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Syrie - Page 7

  • Viols d’enfants, l’arme de destruction du régime syrien (Inkyfada.tu)

    Exilée à Amman, en Jordanie, Fatima raconte le calvaire vécu par sa fille Nora, violée à l’âge de 11 ans par les hommes de Bachar Al-Assad.

     
     

    En six ans de guerre, peu de crimes ont été épargnés aux Syriens.

    Massacres, tortures, bombardements, armes chimiques… L’un d’entre eux reste encore passé sous silence : le viol des enfants. Dans les geôles du régime, aux checkpoints ou durant les raids, les filles et garçons des opposants, les très jeunes révolutionnaires, sont abusés dans le chaos et l’impunité la plus totale.

    1Pour des raisons de sécurité, Fatima n’a pas souhaité que le nom du village apparaisse.
    « Ils m’ont enlevé mes vêtements ! ». Dans les rues de son village près de Deraa¹, au sud de la Syrie, la fillette de 11 ans crie, sans même s’en rendre compte. Comme folle, la petite Nora hurle des bribes de mots, des phrases sans queue ni tête, répétant sans cesse « ils m’ont enlevé mes vêtements ! Ils m’ont enlevé
     
     
     Au détour d’une rue, Fatima tombe sur elle. Avertie quelques heures plus tôt par la rumeur publique que sa fille détenue aurait peut-être été relâchée avec un groupe d’enfants, cette Syrienne de 35 ans s’est lancée éperdument à sa recherche.
     
    Face à la gamine adolescente, la mère peine à distinguer ces traits qu’elle a connus par coeur. Elle s’approche. Nora, en état de choc, ne la reconnaît pas. Leur dernière rencontre ne date pourtant que d’un mois et demi. 
Quarante cinq jours. Une éternité, depuis cette soirée du 3 mai 2011. Nous sommes alors aux premières heures du Printemps syrien, le régime écrase les manifestations, toujours plus nombreuses dans tout le pays. Deraa, épicentre du soulèvement populaire, et sa région font l’objet d’une vague de répression plus sanglante encore.
     
    En ce début du mois de mai 2011, les shabihas, milices pro- gouvernementales, et les militaires encerclent la commune. Tandis que les hélicoptères survolent les quartiers, les soldats fouillent les maisons pour débusquer les « terroristes ». Parmi eux, Karim, le mari de Fatima, est accusé d’avoir aidé les blessés par balles lors des rassemblements populaires. Ce soir, il n’est pas là. Les soldats somment sa femme de le contacter. Fatima a beau leur répéter qu’ils sont « quasiment divorcés », ils ne veulent rien entendre.
    Un officier pose les yeux sur les deux enfants présents dans la pièce. Fatima panique. Pour les protéger, elle nie être la mère de Nora et de son petit frère de 5 ans. Mais la fillette, terrorisée, crie : « Maman ! ».
    « Nous allons prendre votre fille en otage jusqu’à ce que votre mari se rende », annonce l’officier.
    Il saisit Nora, direction une base militaire de Deraa – dont nous ne pouvons pas citer le nom, par souci de sécurité. La nuit même, le père de Nora se présentera au service des Renseignements militaires pour se constituer prisonnier. Mais sa fille restera enfermée 45 jours et Karim n’en reviendra jamais.
     
    Lire la suite:
     
    Cécile Andrzejewski et Leïla Miñano, avec Daham AlasaadIllustration : Damien Roudeau
    11/02/2017
     
  • Alep : un tournant ? Résistances populaires en Syrie et manœuvres internationales

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    Alep : un tournant ?
    Résistances populaires en Syrie et manœuvres internationales

    Fin décembre, les derniers habitants des quartiers d'Alep-Est étaient déportés hors de leur ville.

    Après plusieurs mois de massacres sans nom, Alep se retrouvait alors sous l'entier contrôle du régime et de ses principaux alliés : les régimes russe, iranien et le Hezbollah libanais. Dans un contexte de restructuration d'alliances, une trêve était annoncée sur toute la Syrie et des négociations internationales engagées.

    Pourtant les bombardements et les déportations se sont poursuivis et se poursuivent encore dans plusieurs localités, contre celles et ceux qui, en 2011 se sont soulevés contre plus de 40 ans de dictature des Assad. Les manifestations également continuent, exigeant toujours la chute du régime, ou cherchant à repousser l'emprise de groupes islamistes proches d'Al-Qaida.

    Comment aujourd'hui le peuple syrien résiste-t-il face au régime et ses alliés, et face à Daesh et ses acolytes ? A quels enjeux internationaux est-il également confronté ?
     
    avec :
    Ziad Majed,
    politologue, professeur des études du Moyen-Orient à l'Université américaine de Paris
    Shiyar Neyo, journaliste, militant syrien et kurde, indépendant

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    Réunion organisée par le collectif Avec la Révolution Syrienne : Alternative Libertaire, Cedetim, Émancipation, Ensemble, Forum Palestine Citoyenneté, L'insurgé, NPA, UJFP, Union syndicale Solidaires

    Avec la collaboration de : Nasskoune
     
    https://aveclarevolutionsyrienne.blogspot.fr/
  • Moyen-Orient : « Rien de ce qui a entraîné l’explosion de 2011 n’a été réglé » (NPA)

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    Entretien. Quatre ans après « Le Peuple veut : une exploration radicale du soulèvement arabe », Gilbert Achcar vient de publier « Symptômes morbides : la rechute du soulèvement arabe »1. L’occasion pour nous de revenir sur les derniers développements du soulèvement déclenché à l’hiver 2010-2011 et sur les perspectives liées à l’élection de Donald Trump.

    Pourquoi, six ans après le début du soulèvement, la région est-elle toujours en pleine déstabilisation ?

    La région est toujours en pleine ­déstabilisation pour la simple et bonne raison que rien de ce qui a entraîné l’explosion de 2011 n’a été réglé. Le blocage socio-économique que connaît la région depuis des décennies s’est aggravé depuis 2011 en raison de l’onde de choc des soulèvements, qui s’est ajoutée aux facteurs structurels qui existaient. Les politiques économiques ont empiré : loin de corriger le tir en s’écartant des politiques néo­libérales qui ont largement contribué à créer la situation explosive, on a vu les institutions financières internationales pousser pour un surcroît de mesures dans la même direction, et même en allant plus loin comme on peut le voir dans un pays comme l’Égypte.

    Enfin, le facteur clé est que le soulèvement de 2011 n’a pas réussi à produire des directions à la hauteur de ce défi historique, et cela reste la difficulté majeure sur laquelle bute ce processus révolutionnaire, qui a commencé en 2011 et qui est destiné à durer de longues années, probablement des décennies, jusqu’à ce qu’émergent des directions capables de mener les transformations sociales, économiques et politiques radicales nécessaires. Faute de quoi, la région risque le pire. On a déjà un fort avant-goût de ce pire, mais cela peut malheureusement aller encore plus loin, à l’échelle de l’ensemble de la région.

    Et le pire, aujourd’hui, c’est sans aucun doute la Syrie... En novembre-décembre dernier, au moment du siège d’Alep, on a entendu certains affirmer que la Syrie était le théâtre d’une guerre par procuration entre les États-Unis et la Russie. Qu’en penses-tu ?

    Ça c’est une lecture complètement erronée de la bataille d’Alep ! Dans cette bataille, les opposants au régime qui étaient encerclés dans ce réduit de la partie orientale de la ville n’ont été soutenus par personne, même pas d’ailleurs par la Turquie, dont le président Erdogan s'était entre-temps platement excusé auprès de Poutine, et avait conclu un marché avec lui, en vertu duquel Poutine lui a donné un feu vert pour une intervention dans le nord du pays afin de barrer la route au mouvement kurde. La seule intervention réelle des États-Unis dans le nord du pays, ce n’est pas du tout à Alep, c’est aux côtés du mouvement kurde ! Dès le départ, les États-Unis ont expliqué que leur souci principal, c’est Daesh, et que le reste est secondaire : c’est pourquoi ils soutiennent les combattants kurdes, et c’est d’ailleurs le seul cas de déploiement de soldats étatsuniens au sol en Syrie.

    Par parenthèse, on peut remarquer que ceux qui ont poussé des cris lorsqu’était évoquée la question de la livraison d’armes aux insurgés, en Libye ou en Syrie, pour faire face au régime, n’ont pas poussé les mêmes cris à propos de l’intervention des États-Unis aux côtés des Kurdes… Des staliniens aux anarchistes, tout le monde préfère se taire et ignorer cette intervention des États-Unis. Cela ne veut pas dire qu’il faudrait la condamner, mais cela montre bien que le réel est beaucoup plus complexe que certains schémas en noir et blanc, et qu’« il faut apprendre à penser », comme disait Trotski en 1938. À part dans la zone kurde, la principale intervention des États-Unis dans le conflit syrien, sans comparaison possible avec les ridicules gesticulations qu’ils ont faites en direction de l’opposition syrienne, c’est le veto strict qu’ils ont mis à toute livraison d’armes anti-aériennes aux groupes armés sur le terrain, qui a été un facteur clé dans le maintien du régime syrien, dans l’intervention aérienne de la Russie à partir de septembre 2015, et dans la destruction de la Syrie et de son peuple.

    Contrairement à ce que beaucoup prétendent, l’objectif des États-Unis n’a jamais été de faire tomber le régime Assad, ceci afin d’assurer ce qu’ils appellent une « transition dans l’ordre ». Penses-tu que l’administration Trump va poursuivre la même politique ?

    Au-delà des caricatures de ceux qui ne comprennent pas grand chose à ce qui se passe sur le terrain et qui présentent, comme tu l’as dit, le conflit syrien comme un conflit entre la Russie et les États-Unis, la réalité est que la position des États-Unis depuis le départ avait comme paramètre central, au vu de la désastreuse expérience irakienne, le maintien de l’appareil d’État baathiste, l’appareil de la dictature Assad, avec toutefois une conclusion tirée après quelques mois de soulèvement : Assad lui-même devrait partir pour préserver l’appareil. Un raisonnement tout à fait logique de leur point de vue. Et quand la Russie a commencé à intervenir en septembre 2015, au moment où le régime perdait du terrain, on a vu les États-Unis détourner le regard et essayer de (se) convaincre qu’il s’agissait d’une intervention pour combattre Daesh. Il y a de fait eu un feu vert des États-Unis pour l’intervention russe en Syrie…

    La différence aujourd’hui c’est que Donald Trump, on va attendre de voir car il ne s’est pas encore prononcé concrètement sur la Syrie au-delà de ce qu’il a pu dire dans sa campagne, semble avoir une différence avec l’administration Obama, qui est la question de Assad lui-même. Et encore, la différence est devenue ténue, puisqu’au cours des derniers mois Obama avait reculé et accepté le principe d’une transition avec Assad. Mais là on a un Trump qui, si l’on en croit ce qu’il a dit durant sa campagne, acceptera Assad, et ne le considère même plus comme un problème. C’est le signe d’une convergence encore plus forte avec la Russie. Ce n’est pas que les États-Unis étaient en clash avec la Russie, rappelons qu’ils coordonnent leurs opérations aériennes depuis que les Russes sont intervenus en septembre 2015, illustration de la collusion de fait entre les deux pays. Mais tout porte à croire que la coopération va être plus directe avec Trump.

    Reste la question de l’Iran…

    Oui. Autant Trump manifeste de la sympathie, on pourrait même dire une affinité, pour des raisons évidentes de profil caractériel, vis-à-vis de Poutine, autant il semble prêt à s’accommoder d’un Assad, de même qu’il s’accommodera parfaitement de tous les machos dictateurs de la planète qui tous ont accueilli avec grand soulagement son élection, des Philippines à la Turquie en passant par l’Égypte et la Syrie, autant un autre paramètre de son attitude est son hostilité à l’Iran. Cela fait partie de son profil réactionnaire général et de sa convergence avec l’extrême droite sioniste au pouvoir en Israël.

    On peut s’attendre à un marchandage global avec Poutine, dans lequel il lui offrirait une levée des sanctions, une perspective de coopération entre Russie et États-Unis, avec peut-être des promesses économiques alléchantes, en échange d’une collaboration de la Russie sur la question de l’Iran. Je crois que Trump est quelqu’un qui sera prêt à avaliser l’annexion de la Crimée, à négocier une sorte de compromis sur l’Ukraine, mais qu’il voudra notamment en échange un engagement russe contre l’Iran, ce qui pourrait sur le terrain syrien passer par la demande que la Russie évince l’Iran de la Syrie. Ce sont évidemment des spéculations, puisque l’une des caractéristiques de Trump est qu’il est largement imprévisible et que pour l’instant, avant qu’il s’engage dans une politique concrète sur un terrain quelconque, il est difficile de faire trop de pronostics, à part que la logique qui le guide, et qui le guidera, est une logique profondément réactionnaire.

    Propos recueillis par Julien Salingue

     

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    • 1. Symptômes morbides. La rechute du soulèvement arabe, Paris, Sindbad-Actes Sud, 2017, 22 euros.

     
  • Paris Syrie

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  • Strasbourg : Rassemblement « Prison de Saidnaya : l’abattoir humain du sanguinaire Bachar al-Assad » (Souria Houria)

    Prison de Saidnaya : l’abattoir humain du sanguinaire Bachar al-Assad

    13 000 opposants ont été torturés puis pendus dans le pénitencier syrien, dénonce Amnesty International entre septembre 2011 et décembre 2015 en plus de 17 000 personnes mortes dans les geôles syriennes en raison des conditions inhumaines et de la torture,

    500 personnes sont exécutées par mois dans cette prison

    Mais ça continue au vu et au su de tout le monde !

    Nous vous invitons à nous rejoindre au rassemblement silencieux

    samedi 11 février

     16h, Place Kleber

    Stop à l’horreur dans les prisons syriennes

    Alsace.syrie@gmail.com/0612111122

    https://souriahouria.com/

  • Nouveautés sur "Amnesty International"

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    Halte à la torture des détenus en Syrie

    Israël et territoires palestiniens occupés. Le regain d’activité de colonisation témoigne d'un mépris flagrant pour le droit international

    Royaume-Uni. La Haute Cour va examiner les transferts d’armes britanniques vers l’Arabie saoudite durant la guerre du Yémen

    Syrie. Une enquête dévoile les pratiques secrètes du gouvernement à la prison de Saidnaya : pendaisons de masse et extermination

  • La prison de Saidnaya, centre d'extermination du régime syrien (Libération)

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    La prison de Saidnaya, à 30 kilomètres au nord de Damas, n’est pas seulement l’une des plus atroces de Syrie, là où tortures et mauvais traitements sont systématiques et institutionnalisés.

    C’est aussi un lieu de massacre organisé, «un abattoir», selon un rapport d’Amnesty International publié mardi. Entre 5 000 et 13 000 prisonniers y ont été pendus entre septembre 2011 et décembre 2015. «Il n’y a pas de raison de penser que les exécutions extrajudiciaires ont cessé depuis», ajoute l’organisation. Les victimes sont dans la quasi-totalité des cas des civils opposés au régime. «La prison militaire de Saidnaya est un endroit où l’Etat syrien massacre en silence son propre peuple», note Amnesty, qui a interviewé plus de 80 personnes, dont des détenus libérés, des anciens gardes et des anciens juges.

     

    La procédure débute par un simulacre de procès devant un tribunal militaire dans le quartier d’Al-Qaboun à Damas. Les prisonniers n’ont pas d’avocat. «Ils ne restent qu’une minute ou deux avant d’être renvoyés. Le juge demande le nom du détenu et s’il a commis le crime. Que la réponse soit oui ou non, il sera condamné. Ce tribunal n’a rien à voir avec un Etat de droit. Ce n’est pas un tribunal», a affirmé un ancien juge à Amnesty. Les détenus repartent à Saidnaya dans des minibus ou à l'arrière de camions. Ceux qui ont été condamnés à mort ne le savent pas. Ils ne l’apprendront que quand ils seront face à la potence.

    Le jour de la pendaison, des gardiens parcourent les couloirs de la prison, une liste de noms à la main, en début d'après-midi. Dans les cellules, ceux qui sont appelés s'agenouillent face au mur, mains sur les yeux. Ils sont extraits tour à tour, tee-shirt rabattu sur la tête. Les gardiens leur disent qu’ils vont être transférés dans des prisons civiles, le plus souvent à Adra, non loin de Damas, ou à Alep, dans le nord du pays. Ils sont en réalité amenés dans une cellule d’une quinzaine de mètres carrés au sous-sol. «Ils ont interdiction de s’asseoir, ils doivent rester debout. Nous leur hurlons dessus. Et nous commençons à les battre. Quiconque passe peut les taper, jusqu’à ce que l’officier arrive. Nous savons qu’ils vont de toute façon mourir, nous faisons ce qu’on veut d’eux. Ils restent là jusqu’à l’aube», a expliqué un ancien gardien. Ils sont alors transférés dans un autre bâtiment de la prison.

    Fosses communes près de Damas

    La salle d’exécution a été agrandie en juin 2012. Il y a en réalité deux pièces, l’une où dix personnes peuvent être pendues en même temps, l’autre vingt. Quand ils arrivent, les détenus signent de leur empreinte digitale leur avis de décès et se voient demander leurs dernières volontés. Ils ont les yeux bandés. «Certains restaient silencieux après avoir posé leurs empreintes, d’autres s’évanouissaient. Mais ils ne savaient quand ils seraient exécutés ni comment, par pendaison, par balles ou d’une autre manière», a déclaré un ancien responsable de la prison.

    Les prisonniers sont alors amenés sur une plateforme surélevée à un mètre du sol. Ils ont toujours les yeux bandés. Des gardiens leur passent la corde autour du coup. Dans la première pièce, une trappe bascule ; dans la seconde, ils sont poussés dans le vide par un gardien. Ils restent pendus entre dix et quinze minutes. «Certains ne meurent pas parce qu’ils sont trop légers. Pour les jeunes, leur poids ne suffit pas à les tuer», a expliqué un ancien juge du tribunal militaire. Un médecin est chargé de désigner ceux qui ne sont pas morts. «Des assistants de l’officier en charge tirent alors leurs corps vers le bas pour leur casser le cou», a déclaré l’ex-juge. Ces séances d’exécution se tiennent une à deux fois par semaine. Entre 20 et 50 personnes sont tuées à chaque fois.

    Les cadavres sont envoyés à l’hôpital militaire de Tishreen, à Damas, pour être répertoriés. Ils sont parfois placés dans des cercueils en bois. Quand il y a trop de corps, et pas assez de place dans le camion, ils sont simplement enveloppés dans un sac en plastique ou simplement laissés tels quels. Les cadavres sont ensuite enterrés dans des fosses communes situées sur des terrains appartenant à l’armée. D’après des témoignages recueillis par Amnesty, mais que l’ONG n’a pu vérifier, n’ayant pas le droit de travailler en Syrie, les corps sont souvent emmenés à Najha, un village entre Damas et Sweida, ou Qatana, une petite ville en banlieue ouest de la capitale syrienne.

    L’Etat syrien n’a bien sûr jamais reconnu cette politique d’extermination. Les procédures restent secrètes, connues seulement de ceux, gardes et responsables, qui sont directement impliqués. Mais les exécutions ont été autorisées par les plus hauts niveaux de l’Etat. Les condamnations à mort sont approuvées par le grand mufti de Syrie et soit par le ministre de la Défense, soit par le chef d’état-major, qui agissent de la part du Président, Bachar al-Assad. Dans un rapport publié en février 2016, les Nations unies avaient déjà accusé le gouvernement syrien d'«exterminer» des détenus, ce qui constitue un crime contre l’humanité.

    Luc Mathieu
     
    Lire aussi:
     
    La prison syrienne de Saidnaya, berceau de jihadistes

    Le régime syrien a secrètement pendu 13 000 civils, révèle Amnesty (Le Courrier de l'Atlas)

     
    http://www.liberation.fr
  • Paris : Cinéma et révolution (Souria Houria)

    LUMIÈRES DU PAYS

    4 mars 2017

    du 4 au 18 mars au Théâtre du Soleil


    télécharger le programme

    Pour accompagner les seize représentations du spectacle de Corinne Jaber, Oh mon doux paysle Liberté, scène nationale de Toulon et l’association Souria Houria proposent une programmation pluridisciplinaire. Ensemble, en compagnie d’artistes, d’historiens, de conférenciers, de journalistes, de citoyens, nous partirons à la rencontre du peuple syrien, de sa culture et de son histoire.

    Samedi 4 mars Cinéma et révolution

    Récit de six ans de la révolution syrienne à travers

    les films de jeunes activistes et de cinéastes syriens.

    Choix et conception : Hala Alabdalla

    14h – 16h : projections

    16h – 17h : débats

    17h : boissons et goûter syrien

    18h : spectacle de Corinne Jaber, Oh mon doux pays

    20h30 : spectacle de Corinne Jaber, Oh mon doux pays

    Lieu : Au théâtre du Soleil, bois de Vincennes

    https://souriahouria.com/

  • Gilbert Achcar: Printemps arabes : échec et mat ? ( France Culture )

    Le choc des barbaries

    Le choc des barbaries : terrorismes et désordre mondial Syllepse, 2017 Gilbert Achcar

    Gilbert Achcar : « La seule prospective que l’on peut faire, c’est qu’il n’y aura pas de stabilité dans ces pays avant longtemps » (La Grande Table)

    Gilbert Achcar : « D’un point de vue moral, la non-assistance à tout un peuple en danger est un crime d’une ampleur bien plus grande, qui peut même relever de la complicité tacite dans un crime contre l’humanité. Et pourtant, ce crime n’est pas inscrit dans le droit international. (…) Les Etats-Unis, bien entendu, n’attendent pas le feu vert de l’ONU lorsqu’ils estiment que leurs intérêts sont en jeu. Ils ont bombardé la Serbie en 1999 et envahi l’Irak en 2003 sans autorisation de l’ONU. De ce point de vue, le crime commis par Washington contre la Syrie n’est pas moins condamnable que celui qu’il a commis contre l’Irak. » (Extrait de Symptômes morbides : la rechute du soulèvement arabe : essai)

     

    FRANCE CULTURE

    Symptômes morbides (Actes Sud)

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    Trois ans après Le peuple veut. Une exploration radicale du soulèvement arabe, Gilbert Achcar analyse le blocage du processus révolutionnaire déclenché en 2010 et le contre-choc régional.
    En Syrie d’abord, il montre comment le soulèvement populaire a été noyé dans les conflits régionaux et souligne l’écrasante responsabilité internationale dans le désastre, qu’il s’agisse des alliés du régime ou de Washington.La consolidation des assises du pouvoir et la montée d’un djihadisme dont Daech est le prototype le plus spectaculaire ont contracté l’espace dans lequel s’exprimaient les revendications populaires et imposé l’image d’un pays pris entre deux barbaries.
    L’intervention militaire russe, épaulant l’offensive terrestre du régime et des milices pro-iraniennes, a rétréci davantage cet espace.En Égypte ensuite, le coup d’État du général Sissi, tirant profit de la gestion calamiteuse par les Frères musulmans de leur victoire électorale, a réinstallé au pouvoir les forces dominantes sous Moubarak. L’armée, la police et les services de renseignement prennent leur revanche en réprimant les révolutionnaires, en étouffant les libertés et en acquittant les hommes de l’ancien régime. Mégalomanie, culte de la personnalité, répression de plus en plus féroce, néolibéralisme économique forcené, les ingrédients d’une crise future s’accumulent.L’auteur conclut par une réflexion sur les guerres civiles en Libye et au Yémen, sur le compromis tunisien et une évaluation sans complaisance de la situation de la gauche dans le monde arabe.
    France Culture – La Grande table  – Olivia Gesbert – 03.02.2017
  • Syrie : Après Alep, contre tous les tyrans (Alternative Libertaire)

    La victoire russo-iranienne à Alep marque une nouvelle étape dans la mêlée impérialiste en Syrie. Moscou et Téhéran sont à présent en position de force pour régler le conflit à leur avantage, avec le consentement d’Ankara. Dans cette nouvelle configuration, la gauche kurde cherche à consolider le Rojava.

    Les 23 et 24 janvier, à Astana (Kazakhstan), la Russie, la Turquie et l’Iran ont lancé un premier round de négociations de paix avec leurs clients respectifs – Bachar d’un côté, chapeauté par Moscou et Téhéran ; les brigades islamistes parrainées par la Turquie de l’autre. Les autres puissances ingérentes sont, pour le moment, en retrait. Mais que s’est-il passé pour qu’un tel retournement de situation soit possible ?

    Il se passe que la Turquie, qui apparaît d’ores et déjà comme la grande perdante de la guerre civile en Syrie, cherche à sauver les meubles.

     



    Erdoğan embourbé

    En 2011, le Printemps syrien et sa féroce répression avaient convaincu le président turc que le régime Assad ne tiendrait pas longtemps, et qu’il fallait parier sur l’avenir. Il avait donc rompu les relations diplomatiques avec son allié de la veille et accueilli les partis d’opposition qui, à Istanbul, forment le Conseil national syrien. En peu de temps, pensait-il, serait installé à Damas un nouveau gouvernement qui serait son obligé. Dès la fin 2011, la Turquie finançait et armait les mutins de l’Armée syrienne libre (ASL), de même que la France, le Royaume-uni, les États-Unis et les pétromonarchies du golfe.

    Las, tout a mal tourné.

    Moscou et Téhéran ont volé au secours de Bachar, qui n’est pas tombé. Profitant du chaos, la gauche kurde – ennemie jurée d’Ankara – a proclamé l’« autonomie démocratique » du Kurdistan syrien. Erdoğan a surenchéri en encourageant les brigades salafistes et djihadistes qui ont émergé à cette époque, notamment le front Al-Nosra, puis l’État islamique.

    On connaît la suite : les Occidentaux qui, peu confiants dans une ASL gangrenée par l’islamisme, renoncent peu à peu à leur soutien, songent un temps à intervenir militairement par eux-mêmes (2013), puis font machine arrière ; la montée en puissance de Daech (2014), qui acquiert des moyens de rétorsion envers son parrain turc ; la bataille de Kobanê qui met en lumière la duplicité d’Erdoğan ; l’enlisement des pétromonarchies dans une intervention désastreuse au Yémen (2015) ; les bombardements russes sur l’ASL qui remettent Bachar en selle et provoquent une escalade diplomatique avec Ankara...

    A l’été 2016, le résultat de cinq ans d’intervention en Syrie est donc calamiteux pour le régime Erdoğan : Bachar est toujours là ; des sommes considérables ont été englouties en pure perte ; 2,7 millions de réfugiés syriens survivent sur le sol turc ; le Rojava et Kobanê ont galvanisé l’extrême gauche turque et kurde ; Daech a créé des cellules actives jusqu’à Istanbul ; la Russie a engagé des sanctions économiques contre la Turquie ; la guerre contre le PKK ravage de nouveau l’Anatolie.

    Bref, le rêve néo-ottoman des années 2000, celui d’une Turquie à la fois membre de l’Union européenne et leader au Moyen-Orient, est en miettes.

    La tentative de putsch de juillet 2016 couronne le tout, révélant que l’hostilité à l’aventurisme d’Erdoğan en Syrie a gagné jusqu’à l’état-major de l’armée – le rôle de confrérie Gülen, montrée du doigt par le pouvoir, ne suffit pas à expliquer cette sédition ni les purges de dizaines de milliers de personnes qui ont suivi.

    Ce putsch raté décide Erdoğan à chercher une porte de sortie en Syrie tout en gardant la tête haute. Il renonce à renverser Bachar ; l’endiguement des Kurdes devient l’objectif prioritaire.

    Le nouveau trio Moscou-Téhéran-Ankara

    Entre août et octobre, c’est la réconciliation russo-turque dont on visualise bien, aujourd’hui, les tenants et les aboutissants : Poutine autorise la création d’une zone d’occupation turque en Syrie en échange du lâchage d’Alep-Est par Erdoğan, prélude à des négociations de paix. Washington a vraisemblablement acquiescé à la condition qu’Erdoğan lâche Daech.

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    Poutine et Erdogan le 10 octobre 2016 à Istanbul. Le deal : laisse-nous prendre Alep ; je t’autorise à occuper le nord de la Syrie.
    cc Kremlin.ru

    En septembre, l’armée turque envahit donc le nord de la Syrie, empêchant l’unification du Rojava. Daech lui cède le terrain sans résister. Dans la foulée, plusieurs milliers de combattants islamistes à la solde d’Ankara abandonnent Alep pour se replier dans la zone turque. Le mois suivant, l’offensive russo-iranienne contre Alep-Est débute. Elle se termine en décembre avec l’évacuation du dernier carré de combattants vers des territoires tenus par la rébellion – un deal, encore une fois, entre Moscou et Ankara [1]. Pendant que les vaincus d’Alep quittent la ville dans une noria d’autocars, l’armée turque et ses supplétifs donnent l’assaut à Al Bab, ville tenue par Daech, pour s’en emparer avant les Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition arabo-kurde).

    La nouveauté c’est qu’à Al Bab, pour la première fois, Daech ne se retire pas sans combattre. Malgré les bombardements de l’aviation russe, l’EI tient les Turcs en échec. Cela confirme deux choses : primo, l’armée turque a été passablement désorganisée par les purges de l’été ; secundo, le divorce entre Erdoğan et Daech est consommé. L’EI a d’ailleurs commis plusieurs attentats sur le sol turc – notamment le massacre du Nouvel An – et, pour la première fois, les a revendiqués. Jusqu’ici, Daech ne revendiquait ni ne démentait ses attentats en Turquie [2]. Ils avaient valeur de coups de semonce. Ce jeu-là est révolu. La guerre est officielle entre l’EI et son ex-parrain.

    Les autres impérialismes sur la touche

    Après Alep, l’avantage est donc aux impérialistes russes et iraniens. Leurs rivaux du golfe persique d’une part, occidentaux d’autre part, tergiversent.

    Pour l’Arabie saoudite, le Qatar, et les Émirats arabes unis, l’objectif d’un remplacement de Bachar el Assad par un gouvernement islamiste s’éloigne. Leurs dollars alimentent certes toujours d’importantes brigades salafistes – dont Ahrar al Cham – qui ont refusé d’aller à Astana. Mais, enlisées au Yémen, les pétromonarchies sont plus que jamais inaudibles sur le dossier syrien. Leur seul gain dans cette affaire sera d’avoir anéanti la portée subversive de la révolution populaire de 2011 en nourrissant, en son sein, la contre-révolution islamiste.

    Quant aux États-Unis, à la France et au Royaume-Uni, ils ont désormais renoncé à soustraire la Syrie à l’aire d’influence russe et iranienne. Cela ne signifie pas pour autant que l’impérialisme US va, avec fair-play, s’en laver les mains. Donald Trump demandera sans doute des gages avant d’approuver une éventuelle pax russia en Syrie – et celle-ci est loin d’être gagnée.

    La gauche kurde sur la corde raide

    Malgré sa déclaration de victoire, Bachar ne contrôle pas toute Alep. De 15% à 20% de la ville autour du quartier de Cheick Maqsoud sont contrôlés par les FDS [3]. Se tenant à équidistance du régime et des groupes rebelles pendant la bataille d’Alep, les FDS ont accueilli à Cheick Maqsoud à peu près un tiers des réfugié.es fuyant les bombardements russes – 8.000 à 30.000 personnes selon les sources –, dont des rebelles non islamistes. La police militaire russe a été déployée autour de Cheick Maqsoud, pour éviter tout accrochage avec le Hezbollah ou les soldats de Bachar.

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    Les FDS contrôlent 15% à 20% d’Alep (ici un groupe de miliciens dans le quartier de Cheick Maqsoud, en avril 2016.
    cc YPG Alep

    Dans le contexte post-Alep, la gauche kurde reste entourée d’ennemis. D’une part, Daech menace toujours. D’autre part, Ankara, Téhéran et Damas veulent étrangler cet insolent Rojava, contre-modèle démocratique et symbole anticolonialiste.

    Pour le moment, Moscou et Washington font barrage à ces prétentions. Les Russes sont bien disposés à l’égard du Parti de l’union démocratique (PYD) et pensent que son inclusion est nécessaire dans un processus de paix [4]. Mais l’opposition des trois autres est totale à la présence du PYD aux négociations de Genève et d’Astana. Quant aux Américains, ils continuent de livrer des armes aux FDS tant que ceux-ci poursuivent la campagne Colère de l’Euphrate vers Raqqa, la capitale du califat.

    Raqqa peut sembler un objectif téméraire pour les FDS, même si la libération de Manbij, en juin, a montré que le confédéralisme démocratique était « exportable » en dehors du Rojava. Mais selon une source proche de la gauche kurde, les FDS cherchent en premier lieu à s’emparer du barrage d’Al Tabqah, ce qui garantirait l’approvisionnement électrique du Rojava, et à engranger le plus possible de livraisons d’armes, en prévision d’un éventuel lâchage russe et américain et d’une confrontation directe avec Bachar et Erdoğan.

    La gauche kurde s’efforce cependant d’éviter ce scénario. Fin décembre, un congrès a réuni, à Rmaylan, 151 délégué.es des cantons kurdes et des zones libérées par les FDS. Il y a été décidé d’adjoindre à l’appellation Rojava celle de « Fédération démocratique du nord de la Syrie », moins exclusivement kurde et clairement inscrite dans le cadre syrien. L’idée est d’éviter l’accusation de séparatisme tout en persévérant dans le projet fédéraliste [5].

    Guillaume Davranche (AL Montreuil), le 19 janvier 2017


    LA SYRIE, OTAGE DES CRIMINELS DES DEUX CAMPS

    Pendant la bataille d’Alep, les médias occidentaux ont relayé, à juste titre, la détresse de la population civile sous le déluge des bombes russes. Mais, par rejet de Bachar, ils ont souvent été complaisants avec les rebelles d’Alep-Est. Notamment en minimisant la domination de l’extrême droite islamiste en leur sein, au motif que le front Fatah al Cham (proche d’Al Qaeda) y était minoritaire et l’ASL majoritaire [6]. Or l’ASL n’est qu’une étiquette, couvrant un agrégat de brigades dont beaucoup sont gangrenées par l’islamisme, voire « djihado-compatibles » [7].

    Cette réalité était connue avant la bataille d’Alep [8] et les crimes commis par des brigades estampillées ASL largement documentés [9]. Le Monde, dans un long récit collectif, a bien raconté l’étranglement de la révolution à Alep dès 2013, réprimée par le régime et poignardée dans le dos par les djihadistes arrivés de l’étranger [10]. La victoire de cette rébellion dégénérée en Syrie aurait des conséquences redoutables non seulement pour les minorités, mais aussi pour les démocrates anti-Assad. Cela explique qu’une partie de la population préfère le maintien du régime, malgré ses crimes.

    Massacres punitifs

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    « Prisonniers en Syrie : des méthodes de survie désespérées »
    Lire les témoignages recueillis par Amnesty International.

    De leur côté les médias du Kremlin – le site Sputnik ou la chaîne Russia Today –, ont encore plus biaisé leur information, en englobant toute la rébellion anti-Assad sous l’étiquette commode de « terroriste » et en réhabilitant un régime pourtant indéfendable  : quarante ans de colonialisme, de hiérarchisation raciste et de terreur policière, pratiquant enlèvements, torture et meurtres à grande échelle. Fin 2013, un photographe des services de sécurité (sous le pseudo Caesar) avait déserté en emportant une clef USB contenant près de 28.000 photos de corps suppliciés, mettant des images sur ce que l’on savait de longue date. L’ONG Human Rights Watch a authentifié le document au terme d’une enquête de onze mois, recueillant des dizaines de témoignages d’anciens détenus et de familles ayant reconnu l’un des leurs sur les photos [11].

    Amnesty International a, pour sa part, estimé à 17.000 le nombre de détenus morts en prison depuis 2011 : une moyenne de 300 morts par mois, soit cent fois plus que durant la période 2001-2011 [12]… Si l’on y ajoute les massacres punitifs de l’armée dans les zones rebelles, notamment les largages de barils d’explosifs sur la population civile, il devient évident que les prétentions de Bachar à régner de nouveau sur la Syrie sont illusoires. Reste à savoir ce que le Kremlin va faire de son protégé. G.D.


    JUSTICE : LA MORT « BIEN OPPORTUNE » D’ÖMER GÜNEY

    Le 9 janvier 2013, trois militantes de la gauche kurde, Sakinê Cansiz, Fidan Dogan et Leyla Saylemez, étaient abattues à Paris, en plein jour. L’enquête a montré que l’assassin, Ömer Güney, un militant d’extrême droite, était connecté aux services secrets turcs. Les investigations ne sont pas allées plus loin. Raison d’État : Paris n’a pas voulu se fâcher avec Ankara. Que vaut la vie de trois révolutionnaires kurdes ?

    Gravement malade, l’assassin est finalement mort en prison un mois avant l’ouverture de son procès, qui devait avoir lieu le 23 janvier. Frustration et colère dans la diaspora kurde. Les avocats des familles ont dénoncé le peu d’empressement du parquet à fixer une date d’audience, alors qu’on savait Güney en fin de vie, permettant cette mort « bien opportune » alors que l’enquête n’a jamais été achevée. Conclusion : « La France n’est toujours pas capable de juger un crime politique commis sur le territoire français par des services secrets étrangers. »

    Pour que l’affaire soit malgré tout jugée, la diaspora kurde organise une grande manifestation chaque année à Paris. Le 7 janvier, plusieurs milliers de personnes venues de France, d’Allemagne et de Belgique ont ainsi défilé à Paris, encadrés par un fort dispositif policier. Le Conseil démocratique kurde de France (CDKF) avait également mis en place un solide service d’ordre, et chaque manifestant.e était préalablement fouillé.e, pour réduire le risque d’attentat terroriste. Des délégations amazigh et arménienne étaient là, ainsi qu’AL, le NPA, le PCF, la CGA, la CNT et l’Union syndicale Solidaires.

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    Près de 4.000 personnes ont défilé le 7 janvier à Paris à l’appel des organisations kurdes pour réclamer vérité et justice.
    (c) Xénia Kozlitina

    Dans son allocution, AL a affirmé sa solidarité avec toutes celles et ceux qui luttent pour la justice sociale, la démocratie et l’égalité, et a dénoncé la duplicité du gouvernement français. Celui-ci salue la gauche kurde quand elle combat Daech, mais maintient le PKK sur la liste des organisations terroristes et bloque l’enquête sur l’assassinat de 2013. Ce même gouvernement condamne l’étouffement de la liberté de la presse en Turquie mais se tait quand l’armée turque martyrise le Kurdistan. Le discours, traduit en turc, a été très applaudi.

     

    [1] Christophe Ayad, « Syrie : la disparition des Arabes », Le Monde, 29 décembre 2016.

    [2] Ariane Bonzon, « Pourquoi Daech ne revendique pas d’attentats en Turquie », Slate.fr, 19 janvier 2016.

    [3] Raphaël Lebrujah, « L’autre gagnant de la bataille d’Alep », Le club de Mediapart, 21 décembre 2016.

    [4] « Syrie : la Russie réunit les Kurdes et Damas à la table des négociations », Sputnik, 14 janvier 2017.

    [5] « Une fédération démocratique en Syrie comme garantie d’une coexistence fraternelle des peuples », communiqué de la Représentation du Rojava en France, 31 décembre 2016.

    [6] Par exemple : « Alep : faux et usage de faux », Libération, 16 décembre 2016.

    [7] « Syrie : Les enjeux impérialistes des bombardements », webdito Alternative libertaire, 1er septembre 2013

    [8] Laure Stephan, « À Alep, le nouveau visage de l’insurrection syrienne », Le Monde, 9 août 2016.

    [9] Amnesty International, « Syrie. Enlèvements, torture et exécutions sommaires aux mains des groupes armés », 5 juillet 2016.

    [10] Barthe, Aubenas, Rémy, Stephan, Zerrouky, « Alep, chronique d’une révolution impossible », Le Monde, 14 décembre 2016.

    [11] HRW, « If the dead could speak. Mass deaths and torture in Syria’s detention facilities », 90 pages, 16 décembre 2015.

    [12] Amnesty International, « It breaks the human. Torture, disease and death in Syria’s prisons », 73 pages, 18 août 2016.

    24 janvier 2017

    http://alternativelibertaire.org/