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Révolutions Arabes - Page 207

  • Procès d'antisémitisme par la Ldh contre deux porte-paroles du comité Bds 34 (Ujfp)

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    NOUS SOMMES INNOCENTS DES ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE NOUS !

    Une affaire grotesque et préjudiciable

    Le mardi 9 juin 2015, une délégation de cinq membres de BDSF34 dont nous, Saadia et Husein, avons rencontré la délégation de la LDH (Ligue des Droits de l’homme), dont son président d’honneur Michel Tubiana et la présidente de la LDH34 Sophie Mazas.

    Lors de cette rencontre, Sophie Mazas, à l’origine de la plainte contre nous, a bien reconnu qu’elle savait pertinemment que nous n’étions ni antisémites ni négationnistes. M Tubiana l’a également déclaré. Mais ils s’acharnent néanmoins à proclamer que nous devons « assumer nos responsabilités politiques » et reconnaître publiquement « notre erreur ». Si nous le faisons, « on en reste là ! » disent-ils.

    Mais où en reste-t-on ?

    Nous sommes convoqués le 25 juin au tribunal. Les membres présents de la LDH, avocats pour certains, nous précisent que quoi que nous fassions, nous serons poursuivis et que des organisations comme la LICRA ou le CRIF pourront également se porter partie civile.

    Alors pourquoi cette rencontre aujourd’hui ?

    La seule proposition de la LDH est que nous refassions un communiqué confirmant nos propos déjà écrits dans notre communiqué du 19/03. Nous répondons ici favorablement à cette demande en renouvelant nos déclarations déjà publiées, à savoir :

    - Nous n’avions pas vu le texte caché derrière une image que nous avons partagée sur Facebook.
    - Nous sommes totalement en désaccord avec les propos ignobles tenus dans ce texte.
    - Dès que nous avons été informés de notre méprise, nous avons immédiatement supprimé le texte, la photo et l’expéditeur du post en question.
    - Nous combattons avec toute notre énergie l’antisémitisme mais aussi l’amalgame qui assimile antisionisme et antisémitisme.

    Mais alors pourquoi cette plainte ?

    Pourquoi avoir porté publiquement ces accusations extrêmes alors même que les dirigeants de la LDH nous connaissent et reconnaissent que nous ne sommes pas ceux qu’ils prétendent ?

    Pourquoi porter plainte contre un groupe actif qui ne ménage pas son énergie pour défendre les droits Humains notamment des palestiniens ?

    Le fait d’avoir omis de publier un démenti écrit au moment des faits justifie-t-il une telle plainte ?

    Car c’est uniquement sur cette omission en temps et en heure, que les dirigeants de la LDH justifient leurs accusations. Nos explications sur le contexte de l’été 2014, où nous étions tous mobilisés pour dénoncer les crimes de l’Etat israélien, où plusieurs d’entre nous tremblaient pour leur famille à Gaza qu’ils tentaient de joindre difficilement, révoltés par les vidéos circulant sur le net, montrant des militaires israéliens ouvrant le feu sur des enfants sur la plage de Gaza… pourraient être prises en compte pour comprendre cette « omission »…

    Non, rien n’y fait, vous avez commis une erreur clament les dirigeants de la Ldh, vous devez assumer !

    Nous sommes poursuivis et allons passer en procès pour :

    « Contestation de crimes contre l’humanité, provocation publique à la commission de crimes ou délits, à la discrimination ou à la haine raciale – apologie du crime sur Facebook ».

    Ces accusations vont laisser une trace indélébile dans nos mémoires et nous poursuivre toute notre vie avec les conséquences que l’on peut imaginer.

    Mais au-delà de nous, c’est aussi à la cause palestinienne que nous pensons. Cette affaire va surtout renforcer la criminalisation des militants de BDS, cette campagne non violente initiée par le peuple palestinien pour dénoncer les crimes de l’Etat d’Israël et réclamer Liberté, Justice et Egalité.

    Avec cette plainte, la LDH a ouvert la porte aux attaques des officines sionistes (LICRA et Cie.) et renforce le climat actuel qui profite aux amalgames, aux raccourcis de pensée ne permettant pas un combat clair anticolonial contre tous les racismes : antisémitisme, islamophobie, anti-rom ….

    NOUS SOMMES INNOCENTS DES ACCUSATIONS PORTÉES CONTRE NOUS !

    NOUS EN APPELLONS À VOTRE SOLIDARITÉ

    Rendez-vous jeudi 25 juin à 13h30

    Devant le tribunal correctionnel de Montpellier

    Place Pierre Flotte (Près jardin du Peyrou)

    Saadia et Husein,

    Avec le Comité BDS France 34

    Montpellier le 15 juin 2015

     

     
    dimanche 21 juin 2015
     
  • Gaza: rien n'a changé

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    Photo: The Guardian

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

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  • Algérie. Moins de mosquées, plus de logements ! (Courrier International)

     

    “Moi, ça fait treize ans que j’attends un appartement. On m’a dit que j’aurai un trois-pièces fin décembre, inch Allah ! Et ce sont des milliers de familles qui attendent, comme moi, depuis des années. Je ne comprends pas !”

    C’est un voisin qui a lu dans la presse, comme moi, que le gouvernement venait d’embaucher 1 500 ouvriers de plus pour accélérer le chantier de la grande mosquée d’Alger [la construction d’une gigantesque mosquée, qui serait la troisième plus grande du monde, a été lancée par le président Bouteflika en février 2012]. Il n’a pas osé aller plus loin dans son commentaire. Voisin, d’accord, mais sait-on jamais ? Ecoute-moi, mon frère : “Dieu est beau et il aime la beauté”, mais pas la beauté à tout prix, pas au détriment de l’essentiel. Pour toi comme pour moi, les dépenses pour l’éducation et la santé passent avant l’achat de nouveaux meubles ou de vêtements luxueux, n’est-ce pas ?

    Ensuite, s’il y a une religion qui recommande la simplicité dans le rituel, c’est bien l’islam.

    Les mosquées doivent être dépouillées de toute fioriture qui risquerait de distraire le fidèle dans sa prière. La terre entière est une mosquée en ce sens qu’on peut prier partout pourvu que l’espace soit propre. Il y a des mosquées-cathédrales, mais c’est surtout pour l’espace et la décoration architecturale, qui a atteint des sommets dans l’art islamique. Alors, il y a les rois et les princes qui ont voulu laisser leur empreinte dans l’Histoire et qui ont donc dépensé sans compter pour glorifier Dieu à leur façon. Mais c’étaient des puissants à qui tout appartenait et qui ne faisaient pas de différence entre leur fortune personnelle et celle du peuple.

    Mais dans notre cas, c’est différent, puisqu’on n’a pas de roi.

    Enfin, pas tout à fait. Tu es d’accord avec moi si je te dis qu’il est plus logique d’accélérer les chantiers de logements, de barrages ou d’hôpitaux que celui d’une mosquée. Est-ce que tu me suis ? Donc, comme Dieu bénit chaque fidèle qui participe à l’édification d’une mosquée, les hommes ont cru qu’ils pouvaient s’acheter une conduite en donnant de l’argent, sans se poser la question de savoir si cet argent est propre, disons halal. Parce que, aujourd’hui, avec les intégristes, la religion se résume à halal ou haram, yajouz ou layajouz [licite ou illicite]. Code pénal pour analphabètes du religieux. Pour eux, c’est plus important d’entrer du pied droit dans la mosquée que de savoir si l’argent versé aux mosquées est propre ou pas.

    Suspicion

    Je n’accuse personne. Je dis simplement que l’Algérie a plus besoin aujourd’hui d’hôpitaux, de centres de dialyse, de chimiothérapie, d’écoles et de collèges, de bonnes universités que de grandes mosquées. Elle a plus besoin de maternités et de crèches que de services de gériatrie. N’y vois aucune allusion. C’est l’avis de tout le monde. C’est ce qu’on entend dans les mosquées. Est-ce que tu es d’accord avec moi ? D’une certaine manière, ceux qui font tout pour glorifier Dieu en grand spectacle ont complètement raté leur objectif, parce qu’on ne triche pas avec Dieu.

    Ils le savent, d’ailleurs, parce que les formules rituelles dans leurs discussions font souvent appel à des clichés du genre, “Dieu seul le sait”, “Dieu m’est témoin”, etc., mais ils oublient que Dieu est réellement omnipotent et qu’il sait tout. Donc ils peuvent tricher avec toi et moi, mais pas avec Dieu, tu comprends ? Dans les mosquées, on évite d’aborder la question, parce qu’il y règne une atmosphère de suspicion qui n’a pas lieu d’être. La mosquée perd de sa sacralité, le doute s’installe entre les fidèles, on s’épie au lieu de communier, on n’ose pas dire ce qu’on pense, on se retrouve à craindre les murs plus que Dieu. C’est vrai ou pas ?

    C’est vrai qu’aujourd’hui il y a une espèce de surenchère entre les hommes politiques. C’est à celui qui se montrera le plus près de la masse des fidèles, quel que soit son passé, quelle que soit sa morale. Savoir que des milliards vont servir à construire la troisième plus grande mosquée du monde quand les gens meurent à l’entrée des hôpitaux faute de soins, quand on va se soigner les dents en Tunisie et que pour un rien on débarque au Val-de-Grâce [où le président Bouteflika se fait soigner], ça fait un peu désordre, tu ne crois pas ? Alors bien sûr, au crépuscule de la vie, lorsque le sommeil tarde à venir, on se tourne vers Dieu, parce qu’on sait qu’on va le retrouver bientôt et on essaie de lui dire combien on regrette et qu’on aimerait tellement se racheter.

    Croyant

    On décide de lui offrir le plus grand des temples, comme au temps des idolâtres, avant que l’islam y mette fin. Ensuite, tout se mélange et on oublie que Dieu sait tout et qu’on ne peut lui raconter de boniments. Je ne sais pas si tu lis le Coran dans le texte. Je te propose ce verset (9/107) : “Il en est qui ont édifié une mosquée par rivalité et par impiété pour semer la discorde entre les croyants et faire de ce lieu le repaire de celui qui, auparavant, avait combattu contre Dieu et Son Prophète. Ce sont ces gens-là qui, aujourd’hui, viennent jurer de toute leur force qu’ils ne voulaient faire que du bien, alors que Dieu est témoin qu’ils ne racontent que des mensonges.”

    Tu es libre de penser ce que tu veux de mes élucubrations. Je voulais te faire partager mon doute sur la sincérité des hommes. Excuse-moi, mon frère. C’est ce que je pense et, si tu es vraiment croyant, prie Dieu pour qu’il accorde sa miséricorde, malgré tout, à tous ces gens, même s’ils continuent à nous prendre pour des imbéciles. Ai-je bien fait de dire tout cela [à mon voisin] ? Après tout, je ne le connais pas bien et je ne sais pas comment il va réagir. J’ai pourtant pris toutes les précautions pour faire en sorte de l’amener à réfléchir et à ne jamais prendre pour argent comptant ce que les hommes politiques racontent. Y suis-je arrivé ? Je n’en sais rien. J’aurais peut-être réussi à lui apprendre à être moins crédule.

    Publié le 17/06/2015 - 09:03
    Aziz Benyahia
    Publié le 20 mai 2015 dans Algérie-Focus (extraits) Alger

    http://www.courrierinternational.com/article/algerie-moins-de-mosquees-plus-de-logements

  • Projet de loi contre les violences faites aux femmes (Algeria Watch)

    Inquiétude et mobilisation du mouvement associatif

    Des animatrices du mouvement associatif sont actuellement en concertation pour définir les voies et moyens de faire pression sur le gouvernement afin de l’amener à adopter le projet de loi.

    Le mouvement associatif entend «presser» le Conseil de la nation et exiger qu’aucune concession ne soit faite. Le projet de loi relatif à la protection des femmes contre toutes formes de violences avait été adopté à la majorité par l’APN, début mars dernier. Pourtant, sa présentation au Conseil de la nation n’est toujours pas d’actualité.

    Pression sur les autorités

    Ce qui inquiète au plus haut point les réseaux de protection des femmes. «Nous sommes actuellement en concertation avec d’autres associations afin d’adopter une feuille de route et discuter des actions et démarches à suivre afin de faire pression sur les autorités», affirme ainsi Dalila Djerbal, membre du réseau Wassila.

    Ce projet de loi, tant discuté «a été soumis par le gouvernement au Conseil de la nation et attend d’être débattu», a précisé hier Tayeb Louh, ministre de la Justice et Garde des sceaux, afin d’expliquer «ce retard». «Nous ne sommes pas naïves. Au vu du chahut provoqué par l’adoption de cette loi, nous sommes conscientes des réticences qu’il y a autour de ce projet», explique Mme Djerbal. «Nous sommes étonnées et inquiètes de ce blocage et on ne cerne pas quel en est l’objectif», ajoute-t-elle.

    Et elle n’est pas la seule à être soucieuse de ce qui ressemble à s’y méprendre à un rétropédalage. «Dans le cas où le statu quo perdurerait, l’Algérie deviendrait la risée du monde. Car quoi de plus naturel et nécessaire que de punir les auteurs de violences ?» s’exclame maître Nadia Aït Zai, juriste et présidente du Centre d’information et de documentation sur les droits des enfants et des femmes (Ciddef).

    Celle-ci estime qu’il s’agit d’«une anomalie que ce projet, pourtant adopté au mois de mars, ne soit toujours pas programmé, tandis que d’autres textes de loi sont à l’ordre du jour alors même qu’ils sont ultérieurs». «Il n’y a aucun motif valable et légal, ils doivent laisser la loi suivre son cours, car dans la législation, rien ne justifie un éventuel blocage. Mais il est tout de même impératif que ce soit fait avant juillet et que cela ne soit pas relégué à la session d’automne. Car cela signifierait une temporisation et une tentative de faire oublier cette loi», s’alarme-t-elle.

    Discours misogyne

    Et si les saillies haineuses et les discours misogynes n’ont pas manqué lors de la présentation de ce texte de loi, il est du devoir des autorités de ne pas céder à la pression d’une minorité au détriment de la volonté populaire et gouvernementale. Car quelle que soit l’hostilité aussi farouche qu’irraisonnée rencontrée au sein de la société, la seule réaction qui importe est celle des personnes victimes de maltraitances qui elles, n’ont pas été entendues et dont la protection est du ressort des législateurs.

    «Les seules qui ne se sont pas exprimées sont les femmes violentées et qui ont trop peur ou trop honte pour en parler», rappelle Me Aït Zai, qui ajoute : «Quant aux hommes qui justifient ou excusent la maltraitance, nous les rencontrons tous les jours lorsqu’ils accompagnent leurs filles ou leurs sœurs battues et qu’ils sont aussi indignés que honteux.»

    D’autant plus que ce n’est qu’«une modification du code pénal, un processus de réadaptation des lois pour les mettre en accord avec les mutations de la société et aussi assurer la sécurité de tous», rappelle la juriste. «Cette loi, au contraire de ce qui a été clamé par ses détracteurs, renforcera la structure familiale et non la disloquer en protégeant tous ses membres, femmes, enfants mais aussi hommes», conclut Me Aït Zai.

    Ghania Lassal El Watan, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/mobilisation_associations.htm

  • Selon la LADDH : Les mariages religieux explosent (Algeria Watch)

    Un couple, deux témoins, un Imam, et le tour est joué ; c'est ainsi que des milliers d'Algériens convolent en (fausses) noces en s'engageant dans des unions secrètes par le biais du mariage ôrfi.

    Le phénomène, dont l'ampleur est insoupçonnée, sévit sur une large échelle à travers tout le territoire national, selon la Ligue algérienne pour la défense des droits de l'homme (LADDH), qui relève à ce propos, dans un communiqué transmis, hier, à notre rédaction, que « de nombreux algériens se contentent d'une bienveillante ‘‘fatiha'' d'un Imam sans s'astreindre à l'obligation de se présenter devant les services administratifs afin d'officialiser leur union ».

    Ce genre de mariage ôrfi, qui se suffit d'un accord oral entre les époux, peut prendre plusieurs qualifications ou appellations, toutes véhiculant la notion d'une union temporaire telle que mariages El Mut'a, El Missiar (de passage), El Hiba (l'offrande)… porte un grave préjudice aux liens sociaux, surtout aux droits de la femme et des enfants qui naissent de ces unions.

    « Le mariage ôrfi est une forme d'oppression contre la femme, surtout que les autorités algériennes n'ont jamais voulu présenter à l'opinion publique des données précises autour du nombre de femmes qui souffrent de ces mariages ôrfi », considère la LADDH. Ajoutant dans ce contexte qu' « il s'agit là d'une bombe à retardement qui risque d'exploser à tout moment ». Comment peut-il en être autrement lorsque ce sont « des ministres, des cadres supérieurs, des députés, des artistes et des hommes d'affaires qui sont mariés à la coutume ôrfi et qui craignent à tout moment que la situation ne se transforme en scandale », indique le communiqué de la LADDH.

    Selon des statistiques non officielles, « les cas de mariages ôrfi se situeraient entre 46 000 et 50 000, dont 36 000 cas enregistrés entre 1993 et 1997 ». Voulant en savoir plus sur les causes de la propagation du mariage ôrfi, la mission de faire la part des choses entre le juridique, le religieux et le social, s'est avérée très difficile.

    Les hommes politiques interrogés sur le sujet ont tous esquivé la question, souligne le communiqué de la LADDH ; c'est alors vers d'autres personnes compétentes qu'on a soumis la préoccupation. Des Imams, interrogés à propos de l'application de l'instruction promulguée en 2005, en parallèle à la révision du Code de la famille durant la même année, conditionnant la lecture de la Fatiha par le préalable établissement de l'acte de mariage devant l'officier de l'état civil, affirment que cette instruction a permis de limiter les problèmes et les escroqueries qui visent les femmes.

    Malheureusement, reconnaissent-ils, « plusieurs Imams refusent d'appliquer l'instruction en question tant qu'ils n'existent pas d'instructions qui les contraint de se référer à cela dans leur travail (!) ». Dans tout cela, c'est le statut de la femme qui est en jeu.

    Des juristes, de leurs côtés, indiquent que près de 7000 affaires de faux mariages sont pendantes devant les tribunaux. Les femmes victimes de ce genre de mariage, de plus en plus, prennent leur courage à deux mains et se présentent à la justice, surtout lorsqu'elles se retrouvent enceintes dans des situations presque illicites. Selon les juristes, les mariages ôrfi ont connu une croissance phénoménale après les amendement apportés en 2005 au Code de la famille, car à travers les textes révisés on a fait désormais obligation au mari qui veut se remarier de mettre au courant sa première épouse et informer sa seconde de sa situation d'homme déjà marié, ainsi qu'une demande d'autorisation à introduire auprès du président du tribunal.

    « Les hommes évitent tout ce parcours juridique, presque impossible à satisfaire, et recourent au mariage ôrfi, en secret », estime-t-on, non sans relever à l'appui de leurs affirmations que « les cas de mariages ôrfi avant 2005 étaient très rares ». Selon d'autres avis, cette nouvelle tendance d'idée de mariages ‘‘temporaires'' est propagée par des salafistes qui ont importé ce mode de vie d'Egypte, des pays du Golfe et de la Syrie.

    En tout cas, cela est en train de provoquer la catastrophe au sein de la société. Plus de 30 000 affaires de mariages ôrfi sont actuellement devant les tribunaux du pays, afin de bénéficier de jugements qui assoiraient d'une façon légale les unions des couples concernés et assurer une filiation à leurs progénitures. A ce propos, la LADDH parle d'une famille constituée de 5 membres qui vivent « sans identité depuis 34 ans et sont privés de leurs droits les plus élémentaires ! ».

    La LADDH tire la sonnette d'alarme sur ces nouveaux modes de mariages qui risquent de disloquer le tissu social, et appelle le législateur algérien à trouver de nouveaux mécanismes juridiques pour éradiquer ce phénomène en pleine expansion, et où certains semblent avoir, tout simplement, trouvé la parade, calqué sur le modèle occidental, en instituant dans nos contrées le concubinage ‘‘hallal''.

    par Abdelkrim Zerzouri, Le Quotidien d'Oran, 17 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/femmes/explosion_mariages_religieux.htm

    Voir aussi:

    http://rue89.nouvelobs.com/2010/11/13/mariage-orfi-ces-egyptiens-qui-sunissent-en-secret-175781

  • Algérie : Les cheminots reviennent à la charge (Afriques en lutte)

     

    Le trafic ferroviaire a été paralysé hier par les travailleurs du service exploitation trains de la Société nationale des transports ferroviaires (SNTF) qui ont mis leurs menaces à exécution en entamant une grève illimitée.

    « Nous avons entamé une grève illimitée jusqu’à satisfaction de nos revendications », nous a affirmé au téléphone Abdelhak Boumansour, chef de la section syndicale des cheminots d’Alger. Ainsi trois mois après la grève nationale, en mars dernier, les travailleurs de la Société nationale du transport ferroviaire reviennent à la charge pour revendiquer à nouveau, selon toujours Abdelhak Boumansour, « la révision du tableau des filières qui définit l’évolution de carrière ».

    Il a fait état d’un litige entre la SNTF, la Caisse nationale des assurances sociales (CNAS) et la Caisse nationale de retraite (CNR). « Des salariés et des retraités se trouvent balancés d’une direction à une autre », a-t-il déploré.

    Pour rappel, la direction de la SNTF s’était engagée à réviser, en mars dernier, le tableau des filières en question, mais l’absence d’un partenaire social légal empêche pour l’instant la signature d’un accord.

    La section syndicale de la Fédération des cheminots (UGTA) étant gelée depuis janvier 2015, ce secteur névralgique reste visiblement otage de conflits syndicaux. C’est aussi l’une des raisons qui ont poussé au débrayage, puisque Abdelhak Boumansour dénonce « une réunion tenue le 10 juin entre le ministre des Transports, le DG de la SNTF et des syndicalistes non représentatifs ».

    Cette grève intervient après un premier débrayage de trois jours observé par les travailleurs le 23 mai dernier. Le service exploitation trains compte dans ses rangs quelque 1200 employés à travers le territoire national. Selon le syndicaliste, les travailleurs sont décidés à faire valoir leurs droits par tous les moyens.

    Selon lui, les travailleurs sont exaspérés par le « mépris de la direction de l’entreprise », précisant que la revendication principale des travailleurs relative à la promotion à l’échelon supérieur est attendue par certains travailleurs depuis 20 ans.

    « Nous faisons face à la provocation de la direction depuis longtemps, mais celle de mercredi et jeudi derniers étaient de trop », explique le syndicaliste.

    « A chaque réunion avec la direction, le directeur général nous promet de régler notre problème, mais rien de concret n’a été fait jusque-là », précise-t-il.

    Source : Le Temps d’Algérie  17 juin 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/algerie/article/algerie-les-cheminots-reviennent-a

  • Dans les colonies agricoles israéliennes, l’exploitation des enfants palestiniens (Reporterre)

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    Mohammed a 14 ans. Originaire de la Vallée du Jourdain, il travaille dans une colonie agricole israélienne. Salaire de misère, travail exténuant, exposition aux pesticides. Selon Human Rights Watch, il est l’un des 500 à 1 000 enfants palestiniens exploités dans les colonies israéliennes.

    Mohammed* 14 ans, est originaire de la Vallée du Jourdain. Depuis six mois, il travaille dans une colonie agricole israélienne pour soutenir sa famille. Travail exténuant pour un salaire minime, il est l’un des mille enfants et adolescents employés par les colons israéliens.

    "Il est constamment fatigué et il a mal au dos. Il dort comme une souche. Quand il ne travaille pas, il joue avec ses amis comme un enfant normal", décrit Umm Ahmad*, la mère de Mohammed. Dans le village de Zbeidat, dans la Vallée du Jourdain, assise avec son fils sur des matelas fins posés à même le sol, dans un salon réservé aux invités sans vitres aux fenêtres, elle explique que ses trois fils – Mohammed et ses deux frères de 19 et 21 ans – ont tous quitté l’école pour aider leur famille. Ils travaillent à présent dans la colonie agricole la plus proche pour 16,4 euros par jour, comme leurs parents avant eux.

    Mohammed plante, récolte et emballe des dattes et des piments. Bien que de petite constitution, il doit porter des caisses de 20 à 25 kilos chacune. Son superviseur l’empêche de les trainer. Quelques semaines avant de le rencontrer, le dos bloqué, Mohammed avait dû rester couché pendant trois jours sans salaire : "Je ne pouvais même pas soulever une bouteille d’eau", raconte-t-il.

    Ses frères ont eux aussi eu leur lot de blessures. L’un d’entre eux a dû être opéré après qu’une épine de palmier dattier l’ait blessé au genou : 118 euros l’opération, à la charge de la famille. L’aîné devra également en subir une prochainement, 424 euros également payés par la famille seule. Blessé au nez par une caisse, il souffre aussi de troubles respiratoires depuis ses 17 ans en raison de la poussière.

    La famille d’Umm Ahmad n’est pas un cas isolé dans la Vallée du Jourdain. Le 14 avril dernier, un rapport de Human Rights Watch (HRW) dénonçait l’emploi de 500 à 1 000 enfants palestiniens dans les colonies agricoles israéliennes. Les équipes de l’ONG internationale ont interrogé 38 enfants, certains ayant commencé à travailler à l’âge de 11 ans.

    Chaleur, machines lourdes et pesticides

    Les conditions de travail dans les colonies décrites par les enfants interviewés par HRW sont, d’une manière générale, terribles. Les températures pouvant en effet monter jusqu’à 45 degrés en été dans la Vallée, beaucoup d’enfants – en particulier ceux travaillant sous serre – souffrent d’insolation et de déshydratation sévère. Les blessures dues aux serpents et scorpions, et aux machines lourdes destinées à l’emballage des produits sont courantes.

    Les enfants sont également fortement exposés aux insecticides, herbicides, fongicides, et autres produits chimiques qu’ils dispersent eux-mêmes, ou lorsqu’ils travaillent aux champs après ou pendant que ceux-ci sont dispersés. Selon HRW, certains des produits identifiés seraient des neurotoxines, entrant principalement dans le corps via la peau.

    Selon l’Organisation internationale du travail (OIT), citée par HRW, l’exposition aux pesticides des enfants de moins de quinze ans augmenterait le risque de tumeurs malignes (sarcomes des tissus mous) par cinq et le risque de leucémie par trois. D’autres études, toujours selon l’OIT, montrent « que le développement neurologique des jeunes est affecté par l’exposition aux pesticides », causant potentiellement « une intelligence diminuée et des anormalités comportementales plus tard dans la vie. »

    Si l’organisation manque d’étude médicale précise sur le sujet, HRW relaie toutefois des témoignages d’enfants indiquant qu’ils ne connaissent souvent pas le nom des produits employés mais souffrent pour certains de pelades, de troubles sexuels dus à un bas taux de testostérone, de troubles respiratoires et de pertes de conscience.

    Impasse

    La Vallée du Jourdain est la zone la plus touchée par ce phénomène. Située à l’est de la Cisjordanie, à la frontière avec la Jordanie, elle est pour Israël une zone militaire stratégique bien que les deux pays aient signé un traité de paix en 1994.

    Selon HRW, près de 94 % de la Vallée du Jourdain est actuellement hors d’atteinte pour les Palestiniens. Selon l’organisation israélienne B’Tselem, 45 km2 seulement sur les 2 400 que compte la Vallée sont sous contrôle de l’Autorité palestinienne et seuls 50 000 Palestiniens sont autorisés à vivre dans les villages sous contrôle israélien. Les autres doivent, pour y accéder, obtenir un permis des autorités militaires.

    Trente-sept colonies israéliennes, peuplées d’environ 9 500 colons ont mené à la confiscation de 86 % des terres agricoles. Avec le passage de ces terres sous la juridiction des conseils régionaux des colonies, les Palestiniens ont également été coupés de dizaines de puits servant à l’irrigation et à la consommation. Certaines communautés n’auraient ainsi accès qu’à 20 litres d’eau par jour et par personne au lieu de 487 pour les colons israéliens selon les estimations des ONG locales.

    Dans ce contexte, le développement de l’économie palestinienne se trouve dans une impasse. Le taux de pauvreté atteint ainsi 33,5 % dans la Vallée contre « seulement » 28,2 % dans le reste des territoires palestiniens de Cisjordanie.

    En raison de l’étroit contrôle militaire de la Vallée, y compris sur les constructions, l’accès à l’éducation est de surcroît refusé à plusieurs milliers de jeunes Palestiniens. Selon HRW, 39 écoles se sont retrouvées en 2013 sous le coup d’un ordre de démolition ou d’arrêt de construction, empêchant 4 500 élèves de continuer leur scolarité.

    « Il y a plus de 15 communautés sans écoles dans la Vallée du Jourdain. Ils ne sont pas autorisés à en avoir une. Beaucoup de parents ne peuvent pas payer le transport et il n’y a d’ailleurs pas de transport, ils doivent utiliser des taxis privés », déplore Sireen Sawafta, actrice dans une pièce de théâtre sur le travail des enfants palestiniens dans les colonies, actuellement en tournée en Cisjordanie.

    « Je n’aime pas travailler dans les colonies », dit Mohammed, « mais je dois le faire. Je préfère travailler dehors avec les moutons, avec mon père, c’est beaucoup mieux. » Son rêve est de réparer des bicyclettes.

    Produire des alternatives économiques viables

    HRW appelle au boycott des produits israéliens venant des colonies et au soutien à la création d’alternatives économiques pour les Palestiniens de la Vallée du Jourdain.
    Pendant ce temps, les acteurs locaux font également de leur mieux pour résoudre le problème. Yousef Zubeidat, directeur de l’école de Fasayel, un village proche de Zbeidat, a aujourd’hui 157 enfants à sa charge contre 75 à l’ouverture de l’école en 2008.

    « J’ai demandé à toutes les organisations de nous aider, pour changer les mentalités, la culture, laisser les enfants à l’école. Nous conseillons à ces derniers d’apprendre un métier technique au lieu d’aller travailler dans les colonies », explique-t-il. Son engagement commence à porter ses fruits. Seize enfants seulement ont quitté l’école cette année depuis septembre contre une quarantaine il y a environ trois ans. « Nous travaillons, nous changeons les choses, et nous espérons que les chiffres tomberont a zéro », affirme Zubeidat avec motivation.

    Fournir et trouver des alternatives économiques sont pour Umm Ahmad la seule solution directe au problème : « L’Autorité palestinienne ne nous offre pas d’autre travail. Les colonies sont le seul endroit où nous pouvons en trouver. La solution est de construire des entreprises et fermes palestiniennes où nous, Palestiniens, pourrons servir notre société, nos familles et notre économie nationale. »


    * Les noms marqués d’un astérisque ont été modifiés pour cet article en accord avec les recommandations sur les interviews des mineurs et de leurs familles émises par l’UNICEF et Human Rights Watch.

     


    Lire aussi : Étouffée par la politique israélienne, l’apiculture palestinienne meurt à petit feu


     

    -Correspondance, Jérusalem

    15 juin 2015 / Julie Couzinet (Reporterre)

    http://www.reporterre.net/Dans-les-colonies-agricoles-israeliennes-l-exploitation-des-enfants

  • Rhabillons les Femen ! Une réponse féministe marocaine (Orient 21)

    Le 2 juin dernier, deux Femen françaises, seins nus, s’embrassaient sur l’esplanade de la tour Hassan à Rabat, prétendant manifester de la sorte leur solidarité avec la communauté LGBT marocaine.

    Si certains militant-e-s et féministes ont pu y voir un geste fort anti-homophobie et anti-patriarcat, d’autres dénoncent une attitude paternaliste et post-coloniale qui ne peut que nuire aux luttes d’émancipation menées au Maroc par les femmes et les groupes marginalisés.

    Deux activistes des Femen ont débarqué mardi 2 juin à Rabat pour une action seins nus sur la très symbolique esplanade de la tour Hassan. Le poing levé, c’est en se donnant en spectacle dans un baiser «  intersexe  » que ces deux activistes ont entendu manifester leur solidarité avec le groupe LGBT (Lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres) au Maroc. Cette petite escapade en «  terre d’Arabie  » qui marque la première venue des Femen au Maroc a été interprété par certaines féministes progressistes et par certains militants LGBT comme un geste fort censé venir éclairer nos sociétés archaïques et sauver nos mentalités dégénérées par l’homophobie et le patriarcat arabe.

    Pourtant, ce qu’expriment les actions éclair des Femen qui «  font le buzz  » n’est rien d’autre qu’un mépris envers toutes les femmes qui luttent depuis des années au sein de la société marocaine. C’est de ces femmes-là que l’on devrait normalement parler. Celles qui militent au grand jour, mais aussi celles qui décident de lutter dans l’ombre, celles qui refusent même, parfois, de se définir féministes mais qui sont de fait des femmes qui se battent au quotidien dans la société marocaine.

    Il serait bon de rappeler aux quelques défenseurs marocains des actions des Femen que ce groupe d’activistes n’est en rien représentatif de la cause féministe. Il en est même la manifestation la plus dévoyée et la plus odieuse. D’ailleurs, de nombreuses féministes, y compris occidentales, dénoncent le caractère islamophobe et impérialiste de leurs actions. Deux critiques majeures sont à retenir. Premièrement, ce groupe d’activistes instrumentalise le corps des femmes en exhibant des plastiques qui répondent complaisamment et en tous points aux standards imposés par les canons de beautés eurocentrés. Deuxièmement, en imposant leurs agendas politiques sans concertation ni même prise en compte des stratégies internes et propres aux dynamiques des différentes luttes existantes au Maroc, elles participent à monopoliser et à façonner un débat déconnecté des réalités locales.

    Si les critiques fusent à l’encontre des Femen, c’est bien parce que bon nombre de féministes s’insurgent de la direction qu’elles font prendre à la cause des femmes en général. Ces critiques ne sont pas l’expression d’un archaïsme  ; elles témoignent en réalité de l’effervescence des féminismes qui s’inventent et se pratiquent de par le monde. Aujourd’hui, un feminism of color existe, de même qu’un «  féminisme islamique  », et bon nombre de féministes du Nord dénoncent elles aussi le racisme structurel induit par ce type de discours qui infériorise, au nom de la liberté des femmes, les sociétés post-colonisées. En créant l’image d’une communauté musulmane minée par le «  patriarcat arabe  », les Femen produisent un discours qui réduit les rapports de force à une sorte de pathologie culturelle.

    Plus grave encore, en imposant un discours essentialisant, les Femen tentent également d’imposer des pratiques de résistance. Avec leur guide de bonnes pratiques militantes, elles ne font que reproduire un discours paternaliste tout à fait insupportable à toute personne qui entend s’inscrire dans une lutte pour l’émancipation. Les actions paternalistes, de type Femen, qui bénéficient, usent, et abusent du white privilege (privilège blanc) ne peuvent qu’engendrer des dégâts néfastes à toute possibilité d’instauration d’un dialogue social autour de questions aussi épineuses que celle de la dépénalisation des pratiques sexuelles — en particulier homosexuelles —, au Maroc. En effet, ce type d’action qui instrumentalise la question des libertés individuelles participe à dépolitiser les questions sociales, notamment en refusant de pointer les causes politico-structurelles à l’œuvre dans la criminalisation des mœurs, au profit d’un mépris sociétal et d’un discours pathogène.

    Toutefois, en dépit de tous les efforts déployés par des groupes assimilés à l’hégémonie occidentale, une alternative s’organise. Il est important de savoir qu’existe une pluralité de voix issues des sociétés post-colonisées, qui dialoguent et essaient de trouver leur propre voie d’autonomie. Elles donnent du courage, car bon nombre de défenseurs du féminisme «  va-t-en-guerre  » pensent que tout ce qui ne répond pas aux critères érigés par un féminisme eurocentré est une offense à la cause des femmes et une défense du patriarcat. Et ils sont nombreux et surtout ils (ou elles) sont ceux qui ont le pouvoir, tant médiatique que politique.

    À ces critiques, il faut simplement oser dire non  !

    Il faut oser dire, que nous, femmes marocaines, nous ne voulons plus être le bras droit d’un féminisme qui se veut prétexte à une réduction de l’homme arabe au patriarcat.

    Il faut oser affirmer que ce type de féminisme laïcard, éradicateur, exprime non seulement un mépris de classe repris par certaines de nos élites progressistes, mais surtout qu’il infériorise notre culture en niant totalement les expressions complexes et diverses des résistances des femmes qui s’expriment et se pratiquent constamment dans le quotidien marocain.

    Il est temps d’oser affirmer que nous avons le pouvoir et le devoir de ne pas vouloir que la cause des femmes soit le prétexte à des discours impérialistes, directement empruntés aux discours coloniaux. Des discours utilisés pour justifier les interventions étrangères et les politiques islamophobes qui affectent négativement toute la diaspora maghrébine en Europe.

    Et, pour ce qui est de notre émancipation, que les féministes du Nord cessent de s’inquiéter : on s’en charge  !

     
    Soraya El-Kahlaoui  16 juin 2015
    Doctorante en sociologie à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS) et contributrice pour Le Monde Afrique.

    http://orientxxi.info/magazine/rhabillons-les-femen,0936