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Révolutions Arabes - Page 211

  • La majorité des harkis est restée et n’a pas été tuée (La Marseillaise)

    Avec « Le Dernier tabou », le journaliste Pierre Daum signe un nouvel ouvrage explosif sur l’histoire de la guerre d’Algérie. 

    Après Immigrés de force, les travailleurs indochinois en France (1939-1952), et Ni valise ni cercueil, les Pieds-noirs restés en Algérie après l’indépendance, le journaliste Pierre Daum signe chez Actes Sud Le Dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’Indépendance un nouvel ouvrage qui questionne le passé colonial de la France.

    Qu’est-ce qui vous a conduit à consacrer ce livre aux harkis qui témoigne d’une réalité plus complexe que celle communément admise par la mémoire collective ?

    Cette nouvelle enquête s’inscrit dans le fil de mon précédent travail sur les pieds-noirs restés en Algérie après l’Indépendance. Elle permet de complexifier notre connaissance du passé colonial français en Algérie qui parfois reste figé sur certaines idées reçues. Mon travail sur les pieds-noirs m’avait permis de fissurer un des piliers du discours des nostalgiques de l’Algérie française qui martèlent qu’à l’Indépendance c’était « la valise ou le cercueil ».

    Avec cette nouvelle enquête, je fais exploser un deuxième pilier de leur discours selon lequel la France gaulliste aurait lamentablement abandonné en 1962 les harkis à la vengeance du FLN qui les aurait « massacrés » jusqu’au dernier. Je montre que ce ne fut pas le cas, et que la majorité des « harkis » est restée vivre en Algérie, sans y être tuée. Issus de la paysannerie, écrasés par une misère renforcée par la guerre après 130 ans d’oppression coloniale, ces hommes sont retournés dans leurs villages où les sociétés paysannes se sont retrouvées à devoir recoller les morceaux.

    Qui appelez-vous « harkis » ? Quel était leur nombre ?

    Au départ je pensais me concentrer sur les harkis au sens premier du terme, c’est-à-dire des supplétifs de l’armée française. Au total, les différentes catégories de supplétifs de l’armée françaises comptaient 250 000 hommes adultes. Au cours de mon enquête, je me suis rendu compte que les supplétifs (civils avec des fonctions militaires) n’avaient pas été les seuls à porter l’uniforme français pendant la guerre.

    Il y avait également des militaires de carrière intégrés à l’armée française comme dans toutes les armées coloniales (50 000 hommes), ainsi que les appelés algériens du contingent (120 000 hommes). La conscription s’appliquait en effet aux jeunes d’Algérie comme de métropole et, dans une Algérie façonnée par 130 ans de colonisation, l’idée très ancrée que les Français étaient «ceux qui gouvernent» a conduit l’immense majorité des jeunes de 18 ans à répondre à l’appel du service militaire.

    À tous ceux-là, j’ai ajouté les notables algériens ouvertement pro-français : maires, caïds, conseillers généraux, etc. Leur nombre est évalué à 30 000. En tout, ce sont donc 450 000 hommes adultes algériens qui se sont retrouvés à un moment ou à un autre du côté des Français.

    Ce chiffre que vous avancez provoque la fureur des deux côtés de la Méditerranée. Pourquoi est-il selon vous le « dernier tabou » de la guerre comme l’annonce le titre de votre ouvrage ?

    Pour des raisons différentes. En Algérie, le simple fait d’avoir collecté ce chiffre en confrontant toutes les sources -ce que d’autres auraient pu faire- a créé un scandale. J’ai été attaqué par le ministre des Moudjahidine car mon livre contredit le discours officiel selon lequel le 1er novembre 1954, le peuple algérien se serait soulevé tout entier contre la puissance coloniale.

    Ceux qui ont pris les armes n’étaient qu’une minorité. Ils n’en sont que plus admirables. En France, le scandale c’est de dire que de nombreux harkis sont rentrés au village sans se faire « mas- sacrer ». Cela met en fureur les associations de rapatriés et de harkis dont le discours est conditionné par les idéologues de l’Algérie française. Mais les harkis rapatriés en France -qui y ont été scanda- leusement mal traités- forment une petite minorité : 25 000 hommes au maximum, auxquels s’ajoutent leurs familles. C’est bien là la révélation de mon livre : sur 450 000 Algériens qui ont combattu du côté de la France, une majorité est restée et n’a pas été tuée. Ce qui n’efface pas les milliers d’assassinats de « harkis » en 1962, dans une situation de chaos politique et de justice populaire expéditive.

    Comment s’est déroulée l’après-guerre d’Algérie pour cette majorité de harkis qui n’a pas été passée par les armes ?

    La première année a été très douloureuse. Certains ont subi la torture, l’emprisonnement, des travaux forcés. Ensuite, leur réintégration aux sociétés paysannes traditionnelles s’est souvent accompagnée d’une cruelle relégation sociale. Aujourd’hui encore, alors que le peuple paysan algérien est progres- sivement sorti de l’extrême pauvreté, on constate que les harkis et leurs enfants ont tendance à avoir été maintenus dans cette misère originelle.

    Quelles étaient les motivations des harkis de l’époque ? Soixante ans après le début de la guerre que vous en ont dit les témoins que vous avez retrouvés ?

    Mon enquête confirme des travaux antérieurs qui depuis une dizaine d’années ont complètement démonté cette fausse idée selon laquelle les harkis se seraient massivement engagés par amour du drapeau tricolore, par patriotisme, voire par désir de maintenir l’Algérie française. Ce discours est tenu depuis 50 ans par différents groupes sociaux.

    D’abord par les nostalgiques de l’Algérie française, mais aussi en miroir par toute une partie de la gauche et de l’extrême gauche françaises qui ont un rapport très suspicieux vis-à-vis des harkis qu’ils considèrent comme des traîtres, ce qui est aussi le point de vue de l’histoire officielle algérienne. Dans les médias algériens, je n’hésite pas à dire que finalement, le regard porté par les officiels algériens sur les harkis est exactement le même que celui des anciens de l’OAS.

    En réalité, les motivations principales des harkis étaient la pauvreté et la façon que l’armée française avait de mouiller certaines familles dans les villages aux yeux d’un FLN qui n’hésitait pas à pratiquer une violence aveugle. Les harkis, que j’ai retrouvés dans soixante villages différents, témoignent de cet aspect terriblement pervers de l’oppression coloniale. La France a placé des millions d’Algériens dans une situation telle que la seule solution pour donner à manger à leur famille ou pour se soustraire aux menaces du FLN était de frapper à la porte de la caserne française.

    Comment analysez-vous le rapport de suspicion qui existe encore aujourd’hui dans la gauche anti-coloniale à l’égard des harkis ?

    Il résulte selon moi d’une erreur de compréhension de la complexité de la guerre d’Algérie. La grille de lecture de la Seconde Guerre mondiale et de l’Occupation nazie, avec le clivage collaboration-résistance, a été plaquée à tort sur la guerre d’Algérie. Les harkis de 1954 ne sont pas les collabos de 1940, parce que leurs motivations n’étaient pas idéologiques. à l’issue de mon enquête, j’ai compris que les harkis constituent les ultimes victimes de la colonisation française en Algérie.

    Entretien réalisé par Léo Purguette jeudi 4 juin 2015 13:42

    http://www.lamarseillaise.fr/culture/livres/39308-la-majorite-des-harkis-est-restee-et-n-a-pas-ete-tuee#.VXBBbNMd82c.facebook

    Lire aussi El Watan:

    http://www.berberes.com/histoire/5424-pierre-daum-journaliste-auteur-de-le-dernier-tabou-les-harkis-restes-en-algerie-apres-l-independance

  • Les harkis, le dernier tabou", de Pierre Daum (Le Matin.dz)

    Des dizaines de milliers de harkis étaient engagés au côté de l'armée française.  

    Des dizaines de milliers de harkis étaient engagés au côté de l'armée française.

    Ce livre démontre qu’il y a encore des anciens harkis qui vivent encore en Algérie.

    Il bat en brèche la tapageuse campagne menée depuis un demi-siècle par les nostalgiques de l’Algérie française qui ressassent jusqu’à la nausée le massacre massif de ces hommes engagés aux côtés de l’Armée contre le FLN/ALN.

    Eh oui, tous les harkis restés en Algérie ne sont pas éliminés, tués, massacrés, trucidés. Les témoignages recueillis dans ce livre par Pierre Daum en sont les meilleures preuves. Les maquisards de l’ALN ne sont pas tous ces méchants égorgeurs, non. Le mensonge savamment entretenu par les porte-voix de la colonisation et leurs relais dans la presse a touché ses limites.

    "A l’issue de cette longue enquête, j’ai acquis la conviction que la plupart des «harkis» sont restés en Algérie sans y être tués (…) Reconnaître ce fait historique oblige en France à s’extraire radicalement de la vision imposée depuis 50 ans, qui affirme que tous ceux qui sont restés se sont fait «massacrer», payant de leur sang leur "amour du drapeau français". Toujours selon ce discours, ces hommes et leurs souffrances seraient la preuve de la légitimité de la présence française en Algérie (puisque tant de "musulmans" ont défendu l’Algérie française", écrit en conclusion Pierre Daum, auteur déjà de "Ni valises ni cercueil" qui retrace la vie de ces pieds-noirs restés en Algérie et paru en 2012.

    L’auteur commence son livre avec une longue et riche introduction historique. Pierre Daum bouleverse les idées entendus et distillées ici et là. D’abord, il n’y a aucune directive du FLN visant à tuer les harkis. Ensuite le chiffre de 10 000 harkis tués pendant l’été 1962. Il n’y a aucune source qui vient étayer le nombre exact de harkis tués. Mais au-delà de la guerre des chiffres il est important de rappeler que la situation des Algériens était autrement des plus préoccupantes en cette première année de l'indépendance.

    Pierre Daum écrit en parlant des autorités algériennes et françaises que "ni les uns ni les autres ne se sont préoccupées des harkis". Aussi dramatique que pouvait être en effet la situation de ces hommes qui ont choisi (ou ont été poussés) l’armée française, il est manifeste que, pour les nouveaux responsables de l’Algérie, l’urgence était ailleurs. Elle dépassait celle d’une communauté, par ailleurs qui avait choisi son camp. Outre les sanguinaires commandos de l’OAS qu’il fallait neutraliser, il y avait la prise en charge des milliers de prisonniers libérés et les autres milliers de civils libérés des camps de regroupement. Sans oublier la guerre sourde d’abord puis frontale entre les moudjahidine de l’intérieur et l’armée de l’extérieur. La tâche des nouvelles autorités algériennes était immense. Le constat est, certes, vrai, mais le contexte est des plus compliqués et la situation trouble, notamment pour les Algériens.

    Le livre de Pierre Daum est épais, dense, plus de 500 pages entre analyses des sources et la soixantaine de témoignages recueillis auprès d’anciens harkis, vivant toujours en Algérie. Le mérite de ce livre-enquête est qu’il ne prend pas de raccourcis, traquant toutes les hypothèses et autres assertions sur les harkis, autant d'approximations, voire de mensonges devenus avec le temps des "vérités" pour nombre de personnes. Chiffres et sources croisés à l’appui, Pierre Daum analyse et met sur la table les éléments d’information disponible sur ces supplétifs de l'armée française. A l'indépendance, ces hommes et leurs familles ont été oubliés par ceux qui les avaient engagés à leur côté.

    L’auteur écrit que sur les 40 500 harkis à qui l’armée française a proposé différentes options, "21000 ont demandé à être licenciés avec prime, 1000 se sont engagés, 2000 ont souscrit au contrat de six mois, 1500 ont demandé à venir en France avec leurs familles et 15000 sont rentrés chez eux sans demander à bénéficier des dispositions prévues en leur faveur".

    L’auteur avance, argument à l’appui, que la majorité des harkis a choisi de rester en Algérie. Cependant un demi-siècle plus tard, renversement de tendance, les anciens harkis et leur descendance font des mains et des pieds pour quitter l’Algérie. L’administration française est assaillie de demande de nationalité. Des centaines de dossiers d’Algériens se réclamant harkis arrivent sur les bureaux. Certains ont la haine recuite contre ce qu’ils appellent le fellaga, d’autres essayent de tirer un trait sur ce passé lourd à porter.

    Même si l’auteur aurait pu se passer de certains détails qui n’ajoutent en rien à l’importance du livre, "Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l’indépendance" demeure comme l’un des meilleurs titres sur cette question qu’on refuse d’aborder avec la sérénité nécessaire encore en Algérie.

    La plaie, laissée par la participation de ces hommes à la guerre contre le FLN/ALN, n’est pas pansée et les éléments d’explication, d’études et d’analyse non encore mis en place par les Algériens et pour les Algériens. Ce travail est à mener comme celui de la réappropriation de l’histoire nationale.

    Kassia G.-A.

    "Le dernier tabou, les harkis restés en Algérie après l'indépendance", chez Actes sud.

    Par Le Matin | 01/06/2015 15:01:00

    http://www.lematindz.net/news/17581-les-harkis-le-dernier-tabou-de-pierre-daum.html

  • Attentat à la bombe contre un meeting du HDP à Diyarbakir: manifestation à Bruxelles (LCR.be)

     

    Environ 400 Kurdes ont protesté cet après-midi sur la Place du Luxembourg à Bruxelles, en face des bâtiments du Parlement européen contre l’attentat à la bombe qui a ciblé hier un rassemblement du parti kurde de gauche HDP électoral, à Amed (Diyarbakir).

    Un attentat qui a fait au moins 3 morts et 402 blessés, dont 16 graves. Cet attentat est le triste paroxysme d’une violence à laquelle a dû faire face la campagne électorale du HDP ces dernières semaines (voir davantage à ce sujet dans la déclaration du HDP, représentation Europe ci-dessous). L’action a été appelée par les partisans du HDP et le mouvement national kurde en Belgique. Des protestations ont eu lieu dans de nombreux pays aujourd’hui, y compris tout naturellement en Turquie et au Kurdistan même.

    Les élections de ce dimanche en Turquie pourraient impliquer un important tournant: si le HDP, qui participe pour la première fois non pas avec des candidats indépendants, mais en tant que parti, franchisse le seuil de 10%,  Erdogan devra donc oublier la majorité suffisante au Parlement qui lui permettra d’effectuer un amendement constitutionnel dans le but d’instaurer un régime présidentiel fort.

    Un mauvais résultat pour le HDP et une victoire de l’AKP (Parti pour la justice et le développement, d’Erdogan) sans un contrepoids progressif risque alors de porter non seulement un coup très dur à la lutte pour les droits nationaux kurdes, mais aussi au mouvement des femmes, le mouvement des travailleurs indépendants qui émerge lentement, au mouvement LGTB et aux droits démocratiques en général en Turquie.

    A l’action de Bruxelles d’aujourd’hui, la gauche (radicale) « belge » était, encore une fois, totalement absente, quoique le soutien large d’une bonne partie de la gauche turque en Turquie à la campagne du HDP aurait rendu aussi possible une mobilisation plus large de la gauche turque ici, aujourd’hui..

    Les enthousiastes articles, parfois totalement dépourvus d’esprit critique au sujet des idées « à connotation libertaires » d’Ocalan et du PKK, et les bien intentionnés voyages de solidarité au Kurdistan turc , iranien, syrien, etc., ne peuvent malheureusement remplacer un mouvement de solidarité réel et concret dans son propre pays . Et comme toujours, ici aussi les grandes organisations devraient assumer leur plus grande responsabilité…

    Traduit du néerlandais par Rafik Khalfaoui

     

    Tentative de massacre contre un rassemblement de HDP à Amed (Diyarbakir) en Turquie : des centaines de civils blessés, au moins 4 morts

    La tension politique a été délibérément intensifiée de la part du Parti pour la justice et le développement (AKP – Adalet ve Kalkınma Partisi) et du président Erdoğan, qui est censé être impartial, à la veille des élections législatives, alors que les sondages d’opinion montrent une diminution dramatique des intentions de vote pour l’AKP.

    Après avoir participé avec des candidats indépendants lors des deux élections législatives précédentes et afin d’atteindre un seuil électoral  plus élevé, le HDP a décidé de défier l’AKP et a participé entant que parti pour les élections du 7 juin. Si le HDP parvient à dépasser le seuil de 10%, l’AKP n’aura pas 330 sièges au Parlement qui sont nécessaires pour effectuer un amendement constitutionnel au référendum. En fonction des résultats des deux autres partis, il est également très possible que l’AKP ne gagnera pas suffisamment de sièges pour former le gouvernement de la majorité pour laquelle il faut avoir 276 sièges.

    Comme les résultats de ces élections vont radicalement changer l’avenir de la Turquie, vers une continuation de la dictature d’Erdoğan ou une transformation démocratique avec une puissance amoindrie de l’AKP, la situation fragile actuelle est provoquée par l’AKP et le président Erdoğan contre le HDP. Depuis le début de la campagne électorale, plus de 250 endroits différents, y compris nos bureaux et sièges du parti, nos voitures, les membres et les bénévoles ont été attaqués.

    La violence contre les membres et les bureaux  du HDP s’intensifie à mesure que le jour de l’élection s’approche. Après les attentats à la bombe contre nos bureaux de Mersin et Adana le 18 mai, plusieurs autres grandes attaques ont eu lieu jusqu’à présent. Le 3 juin lors d’une attaque armée à Bingöl sur une fourgonnette utilisée pour la campagne électorale, le pilote Hamdullah Öge a été brutalement tué.

    Le 4 juin, juste avant le meeting  électoral de notre parti à Erzurum, une foule a attaqué une fourgonnette sur laquelle étaient accrochés des drapeaux HDP, et a y mis le feu  le feu tandis que le chauffeur était à l’intérieur. Le chauffeur a été grièvement blessé. Aucun de ceux qui sont responsables de ces attaques graves n’a comparu devant la justice. Les agresseurs jouissent d’une totale impunité garantie par l’AKP.

    Le HDP avait organisé un rassemblement de masse dans la ville de Diyarbakir auquel ont participé des centaines de milliers de personnes quelques jours avant l’élection générale du 7 juin. Ceux dont le succès du HDP a secoués ont perpétré une autre attaque violente contre ce rassemblement. Deux engins explosifs montés de façon professionnelle ont explosé à trois minutes d’espace dans la zone du rassemblement.

    L’attaque d’aujourd’hui était la plus grande et la plus meurtrière des 250 attaques qui ont été perpétrées contre le HDP dans différentes villes à travers le pays. Tout comme pour les attaques précédentes, le Président et le Premier ministre sont directement responsables de l’attaque d’aujourd’hui.

    Toutes ces attaques et de nombreuses autres violations soulèvent des préoccupations sérieuses quant à la transparence et à l’équité des élections. Nous appelons une nouvelle fois  les institutions internationales et européennes de suivre de près les élections. Nous demandons également à la justice de faire la lumière sur ces événements sombres.

     HDP, Représentation en Europe

    Le 5 juin 2015

    http://www.lcr-lagauche.org/attentat-a-la-bombe-contre-un-meeting-du-hdp-a-diyarbakir-manifestation-a-bruxelles/

    Voir aussi:

    http://orientxxi.info/magazine/les-kurdes-sauveront-ils-la-democratie-en-turquie,0925

  • Algérie. Les enfants migrants clandestins malgré eux (CI)

    http://www.atlasinfo.fr/photo/art/default/7213324-11071701.jpg?v=1417045282

    De plus en plus de mineurs prennent la route de la migration seuls ou avec leur famille et vivent dans la précarité, privés de leurs droits les plus élémentaires. Le reportage du quotidien algérien El-Watan.

     

    Immobile sur le seuil de la porte de chez lui, Nacer, 5 ans, tend l’oreille. “Mes amis sont dehors, je vais jouer !” s’exclame-t-il à l’adresse de sa mère, Thérèse, assise à l’intérieur. Indécis, le garçon aux grands yeux bruns et au sourire désarmant de malice ne bouge pas, scrutant les alentours de sa “maison”, le squat de Bouchbouk, à Dély Ibrahim [banlieue ouest d'Alger]. Thérèse, dont le garçon a hérité le sourire, ne le quitte pas du regard, tout en rangeant son intérieur. Une table basse, quelques chaises, une télévision et un réfrigérateur.

    L’on devine la présence d’une salle d’eau de l’autre côté. La pièce, dont les panneaux de séparation sont peints en bleu électrique, est certes exiguë, mais propre. L’enfant y déboule comme une tornade et en ressort aussitôt en courant. “Ne cours pas dans les escaliers Nacer, fais attention !” crie, affolée, sa mère. Et à raison. Les marches, nues, sont en colimaçon et donnent directement sur le vide. “Il y a souvent des accidents, des chutes. Mon fils est d’ailleurs tombé plusieurs fois, mais heureusement ça n’a jamais été trop grave”, relate-t-elle. Des rires d’enfants qui jouent se font entendre. Le quartier résidentiel, où les villas imposantes côtoient les chantiers, est calme.

    Dans ce squat, une carcasse de villa inachevée, ils sont ainsi, entre allées et venues, quelque 400 à s’entasser et à se croiser dans les petits espaces des trois étages. Parmi eux, des dizaines d’enfants grandissent sans se départir de leur insouciance. A l’échelle nationale, ils sont des milliers de mineurs, victimes impuissantes de la folie et de la haine des “grands”, ou involontairement otages des aspirations de leurs parents à une “vie meilleure”. Noyés dans la masse que l’on nomme “les migrants”, il n’est pas aisé de savoir combien vivent dans la clandestinité sur le sol algérien, privés de leurs droits les plus élémentaires.

    Dans les locaux du service social intercontinental Rencontre et développement, l’on reçoit une moyenne de 15 à 20 migrants par jour. En 2013 par exemple, ce réseau a dû prendre en charge quelque 870 migrants subsahariens, issus de 25 nationalités différentes. Parmi eux, plus de 200 étaient mineurs à leur arrivée en Algérie, dont une quarantaine, en général des demandeurs d’asile, étaient des enfants seuls. Contrairement aux réfugiés, le statut de ces enfants ne leur ouvre le droit à aucune aide ou prise en charge formelle. Pourtant, dès leur plus jeune âge, ils sont confrontés à toutes sortes de violences.

    Le cycle des injustices ne fait que commencer

    La première étant la migration et la traversée en elle-même. “L’on sous-estime les épreuves que ces personnes, et a fortiori les plus jeunes, ont dû traverser avant d’arriver ici”, rappelle Imène, de Médecins du monde. Les récits font d’ailleurs froid dans le dos. Lorsqu’ils arrivent, enfin, à Alger, c’est dans un état de fatigue et de désespoir extrême, et au prix de mille traumatismes et profonds stigmates.

    “De nombreux cas d’abus ont été signalés, même s’ils sont souvent tus. Il n’est pas rare que l’un d’eux ne préfère pas raconter dans le détail ce qui lui est arrivé”, affirme Hamid, de Rencontre et développement. “Il y a par exemple ce cas d’une migrante et de ses quatre enfants. Un gendarme lui a demandé 10 000 DA pour passer, sans quoi elle devait lui laisser son aînée, une fille de 13 ans”, s’indigne-t-il, écœuré. “Il a fallu l’intervention d’un autre Algérien, dégoûté, qui lui a donné la somme demandée”, poursuit-il.

    Mais il y a plus grave. “Même si elle ne le raconte pas, l’on sait qu’une fillette qui avait à peine 11 ans à l’époque a été enlevée, puis forcée à la prostitution, puis vendue et rachetée, avant d’être ‘libérée’ par l’une de ses compatriotes”, confie un travailleur dans l’humanitaire. Et le cycle des injustices ne fait que commencer pour ces enfants, et ce même lorsqu’ils naissent sur le sol algérien.


    “Ici, c’est le restaurant ! Bienvenue en Côte d’Ivoire !” lance-t-on à la cantonade. En fait de restaurant, il s’agit d’une petite pièce aux murs à la peinture défraîchie. L’odeur de nourriture et d’épices sature l’air confiné. L’espace, pourtant très réduit, sert de chambre à coucher, de salle de séjour et de cuisine-restaurant, comme en attestent les réchauds et les grosses marmites autour desquels s’affaire une dame en tablier.

    Des piles d’affaires s’entassent ça et là, tandis que plusieurs matelas et paillasses sont empilés tout autour de la pièce sombre. Assis en face d’une télévision, des enfants semblent hypnotisés par les aventures de l’universelle Dora l’exploratrice. Ils répètent à l’unisson ce que leur héroïne martèle. “Chut ! Doucement, vous allez le réveiller !” ordonne Dominique, en désignant la petite tête brune qui dépasse d’une couverture. “J’ai quatre enfants. L’aîné a 12 ans tandis que le dernier, celui qui dort là, a 1 an”, dit l’Ivoirienne, qui vit en Algérie depuis plus de deux ans.

    En dépit des conditions de vie précaires qui sont les leurs, les femmes sont nombreuses à fonder une famille, malgré tout. “En 2014, pour les seules villes d’Alger et d’Oran, nos équipes ont enregistré 114 naissances dans les communautés migrantes”, avance Imène, de Médecins du monde. “Cela peut paraître incompréhensible au vu de leur situation. Mais c’est justement leur précarité qui rend précieuse une naissance. De même, les femmes considèrent qu’enfanter est une protection”, explique-t-elle. “Elles vivent dans des milieux de violence, et que cela soit dans leur communauté, dans la rue face aux passants, ou encore vis-à-vis des forces de l’ordre, elles sont rassurées d’avoir des enfants”, tente-t-elle d’analyser. Même si cette idée reçue est constamment contredite, certaines pensent qu’un enfant né sur le sol algérien pourra leur faciliter, un tant soit peu, une régularisation de leur situation. Si les familles s’agrandissent, la gestion de ces grossesses et de ces naissances n’est pas une sinécure.

    Accès aux hôpitaux ou centres de soins interdit

    Médecins du monde aspire ainsi, à travers un programme dédié à cet effet, à permettre à ces femmes de porter leurs enfants et de les mettre au monde dans les meilleures conditions possibles. N’était la sensibilisation, et parfois même le forcing des bénévoles de l’ONG, rares seraient les structures hospitalières à les accueillir. “Il y a encore quelque temps, il arrivait souvent que l’accès aux hôpitaux ou centres de soins leur soit interdit. Il est même arrivé que le personnel soignant, craignant d’avoir des problèmes avec les autorités, appelle les services de sécurité”, rappelle Imène, qui se réjouit que soient dispensés les suivis de grossesse, carnets de vaccination et autres soins pré- et postnatals.

    L’autre casse-tête que provoquent ces naissances est la reconnaissance des enfants et leur identification. “Avant, elles ne recevaient qu’une attestation d’accouchement. Les enfants n’avaient donc aucun document établissant leur identité. Aujourd’hui, et après moult explications et orientations, un extrait de naissance leur est délivré à la mairie”, explique-t-elle. Seulement, cela n’épargne pas à certains petits des imbroglios, comme ceux dont les parents sont entrés en Algérie sous une fausse identité. “De même, les couples ne sont généralement pas mariés et n’ont, de ce fait, pas de livret de famille. Ils sont donc affiliés à la maman et non au papa”, ajoute-t-elle.

    Au-delà des conditions de vie et de l’insécurité du présent, l’avenir est le spectre commun. La plus grande inquiétude des parents est la scolarisation de leurs bambins. “Non, je ne vais plus à l’école. Avant de venir ici, j’étais en 2e année. Et ça me manque. Mes copines aussi me manquent.” Cynthia, au milieu de l’agitation des adultes du squat de Bouchbouk, est silencieuse. Assise devant des dessins animés, elle est indifférente au brouhaha alentour.

    Malgré sa jolie robe, la fillette ne sortira pas de la journée. “Je ne fais rien de particulier de mes journées. Je regarde la télévision, je joue parfois”, dit-elle doucement, en ajoutant qu’elle s’ennuie souvent. Les enfants de ce squat ne vont pas à l’école ou à la maternelle. Pourtant, le ministère de la Solidarité nationale avait annoncé, il y a quelques mois, que tous les mineurs sur le sol algérien devaient être scolarisés. “Après avoir pris connaissance de cette sortie médiatique, j’ai entamé les démarches, et ce en demandant une autorisation spéciale auprès du ministère de l’Education nationale”, indique Mireille, mère de deux fillettes, dont l’aînée a 6 ans.

    “On m’a dit que c’était trop tard, et que je devais réessayer avant la rentrée prochaine”, poursuit-elle. Toutefois, l’un des écueils de taille que rencontrent les enfants subsahariens dans ce volet est le problème de la langue. “Ils sont majoritairement francophones, voire anglophones ou lusophones. Faire des études en arabe leur semble inconcevable ou trop difficile”, estime Imène, de Médecins du monde. Reste alors l’établissement de Descartes ou encore les écoles privées, hors de prix. “Rien que pour la scolarisation de 10 enfants, dont 4 en crèche, et en comptant les formations professionnelles, nous avons déboursé 3 millions de dinars [27 000 euros]”, expliquent Sihem et Hamid, du service social intercontinental Rencontre et développement.

    Ce qui est peu au vu du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école. “Le nombre d’inscrits dépend des budgets dont nous disposons. En 2013 par exemple, ils étaient 54 migrants à bénéficier de cette prise en charge, dont 23 enfants scolarisés”, ajoutent-ils. Ce qui n’est, malgré tous les efforts de la société civile, qu’une goutte d’eau dans le désert. Alors, quel avenir pour ces enfants ? “Il est clair que nos conditions de vie sont difficiles. Mais il faut aussi comprendre que si nous arrivons à faire avec, c’est tout simplement parce que ‘chez nous’ c’était pire...”, souffle, le regard vague, Fabrice, père de deux enfants. “Nous faisons de notre mieux pour leur prodiguer amour et protection. Mais je n’ai pas de réponse à cette question. La solution est entre les mains des décideurs et des autorités”, conclut-il, amer. En attendant, le petit Nacer, la petite Cynthia et tant d’autres tentent de vivre leur enfance, privés de tout. Et une question prend à la gorge. Lancinante, têtue : et si ces enfants avaient été algériens sur un sol étranger ?

    Auteur Ghania Lassal Publié le 08/06/2015 - 07:47

    http://www.courrierinternational.com/article/algerie-les-enfants-migrants-clandestins-malgre-eux

  • Tunisie: 24 personnes jugées pour l'assassinat de l'opposant Chokri Belaïd (Al Huff' Maghreb)

    Vingt-quatre personnes soupçonnées d'être impliqués dans l'assassinat en 2013 de l'opposant tunisien de gauche Chokri Belaïd vont être jugés à partir du 30 juin, ont annoncé jeudi à l'AFP le parquet et l'avocat de l'un des accusés.

    "La première audience devant la Cour pénale du tribunal de première instance de Tunis se tiendra le 30 juin", a déclaré le porte-parole du parquet, Sofiène Sliti.

    Les accusés sont tous Tunisiens, a-t-il ajouté, vingt-trois sont en détention et un comparaîtra libre. Ils sont poursuivis pour "incitation à commettre des crimes terroristes", "adhésion à des groupes en relation avec des organismes terroristes" et meurtre avec préméditation, a indiqué l'avocat de l'un des accusés, Samir Ben Amor, qui a pu avoir accès au dossier.

    Ils sont aussi soupçonnés d'avoir "fourni des informations, un local et des dons directs afin de financer des personnes ayant des activités terroristes" et d'avoir "fourni des armes et des explosifs à un organisme en relation avec des crimes terroristes", ont précisé Me Ben Amor et M. Sliti.

    Chokri Belaïd, avocat de 48 ans, militant de tendance marxiste et panarabiste et farouche critique des islamistes, avait été assassiné par balles le 6 février 2013 devant chez lui, dans un quartier résidentiel de Tunis.

    Un assassinat qui avait choqué le pays et provoqué une crise politique.

    Les autorités avaient attribué le meurtre à la mouvance jihadiste et annoncé en février 2014 avoir tué, dans une opération antiterroriste, son assassin présumé Kamel Gadhgadhi.

    En décembre, des jihadistes ralliés au groupe Etat islamique (EI) ont pour la première fois revendiqué l'assassinat de Chokri Belaïd et celui d'un autre opposant, le député Mohamed Brahmi.

    Mais la famille de Chokri Belaïd continue de dénoncer des "zones d'ombre" et de réclamer la vérité.

    "Pour nous, rien n'a changé (...). Nous dirons qu'il y aura eu du changement lorsque pour le troisième anniversaire, les gens (responsables de son assassinat) auront été identifiés et jugés et que nous aurons connu le scénario entier: qui a planifié, qui a financé, qui a couvert les terroristes", avait déclaré sa veuve, Basma Khalfaoui, en février.

  • 13 mai 1958, campagne anti haïk en Algérie (Babzman)

     

    Le 13 mai 1958 débute une campagne d’occidentalisation (c’est le terme employé par les médias de cette époque) et visant la femme algérienne.

    Le pouvoir colonial aidé par la population européenne veut, par la contrainte et la force, obliger la femme algérienne à se débarrasser du haïk, voile traditionnel, symbole de l’identité et de l’histoire du pays, porté depuis des lustres par la gente féminine algérienne.

    S’en suit des actes de menaces, de renvoi des femmes musulmanes de leur travail ou des actes délibérés d’arrachage de voile sur la voie publique par la population européenne. Sous les cris de joie et du slogan «vive l’Algérie française» martelé à l’envie par les Européens. On assiste à des scènes de prosélytisme barbare où des femmes musulmanes sont exhibées sur des podiums improvisés pour les dévêtir de leur voile et le bruler ainsi sur la voie publique.

    Le haïk est bien plus qu’un symbole culturel bien encré dans la société algérienne, c’est également une arme efficace contre l’occupant. Pendant la guerre d’Algérie et notamment lors de la bataille d’Alger, cet accoutrement a permis aux femmes de transporter au péril de leur vie des armes et des bombes destinées aux combattants algériens afin de mener des actions armées contre les forces de l’occupant. Ce vêtement a donc été un moyen d’émancipation et de combat pour les femmes algériennes et qui leur a permit de s’engager pleinement dans le processus de libération du pays.

    Frantz Fanon, psychiatre en 1953 à l’hôpital psychiatrique de Joinville (Blida) est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France en Martinique. Héros de la lutte antinazie en 1943 et figure de proue du combat contre le colonialisme et pleinement engagé pour l’indépendance de l’Algérie évoque dans son livre « Sociologie d’une révolution » le fait que le haïk de la femme algérienne était un des enjeux de la guerre libération.

    «Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la culture algérienne…Chaque voile qui tombe, chaque corps qui se libère de l’étreinte traditionnelle du haïk, chaque visage qui s’offre au regard hardi et impatient de l’occupant, exprime en négatif que l’Algérie commence à se renier et accepte le viol du colonisateur».

    Il est fort intéressant de faire un parallèle avec l’actualité brulante d’aujourd’hui et le débat prégnant qui secoue actuellement la société française. Le voile pose problème et interpelle le monde occidental. La campagne de mai 1958 en Algérie en est une illustration, elle a été menée par les mêmes qui gouvernent aujourd’hui la France. Le parti socialiste est hégémonique, colonialiste et le restera, même si la parure ou l’étiquette change.

    Le hijab, ou voile islamique, foulard musulman s’est donc imposé ces dernières années comme un symbole. Il se positionne en balise entre le dedans et le dehors, le montré et le caché, le visible et l’invisible… mais, porté par des jeunes françaises issues de l’immigration maghrébine, il devient un signifiant polysémique, qui donne à voir autant qu’il cache. Le voile met l’accent sur un conflit identitaire plus que religieux.

    Il semble pertinent de mettre en exergue le caractère relativement universel de la symbolique que l’on dénote à travers le port du voile. En effet, quelles que soient les obédiences et les traditions, on retrouve sous le voile l’idée de la Vérité, de la connaissance cachée ou révélée. Le dévoilement a une valeur initiatique et révélatrice et par conséquent ne relève pas du corps législatif ou décisionnaire.
    « Rien ne se trouve voilé qui ne doive être dévoilé» (Mathieu, 10-26)
    « Tu restais indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile, ta vue est perçante aujourd’hui». (Coran, Sourate El kaf, verset 22)

    13 mai 2015
    Akim Koceir

    http://www.babzman.com/2015/13-mai-1958-campagne-anti-haik-en-algerie/

  • Disparitions forcées: les Benaziza toujours à la recherche de leur grand-mère (Algeria Watch)

    Nedjma Benaziza

    Le 2 juin 1996, des agents en uniforme kidnappent Daouia, 68 ans. On ne la reverra plus, comme les milliers de disparus en Algérie durant les années 1990. Sa famille a pu obtenir une intervention symbolique de l’ONU qui a réclamé l’ouverture d’une enquête. En vain. La Charte pour la paix est passée par là, mais le combat des familles se poursuit.

    Voilà dix-neuf longues années qu’il se bat lui et toute sa famille pour connaître la vérité sur la disparition de sa mère. Agé aujourd’hui de 65 ans, Abdelkader Benaziza est le fils aîné de Daouia, enlevée chez elle, de nuit, par un groupe d’agents de la sécurité de l’Etat en uniforme. C’était le 2 juin 1996, dans le quartier de Bab El Kantara à Constantine. Elle avait 68 ans au moment des faits. Les agents ont prétendu qu’elle serait libérée de sitôt, au bout d’un bref interrogatoire au commissariat.

    Elle ne reviendra jamais. Abdelkader, sociologue, militant de gauche et ancien cadre de l’Etat, ciblé par les groupes islamistes armés à cause de son engagement, fait partie, lui et les siens, de ces milliers de familles de disparus que la CNCPPDH, présidée par Me Farouk Ksentini, estime à 8000, alors que des ONG algériennes et internationales donnent des chiffres nettement plus élevés.

    Mépris

    Depuis cette funeste date de 1996, la famille Benaziza est maintenue dans l’ignorance absolue de ce qu’il est advenu de la grand-mère. Kaddour, ses frères, sa femme et ses filles n’ont eu de cesse d’alerter les autorités civiles et militaires, locales et nationales qui leur ont opposé silence, indifférence et mépris. Mais beaucoup de choses ont changé depuis l’époque de l’infamante expression «allégations de disparitions» de Rezzag Bara, le président du défunt ONDH et actuel conseiller à la Présidence.

    Car, après avoir agi de manière isolée, la famille a inscrit sa démarche dans un cadre collectif au sein d’associations regroupant les familles des disparus. Grâce à la détermination et la solidarité d’ONG et de militants de droits de l’homme, ils ont réussi à briser le mur du silence ; mieux, leurs luttes ont permis de dépasser les clivages imposés par le pouvoir «qui voulait dresser les victimes de la violence et de l’arbitraire les unes contre les autres», souligne Kaddour. Leur mobilisation a également contraint le pouvoir à admettre le phénomène des disparitions forcées en Algérie tout en continuant, explique-t-il, à jouer la carte de la confusion puisque selon ses représentants l’Etat serait «responsable mais pas coupable».

    Violation

    La Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui, selon les victimes, a consacré l’impunité et imposé l’amnésie, a amené les familles de disparus à porter le combat au niveau international, et le cas de Daouia Benaziza a été traité par le comité des droits de l’homme de 2007 à 2010. En juillet 2010, l’instance onusienne a établi la responsabilité de l’Etat dans sa disparition, a considéré sa famille comme victime et a instruit les autorités judiciaires algériennes à diligenter une enquête afin de révéler la vérité sur son sort. Une constatation qui constitue une jurisprudence dans le cas algérien.

    Mais malgré ses engagements internationaux– l’Etat algérien ayant signé et ratifié le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques–, aucune suite n’a été donnée à ce jour, et le cas de Daouia n’est pas isolé. Près d’une vingtaine d’autres dossiers ont été examinés par l’instance onusienne des droits de l’homme qui les a définis comme des cas de violation des droits fondamentaux de la personne humaine, ce qui constitue une condamnation de l’Etat algérien.
    Nouri Nesrouche El Watan, 5 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/benaziza_chechent_grand_mere.htm

  • La flottille ne recule pas: le Marianne passe par des ports espagnols et portugais (Agence Médias Palestine)

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    Le bateau suédois le Marianne a quitté le port espagnol de Bueu (en Galice), où a été commémoré l’attaque en 2011 du Mavi Marmara, lors de laquelle les forces armées israéliennes ont brutalement tué 10 passagers et blessé plus de 50.

    A bord du Marianne, le Canadien Kevin Neish, un militant et ingénieur. Le Marianne est passé également par le port de Lisbonne, et mettra le cap sur Gaza pour défier le blocus israélien de ce territoire palestinien. Pour un aperçu du passage du Marianne en Espagne, voir https://www.youtube.com/watch?v=KBKv-XQTanE

    La société civile portugaise a accueilli à bras ouverts le Marianne. Lors de son passage aux différents ports sur son trajet, le Marianne sera rejoint par d’autres bateaux. Des délégués canadiens et internationaux monteront à bord des bateaux de la flottille. Destination de ces bateaux: Gaza!

    Le bombardement de Gaza l’été dernier a fait plus de 2 000 morts et a détruit des milliers de domiciles. Pour les Palestiniens, la vie devient de plus en plus pénible. Mais dès que l’on parle d’une flottille, les enfants de Gaza se rendent à la plage pour être les premiers à crier : « Voilà la flottille! » Le but de la flottille, c’est précisément de les rejoindre.

    Merci de nous suivre et d’appuyer la FF3; merci aussi de visiter et de partager ce lien pour une Exhibition des produits palestiniens d’exportation qui durera jusqu’au 8 juin. Ces produits étaient destinés originalement à l’exportation à bord de l’Arche de Gaza (avant sa destruction au mois de juillet passé) et que les producteurs palestiniens espèrent maintenant exporter à bord des bateaux de la Flottille de la Liberté III. Vous pouvez aussi «visiter» et partager cet événement sur Facebook.

    Solidairement
    Le Bateau canadien pour GAZA

    Source: Bateau Canadien pour GAZA

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/06/06/la-flottille-ne-recule-pas-le-marianne-passe-par-des-ports-espagnols-et-portugais/

  • La restauration de l’empire colonial français (Npa)

    La « Libération » n’en a pas été une pour les peuples des colonies françaises, qui se sont pourtant souvent trouvés en première ligne dans le combat contre l’Allemagne nazie. Après la guerre, la bourgeoisie française voulait remettre la main sur les colonies. A n’importe quel prix.

    Du côté des peuples coloniaux, la guerre avait changé bien des choses. Pour la deuxième fois (après 1914-1918), la métropole avait eu le plus grand besoin des troupes « indigènes » pour son combat dans la reconquête de son pays. Les populations avaient souffert et, à un moment où tout le monde parlait de liberté retrouvée, elles voulaient leur part de celle-ci. La France, une grande puissance pourtant à la tête d’un immense empire colonial, avait par ailleurs fait la démonstration en 1940 de sa faiblesse, puisque défaite presque sans combat par l’Allemagne nazie. 

    Mais l’impérialisme français tenait à ses colonies et était déterminé à les conserver, coûte que coûte. Et ça a coûté très cher ! La restauration de l’empire colonial ne se fit pas sans peine, ni massacres intensifs et prolongés. Les épisodes les plus connus sont les guerres d’Indochine et d’Algérie, mais il y eut de nombreux autres conflits souvent méconnus et cachés en France.

    L’ambition de De Gaulle était de restaurer l’Etat, la police, l’armée, et... l’empire colonial français.

    La reconquête de la métropole grâce aux colonies

    C’est apparu pour tous comme une évidence : c’est grâce à ses colonies que l’impérialisme français avait pu figurer à la fin de la guerre parmi les grandes puissances. C’est en effet par l’Afrique centrale que De Gaulle avait commencé la reconquête et ce, dès 1940, grâce au Cameroun et au Tchad. Le Cameroun était en effet la porte d’entrée vers les autres colonies, où une poignée de gaullistes étaient prêts à soutenir De Gaulle, qui y envoya Leclerc, le futur « libérateur » de Paris.

    Ancienne colonie allemande, la majeure partie du Cameroun était tombée dans l’escarcelle de la France en 1916. Certains colons, au début de la Deuxième Guerre mondiale, s’inquiétaient de voir le pays retomber dans les mains des Allemands et firent appel à De Gaulle, qui comprit très vite l’importance que cela avait pour lui. Il en fit un symbole et la première étape de la reconquête. Douala, grand port et principale ville du Cameroun, fut la première ville libérée, en même temps que Fort Lamy, capitale du Tchad, où le gouverneur, Felix Eboué, avait aussi rejoint De Gaulle. Le général  débarqua à Douala en octobre 1940. C’est donc à partir du Cameroun et du Tchad que les troupes gaullistes partirent à l’assaut des positions africaines de l’Allemagne nazie. Et c’est là que naquit l’épopée de la 2ème DB de Leclerc.

    L’empire colonial après guerre

    Grand comme 25 fois la métropole, l’empire colonial français était considérable. Il a fourni une très grosse partie des troupes des forces françaises : en 1944, celles-ci étaient composées dans leur grande majorité de troupes coloniales. Les sacrifices infligés aux populations ont été très durs : travail forcé, réquisition de produits destinés au ravitaillement des troupes, diverses contributions en argent, en travail ou en nature. Alors, à la fin de la guerre, les populations des colonies aspiraient à un changement de leur sort. Elles avaient contribué à la victoire de la métropole, avaient payé un lourd tribut à la guerre et estimaient devoir bénéficier de droits identiques, d’où le succès et le développement de nombreuses organisations nationalistes.

    Mais pour l’impérialisme français, il fallait recadrer les choses. Au début de l’année 1944, une conférence fut organisée à Brazzaville au Congo, capitale de l’Afrique équatoriale française, où de Gaulle traça sa vision pour l’après-guerre. S’il annonça des réformes sociales comme la suppression du travail forcé, des libertés syndicales, etc., il précisa qu’il était hors de question d’accorder l’autonomie et qu’il n’y avait pas d’évolution possible hors du bloc français de l’Empire, « la constitution de self-governments dans les colonies est à écarter. »

    Ces promesses pourtant très vagues étaient cependant ressenties comme inacceptables par les colons. Des « Etats généraux de la colonisation française d’Afrique noire » se réunirent en 1945 à Douala au Cameroun, puis à Paris en 1946, pour s’opposer à l’instauration d’un collège électoral unique dans les colonies et réclamer le maintien d’un minimum de journées de travail obligatoires pour les Africains.

    Il n’était donc pas question pour l’impérialisme français de laisser si peu que ce soit s’échapper les colonies de son empire, ni d’accorder même les maigres avancées demandées au départ par les premiers nationalistes, plutôt modérés. Ce fut donc l’usage de la force tout de suite partout où cela bougeait, partout où des revendications étaient exprimées, et surtout partout où des forces nationalistes pouvaient servir d’exemple dans les autres colonies. Ce fut le cas du combat acharné livré au Cameroun par exemple, qui allait durer dix longues années.

    Les premiers massacres : Thiaroye au Sénégal, décembre 1944...

    Il ne faudra pas attendre longtemps après la victoire des Alliés pour constater comment la France était décidée à traiter les habitants de ses colonies. Au Sénégal, un épisode sanglant se déroula dès le 1er décembre 1944. Un certain nombre de soldats issus de l’Afrique occidentale française (AOF), connus sous le nom de « tirailleurs sénégalais », mais provenant de nombreux pays africains, furent rapatriés à Dakar en 1944. Ces soldats, ex-prisonniers de l’armée allemande, devaient être démobilisés à la caserne de Thiaroye, banlieue sud de la capitale sénégalaise et y recevoir leur prime de démobilisation. Les autorités refusèrent de changer leur argent au taux légal, leur proposant un taux de change très défavorable, en clair les escroquant, en invoquant le fait qu’ils n’avaient pas besoin d’argent dans leurs cases !

    Le 30 novembre, las de tant d’humiliations, les soldats africains se mutinaient et retenaient le général français avant de le libérer au bout d’un jour. Le lendemain, les chars débarquaient dans le camp, massacrant les soldats africains désarmés. Bilan officiel : 25 morts et une quarantaine de blessés, chiffres largement sous-estimés, car la trace de 300 soldats a été perdue. Les survivants furent condamnés à la prison pour « insubordination ». Ils ne touchèrent jamais leur retraite de militaire.

    Le général Dagnan, responsable du camp, expliqua en des termes très clairs les motivations de la répression : « La répartition dans l’ensemble de nos territoires africains de cet afflux d’éléments animés vis-à-vis de la mère patrie de sentiments plus que douteux déterminera très vite un grave malaise parmi nos populations jusqu’alors parfaitement loyales et fidèles. Tous ces indigènes revenant de France donneront de notre pays l’image d’un pays vaincu à la remorque de puissants alliés et dont la puissance n’est plus à redouter. Partout où à proximité des villes ils resteront groupés ils formeront très vite le noyau agissant de tous les groupements hostiles à la souveraineté française. »

    … Sétif, Guelma, mai 1945

    Dès l’été 1943, les services de renseignement français constatèrent un fort mécontentement parmi la population algérienne, à cause notamment d’une situation alimentaire catastrophique. C’est donc dans un contexte tendu que se déroulèrent les commémorations de la victoire contre les nazis. Le 1er mai 1945 se déroulèrent dans tout le pays des manifestations pacifiques, où pour la première fois fut brandi un drapeau algérien. Des affrontements avec la police eurent lieu à Alger et à Oran. Le 8 mai 1945, tandis que partout en France se fêtait la victoire, en Algérie, un massacre allait être perpétré par  l’armée.

    Les manifestations étaient pourtant pacifiques, appelées pour fêter la victoire et rappeler à la France les revendications nationalistes de la population algérienne. Chez les Européens, la peur montait. L’égalité avec les Algériens était une idée qu’ils ne supportent pas. A Sétif, les policiers voulurent se saisir du drapeau du PPA (parti du peuple algérien, nationaliste). Un jeune fut tué, l’armée tira sur la foule. A Guelma, des arrestations combinées à l’action de milices de colons déclenchèrent la colère, qui se répercuta sur les colons des environs. Au total, 102 européens furent tués et autant blessés. Entre 5000 et 10 000 Algériens payèrent de leur vie la répression qui s’ensuivit.

    L’infanterie, la marine et l’aviation intervinrent pour bombarder les villages et massacrer la population. D’anciens FFI, FTP, intégrés à l’armée, furent envoyés en Algérie où on leur expliqua qu’il fallait poursuivre « leur action patriotique de nettoyage ». Ces massacres ont été le prélude de la guerre d’indépendance de l’Algérie, qui débuta le 1er novembre 1954.

    Indochine : la reconquête

    La péninsule indochinoise était occupée par les Japonais. Lorsque le Japon capitula, les nationalistes du Vietminh (front créé en 1941 par le parti communiste indochinois), qui combattaient les Japonais depuis près de quatre ans, prirent le contrôle du pays et constituèrent un gouvernement.

    La France, ne pouvant tolérer l’indépendance d’une de ses colonies, envoya le corps expéditionnaire en utilisant des mensonges comme le fait de porter secours aux troupes françaises contre les vichystes qui restaient. Comme en  Algérie, les soldats furent envoyés au nom de la lutte contre le fascisme. Le 6 mars 1946, un accord fut signé avec Ho Chi Minh, reconnaissant la république du Vietnam comme un Etat libre. Mais il ne fut pas respecté.  On connaît la suite : une guerre épouvantable, jusqu’à la défaite de l’armée française à Dien Bien Phu. 

    Le Cameroun : une histoire méconnue et peu enseignée

     « La raison principale de la hargne française s’appelle l’UPC (Union des populations du Cameroun) », écrivent les auteurs de « Kamerun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique », un ouvrage magistral sur ces événements largement méconnus. L’UPC et son leader Ruben Um Nyobé, qui affirmait que l’heure n’était plus de s’opposer à l’hitlérisme comme en 1939, mais au colonialisme tout court, ont attiré la violence de l’impérialisme français.

    D’autant que les Camerounais avaient suivi la répression au Sénégal au camp de Thiaroye, et pu apprécier aussi comment les soldats camerounais étaient traités : après avoir été parqués dans des camps de transit au sud de la France, ils furent dépouillés de leur uniforme et de leurs chaussures avant d’être renvoyés chez eux, humiliés.

    Leur mécontentement faisait peur à l’armée. Au Cameroun aussi, la manifestation du 8 mai 1945 avait été l’occasion d’affirmer la montée du nationalisme, avec ce cercueil sur lequel était inscrit : « enterrons le nazisme, le racisme, le colonialisme ».  Des cercles d’études marxistes se forment alors à l’initiative de communistes de métropole, pour former les habitants à la revendication sociale. Des syndicats se créent. Une grève est déclenchée par des cheminots en septembre 1945, pour une augmentation de salaire. Fin septembre, une manifestation dégénère, des coups de feu sont tirés.

    Les colons blancs, extrêmement minoritaires, particulièrement arrogants et remplis de haine envers les indigènes, décident de lancer une opération punitive, bien qu’aucun blanc n’ait été tué ni blessé. Ils en ont surtout contre les syndicalistes, et pourchassent les métropolitains. Le gouverneur arme les colons et les civils européens, comme à Sétif ou Guelma, prennent une grande part à la répression. Les avions mitraillent et les gendarmes ont l’ordre de tirer à vue sur tout indigène pendant le couvre-feu, de 19 heures à 6 heures. Une centaine de morts est décomptée pendant les affrontements de septembre 1945.

    L’UPC est formée en 1948. Ses actions sont d’abord pacifiques mais ne reçoivent comme réponse que la répression. Une première révolte éclate en 1955. Pendant plus de 15 ans, de 1955 à 1971, la France va ensuite mener au Cameroun une guerre coloniale qui fera des dizaines de milliers de victimes, une guerre totalement effacée des livres d’histoire officiels. En utilisant toutes les armes à sa disposition : bombardements des populations, escadrons de la mort, torture généralisée.

    Madagascar, une révolte écrasée dans le sang

    Là encore, dans cette île, possession de la France, la répression a été violente contre les aspirations des populations à se défaire de la tutelle française.  Le pays avait suivi ce qui se passait au Vietnam, et les députés nationalistes du Mouvement démocratique de rénovation malgache (MDRM) avaient même déposé un projet de loi déclarant Madagascar « un Etat libre ayant son gouvernement, son armée, ses finances au sein de l’Union française », dès que l’accord signé avec Ho Chi Minh avait été connu. Leur demande fut traitée par le mépris. L’agitation grandit, des grèves se déclenchèrent, et une insurrection éclata le 29 mars 1947. Un camp militaire français fut pris d’assaut, des fermes de colons détruites. Les insurgés s’étaient rendus maîtres d’une bonne partie de l’île.

    La riposte fut d’une violence rare : l’état de siège fut proclamé. L’infanterie, les paras et l’aviation intervinrent. C’est là que des prisonniers furent chargés en avion et lâchés vivants au dessus des villages dissidents. Des méthodes que l’armée française se chargera de  transmettre dans les années 1970 aux pires dictatures d’Amérique latine, notamment en Argentine1. L’armée exerça une répression aveugle. 18 000 soldats débarquèrent, et le nombre montera jusqu’à 30 000. Lwes derniers « rebelles », en proie à la faim, finirent par se rendre au bout de 21 mois. 

    Socialistes et communistes complices

    Le parti socialiste faisait partie du gouvernement provisoire dès 1943. Le parti communiste était entré en avril 1944 au Comité français de libération nationale, puis au gouvernement provisoire. Il écrivait fin 1944 : « le gouvernement maintiendra jalousement l’intégrité des territoires sous pavillon français et l’intégrité des richesses françaises en capital ».

    Les réformes politiques envisagées par le PCF se résumaient dans ces mots : « association véritable et assimilation progressive des populations d’outre-mer ». Et le PCF commença par condamner l’aspiration des peuples opprimés à se séparer de la France. Les lecteurs de L’Humanité apprirent ainsi qu’à Sétif,
    « des attentats fascistes ont eu lieu le jour de la victoire, le 8 mai 1945 ». En janvier 1946, ce fut Charles Tillon, ministre communiste de l’Armement qui fit voter à l’unanimité des députés le budget militaire, destiné à réprimer les colonies.

    Au lendemain de la Libération, socialistes et communistes réussirent à mettre la classe ouvrière française à la remorque des dirigeants pour rétablir l’empire colonial. Seuls des trotskystes apportèrent leur soutien aux peuples des colonies (notamment en organisant les travailleurs indochinois envoyés en métropole). Les peuples coloniaux se battirent bien seuls contre la bourgeoisie française, car les partis censés défendre l’internationalisme s’étaient rangés comme un seul homme derrière leur bourgeoisie. o

    Régine Vinon

    Pour aller plus loin

    Films :

    Camp de Thiaroye (1988) de Sembene Ousmane, primé à Venise, sorti en France en 1998 seulement.

    Công Binh, la longue nuit indochinoise de Lam Lê, sorti en 2013.

    Livres : 

    Les bouts de bois de Dieu de Sembene Ousmane (sur la grève en 1947 du chemin de fer au Sénégal-Mali).

    Remember Ruben, de Mongo Beti (Cameroun).

    Kamerun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, de Thomas Deltombe, Manuel Domergue
    et Jacob Tatsitsa.