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Palestine - Page 92

  • “Boycottez-nous !” (l'Anticapitaliste.ch)

    Infatigable militant anticolonialiste, directeur du centre d’information alternative à Jérusalem, Michel Warchawski était de passage à Toulouse, en France, pour une réunion-débat organisée dans le cadre des rencontres Euro-méditerrannée.

    Dans cet entretien, il répond aux questions de nos camarades du Nouveau Parti Anticapitaliste, à propos du bilan de la guerre contre Gaza de cet été, de la reconnaissance d’un Etat palestinien par l’assemblée nationale française, de la situation politique en Israël, etc.

    Quel bilan tires-tu de l’intervention à Gaza ?
    Cette agression, présentée à tort comme une guerre, est un échec pour le gouvernement israélien. Son objectif inavoué, mettre en échec le processus de réconciliation entre le Hamas et l’Autorité palestinienne (AP), n’a pas abouti. Car ne nous y trompons pas, ce n’est pas Gaza et la résistance qui étaient visés, c’était Mahmoud Abbas !

    C’est un point de vue inhabituel. Peux-tu développer ?

    Israël, pour poursuivre sa politique de colonisation, a besoin de montrer qu’il n’y a pas de partenaire pour la paix. L’attaque contre Gaza visait à faire se désolidariser l’Autorité palestinienne de la résistance à Gaza. Mais ceci ne pouvait aboutir, car l’AP aurait été désavouée par le peuple palestinien si elle n’avait pas condamné cette agression. La brutalité de l’attaque a isolé Israël sur le plan international, et c’est sous la pression des USA et de l’Égypte que le gouvernement Nethanyaou a été contraint de signer un armistice.
    La seule faute politique du Hamas a été d’accepter de voir les négociations sur la levée du blocus remises à 4 mois. Car la tactique d’Israël est la même depuis plus de 20 ans : remettre à plus tard les décisions, faire traîner les négociations, et continuer d’avancer dans son projet inchangé depuis sa création : poursuivre la colonisation de la Palestine. Et 4 mois plus tard, le blocus n’est toujours pas levé !

    Depuis, un nouveau front s’est ouvert à Jérusalem, en particulier autour de la question de l’accès à la mosquée al-Aqsa. Le conflit peut-il changer de nature ?

    Le conflit est toujours un conflit entre une puissance occupante, un État colonial, et un peuple qui veut reconquérir ses droits. En Cisjordanie, et depuis plusieurs années à Jérusalem, se poursuit la politique d’implantations des colonies. À Jérusalem, les destructions de maisons arabes et la construction de nouvelles colonies s’accélèrent. Par ailleurs, le gouvernement laisse des groupes de colons d’extrême droite multiplier les provocations sur l’esplanade des mosquées et limite l’accès de la mosquée aux Palestiniens. C’est cela la réalité.
    Mais en effet, sous la pression des ultras, la politique du gouvernement cherche à déplacer aux yeux de l’opinion le conflit sur le terrain religieux. Pour cela, il s’attaque à un symbole essentiel pour tous les musulmans. Ce n’est pas nouveau : déjà en 2000, la provocation de Sharon sur l’esplanade des mosquées avait entraîné la deuxième Intifada ! Aujourd’hui, la pression des ultras dépasse même le gouvernement qui ne sait comment faire machine arrière. Au cours de négociations secrètes avec la Jordanie, Nethanyaou a été mis en garde : toucher à ce lieu saint de l’Islam ne concerne pas que les Palestiniens, mais les musulmans du monde entier. Et là, ce serait un conflit d’une tout autre ampleur.

    Cela m’amène à la question suivante : quelle est l’évolution de la société israélienne ?

    Tout le monde peut l’observer : le gouvernement actuel est le plus à droite, voire à l’extrême droite, depuis la création de l’État d’Israël. Il n’y a que votre président pour ne pas s’en être aperçu : son discours d’amour pour Israël, lors de sa visite, était réellement honteux, de même que ses premières déclarations lors de l’agression contre Gaza.

    Au moment de cette agression, tu as parlé de « fascisation du régime ». N’est ce pas un peu excessif ?

    Je persiste ! Quand un gouvernement pratique une politique pour museler l’opposition, quand il fait voter des lois racistes, liberticides, n’est-ce pas le début d’un processus qui vise à terroriser la population ? La brutalité de l’ambiance créée, plus l’apparition de petits groupes fascistes et de milices, ce n’est pas comme cela que ça a commencé en d’autres temps et d’autres lieux ?

    Et la gauche dans tout ça ?

    La droite est à l’offensive, structurée, réaffirmant sans état d’âme son projet colonial. La gauche, désarçonnée, est hors jeu. Pour prendre une image : nous n’ étions que 3 000 à manifester au moment de l’agression contre Gaza, ce qui est très peu. Mais on pourrait dire que nous étions 100 000 de plus si l’on compte celles et ceux qui quittent aujourd’hui le pays parce qu’ils ne supportent plus l’évolution de cette société. Ce sont les jeunes, souvent les plus diplômés, qui cherchent à partir. Beaucoup d’Israéliens aujourd’hui se font faire des passeports pour avoir une double nationalité.

     

    En France, il y a beaucoup de reportages sur les départs des juifs français en Israël…
    Peut-être, mais ce qu’on oublie de dire, c’est qu’au bout d’un an, la moitié environ repart !

     

    À tes yeux, quel est le sens de la proposition du gouvernement d’une loi visant à instaurer Israël comme « État–nation du peuple juif » ?
    Une provocation supplémentaire ! Et une surenchère de plus dans la réaffirmation des discriminations envers les Palestiniens d’Israël. Une autre façon de dire au peuple palestinien : oubliez la question des réfugiés.

    Pour changer de registre, la France et d’autres membres de l’Europe s’apprêtent à reconnaître l’État palestinien. Qu’en penses tu ?

    La rage que cela provoque dans la classe politique israélienne fait plaisir ! Mais au-delà, il faut l’interpréter comme un coup de semonce donné par la communauté internationale envers un allié qui devient incontrôlé et commence à irriter même « l’establishment » américain. Celui-ci a besoin dans sa coalition contre Daesh du soutien des gouvernements arabes, et les prises de position de Nethanyaou deviennent encombrantes. Alors tout ce qui est mauvais pour le gouvernement israélien est bon à prendre ! Mais ce n’est qu’un gain symbolique, cela ne changera pas la vie des Palestiniens, la réalité de l’occupation, de la colonisation. Un État qui n’a pas de souveraineté, qui ne contrôle pas ses frontières, n’est pas un État, juste un bantoustan !
    Et pour imposer la reconnaissance des droits des Palestiniens à Israël (dont le projet, inchangé depuis sa création – faut il le rappeler –, reste la colonisation de plus de territoire possible), il faudra un bouleversement tout autre du rapport de forces à l’échelle internationale. Il faudra une réelle volonté politique de la communauté internationale de s’opposer réellement à la politique israélienne, au-delà du geste symbolique…
    Une remarque encore : il faut toute l’arrogance israélienne pour reprocher aux Palestiniens de proclamer unilatéralement un État. Que je sache, l’occupation, la création même de l’État d’Israël, n’a pas été une décision conjointe !

    Alors que faire ?

    Cela se résume en trois mots : Boycott-Désinvestissement-Sanctions (BDS). Quand les États ont failli, c’est aux sociétés civiles de prendre le relais ! Il faut boycotter, isoler par tous les moyens cet État voyou. D’ailleurs, cette campagne inquiète le gouvernement israélien qui vient de faire voter une loi criminalisant le soutien au boycott en Israël même. Amplifier cette campagne, en faire l’axe central de la solidarité, est aujourd’hui, à mes yeux, ce qui doit être la priorité du mouvement de solidarité avec le peuple palestinien. J’ai envie de vous dire : boycottez-nous, c’est le meilleur service que vous pouvez rendre à celles et ceux qui en Israël se battent pour que justice soit rendue au peuple palestinien.

    Propos recueillis par Claude B.9 décembre 2014

    Source : site internet du NPA

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=1141

  • La destruction par Israël de grands immeubles à Gaza : des opérations massives, arbitraires et non justifiées (Amnesty)

     

    Des Palestiniens rassemblés devant les ruines d'un centre commercial qui, selon des témoins, a été touché par une frappe aérienne, à Rafah en 2014.

    Des Palestiniens rassemblés devant les ruines d'un centre commercial qui, selon des témoins, a été touché par une frappe aérienne, à Rafah en 2014.

     

    Tous les éléments que nous avons rassemblés prouvent que cette destruction massive a été exécutée délibérément, sans justification militaire.
    Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International
    Le déroulement des attaques comme les déclarations faites à l’époque par des porte-parole de l’armée israélienne révèlent qu’elles ont été décidées à titre de sanction collective contre la population de Gaza et qu’elles visaient à détruire ses moyens de subsistance déjà précaires.
    Philip Luther

     

     

    Les frappes aériennes qui ont visé de grands immeubles dans les derniers jours de l’opération Bordure protectrice menée par l’armée israélienne à Gaza en août 2014 sont des attaques directes et délibérées contre des constructions civiles et constituent des crimes de guerre, écrit Amnesty International dans un nouveau rapport rendu public mardi 9 décembre.

    Intitulé « Rien n’est à l’abri ». La destruction par Israël de grands immeubles à Gaza, ce document démontre que les attaques dirigées contre quatre grands immeubles dans les quatre derniers jours du conflit étaient contraires au droit international humanitaire. L’organisation y demande l’ouverture d’une enquête indépendante et impartiale sur ces attaques.

    « Tous les éléments que nous avons rassemblés prouvent que cette destruction massive a été exécutée délibérément, sans justification militaire, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Moyen-Orient et Afrique du Nord d’Amnesty International.

    « Le déroulement des attaques comme les déclarations faites à l’époque par des porte-parole de l’armée israélienne révèlent qu’elles ont été décidées à titre de sanction collective contre la population de Gaza et qu’elles visaient à détruire ses moyens de subsistance déjà précaires. »

    Même si des militaires israéliens ont averti les habitants des immeubles visés qu’ils devaient évacuer les lieux avant leur destruction, plusieurs dizaines de personnes se trouvant dans des bâtiments voisins ont été blessées, et des centaines d’autres ont tout perdu : leurs logements, leurs fonds de commerce ou leurs bureaux et leurs effets personnels.  

    Dans les quatre cas, les habitants paniqués ont quitté à la hâte les immeubles, sans avoir pu généralement emporter d’affaires, par exemple leurs papiers, leurs bijoux ou leurs économies.

    Après l’attaque, il n’est resté que le squelette de béton armé du Centre commercial municipal de la ville de Rafah, qui abritait une galerie marchande, un garage, plusieurs bureaux et un centre de santé. Les entreprises installées dans ce bâtiment pourvoyaient aux besoins de centaines de familles, qui rencontrent aujourd’hui des difficultés pour vivre dans des conditions décentes.

    Hormis de vagues affirmations laissant entendre qu’un centre de commandement du Hamas se trouvait dans l’un des immeubles démolis et qu’un autre abritait des « équipements liés aux militants palestiniens », les autorités israéliennes n’ont fourni aucune information expliquant pourquoi elles avaient entièrement détruit quatre bâtiments.

    « Même si les autorités israéliennes avaient de bonnes raisons de croire qu’une partie d’un immeuble visé était utilisée à des fins militaires, elles avaient l’obligation de choisir des moyens et des méthodes d’attaque limitant au maximum les dommages aux civils et à leurs biens, a déclaré Philip Luther. L’armée israélienne avait déjà mené des frappes aériennes contre des appartements précis de tours d’habitation sans pour autant les détruire entièrement. »

    Amnesty International a transmis les résultats de ses recherches sur ces raids aériens aux autorités israéliennes, et leur a demandé de lui indiquer pourquoi chacune de ces attaques avait été menée ; quels étaient les personnes ou les biens visés ; quelles précautions avaient été prises pour réduire les risques encourus par les civils ; et si une enquête avait eu lieu ou était en cours.

    Seul le contrôleur de l’État – qui exerce des fonctions de médiateur – a répondu, expliquant simplement le champ de ses investigations sur l’opération Bordure protectrice. Les pouvoirs publics qui auraient pu réellement répondre à ces questions sont restés muets.

    Des violations du droit international humanitaire imputées à Israël, au Hamas et aux groupes armés palestiniens pendant le conflit ont été recensées par Amnesty International, qui les condamne systématiquement. Ce rapport et un autre document rendu public en novembre, Des familles sous les décombres. Les attaques israéliennes contre des habitations, traitent des attaques israéliennes, mais une autre publication actuellement en cours de rédaction sera axée sur les violations commises par le Hamas.

    Jusqu’à présent, les enquêtes sur les atteintes présumées au droit international perpétrées par les forces israéliennes ou palestiniennes dans la bande de Gaza et en Israël n’ont pas brillé par leur indépendance, leur exhaustivité ou leur impartialité.

    Amnesty International demande à ce que la commission d’enquête établie par les Nations unies puisse mener à bien ses investigations, sans entraves. Elle engage aussi les autorités israéliennes à ne plus empêcher ses chercheurs et d’autres organisations de défense des droits humains de se rendre à Gaza.

    « Une enquête indépendante et impartiale doit être menée sur les crimes de guerre qui auraient été commis, et les auteurs présumés de ces actes doivent être traduits en justice, dans le respect des normes d’équité des procès. Les personnes dont le logement et les moyens de subsistance ont été détruits illégalement méritent justice et doivent obtenir pleinement réparation », a déclaré Philip Luther.

     

    http://www.amnesty.org/fr/news/israels-destruction-multistorey-buildings-extensive-wanton-and-unjustified-2014-12-09

  • « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » (Afps)

     Samah Jabr est psy­chiatre et psy­cho­thé­ra­peute à Jéru­salem, et se pré­occupe du bien-​​être de sa com­mu­nauté, au-​​delà des ques­tions de maladies men­tales. Elle écrit régu­liè­rement sur la santé mentale dans les ter­ri­toires palestiniens.

    La guerre d’Israël contre la bande de Gaza entre le 7 juillet et le 25 août a causé, selon les rap­ports, 2 133 morts dont 577 enfants, et plus de 11 000 blessés. Plu­sieurs mil­liers res­teront han­di­capés à vie, des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites et des cen­taines de mil­liers de per­sonnes n’ont désormais plus de foyer.

    De tels rap­ports ne repré­sentent que la partie émergée de l’iceberg. Les réper­cus­sions sont beaucoup plus pro­fondes, et s’agissant de la santé mentale de la popu­lation et du bien-​​être de la société, elles s’inscrivent dans le long terme. Le dommage psy­cho­lo­gique qui a résulté et qui per­sistera est invi­sible, non exprimé et incommensurable.

    Consi­dérez cette mère palestino-​​américaine qui a dû choisir entre fuir Gaza avec deux de ses enfants (ceux qui pos­sé­daient la natio­nalité amé­ri­caine) en laissant der­rière elle les deux autres qui ne la pos­sé­daient pas, ou rester à Gaza sous les bom­bar­de­ments avec ses quatre enfants. Le dommage psy­cho­lo­gique se reflète aussi dans les ques­tions que les enfants posent à leurs parents : « Pourquoi est-​​ce que les enfants meurent à Gaza ? » « Que leur arrive-​​t-​​il une fois qu’ils sont morts ? » « Est-​​ce que vous serez tristes si je meurs moi aussi ? »… Voilà ce qu’ont vécu les familles qui ont reçu l’ordre d’évacuer leurs maisons, avec leur passé et leur avenir réduits en pous­sière. Les sta­tis­tiques ne peuvent appré­hender le chagrin trau­ma­tique chro­nique res­senti par celles et ceux qui pleurent la perte d’êtres aimés dans d’aussi atroces cir­cons­tances, ni la souf­france émo­tion­nelle sup­portée par celles et ceux pour les­quels le pro­cessus de deuil ne peut suivre son cours naturel.

    Mémoire traumatique

    Mariam a perdu sa petite sœur il y a quelques années, quand les soldats ont fait feu sur la voiture fami­liale en route vers l’école. Aujourd’hui encore, chaque fois que Mariam ren­contre un soldat, elle revit la fusillade et le goût amer de la perte. Elle ne peut se débar­rasser de cette mémoire trau­ma­tique, et cela domine sa vie.

    L’impact d’une guerre sur la santé mentale de la popu­lation civile est l’une de ses consé­quences les plus impor­tantes et les plus per­sis­tantes. Les études scien­ti­fiques concluent à une aggra­vation des troubles mentaux consé­cutifs à la guerre. Les femmes, les enfants, les per­sonnes âgées et celles qui vivent avec une infirmité sont les plus vul­né­rables ; le degré du trau­ma­tisme et la pré­sence d’un soutien phy­sique et émo­tionnel ont aussi une inci­dence sur le résultat.

    Face à l’atrocité immé­diate d’une guerre, les per­sonnes éprouvent com­mu­nément un état d’hyperexcitation dans lequel elles se sentent capables de lutter contre ou de fuir le danger, mais où elles peuvent aussi se sentir figées dans un état de vul­né­ra­bilité. Dans les années à venir, elles peuvent être tour­mentées par le sou­venir, des cau­chemars et des flash-​​backs des évé­ne­ments traumatiques.

    Les mal­heurs for­tuits et les catas­trophes natu­relles sont eux aussi tra­giques, mais ils sont imper­sonnels ; les hor­reurs d’une guerre sont pro­fon­dément per­son­nelles. Les bles­sures trau­ma­tiques infligées dans une guerre causent un dommage profond par­ti­culier parce qu’elles repré­sentent une méchanceté déli­bérée et évi­table. Les sen­ti­ments évoqués, le sens d’une vul­né­ra­bilité et d’une rage impuis­sante sont plus douloureux.

    Un trem­blement de terre ne « triomphe » pas, mais dans une guerre, un côté vise à triompher de l’autre et à l’humilier. Les pertes subies sont donc par­ti­cu­liè­rement amères et hon­teuses. Dans le cas de Gaza, la proximité de celui qui en est l’artisan est un rappel constant du passé et une menace per­ma­nente pour l’avenir.

    Transgénérationnel

    Détruire une vie sur le plan phy­sique et matériel, c’est aussi détruire un mode de vie, détruire un point de vue : le conflit phy­sique apporte avec lui le conflit psy­cho­lo­gique. Gaza est l’une des régions les plus den­sément peu­plées sur la terre, un endroit où les civils vivent sous occu­pation et sous un siège depuis des décennies, avec des taux très élevés de chômage et une pau­vreté qui leur sont imposés. Sa popu­lation civile manque d’accès à son propre espace aérien, sa terre, ses voies navi­gables, ses ins­tal­la­tions sani­taires, ses routes et ses fron­tières, et elle a été isolée par la force des Pales­ti­niens de Cis­jor­danie et de Jérusalem-​​Est, un iso­lement séparant des familles et excluant toute crois­sance éco­no­mique, sociale et politique.

    C’est parce que Gaza, et toute la Palestine, a été sans inter­ruption dominée par une force mili­taire infi­niment plus puis­sante qui a contrôlé tous les aspects de la vie pendant des géné­ra­tions que la vie de ses civils ne peut être nor­ma­lisée par un simple cessez-​​le-​​feu. La guerre qui fait l’information dans le monde se superpose à un dénuement grave, chro­nique, trau­ma­tique qui n’est plus de l’information. Les Pales­ti­niens ont besoin que cessent les bom­bar­de­ments, mais ils ont aussi besoin que leurs droits perdus leur soient rendus et que les torts sous-​​jacents soient réparés. Sinon le risque existe que la vio­lence per­ma­nente engendre une spirale sans fin de vic­ti­mi­sation et de revanche, de pola­ri­sation et de mytho­logie, et de plus de trau­ma­tismes transgénérationnels.

    Les stra­tégies cultu­relles et spi­ri­tuelles d’adaptation sont très impor­tantes pour cette nation. En dépit de l’érosion constante de la com­mu­nauté en raison d’une oppression mili­taire, poli­tique, éco­no­mique, sociale, idéo­lo­gique et psy­cho­lo­gique impla­cable, les pro­blèmes de santé mentale ne sont pas si géné­ra­lisés qu’on pourrait le croire.

    Plus de mal que de bien

    J’ai écouté des cen­taines de per­sonnes alors qu’elles com­men­çaient à com­prendre la gravité des des­truc­tions et leur impact sur leur vie. J’ai prescrit des trai­te­ments à des Gazaouis admis dans des hôpitaux de Jéru­salem et de Cis­jor­danie. Leur réaction la plus fré­quente a été de dire : « Allah nous suffit, et Il est le meilleur pro­tecteur. » Trahies par la « com­mu­nauté inter­na­tionale, ces per­sonnes ont mis leur confiance dans une puis­sance qu’ils croient plus grande que celles d’Israël, des Nations unies et du gou­ver­nement amé­ricain. Leur foi pro­fonde est plus forte que les mis­siles intel­li­gents d’Israël et le trai­tement psy­cho­lo­gique appliqué par des pro­fes­sionnels. En Palestine aujourd’hui, il y a le chagrin mais pas le désespoir, la déception mais pas l’amertume à l’égard d’un monde dont l’ignorance et la torpeur morale ont permis tant de cruautés.

    En dépit des des­truc­tions et des pertes effroyables à Gaza, beaucoup de gens ordi­naires ont pris des risques pour aider les autres à sur­vivre : le per­sonnel médical et la défense civile ; des jour­na­listes, des familles qui ont recueilli des néces­siteux et des sans-​​abri. Les dom­mages causés ne décou­ra­geront pas leur morale ni n’affaibliront leur détermination.

    Le trai­tement du trau­ma­tisme se concentre souvent sur des tech­niques qui aident la per­sonne à se rap­peler et à relater les détails effroyables de ce qu’elle ou il a connus dans un envi­ron­nement sûr. Mais la réalité pales­ti­nienne com­prend non seulement le stress post-​​traumatique interne, mais aussi le stress trau­ma­tique externe actuel et qui se poursuit. Les évé­ne­ments trau­ma­tiques ne peuvent être bannis de la conscience quand ils ne sont pas bannis de la réalité collective.

    Recon­naître cette réalité est un pro­cessus social, qui dépasse les limites de la psy­cho­thé­rapie indi­vi­duelle. Ainsi, le trai­tement qui fait fi de la réalité poli­tique peut faire plus de mal que de bien. Tout comme la victime d’un crime n’a pas seulement besoin d’une sym­pathie indi­vi­duelle mais aussi que justice soit rendue, la com­mu­nauté pales­ti­nienne a besoin d’être vue ; que sa souf­france soit entendue et reconnue. Les torts qu’elle a subis doivent être réparés. Les com­mis­sions d’enquête et de vérité, les mémo­riaux et les céré­monies peuvent aussi aider à ce pro­cessus de guérison.

    L’unité nationale, la cohésion sociale et la soli­darité inter­na­tionale sont d’autres remèdes poten­tiels pour la douleur et l’aliénation psy­cho­lo­giques causées par la déshu­ma­ni­sation impi­toyable des Pales­ti­niens par Israël et l’apathie, le déni et la dénon­ciation inter­na­tionaux en résultant. La soli­darité peut favo­riser la gué­rison, réduire la soif de revanche et ouvrir la voie pour une récon­ci­liation future ; elle prend en compte le sou­venir per­sonnel et la recons­truction de la société qui aideront fina­lement tant les Pales­ti­niens que les Israé­liens dans la période de l’après-guerre.

    La sécurité favorise la confiance ; la recon­nais­sance prévoit la recon­nais­sance mutuelle ; la com­passion ouvre la voie au pardon ; et la justice apporte la paix.

    L’Orient le Jour, jeudi 4 décembre 2014

    http://www.france-palestine.org/Pourquoi-est-ce-que-les-enfants

     

    Plus de 400 000 enfants de Gaza ont un besoin immédiat « de soutien psychologique et de protection de l’enfance » suite à l’assaut dévastateur d’Israël, selon le Fonds des Nations Unies pour l’enfance (UNICEF).

    Les données sont contenues dans un rapport d’octobre produit par l’Office des Nations Unies pour la Coordination des Affaires Humanitaires (OCHA).

    Il est confirmé qu’au moins 538 enfants palestiniens ont été tués par les attaques militaires israéliennes durant l’opération appelée « bordures protectrices » rapporte l’UNICEF. Plus des deux-tiers des enfants décédés, 68 pourcents, avaient 12 ans ou moins.

    L’Agence de l’ONU rapporte que presque 425 000 enfants à Gaza ont un besoin immédiat de soutien psychologique et de protection de l’enfance, dont au moins 3373 enfants blessés (certains avec des handicapes permanents) et 1500 enfants devenus orphelins.

    Tous ont besoin d’un soutien urgent « afin de gérer des niveaux critiques de détresse et de vulnérabilité psychologique à une période où plusieurs voisinages et villages de la bande de Gaza sont toujours en ruines. »

    Le rapport inclus l’histoire de Shaima, âgée de 10 ans, de Shuja’iyya dans l’est de la ville de Gaza, qui, comme beaucoup d’autres, est régulièrement visitée à la maison par un conseiller.

    Son quartier est « maintenant principalement réduit à une vaste étendue de décombres » avec « la menace de restes explosifs à chaque coin de rue. »

    Durant l’offensive israélienne, la famille de Shaima a trouvé refuge dans l’appartement de son grand-père, pour que finalement l’éclat d’un obus israélien tue son père, Adel, et sa sœur Dima âgée de 2 ans.

    « J’ai vu mon oncle porter ma sœur. J’ai réalisé que sa tête avait été coupée lors du bombardement. Je n’ai pas regardé le corps de mon père parce que j’ai eu peur que ses blessures soient aussi horribles. Je me suis enfuie… Je ne peux plus chanter. Je pense à mon père et ma sœur qui sont morts. Je me sens coupable. »

    Traduction: Julie V. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

  • Procès BDS -cour d’appel de Caen –condamnation scandaleuse des militants (Npa Alençon))

    La cour d’appel de Caen vient de condamner 7 militants du collectif Palestine- Orne qui avaient appelé au boycott des produits Israéliens dans un magasin Carrefour de la ville d’Alençon en 2010.

    C’est sur la base du délit de « discrimination par l’entrave à l’activité économique » que la Cour a prononcé la condamnation des militants à 500 € avec sursis et 350 € de dommages –intérêts à deux organisations à la solde de l’ambassade d’Israël …..

    Cette condamnation reflète scandaleusement la manière dont la justice française peut se mettre en quatre pour servir les intérêts politiques des gouvernements Sarkozy et Hollande : en effet , c’est sur ordre de la garde des sceaux de l’époque, Alliot-Marie , dans une circulaire aux procureurs (circulaire maintenue par Taubira….) que ces inculpations ont été engagées et poursuivies dans le but de donner des gages de soutien honteux à l’état criminel d’Israël.

    L’État d’Israël continue à poursuivre et intensifier plus que jamais l’occupation et la colonisation de la Palestine en violation complète du droit international et dans la plus parfaite impunité , et l’État Français lui apporte son soutien objectif en poursuivant et condamnant les militants qui appellent au boycott des produits provenant d’Israël…..

    Le NPA dénonce cette condamnation scandaleuse et appelle à renforcer toutes les actions et réseaux de boycott d’Israël ainsi que toutes les actions visant à l’abrogation par le gouvernement Hollande de cette honteuse circulaire Alliot-Marie .

    Communiqué NPA Alençon

  • Palestine : dans quel État ? (npa)

    L’Assemblée nationale s’est donc prononcée, par 339 voix contre 151 (et 16 abstentions), pour la reconnaissance de l’État de Palestine. Ne boudons pas notre plaisir : comme lors de l’admission de la Palestine à l’ONU, comme « État non-membre », en novembre 2012, les mines déconfites des partisans de l’État d’Israël, qui constatent que ce dernier n’est pas intouchable, sont pour le moins réjouissantes.

    Mais ne nous y trompons pas. Le vote des parlementaires est doublement symbolique, et n’aura aucune conséquence concrète pour les Palestiniens. Tout d’abord, les assemblées françaises n’ont pas de rôle décisionnel en matière de diplomatie, et se contentent d’ « inviter » l’exécutif à reconnaître l’État de Palestine. De plus, le texte de la résolution ne prévoit aucun mécanisme contraignant à l’égard d’Israël, quand bien même celui-ci occuperait désormais un « État » formellement reconnu.

    Laurent Fabius a d’ailleurs expliqué qu’avant toute reconnaissance formelle, la France défendrait une « relance des négociations » pour aboutir, d’ici « deux ans », à une solution définitive. Mais de qui se moque-t-on ? En 1994, les accords d’Oslo promettaient une solution « dans cinq ans ». En 2003, George W. Bush envisageait une solution « en 2005 ». En 2007, il prévoyait l’établissement d’un État palestinien « dans un an ». En 2010, Obama en appelait à la création dudit État « en 2011 ». Etc.

    Durant combien d’années la mascarade diplomatique va-t-elle se poursuivre ? Combien de temps l’État d’Israël va-t-il pouvoir expulser, enfermer et bombarder les Palestiniens sans s’attirer davantage de réprobation que des prises de position symboliques et des invitations à « négocier » ? Combien de lois discriminatoires et racistes vont encore être adoptées au parlement de la « seule démocratie du Moyen-Orient », sans que nos courageux gouvernants ne lèvent le sourcil ?

    Le temps des mesures symboliques et de la défense de pseudo-négociations bilatérales entre l’occupant et l’occupé est largement révolu. L’urgence de l’heure n’est pas à la reconnaissance d’un État qui n’existe pas, mais bel et bien au boycott total d’Israël et aux sanctions contre un État qui jouit d’une lamentable impunité internationale. Seuls l’isolement et la mise au ban de l’État d’Israël, par le développement de la campagne BDS, pourront permettre d’envisager un avenir moins sombre pour les Palestiniens.

    Montreuil, le 2 décembre 2014

  • Nouveautés Afps, Rennes (35)

    Vendredi 5 décembre – Soirée et exposition sur la Palestine. Papier Buvard
Le Theil-de-Bretagne

Le vendredi 5 décembre à partir de 20h, nous vous proposons une soirée avec l’association France Palestine. Cette soirée avec projection est accompagnée d’une exposition qui nous permettra de retracer ensemble l’historique de ce pays et de sa population. Des personnes impliquées dans des missions dans ce pays, viendront témoigner de ce qu’elle ont constatées sur place et raconter leurs histoires.
     

    Vendredi 5 décembre – Soirée et exposition sur la Palestine. Papier Buvard
    Le Theil-de-Bretagne

    Le vendredi 5 décembre à partir de 20h, nous vous proposons une soirée avec l’association France Palestine. Cette soirée avec projection est accompagnée d’une exposition qui nous permettra de retracer ensemble l’historique de ce pays et de sa population. Des personnes impliquées dans des missions dans ce pays, viendront témoigner de ce qu’elle ont constatées sur place et raconter leurs histoires.


    • Ici vous trouverez les concerts et spectacles programmés au café. La liste est modifiée et mise à jour, retrouvez le...
       
  • La frénésie autour de la loi sur « l’État juif » tombe à plat : Israël pratique déjà la discrimination (Agence Médias Palestine)

    Le projet de loi sur « l’État-nation juif » a provoqué une énorme quantité de discussions et de controverses en et hors d’Israël.

    Mais ce qui manque dans la plupart des réactions internationales, c’est à quel point Israël se définit déjà comme un Etat juif et, de ce fait, pratique institutionnellement et juridiquement la discrimination. Ci-après trois entrées par lesquelles la loi israélienne a créé une ethnocratie, pas une démocratie.

    Un. Pendant les quelques premières années après la création de l’État d’Israël en 1948, la Knesset a voté trois lois qui établissaient les fondements d’un Etat juif aux dépens des indigènes palestiniens (dont la plupart avaient subi un nettoyage ethnique et été empêchés de revenir).

    L’effet combiné de la Loi sur le Droit au Retour, de la Loi sur le Bien des Absents et de la Loi sur la Citoyenneté signifiait ceci : tout Juif dans le monde pouvait migrer en Israël et devenir un citoyen, tandis que les Palestiniens expulsés étaient dépouillés de leur citoyenneté et expropriés de leurs biens par l’État.

    Deux. Il n’existe pas de nationalité israélienne, avec l’utilisation, « dans l’Enregistrement de la Population, du mot ‘nationalité’ se référant, non pas à la citoyenneté, mais plutôt à l’identité ethnique ». En octobre 2013, la Cour Suprême d’Israël a pris des décisions contre un effort pour établir une nationalité israélienne distincte de l’identité juive.

    Ce faisant, les juges ont confirmé une décision judiciaire de 1972 qui affirmait « il n’y a pas de séparation entre nation israélienne et nation juive », et en créer une « nierait les fondements mêmes sur lesquels l’État d’Israël a été construit » – c’est à dire, en tant qu’Etat juif.

    Aeyel Gross a écrit dans Haaretz que cette distinction, parallèlement à « l’identification de l’État à un seul groupe national spécifique, induit une hiérarchie et de l’exclusion » qui ne s’expriment pas que comme des « symboles », mais aussi «  en termes d’allocation de ressources, de pouvoir de gouvernement, de travail, de discrimination (formelle ou non) et par le besoin d’indiquer, dans l’enregistrement de la population, qui est juif et qui ne l’est pas.

    Trois. Il n’y a pas de garantie d’égalité, pour les citoyens juifs et palestiniens, qui soit enchâssée dans la législation israélienne. Comme l’a exprimé en 2012 le Comité de l’ONU pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD), il n’existe ni « définition » ni « prohibition de la discrimination raciale ».

    Ce qui s’en rapproche le plus, c’est la Loi fondamentale : Dignité Humaine et Liberté (1992), mais elle ne contient aucune obligation spécifique à l’égalité – ou, selon les mots du Magistrat Aharon Barak, « tous les aspects de l’égalité » ne sont « pas inclus dans le cadre de la dignité humaine ».

    En fait, la Loi Fondamentale contient une opposition cruciale, ou clause limitative, qui permet que les « droits » qui y sont inclus puissent être « violés » par des lois « qui conviennent aux valeurs de l’État d’Israël » – à savoir, « en tant qu’Etat juif et démocratique ».

    Sur ces éléments fondateurs, on a construit une légion de décisions politiques et de pratiques discriminatoires. Celles ci servent à protéger la majorité juive créée grâce à l’expulsion massive des Palestiniens et assurent aux Juifs des avantages et des privilèges aux dépens de ceux des Palestiniens qui sont restés.

    Ceci affecte l’attribution de terre, le logement, la planification régionale et municipale, les droits à la citoyenneté, la famille, l’éducation, la défense des minorités et pléthore d’autres domaines de la vie courante. Même le Département d’État américain reconnaît qu’Israël exerce une « discrimination institutionnelle et sociétale » contre ses citoyens palestiniens. (Pour en savoir plus, voyez mon livre « Palestiniens d’Israël : Ségrégation, Discrimination et Démocratie ».)

    Se référant au nouveau projet de loi, Le Times est sorti avec l’en-tête « Israël hésite à propos de la loi sur les Arabes de deuxième classe ». Un éditorial du New York Times a prétendu que « les tribunaux et lois d’Israël » ont logiquement donné un « poids égal » à la définition d’Israël en tant que à la fois « juif et démocratique ». Ceci est tout simplement faux.

    Il est absurde de suggérer, comme le fait l’article du New York Times, que « ‘existence même d’Israël… a été fondée sur l’idéal de démocratie pour l’ensemble de sa population ». Les Palestiniens ont toujours été (au mieux) des citoyens de deuxième classe et Israël se définit déjà comme un « Etat juif » plutôt que comme un Etat de tous ses citoyens.

    Alors oui, la nouvelle vague de législation d’extrême droite révèle quelque chose de nouveau – mais n’oublions pas que nous sommes témoins d’une intensification de la discrimination raciale, pas de son émergence.

    Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

    Ben White
    Mardi 25 novembre 2014

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/11/30/la-frenesie-autour-de-la-loi-sur-letat-juif-tombe-a-plat-israel-pratique-deja-la-discrimination/

  • A Gaza, le blocus se renforce et les prix s’envolent (Afps)

    Les prix flambent à Gaza.

    Les Gazaouis subis­saient déjà le blocus israélien. Dans les décombres de la guerre, ils font désormais les frais de la zone-​​tampon créée par l’Egypte le long de la fron­tière avec l’enclave palestinienne.

    Avant, Jihad Ahmed payait son paquet de ciga­rettes 10 shekels, soit deux euros. Aujourd’hui, le prix en a qua­siment triplé : 28 shekels ! Ce Gazaoui de 18 ans en est réduit à acheter ses ciga­rettes au détail. Trois shekels pour trois ciga­rettes qu’il fumera avec par­ci­monie tant son budget est maigre.

    Imed Chalbiya, qui lui tend ses ciga­rettes, explique la hausse des prix par le chantier en cours du côté égyptien de la fron­tière, au sud de la bande de Gaza. Les Egyp­tiens construisent un glacis pour contrer la menace d’attentats jiha­distes qui se mul­ti­plient car ils soup­çonnent des acti­vistes pales­ti­niens de prêter main forte à leurs auteurs. Les tunnels qui reliaient Gaza et l’Egypte "ont été fermés et, d’un coup, la réserve de ciga­rettes à Gaza a fondu, faisant monter en flèche les prix", dit Imed Chalbiya à l’AFP. En plus, "les pro­prié­taires des rares tunnels encore en fonc­tion­nement exigent 650 euros pour le transport de chaque carton de cin­quante car­touches de ciga­rettes". Les mêmes causes pro­duisent les mêmes effets sur les pro­duits de pre­mière nécessité ou l’électronique.

    Fini, le fromage égyptien

    Ter­ri­toire exigu et sur­peuplé coincé entre Israël, l’Egypte et la Médi­ter­ranée, la bande de Gaza est depuis 2006 étouffée par un strict blocus israélien. La seule bouffée d’oxygène venait des tunnels de contre­bande d’où se déver­saient toutes sortes de pro­duits venus d’Egypte. Après la des­ti­tution du pré­sident isla­miste Mohamed Morsi en juillet 2013, le nouveau pouvoir égyptien a radi­ca­lement changé de poli­tique à l’égard des 1,8 million de voisins gazaouis, détruisant 1.600 tunnels et coupant quasi-​​totalement leurs voies d’approvisionnement.

    La guerre de juillet-​​août déclenchée par Israël, l’ampleur de la dévas­tation et des besoins et la rareté des mar­chan­dises fai­saient déjà redouter aux habi­tants de Gaza une envolée des prix. Mais le ren­for­cement du blocus égyptien alourdit les fac­tures. "On vendait du fromage égyptien pour 10 ou 11 shekels, raconte Abou Mohammed, qui possède un petit super­marché à l’ouest de la ville de Gaza. Il est à plus de 23 shekels main­tenant. Je n’en vends plus. Plus per­sonne ne l’achète à ce prix".

    Dans son magasin d’électronique, Mohammed Safi abonde : "L’iPhone 5 coûtait 2.200 shekels. Main­tenant, c’est 2.600".

    La bande de Gaza est plus que jamais un marché captif pour Israël. Hanine Youssef, 27 ans, achetait "seulement des pro­duits égyp­tiens, ils étaient moins chers et je ne voulais pas sou­tenir l’économie israé­lienne". A présent, "il n’y a plus le choix : les seuls pro­duits dis­po­nibles sont israéliens".

    Situation "catastrophique"

    Quand les tunnels fonc­tion­naient à plein régime, les maté­riaux de construction repré­sen­taient un business de plus d’un mil­liard d’euros par an, selon Ayman Abed, du ministère de l’Economie. Sans ciment ni gra­viers, ce sont 35.000 Gazaouis qui se sont retrouvés au chômage - fléau qui touche désormais 63% des jeunes - alors que des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites ou endom­magées par la der­nière guerre, dit-​​il.

    Les maté­riaux de recons­truction rentrent par char­ge­ments limités, en raison de l’inquiétude d’Israël qu’ils ne soient détournés contre lui. Dis­tribués via l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés pales­ti­niens (UNRWA), les sacs de 50 kilos de ciment sont revendus aux par­ti­cu­liers 5,5 euros pièce, mais 42 sur le marché noir. "A l’époque des tunnels, la tonne de ciment se vendait 380 shekels (80 euros). Main­tenant, elle est à 3.800 shekels au marché noir", affirme Souheil Touman, qui vend des maté­riaux de construction.

    A Gaza, où selon l’ONG Oxfam 80% de la popu­lation vit de l’aide huma­ni­taire, les prix étaient tra­di­tion­nel­lement bien moins élevés qu’en Cis­jor­danie occupée a for­tiori à Jéru­salem. Aujourd’hui, les étals gazaouis pro­posent "des pro­duits d’exportation israé­liens, au prix initial plus élevé, et aux­quels ont été ajoutées de fortes taxes" imposées à leur entrée dans l’enclave, dit l’économiste Amr Chaabane. Pour lui, "la situation éco­no­mique est lit­té­ra­lement catas­tro­phique. Elle n’a jamais été aussi mau­vaise à Gaza depuis des décennies".

    OLJ/​AFP, dimanche 30 novembre 2014

    http://www.france-palestine.org/A-Gaza-le-blocus-se-renforce-et

  • Nouveautés sur AFPS

     

  • RECONNAISSANCE DE LA PALESTINE ? OUI, MAIS PAS SANS SANCTIONS EFFICACES CONTRE ISRAEL ! (UJFP)

    An Israeli border police officer fires tear gas towards Palestinian stone-throwers

    Aujourd’hui l’actualité est marquée notamment par une mobilisation médiatique sur la question de la reconnaissance de la Palestine.


    Cette reconnaissance, tous les amis de la Palestine soutiennent son principe.


    Elle ne peut que contribuer à un plus grand isolement de l’Etat d’Israël, et la Palestine deviendrait alors non plus un « territoire occupé » mais un Etat occupé.


    Mais pousser à la reconnaissance de la Palestine sans créer un rapport de force qui impose des sanctions efficaces contre Israël ne peut que contribuer à préserver le statu quo, à soutenir ou cautionner de fait la continuation du blocus de Gaza, la politique de colonisation de la Cisjordanie, de judaïsation de Jérusalem et d’exclusion des Palestiniens d’Israël, lesquels sont traités comme des sous-citoyens chez eux.

    Souvenons-nous.


    L’Avis émis en juillet 2004 par la Cour Internationale de Justice contre le Mur et le régime qui lui est associé est resté sans en effet, ce qui a conduit un an plus tard au lancement par plus de 170 associations de la société civile palestinienne de la Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), à l’image de la campagne qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

    Autre exemple : faute de sanctions contre Israël, la reconnaissance de la Palestine par l’UNESCO n’a pas empêché Israël d’imposer la floraison de « parcs nationaux » israéliens en territoire occupé, le contrôle de hauts lieux patrimoniaux palestiniens comme par exemple à Hébron, et les provocations actuelles sur l’Esplanade des Mosquées.

    Sans sanctions, la reconnaissance purement de principe de la Palestine peut aboutir à des conséquences catastrophiques : Israël peut en prendre prétexte pour considérer que la question des réfugiés ne la concerne plus et pour estimer que les Palestiniens d’Israël peuvent ne plus être considérés comme citoyens de ce pays.


    Un Etat virtuel désarmé composé de bantoustans contrôlés par la puissance sur-armée qu’est Israël : cette perspective est un risque réel.


    Elle serait le prolongement du projet de loi que le gouvernement Netanyahou veut présenter à la Knesset (parlement israélien) et qui consisterait à faire d’Israël « l’Etat-nation du peuple juif ». Les ambiguïtés de la formule « Etat juif et démocratique » ne suffisaient pas : là ce serait encore plus clair !

    Les sanctions qui s’imposent sont connues :


    - la poursuite des criminels de guerre israéliens par la Cour Pénale Internationale, ce qui d’ailleurs aurait déjà pu se produire même si la Palestine restait simplement « Etat observateur » à l’ONU
    - la rupture de l’Accord d’association (tarifs douaniers préférentiels) entre l’Union européenne et Israël
    - l’embargo sur tout commerce d’armes avec Israël
    - la poursuite du mouvement citoyen BDS.

    L’UJFP participe aux rassemblements pour la reconnaissance de la Palestine, mais tient à souligner que cette reconnaissance n’aura pas une portée réelle sans sanctions énergiques contre l’Etat d’Israël jusqu’à ce que les droits des Palestiniens soient réalisés : fin du blocus de Gaza, fin de l’occupation, de la colonisation, démantèlement du Mur d’apartheid, égalité des droits des Palestiniens d’Israël, droit au retour des réfugiés.

    L’élargissement de la campagne BDS, qui remporte des succès importants, est un moyen de pression citoyen particulièrement crucial face à Israël et à ses alliés ou complices. Elle construit un rapport de force pour mettre fin aux violations constantes du droit international par un Etat voyou qui cherche à écraser la résistance du peuple autochtone palestinien.

    Le bureau national de l’UJFP, le 26 novembre 2014

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3662