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Révolutions Arabes - Page 208

  • Maroc: le personnel de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable en grève (Afriques en lutt)

    Le personnel de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable appelle à une grève nationale et des sit-in, le 16 juin prochain, en protestation contre le projet de transfert des périmètres de l’ONEE à la Lydec.

    Le projet d’harmonisation des périmètres de distribution d’électricité et d’eau et du service d’assainissement dans la région du Grand Casablanca, qui devait démarrer le 31 mai dernier, peine à trouver un aboutissement et reste plongé dans un climat de tension et de blocage social persistants.

    Les employés et cadres de l’Office national de l’électricité et de l’eau potable vont débrayer à nouveau à partir du 16 juin.

    Les syndicats entendent protester contre le transfert de gestion à la Lydec de sept communes du Grand Casablanca alimentées directement par l’Office. Le personnel juge illégale cette passation des pouvoirs qui va à l’encontre des intérêts des employés de l’Office. Quelque 350 fonctionnaires dénoncent l’ambiguïté entourant l’opération de transfert du personnel et ignorent le sort qui leur est réservé dans ces bouleversements.

    La fédération avait déjà observé une grève nationale, le 25 mai dernier. « Par ces batailles menées par l’ensemble du personnel de l’Office, nous espérions que le gouvernement comprendrait notre cause et privilégierait l’intérêt des citoyens et d’une institution publique à celui des capitaux étrangers », précise la fédération qui dénonce des pressions sur des employés.

    source : Le 360 16 juin 2015 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-le-personnel-de-l-office

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

     

  • Hollande à Alger. Une moudjahida nous quitte (CCR)

     

    La veille de la visite du président français en Algérie,Djamila Bouazza, moudjahida de la guerre de libération et figure de la résistance algérienne face à l’occupation coloniale, s’est éteinte à la clinique El Azhar d’Alger, à l’âge de 78 ans. Djamila Bouazza a été l’une des deux combattantes algériennes condamnées à mort pendant la guerre. Arrêtée en mai 1957, sa condamnation pour « terrorisme » tombe en juillet 1957, prononcée par un tribunal militaire français. A la suite de l’indépendance, en 1962, Djamila Bouazza sera finalement amnistiée. Elle fut l’une des 1500 condamnés à mort, dont 222 effectivement assassinés par guillotine ou fusillés par l’Etat français, sans compter les 300.000 morts algériens, tués pour avoir résisté à l’occupant. Aujourd’hui, en revanche, François Hollande et Abdelaziz Bouteflika font des affaires.

    L’une des premières femmes algériennes combattantes

    Pour répondre aux multiples tortures, assassinats de combattants algériens et d’enfants, perpétrés par l’occupant et par l’organisation laMain Rouge pilotée par les services secrets français, les militants du Front de Libération Nationale (FLN), dirigés dans la zone autonome d’Alger par Yacef Saâdi, organisent la résistance en vue de préparer la grève générale du 28 janvier 1957.

    Voyant la montée du FLN et l’instabilité politique croissante, 8.000 paras de retour de la campagne de Suez entrent le 7 janvier 1957 dans Alger avec pour mission de « pacifier » la ville. Pour répondre à cet envoi de troupes qui marque le début de la Bataille d’Alger, les militants du FLN organisent une campagne d’attentats à la bombe.

    La condamnation à mort de Djamila Bouazza, que l’histoire officielle française qualifie de « terroriste », fait suite à la « pose d’un engin explosif », le 26 janvier 1957, à la terrasse du Coq Hardi, une brasserie du centre d’Alger. L’opération sera, des années plus tard, immortalisée dans La Bataille d’Alger, de Gillo Pontecorvo. La campagne a pour but de préparer l’insurrection ouvrière, le 28 janvier, face à l’occupant et au patronat français. Les parachutistes brisent la grève en quelques jours, ouvrant les magasins de force, allant chercher à domicile avec des camions les travailleurs et les fonctionnaires absents de leur travail.

    A la suite de ces attentats de résistance, Djamila Bouazza et Djamila Bouhired sont les premières combattantes algériennes condamnées à mort par les tribunaux et l’Etat français durant des simulacres de procès auxquels assistent militaires et colons. 1500 condamnations à mort de militants algériens seront prononcées pendant « les troubles », un certain nombre paraphées par un certain François Mitterrand, alors ministre de la Justice sous Guy Mollet.

    Hollande. La stabilité politique dans l’arrière-cour de Paris avant tout

    Hollande se rend, ce lundi 15 juin, au chevet d’Abdelaziz Bouteflika, pour une « visite de travail » de huit heures. Bien entendu, il n’aura pas un mot pour rendre hommage à Djamila Bouazza ni même aux 300.000 Algériens tués par la France durant la guerre d’Algérie. Il se contentera d’une gerbe au monument des martyrs de la Guerre d’Algérie.

    Sa mission officielle est de « conforter le partenariat entre les deux pays », autrement dit, garantir les intérêts économiques de la France, en maintenant l’« ordre » et la stabilité politique en Algérie, l’une de ses arrières-cours stratégiques dans la région du Maghreb et dans l’Afrique subsaharienne.

    La présence de Hollande a un double enjeu. D’une part, assurer aux généraux algériens l’appui de la France à la succession de Bouteflika, pratiquement mourant ; d’autre part les dossiers liés au « terrorisme régional », à savoir la guerre que livre la France au Mali voisin et les inquiétudes liées à la déstabilisation de la Lybie . Selon Hollande, « par rapport à ce que nous vivons, la sécurité dans le Sahel, la Libye, nous avons besoin d’avoir un travail en commun ».Le présidenta également évoqué le« travail économique »entre l’Algérie et la France.« Vous savez combien nos populations sont liées. L’histoire doit nous permettre d’aller beaucoup plus loin dans les relations », a-t-il expliqué, estimant que « nous avons déjà réalisé beaucoup ». Les présidents changent, mais le rapport impérialiste à l’Algérie et au Maghreb perdure.

    Bouteflika et le FLN. Du côté de Hollande ou de Bouazza ?

    Le président algérien aurait adressé ses condoléances à la famille de la moudjahida décédée. Selon Bouteflika, l’Algérie aurait perdu « un des symboles de la lutte et de la résistance ». Quel cynisme pour un gouvernement qui ne cesse de réprimer les résistances ouvrières, avec notamment, depuis fin janvier 2015, une vague d’arrestations et de condamnations de militants ayant participé à des manifestations visant à soutenir des travailleurs sans emploi.

    Le chômage de masse et l’inflation sont en effet la règle en Algérie. Le FLN, dirigé officiellement par un Bouteflika grabataire qui en est à son quatrième mandat présidentiel, est une officine vendue à l’impérialisme. Bouteflika et la bourgeoisie locale ont usé jusque-là de la redistribution partielle et clientéliste de la rente pétrolière pour tenter de maintenir la paix sociale, stratégie qui a en partie réussi malgré la crise économique mondiale et les processus des révolutions arabes de 2011.

    Mais la recette ne suffit plus. Les sources de revenus liés aux hydrocarbures, qui représentent l’essentiel du budget algérien, sont plombées par une baisse de la demande et du prix du baril de pétrole. L’Etat algérien cherche d’autres sources de revenus pour les classes dominantes locales, d’où la plus grande ouverture aux capitaux étrangers. C’est ce qu’illustrent la création d’une usine de montage Renault en 2012, l’entrée d’Alstom et le tramway d’Alger, mais encore la façon dont la France lorgne sur Sonatrach, la société pétrolière nationale.

    Autant de raisons qui président au voyage de Hollande à Alger. Autant de raisons qui montrent que le combat entamé par Djamila Bouazza, en 1957, est encore à mener jusqu’au bout, jusqu’à la libération nationale et sociale !

    15/06/15. Damien Bernard

    http://www.revolutionpermanente.fr/Hollande-a-Alger-Une-moudjahida-nous-quitte

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité Rennes

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Egypte. Pour la libération des prisonniers politiques! (A l'Encontre)

    Au Caire. graffiti contre les violences faites aux femmes

    Au Caire. graffiti contre les violences faites aux femmes

    Rassemblement,
    jeudi 18 juin, 18 heures,
    rue de Lausanne 45-47, devant la Mission d’Egypte, Genève

    Le collectif Egypt Solidarity – créé en février 2014 – a lancé un appel international de solidarité avec les prisonniers et les prisonnières politiques réprimé·e·s par le régime de l’ex-maréchal Abdel Fattah al-Sissi

    Les 20 et 21 juin 2015, le plus grand nombre d’initiatives – telles qu’indiquées par Egypt Solidarity – se doivent d’être entreprises à l’échelle internationale. Les revendications suivantes structurent cette campagne:

    • Arrêt de la répression des manifestations.
    • Libération des prisonniers politiques.
    • Procès équitable pour tous, contre les tribunaux militaires.
    • Arrêt de la torture et de tous les mauvais traitements.
    • Interdiction des condamnations à mort et des exécutions.

    Cette manifestation du 18 juin 2015, à Genève – 18h, devant la Mission permanente de l’Eypte, 45-47 rue de Lausanne – s’inscrit dans le contexte de l’appel lancé par Egypt Solidarity.

    Azouli. L’emblème d’une dictature de militaires

    Le caractère effectif du régime militaire dictatorial égyptien est révélé par une «prison militaire»: celle d’Azouli. Elle échappe à toutes les instances baptisées légales en Egypte. Elle est analogue à ces «prisons pour disparus» de la dictature des généraux argentins entre 1976 et 1983. Amnesty International l’a dénoncé. Une enquête approfondie du quotidien anglais The Guardian en a révélé divers aspects.

    Ce haut lieu des pires tortures et mises à mort se trouve dans un vaste camp militaire à quelque 100 kilomètres au nord-est du Caire.

    Le fonctionnement d’un tel lieu de détention repose sur les mécanismes criminels suivants:

    • toute personne emprisonnée «n’existe pas», car aucun document ne prouve son incarcération;

    • si le prisonnier meurt sous la torture, personne n’est censé le savoir;

    • les militaires et autres tortionnaires disposent d’une double impunité: celle de l’anonymat (les prisonniers sont encapuchonnés) et celle assurée par le pouvoir en place;

    • les interrogatoires et la torture s’effectuent dans un bâtiment spécial (le S-1), haut lieu de la terreur;

    • les «confessions» obtenues doivent correspondre aux scriptes des services dits d’intelligence;

    • les survivants, sur la base de ces «aveux», peuvent être transférés dans une prison «normale» et accusés, dès lors, de «terrorisme» et autres crimes;

    • les juges n’ont aucun accès à Azouli où règnent les services (et les sévices) de l’intelligence militaire.

    Azouli concentre, en quelque sorte, les attributs acquis par Al-Sissi.

    Sous le régime de Moubarak, il exerçait ses fonctions dans les services de «l’intelligence militaire», autrement dit dans ce centre obscur qui contrôlait des leviers décisifs d’une armée dont le pouvoir économique et politique constituait un pilier de l’Etat profond, selon la formule courante. Sa carrière militaire l’a conduit à être attaché militaire en Arabie saoudite – ce régime ultra-réactionnaire qui apporte aujourd’hui un soutien financier massif à l’Eygpte, aux côtés d’autres Etats du Golfe – puis aux Etats-Unis (en 2005 et 2006). Dès août 2012, il prend la tête du ministère de la Défense. Son «élection» – 96,9% des suffrages en juin 2014 – ne fait qu’entériner un pouvoir capturé 11 mois auparavant, le 3 juillet 2013. D’ailleurs, du 14 au 16 août 2013, les «forces de sécurité» attaquèrent les deux camps organisés par les Frères musulmans soutenant Morsi – place al-Nahda et place Rabia-El-Adaouïa – et massacrèrent plus de 2500 personnes. Cela marque le début d’une «guerre contre le terrorisme» et des procès durant lesquels des centaines d’accusés sont condamnés à mort.

    Assassiner la mémoire de janvier 2011

    Ce pouvoir de Sissi et des siens déploie tous les instruments de la contre-révolution, après l’essor des forces démocratiques et révolutionnaires de janvier 2011 à juin 2013. Ainsi, à l’occasion des manifestations pacifiques pour célébrer le quatrième anniversaire de la révolution de janvier 2011, au moins 27 manifestant·e·s ont été tués. Les témoins de ces homicides sont menacés d’arrestations par le ministère public. Et 500 manifestant·e·s sont incarcérés dans des «centres de détention non officiels».

    Une avocate réputée pour la défense des droits humains et militante socialiste-révolutionnaire, Mahienour el-Masry, a été condamnée en appel à 15 mois de prison pour avoir participé à une manifestation d’avocats dénonçant la brutalité de la police et cela trois mois avant la chute de Mohamed Morsi. Lors du verdict, ce 31 mai 2015, Mahienour el-Masry s’est écriée: «A bas, à bas le régime militaire!» Un régime qui restaure la mort de prisonniers durant leur détention, comme à la pire époque de Moubarak.

    Au Caire, le 24 janvier 2015, la militante Shaima al-Sabbagh, qui voulait déposer une couronne de fleurs en mémoire de victimes de la révolution du 25 janvier, a été tuée par un tir de chevrotine. Suite à une plainte déposée par l’Alliance populaire socialiste, le parti de son compagnon, les enquêteurs ont cherché à charger ses amis. Puis, en ce mois de juin, sur injonction du pouvoir, la «justice» a condamné un policier. Une minuscule opération cosmétique.

    Le 6 juin 2015, trois membres du Mouvement du 6 avril, interdit en août 2014, ont été arrêtés pour détenir des tracts appelant à la «désobéissance civile» pour le 11 juin. Un type d’initiative qui, pour éviter les représailles policières, devait se traduire par: ne pas se rendre à son travail, à l’école ou à l’université. Le Mouvement du 6 avril – créé en 2008 – a joué un rôle significatif dans le soulèvement conduisant au renversement de Moubarak. Il s’était aussi opposé à Morsi. Il est aujourd’hui une cible, parmi d’autres, du régime.

    Un appareil répressif «légalisé» à coups de décrets

    L’appareil répressif égyptien ne peut être réduit à l’armée, à la police, aux services de renseignement. En fait, l’Etat profond – représenté par le Président – contrôle la justice, les nominations dans l’appareil d’Etat, les médias, le corps diplomatique, les recteurs d’université, etc. La Constitution de 2014 permet au Président de promulguer des lois, sans parlement. Ces multiples lois-décrets ont contribué à redonner toute sa force à cet appareil répressif, en utilisant le danger du terrorisme et de la sécurité nationale. Ce qui sert aussi à étrangler la population de Gaza.

    De multiples «lois» spécifiques attribuent des pouvoirs aux instances répressives afin de frapper un vaste spectre d’opposants. Quelques exemples. La loi du 26 novembre 2013 viole les droits d’expression, d’association et de réunion. Celle d’octobre 2014 donne aux tribunaux militaires le droit de statuer sur les menaces contre «l’intégrité de la nation». En septembre 2014, les ONG censées être financées «par l’étranger» sont ciblées. En janvier 2015 sont visés les enseignants qui participent à une «activité partisane». En février 2015, tout groupe menaçant la «sécurité, l’unité ou les intérêts de la nation» est défini comme une «entité terroriste». L’ensemble des droits conquis par les salarié·e·s sont remis en cause, alors que le chômage en hausse suscite la misère. Le projet de nouveau Code du travail s’attaque au droit de grève, au droit syndical. L’OIT, dont le siège est à Genève, a été contrainte de mettre l’Egypte sur sa liste noire.

    Les femmes et les jeunes filles sont victimes de sinistres violences. Le dernier rapport de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme) a documenté «des cas de viols, de viols anaux et vaginaux, de chantages sexuels perpétrés par la police ou le personnel de l’armée. Ces violences sont utilisées afin d’éliminer toute protestation publique en légitimant les autorités comme garante de l’ordre moral.» Les bourreaux étant les autorités, les victimes ne peuvent porter plainte, car de nouvelles représailles s’abattront sur elles.

    Les gouvernements allemand, suisse… complices actifs

    Simultanément, le régime de Sissi est soutenu non seulement par l’Arabie saoudite, les Etats du Golfe, mais est considéré comme un facteur de «stabilité» dans la région par les pays occidentaux. En novembre 2014, le «socialiste» François Hollande reçoit Abdel Fattah al-Sissi à l’Elysée. La vente de Rafale est à l’ordre du jour. Pour ce qui a trait aux «droits» humains, Sissi affirme: «Je suis 100% pour les droits de l’homme, mais pas pour l’instant.»

    La visite d’Al-Sissi en Allemagne fut un succès: nouvelles livraisons d’armes (après la suspension datant de 2002), contrats milliardaires pour Siemens (turbines, éoliennes). Comme le souligne Al-Ahram (10 juin 2015): «Selon les observateurs, la visite du président en Allemagne a réalisé tous ses objectifs, sur tous les volets.»

    Pour ce qui est du gouvernement helvétique, il s’agit de trouver une solution élégante en ce qui concerne les «fonds» de Moubarak qui sera blanchi par ses pairs. Quant au secrétaire d’Etat au Département des affaires étrangères, Yves Rossier, le 13 juin 2015, le quotidien en ligne Egypt Independent écrivait: «Il a exprimé sa satisfaction face à la manière dont les militaires ont géré les différents problèmes apparus depuis la révolution du 25 janvier. Il a aussi manifesté sa compréhension face aux défis sécuritaires auxquels l’Egypte fait face, ajoutant qu’il serait difficile pour toute personne d’être Président de l’Egypte en ces temps.» Plus impérialisto-helvétique, impossible

    C’est en maintenant les liens de solidarité avec ceux et celles qui se battent pour la démocratie et la justice sociale en Eygpte et en éclairant la complicité du gouvernement suisse qu’une campagne de solidarité, sur la durée, peut et doit se développer, en sachant faire appel aux institutions internationales ayant leur siège en Suisse, comme l’OIT.

    Mouvement pour le socialisme

    Publié par Alencontre le 15 - juin - 2015
     
     
    Afin de coordonner au mieux des actions, il est possible de se référer à la page Facebook d’Egypt Solidarity:
     
    www.facebook.com/egypt.solidarity.initiative ou de consulter l’appel traduit en français et publié sur le site alencontre.org, en date du 3 juin 2015
     
     
  • Israël réduit au maximum la présence palestinienne à Jérusalem (Agence médias Palestine)

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    L’augmentation des expulsions forcées entre dans une politique israélienne qui vise à pousser les Palestinien(ne)s hors de Jérusalem, affirme un groupe de défense juridique.

    Raafat Sub Laban, 27 ans, est chercheur juridique, il est né et a grandi dans le quartier musulman de la Vieille Ville historique de Jérusalem. Alors que ses grands-parents ont aménagé dans leur maison il y a plus de six décennies, et qu’ils l’ont transmise à sa mère, la famille Sub Laban se trouve aujourd’hui face à une ordonnance d’expulsion, afin de faire la place à des colons israéliens.

    Se tenant devant le tribunal israélien à Jérusalem-Est, Raafat explique que sa famille « n’a nulle part où aller », et il ajoute que ses parents, ses frères et sœurs et leurs enfants habitent tous dans la maison. « Nous sommes neuf, dont deux enfants âgés de trois et neuf ans », dit Raafat à Al Jazeera. « Où sommes-nous censés aller ? C’est ici notre maison ».

    En 1953, la famille Sub Laban a loué la maison au gouvernement jordanien, qui a contrôlé Jérusalem-Est et le reste de la Cisjordanie jusqu’à ce qu’Israël occupe ces territoires lors de la guerre de 1967.

    Par le Conservatoire général des biens des absents, un organisme qui gère les maisons et les terres confisquées par Israël, la famille a été informée que la propriété des maisons avait été transférée à des colons israéliens, lesquels par la suite affirmèrent qu’elle avait été enregistrée en tant que Hekdesh, ou propriété religieuse juive, avant 1948.

    Raafat et sa famille soupçonnent qu’Ateret Cohanim, une organisation juridique de droite à but non lucratif qui cherche à remplacer les habitants palestiniens de la ville par des colons israéliens juifs, est impliquée dans cette tentative de mettre la main sur leur maison. Daniel Lurie, directeur exécutif d’Ateret Cohanim, a nié l’implication de l’organisation. « Ateret Cohanim n’a aucun lien avec l’affaire en question », a indiqué Lurie par courriel à Al Jazeera.

    Plus de 300 000 Palestiniens vivent dans Jérusalem-Est occupée. Israël prétend avoir annexé le territoire en 1980, mais cette initiative n’est pas reconnue par la communauté internationale.

    Plus d’un demi-million d’Israéliens vivent dans des colonies réservées aux seuls juifs, dispersées à travers la Cisjordanie dont Jérusalem-Est.

    Des groupes juridiques affirment que la recrudescence des expulsions forcées, arrestations et démolitions de maison, s’intègre dans un écheveau plus large d’une politique israélienne conçue pour pousser les Palestiniens hors de Jérusalem.

    « Le nombre accru des arrestations et des expulsions forcées prouve que le gouvernement (israélien) reste déterminé à réduire au maximum la population palestinienne autochtone et à étendre la présence israélienne illégale », a déclaré à Al Jezeera, Rima Awad, membre de la Campagne des Jérusalémites, une organisation qui milite pour les droits palestiniens dans la ville.

    Les membres de la famille Sub Laban ont été en sécurité dans leur maison jusqu’à l’an dernier, quand un tribunal israélien les a dépouillés de leur statut de locataires protégés, au motif qu’ils n’auraient pas habité en permanence la maison et que, prétendument, ils l’auraient négligée.

    Les colons ont également plaidé pour l’expulsion des Sub Luban en se référant à une loi israélienne autorisant les juifs à réclamer une propriété palestinienne qui avait été enregistrée comme propriété juive avant l’implantation d’Israël. Adoptée en 1970 et considérée comme loi de Jérusalem-Est, elle permet aux propriétaires d’expulser les habitants qui n’ont pas habité sur les lieux ou payé leur loyer de façon permanente.

    Les colons ont cogné à leur porte deux fois cette année, et deux fois ils ont essayé de s’emparer de leur propriété, la première fois en février et la seconde en mars. « La première fois, des militants et des amis les ont empêchés de pénétrer dans la maison » rappelle Raafat. « La seconde fois, notre avocat a réussi à obtenir une injonction provisoire pour empêcher que l’évacuation n’ait lieu ».

    « Notre maison est l’une des quinze à Jérusalem-Est actuellement exposées à une expulsion pour y faire entrer des colons juifs » ajoute Raafat. Les autorités israéliennes démolissent aussi régulièrement des maisons palestiniennes, partout dans Jérusalem-Est comme dans le reste de la Cisjordanie.

    Noura Sub Laban, la maman de Raafat, a fait appel de l’ordonnance d’expulsion devant un tribunal israélien le 31 mai. Devant les juges, son avocat, Mohammed Dahleh, plaidait en son nom. « L’argument consistant à prétendre que (la famille Sub Laban) n’a pas habité la maison est faible » a-t-il déclaré, soulignant que la famille avait payé régulièrement les factures de téléphone, d’électricité et d’eau de la maison. « Le tribunal doit revenir sur sa décision d’autoriser l’expulsion ».

    Le lendemain, 1er juin, la famille Sub Laban recevait un courrier de l’Agence d’assurance nationale d’Israël, les informant qu’ils n’étaient pas considérés comme habitant Jérusalem à temps plein depuis août 2013.

    Du fait que les Jérusalémites palestiniens détiennent des permis de résidence, émis par les Israéliens, pour vivre dans la ville, ils sont confrontés à des expulsions vers la Cisjordanie ou ailleurs, si leur permis de résidence leur est retiré.

    Depuis qu’a commencé l’occupation de Jérusalem-Est par Israël, en 1967, cet État a retiré le droit de résidence à plus de 14 000 habitants palestiniens, dont 107 rien qu’en 2014, selon l’organisation juridique israélienne HaMoked.

    À l’instar d’Elad, autre groupe israélien de colons, Ateret Cohanim a engagé un procès en début de mois, exigeant l’expulsion d’une autre famille palestinienne dans le quartier Silwan, à Jérusalem-Est. Ces groupes prétendent que la famille Rajabi vit dans un immeuble qui a été acheté par un fidéicommis religieux juif, il y a 134 ans.

    Bien qu’il ait refusé de commenter l’expulsion en attente de la famille Rajabi, Daniel Luria, d’Ateret Cohanim, affirme : « Tout juif, en tant que partie intégrante du seul peuple autochtone de cette Terre, a le droit d’acquérir, et de vivre en paix partout dans sa patrie ancestrale, particulièrement dans le cœur d’Israël, Jérusalem ».

    Revenons à octobre 2014, Ateret Cohanim a aidé neuf familles de colons juifs à s’emparer de deux immeubles à Silwan. Sous la protection de gardes de sécurité fournis par Elad, les colons ont envahi de force les bâtiments et ainsi, ils ont doublé la population de colons dans le quartier, selon les articles de la presse israélienne.

    Le 21 mai, les bulldozers israéliens sont entrés dans Silwan et ils ont rasé trois immeubles commerciaux appartenant à des Palestiniens, sous le prétexte qu’ils avaient été construits sans l’autorisation de la municipalité israélienne de Jérusalem. Moins d’une semaine plus tard, un autre ensemble d’appartement était démoli à Silwan.

    Selon un communiqué publié par la suite par le Centre d’information Wadi Hilweh à Silwan, quelque 80 familles, totalisant 300 personnes, sont actuellement menacées d’expulsion dans le quartier.

    « Silwan est un microcosme des tendances qui montent dans tout Jérusalem-Est », dit Awad de la Campagne des Jérusalémites, faisant allusion à la recrudescence apparente des démolitions de maisons et des cas de prises par la force des propriétés par les colons.

    Revenons maintenant au tribunal de Jérusalem, selon Raafat Sub Laban, sa famille n’est pas optimiste pour l’avenir. « Naturellement, nous n’attendons pas de justice d’aucun tribunal israélien », fait-il remarquer, « mais nous espérons le meilleur possible ».

    Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

    Patrick Strickland – 7 juin 2015 – Al Jazeera

    Source: Al Jazeera

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/06/13/israel-reduit-au-maximum-la-presence-palestinienne-a-jerusalem/

    Voir aussi:

    http://fr.wikipedia.org/wiki/Ilan_Papp%C3%A9

  • Djibouti au bord du chaos (Afriques en lutte)

    La position stratégique de Djibouti, petit Etat de la corne de l’Afrique situé sur la deuxième voie maritime la plus importante au monde, fait de lui l’un des acteurs majeurs des relations internationales. Ses partenaires se gardent malheureusement de dénoncer les pratiques anti-démocratiques du président Ismaël Omar Guelleh, qui entend briguer un quatrième mandat successif.

    Paradoxal Djibouti. Petit par la taille – 23 000 km² de superficie totale, classé 150ème –, l’Etat de la corne de l’Afrique est pourtant l’un des grands acteurs de la géopolitique régionale ; la capitale, Djibouti, éminemment riche de son industrie portuaire, compte jusqu’à 65,2 % de personnes en situation de pauvreté – et 57,4 % en situation d’extrême pauvreté. L’ancienne colonie française, située sur la deuxième voie maritime la plus importante au monde, à quelques encablures de l’effervescent Moyen-Orient, accueille aujourd’hui tout ce que le monde civilisé compte de combattants du djihadisme et de la piraterie maritime. Ce qui n’empêche pas son président-dictateur, Ismaël Omar Guelleh (IOG), de multiplier les exactions et les répressions arbitraires en toute impunité. Tandis que les Occidentaux voient en lui un acteur stratégique dans leurs entreprises géopolitiques internationales, les citoyens perçoivent d’un tout autre œil celui qui a la mainmise sur le pouvoir depuis seize ans. Djibouti, décidément ambivalent, n’est pas le même Etat selon que l’on se place en-dehors ou à l’intérieur de ses frontières.

    Des militants se battent dans le Nord du pays pour la démocratie

    La situation y est connue de tous, depuis longtemps : en 2010, les indicateurs sociaux du pays viraient cramoisi ; malgré ses ressources – 1,3 milliards de dollars de PIB et une croissance à 5 % la même année –, Djibouti se classait alors 147ème sur 169 en termes de développement humain. Le Programme des Nations unies pour le développement (PNUD) indique à ce titre que « la pauvreté y reste endémique et la richesse du pays distribuée de manière très inégale ». De plus, « la population a toujours un accès limité aux services sociaux de base », et « l’espérance de vie se limitait à 56 ans en 2010. » Comme si cette situation catastrophique ne suffisait pas, le gouvernement, régi d’une main de fer par IOG, réprime violemment quiconque s’oppose à sa politique ; le président djiboutien est d’ailleurs fortement soupçonné d’avoir commandité l’assassinat du juge français Bernard Borrel en 1995. Celui-ci enquêtait, à l’époque, sur des affaires mettant en cause, potentiellement, un Ismaël Omar Guelleh encore aspirant chef de l’Etat – il ne parviendra au poste suprême qu’en 1999 – ; l’affaire, qui a un temps terni les relations entre Djibouti et Paris, a malheureusement disparu des discussions bilatérales.

    Quoi qu’il en soit, IOG est confortablement installé dans son siège présidentiel ; il compte bien tout faire pour maintenir sa position. En 2010, il modifie la Constitution pour pouvoir être élu une troisième fois consécutive : les manifestations populaires qui éclatent alors sont violemment réprimées. Comme un désolant écho au passé, IOG nourrit l’ambition de se représenter – de se faire réélire serait plus exact – en 2016 pour assurer sa propre succession ; le Nord du pays, fief du Front pour la restauration de l’unité et de la démocratie (FRUD), a commencé à s’embraser début avril en réponse à cette intention malvenue. Depuis deux mois, l’armée djiboutienne est ainsi opposée aux militants de ce groupe politico-militaire, qui se battent pour « un Etat démocratique intégrant toutes les composantes nationales ». D’après Mohamed Kadami, l’un de ses dirigeants, « le président veut briguer un quatrième mandat en 2016. Il pense que le FRUD peut être un obstacle. D’où l’idée d’affaiblir cette force, en lui portant des coups. »

    Le monde sait tout des misères de Djibouti mais ne dit rien

    Face à cette soif avide de pouvoir, les citoyens épris de liberté et de démocratie peuvent toutefois compter sur la petite diaspora djiboutienne. Le 16 mai dernier, à Bruxelles, devant l’ambassade de Djibouti, des patriotes se sont ainsi rassemblés pour protester contre la tournure que prennent les événements dans le Nord du pays. Les expatriés ont eu vent des pratiques anti-démocratiques du pouvoir en place et de l’armée : entre autres disparitions et arrestations arbitraires, les affrontements font de nombreuses victimes – essentiellement des civils. Pour l’instant, aucune des nations présentes sur le sol djiboutien – la France, les Etats-Unis, le Japon, les Emirats arabes unis et, depuis peu, la Chine – n’a semblé abonder dans le sens de la diaspora. L’opposition attendait du secrétaire d’Etat américain, John Kerry, en visite à Djibouti début mai, qu’il s’entretienne avec IOG au sujet des répressions. Las. L’appel à une « pause humanitaire » du chef de la diplomatie américaine était destiné au conflit qui fait rage au Yémen.

    C’est l’un des grands – et regrettables – paradoxes qui touchent Djibouti : tout le monde sait ce qu’il s’y passe, mais personne ne parle. Encore moins les pays qui comptent sur le pouvoir local et ses installations portuaires pour abriter leurs bases et flottes militaires. Ceux-là ne risqueront semble-t-il jamais de compromettre leurs relations avec Djibouti en écornant la réputation de son chef tout puissant. Les intérêts en jeu sont, pour ces nations – occidentales pour la plupart –, supérieurs, sans doute, à quelques atteintes aux droits de l’homme : il s’agit, tandis que le djihadisme moyen-oriental refait parler de lui, de maintenir ses positions dans le Golfe d’Aden.

    C’est à croire que l’Occident ne retiendra jamais rien du passé. Sous prétexte de lutter contre le fanatisme quel qu’il soit, les plus grandes puissances se taisent face à des exactions localisées mais tout aussi sérieuses. Les citoyens djiboutiens ont droit, au nom d’une liberté des peuples encore trop bafouée en Afrique, à un sursaut démocratique dans leur pays.

    14 juin 2015

    Source : http://www.agoravox.fr

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/djibouti/article/djibouti-au-bord-du-chaos

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