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Révolutions Arabes - Page 265

  • La frénésie autour de la loi sur « l’État juif » tombe à plat : Israël pratique déjà la discrimination (Agence Médias Palestine)

    Le projet de loi sur « l’État-nation juif » a provoqué une énorme quantité de discussions et de controverses en et hors d’Israël.

    Mais ce qui manque dans la plupart des réactions internationales, c’est à quel point Israël se définit déjà comme un Etat juif et, de ce fait, pratique institutionnellement et juridiquement la discrimination. Ci-après trois entrées par lesquelles la loi israélienne a créé une ethnocratie, pas une démocratie.

    Un. Pendant les quelques premières années après la création de l’État d’Israël en 1948, la Knesset a voté trois lois qui établissaient les fondements d’un Etat juif aux dépens des indigènes palestiniens (dont la plupart avaient subi un nettoyage ethnique et été empêchés de revenir).

    L’effet combiné de la Loi sur le Droit au Retour, de la Loi sur le Bien des Absents et de la Loi sur la Citoyenneté signifiait ceci : tout Juif dans le monde pouvait migrer en Israël et devenir un citoyen, tandis que les Palestiniens expulsés étaient dépouillés de leur citoyenneté et expropriés de leurs biens par l’État.

    Deux. Il n’existe pas de nationalité israélienne, avec l’utilisation, « dans l’Enregistrement de la Population, du mot ‘nationalité’ se référant, non pas à la citoyenneté, mais plutôt à l’identité ethnique ». En octobre 2013, la Cour Suprême d’Israël a pris des décisions contre un effort pour établir une nationalité israélienne distincte de l’identité juive.

    Ce faisant, les juges ont confirmé une décision judiciaire de 1972 qui affirmait « il n’y a pas de séparation entre nation israélienne et nation juive », et en créer une « nierait les fondements mêmes sur lesquels l’État d’Israël a été construit » – c’est à dire, en tant qu’Etat juif.

    Aeyel Gross a écrit dans Haaretz que cette distinction, parallèlement à « l’identification de l’État à un seul groupe national spécifique, induit une hiérarchie et de l’exclusion » qui ne s’expriment pas que comme des « symboles », mais aussi «  en termes d’allocation de ressources, de pouvoir de gouvernement, de travail, de discrimination (formelle ou non) et par le besoin d’indiquer, dans l’enregistrement de la population, qui est juif et qui ne l’est pas.

    Trois. Il n’y a pas de garantie d’égalité, pour les citoyens juifs et palestiniens, qui soit enchâssée dans la législation israélienne. Comme l’a exprimé en 2012 le Comité de l’ONU pour l’Elimination de la Discrimination Raciale (CERD), il n’existe ni « définition » ni « prohibition de la discrimination raciale ».

    Ce qui s’en rapproche le plus, c’est la Loi fondamentale : Dignité Humaine et Liberté (1992), mais elle ne contient aucune obligation spécifique à l’égalité – ou, selon les mots du Magistrat Aharon Barak, « tous les aspects de l’égalité » ne sont « pas inclus dans le cadre de la dignité humaine ».

    En fait, la Loi Fondamentale contient une opposition cruciale, ou clause limitative, qui permet que les « droits » qui y sont inclus puissent être « violés » par des lois « qui conviennent aux valeurs de l’État d’Israël » – à savoir, « en tant qu’Etat juif et démocratique ».

    Sur ces éléments fondateurs, on a construit une légion de décisions politiques et de pratiques discriminatoires. Celles ci servent à protéger la majorité juive créée grâce à l’expulsion massive des Palestiniens et assurent aux Juifs des avantages et des privilèges aux dépens de ceux des Palestiniens qui sont restés.

    Ceci affecte l’attribution de terre, le logement, la planification régionale et municipale, les droits à la citoyenneté, la famille, l’éducation, la défense des minorités et pléthore d’autres domaines de la vie courante. Même le Département d’État américain reconnaît qu’Israël exerce une « discrimination institutionnelle et sociétale » contre ses citoyens palestiniens. (Pour en savoir plus, voyez mon livre « Palestiniens d’Israël : Ségrégation, Discrimination et Démocratie ».)

    Se référant au nouveau projet de loi, Le Times est sorti avec l’en-tête « Israël hésite à propos de la loi sur les Arabes de deuxième classe ». Un éditorial du New York Times a prétendu que « les tribunaux et lois d’Israël » ont logiquement donné un « poids égal » à la définition d’Israël en tant que à la fois « juif et démocratique ». Ceci est tout simplement faux.

    Il est absurde de suggérer, comme le fait l’article du New York Times, que « ‘existence même d’Israël… a été fondée sur l’idéal de démocratie pour l’ensemble de sa population ». Les Palestiniens ont toujours été (au mieux) des citoyens de deuxième classe et Israël se définit déjà comme un « Etat juif » plutôt que comme un Etat de tous ses citoyens.

    Alors oui, la nouvelle vague de législation d’extrême droite révèle quelque chose de nouveau – mais n’oublions pas que nous sommes témoins d’une intensification de la discrimination raciale, pas de son émergence.

    Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

    Source: Middle East Monitor

    Ben White
    Mardi 25 novembre 2014

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2014/11/30/la-frenesie-autour-de-la-loi-sur-letat-juif-tombe-a-plat-israel-pratique-deja-la-discrimination/

  • A Gaza, le blocus se renforce et les prix s’envolent (Afps)

    Les prix flambent à Gaza.

    Les Gazaouis subis­saient déjà le blocus israélien. Dans les décombres de la guerre, ils font désormais les frais de la zone-​​tampon créée par l’Egypte le long de la fron­tière avec l’enclave palestinienne.

    Avant, Jihad Ahmed payait son paquet de ciga­rettes 10 shekels, soit deux euros. Aujourd’hui, le prix en a qua­siment triplé : 28 shekels ! Ce Gazaoui de 18 ans en est réduit à acheter ses ciga­rettes au détail. Trois shekels pour trois ciga­rettes qu’il fumera avec par­ci­monie tant son budget est maigre.

    Imed Chalbiya, qui lui tend ses ciga­rettes, explique la hausse des prix par le chantier en cours du côté égyptien de la fron­tière, au sud de la bande de Gaza. Les Egyp­tiens construisent un glacis pour contrer la menace d’attentats jiha­distes qui se mul­ti­plient car ils soup­çonnent des acti­vistes pales­ti­niens de prêter main forte à leurs auteurs. Les tunnels qui reliaient Gaza et l’Egypte "ont été fermés et, d’un coup, la réserve de ciga­rettes à Gaza a fondu, faisant monter en flèche les prix", dit Imed Chalbiya à l’AFP. En plus, "les pro­prié­taires des rares tunnels encore en fonc­tion­nement exigent 650 euros pour le transport de chaque carton de cin­quante car­touches de ciga­rettes". Les mêmes causes pro­duisent les mêmes effets sur les pro­duits de pre­mière nécessité ou l’électronique.

    Fini, le fromage égyptien

    Ter­ri­toire exigu et sur­peuplé coincé entre Israël, l’Egypte et la Médi­ter­ranée, la bande de Gaza est depuis 2006 étouffée par un strict blocus israélien. La seule bouffée d’oxygène venait des tunnels de contre­bande d’où se déver­saient toutes sortes de pro­duits venus d’Egypte. Après la des­ti­tution du pré­sident isla­miste Mohamed Morsi en juillet 2013, le nouveau pouvoir égyptien a radi­ca­lement changé de poli­tique à l’égard des 1,8 million de voisins gazaouis, détruisant 1.600 tunnels et coupant quasi-​​totalement leurs voies d’approvisionnement.

    La guerre de juillet-​​août déclenchée par Israël, l’ampleur de la dévas­tation et des besoins et la rareté des mar­chan­dises fai­saient déjà redouter aux habi­tants de Gaza une envolée des prix. Mais le ren­for­cement du blocus égyptien alourdit les fac­tures. "On vendait du fromage égyptien pour 10 ou 11 shekels, raconte Abou Mohammed, qui possède un petit super­marché à l’ouest de la ville de Gaza. Il est à plus de 23 shekels main­tenant. Je n’en vends plus. Plus per­sonne ne l’achète à ce prix".

    Dans son magasin d’électronique, Mohammed Safi abonde : "L’iPhone 5 coûtait 2.200 shekels. Main­tenant, c’est 2.600".

    La bande de Gaza est plus que jamais un marché captif pour Israël. Hanine Youssef, 27 ans, achetait "seulement des pro­duits égyp­tiens, ils étaient moins chers et je ne voulais pas sou­tenir l’économie israé­lienne". A présent, "il n’y a plus le choix : les seuls pro­duits dis­po­nibles sont israéliens".

    Situation "catastrophique"

    Quand les tunnels fonc­tion­naient à plein régime, les maté­riaux de construction repré­sen­taient un business de plus d’un mil­liard d’euros par an, selon Ayman Abed, du ministère de l’Economie. Sans ciment ni gra­viers, ce sont 35.000 Gazaouis qui se sont retrouvés au chômage - fléau qui touche désormais 63% des jeunes - alors que des dizaines de mil­liers de maisons ont été détruites ou endom­magées par la der­nière guerre, dit-​​il.

    Les maté­riaux de recons­truction rentrent par char­ge­ments limités, en raison de l’inquiétude d’Israël qu’ils ne soient détournés contre lui. Dis­tribués via l’agence de l’ONU pour l’aide aux réfugiés pales­ti­niens (UNRWA), les sacs de 50 kilos de ciment sont revendus aux par­ti­cu­liers 5,5 euros pièce, mais 42 sur le marché noir. "A l’époque des tunnels, la tonne de ciment se vendait 380 shekels (80 euros). Main­tenant, elle est à 3.800 shekels au marché noir", affirme Souheil Touman, qui vend des maté­riaux de construction.

    A Gaza, où selon l’ONG Oxfam 80% de la popu­lation vit de l’aide huma­ni­taire, les prix étaient tra­di­tion­nel­lement bien moins élevés qu’en Cis­jor­danie occupée a for­tiori à Jéru­salem. Aujourd’hui, les étals gazaouis pro­posent "des pro­duits d’exportation israé­liens, au prix initial plus élevé, et aux­quels ont été ajoutées de fortes taxes" imposées à leur entrée dans l’enclave, dit l’économiste Amr Chaabane. Pour lui, "la situation éco­no­mique est lit­té­ra­lement catas­tro­phique. Elle n’a jamais été aussi mau­vaise à Gaza depuis des décennies".

    OLJ/​AFP, dimanche 30 novembre 2014

    http://www.france-palestine.org/A-Gaza-le-blocus-se-renforce-et

  • Dimanche place Tahir

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    Dimanche: Manifestations importantes dans de nombreuses universités et surtout aux universités de "l'Institut technologique du 10 de  Ramadan ", l' "Université égyptienne de Science et Technologie" et la "Shorouk Academie". Aujourd'hui dimanche 30.11, place Tahrir: "Tuez-moi, vous serez déclarés innocents".

     

  • Egypte. La portée de la grève à l’aciérie géante d’Helwan (A l'Enconre.ch)

    Le 23 novembre 2014, les travailleurs d'Helwan arrêtent la production

    Le 23 novembre 2014, les travailleurs d’Helwan arrêtent la production

    Les 11’000 travailleurs de la Compagnie des Fers et Aciers d’Helwan (ville au bord du Nil, en face des ruines de Memphis, en 2006 avait déjà plus de 600’000 habitant·e·s; c’est une grande banlieue du Caire) sont entrés en grève avec occupation samedi 22 novembre 2014 pour exiger, principalement, le paiement de leurs «bonus» (une participation aux bénéfices), le limogeage de leur directeur et la ré-embauche des ouvriers licenciés précédemment, notamment lors de la grève de décembre 2013; ensuite, pour dénoncer la gestion calamiteuse de l’entreprise nationale.

    Cette grève est importante déjà par le nombre de salariés de cette entreprise, ensuite par la puissance symbolique de cette usine géante de la métallurgie, enfin par sa situation dans une banlieue populaire du Caire. Mais sa portée va bien au-delà, socialement et politiquement.

    Une portée sociale qui dépasse largement l’entreprise

    En effet, cette grève a démarré parce que lors de «l’Assemblée générale» (assemblée qui réunit direction, syndicats et salariés pour son bilan annuel) la direction n’a annoncé que de lourdes pertes sans déclarer de bénéfices, alors que la loi «oblige» les directions des entreprises nationales à accorder des «bonus» aux salariés, équivalant à un à deux mois de salaire, voire parfois plus.

    On comprend la fonction de ces bénéfices. Les «bonus» représentent pour les ouvriers des sommes importantes, ce qui explique qu’ils soient en colère, d’autant plus qu’ils sont méfiants des annonces de la direction. Non seulement ces prétendues pertes suppriment une bonne partie de leurs revenus mais, en plus, servent d’excuses pour exiger plus d’effort au travail et licencier un certain nombre de salariés. De plus, le Center for Trade Union and Workers’ Services (CTUWS) a déclaré que ces pertes étaient factices et n’avaient pour but que de préparer une privatisation à bas coût. Les travailleurs dénoncent ainsi qu’un des quatre hauts fourneaux de l’usine ne marche pas faute d’approvisionnement suffisant en charbon. Alors, disent-ils, s’il y a vraiment des pertes, c’est soit volontaire, soit du fait de l’incompétence de la direction et, dans les deux cas, elle doit être «dégagée».

    Les travailleurs ont bien des raisons d’être méfiants, car déjà l’an passé, comme depuis dix ans, l’entreprise n’a annoncé que des pertes, ce qui avait déjà occasionné une grève en décembre 2013 pour les mêmes revendications qu’aujourd’hui et, à cette occasion, une volée de promesses du pouvoir… non tenues.

    Par ailleurs, la colère des salariés est aussi fortement alimentée par le fait que le leader de la grève de 2013, Ayman Sobhy Hanafy, s’est suicidé en se jetant dans le Nil, après être tombé en dépression suite à son licenciement par la direction, sans que cette dernière lui ait accordé dédommagements et pension.

    Mais au-delà des problèmes de cette entreprise, et c’est ce qui fait de cette grève une question d’ordre nationale, c’est que les problèmes qu’elle soulève sont aussi ceux de la plupart des autres entreprises industrielles publiques, qui n’annoncent bien souvent que des pertes. Cela implique qu’elles ne donnent pas de «bonus» – c’est-à-dire baissent les salaires –, tournent à mi-production, donc restructurent, ferment des ateliers moins «rentables», augmentent la productivité, licencient et préparent ainsi probablement leur privatisation. Et toute la politique du gouvernement actuel – comme d’ailleurs des gouvernements précédents depuis 2004 – va dans le sens de cette préparation d’une nouvelle vague de privatisations.

    Or ce secteur des entreprises industrielles nationalisées avec au centre les usines géantes de la métallurgie (et du textile) représente à lui seul 250’000 salariés, dont bien des Assemblées générales sont à venir.

    Une grève qui en prolonge d’autres

    Par ailleurs, cette grève suit deux mouvements importants des ouvriers et en accompagne quasi un autre, celui des étudiants.

    En février et mars 2014, un vaste mouvement de grève des salariés de l’industrie publique pour l’extension à leur secteur de la hausse du salaire minimum accordé aux fonctionnaires d’Etat, entraîné par les ouvriers de l’industrie publique du textile, avait été à l’origine de la chute du gouvernement d’alors.

    Cela avait provoqué la candidature précipitée de l’ex-maréchal Abdel-Fattah al-Sissi à la présidentielle de fin mai. En effet, ce dernier et son entourage proche avaient estimé, devant l’urgence sociale, que l’élection présidentielle et son cortège de promesses étaient le meilleur moyen pour détourner les aspirations ouvrières dans des impasses électorales.

    Cela lui avait réussi puisque, servi sur divers modes par tous les appareils syndicaux nationaux, anciens ou nouveaux, et la majeure partie de la gauche nassérienne, stalinienne ou social-démocrate, il avait réussi ainsi à mettre fin à la grève. Depuis, il s’est dépêché de tenter de briser toutes les libertés d’expression, de manifestation et de grève, par une répression d’une violence extrême.

    Cependant, déjà en août puis début septembre 2014, après le mois du ramadan, une deuxième vague de grèves avait resurgi dans le pays, exigeant de Sissi qu’il honore ses promesses, avec notamment la grève victorieuse des ouvriers des briqueteries.

    Toutefois, ces grèves ne touchaient le plus souvent que les secteurs les plus pauvres et les moins organisés de la classe ouvrière égyptienne. Un peu comme s’il fallait du temps aux fractions les plus organisées, et donc ses militants, pour digérer la trahison ou forfaiture de tous leurs représentants syndicaux et politiques nationaux qui soutiennent ou ont soutenu Sissi. Ou encore du temps pour revenir de leurs illusions, pour ceux, à la base, qui avaient pu être séduits par les promesses du candidat Sissi. Celui-ci en effet – rappelons-le – aimait à se présenter sous les couleurs de la démagogie à tonalité nassérienne.

    Avec la grève de l’aciérie d’Helwan, on assiste à une nouvelle étape des luttes de l’après-présidentielle, car c’est bien à nouveau le cœur de cette classe ouvrière organisée qui remonte sur la scène sociale.

    Et avec cette grève, ce sont les exigences et les souvenirs de la fin de la grève de février-mars qui pourraient bien refaire surface. En effet, à cette date, une douzaine de grandes entreprises industrielles publiques fraîchement privatisées s’étaient coordonnées dans la lutte pour exiger leur renationalisation, avec notamment déjà cette question des «bonus» au centre des préoccupations des salariés. Et en même temps et en association, une coordination nationale de différents secteurs du public en grève avait vu le jour avec un large programme social reprenant les principales revendications populaires du moment (voir notre article sur le site A l’Encontre en date du 24 septembre 2014).

    Il va donc sans dire que le cœur de la classe ouvrière égyptienne regarde avec attention ce qui se passe là, et bien des militants expliquent qu’il ne faut pas laisser ceux d’Helwan seuls.

    Par ailleurs, la rentrée universitaire, le 11 octobre 2014, a été marquée par un fort mouvement de contestation de la politique sécuritaire du gouvernement par les étudiants et cela jusqu’à début novembre.

    Démarrées autour de la remise en cause des mesures de sécurité sur les campus prises par le gouvernement et confiées à une société privée, Falcon Security, les manifestations étudiantes se sont vite étendues à toutes les mesures interdisant toute organisation et toute activité politique dans les universités. Puis avec la répression du mouvement qui a occasionné des centaines d’arrestations et de condamnations, provoqué des centaines de blessés et plusieurs morts, les manifestations sur la majeure partie des universités se sont élargies à la dénonciation de la politique du «tout répression» des autorités militaires égyptiennes.

    Mais le mouvement s’est peu à peu éteint. Cela a été provoqué par la violente répression, mais surtout par l’action des frères musulmans. En effet, particulièrement implantés en milieu étudiant, ils ont cherché à parasiter ce mouvement et à le détourner vers leurs revendications propres où ils mêlaient la dénonciation de la violence du régime mais aussi de sa légitimité au profit de celle du régime de Morsi, seul à avoir été élu démocratiquement, selon eux. Le pouvoir s’est appuyé sur cela pour accuser le mouvement des étudiants d’être au service des Frères musulmans ou manipulé par eux.

    Dans un climat où le pouvoir mène une véritable guerre contre le terrorisme islamiste dans le Sinaï et s’appuie sur cette guerre pour légitimer toutes les mesures de répression, les étudiants n’ont pas su, du fait notamment de leurs revendications uniquement démocratiques, se différencier suffisamment des Frères musulmans. Dès lors, beaucoup d’entre eux ont préféré renoncer plutôt que d’être confondus avec ceux qu’ils ont contribué à faire tomber en juin 2013.

    Or les ouvriers d’Helwan, de leur côté, ont su trouver une solution à ce problème de l’opposition au pouvoir des Frères musulmans et de leurs tentatives de parasiter le mouvement social, tout particulièrement depuis septembre. Du fait de ce que sont les ouvriers, de la faible influence des Frères musulmans en leur sein, et surtout par leurs revendications que ne veut surtout pas satisfaire la Confrérie – et donc ne peut les porter – les grévistes d’Helwan ont clairement et démonstrativement refusé tout soutien des islamistes.

    Ce qui donne à ce conflit une envergure très clairement politique.

    Une double portée politique

    Dans cette entreprise nationalisée, le gouvernement et sa politique sont directement la cible de la grève. En exigeant la démission du directeur de l’entreprise, en rappelant les revendications et le mouvement de février-mars, cette grève fait resurgir les origines de la révolution née dans les années 2004-2005, lors du «gouvernement des milliardaires» et quand ceux-ci privatisaient à tour de bras. Bref, elle continue à faire vivre la révolution en rappelant ses exigences: la justice sociale mais aussi le fait de dégager non seulement le sommet de l’Etat, Moubarak, mais encore tous les «petits Moubarak», à tous les niveaux de l’appareil d’Etat ou de l’économie.

    Cette grève est d’abord politique pour ces raisons.

    Mais elle rappelle aussi – ce que nous allons voir maintenant – dans cette période où le «djihadisme» barbare semble séduire jusqu’à quelques jeunes Occidentaux, que les Frères musulmans ne représentent pas cette révolution et qu’elle s’est faite aussi contre eux et leur obscurantisme. Elle est donc encore politique pour cela, en affirmant que face aux barbaries militaires et religieuses, il y a une troisième voie, celle du prolétariat dans son ampleur effective, c’est-à-dire de la civilisation.

    Contre cette grève, jusque-là, le gouvernement a manié comme à son habitude les menaces et les promesses, la carotte et le bâton.

    D’une part, le premier ministre Ibrahim Mehleb, a promis qu’il répondrait positivement aux revendications des travailleurs lundi 1er décembre en résolvant le manque d’approvisionnement énergétique de l’usine et en investissant dans l’entreprise. Mais les salariés n’y croient plus; les mêmes promesses avaient été faites l’an passé et rien n’a été concrétisé. Aussi, les travailleurs ont déclaré que si rien n’était fait lundi, ils durciraient leur mouvement.

    D’autre part, 15 des dirigeants de la grève ont été menacés d’arrestation et d’être poursuivis devant le procureur militaire pour «obstruction à la production, sabotage et atteinte à l’économie nationale». Un des dirigeants de la grève, Mohamed Abdel Maqsoud, a déclaré qu’ils avaient reçu la visite d’officiers de haut rang les menaçant de les accuser d’être des fauteurs de troubles, au service des gangsters et membres des Frères musulmans!

    Or le gouvernement égyptien ne plaisante pas. Plus d’un militant a déjà été arrêté, torturé et condamné ces derniers temps. Et le ministre de l’Investissement a clairement déclaré la semaine passée sur l’un des canaux TV satellite: «Nous sommes dans un état de guerre, et nous allons agir avec les travailleurs et les entreprises, comme le fait l’armée avec le terrorisme.» Le porte-parole de la direction de l’entreprise a lui-même déclaré que la grève n’était pas économique ou sociale mais avait des buts politiques en expliquant qu’elle aurait reçu le soutien des Frères musulmans et en proclamant mensongèrement que les travailleurs avaient incité l’opinion publique à participer à leurs manifestations ainsi qu’à celles du Front salafiste ce vendredi 28 novembre où ces derniers ont appelé à une révolution islamique.

    Or cette manifestation à hauts risques du 28 novembre témoigne d’une double évolution des Frères musulmans. En effet, en septembre, ceux-ci ont manifesté la volonté d’élargir leurs revendications identitaires religieuses à des revendications sociales avec des appels à la révolution de la faim.

    Mais depuis, les succès militaires de Daech [Etat islamique] en Syrie et en Irak ont fortement pesé sur une partie de leurs fidèles, notamment depuis que le groupe islamiste le plus important en lutte dans le Sinaï – Ansar Beit Al-Maqdis – s’est publiquement affilié à l’Etat islamique. Et on voit depuis octobre des drapeaux de Daech dans des cortèges des Frères musulmans de même que ses slogans y sont scandés.

    Un Front salafiste s’est créé jouant de cette tendance, doublant très rapidement en influence Al-Nour, le principal groupe salafiste jusque-là, mais qui soutient Sissi, et menaçant le crédit et le prestige des Frères musulmans.

    La manifestation du 28 novembre qui a pour but une «nouvelle révolution», mais de la «jeunesse islamiste», a été appelée par ce nouveau Front salafiste et rejoint peu après par les Frères musulmans, craignant d’être doublés sur ce terrain de la radicalité identitaire. Ainsi les Frères musulmans vont un coup à «gauche», un coup à droite, mêlant aux revendications sociales les idées les plus réactionnaires et rétrogrades.

    Aussi, face à la radicalisation islamiste, le pouvoir a déclaré que ce serait la dernière manifestation «autorisée» des Frères musulmans et a annoncé une répression féroce contre tous les terrorismes, Sissi élargissant ces jours-ci la notion aux crimes contre l’économie [1].

    Dans ces conditions – qui rappellent, en changeant ce qu’il faut changer, le dilemme des forces révolutionnaires en Allemagne en 1931-1932 lorsque les nazis appelaient à descendre dans la rue pour des revendications sociales – les travailleurs de l’aciérie ont décidé de suspendre leur grève deux jours, jeudi 27 et vendredi 28 novembre, pour bien montrer qu’ils n’ont rien à voir avec les Frères musulmans. Cependant ils ont aussi annoncé qu’ils reprendraient leur grève dès le samedi 29 tôt le matin et qu’ils la durciraient lundi 1er décembre si le gouvernement ne donnait rien.

    Ainsi les travailleurs font un double geste politique qui reflète certainement l’opinion de la majorité des classes populaires.

    D’une part ils désignent le gouvernement et sa politique à l’ensemble de la classe ouvrière et de la population comme responsable de la dégradation de la situation des travailleurs. En même temps, ils démontrent aux yeux de tous la volonté du gouvernement de se mettre au service du privé contrairement à toute la propagande que peut faire Sissi sur le soi-disant esprit national qui l’animerait.

    D’autre part, ils refusent de s’associer aux manifestations des Frères musulmans contre ce gouvernement, montrant bien qu’ils ne veulent toujours pas de la solution «islam» et qu’ils ne marchent pas dans les tentatives de certains secteurs de la Confrérie de colorier socialement ces derniers temps leurs revendications identitaires et religieuses, notamment lors du mouvement étudiant de la rentrée.

    Et par ce dernier aspect, ils offrent la possibilité d’une politique indépendante aux plus honnêtes des militants du mouvement étudiant de ces dernières semaines, qui n’arrivaient pas à se différencier des Frères musulmans. Ils indiquent à ces étudiants que la solution pour eux est dans le succès des travailleurs et donc dans la recherche de leur alliance, dans l’élargissement de leurs revendications démocratiques à une véritable démocratie sociale. Ils les invitent en quelque sorte à faire le même trajet politique qu’avait fait K. Marx dans sa jeunesse, il y a bien longtemps.

    Ils montrent enfin à toute la population, et au-delà, qu’il n’y a pas bi-polarisation de la situation politique entre l’armée et les Frères musulmans en Egypte mais qu’il y a au moins une tri-polarisation sinon plutôt une seule polarisation véritable entre possédants et exploités, opposition valable et compréhensible pour toute la planète. (29 novembre 2014)
    Par Jacques Chastaing

    ____

    [1] La manifestation du 28 novembre, là où le Front salafiste et les Frères musulmans prédisaient des millions dans les rues, n’a finalement été suivie que par quelques centaines de manifestants dans quelques villes. Les rues étaient vides. Les chars bien présents ont certainement dissuadé plus d’un à aller manifester. Quoi qu’il en soit, il n’y a pas eu prise de l’ascendant de Daech en Egypte, par contre le pouvoir s’est servi du danger qu’il a certainement amplifié pour justifier ses atteintes aux libertés. Mais cette sur-réactivité répressive du pouvoir est aussi en train de démontrer l’inverse de ce qu’il voudrait démontrer à de plus en plus d’Egyptiens, à savoir qu’il n’est pas capable de garantir la stabilité, la sécurité et la paix. Bien au contraire. A cela il faut ajouter la politique de destruction des maisons, sur plus de 10 kilomètres, afin d’isoler Gaza; ce qui éclaire le rôle de Sissi. Sans même épiloguer sur le sort de Moubarak blanchi de toutes les accusations.(J.C.)

    http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-la-portee-de-la-greve-a-lacierie-geante-dhelwan.html

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  • Nouveautés sur AFPS

     

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    An Israeli border police officer fires tear gas towards Palestinian stone-throwers

    Aujourd’hui l’actualité est marquée notamment par une mobilisation médiatique sur la question de la reconnaissance de la Palestine.


    Cette reconnaissance, tous les amis de la Palestine soutiennent son principe.


    Elle ne peut que contribuer à un plus grand isolement de l’Etat d’Israël, et la Palestine deviendrait alors non plus un « territoire occupé » mais un Etat occupé.


    Mais pousser à la reconnaissance de la Palestine sans créer un rapport de force qui impose des sanctions efficaces contre Israël ne peut que contribuer à préserver le statu quo, à soutenir ou cautionner de fait la continuation du blocus de Gaza, la politique de colonisation de la Cisjordanie, de judaïsation de Jérusalem et d’exclusion des Palestiniens d’Israël, lesquels sont traités comme des sous-citoyens chez eux.

    Souvenons-nous.


    L’Avis émis en juillet 2004 par la Cour Internationale de Justice contre le Mur et le régime qui lui est associé est resté sans en effet, ce qui a conduit un an plus tard au lancement par plus de 170 associations de la société civile palestinienne de la Campagne BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions), à l’image de la campagne qui avait contribué à mettre fin à l’apartheid en Afrique du Sud.

    Autre exemple : faute de sanctions contre Israël, la reconnaissance de la Palestine par l’UNESCO n’a pas empêché Israël d’imposer la floraison de « parcs nationaux » israéliens en territoire occupé, le contrôle de hauts lieux patrimoniaux palestiniens comme par exemple à Hébron, et les provocations actuelles sur l’Esplanade des Mosquées.

    Sans sanctions, la reconnaissance purement de principe de la Palestine peut aboutir à des conséquences catastrophiques : Israël peut en prendre prétexte pour considérer que la question des réfugiés ne la concerne plus et pour estimer que les Palestiniens d’Israël peuvent ne plus être considérés comme citoyens de ce pays.


    Un Etat virtuel désarmé composé de bantoustans contrôlés par la puissance sur-armée qu’est Israël : cette perspective est un risque réel.


    Elle serait le prolongement du projet de loi que le gouvernement Netanyahou veut présenter à la Knesset (parlement israélien) et qui consisterait à faire d’Israël « l’Etat-nation du peuple juif ». Les ambiguïtés de la formule « Etat juif et démocratique » ne suffisaient pas : là ce serait encore plus clair !

    Les sanctions qui s’imposent sont connues :


    - la poursuite des criminels de guerre israéliens par la Cour Pénale Internationale, ce qui d’ailleurs aurait déjà pu se produire même si la Palestine restait simplement « Etat observateur » à l’ONU
    - la rupture de l’Accord d’association (tarifs douaniers préférentiels) entre l’Union européenne et Israël
    - l’embargo sur tout commerce d’armes avec Israël
    - la poursuite du mouvement citoyen BDS.

    L’UJFP participe aux rassemblements pour la reconnaissance de la Palestine, mais tient à souligner que cette reconnaissance n’aura pas une portée réelle sans sanctions énergiques contre l’Etat d’Israël jusqu’à ce que les droits des Palestiniens soient réalisés : fin du blocus de Gaza, fin de l’occupation, de la colonisation, démantèlement du Mur d’apartheid, égalité des droits des Palestiniens d’Israël, droit au retour des réfugiés.

    L’élargissement de la campagne BDS, qui remporte des succès importants, est un moyen de pression citoyen particulièrement crucial face à Israël et à ses alliés ou complices. Elle construit un rapport de force pour mettre fin aux violations constantes du droit international par un Etat voyou qui cherche à écraser la résistance du peuple autochtone palestinien.

    Le bureau national de l’UJFP, le 26 novembre 2014

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3662

  • A quoi servira la reconnaissance par la France de la Palestine ? (Ujfp)

    Ne nous y trompons pas.

    Les récentes « fuites » sur d’éventuelles sanctions contre Israël — organisées par Israël lui-même à travers les Etats membres de l’Union européenne qui le soutiennent inconditionnellement — ne sont que de la poudre aux yeux.

    Il s’agit d’un simple projet que les pays membres n’ont pas vraiment discuté et qui n’a, dans le contexte actuel, aucune chance d’être appliqué. Quant à la reconnaissance de l’Etat de Palestine, elle perd beaucoup de sa signification si elle ne s’accompagne pas de mesures coercitives contre la partie qui refuse la paix depuis longtemps, le gouvernement israélien.

     

    A plusieurs reprises, le ministre des affaires étrangères français Laurent Fabius a déclaré que, le moment venu, Paris reconnaîtrait l’Etat palestinien.

    Ces déclarations se sont faites plus insistantes après que le Parlement britannique a voté une résolution (symbolique) en ce sens et que le gouvernement suédois a officiellement reconnu la Palestine. Selon Libération du 8 novembre, M. Fabius affirme : il y aura « à un moment — c’est une évidence — reconnaissance de l’Etat palestinien par la France », avant d’expliquer : « La question, c’est quand et comment ? Car il faut que cette reconnaissance soit utile aux efforts pour sortir de l’impasse et contribuer à un règlement définitif du conflit. » « Jusqu’à présent l’idée qui a prévalu, c’est que la reconnaissance devait être liée à la négociation. Mais si la négociation ne se produit pas, ou si elle n’aboutit pas, alors la France doit prendre ses responsabilités », a-t-il ajouté. Combien de temps faudra-t-il à Paris pour comprendre que la négociation n’a aucune chance d’aboutir dans le cadre actuel ?

    Le moins que l’on puisse dire, c’est que la France ne fait pas preuve d’un très grand courage.

    Rappelons que ces déclarations sur la reconnaissance de l’Etat palestinien ont d’abord été formulées durant la récente agression israélienne contre Gaza, quand Paris essayait de faire oublier les propos honteux du président François Hollande.

    Il est vrai que les crimes commis à Gaza par l’armée israélienne et la situation intolérable de ce territoire ont poussé les parlements à travers l’Europe à mettre sur la table cette question de la reconnaissance.

    Dans quelques jours, l’Assemblée nationale (le 28 novembre) et le Sénat (le 11 décembre) examineront une résolution peu contraignante en ce sens. Bien sûr, personne ne peut le regretter (même s’il faudra examiner le contenu des textes adoptés). Et si la France reconnaît officiellement l’Etat palestinien, on ne pourra que s’en réjouir, mais modérément. L’acte aura pour conséquence de confirmer la présence de la Palestine sur la carte politique et diplomatique. Mais au-delà ? Même en supposant que la solution à deux Etats soit encore possible malgré la colonisation, la question est de savoir si la reconnaissance la rend plus proche. Or, elle ne met un coup d’arrêt ni à l’extension des colonies, ni à la judaïsation de Jérusalem, tandis que les Palestiniens subissent une répression quotidienne. Et que dire de la situation à Gaza, où la reconstruction est bloquée par le siège israélien, auquel l’Egypte du maréchal Sissi apporte sa contribution ?

    Dans les conclusions de sa réunion du 17 novembre, le Conseil des affaires étrangères de Bruxelles, malgré un ton un peu plus ferme à l’égard d’Israël, renvoie les deux parties dos à dos et, surtout, n’envisage aucune mesure alors même que le blocus de Gaza par Israël (soutenu par l’Egypte) se poursuit et que le texte attribue à Israël toutes les décisions hostiles à la paix [1], il ne prend aucune mesure et renvoie les parties dos à dos. Lire aussi « Pourquoi les négociations au Proche-Orient échouent toujours », Le Monde diplomatique, juin 2014Et il salue encore une fois les « efforts » du secrétaire d’Etat américain John Kerry, qui a pourtant un bilan déplorable, dû largement au fait que, loin d’être un intermédiaire équitable entre les deux parties, il partage pour l’essentiel la vision israélienne de la « sécurité » et de la « paix ». Et si les conclusions du Conseil stipulent qu’il ne doit pas y avoir de retour au statu quo et que le blocus de Gaza doit être levé, le mécanisme d’entrée des matériaux dans Gaza négocié par l’ONU, et mentionné comme « un pas important », n’est en définitive ni plus ni moins qu’un retour à ce statu quo — sachant que l’entrée des matériaux pour les projets de l’agence des Nations unies pour les réfugiés palestiniens (UNRWA) et de l’aide internationale humanitaire était déjà possible.

    Les révélations des projets européens de sanctions par le quotidien Haaretz, le 17 novembre (Barak Ravid, « Haaretz obtains full document of EU-proposed sanctions against Israel »), auraient pu faire naître certains espoirs. Des mesures y sont proposées qui vont jusqu’à demander aux compagnies européennes de ne pas travailler dans les colonies (il est étrange que ces investissements, totalement illégaux du point de vue du droit international, soient encore autorisés !), le boycott des figures israélienne hostiles à la solution à deux Etats (mais il faudrait dans ce cas boycotter le gouvernement israélien lui-même...), etc.

    Or, contrairement à ce que laisse supposer l’article de Haaretz, écrit par un journaliste connu pour ses excellents contacts avec les services de renseignement israéliens, ce texte ne reflète que la volonté de quelques Etats (Suède, Irlande, Pays-Bas, Autriche) et n’a été rédigé que par une poignée de personnes. Il n’a aucune chance de passer les différents groupes de travail au sein du Conseil européen (et donc d’être avalisé par les instances décisionnelles de l’Union européenne, comme le Conseil des affaires étrangères). Mais sa divulgation (à travers les alliés européens d’Israël — République tchèque et Allemagne —, sans doute) sert surtout à la propagande de Tel-Aviv, qui ne va pas manquer de dénoncer l’« antisémitisme européen », ce qui obligera, une fois de plus, l’Europe à se coucher.
    Par Alain Gresh

     

    [1« Actions which call into question stated commitments to a negotiated solution must be avoided. The EU deeply deplores and strongly opposes the recent expropriation of land near Bethlehem, recent announcements of plans for new settlement construction, in particular in Givat Hamatos, Ramat Shlomo, Har Homa and Ramot, as well as plans to displace Bedouins in the West Bank and the continued demolitions, including of EU and Member States funded projects. It urges Israel to reverse these decisions which run counter to international law and directly threaten the two state solution. Recent settlement activity in East Jerusalem seriously jeopardizes the possibility of Jerusalem serving as the future capital of both states. Recalling that settlements are illegal under international law, the EU and its Member States remain committed to ensure continued, full and effective implementation of existing EU legislation and bilateral arrangements applicable to settlement products. The EU closely monitors the situation and its broader implications and remains ready to take further action in order to protect the viability of the two state solution. »

     

     
  • Face aux provocations du gouvernement israélien, reconnaître la Palestine et sanctionner enfin l’occupant ! (Ujfp)

    L’OAS est au pouvoir en Israël et le rouleau compresseur colonial s’emballe. Nétanyahou, Lieberman et Bennet estiment que la situation régionale et l’absence de sanctions internationales leur laissent les mains libres pour consolider le fait accompli.

     

    Jérusalem

    C’est à Jérusalem que nos apprentis sorciers allument le feu. Quand l’armée israélienne a conquis Jérusalem Est en 1967, il y avait eu consensus pour que la mosquée al-Aqsa reste un des lieux saints de l’islam et que les Juifs ne viennent pas prier sur l’esplanade des mosquées. Pourtant, depuis des années, les provocations se multiplient : des tunnels sont construits sous le « Mont du Temple » et des sectes intégristes menacent de détruire les mosquées pour y « reconstruire » le « Temple de Salomon » (temple présumé, à cette époque, Jérusalem n’était qu’un village de l’Âge de Fer). C’est sur l’esplanade des mosquées qu’Ariel Sharon a fait, le 28 septembre 2000, la provocation qui l’a conduit au pouvoir et qui a déclanché la « deuxième Intifada ».

    Aujourd’hui la police protège les sectes intégristes et on parle de transformer une moitié de la mosquée en synagogue comme cela s’est déjà fait avec le Caveau des Patriarches à Hébron. Si un jour, Nétanyahou « cède » à ces intégristes, le Proche-Orient sera à feu et à sang et il sera bien difficile de rappeler que cette guerre est avant tout une guerre coloniale et pas un choc religieux.

    Dans le reste de Jérusalem, chaque jour, de nouvelles constructions de colonies ou d’appartements sont annoncées. Dans les quartiers palestiniens de Sheikh Jarrah et Silwan, des colons protégés par la police occupent des appartements et rendent la vie impossible aux autochtones. Tout cela au nom de la Bible : le légendaire roi David aurait vécu à Silwan.

    C’est contre la judaïsation à marche forcée de Jérusalem que la ville s’embrase. Les attentats suicides traduisent la colère et le désarroi d’une population palestinienne abandonnée et progressivement marginalisée. De façon symbolique, l’attentat contre la synagogue de Har Nof a eu lieu dans un quartier situé sur l’ancien territoire de Deir Yassin, le village palestinien où toute la population a été massacrée en avril 1948 par les milices terroristes de l’Irgoun et du Lehi.

    Gaza, la cage

    Les médias ne parlent plus de Gaza, on n’y meurt plus comme cet été. Pourtant tout est fait pour que Gaza explose à nouveau. Le blocus est impitoyable, tant du côté israélien que du côté égyptien. Les entrées et sorties du territoire se font au compte-goutte. Des milliers d’habitantEs de Gaza sont bloquéEs en Égypte sans pouvoir rentrer chez eux/elles. La pénurie et l’étouffement sont tels à Gaza que tout le monde s’attend à un nouvel embrasement alors que des centaines de milliers de personnes ont dû quitter définitivement leurs appartements détruits. La jeune afghane Malala, Prix Nobel de la Paix, a décidé de faire don du montant du prix des « Enfants du Monde » à la reconstruction des écoles à Gaza. Reconstruction qui attendra : seul le ciment israélien parvient, en quantité très insuffisante, à Gaza.

    La fuite en avant

    Le gouvernement Nétanyahou attaque de tous les côtés. Dans le désert du Néguev, les expulsions s’amplifient contre la population Bédouine (pourtant de nationalité israélienne) et le village d’al-Araqib a subi une nouvelle destruction.

    Par 14 voix contre 5, le cabinet israélien a décidé de faire d’Israël « l’État-nation du peuple juif ». Autrement dit, les 6 millions de Palestinien-ne-s qui vivent entre Méditerranée et Jourdain deviennent officiellement des sous-citoyenNEs et les 60% de Juifs/ves qui vivent hors d’Israël se voient signifier qu’ils/elles sont des touristes n’ayant pas compris qu’Israël est leur mère patrie.

    Il faut noter que Tzipi Livni et Yair Lapid ont voté contre, ce qui traduit les premières fractures dans l’extrême droite israélienne.

    De même un des principaux partis religieux de la coalition au pouvoir, le Shas (environ 10% des voix), désapprouve clairement l’attaque menée contre l’esplanade des mosquées.

    Fragilisé, le gouvernement Nétanyahou lance sa propagande, toujours aussi peu imaginative : la reconnaissance de l’État de Palestine serait un « acte antisémite » !

    Un État oui, mais pas hors sol.

    Bien sûr, une reconnaissance de l’État de Palestine par la France et par tous les pays de l’Union Européenne serait vécue en Palestine comme une grande victoire, comme une reconnaissance des droits et de la dignité du peuple palestinien. Elle mettrait incontestablement en difficulté Israël transformé ainsi, juridiquement, en un État colonial occupant le territoire d’un autre pays. Elle donnerait à cet État palestinien des armes juridiques dans les instances internationales. Elle mettrait en exergue « l’illégalité » de l’occupation des territoires conquis en 1967. Elle donnerait aux PalestinienNEs une citoyenneté dont ils/elles sont de fait privéEs. Elle permettrait à l’État palestinien de porter plainte contre Israël devant la justice internationale pour les crimes de guerre, crimes contre l’humanité et incitation au génocide commis.

    Interrogeons-nous : qu’est-ce qui est en train d’être reconnu par les pays européens ?
    Les initiateurs/trices de la « reconnaissance » demandent des « négociations » alors que toutes celles qui ont eu lieu et qui ont été soutenues par l’Union Européenne étaient des demandes de capitulation des PalestinienNEs sur leurs revendications.
    Pour l’instant, la Palestine serait un État hors-sol, un territoire non-viable, un bantoustan constitué de cantons éclatés.

    La question des sanctions

    Il est illusoire de penser qu’à froid et sans sanctions, la « communauté internationale » puisse changer le cours des choses. Il y a le précédent du jugement de la Cour Internationale de Justice de la Haye (9 juillet 2004) condamnant Israël pour la construction du mur (de l’apartheid) en Cisjordanie. À l’époque, ce mur mesurait 250 Km, il en fait 3 fois plus aujourd’hui. Israël a bafoué cette décision défavorable comme ce pays en a bafoué des dizaines.

    En 120 ans d’existence, le sionisme a toujours fonctionné de la même manière : on crée le fait accompli puis on le consolide, on le légalise et on poursuit le rouleau compresseur colonial. Deux fois dans son existence, l’Erat d’Israël a été (très légèrement) sanctionné : en 1957 sur l’évacuation du Sinaï et en 1991 sur l’ouverture de négociations. Les deux fois, ce pays très mondialisé, qui dépend totalement de ses échanges avec l’Occident et de l’aide américaine, a cédé instantanément.

    La Suède vient de reconnaître la Palestine. En même temps, elle maintient sa coopération militaire avec Israël et ne s’oppose pas à l’accord qui permet aux produits israéliens (même ceux des colonies) d’inonder les marchés européens. Ça ne crée aucune véritable pression sur Nétanyahou.

    La reconnaissance de l’Etat palestinien doit donc impérativement s’accompagner de sanctions. Et elle doit s’accompagner d’un véritable changement de la politique européenne. Jusqu’à présent, les dirigeants européens sont complices de l’occupant à l’image du gouvernement français qui refuse de libérer le militant du FPLP Georges Ibrahim Abdallah, en prison depuis plus de 30 ans pour un crime imaginaire.

    Un agenda dépassé

    À l’occasion de la bataille sur la reconnaissance de la Palestine, on voit ressurgir la revendication « d’un État palestinien » sur l’ensemble des territoires conquis par Israël en 1967 ayant Jérusalem-Est comme capitale et vivant en paix avec Israël. Charles Enderlin lui-même vient d’expliquer que ce n’est plus possible et la quasi-totalité des internationaux qui vont en Palestine le disent depuis longtemps. La majorité des Palestiniens n’y croit pas ou ne le souhaite pas. Plus de 10% de la population juive israélienne (650000 personnes) vit au-delà de la ligne verte (la frontière internationalement reconnue). 40% des militaires (professionnelLEs ou conscritEs) sont des colons. Les n°2 et 3 du gouvernement sont des colons. Évacuer les colons coûterait 30% du PIB israélien.

    Bien sûr l’État unique est pour l’instant également utopique.

    Il faut comprendre que le projet historique du sionisme (un État juif homogène) est loin d’être réalisé et que la situation est ouverte.

    Il serait navrant que la reconnaissance de l’État de Palestine fasse apparaître comme unique revendication la solution à deux États. Cela solution est irréaliste et elle n’est ni juste, ni souhaitable. Elle abandonne les Palestiniens d’Israël et les réfugiés, entérinant l’apartheid israélien et la fragmentation de la Palestine. Elle fait croire que l’Autorité Palestinienne est la seule représentante du peuple palestinien, ce qui est manifestement inexact.

    Le BDS

    La voie diplomatique toute seule ne changera pas le rapport de forces. C’est la capacité de résistance des PalestinienNEs et l’ampleur du soutien international qui seront déterminants et qui auront des conséquences diplomatiques.

    La campagne mondiale BDS multiplie les succès. Les pressions pour empêcher la publicité pour Téva se multiplient. Orange est interpellé par ses syndicats pour sa participation à la téléphonie mobile dans les territoires occupés.

    La campagne BDS a provoqué l’écroulement de l’action « Sodastream ». Cette firme envisage de déménager son usine depuis la colonie de Maale Adoumim vers le Néguev (là où on expulse les Bédouins, ce qui est tout aussi immoral). En Californie, les dockers ont refusé à plusieurs reprises de débarquer des cargos de la compagnie israélienne Zim. L’image d’Israël est sérieusement atteinte. Cette campagne doit s’amplifier et accompagner la reconnaissance de l’État de Palestine.

    Pierre Stambul (25 novembre 2014)

    Article de Pierre Stambul à paraître dans la revue "Emancipation"

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3664

  • Tunisie : le débat au sein du Front populaire (Essf)

    Lettre ouverte de militant-e-s et sympathisant-e-s du Front populaire adressée aux autres militant-e-s du Front et à sa direction.

    Saisissons l’opportunité historique pour construire l’alternative de gauche prête à gouverner

    Nous sommes,


    * des militant.e.s dans les domaines culturel, médiatique, politique et social - affilié.e.s au « Front populaire pour la réalisation des objectifs de la révolution » ;


    * des soutiens qui appuient le Front populaire de l’extérieur et lui appartiennent intellectuellement et spirituellement ;


    * des indépendant.e.s intéressé.e.s par l’expérience du Front populaire et par la réalisation des promesses de la révolution.


    Par ailleurs nous partageons tous/toutes la conviction du projet historique du Front, comme porteur politique des aspirations des femmes et hommes libres de notre peuple et de ses démuni.e.s à la liberté, à la justice sociale, à la dignité et à la souveraineté nationale, tel que revendiqué par la révolution de 17 décembre.

    Nous vous écrivons à la lumière des résultats des élections législatives et le premier tour de l’élection présidentielle, et en perspective de la prochaine étape.


    Tout d’abord, nous vous félicitons des résultats respectables et encourageants du Front, même si, comme vous d’ailleurs, nous pensons que le « front des martyrs » ne mérite pas moins que gouverner la Tunisie pour mettre en pratique l’essentiel de sa raison d’être, à savoir « réaliser les objectifs de la révolution », comme le dit son nom. Pour cette raison, plus spécifiquement, nous souhaitons partager avec vous notre point de vue sur une question que nous considérons fatidique pour le Front, la gauche et le pays dans la prochaine phase.

    Concernant le débat en cours sur la possibilité de la participation du Front populaire au gouvernement qui sera formé par Nidaa Tounes, et à la lumière des appels de certains des dirigeants de ce parti à l’adresse du Front pour qu’il donne une consigne pour voter son candidat au second tour de la présidentielle, nous pensons ce qui suit :

    * Le Front populaire et le processus révolutionnaire n’ont aucun intérêt à privilégier un candidat sur un autre, étant donné que tous les deux appartiennent à la contre-révolution. Quelles que soient les divergences sur lequel l’un des deux est « moins nocif », nous craignons qu’un appel du Front à voter pour l’un d’eux conduise à la perte d’une partie importante de couches sociales qui le soutient, ou celles dont elle aspire à gagner le soutien à l’avenir. Cette option pourrait aussi nuire à l’unité du Front et la percée qu’il a fait récemment. De ce fait nous pensons que la position la plus sûre est que la direction du Front ne donne aucune consigne pour voter l’un ou l’autre des candidats et de laisser le choix libre à ses militants et sympathisants.

    * à notre avis, il n’est pas de l’intérêt du Front d’accepter de faire partie de la prochaine coalition gouvernementale, et ce, pour les raisons suivantes :


    En cas de participation au gouvernement, le Front sera obligé d’accepter les politiques de la partie majoritaire. En raison de ses liens à l’intérieur et à l’extérieur, qui ne sont un secret pour personne, Nidaa Tunis n’acceptera pas de donner au Front des centres de décision réels avant tout dans les domaines économique et social. Tout le monde sait que tous les partis de droite sont aujourd’hui d’accord entre eux sur la nécessité d’accepter les diktats des institutions financières internationales sous formes de « réformes douloureuses » qui augmenteront la détérioration des conditions de vie des couches paupérisées et de la classe moyenne.


    Ce qui signifie que le Front non seulement sera incapable, dans le cadre de cette coalition, de mettre en œuvre les politiques qu’il a promises à ses électeurs, mais portera aussi la responsabilité des conséquences de ces politiques impopulaires et antipatriotiques, y compris la répression prévisible du fait des protestations sociales qui s’en suivront.


    Malgré notre confiance en les compétences des militants et dirigeants du Front, l’alliance avec une partie forte de la droite mène dans la plupart des cas à ce que est arrivé aux partis Congrès (CPR) pour la République et Ettakatol (Forum démocratique pour le travail et les libertés, FDTL) sous le gouvernement précédent de la Troïka, à savoir la perte de crédibilité et la marginalisation.


    En outre, cette alliance pourrait renforcer l’image promue par les ennemis du Front populaire que celui-ci est incapable de faire la rupture avec le régime de Ben Ali de par son acceptation de s’allier avec les héritiers du RCD, essentiellement représentés dans Nidaa Tounes. D’autant plus que le recours de ce parti à museler les libertés dans la période à venir est probable.

    Pour cela, rester en dehors du gouvernement et jouer le rôle d’une opposition parlementaire responsable est une occasion de sortir la lutte politique dans le pays du dédale des questions identitaires fictives et le ramener à son domaine principal, lié directement aux exigences de la révolution et ses slogans, c’est-à-dire principalement les problèmes économiques et sociaux.


    C’est aussi une occasion idoine, pour la première fois après le 14 Janvier, pour le peuple tunisien de voir une lutte aux contenus lignes clairs entre,


    * d’une part, la droite avec ses deux composantes
    * de l’autre, la gauche et les forces progressistes en général (à l’intérieur et l’extérieur du Parlement).

    C’est ce qui permettra aux Tunisiens de distinguer clairement ceux qui sont avec leurs intérêts et problèmes quotidiens, et ceux qui s’y tiennent contre. Ceci loin de toutes les tromperies et exagérations des rhétoriques de « défense de l’islam » et « défense de la modernité ». Cela nécessite, à notre avis, du Front qu’il ne fasse aucune concession sur aucun point de son programme et qu’il préserve son projet, ce qui n’est pas possible en cas d’adhésion au prochain gouvernement.

    Enfin, nous croyons que le Front populaire a une occasion unique pour se démarquer et s’imposer en permanence dans l’opinion publique comme étant la principale force nationale qui défend les revendications qui étaient la cause de la révolution, confirmer qu’il est différent des autres forces et, partant, réfuter l’argutie de plusieurs Tunisiennes et Tunisiens que « tous les partis sont les mêmes, ils ne cherchent que le fauteuil, c’est-à-dire le pouvoir et l’argent ». Même ceux qui ne sont pas complètement convaincus aujourd’hui, peuvent le devenir davantage au cours des cinq prochaines années si ils voient que le Front n’a pas abandonné ni sa plateforme, ni son programme ni ses principes.

    Nous croyons fermement que le Front doit, sans verser dans des calculs étroits ou hâtifs, œuvrer à être la force politique la plus populaire dans cinq ans. Chose possible à notre avis si l’effort de construire la force subjective du Front continue, en accueillant d’autres courants de gauche qui sont encore dehors, et en renforçant la démocratie interne et l’élaboration d’une conception stratégique efficace pour s’implanter parmi les masses populaires, en soutenant l’action culturelle et la fusion avec les mouvements sociaux. C’est seulement ainsi que nous pourrions célébrer, à l’image de certains pays d’Amérique latine, l’arrivée de la gauche au pouvoir par les urnes, poussée par le soutien et la protection du peuple.

    Tout en renouvelant nos félicitations et notre soutien au Front populaire pour les exigences de la prochaine étape, nous exprimons notre volonté de contribuer à l’activation de son programme électoral et la mise en œuvre des propositions contenues dans la présente lettre.

    Les signataires (de la lettre dans la version initiale avant sa mise à jour) :

     

    27 novembre 2014