Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

Révolutions Arabes - Page 209

  • Pourquoi les grands médias français occultent-ils la descente du RAID contre Pierre Stambul ? (UJFP)

     

    Article de Mohamed Saadoune paru sur le site du AL HUFFINGTON POST Maghreb-Algérie le 14 juin 2015

    L’affaire n’a pas fait "grand bruit" en France, les "grands médias" ont choisi de l’ignorer. Sans Mediapart, Rue 89, Politis et des informations militantes diffusées sur les réseaux, elle n’aurait pas existé. Le Figaro a fait cependant le "minimum" syndical, il est le seul dans la "grande presse" en publiant une synthèse à partir d’un article de la Marseillaise.

     

    Mais les grands médias français ont choisi délibérément de ne pas parler de Pierre Stambul, co-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), victime d’une descente du RAID qui l’a appréhendé, de manière musclée, de nuit, sur la base d’une manipulation le présentant comme ayant tué sa femme.

    Un juif, militant des droits de palestiniens et qui est actif dans la campagne BDS, cela semble gêner. Au point d’occulter radicalement l’information. Dans les grands titres de la presse nationale française, l’affaire Pierre Stambul, n’existe pas.

    Et pourtant, il y avait des choses à dire dans cette incroyable affaire où un militant, dont le père faisait partie de la résistance française et était membre du groupe Manouchian, est arrêté de manière musclée pour avoir prétendument tué sa femme qui était, à ses côtés, bien vivante et horrifiée de voir comment on traitait son mari.

    Les policiers, a expliqué par la suite Pierre Stambul, ont compris après cinq minutes qu’ils avaient fait erreur mais la machine ne s’est pas arrêtée. Pierre Stambul a été arrêté, menotté, emmené et "placé en garde à vue pendant sept heures au commissariat du 8e arrondissement situé rue de... Haïfa, avant d’être relâché "sans une excuse", comme le note la Marseillaise.

    Sur les TV françaises qui d’habitude suivent les éléments du RAID lors des descentes contre les barbus, c’est le black-out total. Ou presque.

    Car, le Journal de France 3 Provence Alpes, a rompu le silence cathodique et a abordé le sujet qu’on veut taire et a donné la parole à Pierre Stambul, victime probable d’un hacker criminel qui agit en toute impunité à partir d’Israël.

    Intimidations

    Le politologue Pascal Boniface, directeur de l’IRIS (Institut de Relations Internationales et Stratégiques) note que cette affaire qui rappelle de "mauvais souvenirs" n’a pas du tout "ému les médias et le milieu politique".

    Dans le domaine politique, la seule réaction notable* est celle du Parti Communiste français (PCF) qui a dénoncé le "harcèlement" subi par des militants pour une "paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens". Le Parti communiste français a exprimé son soutien et sa solidarité à Pierre Stambul, Jean-Claude Lefort, à Eva Labuc, à Vincent Liechti, "tous ciblés par ces opérations mais aussi par des messages internet insultants et diffamatoires".
    Il dénonce une "manœuvre grossière" visant à jeter "l’opprobre et le doute sur ces militants d’intimider tous les partisans d’une paix juste et durable entre Israéliens et Palestiniens".

    Un acte clairement antisémite

    "L’auteur présumé de ces opérations est connu des autorités françaises. Quelles suites seront réservées à cette affaire qui touche à la réputation d’hommes et de femmes intègres et à la sécurité intérieure de la France ?" s’interroge le PCF qui a demandé qu’une Commission d’enquête parlementaire soit mandatée dans les plus brefs délais pour y répondre avec précision.

    Pascal Boniface se demande pourquoi le RAID intervient-il dans une affaire pareille et pourquoi Pierre Stambul a-t-il été emmené "alors que sa femme était à ses côtés et manifestement vivante…."

    Pour le politologue, on est en présence d’un "acte clairement antisémite, car c’est bien parce que Pierre Stambul est juif qu’on s’est attaque à lui. Ou plutôt, c’est parce que Stambul est juif et qu’il est critique de la politique du gouvernement israélien, ce qui pour des gens est inadmissible, et nourrit sa haine dévastatrice".
    Après Pierre Stambul, Jean-Claude Lefort, député honoraire et ancien président de l’Association France Palestine Solidarité a eu droit à la BAC (brigade anti-criminalité).

    "Le climat est de plus en plus pestilentiel. On ne peut pas admettre que ceux qui, en raison de convictions universalistes, et quelles que soient leurs origines, puissent être soumis à de telles attaques".

    En occultant cette scandaleuse affaire alors qu’il est de leur devoir d’en parler, les grands médias français participent indubitablement à ce climat. dimanche 14 juin 2015

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4228LIRE AUSSI : Le militant de l’UFJP, 65 ans, a été menotté puis gardé à vue pendant 7 heures avant d’être relâché

    * Nous, Npa, on n'est pas notable, alors?

  • Le client est roi... même quand il torture et assassine! (Npa)


    L’Arabie saoudite, ce partenaire privilégié de la France, ce royaume dans lequel se sont précipités tous les chefs d’État de la planète à l’occasion de l’enterrement du roi Abdallah début 2015, vient une nouvelle fois de s’illustrer. Dix ans de prison, dix ans d’interdiction de quitter le territoire, et 1 000 coups de fouet pour Raif Badawi, telle est la peine « irrévocable » confirmée par la Cour suprême. Le blogueur est en prison depuis 2012, condamné en 2014. Son crime ? Avoir animé un site Internet qui défend la liberté d’expression.

    Mais la liberté d’expression tant vantée par le gouvernement français n’est visiblement pas une raison suffisante pour se brouiller avec le régime saoudien. Ni la répression féroce – avec le recours systématique à la torture et aux châtiments corporels tels que la flagellation et l’amputation – ni même la peine de mort et l’exécution de 84 personnes depuis le début de l’année, ne freine l’État français, pourtant toujours si prompt à se draper dans les droits humains en général et les droits des femmes en particulier quand il s’agit de justifier ses interventions militaires... Christine Lagarde était même allée jusqu’à qualifier le défunt roi Abdallah d’homme qui, « de manière discrète », était « un grand défenseur des femmes ». Pourtant, la discrimination des femmes, en droit comme en pratique, est systématique : sans l’autorisation d’un homme, impossible de se marier, d’entreprendre un voyage, de subir certaines interventions chirurgicales, de prendre un emploi rémunéré ou de suivre un enseignement supérieur... et interdiction pure et simple de conduire. « De manière discrète », c’est le moins que l’on puisse en dire !

    Hollande voue une grande fidélité à l’Arabie saoudite qui s’est concrétisée dans trois visites d’État entre novembre 2012 et janvier 2015. L’industrie d’armement en est la première bénéficiaire : la France avait déjà triplé ses ventes d’armes entre 2012 et 2013, et en novembre 2014, 3 milliards de dollars ont été obtenus grâce à l’accord-cadre signé par le ministre des Finances saoudien et le PDG d’Odas, la société chargée des contrats d’armements décrochés par la France en Arabie saoudite.
    Vraiment, le client est roi ! 

    Christine Poupin

  • Où en est le processus révolutionnaire tunisien ? (Essf)

     

    http://alencontre.org/wp-content/uploads/2013/08/3181375884486.jpg

    Cinq mois après la mise en place du nouveau gouvernement, la Tunisie voit s’aggraver sa crise économique et sociale : la croissance économique est faible, le chômage augmente et le pouvoir d’achat ne cesse de se dégrader.
    Simultanément, la dette explose et le FMI veut imposer que la Tunisie remplisse au 31 décembre tous les engagements liés à celle-ci. Cerise sur le gâteau, les heurts se multiplient entre l’armée et des groupes jihadistes.

    Une avalanche inégalée de luttes sociales

    Après l’effervescence ayant entouré le 14 janvier 2011, les mobilisations sociales se sont stabilisées puis ont reflué. Elles n’ont redémarré vraiment qu’après le départ des islamistes du gouvernement en janvier 2014 : fin octobre 2014 le nombre de jours de grève depuis le début de l’année avait déjà dépassé le total du record enregistré pour toute l’année 2011. Pendant le premier semestre 2015, on a assisté à une véritable explosion de grèves (1).

    Les grèves de ces derniers mois ont principalement été menées par des salariés ayant un emploi stable, essentiellement dans la fonction publique et le secteur public (2). Elles portent avant tout sur le pouvoir d’achat (classifications et primes), mais certaines d’entre elles incluent la volonté de défendre et améliorer le service public face à l’offensive néolibérale (3). Ces grèves, ont été parfois déclenchées de façon subite et sans préavis, comme dans les transports urbains, les chemins de fer ou l’électricité.

    Les mobilisations menées par les précaires et les chômeurs ont surtout pris la forme de sit-in et parfois de grèves de la faim (4). Il en a notamment résulté le blocage total du bassin minier de Gafsa pendant deux mois et la paralysie de toute l’industrie chimique tunisienne liée au phosphate. Dans le sud du pays, des chômeurs bloquent des sites de production de pétrole ou de gaz pour exiger des emplois et la contribution des sociétés pétrolières au développement de la région. Des confrontations violentes ont lieu avec les forces de l’ordre.

    Comme l’écrit Fathi Chamkhi (5), « la tension sociale est à son comble face à un gouvernement, critiqué de toute part, à qui les institutions financières internationales et l’Union européenne assignent la tâche suicidaire de maintenir le cap de l’austérité, de la restructuration néolibérale du marché intérieur ».
    Même si certaines luttes se terminent par des échecs, une série d’avancées ont été obtenues ces derniers mois : transports publics urbains, enseignement secondaire, personnel ouvrier des établissements scolaires, la poste, radio et télévision publique, ministère des transports, journalistes de la presse écrite, Orange, grandes surfaces, etc.

    Après environ deux mois de blocage total du bassin minier par les chômeurs de la région, quelques avancées ont été obtenues avec une promesse de 1 500 embauches dans les trois ans dont 520 dans les mois qui viennent (6). Mais ces mesures ne réglant pas le problème du chômage de masse dans la région (7), les mobilisations se poursuivent.

    Par ailleurs, une mobilisation est en cours pour combattre les tentatives de restreindre les libertés au nom de la lutte contre le djihadisme. Des projets de lois visent en effet à assurer l’impunité aux forces armées, permettre le recours à la peine de mort, banaliser les écoutes téléphoniques, condamner les auteurs d’articles critiquant les forces de l’ordre, etc. Simultanément, la police est accusée d’exactions contre les journalistes ainsi que d’actes de torture.

    Le positionnement de l’UGTT en débat

    La direction de la principale centrale syndicale, l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), a connu une longue période de bon voisinage avec le syndicat patronal UTICA dans le cadre du « dialogue national » visant à mettre un terme aux violences islamistes. L’UGTT avait proposé cette orientation dès le 18 juin 2012 et avait fini par la mettre en place en octobre 2013. Dans ce cadre, elle avait fait passer les revendications sociales au second plan, suscitant l’impatience grandissante des secteurs les plus combatifs.

    Avec le départ, en janvier 2014, de la coalition gouvernementale dirigée par Ennahdha et Marzouki, les mobilisations sociales se sont multipliées.
    Dans ce contexte tendu, la direction centrale de l’UGTT a dénoncé publiquement certaines grèves :
    • soit pour non-respect de procédures comme le déclenchement soudain de grèves sans préavis, par exemple dans les chemins de fer ou l’électricité ;
    • soit pour franchissement de certaines « lignes rouges » comme le boycott des examens dans l’enseignement.

    Mais la direction centrale de l’UGTT a maintenu son habitude de faire en sorte qu’un accord acceptable par les principaux intéressés soit négocié. Rappelons que lors de la grève de la faim des ouvrières de Latelec en juillet 2014, c’est le secrétaire général de l’UGTT en personne qui a finalement pris les affaires en mains pour trouver une solution. (8)

    L’insatisfaction des salariés est telle que le Bureau exécutif serait de toutes les façons dans l’impossibilité d’endiguer la marée revendicative. Par ailleurs, l’époque est révolue où le Bureau exécutif était en capacité d’imposer ses volontés aux structures intermédiaires. Malgré les réticences du Bureau exécutif, le syndicat de l’enseignement secondaire avait par exemple maintenu son orientation qui a débouché sur une victoire historique. De même, le Bureau exécutif élargi du 5 juin a décidé de soutenir l’appel au boycott des examens par le syndicat de l’enseignement primaire, forme de lutte que le Bureau exécutif restreint avait précédemment publiquement condamné.
    Reste à connaître sur quoi déboucheront les menaces de sanctions internes annoncées contre les syndicalistes ayant organisé des grèves sans préavis dans les chemins de fer.

    Un phénomène conjoncturel vient amplifier cette évolution des rapports entre la direction centrale de l’UGTT et ses structures intermédiaires. Un congrès national est en effet annoncé pour fin 2016, et beaucoup de responsables sont attentifs au nombre de mandats que pourraient recueillir les différentes orientations et candidat-e-s en présence (9). Comme l’écrit Fathi Chamkhi, « le Secrétaire général de l’UGTT a fini par hausser le ton à l’égard des patrons, considérant que les salariés ont consenti d’énormes sacrifices, contrairement aux patrons qui s’en sortent plutôt bien, eu égard à la situation dramatique actuelle ».

    Les fédérations et syndicats qui sont à la tête des conflits actuels avaient joué un rôle central dans la solidarité avec les luttes du bassin minier en 2008-2010, puis dans le déclenchement des grèves générales régionales ayant contraint Ben Ali à partir. Ils font aujourd’hui le constat amer que les gouvernements qui se sont succédé depuis 2011 ont appliqué la même politique néolibérale que l’ancien dictateur. Certes, des marges de liberté ont été gagnées, mais sur le plan des droits économiques et sociaux, la situation est catastrophique : certains acquis existant avant la révolution ont même disparu.

    Nombre de ces militant-e-s aimeraient que l’UGTT joue un rôle de contre-pouvoir. Ils reprochent à la direction de la centrale d’avoir consacré l’essentiel de ses efforts à trouver un consensus pour sortir de la crise politique de l’année 2013, sans chercher à résoudre les problèmes économiques et sociaux. Beaucoup reprochent à la direction centrale d’être ensuite devenue un « partenaire » du pouvoir et estiment que c’est pour cette raison qu’elle ne répond pas aux demandes des syndicats qui la composent. Ils entendent se battre dans le cadre du prochain congrès national de l’UGTT pour un changement profond des orientations de la centrale syndicale ainsi qu’une démocratisation de son fonctionnement.

    Absence de débouché politique immédiat

    Entre le 14 janvier et le 27 février 2011, la Tunisie avait connu une période d’ouverture du champ des possibles. La mise en place du gouvernement Essebsi s’était accompagnée du torpillage des embryons de structures d’auto-organisation, avec notamment la mise en place d’une « Haute instance » ayant un rôle limité et uniquement consultatif. Le principal parti de la gauche, le PCOT (devenu depuis Parti des travailleurs), avait alors déclaré : « Le but de cette instance est de torpiller le Conseil national de protection de la révolution et de l’anéantir, pour que le gouvernement agisse sans aucun contrôle » (15 mars 2011). Un hiver islamiste de près de deux ans avait suivi les élections du 23 octobre 2011.

    Les bifurcations potentielles de l’histoire ayant suivi chacun des deux assassinats de dirigeants du Front populaire (6 février 2013 et 25 juillet 2013) ont été rapidement endiguées par les forces ne voulant pas de rupture avec l’ordre ancien. À la place s’est mise en place, entre octobre 2013 et fin 2014, une solution de « consensus national » autour de l’UGTT et du syndicat patronal UTICA (10).

    Suite aux élections de fin 2014, un gouvernement ayant pour fonction de tenter d’opérer une « normalisation » néolibérale a vu le jour (11).
    Même si des slogans demandant le départ du ministre de l’Education ont été lancés lors du rassemblement des instituteurs du 9 juin, le but des militant-e-s animant les luttes actuelles n’est pas de « dégager » le pouvoir en place. Ils veulent, par les mobilisations, lui imposer la satisfaction de droits économiques et sociaux, à commencer par l’application des accords conclus parfois depuis 2011.

    Et le Front populaire ?

    Les zigzags du Front en 2013 ont laissé de nombreuses cicatrices : atermoiements après l’assassinat de Chokri Belaïd (12), durcissement du discours début juillet 2013 (13), alliance avec Nidaa Tounès après l’assassinat de Mohamed Brahmi (14).
    Par la suite, le Front a connu en 2014 de nombreuses tensions autour de la désignation des têtes de liste aux législatives, des éventuelles alliances électorales et/ou gouvernementales, de la consigne de vote au second tour des présidentielles (15).

    Malgré cela, le Front n’a pas éclaté. Il a multiplié par 2,5 le nombre de ses députés et est arrivé en troisième position aux présidentielles avec 7,8 % des suffrages. De plus, il a exclu toute participation ministérielle, n’a pas voté le budget 2015 et a refusé de voter la confiance au gouvernement.
    Le Front populaire s’est ainsi positionné comme le leader de l’opposition politique au gouvernement néolibéral dirigé par Nidaa Tounès et Ennahdha.

    Ce Front rassemble aujourd’hui l’essentiel de la gauche, et aucune nouvelle force politique de gauche ayant un minimum de poids n’a été en capacité de se constituer depuis 2011. Même certain-e-s des militant-e-s qui ne ménagent pas leurs critiques à son égard se félicitent de l’existence du Front et estiment qu’il constitue une force susceptible de se radicaliser (16).

    Reste au Front à surmonter une série de faiblesses. Il y a tout d’abord sa difficulté à préciser son orientation en termes d’indépendance de classe, ainsi qu’à élaborer son programme. Il y a ensuite sa difficulté à se structurer.
    Deux autres questions clés concernent : la place des militant-e-s ne faisant partie d’aucune des organisations ayant constitué le Front ainsi que la très faible féminisation des structures du Front populaire. Tout cela se conjugue avec le débat sur la transformation éventuelle du Front en parti. Cette position semble majoritaire au sein de la base, mais est très minoritaire au niveau de la direction. La conférence d’octobre 2015 devrait permettre d’éclaircir ces différents points.

    La porte étroite de la LGO

    La Ligue de la gauche ouvrière (LGO) n’a vu le jour qu’au lendemain du 14 janvier, à partir de militant-e-s ayant appartenu une dizaine d’années auparavant à l’organisation tunisienne de la IVe Internationale. Ayant perdu une partie des militant-e-s qui ont participé à sa fondation, la LGO compte aujourd’hui moins d’une centaine de membres. Il convient de noter que toutes les tentatives de quitter la LGO pour créer une nouvelle force politique ont à ce jour échoué. La LGO reste faiblement structurée et dispose de ressources financières limitées. Ses militants les plus actifs doivent simultanément maintenir une insertion syndicale et/ou associative, construire la LGO et participer à la construction du Front.
    Peu de Tunisien-ne-s connaissent la LGO en tant que telle. Quant au Front populaire, il est avant tout connu par les déclarations de son porte-parole Hamma Hammami, dirigeant historique du Parti des travailleurs (ex-PCOT).

    Étant beaucoup plus faible que les deux organisations issues de la tradition marxiste-léniniste (Parti des travailleurs et Parti des patriotes démocrates unifiés), la LGO a souvent eu du mal à faire entendre sa voix au sein du Front. Le souci de ne pas se retrouver isolée a parfois poussé la LGO à un certain suivisme, comme par exemple fin juillet 2013 lors de la création du Front de salut national (FSN). Le congrès de la LGO a corrigé le tir en septembre de la même année en décidant à 80 % de sortir du FSN, tout en continuant à appartenir au Front populaire (17).

    Par la suite, la LGO a participé activement à la bataille pour que le Front refuse toute alliance électorale avec Nidaa Tounes ou des forces liées à ce parti. Les militant-e-s de la LGO se sont battu-e-s pour que Front refuse de voter le budget et la confiance au gouvernement, et à plus forte raison participe à ce dernier. Ses représentants avaient d’ailleurs annoncé par avance qu’ils étaient prêts à une rupture de discipline au cas où cette position ne l’emporterait pas. Ils n’ont heureusement pas eu besoin de le faire.

    La LGO dispose d’une certaine influence politique au sein du Front populaire, notamment par la présence de deux membres à la direction du Front populaire, qui sont également députés. L’opportunité s’ouvre à la LGO de jouer un rôle actif dans l’élaboration des réponses aux questions auxquelles le Front doit faire face aujourd’hui.

    Reste à la LGO à parvenir à se structurer, ainsi qu’à réussir à travailler collectivement avec ses deux députés. Le renforcement de ses liens internationaux, notamment au sein de la région arabe, pourrait être de nature à aider la LGO à se construire.

    Le 9 juin 2015 LEROUGE Dominique

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35163

  • Coalition internationale contre Daech : ajouter le chaos au chaos (Npa)

    Les 22 pays membres de la Coalition internationale contre Daech (l’État islamique) se sont réunis, pour la deuxième fois, le 2 juin à Paris. Une réunion restreinte des ministres des Affaires étrangères sous la houlette de Fabius, alors que les djihadistes ont conquis les villes de Palmyre en Syrie et de Ramadi en Irak. Rodomontades guerrières, mépris des peuples, impuissance et rivalités affichées...

    C’est un « combat de long terme », la « détermination de la France est totale », a affirmé Fabius. Des propos qui ne peuvent masquer ni l’impuissance ni les dissensions. Les 4 000 raids ­aériens effectués en dix mois par la coalition n’ont pas empêché la progression de Daech. Ils n’ont pas non plus convaincu les soldats de l’armée irakienne, dissoute par les USA en 2003 après la guerre et le renversement de Saddam Hussein, de combattre et de se sacrifier sous la direction et pour les intérêts de ceux qui ont mis leur pays à feu et à sang.
    Faisant semblant d’ignorer les responsabilités des grandes puissances, Fabius distribue ses conseils : la stratégie militaire serait « indissociable de la mise en œuvre de la politique de réconciliation en Irak ». Ceux qui ont détruit le pays et dressé les communautés les unes contre les autres, prônent maintenant la réconciliation !
    À la tête d’un État fantoche, le Premier ministre irakien Haider al-Abadi est bien incapable d’associer les dirigeants sunnites qui n’acceptent pas l’autorité de son gouvernement dominé par les classes dirigeantes chiites et soumis aux responsables du chaos du pays.

    Une stratégie aveugle
    Toujours plein de conseils pour dire comment faire pour sortir du chaos qu’ils ont eux-mêmes créés et qu’ils continuent d’aggraver, les dirigeants des grandes puissances demandent la reprise du processus de négociation en Syrie pour « une transition politique » sous l’égide des Nations unies. Seul problème, l’opposition à Assad est dominée par le Front Al-Nosra, la branche syrienne d’Al-Qaida, grâce aux mêmes grandes puissances !
    Et très présents à la conférence de Paris, la Turquie et l’Arabie saoudite continuent leur double jeu, poussés par leur ambition de puissances régionales et unis par leur rivalité avec l’Iran qui n’était pas invité. Là encore les ambiguïtés des grandes puissances jouent les uns contre les autres en accentuant les tensions entre ceux sur lesquels est censée s’appuyer leur politique. Les Kurdes, les seuls qui se soient réellement mobilisés contre Daech, n’étaient bien sûr pas de la partie...
    Barack Obama ne peut avoir d’autre stratégie que de jouer des ambitions des puissances de la région, se résignant à la progression de Daech tout en continuant les frappes aériennes... et les grandes déclarations contre le terrorisme comme celle qu’il a faite au G7.
    Toute la région est engagée dans une guerre à long terme dont les populations continueront d’être les premières et principales victimes. « La situation humanitaire en Irak est proche de la catastrophe ! », selon l’Unicef. Huit millions d’Irakiens ont besoin d’une aide humanitaire d’urgence, en particulier les trois millions qui ont dû fuir depuis le début de l’offensive de Daech. Mais pour les grandes puissances, l’essentiel est que le pétrole continue de couler...

    Yvan Lemaitre 

  • « Les Terrasses » de Merzak Allouache : chroniques d’une Algérie déglinguée (Orient 21)

     

    Évoquer avec justesse et une rare maîtrise la société algérienne d’après la « décennie noire », c’est le tour de force talentueux réalisé par Merzak Allouache dans Les Terrasses, son dernier film actuellement dans les salles en France.

    L’action se déroule dans des terrasses d’Alger au fil des cinq prières quotidiennes. Il n’y a pas d’intrigue unique mais plusieurs personnages qui se croisent, chacun engagé dans sa propre quête, ordinaire ou non, allant vers un destin parfois tragique. Ici, dans la Casbah, c’est une grand-mère qui n’en peut plus d’héberger sa fille folle et son petit-fils démoli par «  Madame Courage  », cette drogue, cocktail de psychotropes divers, qui fait des ravages dans la jeunesse. Là, sur les hauteurs, c’est une équipe de tournage qui, ignorant le danger, entre dans une villa inhabitée pour tourner des plans de la capitale. Pas loin, c’est un homme que l’on torture pour qu’il signe on ne sait quel document.

    Renouant avec l’inspiration de ses premiers films, notamment le toujours culte Omar Gatlato, — emblématique de la jeunesse algérienne du milieu des années 1970 —, Allouache montre une capitale dont les habitants ne s’aiment guère. C’est d’ailleurs ce que chante un groupe de musique qui répète sur l’un des toits du centre ville. Une capitale où les rapports humains sont empreints de tension, de défiance et de violence latente, où la moindre altercation peut mener à l’irréparable. Les Terrasses disent une vérité difficile à entendre. À Alger, et malgré la fin décrétée de la guerre civile qui a ensanglanté le pays de 1992 à 2002, la vie ne tient qu’à un fil : le frère tue le frère, le voisin souhaite la mort du voisin, les uns arnaquent les autres et le jeune se suicide parce qu’il n’en peut plus de ce qui l’entoure. De fait, la mort rode encore et elle n’est pas le fait du seul «  terrorisme résiduel  », expression consacrée pour désigner la persistance d’attentats et autres attaques menées par des groupes islamistes ayant refusé de déposer les armes.

    Effets à retardement de la «  sale guerre  »

    En ce sens, le film sonne comme une mise en garde qui fait froid dans le dos. Les prix du pétrole chutent — ce qui fait perdre au pays plusieurs dizaines de milliards de dollars et planer la menace d’une explosion sociale — et l’on n’en finit pas de s’interroger sur l’état de santé du président Abdelaziz Bouteflika et de la manière dont sera organisée sa succession. Le message du film est clair : il dit que les Algériens, jeunes ou pas, ont encore en eux les «  germes  » qui pourraient les pousser à s’entretuer de nouveau. En cela, cette fiction fait écho aux multiples cris d’alarme de médecins inquiets de voir que les effets de la «  sale guerre  », parmi lesquels l’existence de stress post-traumatiques, ne sont pas sérieusement pris en charge par les autorités.

    Mais il n’y a pas que le traitement clinique qui serait nécessaire. Affairisme, omniprésence du «  piston  », banditisme, désarroi, lâcheté des hommes face aux violences faites aux femmes et renoncement général sont les maux décrits par petites touches et par d’excellents dialogues en (vrai) arabe algérien où surnagent les délicieux emprunts faits encore et toujours à la langue française («  baba dispara  », mon père a disparu, dit ainsi l’un des personnages...). Et parmi ces maux, ceux-là même qui, d’une certaine façon ont déjà conduit l’Algérie au pire, Merzak Allouache met aussi en évidence la persistance du radicalisme religieux et du lavage de cerveau d’une partie de la jeunesse par des imams prompts à chanter les louanges du djihad. À cela s’ajoute une bigoterie mâtinée de superstitions diverses, un phénomène qui ne cesse de prendre de l’ampleur depuis les années 2000, et qui pousse par exemple une femme à consulter un charlatan, pseudo cheikh, pour régler ses problèmes de couple ou de santé.

    «  Alger la Blanche  » décatie

    Le film montre aussi la coexistence permanente du beau et du laid. D’un côté une baie splendide, une lumière méditerranéenne extraordinaire (ce n’est pas un mince exploit que de l’avoir restituée). De l’autre, une ville déglinguée, de plus en plus anarchique avec ses immeubles qui tombent en ruine, ses façades lépreuses, ses habitants déguenillés ou habillés sans goût, plongés dans une acculturation dont ils n’ont plus conscience, à l’image de leurs tee-shirts de marques occidentales contrefaites ou de ces antennes paraboliques omniprésentes. Le moche et le vulgaire semblent avoir pris possession d’une capitale dont la blancheur légendaire n’est, comme le dit un personnage, réhabilitée (du moins en partie) qu’à l’occasion de la visite d’un chef d’État étranger. Les Terrasses montre Alger qui souffre, abandonnée à son sort, à l’image d’une Casbah qui tombe en ruine et que, demain, certainement, des promoteurs immobiliers aujourd’hui en embuscade transformeront en un nouveau Dubai City avec ses tours de verre et d’acier et ses climatiseurs, symboles obligés de la modernité et de «  l’émergence  » économique. En regardant le film et ses plans sur la ville, on se dit que Merzak Allouache a aussi voulu figer les images d’une ville paradoxale dont le caractère décati forge aussi sa beauté et sa personnalité. Une sorte de dernier témoignage, livré au moment où un équilibre fragile précède la bascule vers un chaos définitif. Lequel, à l’image de ce qui se passe au Caire, obligera les maîtres du pays à ressortir des cartons les divers projets pour la construction d’une nouvelle capitale.

    La fête dans la tempête

    Faut-il pour autant désespérer d’Alger, de ses habitants et même de l’Algérie  ? Ce qui frappe dans Les Terrasses, c’est le refus du tragique grandiloquent, voire de la haine de soi dans laquelle excellent hélas quelques écrivains algériens de renom. Car la résistance est là. L’Algérois survit et se bat, bien qu’il procède lui-même de son propre accablement. Ainsi, les jeunes musiciens du film n’ignorent rien de leur environnement, ils s’y adaptent. Ils réfléchissent à la manière de pratiquer leur art et de résister à la marchandisation générale comme ces «  tentes du ramadan  », coûteux spectacles sponsorisés par de grandes entreprises privées ayant désormais pignon sur rue dans l’ex-économie du socialisme spécifique. Sur les terrasses délabrées, il y a aussi de nombreuses plantes vertes. Certes, les pots sont hideux et hétéroclites, les tiges malingres, mais elles poussent. Elles sont l’emblème d’une vie qui continue, symbolisée par un mariage fêté sur une terrasse par un petit concert, de chaabi, cette musique intrinsèquement algéroise à laquelle Allouache aime rendre hommage. La scène est d’ailleurs emblématique du film puisque le concert se déroule de nuit alors qu’il vente et que la pluie menace. La joie avant une nouvelle tempête  ?

    Akram Belkaid  12 juin 2015
     
     
    http://orientxxi.info/lu-vu-entendu/les-terrasses-de-merzak-allouache-chroniques-d-une-algerie-deglinguee,0934
  • Bref rappel de l’affaire Si Salah (Le Matin.dz)

    Le colonel Si Salah voulait dialoguer avec De Gaulle pour la fin de la guerre.

    Le 10 juin 1960 a eu lieu une rencontre entre le conseil de la wilaya IV historique, conduit par son chef, le colonel Salah Zaamoum et le général de Gaulle. Le colonel Si Salah voulait dialoguer avec De Gaulle pour la fin de la guerre.

    Mise à part l’histoire officielle qui n’en fait nullement mention, cette affaire donne lieu à deux versions antinomiques. La première, de surcroît simpliste, fait état de la trahison pure et simple du conseil de la wilaya IV et l’autre, plus raisonnable, relate les faits en les rapprochant autant que faire se peut de la réalité.

    De toute évidence, bien que le discours du 16 septembre 1959 – où le général de Gaulle parle du droit du peuple algérien à l’autodétermination – ait un poids considérable dans le processus de la prise de décision, il n’en demeure pas moins que les raisons sont davantage endogènes à la révolution algérienne. En fait, la mésentente entre le conseil de la wilaya IV et l’organisation extérieure atteint son paroxysme vers janvier 1960.

    Lors du conseil de wilaya, Si Salah reproche amèrement au GPRA son mutisme aux appels de détresse qui lui sont lancés par les maquisards de l’intérieur. Dans un rapport rédigé par Boualem Seghir, les chefs de la W4 dressent un tableau noir de la situation. «Le peuple a trop souffert… Le peuple est en voie de nous abandonner», constatent-ils. Selon Gilbert Meynier, dans "Histoire intérieure du FLN", "ce fut à qui fulminerait le mieux contre le GPRA et les planqués de l’extérieur qui avaient abandonné les combattants à leur triste sort."

    Cependant, à l’époque des faits, la révolution vit au rythme d’une crise interne sans précédent. En effet, sous le règne des 3B (Belkacem Krim, Abdelhafid Boussouf et Abdellah Bentobbal), la révolution allait à vau-l’eau. Cela dit, bien que les organismes issus du CNRA (16 décembre 1959 – 18 janvier 1960), lui-même précédé de la réunion des dix colonels (11 août – 16 décembre 1959), soient un pur dosage entre les forces en présence, une décision capitale est tout de même prise : le retour des forces combattantes, stationnées aux frontières marocaine et tunisienne, à l’intérieur du pays. Ce qui correspond, de façon sous-jacente, aux desiderata des combattants intérieurs.

    Hélas, le CNRA commet une erreur irréversible en confiant le commandement militaire unifié à Houari Boumediene. Alors que les maquis de l’intérieur sont pris en étau, le chef de l’état-major général se projette dans l’après-guerre. Du coup, ne voyant rien venir, le conseil de la W4 revient à la charge, en mars 1960, en accusant les chefs extérieurs d’opportunistes. «Les vieux griefs contre Boumediene le voleur d’armes resurgirent à propos d’un contingent de 17000 armes promises à la 4 et qui auraient été accaparées par la 5 et l’armée des frontières du Maroc», écrit Gilbert Meynier.

    Ce sont, sans doute, ces divergences internes qui ont motivé les combattants de la wilaya IV de se rendre à l’Élysée en vue de rencontrer le général de Gaulle. "Nous ne voulons plus que notre million de martyrs serve de slogan publicitaire… en connaissance de cause et en qualité de responsables des combattants, il nous est plus permis de laisser mourir un seul Algérien en plus. Dans l’intérêt supérieur du peuple et de l’armée de libération, il est urgent de cesser le combat militaire pour entrer dans la bataille politique", écrivent les membres du conseil de la wilaya IV.

    Enfin, dans son ultime tentative d’infléchir la position du GPRA, Si Salah écrit une lettre, le 15 avril 1960, dans laquelle il se montre intransigeant. "Vous avez interrompu radicalement tout acheminement de compagnie et de matériel de guerre depuis 1958… Nous ne pouvons plus en aucune manière assister les bras croisés à l’anéantissement progressif de notre chère ALN", écrit-il.

    Concomitamment à ces remontrances, le conseil de la W4 noue des contacts avec des responsables français. Prenant les choses au sérieux, le général de Gaulle envoie deux émissaires : Bernard Tricot et le colonel Mathon. Après moult conciliabules, ces rencontres aboutissent à la rencontre du 10 juin 1960 à l’Élysée. Enfin, bien qu’ils jugent leur démarche responsable, les chefs de la wilaya IV demandent à ce que leur accord soit soumis au GPRA ou à l’approbation des chefs historiques emprisonnés.

    Pour conclure, il va de soi qu’une action séparée, dans un mouvement de libération nationale, est improductive. Cela dit, si jamais une telle action devait être condamnée, il faudrait condamner les causes qui l’ont produite aussi. Enfin, s’il y a un point sur lequel les membres du conseil de la W4 ne sont pas trompés, c’est la mise à nue du système militarisé se profilant à la fin de la guerre. Du coup, condamner de façon simpliste leur action revient à cautionner l’emprise du groupe de militaires sur la souveraineté nationale.

    Boubekeur Aït Benali

    Par Le Matin | 11/06/2015 09:23:00

    http://www.lematindz.net/news/17678-bref-rappel-de-laffaire-si-salah.html

  • Ban Ki-moon de l’ONU cède et retire Israël de la liste des graves agresseurs d’enfants (Agence Medias Palestine)

     

    http://static.guim.co.uk/sys-images/Politics/Pix/pictures/2012/1/23/1327340221291/Israeli-soldiers-guard-Pa-007.jpg

     

    Le Secrétaire Général de l’ONU Ban Ki-moon a cédé à la pression d’Israël et des Etats-Unis et a retiré l’armée israélienne de la liste officielle de ceux qui contreviennent gravement aux droits des enfants, dans le rapport de cette année sur les enfants dans les conflits armés.

    Ce faisant, Ban a rejeté une recommandation officielle de sa propre Déléguée Spéciale aux Enfants dans les Conflits Armés Leila Zerrougui et de nombreuses organisations des droits de l’Homme et de défenseurs des droits de l’enfant.

    Cette action de Ban est particulièrement insigne puisque le rapport révélait que le nombre d’enfants tués en 2014 en Cisjordanie occupée et dans la Bande de Gaza, 557, était le troisième en ordre d’importance après l’Irak et l’Afghanistan et avant la Syrie.

    109. Les autorités israélienne et palestinienne ont l’obligation de s’assurer que les violations des lois internationales humanitaires et sur les droits de l’Homme sont examinées de façon rapide, efficace, indépendante et impartiale, et que les responsables sont présentés à la justice.

    110. Israël a sans cesse prétendu que son opération militaire à Gaza répondait à des tirs de roquettes sur Israël et qu’elle avait été menée en plein accord avec ses obligations internationales. Cependant, je suis profondément inquiet face à l’étendue des graves violations subies par les enfants dues aux opérations militaires israéliennes de 2014. L’échelle sans précédent et inacceptable de l’impact sur les enfants en 2014 soulève de graves inquiétudes à propos de la soumission d’Israël aux lois humanitaires internationales, notamment en ce qui concerne les principes de distinction, de proportionnalité et de précaution dans les attaques, et le respect des lois internationales sur les droits de l’Homme, particulièrement en relation avec l’usage excessif de la force. C’est d’autant plus inquiétant que l’ »Opération Bordure Protectrice » était la troisième opération militaire israélienne majeure sur Gaza en six ans. L’impact cumulé de ces opérations militaires sur les enfants et sur la population civile en général, ainsi que l’occupation militaire continue de l’État de Palestine, est dévastateur. Comme l’établit ce rapport, le nombre d’enfants palestiniens tués (557) est le troisième par ordre d’importance en 2014 après le nombre d’enfants tués en (I) Afghanistan (710) et (II) Irak (679), et avant (IV) la Syrie (368) et (V) le Darfour (197). Le nombre d’écoles endommagées ou détruites dans l’État de Palestine (au moins 543) a été le plus élevé parmi tous les cas étudiés en 2014.

    111. J’exhorte Israël à prendre des dispositions concrètes et immédiates, y compris en révisant sa politique et ses habitudes actuelles, afin de prévenir la mort et la mutilation d’enfants et pour respecter les protections spéciales accordées aux écoles et aux hôpitaux. Une mesure essentielle à cet effet est de s’assurer de la responsabilisation des auteurs de ces violations présumées. J’exhorte par ailleurs Israël à engager un dialogue avec ma Déléguée Spéciale et avec les Nations Unies pour garantir qu’il n’y aura pas d’autres graves violations contre les enfants.

    #rapport UNSG CAAC : #les forces israéliennes ont tué 557 enfants en 2014 dans les TPO, chiffre le plus élevé en 2014 derrière l’Afghanistan et l’Irak.
    8 juin 2015

    La révélation comme quoi les forces armées d’Israël ont été retirées par Ban Ki-moon de l’annexe du rapport annuel est déplorable, a déclaré Brad Parker, procureur et avocat international à Défense des Enfants International-Palestine (DCI Palestine), à l’Electronic Intifada.

    « Le rapport annuel et son annexe sur les enfants, ou « liste de la honte », a été un outil efficace pour la prise en compte de la responsabilité fondée sur les faits et s’est avéré utile pour accroître la protection des enfants dans les situations de conflit armé. Il y a des preuves évidentes de graves et persistantes violations commises par les forces israéliennes depuis au moins 2006 qui auraient dû déclencher leur inscription dans la liste », a ajouté Parker

    « La décision du secrétaire général de placer la politique au-dessus de la justice et de la responsabilité envers les enfants palestiniens a fourni aux forces israéliennes un accord tacite pour continuer à commettre impunément ses graves violations contre les enfants », a dit Parker.

    La décision du plus haut fonctionnaire de l’ONU sera saluée avec soulagement par l’administration Obama, Israël et d’autres pour qui assurer une telle impunité à Israël importe.

    Pression d’Obama

    « Le projet du rapport 2015 préparé par la Déléguée spéciale du Secrétaire Général aux Enfants et aux conflits armés, Leila Zerrougui, recommandait d’ajouter Israël et le Hamas à la liste annexe des parties – la dite « liste de la honte » – étant donné leurs violations répétées contre les enfants », a dit Human Rights Watch dans un communiqué du 4 juin.

    Human Rights Watch a fait appel à Ban pour qu’il « liste tous les pays et groupes armés qui ont répétitivement commis ces violations et pour qu’il résiste aux pressions évoquées venant d’Israël et des Etats-Unis pour qu’il retire Israël du projet de liste ».

    Mais ces pressions se sont révélées irrésistibles pour Ban. Politique Etrangère a écrit la semaine dernière que l’administration Obama avait utilisé un effort concerté pour faire pression sur lui afin qu’il supprime Israël de la liste pour de cynique raisons politiques.

    D’après un fonctionnaire anonyme de l’ONU cité par Politique Etrangère, l’administration Obama s’est inquiétée au sujet de fausses accusations comme quoi « la Maison Blanche serait anti-israélienne », alors que les USA achèvent des négociations sensibles sur le nucléaire civil du programme énergétique de l’Iran.

    Faux équilibre

    Human Rights Watch a soutenu les appels vers Ban pour qu’il mette le Hamas aussi bien qu’Israël sur la liste, mais il semble que ç’ait été une manœuvre pour paraître « équilibré » et éviter les accusations sans fondement de penchants anti-israéliens fréquemment dirigées contre l’organisation.

    Des sources très au fait du rapport final ont dit à l’Electronic Intifada que le Hamas n’est pas non plus sur la liste.

    Mais les violations attribuées aux groupes armés palestiniens, dont la mort d’un enfant israélien l’été dernier suite à un tir de roquette depuis Gaza, peuvent difficilement être comparées avec les meurtres de masse systématiques perpétrés impunément contre les enfants palestiniens dans la Bande Gaza et en Cisjordanie par les forces d’occupation israéliennes.

    Le Hamas et d’autres groupes palestiniens de résistance armée subissant déjà des sanctions internationales et un embargo sur les armes et étant déjà cataloguées par divers pays comme « organisations terroristes », ajouter le Hamas à la liste n’aurait pas signifié grand-chose.

    C’est Israël dont les violations se poursuivent, non seulement impunément mais avec l’aide des gouvernements les plus importants d’Europe et d’Amérique du Nord, qui en est la cause.

    DCI-Palestine a fourni des informations sur le meurtre d’au moins 547 enfants palestiniens pendant l’agression israélienne sur Gaza l’été dernier.

    Human Rights Watch cite comme faisant partie du dossier israélien le « meurtre illégal d’enfants » en Cisjordanie, dont nadimNuwara et Muhammad Abu al-Thahir, tous deux âgés de 17 ans, abattus par des snipers le 15 mai 2014.

    En avril, une commission d’enquête constituée par Ban a découvert qu’Israël avait tué et blessé des centaines de Palestiniens l’été dernier lors de sept attaques sur les écoles régies par les Nations Unies dans la Bande de Gaza.

    Sabotage

    En mars, il y a eu un tollé parmi les Palestiniens et les défenseurs internationaux des droits de l’Homme lorsqu’on découvrit que des fonctionnaires de l’ONU se révélaient vouloir essayer de saboter, après menaces d’Israël, le processus fondé sur les preuves qui débouche sur une recommandation de mise sur la liste.

    Les organisations palestiniennes ont demandé aux fonctionnaires de niveau intermédiaire de l’ONU accusés d’interférer dans le processus de démissionner.

    Ceci fit que la Déléguée Spéciale Zerrougui assura que le processus décisionnel était encore en cours et qu’en réalité, après avoir collecté toutes les preuves, Zerrougui recommandait en fait qu’Israël figure sur la liste.

    Cette recommandation arrive après que les services de l’ONU, en collaboration avec des organisations des droits de l’Homme, ait récolté des preuves selon les critères spécifiques mentionnés dans la Résolution 1612 dun Conseil de Sécurité de l’ONU.

    Mais, en dépit du processus apolitique long de plusieurs mois fondé sur les preuves, la décision finale était toujours entre les mains de Ban.

    Partenaire des crimes d’Israël

    L’enjeu était important pour Israël, et en fait pour Ban, s’il s’était rendu à l’évidence au lieu de se soumettre à la pression politique.

    « L’introduction d’une partie dans les éléments dclencheurs de la liste du secrétaire général a renforcé la réponse de l’ONU et les possibles sanctions du Conseil de Sécurité, telles que l’embargo sur les armes, les interdictions de voyager et le gel des avoirs », note Human Rights Watch.

    « Pour retirer un pays ou un groupe armé de la liste, l’ONU doit vérifier que la partie a cessé ses agressions après avoir mis en place un plan d’action négocié avec l’ONU. »

    Ban a une longue histoire dans l’utilisation de son poste pour s’assurer qu’Israël échappe à ses responsabilités, sauf à l’occasion de très gentilles réprimandes verbales presque toujours « compensées » par des critiques contre ceux qui vivent sous occupation israélienne.

    Au plus fort de l’agression israélienne de l’été dernier sur Gaza, 129 organisations et des individus distingués ont écrit au secrétaire général le condamnant pour « vos déclarations biaisées, votre défaut d’action et la justification impropre des violations par Israël des lois humanitaires internationales qui s’apparentent à des crimes de guerre. »

    Le rapport de Ban, disent-ils, fait de lui un « partenaire » des crimes d’Israël. Sa dernière lâche décision ne fera que cimenter cette réputation bien méritée.

    Alors qu’Israël va célébrer cette victoire dans le court terme, dans le long terme cela va vraisemblablement discréditer encore plus l’ONU en tant que mécanisme de responsabilisation et convaincre plus de gens du besoin d’une pression populaire directe sur Israël sous la forme de boycott, désinvestissement et sanctions.

    Par Ali Abunimah, le 8 juin 2015

    Source : Electronic Intifada

    Traduction : J.Ch. pour l’Agence Média Palestine

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/06/11/ban-ki-moon-de-lonu-cede-et-retire-israel-de-la-liste-des-graves-agresseurs-denfants/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

  • Succès du meeting BDS contre le sionisme et l'antisémitisme (Npa)

    Avec Pierre Stambul à Toulouse

    300 personnes se sont pressées hier soir salle Barcelone à Toulouse pour écouter et débattre avec Pierre Stambul, coprésident de l'Union juive française pour la paix, soutenu par la présence de Georges Gumpel et d'André Rosevègue, autres personnalités de l'UJFP. Un débat sur l'opposition juive au sionisme et aux raisons du soutien de l'UJFP à la campagne BDS. Un public bien plus nombreux que celui des réunions publiques précédentes sur la Palestine depuis la fin de la deuxième Intifada.

    Cette soirée n'avait pourtant rien eu d'évident. Une des raisons de son organisation conjointe par l'UJFP et par BDS France Toulouse était de répondre, politiquement et symboliquement, à l'interdiction, le 31 mars, de la même salle municipale pour une réunion avec le professeur Farid Esack, président de BDS Afrique du Sud. Pour justifier cette interdiction, combinant mensonge et calomnie, le maire de Toulouse a écrit qu'il s'agissait d'une "réunion publique autour de personnes condamnées pour discrimination et incitation à la haine raciale". Aussi la réunion d'hier intitulée "Antisionisme/antisémitisme : à qui profite l'amalgame" avait pour but de mettre au défi le maire d'interdire une réunion exposant le soutien des Juifs progressistes antisionistes à la campagne BDS.

    Les groupes d'extrême droite pro-Israël ne s'y sont pas trompés. A commencer par le site JSSNews dirigé depuis Jérusalem, appelant à empêcher physiquement la réunion, ou au moins à fournir un prétexte à une annulation pour "risque de trouble à l'ordre public". Ensuite par le site des nervis de la LDJ, qui proposait d'appeler la ville et la préfecture pour faire interdire la réunion.

    La tenue de la réunion a été un double échec pour les sionistes. La municipalité a eu le bon sens de ne pas pratiquer l'antisémitisme contre l'UJFP, et la contre-manifestation ("Des bus partiront de toutes les grandes villes de France (Nice, Marseille…) et les groupes parisiens arriveront par voiture, avion et train") s'est limitée à une vingtaine d'individus qui sont restés tenus à distance par un solide service d'ordre que nous remercions.

    Le succès de la réunion a tenu aussi à la présence d'une assistance jeune qui, en grande partie, entendait pour la première fois l'exposition de l'opposition juive au sionisme et son soutien au BDS. C'est aussi un nouvel encouragement pour le comité BDS France Toulouse. La conférence de Pierre Stambul sera transcrite.

    Plus que jamais le combat continue !

    Jeudi 11 Juin 2015

    Communiqué de BDS-France Toulouse.

    http://npa2009.org/actualite/succes-du-meeting-bds-contre-le-sionisme-et-lantisemitisme-avec-pierre-stambul-toulouse

  • L’USN France appelle à manifester (Afriques en lutte)

    media

    Devant l’ambassade de Djibouti à Paris samedi 13 juin 2015

    L’Union pour le salut national (USN) représentée en France regrette l’absence totale de progrès dans l’application de l’accord-cadre signé le 30 décembre 2014 avec le gouvernement de Djibouti, lequel mène campagne, en l’absence de toute réforme démocratique, pour un 4e mandat d’Ismaël Omar Guelleh en avril 2016.

    La communication du gouvernement ne doit pas tromper ! Aucun signe n’est perceptible de sa volonté d’appliquer les engagements pris, alors que l’USN a régulièrement appliqué sa part d’engagements.

    C’est pourquoi, il est grand temps de réinvestir la place publique pour lancer une mobilisation générale contre ce ballet de mensonges servi aux citoyens djiboutiens et à la communauté internationale.

    Tous les citoyens sont concernés, il appartient à chacun de sauver sa liberté et sa démocratie face à un régime de l’arbitraire qui cherche à s’éterniser en usant de tous les artifices.

    L’USN France appelle à manifester le samedi 13 juin de 14 heures à 16 heures devant l’ambassade de Djibouti à Paris, situé au 26 Rue Emile Menier, 75116 Paris, métro Porte Dauphine (ligne 2).

    Un mémorandum sera remis aux autorités consulaires et des documents repères seront distribués.

    Il n’y aura pas d’élection présidentielle en 2016 à Djibouti, s’il n’y a pas de CENI pleine et véritable.

    Pour l’USN France

    Le représentant de l’USN en France Maki HOUMED-GABA

    11 juin 2015 par UNION POUR LE SALUT NATIONAL (Djibouti) 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/djibouti/article/l-usn-france-appelle-a-manifester