des dirigeants féodaux arabes contre la division. La bourgeoisie arabe, dans la mesure où elle existe - en Palestine en tant que classe indépendante (proprié­taires de plantations de citrons et éléments urbains des villes du littoral - les adeptes de Muss el Alami) veut l'ordre et la sécurité dans l'intérêt des affaires, mais sa garde nationale, au cours des attaques chauvines de masse, est de moins en moins importante en compa­raison des guérillas à direction féodale.
    4. Le sionisme qui semble être au zénith de ses succès diplomatiques, a réussi à aider l'impérialisme à créer une situation dans laquelle les masses juives doivent apprendre ce que veut dire être le bouc émissaire de l'impérialisme. La guerre civile actuelle, qui exacerbe à l'extrême le chauvinisme dans les masses juives est elle-même en partie la conséquence du chauvinisme sioniste qui a accompagné l'établissement d'une écono­mie juive fermée. Si l'impérialisme a réussi à détourner de lui le mécontentement des masses arabes dans le Moyen-Orient et à le diriger contre la population juive de Palestine, la conséquence inévitable de cette guerre sera la dépendance totale du sionisme envers l'impéria­lisme américain.
    5. Dans ces circonstances, le recul de l'influence des organisations ouvrières arabes est évident. Après être parvenues à devenir un facteur important dans la vie politique arabe, elles sont aujourd'hui presque paraly­sées. Nous ne pouvons pas non plus nous attendre à ce qu'elles regagnent cette position dans le proche avenir, et ce pour les raisons suivantes :
    6. Si, dans le passé, l'activité politique du parti révolu­tionnaire parmi les ouvriers juifs a été difficile à cause de la position privilégiée de ceux-ci dans l'économie fer­mée des Juifs, elle le sera d'autant plus aujourd'hui que cette position a été soutenue non seulement par l'impé­rialisme américain mais encore par la Russie. Le tour­nant des staliniens juifs devenus les adeptes les plus enthousiastes de la division de la Palestine et de la création de l'Etat juif, limite encore les points de contact qui auraient pu être utilisés par le parti révolutionnaire comme point de départ pour son activité parmi les ouvriers juifs. D'autre part, l'influence accrue de la réac­tion féodale arabe s'exprime par un chauvinisme accru du côté juif. Une certaine perspective de notre travail consiste dans la possibilité de gagner individuellement des staliniens qui sont demeurés fermement opposés à la division et qui peuvent par conséquent admettre la trahison de la Russie stalinienne.
      7 L'analyse précédente montre que dans le proche avenir (les prochains mois) on ne peut pas s'attendre à des actions sur une grande échelle de la part des ouvriers arabes, encore moins d'actions communes entre ouvriers arabes et juifs. Avant que ne se fasse sentir la lassitude provoquée par la détérioration de la situation économique et par l'effusion de sang et qui sera le point de départ d'une nouvelle montée révolu­tionnaire, il est très probable qu'il y aura un renforce­ment du chauvinisme et des massacres sur une grande échelle. Dans le proche avenir, notre travail sera limité essentiellement au maintien des liaisons entre les ca­marades arabes et juifs, à renforcer les cadres, particu­lièrement du côté arabe, comme base pour une activité révolutionnaire dans l'avenir. Nous devons expliquer patiemment aux couches les plus avancées du proléta­riat arabe et à l'intelligentsia que les actions militaires raciales ne font qu'agrandir le fossé entre les Juifs et les Arabes et conduisent ainsi pratiquement à la division politique ; que le facteur fondamental et que la cause principale de la division c'est l'impérialisme ; que les combats actuels ne font que renforcer i'impérialisme ; que grâce à la direction bourgeoise et féodale des pays arabes - qui est l'agent de l'impérialisme - nous avons été battus à une étape de la lutte anti-impérialiste et que nous devons nous préparer pour la victoire à une pro­chaine étape - c'est-à-dire pour l'unification de la Pales­tine et de l'Orient arabe en général - en créant la seule force qui puisse parvenir à ces buts : le parti prolétarien révolutionnaire unifié de l'Orient arabe. Notre succès dépendra en très grande partie de la consolidation, entre temps, des forces communistes révolutionnaires en Egypte
      1. La vague d'écrasement des organisations de gauche et de la classe ouvrière dans l'orient arabe est survenue avant que celles-ci soient suffisamment fortes pour se défendre et pour maintenir leur position. Si cela a été le cas dans les centres de la classe ouvrière arabe, parti­culièrement en Égypte, il n'y aucun doute que cela influence la classe ouvrière plus arriérée de Palestine.
      2. Dans le proche avenir, il faut s'attendre à un déclin numérique de la classe ouvrière arabe en Palestine, premièrement à cause de la diminution du travail pour l'armée et deuxièmement à cause des arrêts de travail causés par les événements. Le chômage parmi les ouvriers arabes ne menacera pas seulement les conquêtes limitées des dernières années, mais créera un terrain fertile au chauvinisme et favorisera le recrute­ment des bandes à direction féodale.
      3. Les staliniens arabes ont perdu une partie de leur influence politique et organisationnelle parce que les masses les considéraient comme les représentants de la Russie qui a trahi les masses arabes en favorisant la division de l'État juif.
      4. Le chauvinisme grandissant des ouvriers juifs, l'appui ouvert du partage par les sionistes de “gauche” y compris les staliniens juifs, sont également reflétés parmi les ouvriers arabes et constituent un autre facteur qui les jette dans les bras de la réaction féodale. D'autre part la composition sociale de la classe ouvrière arabe est aujourd'hui beaucoup plus progressive qu'elle ne l'était au début de la révolte de 1936-1939. Alors qu'à cette époque les ouvriers agricoles, les employés de commerce, etc. constituaient plus de la moitié de la classe ouvrière arabe, aujourd'hui près des trois quarts des ouvriers arabes sont employés sur les chantiers gouvernementaux, dans les compagnies pétrolières et autres établissements industriels. Après la période de réaction et de recul, le point de départ sera à un niveau plus élevé qu'en 1939.

    Haïfa, janvier 1948

    Source : "Quatrième Internationale" n° de juin-juillet 1948, "La Révolution prolétarienne" n°740

    https://www.marxists.org/francais/4int/postwar/1948/4int_19480100.htm

  • 1947, la partition de la Palestine (Marxist.org)

    Après que les "trois grands" soient arrivés à un accord concernant la partition de la Palestine, le vote aux Nations Unies n'était plus qu'une formalité.

    L'impérialisme britannique se retire du Proche-Orient vers une seconde ligne de défense comparable à ce qui a été mis en place avec la division de l'Inde. Au sein des deux Etats, le Juif et l'Arabe, la Grande-Bretagne préserve l'essentiel de ses positions économiques et financières. La Légion Arabe de l'hypo- thétique Etat arabe et la Haganah [1] opéreront en étroite concertation avec le ministère de la Guerre britannique, comme c'est le cas des armées hindoues et musulmanes en Inde.

    Et, comme en Inde, la partition s'est avérée le meilleur moyen de dévier vers un combat fratricide la lutte des masses arabes et la colère de la population laborieuse juive.

    Les manœuvres de l'impérialisme britannique ont été rendues nécessaires par la diminution de ses ressources. Elle oblige les impérialistes à baisser leurs "engagements internationaux" afin d'économiser à la fois dollars, force de travail et armement.

    Ceci est même présenté encore plus hypocritement dans le cas spécifique de la Palestine. En fait, la création d'un Etat arabe indépendant en Palestine est hautement improbable. C'est pourquoi le roi Abdallah de Transjordanie, l'agent n°1 de la City de Londres dans le monde arabe pourrait tout à fait réussir à intégrer l'est de la Palestine à son royaume et réaliser ainsi la première étape de la formation de l'empire de Grande Syrie, objectif final de sa dynastie et de la bourgeoisie britannique au Proche-Orient.

    Londres continuera à régner sans que cela ne coûte le moindre penny au contribuable anglais. Le seul peuple à en souffrir serait bien sur les palestiniens eux-mêmes.

    Pour l'impérialisme américain, comme pour la bureaucratie soviétique, l'acceptation de la partition signifie surtout la liquidation du mandat britannique et l'ouverture de la lutte pour hériter des positions abandonnées.

    Le Kremlin se félicite de l'ouverture d'une période de troubles au Proche-Orient, à l'occasion desquels il fera de son mieux pour affaiblir les positions anglaises et préparer sa propre pénétration, soit sous couvert d'une "Commission mixte de l'ONU" ou d'une "tutelle des Trois Grands" sur Jérusalem.

    L'impérialisme américain se trouve confronté en Palestine, comme auparavant en Grèce, au problème de trouver une solution de rechange à la tutelle impérialiste que les britanniques ne peu- vent plus assumer.

    Après l'évacuation des troupes anglaises, la Haganah sera la seule force militaire disposant d'un équipement moderne, une force étrangère au monde arabe et qui servira si besoin est, à com- battre une insurrection autochtone ou une menace russe sur les sources de pétrole.

    Nous ne devrions donc pas être surpris à partir de maintenant, si l'impérialisme américain, soit en formant une "Ligue juive" soit en en finançant une, tente d'avoir une influence prédominante sur la Haganah et d'en faire l'instrument de sa politique au Proche-Orient. Mais il demeure évident qu'un Etat juif, comme le mouvement sioniste qui l'a précédé, n'est considéré par les grandes puissances que comme un pion de leurs manœuvres au sein du monde arabe.

    Un tel Etat, loin de recevoir une "protection" ouverte et permanente de n'importe laquelle de ces puissances, demeurera toujours en position précaire et incertaine, et pour sa population s'ouvrira une période de privations, de terreur et de terrible tension, qui ne deviendra que plus aiguë à mesure que se développeront les forces luttant pour l'émancipation du monde arabe.

    La partition de la Palestine et le renversement clair des positions sionistes face à l'impérialisme britannique - y compris celles de la plupart des extrémistes -, ont porté un coup mortel à toutes les théories impressionnistes qui ont fleuri avec les bombes de l'Irgoun [2].

    La solidarité fondamentale de la Haganah et même de l'Irgoun avec l'impérialisme et contre les masses arabes a été démontrée de la façon la plus éclatante. Le caractère criminel du sionisme apparaît clairement dans le fait, que grâce à son rôle réactionnaire, les premiers mouvements des masses arabes en faveur d'une Palestine unie et indépendante sont dirigés contre la population juive et non directement contre l'impérialisme.

    Les très réactionnaires chefs du Comité arabe pour la Palestine ont ainsi l'occasion de redorer leur blason en versant le sang des malheureux juifs qui sont des victimes de la politique sioniste.

    Les dirigeants sionistes de par le monde ont fêté la proclamation de l'Etat miniature comme une grande victoire. Erreur misérable ! Le piège que constitue la Palestine pour les juifs, selon les mots de Trotsky, vient de se refermer.

    Sans changement radical de la situation mondiale et sans recul du sionisme parmi le mouvement ou- vrier juif de Palestine, l'extermination complète du peuple juif lors de l'éruption de la revolution arabe sera le prix payé par les juifs pour leur triste succès de Lake Success [3].

    Et, par une ironie amère de l'Histoire, l'établissement d'un Etat juif indépendant, qui, selon les brillants théoriciens sionistes, était censé éradiquer l'antisémitisme dans le monde a été salué par l'éruption d'une vague pogromiste sauvage à Aden et une nouvelle vague d'antisémitisme dans le monde.

    La position de la IV° Internationale vis-à-vis de la question palestinienne demeure aussi claire que dans le passé.

    Elle sera à l'avant-garde du combat contre la partition, pour une Palestine unie et indépendante, dans laquelle les masses détermineront souverainement leur destin par l'élection d'une Assemblée Consti- tuante. Contre les effendis et les agents impérialistes, contre les manœuvres des bourgeoisies égyp- tiennes et syriennes qui essaient de dévier la lutte pour l'émancipation des masses en lutte contre les juifs, elle appellera à la révolution rurale, à la lutte anti-capitaliste et anti-impérialiste, qui sont les moteurs essentiels de la révolution arabe.

    Mais elle ne peut mener ce combat avec une chance de succès qu'à condition qu'elle prenne position, sans équivoque, contre la partition du pays et l'établissement d'un Etat juif.

    Plus que jamais, il faut en même temps appeler les masses travailleuses d'Amérique, Grande-Bretagne, Canada et Australie, le peuple travailleur de chaque pays à lutter pour l'ouverture des frontières de leurs pays respectifs aux réfugiés, aux personnes déplacées, à tous les juifs désireux d'émigrer, sans discrimination.

    Ce n'est que si nous menons sérieusement, effectivement et avec succès ce combat que nous pourrons expliquer aux juifs pourquoi il ne faut pas aller dans le piège palestinien. L'expérience terrible qui attend les juifs dans l'Etat miniature crée en même temps les prémisses de la rupture de larges masses d'avec le sionisme criminel. Si une telle rupture n'a pas lieu à temps, l'"Etat juif" s'effondrera dans le sang.

    Source : Éditorial de  "Quatrième Internationale", Novembre-Décembre 1947.

    Notes

    [1] Organisation paramilitaire juive alors dirigée par le « travailliste » D. Ben Gourion.  Elle avait été fondée à l'époque du mandat britannique sur pour assurer la défense des colons juifs.

    [2] Organisation nationaliste juive, née en 1935 d'une scission de la Haganah, et dirigée après 1945 par M. Begin. L'Irgoun organisa l'immigration clandestine des juifs en Palestine et lutta par le terrorisme contre la présence britannique dans le pays et contre les populations palestiniennes.

    [3] Lake Success : localité près de New-York où fut négocié le statut de la Palestine par l'ONU en 1947.

    https://www.marxists.org/francais/4int/postwar/1947/11/4int_palestine_1947.htm

  • Il y a cinquante ans naissait l’Organisation de libération de la Palestine

    (15 ans après)

    28 mai 1964 : il y a cinquante ans, le roi Hussein de Jordanie inaugurait à Jérusalem encore sous souveraineté arabe le congrès constitutif de l’Organisation de libération de la Palestine (OLP).

    Ce congrès, malgré ses limites, allait marquer le début de la renaissance politique des Palestiniens, après l’écroulement des mouvements de résistance en 1948-1949.

    C’est d’abord dans le cadre des bouleversements que connaît le Proche-Orient qu’il faut évoquer la renaissance palestinienne.

    Secoués par la défaite en Palestine de 1948-1949, plusieurs régimes arabes alliés du colonialisme britannique s’effondrent : prise de pouvoir des Officiers libres en Égypte le 23 juillet 1952, renver- sement de la monarchie en Irak le 14 juillet 1958. La nationalisation de la Compagnie du canal de Suez le 26 juillet 1956 et la victoire politique du président égyptien Gamal Abdel Nasser après l’agression franco-britanno-israélienne marquent la victoire d’une nouvelle forme de nationalisme révolutionnaire que confirme l’unité syro-égyptienne réalisée le 1er février 1958 et la constitution de la République arabe unie (RAU) sous la présidence de Nasser.

    Mais les conséquences de la défaite de la Palestine pèsent sur la situation : des centaines de milliers de réfugiés, l’annexion par Israël d’une partie des territoires prévus pour l’État palestinien, l’annexion de la Cisjordanie par le roi Hussein. Seule la bande de Gaza, sous contrôle égyptien, garde son autonomie.

    Le Haut Comité arabe (HCA), qui a dirigé les luttes nationales palestiniennes dans les années 1930 et 1940, n’est plus que l’ombre de lui-même. Il reste dirigé par Hadj Amin El-Husseini, discrédité par son engagement aux côtés de l’Allemagne nazie. Le président Nasser n’a pas confiance en lui et rejette la demande du HCA d’adhérer à la RAU. Il décide de prendre lui-même l’initiative. Le 29 mars 1959, la RAU met à l’ordre du jour de la 31e session du Conseil de la Ligue arabe, la création d’une «entité (kiyan) palestinienne». Il s’agit, pour Le Caire, de mettre sur pied des institutions qui représenteraient les Palestiniens.

    La Palestine, une entité dans le giron arabe

    Par cette décision Nasser vise plusieurs objectifs. D’abord, éviter la «liquidation» du problème pales- tinien: on évoque à l’époque une immigration massive des juifs d’Europe de l’Est en Israël et les États- Unis relancent leur projet d’installation des réfugiés palestiniens dans les pays arabes; le Raïs soupçonne les Occidentaux de vouloir réduire le conflit du Proche-Orient à un affrontement entre Israël et les seuls États arabes.

    Il veut également montrer que la RAU est active sur le dossier et qu’elle trouvera une solution pour les Palestiniens  ; il espère ainsi enrôler ces derniers dans la croisade qu’il a entamée pour assurer son hégémonie dans le monde arabe. Enfin, il cherche à dénier au roi Hussein, qui a purement et simplement annexé le territoire palestinien connu sous le nom de Cisjordanie, le droit de représenter les Palestiniens.

    Ce n’est que très progressivement que Nasser va définir les contours de cette «entité».

    Il appelle d’abord à l’élection d’institutions politiques dans la RAU, la Jordanie et le Liban, qui désigne- raient un gouvernement représentant la Palestine dans les institutions internationales et adhérant à la Ligue arabe. Devant les réticences des autres pays, le président met sur pied ces institutions à Gaza, dont l’Égypte s’est assurée le contrôle lors de la guerre avec Israël.

    L’Union nationale palestinienne est créée en 1959 et des élections à un Conseil législatif auront lieu en janvier 1961; dans la «région» syrienne de la RAU, ces élections se déroulent en juillet 1960. La Constitution provisoire de Gaza — qui est le seul territoire de la Palestine arabe à n’avoir pas été annexé — stipule que l’Union nationale «  comprend tous les Palestiniens, où qu’ils se trouvent  ». Marcel Colombe commente: pour Nasser, « il s’agissait en somme non de constituer un gouvernement provi- soire qui serait celui d’un futur État indépendant (...), mais seulement de créer une sorte d’organisme palestinien destiné à devenir le porte-parole de la politique du Caire»1. La mise en place de ces insti- tutions consacre la rupture entre le HCA et Le Caire; le Mufti quitte l’Égypte le 15 août 1959 pour se réfugier au Liban où il recevra une aide du général Abdel Karim Kassem qui a renversé la monarchie irakienne le 14 juillet 1958.

    Abdel Karim Kassem ou la voie de l’indépendance

    Les surenchères du jeune régime irakien contribuent à pousser Nasser. Renvoyant dos à dos le Raïs et le roi Hussein de Jordanie, Kassem lance, en décembre 1959, l’idée d’une «République palestinienne immortelle». Il affirme que les Palestiniens doivent suivre la voie algérienne, celle de leur propre libé- ration, sans attendre une hypothétique unité arabe.

    L’indépendance algérienne en 1962 le confirmera dans ses positions. Il fut le premier chef d’État arabe à proposer la création d’un État palestinien indépendant, qui selon lui doit s’effectuer en deux étapes: d’abord en Cisjordanie et à Gaza, territoires sous contrôle arabe, ensuite dans toute la Palestine. Le 29 août 1960, le journal officiel irakien annonce la mise sur pied d’une Armée de libération de la Palestine, dont les premiers contingents avaient commencé leur entraînement dès avril 1960.

    Bien que sans portée concrète — l’Irak est très loin du «  champ de bataille  » —, l’écho de ces appels est considérable chez les Palestiniens. En affirmant qu’ils doivent reprendre en main leurs propres affaires, Kassem s’inscrit en faux contre le nationalisme arabe représenté par Nasser et encou- rage le courant politique palestinien qui se prononce en faveur de l’autonomie.

    Le renversement de Kassem en février 1963, à la suite d’un coup d’État, n’arrêta pas le mouvement. Incapables de s’opposer au projet israélien de détournement des eaux du Jourdain, les États arabes décident de franchir des pas supplémentaires dans la reconnaissance du fait palestinien.

    En septembre 1963, la Ligue arabe coopte Ahmed Choukairy2 comme représentant de la Pales- tine à la Ligue arabe «jusqu’à ce que le peuple palestinien soit en mesure d’élire ses représentants». Il est aussi désigné comme chef de la délégation de la Palestine aux Nations unies. Lors du premier som- met des chefs d’État arabes au Caire, qui s’est tenu à l’invitation de Nasser entre les 13 et 17 janvier  1964, Ahmed Choukairy est chargé de consultations pour jeter les bases de l’organisation du peuple palestinien. Le 28 mai 1964, le premier Congrès national palestinien se réunit : l’Organisation de libération de la Palestine est née.

    Autonomie palestinienne contre nationalisme arabe

    La naissance de l’OLP ne s’est pas faite en dehors du peuple palestinien, même si les rivalités inter- arabes ont joué un rôle déterminant. Une nouvelle génération de dirigeants émerge, qui met l’accent sur la lutte propre du peuple palestinien. Elle est représentée au Congrès national qui se déroule entre le 28 mai et le 2 juin 1964 à Jérusalem en présence de 420 délégués. Dans la liste des participants on trouve Khaled Al-Hassan, Khalil Al-Wazir (Abou Jihad) et même Yasser Arafat qui, finalement, ne pourra pas s’y rendre.

    Ils seront à l’initiative de la création du Fatah en 1958. L’expérience que nombre d’entre eux ont acquise dans la bande de Gaza a joué un rôle majeur dans leur formation et dans la renaissance du nationalisme palestinien3. Mais leurs idées — et notamment celle de l’autonomie palestinienne et de la priorité donnée à la Palestine sur l’unité arabe — sont encore extrêmement minoritaires, comme il ressort des discussions.

    Le congrès adopte deux textes fondamentaux : la Charte nationale (qawmiya)4 et les statuts de l’OLP. Dans ces documents, on ne trouve aucune référence à l’idée d’une souveraineté territoriale du peuple palestinien, à un État palestinien. L’article 24 de la Charte précise même que l’OLP n’exerce aucune souveraineté «régionale» (iqlimiya) sur la Cisjordanie, ni sur la bande de Gaza.

    Les articles 24 et 25 ne font aucune mention des responsabilités militaires de l’OLP. Ces deux points ont été la condition de la présence du roi Hussein à l’ouverture du Congrès. Aux pressions arabes s’ajoute l’hégémonie du nationalisme arabe: pour tous, Palestiniens compris, l’unité arabe est la voie de la libération. L’accent est donc mis dans la Charte sur la définition de la Palestine comme «une partie arabe liée par les liens du nationalisme (qawmiya) aux autres contrées arabes qui forment avec elle la Grande Patrie Arabe» (article 1). Il faut attendre l’article 3 pour trouver mention du « peuple arabe de Palestine [qui] a le droit légal sur sa patrie», mais cette patrie « est une partie intégrante de la Nation arabe».

    Il faudra la défaite arabe de juin 1967 face à Israël et l’écroulement du nationalisme arabe pour que les thèses du Fatah finissent par l’emporter. En février 1969, Yasser Arafat devient le président du comité exécutif de l’OLP et les Palestiniens redeviennent un acteur autonome sur la scène régionale.

    Alain Gresh 12 août

    1Marcel Colombe, «  Les problèmes de l’"entité" palestinienne dans les relations interarabes  », Orient, premier trimestre 1964, Paris.

    2Né d’un père palestinien et d’une mère turque en 1908, il travaille dans différentes revues nationalistes. Il est nommé secrétaire général adjoint de la Ligue arabe en 1950, avant d’acquérir la nationalité saoudienne et d’être nommé ambassadeur aux Nations unies. Il se rallie à Nasser en 1962 dans sa lutte contre le royaume saoudien.

    3Alain Gresh, «  Gaza l’insoumise, creuset du nationalisme palestinien  », Le Monde diplomatique, août 2014.

    4L’arabe distingue le nationalisme arabe qawmi et le nationalisme régional iqlimi qui fait référence au nationalisme local, égyptien, syrien, etc., vu de manière plutôt négative.

    http://orientxxi.info/magazine/il-y-a-cinquante-ans-naissait-l,0641

  • Gaza: la guerre du ciment (Afps)

     

    ciment, construction, bande de Gaza, Gisha, PCHR, punition collective, chômeurs, blocus, pénurie, chômage, tunnels, Egypte, Israël

    La bande de Gaza est réduite à un tas de gravats. Une situation qui fait du blocus sur les maté­riaux de construction une question-​​clé des négociations.

    Le coût de la recons­truction est évalué à 6 mil­liards de dollars.

    Immeubles éventrés, hôpitaux ravagés, écoles cri­blées de balles : la bande de Gaza est ravagée. La recons­truction coûtera des mil­liards et exigera l’allègement, sinon la levée, du blocus sur le ciment, matériau au coeur d’une guerre sou­ter­raine entre Israël et les Pales­ti­niens. Car de Beit Lahiye (nord) à Rafah (sud), la guerre a réduit des pans entiers de la bande de Gaza à un vaste champ de ruines. À la faveur des trêves, des familles écor­chées passent briè­vement chez elles pour s’assurer que les débris n’ont pas bougé en attendant de pouvoir reconstruire.

    Devant son appar­tement trans­formé en une toile grise de pous­sière, de gravats et de fer­raille, Jamal Abed grille ainsi une ciga­rette, pensif, ses doigts faisant rapi­dement glisser les billes de sa masbaha, un cha­pelet musulman. "Ils ont tout détruit ici, il n’y a rien qu’on puisse faire", souffle-​​t-​​il, conscient qu’il risque de passer encore des mois, voire des années, à errer avec sa famille avant de pouvoir se réins­taller chez lui. C’est que l’immeuble devra être détruit, avant d’être reconstruit.

    "Reconstruction et blocus sont inconciliables"

    Mais pour recons­truire, il faudra la paix. Et du ciment. Beaucoup de ciment. Seul hic, l’enclave pales­ti­nienne en manque cruel­lement en raison notamment du blocus israélien sur l’importation de cer­tains maté­riaux de construction.

    Après la prise de contrôle de Gaza par le Hamas en 2007, Israël avait imposé un blocus sur l’entrée du ciment, du gravier et de l’acier dans la bande de Gaza pour tarir l’approvisionnement des isla­mistes pales­ti­niens qui construisent des tunnels servant à entre­poser et déplacer leur arsenal. "Les sept der­nières années ont montré que recons­truction et blocus sont incon­ci­liables… , le blocus doit cesser", sou­tient Chris Gunness, porte-​​parole du bureau de l’ONU pour les réfugiés pales­ti­niens (UNRWA).

    "100 ans pour reconstruire"

    Entre l’arrivée du Hamas au pouvoir et l’actuelle opé­ration israé­lienne Bordure pro­tec­trice, la bande de Gaza a été ravagée par deux conflits qui ont chacun exigé des efforts de recons­truction. En 2010, Israël avait allégé ce blocus en auto­risant l’entrée au compte-​​gouttes à Gaza de ces maté­riaux dans le seul cadre de projets inter­na­tionaux, mais le pro­cessus d’importation est long et onéreux et reste interdit aux entre­pre­neurs privés. Gaza avait en partie contourné les res­tric­tions israé­liennes en important du ciment via l’Égypte, mais l’arrivée du nouveau pouvoir mili­taire au Caire, qui a détrôné l’an dernier les Frères musulmans, alliés stra­té­giques du Hamas, a eu pour consé­quence de res­treindre encore davantage l’approvisionnement en ciment.

    "Au taux actuel où les maté­riaux sont auto­risés à entrer à Gaza, cela pren­drait 100 ans pour recons­truire", sou­tient Sari Bashi, cofon­da­trice de l’organisation Gisha qui étudie l’impact du blocus sur les Pales­ti­niens. "En inter­disant ces maté­riaux de construction, Israël n’a pas empêché le Hamas de creuser ses tunnels, mais a plutôt tué l’économie locale, créé une impor­tante pénurie de loge­ments et d’infrastructures huma­ni­taires", dit-​​elle.

    Des besoins évalués à 6 milliards de dollars

    Selon les données de l’ONU, plus de 11 000 maisons ont été détruites ou sont inha­bi­tables dans la bande de Gaza, près de deux fois plus que lors de l’opération Plomb durci en 2007-​​2008. À l’époque, la com­mu­nauté inter­na­tionale avait promis 4,5 mil­liards de dollars pour la recons­truction de Gaza. Cette fois, les Pales­ti­niens évoquent six mil­liards de dollars pour remettre en état hôpitaux, routes, écoles, aqueducs, réseau élec­trique et usines. "Car plus de 350 édi­fices à vocation indus­trielle ont été détruits", dont une cin­quan­taine d’usines clés, estime Mahr al-​​Tabaa, pré­sident de la chambre de com­merce de Gaza.

    Pales­ti­niens et Israé­liens ont entamé lundi une nou­velle trêve de trois jours afin de donner une nou­velle impulsion à leurs pour­parlers au Caire pour un accord pérenne. La question du ciment fait partie des enjeux clés pour tout pacte entre les deux parties. Des res­pon­sables israé­liens ont reconnu l’importance de recons­truire Gaza sans tou­tefois acquiescer à la levée du blocus exigé par le Hamas. "Il n’y aura pas d’accord sans la levée du blocus, sans l’entrée du ciment à Gaza", affirme Dai­fallah al-​​Akhras, un haut res­pon­sable pales­tinien. "Comment voulez-​​vous que l’on recons­truise sans ciment ?"

    Le Point​.fr avec AFP, mardi 12 août 2014

    http://www.france-palestine.org/Gaza-la-guerre-du-ciment

  • Pro­pa­gation de maladies, bombes non explosées, quar­tiers éra­diqués et manque d’eau (Afps)

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    Mustapha Bar­ghouti raconte :

    Bethléem -Spécial Ma’an - Les Gazaouis vivent dans des condi­tions extrê­mement dif­fi­ciles, à la lumière d’une agression israé­lienne continue qui dure depuis plus d’un mois, faisant plus de 2000 morts et 9000 blessés et entraînant la des­truction de quar­tiers entiers ce qui a causé le dépla­cement de cen­taines de mil­liers de personnes.

    Mustafa Bar­ghouthi, Secré­taire général de l’Initiative Nationale Pales­ti­nienne raconte dans une interview donnée à Ma’an des scènes de mas­sacres et de des­truc­tions bar­bares que l’occupation a commis et continue à com­mettre depuis plus de 30 jours dans la bande de Gaza.

    Voici quelques-​​unes des scènes racontées par Bar­ghouti et des dangers encourus dans la bande de Gaza :

    - Les ras­sem­ble­ments de citoyens sont visés, a précisé Bar­ghouti en affirmant qu’après un premier tir de missile à partir d’un F16 sur le centre de ser­vices du com­plexe médical d’Al-Ansar , des dizaines de citoyens se sont pré­ci­pités pour sauver ce qui peut l’être, quatre minutes plus tard un autre missile tiré d’un F-​​16 a pris pour cible le ras­sem­blement dans le but de tuer le maximum de civils, ce qui est arrivé dans de nom­breux cas et a fait un grand nombre de vic­times civiles.

    - L’utilisation de bidons explosifs : Bar­ghouti affirme que l’occupation a bom­bardé des zones à Shu­jaéya, Khuza’a et Rafah avec des bidons explosifs, pour deux raisons : la pre­mière est de sou­lager la tré­so­rerie de l’Etat après une guerre qui a coûté des mil­liards de shekels et le deuxième c’est lancer ces bidons d’une façon hasar­deuse afin de tuer le plus grand nombre parmi la popu­lation palestinienne.

    - Des quar­tiers entiers ont été rasés de la surface de la terre, en plus de la des­truction des mos­quées et des écoles.

    - Le déver­sement des eaux usées dans les rues de la bande de Gaza, et jusqu’à la mer, ont conduit à la pro­pa­gation de maladies telles que la méningite, l’hépatite virale et la fièvre typhoïde.

    - La des­truction des réseaux d’eau a causé des pro­blèmes de santé dans tous les centres d’évacuation où se trouvent de nom­breux cas de maladies cutanées et de maladies du tube digestif.

    - La panne de courant a causé l’interruption de l’eau.

    - L’armée israé­lienne a lancé des bombes contenant de l’uranium enrichi qui cause le cancer.

    - Beaucoup de bombes lar­guées par l’aviation israé­lienne n’ont pas explosé et peuvent exploser parmi les civils en cas de manipulation.

    - Huit hôpitaux de la bande de Gaza ont été bom­bardés dont l’hôpital Al-​​Wafa, qui a été com­plè­tement détruit faisant plu­sieurs morts et des blessés parmi les patients, les infir­miers et les médecins.

    - Plus de 36 ambu­lances ont été com­plè­tement détruites avec des mis­siles et des obus de char.

    - La des­truction de plus de trois centres de secours médicaux dans la bande de Gaza, et un certain nombre de cliniques.

    - Un manque important de médicaments et une pénurie dans le matériel médical.

    - Les lits et les chambres froides ne sont pas en nombre suf­fisant dans les hôpitaux pour contenir le nombre important de morts et de blessés ; à l’hôpital Abu-​​Yousef al-​​Najjar plus de 66 corps ont été placés dans les réfri­gé­ra­teurs de légumes. L’hôpital a été touché par­tiel­lement par un obus ce qui a entrainé une panne de courant pendant des jours.

    Mustafa Bar­ghouti a déclaré que la situation dans la bande de Gaza est insup­por­table. La popu­lation vit dans des condi­tions très dif­fi­ciles compte tenu de la pour­suite des bom­bar­de­ments israé­liens, malgré le dépla­cement de cen­taines de mil­liers de per­sonnes de leurs maisons.

    Ma’an News Agency, mardi 12 août 2014

    Traduit pour l’AFPS par Moncef Chahed

    http://www.france-palestine.org/Barghouti-raconte-Propagation-de

  • Gaza, "le pire conflit que j'ai vu" (JDD)

    Depuis Gaza, Owen Breuil, coordinateur général pour la Palestine de Médecins du Monde, décrit le chaos alors que les combats ont repris. Arrivé il y a une semaine, juste avant la trêve de 72 heures entre Israël et le Hamas, il livre aussi ses impressions sur la reconstruction de la région et la façon dont les bénévoles gèrent les difficultés psychologiques du terrain.

    Où en est-on après la reprise des hostilités vendredi?


    À Gaza City, où je me trouve actuellement bloqué, nous n'avons pas été directement touchés par la reprise des hostilités. En revanche, des avions et des drones nous survolent en permanence et des bruits d'explosion nous parviennent au loin. C'est très dur psychologiquement car tout le monde a l'impression que des frappes peuvent éclater à tout moment. Ici les gens sont réellement traumatisés et ont une peur bleue de la nuit car c'est là que les tirs sont les plus violents. Tout le monde est à bout et le retour, même moins fort, des tirs, est atroce pour les nerfs. Les gens craignent pour leur vie, leur famille, leurs enfants… 

    Quelle est l'étendue des dégâts?


    Les destructions sont énormes et témoignent d'une violence extraordinaire. Toutes les infrastructures publiques ont été détruites. Mais ce qui surprend le plus, ce sont les habitations, les villas, les tours et de très grands bâtiments qui ont été totalement rasés. Nous avons également visité des centres hospitaliers clairement ciblés par des tirs, parfois très précisément, dans la chambre d'un petit gamin par exemple. Quand on entre on voit des petites chaussures, des petits vêtements, le lit défoncé…

    «En Afghanistan, c'était aussi la guerre, mais quelques règles étaient respectées.»

    C’est quelque chose qui doit marquer…


    J'ai été en Afghanistan. C'était aussi la guerre, mais quelques règles étaient respectées. Là, c'est vraiment terrible. C'est de loin le pire que j'ai vu. Mais ce qui est vraiment choquant c’est l’ampleur de la destruction. Lors des attaques précédentes les Israéliens ont utilisé des bombes au phosphore qui brûlaient tout mais les murs restaient debout. Les gens pouvaient retourner chez eux, réhabiliter leurs habitations. Aujourd’hui il y a des tours entières de huit étages qui sont à terre.

    Est-ce la preuve d’attaques ciblées contre les populations selon vous?


    Quand on fait une guerre "normale" on essaie d’éliminer les forces armées adverses. Les dommages collatéraux civils par rapport aux nombres de combattants sont en général de 30%. Là c’est 70-80%. Il y avait en plus des bombardements constants, des avions, des hélicoptères, des drones qui volaient très bas même quand c’était calme, pour maintenir la terreur. Toucher les civils était donc clairement volontaire. Tous les palestiniens que j’ai vu sont psychologiquement très atteints. Les Israéliens ont été beaucoup plus loin cette fois. Ils ont voulu casser le moral des gens. 

    Comment la population s'organise-t-elle pour survivre?


    C'est difficile à dire. Il y a de gros manques d'eau. L'ONU s'organise pour ravitailler les populations mais la tâche est compliquée car il faut fournir tout le monde en eau. Il est plus facile de se procurer de la nourriture mais les gens n'ont pas d'argent. Il n'y a plus d'énergie et donc plus d'électricité. Certains hôpitaux, mais aussi des centres de santé plus rudimentaires que nous avons pu visiter, sont également complètement détruits alors que ce sont normalement des lieux sanctuarisés par les lois internationales.

    «Une sorte d’union sacrée derrière un ennemi qui bombarde tout le monde.»

    Certaines ONG ont rapporté que la situation était "très périlleuse" pour le personnel humanitaire…


    C’est sûr. Nous avons voulu tenir et rester mais nous n’avons pas pu. Seuls ceux qui travaillaient dans les hôpitaux sont restés, mais ils étaient en danger permanent. Parfois des bombes s’écrasaient à vingt mètres de l’endroit où des médecins se trouvaient, alors même qu’ils opéraient et étaient en contact direct avec les Israéliens pour leur communiquer leur position et leurs coordonnées afin de ne pas être pris pour cible. Les Israéliens ont tout fait pour que l’on ne puisse pas rentrer et travailler sur place.

    Est-ce qu’après de tels événements les gens à Gaza sont en colère contre le Hamas?


    Non au contraire. De nombreux habitants sont plutôt derrière le Hamas car ce sont les seuls qui ont résisté pour les protéger. Il y a une sorte d’union sacrée derrière un ennemi qui bombarde tout le monde. Même les gens qui ne soutenaient pas trop le Hamas se retrouvent à être plutôt pour eux. C’est une affaire de dignité, même si le Hamas n’a fait qu’une action symbolique car leurs roquettes n’étaient pas très efficaces. Ici on les appelle les résistants, pas les terroristes.

    «À Gaza, pour l'instant, il n'y a que des ONG.»

    Par rapport à la situation à Gaza, comment voyez-vous le futur?


    Le futur est globalement très incertain. Même si nos mouvements sont limités suite à la reprise partielle des combats, nous allons mettre en place des cliniques mobiles et temporaires et collaborer entre ONG pour remplacer les hôpitaux détruits. Il faut opérer rapidement tous ceux qui en ont besoin et qui, sinon, vont se retrouver déformés à vie ou mourront d'infections. Côté infrastructures et reconstructions, nous nous demandons vraiment qui va payer. Certaines estimations évaluent les dépenses à venir autour de 5 milliards. La situation ressemble un peu à ce que nous avons connu en Europe à la fin de la Seconde Guerre mondiale, mais il y a eu le plan Marshall. À Gaza, pour l'instant, il n'y a que des ONG.

    En tant qu'humanitaire, comment gérez-vous le fait d'assister à des scènes aussi violentes, traumatisantes peut-être?


    Nous travaillons avec des psychologues spécialisés dans les traumatismes liés au retour de guerre, avec qui il est possible d'échanger par Skype ou par téléphone. Mais nous essayons surtout de nous concentrer sur notre travail, comment répondre à tous les besoins, comment espérer que le futur sera meilleur… C'est la seule chose que nous puissions faire. Nous faisons face à des personnes qui connaissent toutes au moins un proche victime des bombardements. Il faut écouter, comprendre, tout en essayant d'aller de l'avant. Mais surtout nous nous appelons plusieurs fois par heure pour nous supporter mutuellement, pour parler d’autre chose, de façon à se focaliser sur quelque chose, pour créer une autre dynamique et ne pas attendre passivement sous les bombes.

    Martin Bernard - Le Journal du Dimanche dimanche 10 août 2014

    http://www.lejdd.fr/International/Proche-Orient/Gaza-le-pire-conflit-que-j-ai-vu-679558

  • Les positions européennes face à la tragédie que vivent les Palestiniens à Gaza sont incompréhensibles (Ujfp)

    «Parce qu’elles viennent anéantir ce que l’Union européenne a aidé à construire : la Palestine» Majed Bamya

    Majed Bamya est diplomate palestinien. Dans une lettre qu’il a publié sur sa page facebook, il revient sur la position incompréhensible de l’Union européenne face à l’offensive militaire israélienne sur la bande de Gaza. Pour lui, l’Union européenne renonce à son engagement et ses efforts pour la construction de la Palestine tout en encourageant l’impunité d’Israël.

     

    J’ai choisi l’Europe pour faire mes études de droit, la France en particulier.

    J’ai ensuite vécu six ans à Bruxelles où j’ai travaillé plus d’un an au Parlement européen, pour ensuite rejoindre la Délégation générale de la Palestine en tant que diplomate. Souvent, on m’interroge sur telle ou telle position européenne. Conscient des enjeux et lucide sur les dynamiques de prises de décision de l’Union européenne, je réponds : « les Etats sont divisés et cherchent avant tout à obtenir une position commune. Tout langage est longuement négocié. Chaque déclaration est le résultat d’un fragile équilibre... ». Toutefois, depuis l’agression israélienne contre la bande de Gaza, je ne cherche plus d’explications et reçois les prises de position européennes comme autant de reniement, voire de trahison. Les mots sont durs, n’est-ce pas, mais les miens au moins ne tuent pas.

    Mes collègues européens à Bruxelles et dans les capitales me connaissent, ils savent que je crois au rôle et à l’apport de l’Europe et que j’œuvre à ma petite échelle au rapprochement entre l’Europe et la Palestine. Oui, l’Europe a fait beaucoup ces 30 dernières années pour la Palestine et pour son peuple afin que nous ayons notre Etat et que nous puissions vivre dignement, même si paradoxalement, l’Union Européenne n’a pas encore reconnu l’Etat qu’elle nous a aidé à construire. Sur l’essentiel des questions politiques, nos positions et les positions européennes sont quasiment alignées, car basées sur le droit international. C’est bien pour cela que je trouve les positions européennes face à la tragédie que vivent les palestiniens à Gaza incompréhensibles, parce qu’elles viennent anéantir ce que l’Union Européenne a aidé à construire : la Palestine. Dans cette guerre, ce n’est pas le Hamas qui est visé. La cible de la puissance occupante et coloniale israélienne a toujours été la Palestine et son peuple, quel que soit le prétexte utilisé. Après ces décennies d’engagement pour la paix au Proche-Orient, l’Union européenne est-elle réellement incapable de voir cette réalité où préfère-t-elle simplement continuer à la nier ?

    Le consensus européen s’est construit immédiatement autour de l’affirmation du droit d’Israël à se défendre et de la condamnation des roquettes. La déclaration du Conseil de l’Union européenne du 22 juillet est sans équivoque et les différentes déclarations de dirigeants européens lui font écho. Aussi, l’Union regrette les morts palestiniens mais refuse d’imputer expressément la responsabilité de ces morts aux attaques israéliennes. J’ai lu et relu les différentes déclarations et la conclusion est sans appel, Israël s’en est servi comme d’un blanc-seing à sa politique criminelle.

    Est-ce qu’un Etat qui occupe un autre, et qui impose un siège à 1,8 millions de personnes ne crée pas les conditions mêmes de son insécurité et ne peut donc pas se prévaloir de son droit à se défendre ? Depuis quand le droit de se défendre autorise-t-il à commettre des massacres, tuer des civils, y compris des familles entières ? N’avons-nous pas le droit de nous défendre ? N’y-a-t-il pas en droit international un droit à la résistance, y compris militaire ? Fallait-il attendre qu’il y ait plus de 1850 Palestiniens tués par Israël, dont plus de 400 enfants, que les écoles de l’ONU, les hôpitaux, la principale centrale électrique soient bombardées pour commencer à critiquer Israël ?!

    Je me souviens alors que je plaidais pour le retrait du Hamas de la liste européenne des organisations terroristes et notamment depuis 2006 contre le boycott européen du gouvernement formé par celui-ci, mes collègues européens me disaient : « Mais ils tuent des civils ! ». Que dire alors d’un Etat dont le premier partenaire économique est l’Union européenne, et qui tue depuis ces dernières semaines maintenant jusqu’à parfois cent civils par jour ? A quand des sanctions contre la puissance occupante israélienne ? L’impunité d’Israël tue, et il faut y mettre un terme. C’est cette impunité qui a permis à Israël de commettre des massacres à répétition, de poursuivre son siège illégal contre notre peuple à Gaza, et sa colonisation de nos terres, autant de crimes de guerre contre un peuple qui aspire à vivre librement et dignement sur sa terre.

    Tous les états européens membres du Conseil des droits de l’homme des Nations Unies se sont abstenus lors du vote d’une résolution prévoyant l’envoi d’une commission d’enquête composée d’experts internationaux pour vérifier les violations du droit international commis ces dernières semaines. Comme à l’occasion du vote pour l’Etat palestinien à l’ONU, si le prix de l’unité est le silence, autant que chacun reprenne sa voix.

    Les Palestiniens ont souvent regardé vers l’Europe avec espoir. Et au cours des trois dernières décennies, ils ont réussi à construire avec ceux, pourtant en partie responsable de leur Nakba et de leurs drames, une relation de partenariat et d’amitié. Aujourd’hui, le regard des palestiniens est rempli de colère, de larmes, d’incompréhension. Et à la question qu’ils me posent avec insistance « pourquoi l’Europe agit ainsi ? », je n’ai qu’une réponse : par lâcheté.

    Nul ne peut se cacher désormais derrière un appel aux négociations délégitimées par la poursuite de la colonisation et de l’occupation. Les négociations n’ont de sens qu’une fois que la puissance occupante a décidé de mettre fin à son occupation et qu’elle le démontre, or Israël nous a démontré à chaque fois le contraire. Car on l’oublie parfois, mais il ne s’agit pas d’un conflit de bon voisinage où on appellerait les voisins à venir délimiter chacun son terrain, il s’agit bien d’un déni des droits d’un peuple, d’une occupation illégale, d’une lutte pour la liberté.

    Il faut donc isoler le pouvoir colonial en Israël comme fut isolé le gouvernement d’apartheid en Afrique du Sud, et un jour pas très lointain, tous les Etats seront amenés à faire un choix clair : soit la complicité avec l’apartheid, soit le soutien à la fin de l’oppression. Les peuples européens qui ont manifesté massivement en solidarité avec la Palestine et les citoyens qui ont relayé les appels au boycott-désinvestissements-sanctions ont fait leurs choix. Il serait largement temps que les gouvernements européens s’en inspirent.

    vendredi 8 août 2014  Majed Bamya, le 6 août 2014

     

  • Gaza et l’économie néolibérale de la violence en Israël (Afps)

     

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/00/00/2180778759.jpeg

    Gaza est ainsi devenu un véri­table labo­ra­toire d’expérimentation sur la misère humaine et sur le contrôle des popu­la­tions « non dési­rables ».

    Labo­ra­toire qui sert éga­lement à tester les tech­niques et armes déve­loppées par le com­plexe militaro-​​industriel. C’est ainsi que le gou­ver­nement israélien relança l’économie pro­pulsée par son secteur des tech­no­logies liées à la sécurité et à l’industrie de l’armement. Les Israé­liens ont pris conscience de la « valeur » de leur expé­rience et savoir-​​faire en matière d’opérations mili­taires et poli­cières dans un contexte post-​​9/​11. Il en va de même pour l’armement testé sur des cibles humaines

    Depuis le « désen­ga­gement » de Gaza en sep­tembre 2005, se suc­cèdent, entre les opé­ra­tions mili­taires d’envergure contre les Gazaouis, des épi­sodes de « paix » pendant les­quels la vie des Israé­liens res­semble à celle des pays euro­péens voisins. En Cis­jor­danie, l’occupation va bon train. Entre 2005 et 2011, la popu­lation de colons israé­liens a aug­menté de 22%, passant de 425 000 à 520 000 (excluant Jérusalem-​​Est).

    Israël a gagné en tous points.

    Devant le non respect du droit inter­na­tional régissant les devoirs de l’occupant, la com­mu­nauté inter­na­tionale a baissé les bras. Depuis la signature des Accords d’Oslo en 1993, Israël n’a plus à se soucier des frais relatifs à ses res­pon­sa­bi­lités de puis­sance occu­pante. La logique guidant la par­tition des ter­ri­toires pales­ti­niens occupés oscille « entre pré­sence et absence sélective, adressant deux stra­tégies israé­liennes contra­dic­toires : ter­ri­to­riale (qui tente d’annexer le plus de ter­ri­toires pos­sible) et démo­gra­phique (excluant les zones for­tement peu­plées par des Pales­ti­niens). » (Wizman, Hollow Land, 2007) Ainsi, les Accords d’Oslo et le « désen­ga­gement » ont assuré la pérennité de l’occupation et la colo­ni­sation en aban­donnant le plus gros de la popu­lation pales­ti­nienne tout en gardant le contrôle sur l’ensemble du ter­ri­toire encore colonisable.

    La ren­ta­bilité de l’économie de la vio­lence depuis le « désen­ga­gement » de Gaza, l’occupation est marquée par une admi­nis­tration de plus en plus dépen­dante d’une logique de « vio­lence retenue » per­mettant à Israël d’affirmer sa domi­nation sur les ter­ri­toires pales­ti­niens et sur la popu­lation tout en répondant à l’impératif éco­no­mique. Comme le sou­lignent des uni­ver­si­taires israé­liens, cette vio­lence retenue « promet un contrôle maximal […] au plus bas prix. ». Au-​​delà de la miti­gation des réper­cus­sions poli­tiques d’une longue occu­pation, l’administration israé­lienne, en plus de réduire les coûts éco­no­miques, exploite main­tenant la vio­lence dans les ter­ri­toires pales­ti­niens comme sti­mulus éco­no­mique. C’est dans ce cadre d’économie de la vio­lence qu’il faut situer la pré­sente opération.

    Gaza est ainsi devenu un véri­table labo­ra­toire d’expérimentation sur la misère humaine et sur le contrôle des popu­la­tions « non dési­rables ». Labo­ra­toire qui sert éga­lement à tester les tech­niques et armes déve­loppées par le com­plexe militaro-​​industriel. C’est ainsi que le gou­ver­nement israélien relança l’économie pro­pulsée par son secteur des tech­no­logies liées à la sécurité et à l’industrie de l’armement. Les Israé­liens ont pris conscience de la « valeur » de leur expé­rience et savoir-​​faire en matière d’opérations mili­taires et poli­cières dans un contexte post-​​9/​11. Il en va de même pour l’armement testé sur des cibles humaines. Ainsi, à la question par le jour­na­liste israélien M. Feldman « pourquoi une telle demande pour les armes israé­liennes ? », le ministre de l’industrie israélien, M. Ben-​​Eliezer, affirmait « Si Israël vend des armes, les ache­teurs savent qu’elles ont été testées. » Le jour­na­liste demande alors si cette expé­rience avec la vio­lence est liée à la crois­sance éco­no­mique et le ministre répond : « cela génère des mil­liards de dollars ».

    Cette éco­nomie de la vio­lence retenue est basée sur un principe de modu­lation qui vise à éviter les débor­de­ments : des seuils à ne pas franchir sont déter­minés pour main­tenir un contrôle poli­tique et éco­no­mique efficace. Les diri­geants israé­liens nomment « zone élas­tique de dis­crétion » cet équi­libre dyna­mique. Des jour­na­listes israé­liens ont révélé l’existence d’un document appelé « Lignes rouges » qui établit une liste de ces seuils. Par exemple, le minimum de calories requises pour sou­tenir une popu­lation de 1.8 million de Gazaouis est réglé juste au-​​dessus de la défi­nition du seuil de famine de l’ONU et la « zone de dis­crétion » est constamment réévaluée grâce à la sur­veillance permanente.

    LA « PAIX », CETTE GUERRE SANS FIN

    Alors qu’Israël se retire de Gaza, le compte de l’opération « Bordure Pro­tec­trice » s’élève à 1817 tués et plus de 9000 blessés du côté pales­tinien. Ces chiffres révèlent l’ampleur du drame qui se déroule sous nos yeux, qui n’est qu’une montée en intensité de la vio­lence quo­ti­dienne de l’occupation.

    Des­titués via une poli­tique raciale et iden­tifiés comme un « pro­blème démo­gra­phique », les Pales­ti­niens, entre deux opé­ra­tions mili­taires, ren­contrent constamment les obs­tacles de l’occupation qui les dirigent gra­duel­lement vers une mort beaucoup moins spec­ta­cu­laire que les scènes télé­visées actuelles. Cette forme de « mort en douceur » prend la forme d’un non-​​événement où les impli­ca­tions poli­tiques et éthiques de l’État Israélien sont dis­sipées dans la matrice d’occupation qui implique la taxation, la séques­tration de revenus, la vio­lence quo­ti­dienne des colons israé­liens, un blocus aérien, naval et ter­restre, un réseau de « check­points », la mul­ti­pli­cation des permis, des cartes magné­tiques, etc.

    Le poli­to­logue Achille Mbembe écrivait au sujet de la Palestine :

    « Les vil­lages et villes assiégés sont enfermés et coupés du monde. La vie quo­ti­dienne est mili­ta­risée. Liberté est donnée aux com­man­dants mili­taires locaux de tuer quand et qui bon leur semble. Les mou­ve­ments entre cel­lules ter­ri­to­riales néces­sitent des permis offi­ciels. Les ins­ti­tu­tions civiles locales sont sys­té­ma­ti­quement détruites. La popu­lation assiégée est privée de ses sources de revenus. Tuer de façon invi­sible s’ajoute aux exé­cu­tions ouvertes. » L’odeur des eaux usées suite au bom­bar­dement de l’usine de trai­tement, les cou­pures d’électricité, le vrom­bis­sement des drones, le blocus, les assas­sinats ciblés, les res­tric­tions de dépla­cement, le manque de nour­riture, les tirs spo­ra­diques venant de la bar­rière de sécurité qui sert de cage aux Gazaouis sont autant de signes quo­ti­diens qui rap­pellent que la « paix », de leur côté du mur, prend la forme d’une guerre sans fin. Le Monde.fr

    Par François-​​Xavier Plasse-​​Couture (Doc­torant en Science Poli­tique à l’Université d’Hawaii à Manoa, chargé de cours à l’université du Québec à Montréal et à l’Université de Sherbrooke), samedi 9 août 2014

    http://www.france-palestine.org/Gaza-et-l-economie-neoliberale-de

  • Fin de la trêve à Gaza: les responsabilités de la communauté internationale (Afps)

     


     

    Ainsi la trêve de 72h n’a-t-elle pas duré une heure de plus et la popu­lation pales­ti­nienne de Gaza se retrouve à nouveau sous le feu combiné de la marine, de l’aviation, des chars et de l’artillerie des forces d’occupation israéliennes.

    On entend déjà les com­men­ta­teurs en faire porter la res­pon­sa­bilité sur la délé­gation pales­ti­nienne au Caire et sin­gu­liè­rement sur le Hamas.

    C’est là une lecture tota­lement biaisée de ce qu’est aujourd’hui la réalité.

    Ce que cher­chait à faire accepter Israël, après avoir tout fait pour saboter la voie ouverte par le gou­ver­nement d’entente nationale, c’était, une fois encore, la per­pé­tuation du statu quo. C’est pré­ci­sément ce qui n’est désormais plus pos­sible. Le statu quo, c’est à dire le maintien d’une enclave pales­ti­nienne assiégée, coupée de la Cis­jor­danie, et dépendant pour l’extérieur du seul bon vouloir de l’Égypte et d’Israël, est une chimère criminelle : les Gazaouis ont payé un trop lourd tribut pour continuer à vivre soumis au blocus et au siège militaire.

    Les Pales­ti­niens qui ont l’expérience de la réso­lution 1860 du Conseil de sécurité des Nations Unies du 8 janvier 2009, restée sans le moindre effet lors de l’opération « Plomb durci », ne peuvent se satis­faire de belles paroles.

    La France qui, par la voix de Laurent Fabius, a reconnu qu’une solution devait être imposée de l’extérieur, n’a, pour l’heure, pris aucune ini­tiative à la hauteur de la situation créée par l’agression israélienne.

    Elle doit sans délai sanc­tionner fer­mement cet État pré­dateur en cessant avec lui toute coopé­ration mili­taire, en mettant un embargo sur les armes et en sus­pendant pour ce qui la concerne l’accord d’association UE-​​Israël. Elle doit éga­lement prendre toutes les mesures néces­saires pour que la com­mission d’enquête du Conseil des droits de l’homme fasse son travail et encou­rager les auto­rités pales­ti­niennes à adhérer à la CPI. Faute de quoi elle prê­terait la main à cette folie qui menace de plonger la région entière dans le chaos. AFPS 8 août 2012

    Le Bureau national
    Association France Palestine Solidarité (AFPS)
    http://www.france-palestine.org/Fin...

    * Association France Palestine Solidarité (AFPS) 21 ter Rue Voltaire 75011 Paris Tél. : 01 43 72 15 79 Fax. : 09 56 03 15 79 Suivez l’AFPS sur www.france-palestine.org, Facebook et Twitter

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article32736