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Il s’agit pour nous, à une échelle de masse, de dénoncer des crimes contre l’Humanité, de demander, dans l’unité la plus large, l’arrêt des bombardements, et la mise en place de solutions humanitaires rapides. Les populations civiles, et les révolutionnaires syriens, en ont besoin.
La mobilisation en France (du moins localement), pour la première fois depuis le début de la révolution, rassemble plusieurs organisations politiques de gauche, et de nombreux citoyens. Il faut le saluer, même si cela arrive très tard. Néanmoins, des désaccords de taille continuent d’exister entre certaines de nos organisations. Le NPA tient donc, ici, à donner son positionnement sur la politique à adopter.
Révolution permanente !
Depuis les premières heures de la révolution syrienne, dans l’effervescence des printemps arabes, le NPA est aux côtés du peuple syrien. Nous avons, en particulier, écrit des dizaines d’articles dans notre journal "L’Anticapitaliste". Ces articles sont disponibles en cliquant ici. Le NPA a de nombreux militants membres de la IVème Internationale (au même titre que Ensemble !). Nous avons donc des liens avec des groupes politiques syriens engagés dans la révolution. Ceux-ci ont été invités à plusieurs reprises dans certains de nos meetings.
Ce premier paragraphe vise simplement à mettre en lumière la révolution syrienne. Non, la Syrie ne connait pas une guerre entre DAESH, Al Nostra et l’État Loyaliste de Assad. Cette version est le fruit de la propa- gande du régime de Bachar Al Assad, qui, en faisant entendre cette version, se place, aux côtés de la Russie et de l’Iran, en rempart contre le terrorisme.
La révolution syrienne, et en particulier à Alep, n’est pas liée aux groupes terroristes islamistes, mais bien à un soulèvement populaire, pour en finir avec la dictature de Assad fils, pour répondre à des exigences démocratiques et sociales. Nier cette révolution, c’est déjà faire le jeu de Assad.
C’est pourquoi nous ne défendons pas une politique de la paix entre les différentes parties.
Nous soutenons, de toutes nos forces, la révolution. Nous disons, avec le peuple syrien, Bachar Dégage ! La paix en Syrie, dans l’immédiat, ne se fera pas avec des élections où Bachar pourrait être réélu. Le préalable à la paix, c’est le départ de Assad.
Refus de tous les impérialismes, de tous les obscurantismes
Combattre Assad, c’est notamment combattre l’intervention russe en Syrie. Poutine intervient en Syrie aujourd’hui car il a besoin du soutien de Assad afin de garder un partenaire politique ayant une ouverture sur la Méditerranée. Comme en Tchétchénie, Poutine, sous prétexte de lutte contre l’islamisme, détruit toutes les résistances démocratiques ou indépendantistes.
De l’autre côté, les USA, appuyés notamment par la France, et en relation avec les monarchies du Golfe, ont plus ou moins soutenus les groupes "rebelles" les plus réactionnaires, au moins pour les USA. L’objectif était de contrer la Russie et l’Iran. Toutefois, depuis les attentats, la solution Assad est apparue comme alléchante. Ils ont alors organisé, eux aussi, des bombardements sur la Syrie, tuant, là encore, des centaines de civiles. Et la victoire de Trump pourrait profiter à Assad, comme celle de Fillon, s’il gagnait la présidentielle. Bref, nous avons là affaire à des manœuvres entre impérialismes, qui se soucient de leurs intérêts géopolitiques au détriment d’un peuple qui lutte et qui souffre.
Nous rappelons pour notre part notre opposition aux interventions militaires impérialistes.
Nous sommes opposés aux bombardements. Nous avions en revanche relayé l’appel des révolutionnaires syriens, de l’Armée Syrienne Libre, à recevoir des armes pour lutter plus efficacement contre Assad. Mais la France n’a pas répondu positivement, laissant les révolutionnaires sans équipements de qualité, face à un régime soutenu, lui, par la Russie, et face à Daesh, soutenu par les monarchies du Golfe.
La situation aujourd’hui est pire qu’en 2011.
La révolution est affaiblie, mais elle est toujours debout. Il ne faut pas céder. Notre rôle est d’organiser la solidarité la plus large, pour sortir du marasme les populations écrasées par le régime et les impérialismes. Mais il faut aussi continuer à soutenir la révolution, ne surtout pas ignorer les révolutionnaires, demander l’arrêt des bombardements, crier avec les syriens Bachar dégage !
Même en Syrie, ils n’empêcheront pas le printemps d’arriver, et avec lui l’éclosion de mille Communes.
Un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie.
Certains esprits simples, en France et au-delà, ne peuvent concevoir l'impérialisme que comme américain, ou en tout cas occidental.
On rappellera la définition du Larousse de ce "phénomène ou doctrine d'expansion et de domination collective ou individuelle". Jamais la Russie n'a été historiquement présente en Syrie, où se sont pourtant succédé les empires de diverses obédiences. Et, contrairement à une vulgate peu éclairée, Moscou n'est pas intervenu en 2011 aux côtés du régime Assad pour défendre de supposés acquis stratégiques: la base maritime de Tartous, sur la Méditerranée, était alors désactivée ; les Assad père et fils avaient accumulé sur des décen- nies les dettes impayées à l'égard de Moscou, sans avoir montré la moindre disponibilité à les régler ; enfin, aucune menace militaire sérieuse ne pesait sur le régime Assad en 2011, confronté qu'il était alors à des manifestations largement pacifiques.
Vladimir Poutine s'est bel et bien engagé sans réserve aux côtés de Bachar al-Assad, dès le printemps 2011, en cohérence avec une vision du monde partagée et en application d'un dessein impérial longuement mûri.
Cette vision commune à Poutine et Bachar repose sur la primauté absolue des régimes contre les peuples, dont les contestations ne peuvent être que le fruit de conspirations ourdies à l'étranger, d'où la légitimité à les traiter militairement comme une menace extérieure. Le dessein impérial de Poutine se nourrit de l'expérience historique : une puissance à vocation internationale doit consolider ce statut au Moyen-Orient, pour le meilleur (Bush père et le "nouvel ordre mondial" en 1991) ou pour le pire (Bush fils et l'invasion de l'Irak en 2003). Poutine a donc investi à fonds perdus en Syrie en armements, financement et soutien diplomatique, escomptant bien en être récompensé au centuple.
Ce pari niait toute existence autonome d'un peuple syrien, et naturellement tout droit à l'autodétermina- tion pour la population de Syrie.
Il rejoignait paradoxalement la vision du monde d'un Barack Obama de plus en plus désabusé, crispé sur la logique interétatique qui devait déboucher, reconnaissons-le, sur la conclusion, en juillet 2015, d'un accord sur le nucléaire iranien. Cet accord, pour la signature duquel Washington avait suspendu toute avancée sérieuse sur le dossier syrien, était censé favoriser la paix et la stabilité sur le moyen et le long terme dans la région. Deux mois plus tard, la Russie s'engageait massivement en Syrie, et directement cette fois, après un véritable discours-programme de Poutine à la tribune des Nations-Unies. Discours dont la tonalité "souverainiste" pouvait se résumer à : Vive les régimes et à bas les peuples !
Les cinq années écoulées ont vu la Russie mener une véritable "guerre froide à sens unique", où Poutine a naturellement engrangé les succès, tant Obama était pressé de reculer pour éviter toute tension sérieuse au Moyen-Orient. La métaphore graphique de David B., en exergue de ce texte, est à cet égard éclairante. Elle nous rappelle que Poutine n'a jamais pu faire que ce qu'on lui a laissé faire. Que son expansion en Syrie, avec réactivation d'un port de Tartous désormais largement doté, puis établissement d'une base aérienne de premier rang à Lattaquié, n'a été rendue possible que par l'abandon du peuple syrien à cette machine de guerre. On voit avec le recul comment l'institution d'une "zone de sécurité" à la frontière turque aurait pu à la fois enrayer le flux des réfugiés et enraciner une "troisième voie" hostile à Assad comme à Daech.
Au lieu de cela, le monde a laissé la Russie établir sa propre "zone de sécurité" au nord de la Syrie, par le déploiement de ses batteries anti-aériennes les plus avancées.
Le calvaire d'Alep en est la conséquence directe, avec liberté absolue pour les bombardiers de Poutine et d'Assad de pilonner des zones résidentielles, tout en interdisant à l'ONU, déjà privée d'accès au sol, d'opérer des largages humanitaires par voie aérienne. Pendant ce temps là, Daech, ostensiblement épargné par les frappes russes, continue de recruter et d'inspirer des attentats dans le monde entier depuis la ville syrienne de Raqqa, dans la vallée de l'Euphrate. Daech a même profité de l'acharnement de Poutine et d'Assad contre Alep pour s'emparer de nouveau de Palmyre, que Moscou prétendait avec emphase avoir "libéré" en mars 2016.
Résumons donc : un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie et c'est en ces termes qu'il faut le désigner. Pour l'heure, le chef de la diplomatie russe peut publiquement accuser les Etats-Unis d'avoir encouragé l'offensive de Daech à Palmyre. Et son homologue américain, toute honte bue, se borne en écho à exhorter la Russie à la "compassion" envers la population d'Alep, abandonnée de tous. Voici venu le temps des assassins.
Professeur des universités, en charge du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris)
Residents of Aleppo pull victims from the rubble after another regime bombing
THE COMBINED forces of Bashar al-Assad's regime, Russian air power and Iranian-backed Shia death squads are reconquering Eastern Aleppo, according to reports--and with it, the last of the major cities liberated by the Syrian Revolution since 2011.
The Syrian regime and its Russian ally are in the last barbaric stages of an onslaught against Aleppo. Ashley Smith analyzes the consequences of the rebel stronghold's fall.
"Aleppo is being destroyed and burned completely," Mohammad Abu Rajab, a doctor in Aleppo, said in a voice message quoted by the Guardian. "This is a final distress call to the world. Save the lives of these children and women and old men. Save them. Nobody is left. You might not hear our voice after this. It is the last call, the last call to every free person in this world. Save the city of Aleppo."
That's why Assad and his Russian and Iranian allies declared unremitting war against it. They subjected Eastern Aleppo to a siege to starve its people and force them to flee. Aleppo's population, once greater than the Cleveland metropolitan area, collapsed to an estimated 250,000 earlier this year.
Stephen O'Brien, the United Nations' humanitarian chief, said Aleppo was becoming "one giant graveyard." Abdul Kafi Alhamado, an English teacher in Aleppo, gave the same assessment to the BBC: "The situation inside the eastern part of Aleppo is literally doomsday. Bombs are everywhere, people are running, people are injured in the streets, no one can dare go to help them, some people are under the rubble."
The regime reportedly considers civilians who escaped the siege as suspected supporters of the anti-Assad revolution. Hundreds of men and boys have been rounded up and thrown into Assad's jails to suffer torture and death.
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WITH THIS victory, Assad has restored his rule over the major cities of Syria--but at an enormous humanitarian cost.
His regime is responsible for the vast majority of the 400,000 lives lost in five years of warfare. Countless cities and villages have been destroyed. Fully half of the country's pre-war population--11 million people--have fled their homes. There are 5 million Syrian refugees scattered throughout the region nearby, and 1 million have made treacherous sea and land crossings to Europe.
Assad had to turn to this kind of barbarism to crush the revolution that began in 2011. It was a popular, pro-democracy uprising, just as legitimate as the other rebellions against the autocracies throughout the rest of the Middle East and North Africa collectively known as the Arab Spring.
First and foremost was the regime itself. Assad responded to the uprising by sending his police and military to fire on peaceful protests and search out activists to arrest, jail and torture in Syria's vast gulag of prisons. Their slogan was "Either Assad or we burn the country."
Instead of deterring the revolt, Assad's brutality led opponents to take up arms in self-defense. Whole sections of the Syrian military defected to form the Free Syrian Army. The popular revolt and the armed resistance liberated large areas of the country, where Local Coordination Committees and regional Local Councils were set up to begin to remake Syrian society democratically from below.
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FACED WITH the real possibility of defeat, Assad turned to the classic strategy of all tyrants: divide and conquer.
His regime, while nominally secular, is well versed in manipulating religious and ethnic divisions. Its chief base is among the minority population of Arab Alawites, who practice a version of Shia Islam. Assad has always postured as a defender of the Alawites and other religious minorities against the threat of the country's Sunni majority.
After the revolution broke out in early 2011, Assad released thousands of these prisoners in the hopes that they would coalesce as a rival to the mainly secular, pro-democratic uprising. These included Abu Muhammad al-Jolani, leader of Jabhat al-Nusra (now called Jabhat Fateh al-Sham); Zahran Alloush, founder of Jaysh al-Islam; and Hassan Aboud, founder of Ahrar al-Sham.
Assad hoped the reactionary fundamentalists would target more secular revolutionaries and turn the revolt into a sectarian one, while he postured as a defender of Alawites, Christians and other religious minorities against terrorism. But all of this was a cover to attack revolutionaries, their Local Committees and the Free Syrian Army.
The Assad regime also maneuvered to prevent Syria's oppressed Kurdish minority from uniting with the predominantly Arab revolt. Though it has repeatedly betrayed and oppressed the Kurds over many years, a whole section of northern Syria was effectively ceded to the Syrian wing of Turkey's Kurdish Workers Party (PKK), called the Democratic Union Party (PYD).
The regime's divide-and-conquer strategy aided and abetted the second counterrevolutionary force: the various Islamic fundamentalist forces. The jihadists released from jail near the beginning of the uprising helped form both the al-Qaeda affiliate in Syria, the Nusra Front (now rebranded as the independent organization Jabhat Fateh al-Sham) as well as the Islamic State in Iraq and Syria (ISIS).
THESE TWO forces of counterrevolution--the Assad regime and the Islamic fundamentalist semi-opposition--were bolstered by a third: the imperialist and regional powers. Both Iran and Russia intervened in Syria to save Assad from what appeared to be certain downfall.
Other regional powers, including Saudi Arabia, Qatar and Turkey intervened against the Assad regime, but not in support of the revolution. Instead, they backed various Islamic fundamentalist forces.
Finally, the world's biggest imperialist power, the U.S., also intervened as a counterrevolutionary force.
Contrary to the claims of some on the left, the U.S. did not want regime change in Syria. At best, it aimed for an orderly transition that would get rid of Assad, but preserve his state, while adding some elite elements of the opposition--a similar outcome to elsewhere in the Middle East, which the U.S. turned to more explicitly after the disastrous intervention in Libya,
The U.S. did fund some handpicked rebel groups. But it denied them crucial anti-craft weaponry that would enabled the rebels to overcome the Assad regime's sole military advantage: airpower.
The last thing the U.S. wanted was a successful revolution from below. Instead, it used the rebels as a bargaining chip in fruitless negotiations to achieve an orderly transition to pacify the country. And since the rise of ISIS in Iraq and Syria, the U.S. has abandoned most of its support for the rebels and focused on defeating the so-called caliphate. To do so, it was more than willing to engage in de facto collaboration with Russia and the Syrian regime.
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AS A direct result of U.S. policy, the popular revolution and its military wing dwindled while the counterrevolutionary Islamic fundamentalists funded by Turkey and the Gulf States grew in force.
Nevertheless, as recently as last March, Syrian revolutionaries were still able to mount demonstrations against both the regime and the Nusra Front during a brief ceasefire. Since then, however, the revolutionary forces have lost further ground to Islamic fundamentalist forces as the Assad regime's sieges and the relentless bombing of Russian warplanes took their toll.
Assad thus got the scenario he always wanted; he and his Russian and Iranian backers can now claim they are fighting a "war on terror" against Sunni jihadists.
This result has exposed the U.S. as a weakened power in the Middle East. To be sure, it is still the region's dominant power, but it is no longer able to dictate the region's politics. Meanwhile, Russia's position has gained in strength, while U.S. officials have been able to do little other than propose resolutions for cease-fires in the UN Security Council, which Moscow has vetoed.
Russia has managed to outfox the U.S. and ensure the survival of its ally Assad against any orderly transition sought by Washington. And now, with the surprise election of Donald Trump, U.S. policy in the Middle East is about to change.
Trump advocates an explicit alliance with Russia and Assad against ISIS and al-Qaeda. But in a sign of the total incoherence of his ideas, he also proposes scrapping the nuclear treaty that the Obama administration negotiated with Russia's ally Iran--a move that could disrupt any U.S and Russian collaboration in Syria.
With U.S. policy in tatters, various parties involved in the conflict--including long-standing American allies--have struck deals with Russia.
For example, Turkey's President Recep Tayyip Erdoğan, who used a recent botched coup attempt as a pretext to curtail democracy and re-launch the government's war on the Kurdish minority, has worked out a pact with Russia. The strategic aim is to use the cover of their common war against ISIS in Syria to prevent the Kurdish PYD from consolidating territory.
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THE SYRIAN government, Russia and Iran will likely agree to a negotiated settlement brokered with the U.S. and other powers at some point. But it will be an unstable deal.
Even after the victory in Aleppo, Assad's regime will still only control only about a third of the country. The Kurds control a large part of the northern region; ISIS still retains power in Raqqa and its surroundings; and Islamic fundamentalist militias like Jabhat Fateh al-Sham retain power in Idlib.
Turkey will fight to stop the consolidation of any Kurdish autonomous zone. The U.S., Russia and Assad will continue their war on ISIS, and Saudi Arabia and Qatar will continue to back their fundamentalist allies to conduct a guerilla resistance against the regime.
Apart from the interests of imperial and regional powers, any kind of settlement will ultimately be based on the betrayal of the Syrian people's hopes for democracy and equality--thought it will at least provide Syrian revolutionaries at home and abroad space to rebuild their forces for a struggle in the future.
Such struggles will no doubt come. The Syrian regime, like those in the rest of the region, has little to offer but repression and austerity. Amid the counterrevolutionary settlement, Syrian revolutionaries will have to build a new left based on the multiethnic and non-sectarian solidarity of the early stages of the revolution.
As part of that effort, we must oppose the tide of xenophobia and Islamophobia, and demand that our own governments admit any and all Syrian refugees who want to come to the U.S., and provide them with sanctuary and assistance to rebuild their lives.
Samedi 19 novembre 2016, une nouvelle manifestation s’est tenue à Al-Hoceima en hommage à Mouhcine Fikri, le marchand de poisson broyé le 28 octobre dans un camion-benne pour avoir voulu protéger sa marchandise lors d’une intervention policière. La colère populaire semble ne pas faiblir, un mois après un drame qui a surtout révélé les multiples dysfonctionnements de l’État marocain.
Manifestation à Casablanca en hommage à Mouhcine Fikri.
D’après copie d’écran vidéo, 31 octobre 2016.
Le 28 octobre, la police marocaine a intercepté à la sortie de la ville d’Al-Hoceima un véhicule qui avait quitté le port sans autorisation avec 500 kilos d’espadon, une espèce protégée en Méditerranée. Voyant que sa marchandise risquait d’être déversée dans un camion-benne amené à cet effet, Mouhcine Fikri, le propriétaire de la marchandise, est entré dans la broyeuse pour protéger son bien. Avec le recul dont nous disposons à présent, il apparaît probable que c’est l’un des compagnons de la victime qui a actionné accidentellement le système de compactage de la benne.
La photo du drame a circulé rapidement sur les réseaux sociaux, accompagnée d’informations difficiles à vérifier : la victime aurait refusé de payer des pots-de-vin, suscitant la colère d’un représentant de l’autorité qui aurait alors hurlé « Broie-le, sa mère ! », à la suite de quoi quelqu’un aurait intentionnellement actionné la machine et causé la mort de l’homme. L’émotion a été intense : l’image de ce corps broyé dont on voit dépasser la tête et un bras, l’association entre la dépouille et les ordures ménagères dans un pays où le corps du mort est sacré, l’idée que cela aurait été un acte délibéré perpétré contre un indigent qui s’opposait au racket… De surcroît, dans une ville frondeuse dont les habitants conservent en mémoire l’écrasement de la révolte du Rif en 1958, et les insultes officielles du roi Hassan II suite à leur soulèvement en 1984.
Calmer la colère populaire
Le roi, en vacances à Zanzibar au moment des faits, a dépêché son ministre de l’intérieur Mohamed Hassad pour présenter ses condoléances à la famille de la victime et l’assurer de son intention de « poursuivre les responsables de la mort de Mouhcine Fikri ». La mobilisation a donc suffisamment inquiété le pouvoir pour qu’il cherche à apaiser la colère des manifestants qui ont envahi les rues de plus de vingt-cinq agglomérations, mettant en cause sa responsabilité. Cependant, en agissant de la sorte, il montre qu’en pareilles circonstances, il n’agit que sur injonction royale, quand bien même la Constitution adoptée en 2011 dit en substance que le roi ne peut agir que par édit (dahir) dans les domaines précis de ses attributions et non donner ordres et instructions aux ministres, à l’administration ou à la magistrature.
Le pouvoir a également lié ainsi l’intérêt des ayants droit de la victime à la volonté royale, en leur faisant miroiter d’éventuels intérêts matériels ou moraux. Il a pu empêcher que la famille joue un rôle de catalyseur de la contestation. Cette démarche s’avère d’autant plus payante que le père du défunt est membre du Parti de la justice et du développement (PJD), auquel appartient le chef du gouvernement Abdelilah Benkirane. Ce dernier ne cesse par ailleurs de donner des gages de bonne volonté au roi ; aussi a-t-il rapidement demandé à ses militants de ne pas s’associer à la mobilisation, et délégué plusieurs de ses collègues ministres auprès de la famille de la victime pour l’exhorter à la modération.
Pour faire bonne figure, onze personnes ont été arrêtées pour faux et usage de faux — passibles de peines pouvant aller jusqu’à la prison à perpétuité —, et d’homicide par imprudence (jusqu’à cinq ans de prison). Deux agents d’autorité, deux fonctionnaires du ministère des pêches et un vétérinaire sont accusés d’avoir falsifié le procès-verbal de saisie et destruction de la marchandise. Ils l’auraient établi a posteriori et auraient déclaré que la marchandise avait été détruite alors que ce n’était pas encore fait. Les autres prévenus sont trois employés de la société de ramassage des ordures et trois amis du défunt. Aujourd’hui, les fonctionnaires du ministère des pêches, les vétérinaires des services d’hygiène, les syndicats de pêcheurs et de travailleurs des entreprises de transit condamnent l’arrestation et les poursuites contre leurs collègues, et menacent de débrayages qui mettraient leurs secteurs en difficulté. Ils affirment que les prévenus n’ont fait que leur devoir et que les poursuites n’ont pour objet que de jeter des « lampistes » en pâture à la vindicte populaire.
« L’État faible »
Si les circonstances du décès de ce malheureux vendeur de poisson sont loin d’établir une responsabilité directe du pouvoir, les liens avec les fondamentaux du régime n’en sont pas moins évidents. Car à la racine de ce drame et des manifestations qu’il a provoquées, il y a l’application sélective et discrétionnaire des lois. Les petits exploitants de la pêche artisanale refusent d’être brimés alors que les gros exploitants bénéficient, eux, de passe-droits. Derrière cette affaire se profilent donc l’insécurité politique liée à l’arbitraire et à la corruption, ainsi que l’insécurité économique et la frustration pour les 45 % de la population vivant de l’économie informelle et leur écrasement par l’économie de rente.
L’État faible a convenu avec chaque corporation de métier des arrangements ponctuels et factuels (recrutements, autorisations pour occuper l’espace public, promesses d’amélioration du statut…) or ces arrangements sont demeurés informels, laissant les concernés sous le coup de la contravention.
Les pêcheurs d’Al-Hoceima sont privés de titres professionnels depuis trois ans, mais sont en activité tout à fait normale, entrant au port et en sortant leur marchandise sans que la police, la douane ou les services des pêches et vétérinaires s’en offusquent, et c’est ce même État qui a distribué des équipements mécaniques de pêche à des dizaines de pêcheurs une semaine après la mort de Fikri. De très nombreux Mouhcine Fikri peuvent ainsi faire commerce des produits de la pêche alors qu’ils ne sont ni reconnus ni autorisés comme professionnels. Ils sortent pourtant leur marchandise en temps normal sans avoir à payer de droits et sans la voir subir le contrôle sanitaire.
C’est l’État faible qui, parce que le Maroc est sous les feux des projecteurs de la COP22, a décidé d’un seul coup d’imposer le respect de la règle théorique et de broyer toute victime collatérale, interdisant tout débat contradictoire sur les ondes de médias systématiquement muselés. Et qui se laisse instrumentaliser par ses hauts fonctionnaires prêts aux compromissions pour ne pas apparaître comme des complices des fautes et abus. Il permet que les lobbies saisissent toutes les occasions pour se « sucrer » un peu plus, comme c’est le cas actuellement avec les exploitants de la pêche hauturière de l’Atlantique qui profitent de la tension actuelle pour demander que leurs quotas de pêche soient relevés de 150 000 à 200 000 tonnes. Et c’est toujours l’État faible qui a décidé de faire profil bas devant l’exaspération de la population et de mettre à l’index des boucs émissaires qui n’ont fait qu’appliquer la loi et obéir aux ordres. Ces victimes expiatoires (auxquelles seraient rajoutées le préfet d’Al-Hoceima et des cadres dirigeants du ministère des pêches), sont présentées comme responsables de la gabegie des pêcheries, incapables d’assurer une gestion efficiente — c’est-à-dire sans vagues politiques — des protestations de la population.
Au mépris du droit
L’État marocain est pourtant doté de règles claires. Il n’est pas privé de cadres compétents ni de relais et recours capables de relever les dysfonctionnements et de les traiter en temps utile. Ce qui lui manque, c’est la volonté politique et la cohérence globale, qui feraient que la règle serait appliquée de manière pertinente et indifférenciée. Le corpus législatif est assez complet en la matière : lois sur les pêches, la pêche illégale, la vente de poissons au gros, la surveillance des navires à grande capacité, les plans d’aménagement concernant l’essentiel des poissons disponibles dans les mers relevant du domaine maritime ou de la zone d’intérêt économique du Maroc, les périodes de repos biologique pour la reconstitution des stocks… De même, les équipements sont actuellement assez développés : halles aux poissons à chaque point de débarquement, marchés aux poissons dans l’ensemble des villes, véhicules frigorifiques, triporteurs pour la vente de proximité. Et les instances de contrôle policier, douanier, sanitaire et commercial sont présentes partout.
Mais pour ce secteur comme pour pratiquement tous les autres, les lois, les institutions et les autorités mises en place sont en butte au pouvoir des barons et de leurs protecteurs, qui ignorent superbement les règles et ceux qui ont la charge de les faire respecter. Alors, lorsque les laissés-pour-compte considèrent qu’ils n’ont pas d’autre solution dans le cadre du système formel et que le système réel est laxiste — et qu’ils pensent que la sanction des écarts est inférieure à l’espoir de s’en sortir indemne avec des gains honorables — rares sont ceux qui continuent de se plier au droit. On apprend ainsi que la majorité des pêcheurs d’Al-Hoceima s’adonnaient à leur activité dans le port alors qu’ils n’avaient plus d’autorisations depuis 2013. Que la vente de poissons se faisait sans déclarations ni contrôles, à des commerçants qui n’ont aucune habilitation. Et que les espèces de poissons qu’on prétend protéger par des périodes de repos biologique ou par un moratoire international sur leur pêche en Méditerranée font en réalité l’objet d’une exploitation massive et désordonnée.
La gestion des manifestations du 20 février 2011 a eu pour principal ressort l’achat de la paix. Il s’agissait en substance de permettre que les groupements puissent trouver satisfaction à leurs revendications dans le cadre d’une négociation corporatiste, implicite ou explicite, sur les avantages économiques et sociaux, à la seule condition de ne pas agréger ces revendications dans une approche politique globale. Cela a été particulièrement visible pour les vendeurs ambulants qui ont été autorisés à occuper l’espace public sans limites, dans les constructions anarchiques de logements qui ont explosé, dans les recrutements en masse, notamment par l’Office des phosphates et d’autres établissements publics et collectivités locales1.
« Déboulonner l’autoritarisme »
La conviction de la déliquescence étatique s’est généralisée graduellement à l’ensemble des corporations, et la situation de non-droit dans le secteur des pêches révélé par le cas Mouhcine Fikri en est la dernière illustration. L’État fort est un État de droit. Il implique que les règles de droit soient appliquées à chacune et chacun sans discrimination. C’est exactement ce dont les Marocains constatent la carence et qui les amène, selon les conditions, soit à chercher leur survie ou le progrès en marge du droit, soit à en forcer l’interprétation en leur faveur par des pressions ou des négociations corporatistes, soit à recourir aux divers modes de contestation.
Trois semaines après les faits, la mobilisation commence à tomber. Les appels à manifester sont moins nombreux. Mais, encore une fois, la rue a su dire, dans la diversité et la sérénité, son exigence de levée de l’oppression. Et si, de nouveau, il est prévisible que cela ne suffise pas à déboulonner l’autoritarisme, cela n’en contribue pas moins à en effriter un peu plus la légitimité, et à construire des alternatives collectives, pacifiques et crédibles.
Le pouvoir a adopté le discours sur les libertés et les droits humains, essentiel à l’image du régime aux yeux des puissances occidentales, mais ne veut pas remettre en cause le principe monarchique et le fait qu’il n’a aucun compte à rendre. Le chantage à la collaboration contre le terrorisme et la comparaison avec les pays de la région mis à feu et à sang suffisent pour calmer les pressions des partenaires étrangers influents. Or le Maroc a besoin de créer suffisamment d’emplois et de richesses et de les répartir plus équitablement pour résorber les frustrations et obtenir l’adhésion populaire. Le système politique autoritaire, rentier et corrupteur les en empêche.
La corruption par l’octroi d’avantages et de sinécures à l’ensemble des diplômés et des enfants des classes moyennes n’est plus envisageable, vu le nombre élevé d’étudiants qui sortent de l’université, la saturation de la fonction publique et l’érosion des réserves de l’État. La propagande du régime a perdu le monopole de l’information avec la généralisation de l’accès aux télévisions satellitaires et aux réseaux sociaux. Les divers segments contestataires (progressistes, islamistes, libéraux et amazighistes notamment) classiques ont été incapables d’envisager une lutte commune pour la démocratie, et ils ont été de ce fait dépassés par le mouvement commun initié le 20 février 2011. Par ailleurs, le modèle de croissance de l’économie par la demande intérieure (publique et privée) est arrivé à ses limites. On ne peut donc écarter l’hypothèse que d’autres abcès de fixation soient appelés à être crevés sur la place publique marocaine dans un avenir proche, et il n’est pas dit que le régime trouvera indéfiniment des expédients pour y faire face. On peut donc s’attendre à ce que la « libéralisation sans démocratisation » que le régime a mise en œuvre depuis la chute du mur de Berlin ne puisse survivre à moyen terme, et que l’apparence de démocratie laisse la place à une démocratie effective ou sinon, à un régime plus ouvertement oppressif.
Note:
1 Un procès-verbal d’accord du premier ministre pour le recrutement sans appel à concurrence ni examen de compétences de plus de 6 000 docteurs chômeurs a été signé en 2011, il a été dénoncé par son successeur pour inconstitutionnalité.
Note: "Socialistes" est ici pris dans le sens anglais de "Socialistes révolutionnaires, communistes" pas de "Labour"
En Syrie, les villes rebelles qui se sont soulevées à partir de 2011 contre la brutale dictature de Bashar El-Assad, subissent maintenant un siège génocidaire.
Chaque jour, elles sont visées par l’aviation syrienne et les bombardiers russes. Leur combat, s’il échoue, brisera pour une longue période les espoirs du Printemps arabe pour une alternative démocratique et anti-impérialiste dans cette région du monde. Dans ce contexte, les socialistes et les militant-es pour la paix partout dans le monde doivent appuyer le peuple syrien et s’opposer à la guerre.
On peut se demander cependant où en est le mouvement anti-guerre. En tout cas, on ne l’entend pas beaucoup sur la Syrie. Dans sa dernière déclaration, l’Alliance canadienne pour la paix (principal regroupement pacifiste au Canada), demande l’arrêt des bombardements, mais en réalité, c’est l’OTAN qui est critiquée. C’est vrai qu’il faut critiquer l’OTAN. Mais la déclaration, qui s’adresse au gouvernement canadien, ne répond pas aux défis de la crise actuelle. Le fait que le gouvernement canadien ne participe plus aux bombardements en Syrie ne constitue pas en soi un fait politique significatif qui irait dans le sens de la solidarité. Aujourd’hui, LA question est celle des bombardements meurtriers qui frappe les villes syriennes. Pourquoi l’Alliance est-elle silencieuse à ce sujet ? Pourquoi ne condamne-t-elle pas les bombardements par la Russie ? On note ce silence troublant dans la plupart des mouvements de gauche et populaires.
Certes, la situation en Syrie et au Moyen-Orient est complexe et confuse. Mais il y a quand même des faits. Le régime Assad en Syrie a répondu aux revendications démocratiques par la répression brutale, sans aucune volonté de négocier avec l’opposition. Elle a tenté de manipuler cette opposition, notamment en libérant des détenus et prisonniers islamistes qui, depuis, combattent avec Daech, une force réactionnaire au départ localisée en Irak.
L’Iran et la Russie interviennent pour soutenir Assad. Les alliés traditionnels des États-Unis (Arabie saoudite, la Turquie, le Qatar, la Jordanie, Israël) soutiennent l’opposition, plus souvent qu’autrement pour leurs propres raisons, et sans d’autre part offrir à l’opposition syrienne les armes dont elle aurait besoin pour combattre effectivement le régime. Les États-Unis, qui n’ont jamais été de grands amis du régime Assad, craignent son renversement, qui pourrait, à leurs yeux, déstabiliser la région et mettre en périple la défense de l’État israélien. Pour cela, ils ne veulent pas que l’opposition devienne trop forte et font pression sur leurs alliés pour qu’ils ne l’approvisionnent pas en armes anti-aériennes.
Ce choix n’est pas sans conséquence. Ce sont les bombardements syriens et russes qui ont sauvé le régime de ce qui s’annonçait comme un collapse. Poutine applique en Syrie la « recette » qu’il a utilisée dans les années 1990 contre les rebelles tchétchènes, en anéantissant des villes aux mains de l’opposition, quitte à frapper durement la population civile.
Pour revenir au silence des forces anti-guerre, il faut dire qu’il y a des exceptions. Des coalitions de la diaspora syrienne sont actives, notamment en France (voir plus bas). À Ottawa, des Syriens et des Canadiens ont manifesté devant le Parlement, contre les bombardements d’Alep et d’autres villes syriennes. Ils demandaient au gouvernement Trudeau de s’exprimer contre les interventions extérieures.
Ce n’est pas tout le monde à gauche qui est d’accord. Dans un récent article publié dans « The Bullet » (bulletin du « Socialist Project ») [1], Dave Bush condamne les secteurs de la gauche qui expriment leur solidarité avec l’opposition syrienne. Il affirme que la tâche des socialistes dans les pays impérialistes est de confronter l’ennemi dans son propre pays. Ce qui veut dire s’opposer à la militarisation du Canada, et donc de mettre la cause démocratique syrienne à l’arrière-plan. Selon Bush, il faut d’abord et avant tout empêcher le gouvernement canadien de se réinvestir militairement en Syrie. Il faut demander le retrait de toutes les troupes canadiennes des pays du Moyen-Orient, de l’Ukraine et de l’Europe centrale, l’arrêt du commerce des armes par des entreprises canadiennes, ainsi que l’acceptation d’un plus grand nombre de réfugiés.
Ce sont d’excellentes revendications, mais ne manque-t-il pas quelque chose ? Pouvons-nous demeurer silencieux face à la guerre actuelle en Syrie ?
De manière générale, les progressistes au Canada hésitent à dénoncer la Russie au moment où celle-ci est encerclée et menacée par l’OTAN qui cherche à étendre son influence en Europe. Il est vrai que, comme le dit Dave Bush, les États-Unis et leurs alliés-subalternes cherchent à diaboliser la Russie. Bien sûr, nous devons refuser ce langage. Il est juste et légitime d’exiger du Canada de retirer ses troupes qui font partie des contingents de l’OTAN en Ukraine et en Europe de l’est. Mais est-ce que cela veut dire qu’on ne peut se démarquer des interventions russes en Syrie ? Est-ce qu’on doit appuyer la Russie à tout prix pour contrer les efforts de l’OTAN ? Admettant que l’appui russe au régime d’El Assad est motivée, du moins en partie, par la nécessité de se défendre contre les menaces de l’OTAN, faut-il passer l’éponge sur les atrocités commises en Syrie ? Il ne faut pas oublier non plus que dans le cas de la Syrie, les États-Unis appuient implicitement la Russie, soi-disant pour éradiquer les opposants islamistes. Il semble que Trump va continuer dans cette politique d’appui indirect et inavoué à Poutine.
Il pourrait y avoir d’autres raisons dans cette incapacité de la gauche. Celle-ci cherche encore à s’ajuster aux changements radicaux survenus depuis l’implosion du « bloc socialiste » et la fin de la Guerre froide. Selon la chercheure Phyllis Bennis [2], « la gauche est incapable de démêler la complexité des guerres à plusieurs échelles qui frappent la Syrie, d’où l’incapacité de surmonter les divisions et de créer un puissant mouvement contre la guerre. Jusqu’à un certain point, notre tâche était plus facile lors des conflits précédents ». Bennis pense que l’opposition aux interventions américaines allait un peu de soi : « On savait que les États-Unis étaient du mauvais côté au Vietnam et en Amérique centrale. Il était évident que nous devrions nous opposer aux interventions américaines via ses alliés locaux de même qu’à la présence de soldats américains sur les théâtres de combat. On appuyait les rebelles, le Front de libération nationale et le gouvernement du Vietnam, le FSLN au Nicaragua et le FMLN au Salvador. En Afrique du Sud, nous étions contre l’appui américain au régime de l’apartheid et nous voulions que l’ANC gagne ». Plus tard avec la nouvelle géopolitique post-Guerre froide, la situation s’est compliquée : « Avec les guerres en Afghanistan et en Irak, nous nous sommes opposés aux politiques du gouvernement américain. Nous avons développé des liens de solidarité avec certains secteurs, par exemple entre les syndicats américains et irakiens dans le secteur du pétrole. Mais on ne pouvait pas se solidariser avec les factions armées qui combattaient l’invasion américaine. Celles-ci avaient des programmes dans lesquels on ne pouvait se reconnaître. Ce qui restait clair était l’illégitimité et l’illégalité des agressions américaines, qui pour nous découlaient de l’impérialisme et du racisme, ce qui nous imposait une posture d’opposition à la présence militaire américaine dans ces régions ».
Aujourd’hui en Syrie, ajoute-t-elle, « la situation est plus compliquée. Plusieurs appuient la révolution syrienne, dans la lignée du printemps arabe et des revendications démocratiques ». Quant à ceux qui ont des réticences, ils ne tiennent pas compte, selon Bennis, du fait que le régime de la famille Assad a une longue histoire de collaboration avec l’impérialisme américain, notamment, l’invasion du Liban en 1976 contre les forces libanaises de gauche et la résistante palestinienne, la participation syrienne à l’invasion de l’Irak en 1991, la protection des frontières avec Israël, la collaboration de la Syrie dans la détention et la torture de personnes illégalement détenues à la suite des évènements du 11 septembre 2001, etc. « La Syrie conclut-elle, n’a jamais été un centre de résistance à l’impérialisme ».
Le monde aujourd’hui n’est plus le même que celui qui existait à l’époque de la guerre du Vietnam, lorsque la principale puissance impérialiste de l’époque régissait le monde et confrontait des États qui pour toutes sortes de raisons échappaient aux circuits de l’accumulation sous la gouverne de Wall Street. Certains de ces États appuyaient alors des mouvements de libération, comme cela a été le cas avec Cuba. Mais depuis l’implosion du bloc socialiste, le monde s’est reconfiguré. Au moment où l’hégémonie américaine est en déclin et qu’émergent de nouvelles puissances nucléaires comme la Chine et la Russie, il faut mesurer les conséquences de ces changements sur les mouvements anti-impérialistes.
Dans le présent contexte, on ne peut pas lire la crise syrienne comme une « nouvelle » guerre froide entre la Russie et les États-Unis. Il faut analyser la situation en termes des forces de classes qui sont concernées, et non seulement par une lecture superficielle géopolitique qui néglige l’interaction entre les divers intérêts impérialistes. Dans cette période post-guerre froide caractérisée par une nouvelle ère de compétition et de rivalités nationales et inter-impérialistes, la crédibilité des socialistes est fragilisée si l’ « anti-impérialisme » se limite à la dénonciation de son « propre » impérialisme. Comme le suggère Gilbert Achcar, il faut se tenir aux côtés de la révolution arabe, du printemps arabe et du soulèvement populaire qui a surgi en Syrie depuis une dizaine d’années.
Pour avancer dans cette voie, on peut s’inspirer des travaux des mouvements socialistes du siècle dernier, notamment des positions internationalistes adoptées lors de la Première Guerre mondiale par les fractions révolutionnaires du socialisme européen. Dans chacun des pays impérialistes, les socialistes devaient prioriser l’opposition aux agressions commises par « leurs » gouvernements et « leurs » classes dominantes. Mais cette opposition anti-guerre devait s’exprimer également en solidarité avec les mouvements anti-guerre dans les pays « ennemis ». C’est ce qui a pris forme lors d’une rencontre organisée à Zimmerwald en 1915 par divers mouvements socialistes. Le Manifeste issu de cette rencontre appelait à une paix immédiate, sans annexions ni compensations. Le droit à l’autodétermination, affirmait-on, était le socle indestructible d’un système qui devait être construit sur l’interrelation entre les peuples. Pour Lénine, seul le socialisme pouvait, en fin de compte, mettre fin aux horreurs e la guerre :
« Les socialistes ont toujours condamné les guerres entre peuples comme une entreprise barbare et bestiale. Mais notre attitude à l’égard de la guerre est foncièrement différente de celle des pacifistes bourgeois et des anarchistes. Nous nous distinguons des premiers en ce sens que nous comprenons le lien inévitable qui rattache les guerres à la lutte des classes à l’intérieur du pays, que nous comprenons qu’il est impossible de supprimer les guerres sans supprimer les classes et sans instaurer le socialisme ; et aussi en ce sens que nous reconnaissons parfaitement la légitimité, le caractère progressiste et la nécessité des guerres civiles, c’est-à-dire des guerres de la classe opprimée contre celle qui l’opprime, des esclaves contre les propriétaires d’esclaves, des paysans serfs contre les seigneurs terriens, des ouvriers salariés contre la bourgeoisie. Nous autres, marxistes, différons des pacifistes aussi bien que des anarchistes en ce sens que nous reconnaissons la nécessité d’analyser historiquement (du point de vue du matérialisme dialectique de Marx) chaque guerre prise à part » [3].
Plus tard, ces thèses ont été adoptées par l’Internationale communiste lors de son second congrès en 1920. Elles ont été utilisées dans les années subséquentes par des marxistes comme Ernest Mandel qui estimait que la Deuxième Guerre mondiale était une guerre inter-impérialiste mettant en jeu l’hégémonie du monde et que cette guerre avait été remportée par les États-Unis. C’était aussi, affirmait-il, une guerre d’auto-défense de l’Union soviétique contre une tentative impérialiste de coloniser le pays et de détruire les acquis de la révolution de 1917. En même temps, cette guerre a permis au peuple chinois de résister à l’impérialisme et de mener à bien un projet de révolution socialiste, tout en facilitant la lutte des peuples asiatiques colonisés pour leur libération nationale et la souveraineté (au Vietnam, cette lutte a débouché sur une révolution socialiste). Enfin, la Deuxième Guerre mondiale a été une lutte de libération nationale pour les pays occupés d’Europe, où certains pays, comme la Yougoslavie et l’Albanie, ont poursuivi cette résistance jusqu’à un projet socialiste [4].
Je pense que cette approche est pertinente pour confronter la crise syrienne et comprendre la nature progressiste de la « guerre civile » déclenchée par l’insurrection populaire contre le régime Assad et par implication, contre le système impérialiste global dont la Syrie est une composante. L’essence du conflit est une lutte de classe, et le succès éventuel de cette lutte (de même que des luttes démocratiques issues du printemps arabe) est une précondition pour le développement et éventuellement pour la victoire de la lutte pour le socialisme dans les pays arabes.
Le défi pour la gauche dans le contexte de cette configuration globale des forces est immense. Mais là où les peuples luttent contre l’oppression et l’intervention impérialiste, on ne peut créer une dichotomie entre la résistance anti-guerre et la solidarité avec les forces sur le terrain. D’autre part, l’intervention directe du Canada sur le terrain ne peut être le facteur déterminant dans la construction de la solidarité. Ce qui n’implique pas de cesser nos critiques à l’égard des politiques agressives que le gouvernement Trudeau met en place contre la Russie ou à travers des interventions militaires en cours ou projetées, notamment en Afrique.
Nous devons mobiliser pour la solidarité avec l’opposition syrienne populaire et démocratique, pour la fin de la guerre et la fin des bombardements, pour le retrait de toutes les forces étrangères (notamment russes) et la mise en place d’un programme d’aide humanitaire urgent pour aider la population dans les villes assiégées.
Le 20 octobre 2016, après un mois de massacres de masse organisés par les aviations de Assad et de Poutine, la population d’Alep, profitant d’une trêve de quelques jours est ressortie dans la rue. Et, comme depuis le début de la révolution, en 2011, elle a réaffirmé : « le peuple veut la chute du régime ». Malgré des semaines sous les bombes, elle a rappelé son refus de quitter la ville assiégée et dénoncé la politique de remplacement de population orchestré par Assad dans certaines régions (comme ce fut il y a peu à Darayya, à Moaddamya). Envers et malgré tout, la résistance civile et armée continue à combattre et le régime d’Assad et Daech.
Après avoir discuté pendant plus d’un an avec Poutine, dont l’armée massacre les civils dans les zones libérées, nombre de diplomates ont haussé le ton, à l’ONU notamment, lorsque mi-septembre Poutine et Assad ont intensifié les massacres sur Alep. Si l’intensité des bombardements sur Alep aujourd’hui est moindre (provisoirement ?), les bombardements contre les populations civiles dans de nombreuses régions se poursuivent. En outre la partie Est d’Alep comme d’autres régions sont toujours assiégées, et plus de 215 000 prisonniers politiques sont toujours maltraités (et souvent torturés jusqu’à la mort).
Nombre d’yeux sont aujourd’hui rivés sur Mossoul (Irak) et sur Raqqa (Syrie) contrôlées par Daech. La coalition internationale y intervient avec l’objectif proclamé d’« éradiquer » Daech. Éradiquer Daech en laissant le boucher Assad continuer tranquillement à anéantir le peuple syrien (rappelons que plus de 90 % des civils morts en Syrie, l’ont été sous les coups d’Assad et non de Daech) ? Daech s’est développé avec la complicité d’Assad et à cause de l’abandon international du peuple syrien qu’Assad massacre depuis 5 ans dans l’indifférence de beaucoup.
Le meilleur moyen de mettre fin à Daech et au régime d’Assad n’est pas une intervention étrangère, mais de soutenir le peuple de Syrie en lutte contre ces deux fléaux. Un peuple qui a montré sa très grande capacité à s’auto-organiser. Mais les gouvernements des puissances régionales et internationales ne veulent surtout pas soutenir un peuple qui réclame le droit à disposer de lui-même, c’est-à-dire à décider lui-même de son avenir, sans qu’on le massacre, que ce soit par un dictateur syrien, par des forces armées russes, iraniennes, irakiennes, par le Hezbollah...
Il faut ainsi continuer à exiger l’arrêt de tous les bombardements dont sont victimes les populations de Syrie, ceux du régime d’abord et de ses alliés russes et iraniens, et aussi ceux de la coalition emmenée par les États-Unis et à laquelle participe la France, lesquels donnent argument aux Russes pour justifier les leurs, et qui renforcent la propagande djihadiste.
Alors que les grandes puissances de ce monde cherchent à imposer, via l’ONU notamment, leur vision de la résolution du conflit en Syrie, seules les forces populaires et démocratiques sont à même d’apporter une solution politique de paix à la situation tragique actuelle. De ce point de vue, il faut soutenir la convergence entre toutes les forces démocratiques, notamment arabes et kurdes, en lutte contre les pouvoirs qui les oppriment en Syrie et dans les pays de la région.
C’est au peuple syrien de décider de son propre avenir et de définir les formes de soutien qui lui semblent nécessaires, soutien que les prétendus « amis de la Syrie » ont totalement dévoyé. Il faut ouvrir les frontières et accueillir dans des conditions décentes les populations qui fuient la guerre.
Les organisations du collectif, dans leur diversité et avec leurs propres analyses, soutiennent la base commune suivante :
• Arrêt immédiat de tous les bombardements en Syrie !
• Levée immédiate de tous les sièges et libération immédiate de tous les prisonniers politiques !
• Départ de la Syrie de toutes les forces armées étrangères !
• La revendication du peuple syrien pour le départ d’Assad et la fin de son régime, immédiatement et sans condition. Cette revendication permettra d’abréger la souffrance de la population, le retour des réfugiés dans leur pays et de bâtir une Syrie libre et démocratique.
• Solidarité avec ce peuple en lutte contre la barbarie d’Assad et de ses alliés, contre la barbarie de Daech, pour une alternative démocratique. C’est au peuple syrien et à lui seul de décider de son avenir et des soutiens qui lui semblent nécessaires (dont les armes défensives contre la mort venue du ciel).
• Mobilisation internationale pour l’aide humanitaire et l’accueil des réfugiés !
Position du Collectif Avec la Révolution Syrienne (ARS) : Alternative Libertaire, Cedetim, Émancipation, Ensemble, L’insurgé, NPA, UJFP, Union syndicale Solidaires* Traduction française par Pierre Beaudet.
Gilbert Achcar, Professor of Development Studies and International Relations, at SOAS, University of London, speaks to medyascope.tv’s Isin Elicin on Donald Trump's election, on the global rise far right, on the latest developments in Turkey and its aspirations to become a leader in the region, on Kurds, on Syria & This interview also aims to serve as an introduction to his latest book, "Morbid Symptoms: Relapse In the Arab Uprising"
What are the goals of PYD and what is the purpose of its alliances?
Joseph Daher (J.D): There is a consensus among all Kurdish political parties, including PYD, to establish in a future Syria without Assad a form of decentralization, while all emphasizing the full integrity of Syrian territory within a federal system. The way to reach it is however different for numerous reasons. PYD has for example pursued a policy of strengthening its political influence through its own armed forces to control Kurdish majority inhabited areas, even more, and to try to link the 3 “Rojava” cantons geographically, but without any cooperation with Syrian Arab opposition forces, and sometimes even against them. On the other side, the Kurdish National Council (KNC) has argued that a federalist system has to be established following discussions with and explanations to the actors of the Syrian Arab opposition, which for the majority views federalism as a step toward separatism and division.
Regarding alliances, PYD officials actually recognized they have made a strategic decision not to confront military regime forces when they could, yet refusing accusations of collusion, describing themselves as a “third current” between an “oppressive regime and hardline rebel militants”. At the same time there is no doubt that the PYD has engaged the regime in a conciliatory rather than confrontational manner and has pursued a modus vivendi that served both actors, at least for the short term. The possibility of the PYD to organize freely in Syria and to bring few thousands of armed fighters to Syria from Qandil enclave in Iraq in the first year of the uprising in 2011 allowed it to reestablish a presence and operate openly in Syria. This was made according to few sources and in exchange for cooperation with regime security forces in order to crush anti regime protests in majority Kurdish populated areas, which did occur notably in Afrin and some Kurdish neighborhoods of Aleppo. This did not prevent at the same period confrontations between PYD members and regime forces, while PYD promoting an anti regime propaganda in its social medias.
The self-governance of majority-Kurdish areas controlled by the Kurdish Democratic Union Party (PYD) – also known as ‘Rojava-Northern Syria’ – is a direct result of the mass movement by the people of Syria (Arabs, Kurds and Assyrians together) against the Assad regime. The popular uprising pushed the regime to conclude a deal with the PYD in July 2012, in which they withdrew from several majority-Kurdish regions in the North to redeploy its armed forces to repress the uprising elsewhere, while maintaining small presence in some areas such as Qamichli and Hassaka.
Rather than being an Assad proxy, we can consider that the PYD has played a mutual beneficial role for itself and the Assad regime, seeking to take advantage of the lack of security and to expand the land it currently controls
Therefore, there is no stricto senso alliance between the Assad regime and the PYD as some say, but a pragmatic agreement of non confrontation, with conflicts in some periods, but that can’t last for ever. The best proof of this situation is that although a kind of non-aggression pact existed between PYD and the regime, Assad has repeatedly declared that it refuses any kind of autonomy for the Kurds in Syria. In August, the Syrian Regime air force bombed the Kurdish neighbourhoods of the city of Hassaka, while Assad tacitly accepts Turkish military intervention and support to FSA and Islamic fundamentalist movements against the PYD in Northern Syria.
This does not mean in the same time that in the future new tactical and temporary collaboration between the two actors in a particular political context can occur.
In relation to the dominant trend of the opposition in exile, relations are not good, notably because of chauvinism of many groups and personalities within the Syrian Arab opposition – particularly the Syrian National Coalition, dominated by the Muslim Brotherhoods and the rightwing, while being allied to Turkey’s AKP government.
The majority of the Syrian Arab opposition believes that Kurds are normal Syrian citizens who have been deprived of some of their rights and that the problem is therefore limited to the single issue of the census in 1962, which resulted in around 120, 000 Kurds being denied nationality and declared as foreigners, leaving them, and subsequently their children, denied of basic civil rights and condemned to poverty and discrimination. There were between 250,00 and 300.000 stateless Kurds in the beginning of the revolution in March 2011, roughly 15 percent of the estimated two million total Kurdish population in Syria. The far majority of the opposition political parties have not been ready in any way to recognize the Kurds as a separate “people” or “nation” and are not ready and willing to listen to demands for federalism and administrative decentralization. As mentioned before, the demand for a federal system in Syria is a demand of the quasi majority of Kurdish parties in the country despite their political differences and rivalries.
We have to understand that the demand for a federal system by the Syrian Kurdish political parties is rooted in decades of state oppression, and this since the independence of the country in 1946, on a national basis (policies of quasi systematic discrimination against Kurds, policies of colonization in the framework of the “Arab Belt” and cultural repressions at all levels), but also has socio-economic consequences: the most impoverished areas of the country were the areas mostly populated by Kurds such as in the north-eastern Jazirah.
In this perspective, the majority of the Syrian Arab opposition did not address or even acknowledge this reality, mirroring the regime’s position.
Lately, the great majority of the Syrian Kurdish political movements, including the PYD and Kurdish National Council, were angered by the recent transition plan, proposed by the opposition’s High Negotiations Committee for the National Coalition of Syrian Revolution and Opposition Forces, as the plan did not envision any form of federalism in post-war Syria. The High Negotiations Committee for the National Coalition of Syrian Revolution and Opposition Forces proposed the principle of administrative decentralization in managing the country’s affairs. The Kurdish National Council, which is part of the National Coalition of Syrian Revolution and Opposition Forces (known as the Etilaf), but which has failed repetitively to recognize Kurdish rights with this latter or the previous Syrian National Council at the 2011 Tunis Conference and at subsequent conferences in Geneva and Riyadh, stated clearly that “this document is not part of a solution, but rather a danger to a democratic, pluralistic and unified Syria guaranteeing cultural, social and political rights to all its ethnic, religious and linguistic groups”. They add “Whoever reads the document notes immediately that point 1 of the “General Principles” exclusively lists the Arab culture and Islam as sources “for intellectual production and social relations”. This definition clearly excludes other cultures – be they ethnic, linguistic or religious – and sets the majority culture as the leading one. As Syrian Kurds we feel repulsed by this narrow perception of the Syrian people. The similarities between this definition and the chauvinist policies under the Assad regime are undeniable”. Just as on October 25, 2016, The Kurdish National Council in Syria (KNC) condemned the Turkish bombardment of populated districts in Aleppo Governorate. The council explicitly demanded that the Turkish Army stop killing civilians and demanded that it withdraws its forces from Aleppo countryside,
At the same time as we mentioned before, PYD policies have also been problematic such as its non-conflict orientation towards the Assad regime, support for Russian intervention in Syria and even benefiting in the beginning of 2016 of Russian bombing in the countryside of Aleppo to conquer new territories against FSA and Islamic opposition forces. According to latest news, new military fights are unfortunately occurring between these actors in the northern region of Aleppo. And there are also some accusations of human rights violations against Arab populations. In addition, it has practiced authoritarian and repressive measures against other Kurdish groups and activists.
In general, no solution for the Kurdish issue and an inclusive Syria can be found without recognizing the Kurds as a proper “people” or “nation” in Syria and providing unconditional support to the self-determination of the Kurdish people in Syria and elsewhere; this clearly does not mean being uncritical of the policies of the leadership of the PYD or any other Kurdish political party.
We need to reaffirm that the defeat of the Syrian revolution and of the popular movement would probably mark the end of the Rojava experience and the return to an era of oppression for the Kurds of Syria. The Assad regime and the Islamic reactionary forces would not allow any possible development of a political experience that is out of their authoritarian program.
This is why we should not isolate the struggle for self-determination of the Kurdish people from the dynamics of the Syrian revolution.
This is important to understand because among all international and regional powers, there is a near consensus around certain points: to liquidate the revolutionary popular movement initiated in March 2011, stabilize the regime in Damascus and keep at its head the dictator Bashar Al-Assad for the short-to-medium term. Also their objective is to oppose Kurdish autonomy and try to militarily defeat jihadist groups such as Daesh.
Which is the relationship of the PYD with the democratic forces of the Syrian opposition?
J.D: Unfortunately, increased separation and division has appeared at times between the Syrian Arab and Kurdish movements, and most particularly the PYD. The majority of the Syrian Arab forces opposed to the Assad regime see federalism as a step toward separatism and division. This is strengthened, as mentioned previously, by the non confrontational policies of the PYD towards the Assad regime, which included notably maintaining communication channels open since the uprising began in 2011, cohabiting with regime forces in the cities of Qamichli and Hassaka, (despite occasional and violent confrontations) and abuses and violations of Human Rights against Syrian Arab civilians in areas dominated by the military forces of PYD, raise suspicions and opposition of a part of the Arab population of Syria.
According to a survey conducted between November 2015 and January 2016 by the independent Syrian-led civil society organization The Day After Tomorrow (TDA), respondents in both regime (86.7%) and opposition-held areas (67,4%) agree on rejecting federalism, while proponents of federalism almost reach a consensus in Kurdish-led Self-Administration areas (79.6%). These results show that a Kurdish-Arab divide exists and that the first imperative regarding any future political system in Syria is dealing with the “Kurdish issue”.
In addition to this, in Kurdish majority inhabited regions, Syrian Kurdish democratic forces have tensed relations with PYD, because of campaigns of repression of this latter and its authoritarian policies.
Are there other Kurdish political forces.? Which of them are left or forces of the movement? What they seek? What is their relationship with the PYD?
J.D: It is firstly important to not that all Kurdish political parties, except may be the Future movement headed by Mishaal Tammo at the time before being assassinated in October 2011 and the Yekiti party that was important since the beginning of the 1990s in mobilising the Kurdish youth against the regime, were absent or not the main actors mobilising the Syrian Kurdish streets at the beginning of the uprising in March 2011, adopting a more cautious approach. The protest movement in these areas emerged around pre-existing youth groups or newly established “Local Coordination Committees”, seeing themselves as part of the national movement against the regime and calling for its overthrow. Young activists organized themselves by using social medias, including facebook. Local coordinating committees in the Arab parts of the country were the model for the development of similar groups in the Kurdish regions. The collaboration between some of the Arab and Kurdish youth groups and LCCs continued in a significant way until around March 2012 and then it weakened to become more localised, especially after the main Syrian Arab opposition in exile rejected the demands of the Kurdish parties.
Meanwhile, Kurdish traditional political parties although may be rhetorically supporting the demands of the protesters, tried to divide or weaken, including repression in the case of the PYD, the Kurdish youth movement through various ways and organized their own demonstrations to boost their own credentials rather than the popular national movement against the regime.
This situation did not prevent however in October 2011 the organization of a conference gathering the majority of Kurdish political parties, putting aside internal differences, independents, Kurdish youth organisations, Kurdish women organisations, human rights activists and professionals. The objective was to unite the Kurdish opposition and establish a united and representative Kurdish voice in Syria, especially in the context of Kurdish concerns about the political program and agenda of several actors within the Syrian National Council, particularly the Muslim Brotherhood and its close relations with the AKP Turkish government. This is how was created the Kurdish National Council. Unfortunately, with time, the voice of the Kurdish youth and local coordination committees within the KNC, were taken over once more by the domination of the traditional Kurdish political parties which marginalized them by their control of the decision making process and political support from outside, notably Barzani.
The KNC was formed in Erbil, Iraq, under the sponsorship of Massoud Barzani, the president of the Kurdistan Regional Government of Iraq. The stated mission of the KNC was to find a “democratic solution to the Kurdish issue” while emphasizing that it was part of the revolution. In June 2016, the KNC was composed of 12 parties, but most of them were acting outside of Syria now. Moreover, the KNC leadership left to Erbil, the regional capital of the Kurdistan Region of Iraq (KRI), because it was unable to organise in Syria.
Despite several attempts of reconciliation between the PYD and KNC these past few years, relations are very bad with attacks on both sides. KNC members and representatives have been arrested on numerous occasions in areas controlled by the PYD, while the border with the Kurdish areas of Iraq controlled by Barzani were often closed by this latter to pressure the PYD resulting in lack of essential goods and medical supplies.
The domination of the PYD on these Kurdish inhabited majority areas did not however put an end to the activities of youth groups independent from the PYD and KNC. In cities like Qamichli, ʿAmudah, ʿAyn al-ʿArab (Kobanî), and ad-Darbasiyah, young people have joining forces in groups united by common interests and goals, not by party affiliation. Youth and community centers focusing on education, culture, politics, and human rights and built upon on the work of volunteers have developed considerably and enjoyed great popularity until nowadays.
What conditions prevail in the areas controlled by the PYD (civil liberties, human rights etc.).
J.D: Institutions in PYD controlled areas are dominated by PYD-affiliated organisations, with an assortment of Kurdish, Syriac and Assyrian personalities who had little to lose from entering the project. For a far majority of Kurdish political parties and activists, Rojava is only a new form of authoritarianism rather than democratic confederalism in action. As evidence of this many of them pointed out to the exclusion of opposition parties and activists from youth groups within Rojava. Members and leaders of the people’s councils, which were established by the authorities of Rojava, are theoretically responsible for local governance and including representatives of all Kurdish political parties as well as non-Kurdish population in mixed areas, are appointed by the PYD. Likewise, the movement maintains overall decision-making authority, consigning the councils other than for distribution of gas and humanitarian aid to a largely symbolic role. The commune’s institution, one of the key element in the new Rojava system, whose role is to provide humanitarian assistance to the inhabitants in their neighbourhoods, has been criticized to enforcing the rule of PYD linked organisations.
At the same time, these new institutions lack legitimacy among large sections of the Syrian Arabs in these areas, although an Arab president had to be elected to the male/female joint presidency of the town’s local council. For instance Shaykh Humaydi Daham al-Jarba, the head of a tribal Arab militia and an outspoken supporter of the Assad regime, was nominated as the governor of the Jazirah canton in Rojava in 2014. His son became the commander of the al-Sanadid Forces, one of the main Arab militias fighting alongside the PYD-led Syrian Democratic Forces (SDF). Prominence of tribal leaders in the Rojava institution was also preserved, rather than challenges.
The authoritarianism of the PYD was demonstrated in its repression and imprisonment of activists, political opponents and the closure of critical organizations or institutions, such as the independent radio Arta in February 2014 and April 2016. Members of other rival Syrian Kurdish opposition parties like the Yekiti Party, the Kurdish Democratic Party of Syria and Azadi party have particularly suffered from the repression by the authorities in the autonomous regions of Rojava for their peaceful activism and criticism of the PYD. Just lately, the KNC’s president, Ibrahim Berro, was arrested in August 2016 at an Asayish checkpoint in Qamichli, and then exiled to Iraki Kurdistan the day after. As a reaction, in mid September, the local councils of the Kurdish National Council in the northern province of Hassaka, Maabdeh, ‘Amoudah, Qamishli, al-Jawadiyeh, and Malakiyeh organized a sit-in against the practices of the PYD and arbitrary arrests. The protesters demanded the release of political prisoners imprisoned by the party whose number has reached about 100. New protests occurred in October as well.
The PYD has faced growing opposition within the Kurdish population in Syria and active pro revolutionary Kurdish activists for their authoritarian policies. The increasing political and military hegemony of the PYD and the inability of the KNC to project influence inside Syria further weakened the coalition with internal divisions.
At the same time, in the areas controlled by the PYD, there are advances on some aspects that must be acknowledged such as promotion of women rights and gender equality, securalisation of laws and institutions, and to a certain extent some forms of coexistence between the various ethnicities and religious sects, despite some tensions. Some parties within the KNC also saw cooperation with the PYD as the unique way to maintain a power-base in Syria, while large sections of the population saw it as a necessary evil to defend itself against some FSA, Islamic and salafist djihadist forces attacking Kurdish regions since summer 2012. For example, the launch of the campaign “Western Kurdistan for his children” by the PYD in the summer 2012 against the attacks by Islamic fundamentalist groups against the cities mostly inhabited by Kurds also diminished criticisms against the party and gathered temporarily the Syrian Kurdish political scene with the support of other Kurdish groups to this campaign, while reiterating the need for the PYD to work and collaborate with them. The PYD and its military branch, YPG, role as the sole viable protector of Syria’s Kurds were further strengthened therefore. These kind of feeling come back every time the Syrian Arab opposition gathered around the Etilaf reject Kurdish rights and make racist discourses and speeches against Kurds or when various opposition armed forces, from FSA to Islamic Fundamentalist region supported or not by Turkey, attack PYD and Kurdish regions.
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, by al-HAJJ SALEH Yassine, HISHAM Marwan, HUSSAIN Murtaza
YASSIN AL-HAJ SALEH has lived a life of struggle for his country. Under the Syrian regime of Hafez al-Assad, he was a student activist organizing against the government. In 1980, Saleh and hundreds of others were arrested and accused of membership in a left-wing political group. He was just 19 (...)
Devrait-elle, cette gauche, se taire quand l’assassin n’est plus George W. Bush mais Vladimir Poutine ?
À l’heure où les bombes s’abattent sur Alep, notre indignation peut-elle encore servir à quelque chose ? Nos concitoyens sont à ce point saturés d’images dramatiques qu’il est devenu impossible de mobiliser les consciences.
Leur réaction n’est certainement pas d’indifférence, mais d’incompréhension et de désarroi. Pourtant, oui, nous avons le devoir de parler, d’écrire et peut-être de hurler devant le massacre commis par l’infernal tandem Assad-Poutine. Nos protestations n’arrêteront évidemment pas le bras du crime, mais elles peuvent au moins nous permettre de régler un vieux compte avec une vision du monde qui devrait définitivement appartenir au passé.
Un compte avec ces restes de pensée binaire et ces résurgences d’esprit de système qui, parfois encore, nous aveuglent. Il faudrait être avec Poutine pour être parfaitement anti-amé- ricain. Il faudrait condamner les déclarations de François Hollande à l’ONU parce que c’est François Hollande. Il faudrait excuser ce qui se passe en ce moment à Alep au nom de l’histoire longue du colonialisme et de la longue histoire des crimes occidentaux. Il faudrait trouver mille raisons pour justifier l’intervention russe, au mépris de l’évidence.
Mais qui est ce «nous», muet ou embarrassé, dont je parle ? C’est la gauche critique. Celle de Mélenchon et du PCF, notamment [1]. La gauche anti-guerre, celle qui a condamné l’invasion américaine en Irak, en 2003, cette monstruosité qui a inauguré un cycle de violences sans fin. Cette gauche qui dénonce si justement le commerce des armes, et stigmatise les liens coupables de la France avec l’Arabie saoudite. Cette gauche qui n’oublie jamais le conflit israélo-palestinien, énorme et originel contentieux entre les puissances occidentales et le monde arabo-musulman.
Devrait-elle, cette gauche, se taire quand l’assassin n’est plus George W. Bush mais Vladimir Poutine ? J’entends bien que la Russie a été humiliée, et comme sortie de l’histoire après l’effondrement de l’URSS. J’entends bien qu’elle se sent menacée à ses frontières par les installations de l’Otan. Je conçois qu’elle veuille sauver ses bases syriennes sur la Méditer- ranée.
Mais rien ne justifie le massacre d’Alep, et notre silence complice. La pluie de bombes larguées au cours du week-end dernier sur la grande ville du nord a fait au moins deux cents morts. Selon l’ONG Save the children, beaucoup sont des enfants, comme près de la moitié des blessés hospitalisés. Suprême raffinement, l’aviation russe utilise des bombes à sous- munitions et un nouveau type de projectiles qui permettent de détruire un immeuble entier en un seul impact, et de pénétrer jusqu’au fond des abris souterrains où les familles trouvent refuge.
Les convois sanitaires sont systématiquement ciblés, comme les hôpitaux. On retrou- ve à Alep la tactique du carpet bombing, dont Vladimir Poutine avait usé en Tchétchénie. Au cours de l’hiver 1999-2000, les bombardements russes avaient ainsi causé la mort de près de 200 000 Tchétchènes. Et Grozny était devenue la ville au monde la plus détruite depuis la Seconde Guerre mondiale. Va-t-on devoir inscrire Alep dans cette funeste lignée ? La violence extrême de la Russie rejoint celle de la famille Assad. Tuer «un million de martyrs» s’il le faut pour garder le pouvoir, avait prévenu un jour Rifa’at, l’oncle de Bachar. Au nom de l’asabiyya, la préservation du clan…
La guerre contre le terrorisme n’est évidemment dans tout cela qu’un très médiocre alibi. Rappelons qu’il y a, en quelque sorte, deux conflits distincts en Syrie. L’un à l’est du pays, mené par la coalition contre Daech. L’autre, à trois cents kilomètres de là, dans ce qu’on appelle la « Syrie utile », celle des grandes villes de l’ouest : Alep, Idlib, Homs, Hama, Damas, Deraa. C’est là que l’insurrection est née et s’est développée à partir de mars 2011. C’est cette Syrie, et cette insurrection, qui est frappée par la Russie et le régime. Ce sont majoritairement les habitants de ces régions qui fuient le pays. L’amalgame entre les deux guerres est au cœur du mensonge poutinien. Ce n’est pas Daech qui est visé à Alep, pour la bonne raison que cette organisation n’y est pas, repoussée qu’elle a été par les rebelles.
Si beaucoup est mensonge dans le discours russe et celui de Bachar Al-Assad, tout ne l’est pas. Au sein de l’insurrection, il est vrai que les jihadistes du Front Al-Nosra, rebaptisé récemment Fateh Al-Cham (Front de la conquête du Cham), ont pris au fil des années de plus en plus d’importance. Ce mouvement, dont les dirigeants ont été complaisamment sortis de prison par Bachar Al-Assad en septembre 2011, s’est renforcé à mesure que le régime durcissait la répression. Il a participé de la militarisation de la guerre civile, servi d’alibi à Damas pour attaquer l’insurrection et massacrer des centaines de milliers de civils.
Mais il n’est pas vrai que la rébellion a disparu. Il n’est pas vrai qu’il n’y a pas d’interlo- cuteurs non jihadistes qui puissent s’inscrire dans une perspective de règlement politique. Il est surtout erroné de croire encore que Bachar Al-Assad est celui qui fait barrage aux jihadistes. Il est, depuis 2011, celui qui les renforce.
(1) Le PCF a cependant publié lundi un communiqué demandant «un cessez-le-feu immédiat».
Commentaire: Grâce à ses médias, RT, Sputnick etc, largement repris « à gauche », Poutine intoxique aussi les « réseaux sociaux » et justifie ses massacres…