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Syrie - Page 11

  • Syrie : Intervention lors du rassemblement du 7 janvier 2017 à Paris (Anti-k)

     

     

    Je suis enseignante et militante syndicale (syndiquée au Snes-FSU, qui est le plus gros des syndicats enseignants). 
    J’interviens dans mon syndicat en soutien à la révolution syrienne, et je participe au collectif « Avec la Révolution Syrienne » qui est un regroupement d’organisations syndicales, politiques et associatives soutenant la révolution syrienne et qui collabore avec d’autre groupes tels le mouvement Nasskoune. 
    Les propos que je vais tenir sont largement partagés par ce mouvement et les organisations du collectif « Avec la Révolution Syrienne » et seront traduits par Fadwa.

    Cela fait bientôt 6 ans que le peuple syrien est sorti dans les rues pour demander la liberté.
    6 ans que le peuple syrien subit une barbarie sans nom, qu’il résiste et exige, toujours, la chute du régime.

    Nous savons depuis longtemps que les États et gouvernements sont capables de barbaries sans limites, surtout lorsqu’il s’agit de mater les peuples.

    Ainsi, dans la révolution syrienne, le plus extraordinaire ce n’est pas la barbarie du régime et de ses alliés, mais le plus extraordinaire, c’est la capacité de résistance du peuple syrien, une résistance qui s’est heurtée et se heurte encore à une immense violence physique, et à d’immenses obstacles politiques.

    Parmi ces obstacles, il y a le soutien ouvert de certaines puissances telles la Russie et l’Iran, au régime de Bachar al-Assad. Mais il y a aussi la politique d’autres puissances qui ont prétendu aider la résistance mais qui ont, dans les faits, protégé Bachar al-Assad contre cette résistance.

    Un exemple : celui des Etats-Unis qui à l’été 2011, pensant qu’Assad ne pourrait tenir, avait exigé son départ. Peu après, Obama fixa une « ligne rouge », l’utilisation des armes chimiques, ce qui revenait à autoriser le reste. 
    Et à l’été 2013, lorsque le régime utilisa massivement les armes chimiques, Obama annula toute riposte et trouva un accord avec Poutine.

    Un autre exemple : celui des gouvernements français, qui firent beaucoup de bruit avec leur bouche mais qui avec un décalage plus ou moins grand, collèrent aux positions successives d’Obama.
    Plus encore, après les attentats de Paris de novembre 2015, Hollande chercha une coopération ouverte avec Moscou alors même que l’armée de Poutine massacrait déjà les civils syriens au nom d’une prétendue lutte contre Daesh. 
    Et en parallèle, Hollande restreignait nos libertés, notamment celle de manifester, par l’instauration de l’état d’urgence.

    C’est au regard de ces analyses que l’on peut comprendre la chute d’Alep ou la poursuite des exactions en Syrie, comme ces derniers jours à Wadi-Barada, et que les villes tombent les unes après les autres.

    Il n’y a donc rien à attendre de ces faux amis qui parlent de « démocratie », et qui collaborent entre eux à l’ONU notamment, contre la révolution syrienne. L’ONU, une organisation qui n’intervient que lorsque les grandes puissances sont d’accord entre elles, et dont le travail humanitaire depuis 2011 en Syrie témoigne d’une collaboration scandaleuse avec le régime de Assad.

    La seule solidarité avec la révolution syrienne viendra de la solidarité internationale des peuples, pas des gouvernements. Une telle solidarité commence avec la reprise à notre propre compte des principales revendications du peuple syrien en lutte contre Assad et contre Daesh. Ainsi, nous exigeons :
    * l’arrêt immédiat de tous les bombardements, français compris
    * la libération immédiate de tous les prisonniers politiques
    * la levée immédiate de tous les sièges
    * le départ immédiat de toutes les forces armées étrangères
    C’est pourquoi nous affirmons que la revendication du peuple syrien, pour le départ de Assad et la fin de son régime, immédiatement et sans condition, est légitime. 
    C’est pourquoi nous combattons enfin toute forme de collaboration du gouvernement français avec des régimes assassins.

    Il y a eu en France des prises de position de syndicats, de partis, d’organisations démocratiques en solidarité avec la révolution syrienne. 
    On peut les juger insuffisantes, mais elles ont le mérite d’exister et doivent être démultipliées. Car depuis que la contre-révolution est à l’œuvre dans tout le Proche et le Moyen Orient, nous n’avons cesse de voir en France nos libertés démocratiques reculer.  
    Le combat pour les libertés démocratiques n’a pas de frontière. 
    Combattre pour la liberté en Syrie, c’est combattre pour la liberté en France et partout ailleurs. C’est combattre pour votre et pour notre liberté.

     Laure  9 janvier 2017

    http://www.europe-solidaire.org/

    http://www.anti-k.org/

     

  • Internationalisme des peuples ou des nations? (Médiapart)

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    Dans le fond, le débat sur la Syrie peut se poser en ces termes, pour nous, non-syriens : qu’est-ce que l’internationalisme ?

    On a souvent tendance à considérer ce terme via deux ressorts.

    Le premier, c’est celui qui, chez les plus gauchistes, consiste à commenter l’actualité, à juger les faits des autres, à déterminer qui est traître de qui ne l’est pas, à distance. Ce fut en particulier le cas lors de l’expérience Tsipras, où beaucoup ont passé plus de temps à critiquer Tsipras que l’Union Européenne, en oubliant, de fait, le soutien international concret pour engager le bras de fer avec les bourgeoisies nationales et le proto-Etat européen. Construire ces solidarités aurait pu, par ailleurs, peser sur les froideurs réformistes du gouvernement hellène, aujourd’hui engouffré dans la gestion libérale de la dette et du pays.

    Le second ressort nous est revenu à la figure avec la révolution syrienne.

    Il s’agit au contraire de considérer l’internationalisme comme des relations cordiales d’Etat à Etat, où chaque Nation défend ses intérêts, dans le respect des autres. A ce jeu-là, on ne regarde plus qui sont les « autres ».

    Par exemple, Jean-Luc Mélenchon justifie sa relation diplomatique [future puisqu’il se place en présidentiable] avec la Russie au nom d’une alliance historique entre la République Française et l’empire de Nicolas II. (Où la Russie prenait le Bosphore à la Turquie, note du blog)

    Tout en critiquant le Tsar de l’époque, il ne remet pas en cause ce dogme, et explique que les russes sont des partenaires, et ce, peu importe qui ils ont à leur tête… C’est une pensée assez gaullienne, mais également rapprochée du principe de « socialisme dans un seul pays » de Staline.

    Cette idée-là, d’une « Nation universaliste », a, en particulier, été très bien expliquée dans ses vœux pour 2017, disponibles ici. Toutefois, une incohérence persiste dans la logique de Mélenchon, c’est cette manière, in fine, de considérer certains Etats autoritaires comme fréquentables (Chine, Russie, Syrie) et d’autres comme infréquentables (EAU, Turquie, Qatar).

    Il y a donc bien ici un choix qui est fait.

    Indirectement, Mélenchon se place dans le camp d’un impérialisme contre un autre, les premiers Etats autoritaires étant autour de la Russie, les autres autour des Etats-Unis. Ce n’est pas de l’anti-impérialisme, mais du campisme. Nous reviendrons là-dessus en parlant du cas syrien.

    Pour Jean-Luc Mélenchon, le préalable politique à son internationalisme, donc, est la diplomatie étatique.

    Et, le but de la diplomatie doit être la paix. Toujours dans la même vidéo des vœux 2017, Mélenchon insiste pour dire que sa position est complètement caricaturée. Si cela a en effet pu être le cas par le fait de nombreux médias, il faut reconnaître que Mélenchon passe son temps à caricaturer la position de ses opposants, y compris de gauche et d’extrême-gauche, en les qualifiant, sans exception, « d’atlantistes ».

    De cette manière, il créé lui même une position dite « campiste », c’est-à-dire où il faudrait choisir un camp sur deux disponibles, lui se plaçant dans le camp qui ne choisit pas. Or, dans l’exemple de la Syrie, c’est à une multitude de « camps » qu’il faut se référer. Et, dans la logique du célèbre « pire que le bruit des bottes, le silence des pantoufles », en ne choisissant pas, on choisit le gagnant, ou du moins le plus fort, c’est-à-dire Bachar Al-Assad.

    Comme la vidéo – de 30 minutes, écoutez-là – est très claire et permet de débattre correctement, restons-y. Jean-Luc Mélenchon se refuse à penser que ce qui se passe en Syrie est une guerre de religions. C’est juste. Là-dessus, nous sommes d’accords.

    L’instrumentalisation de nombreux médias expliquant l’inverse est scandaleuse, visant à faire passer les arabes pour des fous, incapables de penser et de construire la démocratie. Mélenchon voit lui « une guerre de puissances », pour le pétrole et le gaz.

    S’il est vrai que les puissances ont des intérêts géo-politiques (comme partout), il est scandaleux de limiter l’insurrection populaire à une manipulation des puissances impérialistes. C’est même à la limite du complotisme. Les puissances tentent évidemment de tirer les marrons du feu, elles utilisent une situation de troubles, de faiblesses, puis de chaos, pour leurs intérêts, mais au préalable, c’est le peuple qui se lève contre une dictature sanguinaire.

    L’énorme désaccord arrive alors : Mélenchon dit qu’il ne souhaite pas choisir entre des « fanatiques modérés » et des « fanatiques » tout court d’un côté, et le régime de Assad de l’autre.

    C’est une déformation, doublée d’une insulte à la révolution syrienne. Parler des centaines de milliers de manifestants, combattants, révolutionnaires, qui, depuis 2011, se battent contre Assad et contre Daesh (Daesh qui fût en grande partie créé grâce à Assad qui a relâché des prisonniers terroristes-islamistes pour contrer la révolution) comme des "fanatiques" ; cette position est une honte sans nom.

    De plus, toujours dans une logique légale, et en se référant à l’ONU, Jean-Luc Mélenchon en appelle aux élections en Syrie et glisse, au passage, le fait qu’il faille organiser le retour en Syrie des réfugiés aujourd’hui hors de leur pays.

    A aucun moment le départ d’Assad n’est évoqué. Jean-Luc Mélenchon connaît-il seulement la situation en Syrie depuis les quatre dernières décennies ? Ce sont près de 200.000 prisonniers qui se meurent dans les geôles des Assad père et fils. Y renvoyer les réfugiés (dont beaucoup sont des révolutionnaires, ou présumés tels par le régime), sans le départ du dictateur, équivaut à les mettre en prison ! Il n’y a aucune possibilité de paix avec Assad ou avec Daesh.

    Heureusement, en Syrie, la vie politique ne se limite pas à ces deux camps.

    Il y a des partis de gauche, d’extrême-gauche, des groupes citoyens, démocrates. Des centaines de comités de quartiers, élus, se sont formés, ce sont [ou ce furent] des lieux où les citoyens décid[aient] à la base, sans attendre les élections « officielles ». C’était en partie le cas à Alep-est. En réalité, il y a une révolution en cours et il n’y a pas d’autres solutions que la victoire de la révolution si nous souhaitons la paix. La paix doit être juste, ou la paix ne sera pas.

    L’internationalisme est mal en point face aux gauchismes et aux faux-impérialistes.

    En 1990, le philosophe et militant Daniel Bensaïd expliquait « Pour exprimer un projet d’émancipation universelle, les travailleurs ont, dans leurs conditions d’exploitation, la potentialité de voir le monde en même temps avec les yeux du prolétaire chilien à Santiago, nicaraguayen à Managua, polonais à Gdansk, chinois, etc. Cette potentialité ne peut devenir effective qu’à travers la construction d’un mouvement ouvrier international, syndical et politique. S’il est vrai que l’existence détermine la conscience, l’internationalisme exige une internationale. ».

    On peut facilement dire qu’en 2016, le problème n’est pas réglé, l’ethnocentrisme dominant sans commune mesure dans les gauches du monde.

    La citation susnommée de Bensaïd est tirée de son texte Le dernier combat de Trotski. Dans ce texte, un supplément au journal Rouge, il explique avoir un objectif [lui, et la LCR] « non démesuré, mais certainement ambitieux : la reconstruction à terme d’une Internationale révolutionnaire de masse. ». Cet objectif, à l’heure de l’apparition des monstres obscurantistes et fascistes, du retour de positions campistes et de la gauche autoritaire, et du néo-libéralisme triomphant, est d’une brulante actualité.

     

    • 6 janv. 2017
    •  Le blog de Avy Gerhart

    https://blogs.mediapart.fr

     

  • Comment M. Mélenchon nie le peuple de Syrie et ses droits (Le Monde)

     

    Le refus de M. Mélenchon de distinguer entre les bombardements russes sur Alep et ceux de la coalition anti-Daech ne peut que nourrir les pires amalgames.

    Jean-Luc Mélenchon, dans un tout récent entretien au « Monde », développe une analyse de la Syrie qu’il pose au cœur de sa vision des relations internationales. Mais il n’atténue rien de sa sympathie pour les thèses de Vladimir Poutine, tout en nourrissant désormais les pires amalgames.

    « Les faits m’ont donné raison à 100% »

    L’ Insoumis en chef n’a pas l’autosatisfaction discrète. On rappelait ici même comment, en mars 2016, il avait salué la « libération » de Palmyre par le régime Assad, puissamment aidé par ses alliés russes et iraniens : « Que ce jour est suave de ce point de vue. Oui, comment laisser passer cette douce revanche sur les détracteurs permanents de mes positions sur la Syrie, la Russie et ainsi de suite ». Il n’a pas eu pourtant un mot sur la reprise de Palmyre par Daech le mois dernier.

    Cette fois on appréciera la modestie de « Les faits m’ont donné raison à 100% ».

    M. Mélenchon nie en effet toute aspiration du peuple syrien à un changement démocratique et il évacue la longue phase du soulèvement pacifique de 2011 pour réduire la crise syrienne, non pas seulement à une « guerre civile », mais à « une guerre de puissance ». Les différents groupes syriens ne seraient que des pions dans une guerre par procuration entre différents intervenants étrangers.

    L’argument-massue de M. Mélenchon à l’appui de cette thèse est le cessez-le-feu conclu entre la Russie, la Turquie et l’Iran. Que ce cessez-le-feu soit pour le moins vacillant ne trouble pas le caractère catégorique de telles affirmations. M. Mélenchon oublie d’ailleurs significativement l’Iran dans sa mention des parrains du cessez-le-feu, car cela compliquerait un peu sa perception binaire du monde.

    « Mon point de vue est strictement français »

    Contrairement à cette profession de foi, les thèses de M. Mélenchon sur la Syrie demeurent en phase avec la propagande martelée par le Kremlin, lui-même en écho de la dictature Assad. D’abord, on l’a vu, la négation de la dimension initialement pacifique du soulèvement populaire pour le réduire à une « guerre civile » désormais instrumentalisée depuis l’étranger. Ensuite, la qualification de « bandes armées » pour désigner l’ensemble de l’opposition militaire à Assad, en assimilant les jihadistes aux non-jihadistes pour mieux discréditer ces derniers.

    C’est Bachar al-Assad lui-même qui banalise l’expression de « bandes armées » dès 2011.

    Jean-Marie Le Pen la reprend très tôt en France, avec qu’elle ne fasse florès sur les sites du Front National ou le « réseau Voltaire », entre autres. Ces « bandes armées » doivent être neutralisées avant que le peuple syrien ne puisse voter librement sur son avenir. M. Mélenchon reprend cette affirmation abracadabrantesque, oubliant sans doute que les dernières élections libres en Syrie remontent… à 1961. Le parti Baas, au pouvoir depuis 1963, a proscrit tout scrutin digne de ce nom sous le règne de Hafez al-Assad, de 1970 à 2000, puis de son fils Bachar.

    Egalement en phase avec la propagande du Kremlin est la conviction exprimée par M. Mélenchon que « les Etats-Unis sont fous de rage sur la façon dont a tourné l’affaire de Syrie ».

    On conviendra que cette rage est pour le moins contenue, l’administration Obama ayant systématiquement reculé face à la Russie, depuis le refus de sanctionner l’usage d’armes chimiques à Damas, en août 2013, jusqu’à la chute d’Alep, en décembre 2016. Vladimir Poutine mène bel et bien une « guerre froide à sens unique » dont Jean-Luc Mélenchon entretient l’illusion.

    « Pourquoi choisir entre les bombardements ? »

    M. Mélenchon continue d’esquiver toute position claire sur les bombardements russes à Alep. Il les met sur le même plan que les bombardements « turcs, nord-américains et français ». On rappellera que les pilonnages russes ont visé dans leur écrasante majorité l’opposition non-jihadiste à Assad et se sont concentrés à la fin de 2016 sur Alep, une ville dont Daech avait été expulsé dès janvier 2014. En revanche, les bombardements de la coalition anti-Daech visent par définition l’organisation d’Abou Bakr al-Baghdadi, dont la planification terroriste a lancé une sanglante « campagne d’Europe », notamment contre la France.

    Cette différence d’objectifs aurait pu interpeller un présidentiable fier de son « point de vue strictement français ». Admettons qu’il n’en soit rien. Mais nul ne peut nier le fait que les frappes russes ont systématiquement visé des cibles civiles, hôpitaux, écoles et boulangeries, et qu’elles ont été menées sur la seule base d’un accord avec la dictature Assad. Les opérations anti-Daech peuvent, en revanche, se prévaloir de textes de l’ONU, dont la résolution 2249 du Conseil de sécurité, adoptée à l’unanimité en novembre 2015.

    « Pourquoi choisir » n’est au fond pour Jean-Luc Mélenchon qu’une interrogation rhétorique : il a bel et bien choisi. Mais qu’il n’avance pas masqué.

  • Syrie: pour en finir avec cette histoire de gazoduc (Anti-k)

    L’histoire est entendue, la guerre civile qui ensanglante depuis plus de 5 ans la Syrie ne peut avoir que des origines secrètes – cachées par les médias occidentaux – et qu’il faudrait chercher dans les tréfonds de ces âmes avilies par l’argent et le vice que l’on rencontrerait à foison sous les turbans arabes ou les chapeaux de cow-boys texans.

    Ultime avatar des complots judéo-maçonniques qui ont agité les esprits névrosés du début du XXème siècle (jusqu’aux horreurs que l’on sait), tout ne serait aujourd’hui que conjuration pour le pétrole et le gaz, qu’affaire de « gros sous » et de géopolitique de ressources énergétiques en voie d’épuisement[1].

    C’est ainsi que le printemps arabe de 2011, qui a touché la Syrie mais aussi la Tunisie, le Bahrein, l’Egypte…, serait réductible à une banale « vengeance » d’émirs qatariens et d’islamistes turcs, secondés évidemment par la CIA, et animés par l’appât du gain qui leur aurait échappé du fait de la résistance de Bachar el-Assad le président « légalement élu » de la Syrie.

    L’histoire continue de se répandre, facile à comprendre, et surtout bénéficiant de tous les avantages d’une post-vérité cachée par les dirigeants et médias occidentaux, et que les esprits éclairés et « libres » se chargent de révéler à tous.

    Cela ne mériterait que dédain et amusement, si des esprits sérieux, et surtout des dirigeants politiques briguant les plus hautes fonctions du pays, n’y succombaient avec une facilité déconcertante et surtout inquiétante sur l’avenir de pays dirigés par des personnes aussi crédules.

    Nous nous proposons d’analyser cette histoire, son évolution dans le temps, pour ensuite constater qu’elle est non seulement fausse mais encore dangereuse pour la compréhension des évènements en Syrie et plus largement dans le monde.

    La légende syrienne du Gazoduc dans ses différents avatars :

    Au plus loin que nous puissions remonter, cette histoire de gazoducs semble trouver son origine (mais nous n’avons pas de certitudes là-dessus) dans un billet de Pepe Escobar, un correspondant du Asia Times, auteur de livres polémiques sur Obama et les USA, publié par Al Jazeera le 6 août 2012 et intitulé « Syria’s Pipelineistan War »[2].

    A l’origine, l’histoire, confuse et peu étayée, consiste à expliquer l’origine du soulèvement de 2011 en Syrie par une opération de déstabilisation de la Turquie contre Assad pour faire échouer des projets de gazoducs concurrents au projet Nabucco, même si la Turquie est intégrée dans certains des projets en question.

    L’histoire va se compliquer pour intégrer un projet de gazoduc conçu par le Qatar (le projet « arabe ») qui serait en Syrie en conflit avec le projet de gazoduc mené par l’Iran. Ce dernier ayant été préféré par Assad au projet qatarien, la CIA et les Monarchies du Golfe auraient alors déclenché des manœuvres téléguidées depuis l’extérieur pour faire chuter le régime d’Assad, et le remplacer par un dirigeant sunnite « ami », avec le succès que l’on sait.

    L’histoire se cristallise donc autour de la rivalité de deux projets de gazoducs, l’un porté par le Qatar et l’autre par l’Iran. Le premier ayant été refusé par Damas qui aurait privilégié l’autre, déclenchant en réaction une vengeance turco-américano-qatarienne[3] qui va aboutir aux manifestations de 2011, qui ne seraient donc ni spontanées, ni d’origine interne[4].

    Analyser la véracité de cette histoire, fournie comme explication unique ou souterraine de la guerre en Syrie impose de revenir aux faits, c’est à dire aux différents projets de Gazoducs, à leur chronologie, puis de relever les invraisemblances de ce récit, avant d’aborder la place de ce récit dans la propagande du régime d’Assad et enfin de conclure sur le danger de cette explication, non seulement inefficace mais trompeuse sur la complexité de la situation en Syrie en 2016.

    Un gazoduc peut en cacher un autre : les projets de Gazoducs dans la région en mars 2011[5]

    Il faut rappeler qu’avant 1999, la Syrie était le principal producteur de gaz du Levant, à partir de champs on-shore à l’est de Homs et au nord de Palmyre (pour la plupart aux mains de l’EI au 31 décembre 2016). C’est ce qui explique que le gaz naturel est une composante importante de la consommation énergétique syrienne (25,6 % en 2009)[6], le Gaz naturel produisant 63,5% de l’électricité consommée dans le pays[7]. Ainsi la Syrie est en 2010 l’un des principaux producteurs et consommateurs de gaz naturel du secteur[8]. Les autres pays du Levant n’ont identifié que récemment d’importants champs gaziers off-shore au large de la Palestine et de Chypre (découverts à partir de 1999[9], les découvertes vont porter sur des champs à forts potentiels à partir de 2009).

    Le développement du gaz naturel dans l’économie syrienne commence timidement dans les années 1980, pour porter ses fruits à partir des années 2000. Malgré les investissements et les réserves de gaz du pays, la production ne parvient pas à couvrir les besoins d’un pays en plein développement démographique et économique, et dès 2008, les importations  de gaz naturel augmentent, principalement en provenance d’Egypte par le Gazoduc AGP[10].

    Les besoins en gaz naturel de la région, et particulièrement de la Syrie vont continuer à augmenter et depuis 2009, Damas réfléchit à plusieurs pistes pour augmenter ses importations, ce qui l’amène à engager des pourparlers avec la Turquie (pour y faire transiter le gaz azéri), l’Iran, et même l’Irak.

    Pour ce qui est des projets de Gazoducs, il faut d’abord définir la date à laquelle on doit se placer pour établir si des projets « concurrents » ont pu jouer un rôle dans le déclenchement de la guerre en Syrie.

    Le « printemps arabe » syrien a débuté en mars 2011 (les Syriens eux-mêmes ne sont pas d’accord sur la date exacte entre le 15 et le 18 mars 2011[11]).

    A cette date, il existe dans la région un Gazoduc important, l’AGP qui relie l’Egypte à la Syrie à Israël et au Liban[12], et 2 grands projets de Gazoducs connus, tous au point mort pour différentes raisons :

    –le projet qatarien[13] :

    ce projet a été conçu sur la base d’une étude de faisabilité de la Commission européenne en 2005[14], afin d’augmenter les importations depuis le Qatar, effectuées jusque-là par navires méthaniers. Deux routes ont été envisagées : une par l’Arabie Saoudite, le Koweit, l’Irak vers la Turquie et l’autre par l’Arabie Saoudite, la Jordanie, la Syrie vers la Turquie. La première route est la plus économique (Plan B sur la carte) mais suppose une stabilisation de la situation en Irak, la seconde (Plan A sur la carte) est donc envisagée en 2008 mais se heurte aux refus de la Syrie et l’Arabie Saoudite.

    le projet Nabucco (Iran et Transcaucasie) : c’est un projet plus ancien et plus vaste, puisque datant de 2002. Il a connu plusieurs versions. D’abord destiné à amener le gaz d’Iran vers l’Europe, la tension liée au programme nucléaire iranien amène l’Europe à réorienter le projet vers le gaz d’Azerbaïdjan et du Turkménistan. Une fois le consortium international constitué[15], les pourparlers sont menés régulièrement avant que des projets concurrents portés par la Russie ne viennent court-circuiter l’avance et bloquer toute avancée dès 2010[16].

    Il convient d’y ajouter un projet de gazoduc à partir de l’Iran, le projet Islamic Gas Pipeline (IGP)[17] qui sera officialisé lors d’un accord tripartite entre l’Iran, la Syrie et l’Irak en juillet 2011. Bien que postérieur au début de la Révolution syrienne, il semble être le fruit de négociations entamées avant – sans que cela soit certain – aussi convient-il par soucis d’exhaustivité de l’intégrer dans les projets à prendre en compte.

    Tous ces projets ont un objectif principal :

    diversifier l’approvisionnement en gaz de l’Europe, pour rompre sa dépendance énergétique à Moscou[18], notamment en favorisant les importations provenant du Qatar, ou des champs gaziers iraniens[19] ou azéris.

    Il convient de relever immédiatement qu’au-delà de cet objectif principal, la Syrie doit aussi couvrir ses propres besoins en gaz naturel. Les projets de Gazoducs étudiés ne feront pas que transiter mais approvisionneront aussi le pays.

    Quand ça ne colle définitivement pas :

    La simple chronologie des faits montre que rien ne peut rattacher le sort de ces différents projets – tous arrêtés aujourd’hui – avec les évènements qui vont commencer en Syrie en 2011.

    Printemps 2009 : Refus de Damas (sous la pression russe[20]) du projet qatarien proposé avec l’appui de la Turquie malgré des conditions avantageuses pour la Syrie, ce qui amène à privilégier un autre tracé par le Koweit et l’Irak[21].

    Juin 2009 : L’Azerbaïdjan donne un accès à ses ressources à la Russie[22], et au projet South Stream[23] au détriment du projet Nabucco qui perd une grande partie de sa faisabilité.

    Juin 2009 : le Turkménistan signe un accord de fourniture de gaz avec la Chine qui écarte de facto la possibilité d’approvisionner le projet Nabucco[24]

    Mars 2011 : début des manifestations dans toute la Syrie, violemment réprimées et qui vont déboucher dès le mois de juin 2011 sur les premiers affrontements armés à Deraa[25], débuts de la guerre civile

    Juillet 2011 : annonce de la signature de l’accord entre l’Iran, l’Irak et la Syrie pour le projet IGP[26]

    On ajoutera à cette chronologie qu’en 2013, pour ses exportations vers l’Europe,  l’Azerbaïdjan écarte définitivement le projet Nabucco qui est suspendu.

    Lier le déclenchement des manifestations en mars 2011 à des manœuvres de déstabilisation étrangères destinées à faire chuter la dictature d’Assad dans le double but de débloquer le refus de Damas d’accéder au projet qatarien refusé deux ans avant, et bloquer un accord donné en juillet 2011, n’est donc pas sérieux du strict point de vue des dates.

    Les invraisemblances de l’explication gazière de la guerre en Syrie

    Au-delà des questions de date, difficilement contestables, il faut aussi analyser les enchaînements qui mènent vers ces 3 projets, dont aucun n’a été à ce jour concrétisé.

    D’abord, il faut rappeler que l’annonce par l’Iran d’un accord de principe sur un projet de gazoduc IGP passant par l’Irak et la Syrie en juillet 2011 ne peut être considérée sérieusement. Ce projet implique de construire un pipeline dans un pays en guerre civile (Irak) et un pays en proie alors à une forte instabilité (Syrie), et même à travers des zones qui échappent alors à l’autorité de Bagdad, les territoires contrôlés par l’Etat Islamique et les Kurdes.

    Et surtout, au-delà des aspects de faisabilité technique qui n’ont jamais été sérieusement étudiés – même en 2016 – le projet IGP n’a aucun financement alors que 2 des 3 pays signataires sont frappés de sanctions financières internationales qui rendent impossible son financement par l’étranger[27].

    Ce projet n’est donc pas un « concurrent » ni du projet Nabucco, ni du projet qatarien mais seulement une annonce permettant d’exercer une pression sur la communauté internationale. Tout montre qu’aucun des signataires n’a cru sérieusement à ce projet qui n’a connu aucun avancement, même du strict point de vue juridique depuis 2011.

    On ajoutera enfin que si ce projet devait être mis en oeuvre, c’est avant tout avec la Russie que l’Iran se placerait en concurrence frontale.

    Le projet Nabucco se heurte au contexte international, qui a amené l’Europe à refuser de poursuivre le projet avec l’Iran, puis aux manœuvres russes qui ont réussi à capter les autres sources d’approvisionnement envisagées (Azerbaïdjan), dont certaines sont aussi fortement mobilisées vers l’Est et la Chine (Turkménistan).

    Rien dans la non mise en œuvre du projet Nabucco ne peut raisonnablement être attribué à Bachar al-Assad et expliquer une manœuvre de déstabilisation de sa dictature.

    Le projet qatarien serait en théorie le mobile idéal d’une déstabilisation du régime d’Assad, mais la théorie ne résiste pas à l’examen des faits et des détails.

    Ce projet a été rejeté par Damas en 2009, soit 2 ans avant le début des manifestations. Rien ne permet donc de lier les deux évènements historiques aussi éloignés l’un de l’autre surtout lorsque le second s’inscrit dans une dynamique qui touche en 2011 plusieurs pays arabes très différents et bien éloignés des contingences de la géopolitique du gaz naturel.

    En réalité, il faut rappeler que le projet qatarien a 2 routes optionnelles :

    l’option 1 : la plus courte (2900 km) et la plus économique : Qatar / Bahrein / Arabie Saoudite / Koweit/ Irak / Turquie

    l’option 2 : la plus longue et la moins rentable : Qatar / Bahrein / Arabie Saoudite / Jordanie / Syrie / Turquie

    Le coût du projet oscille selon les options entre 8 et 10 Milliards de $.

    Dans tous les cas il se heurte à plusieurs obstacles politiques majeurs, devant lesquels le refus de Damas de 2008 pèse peu.

    D’abord, la route la plus courte traverse l’Irak du Sud au Nord, de Bassorah (zone chiite) jusqu’au Kurdistan, dans des régions où justement la situation est très instable et le pouvoir de Bagdad contesté.

    Voici d’ailleurs la carte la plus sérieuse sur cette route, qui a toujours été privilégiée par la Turquie pour ce projet, et qui ne concerne pas la Syrie :

    Ensuite, et c’est l’obstacle essentiel, quelle que soit la route choisie, le gazoduc doit passer soit par les eaux territoriales, soit par le territoire saoudien.

    Or, l’Arabie Saoudite est aujourd’hui en rivalité directe avec le Qatar, et s’oppose à tous les projets qui augmenteraient les exportations qatariennes. Par exemple, le projet de gazoduc Al Khaleej entre le Qatar et le Koweit a été bloqué dès 2002 par Ryad.

    Ainsi, même si Damas avait accepté le projet qatarien (et turc), il n’aurait pas été mis en œuvre du fait du blocage saoudien.

    Il n’est donc pas soutenable d’avancer qu’un renversement de Bachar al-Assad aurait pu débloquer un projet, objet d’un véto de l’Arabie Saoudite constant depuis plusieurs années.

    On pourrait ajouter que la situation de la Turquie, impliquée dans la plupart des projets et elle-même intéressée par une prolongation du gazoduc AGP de Homs jusqu’à Kilis, contractualisée avec Damas dès 2000, exclut toute déstabilisation du régime d’Assad pour des motifs gaziers[28], sans même se pencher sur la question kurde.

    Il est intéressant de développer également que cette théorie méconnaît la réalité des processus de décision particulièrement complexes en matière d’investissement en infrastructures gazières ou pétrolières, qui place les critères de faisabilité technique, de financement et de rentabilité du projet de pipeline bien avant ceux liés au contexte géopolitique[29].

    Enfin, il n’échappera à personne que la situation actuelle de la Syrie, comme celle de l’Irak, ne permettent pas d’envisager la construction d’un gazoduc, dont le projet a été abandonné dès 2009.

    Certains des détails donnés ci-dessus sur les différents projets, tirés d’études techniques ou spécialisées, ne se retrouvent pas dans la présentation « grand public » de ces projets, notamment des notices Wikipédia en français[30] ou en anglais[31], signe de l’enjeu pour la propagande du régime et de ses alliés russes et iraniens de la construction de cette histoire et de sa diffusion au plus grand nombre.

    La « main de l’étranger » : un marronnier de la propagande d’Assad

    Toutes les dictatures ont une tendance naturelle à essayer de disqualifier la contestation politique, qui ne serait que manœuvre de déstabilisation menée par l’étranger.

    Mais la dictature d’Assad, qui dure depuis plus de 40 ans, porte cette propension à la hauteur d’un habitus fondamental et structurant de sa propagande : un « vrai » Syrien ne peut remettre en cause la domination du clan Assad-Makhlouf sur tout le pays sans être un agent de l’étranger.

    C’est ainsi que dès le mois de mars 2011, confronté à une contestation politique générale, dans tous le pays et dans toutes les communautés (y compris les Alaouites, Druzes et Chrétiens), Bachar al-Assad va voir dans cette agitation une manœuvre d’un ennemi étranger[32].

    L’histoire du conflit des gazoducs irano-qatariens, née en 2012, ne viendra que donner un mobile « plausible » à un discours déjà bien formaté dès le début de la contestation populaire.

    Pourtant, l’ampleur de la contestation ne peut résulter d’une manœuvre de déstabilisation orchestrée par un service secret, aussi puissant soit-il. Les manifestations vont toucher toutes les villes du pays, se répéter avec une remarquable constance, et avec des slogans intimement liés à des questions internes à la Société syrienne, à ses aspirations et ses besoins quotidiens.

    La pérennité du mouvement tient à la fois à la profondeur des aspirations des Syriens, et aux maladresses du régime qui a mêlé répression violente, arbitraire et concessions ciblées, provoquant même des critiques au sein de son appareil de sécurité[33].

    Certes, la Syrie par ses actions de soutien des terroristes, y compris jihadistes en Irak par exemple, est depuis longtemps (comme la Corée du Nord et l’Iran) sur la liste des pays considérés comme hostiles par l’administration américaine. Plus même, dès 2006, les États-Unis assument ouvertement cette hostilité, qui n’est pas exempte de collaborations ponctuelles dans la lutte contre le terrorisme, et s’engage à soutenir toutes les initiatives permettant de changer le régime et de mettre fin à la dictature.

    Les télégrammes confidentiels révélés par Wikileaks sont clairs sur le sujet, et relèvent de positions classiques d’une grande puissance soucieuse de défendre ses intérêts[34].

    Pour autant, cette posture, adoptée en 2006[35], et révisée ensuite par l’administration américaine, et surtout elle est loin d’être suivie d’effets. Il n’y a aucun lien avéré entre ces intentions de 2006, remises en cause postérieurement, avec les évènements de mars 2011.

    La mobilisation des Syriens repose d’abord sur des causes endogènes et non manipulables depuis l’étranger :

    crise économique liée à la succession de sécheresses qui frappe le pays de 2006 à 2011[36], et aux échecs de la libéralisation de Bachar, associée à une énorme pression démographique (la population passe de presque 13 millions d’habitants en 1990 à plus de 22 millions en 2011), avec une forte représentation de la jeunesse (âge médian de 21,7 an en 2010 pour les hommes et de 22,1 pour les femmes).

    En 2011, la situation sociale syrienne est explosive depuis plusieurs années, avec un important exode rural, une communautarisation confessionnelle croissante[37], une forte hausse des inégalités, et un décalage entre les attentes d’une jeunesse nombreuse et des capacités d’intégration économique qui se réduisent. Et les maladresses d’une répression violente particulièrement à l’égard des jeunes et même des enfants, comme Hamza al-Khateeb[38] vont pousser au déclenchement d’une révolution.

    L’étude des révolutions dans l’Histoire montre que ces facteurs sont largement suffisants pour expliquer une crise politique et une contestation des dirigeants. Des opérations de déstabilisation ne peuvent agir sur des tendances aussi lourdes, notamment du point de vue démographique et économique.

    Il n’y a donc aucune raison de donner du crédit à la propagande du régime qui n’a cessé depuis le début de dénoncer un complot étranger.

    Pire même, l’enchaînement des évènements montre qu’en réalité, le mouvement de contestation est bien né en Syrie, et émane de Syriens vivant dans leur pays et non d’exilés ou de groupes extérieurs.

    En effet, profitant des évènements du printemps arabe[39], des groupes de Syriens vont tenter à plusieurs reprises de mobiliser des manifestations hostiles au régime depuis l’étranger, notamment via les réseaux sociaux. Ce seront à chaque fois, des échecs complets, comme début février 2011 où l’appel à manifester lancé sur facebook[40] ne débouchera sur AUCUNE manifestation[41].

    La thèse du complot étranger comme explication de la guerre en Syrie n’est tout simplement pas sérieuse, en tout cas dans le cadre d’une démarche scientifique. Dès lors, la question d’un hypothétique mobile à ce complot, lié à des projets de gazoducs devient sans objet.

    Conclusion : le danger des explications capillotractées

    Face à ces arguments, dont certains ne nécessitent pas une analyse ni une recherche très profonde[42], on reste étonné de la prospérité de l’explication gazière de la guerre en Syrie, pourtant au moins relativisée, dans toutes les publications sérieuses[43].

    Cette thèse fausse et farfelue en dit beaucoup sur les carences cognitives de ses défenseurs que sur la réalité d’évènements historiques bien documentés, et accessoirement sur les désastres collectifs auxquels amène cette période où surmédiatisation rime avec désintellectualisation.

    Les enjeux et choix énergétiques, l’accès aux ressources pétrolières rares sont évidemment des éléments essentiels de compréhension des évènements géopolitiques et historiques.

    Il n’est bien évidemment pas question de le nier ici.

    Il suffit de rappeler que le partenariat américano-saoudien symbolisé par l’entrevue Roosevelt / Roi Ibn-Saoud sur le Quincy le 14 février 1944 est un élément structurant pour tout le Moyen-Orient[44].

    On peut aussi évoquer les tensions entre la Russie et l’Ukraine pour la Crimée puis pour le reste du pays, dont le lien avec les projets de gazoducs est évident[45], ou les tensions dans le Caucase entre Russie et Azerbaïdjan[46].

    Il est intéressant de relever que ces ingérences russes, motivées par des projets de gazoducs, sont ignorées par les mêmes qui dénoncent une prétendue action de la CIA téléguidée par le Qatar en Syrie en 2011.

    Mais force est de constater que les enjeux de la guerre en Syrie sont d’abord syriens, et la régionalisation du conflit ne va intervenir que plus tard. Les interventions des soutiens étrangers du régime sont aussi anciennes (2012) et bien plus importantes que celles des soutiens de la rébellion[47].

    Le danger de propager l’histoire des gazoducs comme explication de la guerre en Syrie réside aussi bien dans la méconnaissance des origines et raisons de la contestation politique du régime, que dans la négation des interventions étrangères sans lesquelles Bachar al-Assad ne serait plus au pouvoir.

    Elle dénote une vision particulièrement dénigrante du peuple syrien, incapable de revendiquer par lui-même, et sans être manipulé par des services étrangers, plus de liberté et un meilleur partage des richesses du pays.

    Enfin, chercher un complot pour le gaz ou le pétrole dans toute crise politique est un moyen facile d’éviter pour des dirigeants en difficulté, d’assumer leurs responsabilités et de tirer les conséquences de leurs échecs, deux aspects essentiels d’un mandat politique dans une démocratie, déjà trop souvent oubliés par nos dirigeants actuels.

     

    [1] Rappelons que les histoires de gazoduc existent aussi pour une explication complotiste de la guerre en Afghanistan de 2001 : http://www.liberation.fr/planete/2002/01/05/sous-le-conflit-afghan-des-pipelines_389449

    [4] La « cristallisation » de cette histoire découle d’une série d’articles à l’automne 2012, voir : ANSAMED 01/10/2012 http://www.ansamed.info/ansamed/en/news/nations/turkey/2012/10/01/Syria-new-markets-Qatarien-gas-Al-Assad-analyst_7560833.html

    [5] On se reportera à l’excellente étude Hakim Darbouche, Laura El-Katiri & Bassam Fattouh, East Mediterranean Gas : What Kind of Game Changer ?, NG71, December 2012, Oxford Institute For Energy Studies, disponible ici : https://www.oxfordenergy.org/publications/east-mediterranean-gas-what-kind-of-a-game-changer/

    [6] A comparer à 15% pour Israël ou 0,6% pour le Liban (chiffres de 2010)

    [7] A comparer à 36,6% pour Israël et 0% pour le Liban (chiffres de 2010)

    [8] La Syrie consommait en 2010 9,63 Bcm sur 14 consommés sur la zone Chypre-Liban-Israel-Syrie dont 8,94 Bcm tirés de ses ressources locales et 0,7 Bcm importés

    [9] Le premier champ gazier off-shore découvert est Noa au large d’Israël en 1999, puis en 2000 d’autres champs au large des côtes israéliennes et de Gaza.

    [10] Arab Gazoduc Pipeline, Gazoduc qui relie l’Egypte à la Syrie « utile » sur un axe du Sud au Nord de Deraa à Alep en passant par Damas et s’arrête à Homs.

    [11] Le 15 mars 2011 est le début des manifestations à deraa après l’arrestation d’adolescents le 13 mars, le 18 mars 2011 est le premier vendredi de manifestations dans tout le pays, appelé « vendredi de la dignité », qui sera violemment réprimé dans plusieurs villes, avec les 4 premiers morts et des centaines d’arrestations.

    [12] Ce Gazoduc de capacité limitée est la cible de nombreuses attaques terroristes de l’EI dans la Sinaï et a cessé de fonctionner régulièrement depuis 2011.

    [13] Is the Qatar-Iraq-Turkey-Europe Natural Gas Pipeline Project Feasible ? Report Nr. 23 – January 2011, ORSAM – Ankara 2011.

    [14] Le projet est porté par la Qatar Petroleum et Exxon-Mobile East Marketing Limited Company.

    [15] Le consortium est formé de la Société Nabucco International et de 5 compagnies nationales.

    [16] Quelles perspectives pour Nabucco et South Stream?, Rapport réalisé pour le CONSEIL FRANÇAIS DE L’ÉNERGIE, Sous la direction de Zaki Laïdi, IEP Paris – juillet 2010

    http://www.wec-france.org/DocumentsPDF/RECHERCHE/Contrat56_Rapportfinal.pdf

    [17] Appelé curieusement « gazoduc de l’amitié » dans la page Wikipédia française de présentation : ………..

    [18] En 2011, la taille des réserves de gaz naturel réparties entre de nombreux pays concerne 3 acteurs majeurs : la Russie (1ère réserve de gaz naturel), l’Iran (2ème) puis le Qatar (3ème).

    [19] C’est ainsi que sur la question du gaz naturel, l’Iran, qui développe ses champs gaziers de Fars, se place ainsi clairement en rivalité avec la Russie.

    [20] Le refus est officiellement motivé par la volontiers de préserver l’amitié entre la Syrie et la Russie et donc les intérêts de Moscou, voir ici : https://www.rt.com/op-edge/syria-russia-war-oil-528/

    [21] http://www.thenational.ae/business/energy/qatar-seeks-gas-pipeline-to-turkey#full

    [22] accord signé avec Gazprom le 25 juin 2009

    [23] le projet de gazoduc South Stream est lui-même arrêté en décembre 2014 et remplacé par un projet commun russo-turc le Turkish Stream.

    [24] China, Turkmenistan seal long-term energy deal , AP 25 juin 2009, https://www.highbeam.com/doc/1A1-D991I3P80.html

    [25] Ces affrontements à Deraa ne sont pas le fait de mercenaires étrangers mais d’abord de déserteurs de l’armée syrienne, qui font défection par unités entières et s’opposent aux forces fidèles au régime chargées de la répression de la contestation à Deraa.

    [26] La date de conclusion de l’accord de juillet est opportunément avancée à mars 2011, ce qui est faux, dans certaines sources russes https://www.rt.com/op-edge/syria-russia-war-oil-528/

    [27] Voir à ce sujet Hakim Darbouche, Laura El-Katiri & Bassam Fattouh, East Mediterranean Gas : What Kind of Game Changer ?, déjà citée p. 17.

    [28] Pour la stratégie de la Turquie en matière de gaz en 2011 : Ahmet K. Han, Turkey’s Energy Strategy and the Middle East: Between a Rock and a Hard Place, in Turkish Studies, 12:4, 2011,  http://acikerisim.khas.edu.tr:8080/xmlui/bitstream/handle/123456789/909/IISBF_2011_A_Han_Makale.pdf?sequence=1

    [30] Notice Wikipedia en français  sur le projet Qatar : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gazoduc_Qatar-Turquie et sur le projet iranien : https://fr.wikipedia.org/wiki/Gazoduc_Iran-Irak-Syrie

    [31] Notice Wikipédia en anglais sur le projet Qatar : https://en.wikipedia.org/wiki/Qatar-Turkey_pipeline et sur le projet iranien : https://en.wikipedia.org/wiki/Iran-Iraq-Syria_pipeline

    [34] La Russie adopte ouvertement les mêmes postures à l’égard des régimes hostiles sans que cela ne pose de problème à ceux qui dénoncent sans barguigner l’interventionnisme US ou de la CIA.

    [35] Le texte généralement cité date de décembre 2006 et est ici : https://wikileaks.org/plusd/cables/06DAMASCUS5399_a.html

    [36] En réalité la situation de l’eau en Syrie s’est dégradée de manière continue depuis la fin des années 90 et c’est dans une situation très fragile que 5 années de sécheresse consécutives vont se succéder à partir de 2005.

    [37] La confessionnalisation de la Syrie est à la fois la conséquence des choix du régime, des influences iraniennes, mais aussi de la perte des liens sociaux traditionnels du fait de la crise économique et de l’exode rural.

    [39] Le printemps arabe débute en décembre 2010 en Tunisie et en janvier 2011 en Egypte.

    [41] d’une manière plus générale et contrairement aux autres printemps arabes, le rôle des réseaux sociaux et d’internet – très surveillé et insuffisamment répandu – est mineur dans le début de la contestation syrienne de 2011, voir XXXXXX

    [43] voir l’excellent article de David Rigoulet-Roze « La variable énergétique dans la crise syrienne – La question stratégique du contrôle d’un futur gazoduc méditerranéen » in Confluences Méditerranée, 2014/4, N° 91, pp. 95-106 : http://www.cairn.info/revue-confluences-mediterranee-2014-4-page-95.htm

    [44] Même si les Historiens savent qu’en réalité la question du pétrole et du pacte Arabie Saoudite / USA est scellée bien avant cette entrevue qui n’ont été évoqués que la question de la Palestine : http://orientxxi.info/magazine/la-legende-du-pacte-du-quincy,1213

    [45] Pasquale DE MICCO, IN-DEPTH ANALYSIS : Changing pipelines, shifting strategies: Gas in south-eastern Europe, and the implications for Ukraine, Policy Department, Directorate-General for External Policies, UE, 2015

    http://www.europarl.europa.eu/RegData/etudes/IDAN/2015/549053/EXPO_IDA(2015)549053_EN.pdf

    [47] sur le soutien inconditionnel de la Russie à Assad dès 2011 : « La Russie face aux révoltes libyenne et syrienne – des enjeux jugés majeurs, une politique défensive » de Anne de Tinguy, in LES ONDES DE CHOC DES RÉVOLUTIONS ARABES, Presses de l’IFOP – 2014, Chapitres 4 pp. 85-103 : http://books.openedition.org/ifpo/6930?lang=fr

    Cédric Mas- Blog Paul Jorion 6 janvier 2017

    http://www.anti-k.org/

  • We must understand Syria as a popular struggle despite its complications (Socialist Resistance)

     

    Joseph Daher reports:
    The popular uprising in Syria approaches its sixth year, but the debate among the networks, associations, political parties, and individuals that make up the political left is ongoing.Alarmingly, some sections of leftist discourse on the Syrian revolution often emulate the rhetoric offered by the mainstream bourgeois, media, and even extreme right-wing groups. For example, writing for The Guardian in September 2013, Slovenian philosopher Slavoj Žižek characterized the Syrian uprising as a “pseudo struggle.” As he wrote: “there are no clear political stakes, no signs of a broad emancipatory-democratic coalition, just a complex network of religious and ethnic alliances over-determined by the influence of superpowers.”In an interview with RT a year earlier, journalist Tariq Ali similarly declared that what we are witnessing in Syria is “a new form of re-colonization by the West, like we have already seen in Iraq and in Libya.” In Ali’s view,

    Many of the people who first rose against the Assad regime in Syria have been sidelined, leaving the Syrian people with limited choices, neither of which they want: either a Western imposed regime, composed of sundry Syrians who work for the western intelligence agencies, or the Assad regime.

    Others, like veteran journalist Seymour Hersh, described the uprising in overly-simplistic terms as a near conspiracy to “destabilize Syria” that was planned at the time of George W. Bush’s presidency and continued into President Barack Obama’s term.

    Political figures like former British Member of Parliament, George Galloway, have supported anti-war movements like Stop the War Coalition, but have also defended Bashar Al-Assad’s criminal regime on many occasions. In 2013, for instance, Galloway declared that Assad is “quite a man” because “he opposes Israel, Britain, America and Qatar.“

    These are only a sampling of the many left-wing figures who analyze the Syrian revolutionary process using a “top-down” approach. They characterize the popular Syrian uprising in Manichean terms as an opposition between two camps: the Western states, the Gulf monarchies, and Turkey (the “aggressors”) on one side, and Iran, Russia, and Hezbollah (the “resistance”) on the other. In so doing, they ignore the popular political and socio-economic dynamics at the grassroots level. Moreover, they often focus disproportionately on the dangers of ISIS while ignoring the role the Assad regime played in its rise. These discrepancies must be addressed within leftist circles and movements.

    Authoritarianism and Popular Resistance

    Citing the expansion of ISIS and other extremist forces, some sections of the left claim Syria is no longer experiencing a revolution, but, rather, is in the grips of a war of conspiratorial proportions. Because of this, they argue, we must “choose a camp,” in order to find a concrete solution to the conflict. In effect, this means we must throw our support behind Assad and his allied Iranian and Russian forces. Tareq Ali declared, for example, at a rally in 2015 that “If you want to fight ISIS, you should be going in and fighting alongside Russia and alongside Assad.”

    Sadly, baseless discourse like this became particularly prominent after the Paris attack in November 2015, when ISIS affiliates killed nearly 140 Parisians in an act of terrorism. After the attack, many in the West began advocating for a “global war against ISIS.” Those on the left and right alike argued for the need to collaborate with the Assad regime, or at least seek a solution in which the Assad dynasty remains in control of the country.

    Those, like myself, who oppose this outlook are charged with being idealistic. Our critics tell us we must take “more realistic” approaches toward Syria, in order to save lives.

    What these individuals fail to appreciate, however, is that it is not enough to destroy ISIS. Brute military force alone only ensures that other militant groups will take its place, as al-Qaida in Iraq demonstrates. Real solutions to the crisis in Syria must address the socio-economic and political conditions that have enabled the growth of ISIS and other extremist organizations.

    We have to understand that ISIS’s expansion is a fundamental element of the counter-revolution in the Middle East that emerged as the result of authoritarian regimes crushing popular movements linked to the 2011 Arab Spring. The interventions of regional and international states have contributed to ISIS’s development as well. Finally, neo-liberal policies that have impoverished the popular class, together with the repression of democratic and trade union forces, have been key in helping ISIS and Islamic fundamentalist forces grow.

    The left must understand that only by ridding the region of the conditions that allowed ISIS and other Islamic fundamentalist groups to develop can we resolve the crisis. At the same time, empowering those on the ground who are fighting to overthrow authoritarian regime and face reactionary groups is part and parcel of this approach.

    Complex Dynamics

    The revolutionaries in Syria who are struggling for freedom are not unlike the revolutionaries in Tunisia, Bahrain, Libya, Egypt, and elsewhere, who oppose both the authoritarian regimes that brutalize them and the fundamentalists who reject meaningful notions of freedom and liberty.

    This popular resistance has been the most neglected aspect of the Syrian uprising. Since the revolution began, Syria has witnessed remarkable levels of self-organization—more than any other country in the region faced with similar circumstances.

    It is true that the uprising’s militarization has impacted this self-organization. Indeed, the war’s evolution has stifled the space for mass demonstrations and civic engagement, which was common during the uprising’s early years. Remnants of the original revolution still exist, however, in the form of democratic and progressive movements, which have consistently opposed all counter-revolutionary elements, including the Assad regime and extremist forces. Far from being dead, these popular forces made themselves and their democratic aspirations known in February 2016. Following the partial cessation of Russian and regime airstrikes, hundreds of civil demonstrations occurred throughout liberated areas of Syria. The chants and flags of extremist forces were notably absent from these protests.

    Among the civic initiatives in Syria, citizen-driven local councils, elected or established on consensus, exist in some regions and provide services to the local population. It is not a coincidence that the free regions of Aleppo and Douma, both run by local councils, are among the most brutalized targets of regime and Russian bombing.  That these areas represent democratic alternatives, apart from the regime and fundamentalist movements, is something Assad and his allies fear.

    Local councils are not the only civic organizations that have been established during the conflict. The Syrian Civil Defense, commonly known as the White Helmets, works to save victims of airstrikes and deliver public services to nearly 7 million people. Other popular organizations have also undertaken a range of activities and campaigns around education, health, human rights, and empowering women, to name a few. These include Women Now For Development, Keshk, The Day After Tomorrow, the Fraternity Center, and Raqqa Is Being Slaughtered Silently, among others.

    There has also been a surge of free and democratic newspapers and radio stations in the country, especially in liberated areas. Examples of these include Arta FM, Syrian Media Action Revolution Team (SMART), ANA Press, Enab Baladi, and Souriatna.

    It is imperative for leftists to appreciate these realities, and separate the aspirations of besieged Syrians from those of international and imperialist actors. Approaching Syria from a “bottom-up” rather than “top-down” perspective can help with this.

    Imperialism at Work

    It is important to remember that, even though conflicting interests exist between international and regional powers that are intervening in Syria, none of these actors care about the uprising or the revolutionaries. Instead, they have attempted to undermine the popular movement against Assad and successfully worked to strengthen sectarian and ethnic tensions in the country. These intervening forces have, for example, helped stabilize the Assad regime in order to oppose Kurdish autonomy (in Turkey’s case) and to defeat extremist groups such as ISIS (in the case of the United States).

    The intervening powers are united in their opposition to popular struggle. They seek to impose the status quo at the expense of the interests of the working and popular classes. This is precisely why viewing the Syrian revolution only through the lens of imperialist competition and geo-political dynamics will not suffice. This lens inherently obscures the political and socio-economic frustrations endured by the Syrian population that sparked the uprising.

    The Enemy at Home

    Some sections of the left and anti-war movements, especially in the UK and the United States, have refused to act in solidarity with the Syrian uprising under the pretext that“the main enemy is at home.” In other words, it is more important to defeat the imperialists and bourgeoisie in our own societies, even if that means implicitly supporting the Assad regime or Russian state.

    Among these sections of the left, communist thinker Karl Liebknecht is frequently cited. Liebknecht is famous for his 1915 declaration that “the enemy is at home,” a statement made in condemnation of imperialist aggression against Russia led by his native Austria–Germany. In quoting Liebknecht, many have decontextualized his views. From his perspective, fighting against the enemy at home did not mean ignoring foreign regimes repressing their own people or failing to show solidarity with the oppressed. Indeed, Liebknecht believed we must oppose our own ruling class’s push for war by “cooperating with the proletariat of other countries whose struggle is against their own imperialists.”

    Among many Western leftists, there has been neither cooperation with the Syrian people nor collaboration with like-minded anti-war movements. They also have failed to oppose the policies of their own bourgeois states in crushing the revolution in Syria.

    The left must do better. Solidarity with the international proletariat means supporting Syrian revolutionaries against various international and regional imperialists forces, as well as the Assad regime, all of which are trying to put an end to a popular revolution for freedom and dignity. No leftist organizations or anti-war movements today can ignore the necessity of supporting people in struggle, while opposing all foreign interventions (international and regional), especially from our own governments.

    Re-Orienting the Left

    The role of progressives and leftists today is not, contrary to suggestions from figures like Ali and Higgins, to choose between two imperialist or “sub-imperialist” forces that compete for political gains and the exploitation of resources and peoples. It is, instead, to support the popular struggle, which very obviously exists in Syria.  To do otherwise not only undermines that struggle, but also ignores the fact that progressive forces must always support the interests of the working and popular classes. To choose one kind of imperialism or authoritarianism over another is to guarantee the stability of the capitalist system and the exploitation and oppression of peoples.

    This is why, when activists demonstrate in front of Russian embassies throughout the world to demand an end to Russian bombing of the Syrian people, we should not problematize or refer to their actions as “fuelling anti-Russian sentiment.” As argued by Alex Kokcharov, principal Russia analyst at the research center IHS Country Risk, “Russia’s priority is to provide military support to the Assad government and, most likely, transform the Syrian civil war from a multi-party conflict into a binary one between the Syrian government and jihadist groups like the Islamic State.” This means, the vast majority of Russia’s air strikes do not target ISIS at all.

    In Solidarity

    As leftists, our support must go to the revolutionary people struggling for freedom and emancipation. Only through their own collective action can the Syrian people achieve their goals. This concept, which is at the heart of revolutionary politics, faces profound skepticism from some sections of the left. This should not prevent us, however, from building our solidarity on this basis.

    As Liebknecht said: “Ally yourselves to the international class struggle against the conspiracies of secret diplomacy, against imperialism, against war, for peace within the socialist spirit.” We can exclude none of these elements from our struggle to build a progressive leftist platform on the Syrian conflict.

  • For a genuine anti-imperialism (ISO)

    PRO-ASSAD leftists, your analysis is wrong.

    To support Assad and Russian intervention in Syria is to support a completely brutal counterrevolution. The Syrian uprising, along with the whole Arab Spring, was a revolt against decades of neoliberal suffocation as well as against undemocratic tyrants.

    Authoritarianism throughout the Middle East and North Africa has an intimate connection with imperialism and global capitalism. Syrians along with people across many other Arab states rose up for democracy. They had no other choice--economic desperation without any legitimate way to challenge the political establishment forced people's hands. The revolts and the people who participated in them were incredibly brave.

    We should support and defend the Arab Spring revolutions against all counterrevolutionaries, including the imperialist states that circled them like vultures from day one, trying to influence their outcomes. This means supporting the Syrian revolution.

    To call the Syrian revolutionaries "terrorists" and to say that Assad is "fighting terrorism" is to play directly into the dictator's hands. From the moment he first decided to gun down peaceful demonstrations, Assad's strategy has always been to paint the uprising as "jihadist" and claim to be fighting terrorism. This is the reason Assad actually released hundreds of jihadists from his prisons, many of whom went on to take leadership positions in actual terrorist groups.

    It's also worth noting that Assad has non-aggression pacts with these groups, leaving regime, Iranian and Russian firepower focused almost entirely on rebels, rather than on ISIS. These actual terrorist groups are yet another counterrevolutionary force completely opposed to democracy and hell-bent on crushing the Syrian revolution. This is the reason for the slogan "Assad/ISIS are the same--the only difference is the name." Both forces are counterrevolutionaries--terrorists opposed to Syrian self-determination.

    Lastly, to claim the Assad regime or its supporters are somehow "anti-imperialist" is just not true. Russian imperialism is a thing. Competition offered by a weaker imperialist state against a stronger one in a third country is not "anti-imperialism."

    What Russia is doing in Aleppo--the indiscriminate bombing and destruction--is indistinguishable from what the U.S. has done across the Middle East and North Africa. Russian bombs have the same effect as American bombs, demolishing houses, destroying whole city blocks, killing untold numbers of people. Furthermore, Assad is not only a puppet of Russian imperialism--he has also opportunistically worked with the U.S. in its imperialist goals, jailing and torturing kidnapped Iraqis for the Americans during the invasion, for example.

    Finally, the U.S. under Obama never had the goal of "regime change" in Syria. Originally, they wanted an "orderly transition," removing Assad from power while maintaining his authoritarian, neoliberal state apparatus. Since then, they have caved even on this, and have stopped demands for Assad to step down. The new wave of U.S. imperialism under Trump fully backs him.

    Assad is not an anti-imperialist; like all Middle Eastern dictators, he exists only because of imperial support. But this aside, to reduce Syria to "geopolitics" alone--an imperialist proxy war between the U.S. and Russia--is to downplay to hopes and wishes of the Syrian people and the incredible courage it took to rise up against a completely brutal anti-democratic regime.

    Don't support Assad. Don't support Russia. Don't support Iran. You can't call yourself an anti-imperialist if you do. Long live the Syrian revolution.


    Alex Ferriera, New York City January 4, 2017

    https://socialistworker.org/

    Commentaire:

    L'International Socialist Organisation est un de nos correspondants aux USA avec "Solidarity" et "Socialist Action".

  • Syrie Les femmes de la Révolution

    Ajoutée le 3 janv. 2017

    Zein Al sham is one of the women documented in the Syria Rebellious Women series. She was forced to evacuate her sieged city Aleppo at the end of last year, she was one of the latest to leave.
    زين واحدة من النساء اللواتي تتناول سلسلة "الثائرات" حكايتها٫ بقيت زين في حلب حتى آخر قافلات التهجير لتجبر أخيراً علي مغادرتها لإدلب.
    www.zaina-erhaim.com

  • Alep

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    Le dernier est Nasrallah, chef du Hezbollah

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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      , par Codssy

      Auto-présentation reprise du site du CODSSY le 31 décembre 2016.
      CODSSY est une association humanitaire à but non-lucratif, indépendante, non partisane et non-gouvernementale, fondée à Paris le 22 octobre 2012 et enregistrée sous le numéro W751217007. Elle est régie par la loi du 1er juillet 1901 et (...)

     

  • Paris Syrie

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    Rassemblement « La Syrie veut la Liberté »  Paris

    (organisé par des Syriens). 

    Le peuple syrien est exposé à un holocauste simplement parce qu’il a réclamé sa liberté, une liberté qui lui a été usurpée depuis que #Assad a volé le pouvoir en Syrie.

    Des centaines de milliers de personnes ont pris la rue et les places en Syrie, seulement parce qu’ils voulaient respirer la liberté.

    Des chanteurs ont eu la gorge coupée, des peintres ont eu les doigts cassés, des #enfants ont eu le cou brisé, des femmes ont été violées et des milliers de jeunes gens sont morts sous la torture dans les centres de détention de Assad, simplement parce qu’ils voulaient s’émanciper de la servitude de Assad.

    Dans les villes assiégées des enfants et des personnes âgées meurent de faim, et des localités subissent la violence de toutes les sortes d’armes, parce qu’ils avaient un rêve, celui de vivre libre comme d’autres #nations.

    Il est le tueur de cette époque.

    Le #crime_de_guerre qui est parrainé par les Nations Unies est le #déplacement des #civils, sous la menace de #siège, de bombardements, et de  #génocide.

    Encore et toujours, la Syrie veut la liberté #SyriaWantsFreedom

    Joignez-vous à notre campagne internationale #SyriaWantsFreedom et protestez avec nous pour exprimer votre soutien à la Syrie, aux Syriens et à leurs droits à la liberté et à une vie décente sans dictature.

    syryey.jpg

    PARIS :

    Rassemblement

    samedi 7 janvier,

    15h-17h,

    Place de la République

    Source du texte :

    https://www.facebook.com/events/832425180222993/

    Evénement sur Paris :

    https://www.facebook.com/events/1508654562500212/

    Vidéo de lancement de l’événement international :

    https://www.facebook.com/Hashtag.Revolution2011/videos/383889575293609/

    Page internationale autour des événements

    https://www.facebook.com/SyrianRovolution.Demonstration/?hc_ref=PAGES_TIMELINE