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  • 13 mai 1958, campagne anti haïk en Algérie (Babzman)

     

    Le 13 mai 1958 débute une campagne d’occidentalisation (c’est le terme employé par les médias de cette époque) et visant la femme algérienne.

    Le pouvoir colonial aidé par la population européenne veut, par la contrainte et la force, obliger la femme algérienne à se débarrasser du haïk, voile traditionnel, symbole de l’identité et de l’histoire du pays, porté depuis des lustres par la gente féminine algérienne.

    S’en suit des actes de menaces, de renvoi des femmes musulmanes de leur travail ou des actes délibérés d’arrachage de voile sur la voie publique par la population européenne. Sous les cris de joie et du slogan «vive l’Algérie française» martelé à l’envie par les Européens. On assiste à des scènes de prosélytisme barbare où des femmes musulmanes sont exhibées sur des podiums improvisés pour les dévêtir de leur voile et le bruler ainsi sur la voie publique.

    Le haïk est bien plus qu’un symbole culturel bien encré dans la société algérienne, c’est également une arme efficace contre l’occupant. Pendant la guerre d’Algérie et notamment lors de la bataille d’Alger, cet accoutrement a permis aux femmes de transporter au péril de leur vie des armes et des bombes destinées aux combattants algériens afin de mener des actions armées contre les forces de l’occupant. Ce vêtement a donc été un moyen d’émancipation et de combat pour les femmes algériennes et qui leur a permit de s’engager pleinement dans le processus de libération du pays.

    Frantz Fanon, psychiatre en 1953 à l’hôpital psychiatrique de Joinville (Blida) est né le 20 juillet 1925 à Fort-de-France en Martinique. Héros de la lutte antinazie en 1943 et figure de proue du combat contre le colonialisme et pleinement engagé pour l’indépendance de l’Algérie évoque dans son livre « Sociologie d’une révolution » le fait que le haïk de la femme algérienne était un des enjeux de la guerre libération.

    «Convertir la femme, la gagner aux valeurs étrangères, l’arracher à son statut, c’est à la fois conquérir un pouvoir réel sur l’homme et posséder les moyens pratiques, efficaces, de déstructurer la culture algérienne…Chaque voile qui tombe, chaque corps qui se libère de l’étreinte traditionnelle du haïk, chaque visage qui s’offre au regard hardi et impatient de l’occupant, exprime en négatif que l’Algérie commence à se renier et accepte le viol du colonisateur».

    Il est fort intéressant de faire un parallèle avec l’actualité brulante d’aujourd’hui et le débat prégnant qui secoue actuellement la société française. Le voile pose problème et interpelle le monde occidental. La campagne de mai 1958 en Algérie en est une illustration, elle a été menée par les mêmes qui gouvernent aujourd’hui la France. Le parti socialiste est hégémonique, colonialiste et le restera, même si la parure ou l’étiquette change.

    Le hijab, ou voile islamique, foulard musulman s’est donc imposé ces dernières années comme un symbole. Il se positionne en balise entre le dedans et le dehors, le montré et le caché, le visible et l’invisible… mais, porté par des jeunes françaises issues de l’immigration maghrébine, il devient un signifiant polysémique, qui donne à voir autant qu’il cache. Le voile met l’accent sur un conflit identitaire plus que religieux.

    Il semble pertinent de mettre en exergue le caractère relativement universel de la symbolique que l’on dénote à travers le port du voile. En effet, quelles que soient les obédiences et les traditions, on retrouve sous le voile l’idée de la Vérité, de la connaissance cachée ou révélée. Le dévoilement a une valeur initiatique et révélatrice et par conséquent ne relève pas du corps législatif ou décisionnaire.
    « Rien ne se trouve voilé qui ne doive être dévoilé» (Mathieu, 10-26)
    « Tu restais indifférent à cela. Et bien, Nous ôtons ton voile, ta vue est perçante aujourd’hui». (Coran, Sourate El kaf, verset 22)

    13 mai 2015
    Akim Koceir

    http://www.babzman.com/2015/13-mai-1958-campagne-anti-haik-en-algerie/

  • Disparitions forcées: les Benaziza toujours à la recherche de leur grand-mère (Algeria Watch)

    Nedjma Benaziza

    Le 2 juin 1996, des agents en uniforme kidnappent Daouia, 68 ans. On ne la reverra plus, comme les milliers de disparus en Algérie durant les années 1990. Sa famille a pu obtenir une intervention symbolique de l’ONU qui a réclamé l’ouverture d’une enquête. En vain. La Charte pour la paix est passée par là, mais le combat des familles se poursuit.

    Voilà dix-neuf longues années qu’il se bat lui et toute sa famille pour connaître la vérité sur la disparition de sa mère. Agé aujourd’hui de 65 ans, Abdelkader Benaziza est le fils aîné de Daouia, enlevée chez elle, de nuit, par un groupe d’agents de la sécurité de l’Etat en uniforme. C’était le 2 juin 1996, dans le quartier de Bab El Kantara à Constantine. Elle avait 68 ans au moment des faits. Les agents ont prétendu qu’elle serait libérée de sitôt, au bout d’un bref interrogatoire au commissariat.

    Elle ne reviendra jamais. Abdelkader, sociologue, militant de gauche et ancien cadre de l’Etat, ciblé par les groupes islamistes armés à cause de son engagement, fait partie, lui et les siens, de ces milliers de familles de disparus que la CNCPPDH, présidée par Me Farouk Ksentini, estime à 8000, alors que des ONG algériennes et internationales donnent des chiffres nettement plus élevés.

    Mépris

    Depuis cette funeste date de 1996, la famille Benaziza est maintenue dans l’ignorance absolue de ce qu’il est advenu de la grand-mère. Kaddour, ses frères, sa femme et ses filles n’ont eu de cesse d’alerter les autorités civiles et militaires, locales et nationales qui leur ont opposé silence, indifférence et mépris. Mais beaucoup de choses ont changé depuis l’époque de l’infamante expression «allégations de disparitions» de Rezzag Bara, le président du défunt ONDH et actuel conseiller à la Présidence.

    Car, après avoir agi de manière isolée, la famille a inscrit sa démarche dans un cadre collectif au sein d’associations regroupant les familles des disparus. Grâce à la détermination et la solidarité d’ONG et de militants de droits de l’homme, ils ont réussi à briser le mur du silence ; mieux, leurs luttes ont permis de dépasser les clivages imposés par le pouvoir «qui voulait dresser les victimes de la violence et de l’arbitraire les unes contre les autres», souligne Kaddour. Leur mobilisation a également contraint le pouvoir à admettre le phénomène des disparitions forcées en Algérie tout en continuant, explique-t-il, à jouer la carte de la confusion puisque selon ses représentants l’Etat serait «responsable mais pas coupable».

    Violation

    La Charte pour la paix et la réconciliation nationale qui, selon les victimes, a consacré l’impunité et imposé l’amnésie, a amené les familles de disparus à porter le combat au niveau international, et le cas de Daouia Benaziza a été traité par le comité des droits de l’homme de 2007 à 2010. En juillet 2010, l’instance onusienne a établi la responsabilité de l’Etat dans sa disparition, a considéré sa famille comme victime et a instruit les autorités judiciaires algériennes à diligenter une enquête afin de révéler la vérité sur son sort. Une constatation qui constitue une jurisprudence dans le cas algérien.

    Mais malgré ses engagements internationaux– l’Etat algérien ayant signé et ratifié le Pacte international relatif aux droits civiques et politiques–, aucune suite n’a été donnée à ce jour, et le cas de Daouia n’est pas isolé. Près d’une vingtaine d’autres dossiers ont été examinés par l’instance onusienne des droits de l’homme qui les a définis comme des cas de violation des droits fondamentaux de la personne humaine, ce qui constitue une condamnation de l’Etat algérien.
    Nouri Nesrouche El Watan, 5 juin 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/mrv/mrvdisp/benaziza_chechent_grand_mere.htm

  • La flottille ne recule pas: le Marianne passe par des ports espagnols et portugais (Agence Médias Palestine)

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    Le bateau suédois le Marianne a quitté le port espagnol de Bueu (en Galice), où a été commémoré l’attaque en 2011 du Mavi Marmara, lors de laquelle les forces armées israéliennes ont brutalement tué 10 passagers et blessé plus de 50.

    A bord du Marianne, le Canadien Kevin Neish, un militant et ingénieur. Le Marianne est passé également par le port de Lisbonne, et mettra le cap sur Gaza pour défier le blocus israélien de ce territoire palestinien. Pour un aperçu du passage du Marianne en Espagne, voir https://www.youtube.com/watch?v=KBKv-XQTanE

    La société civile portugaise a accueilli à bras ouverts le Marianne. Lors de son passage aux différents ports sur son trajet, le Marianne sera rejoint par d’autres bateaux. Des délégués canadiens et internationaux monteront à bord des bateaux de la flottille. Destination de ces bateaux: Gaza!

    Le bombardement de Gaza l’été dernier a fait plus de 2 000 morts et a détruit des milliers de domiciles. Pour les Palestiniens, la vie devient de plus en plus pénible. Mais dès que l’on parle d’une flottille, les enfants de Gaza se rendent à la plage pour être les premiers à crier : « Voilà la flottille! » Le but de la flottille, c’est précisément de les rejoindre.

    Merci de nous suivre et d’appuyer la FF3; merci aussi de visiter et de partager ce lien pour une Exhibition des produits palestiniens d’exportation qui durera jusqu’au 8 juin. Ces produits étaient destinés originalement à l’exportation à bord de l’Arche de Gaza (avant sa destruction au mois de juillet passé) et que les producteurs palestiniens espèrent maintenant exporter à bord des bateaux de la Flottille de la Liberté III. Vous pouvez aussi «visiter» et partager cet événement sur Facebook.

    Solidairement
    Le Bateau canadien pour GAZA

    Source: Bateau Canadien pour GAZA

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2015/06/06/la-flottille-ne-recule-pas-le-marianne-passe-par-des-ports-espagnols-et-portugais/

  • La restauration de l’empire colonial français (Npa)

    La « Libération » n’en a pas été une pour les peuples des colonies françaises, qui se sont pourtant souvent trouvés en première ligne dans le combat contre l’Allemagne nazie. Après la guerre, la bourgeoisie française voulait remettre la main sur les colonies. A n’importe quel prix.

    Du côté des peuples coloniaux, la guerre avait changé bien des choses. Pour la deuxième fois (après 1914-1918), la métropole avait eu le plus grand besoin des troupes « indigènes » pour son combat dans la reconquête de son pays. Les populations avaient souffert et, à un moment où tout le monde parlait de liberté retrouvée, elles voulaient leur part de celle-ci. La France, une grande puissance pourtant à la tête d’un immense empire colonial, avait par ailleurs fait la démonstration en 1940 de sa faiblesse, puisque défaite presque sans combat par l’Allemagne nazie. 

    Mais l’impérialisme français tenait à ses colonies et était déterminé à les conserver, coûte que coûte. Et ça a coûté très cher ! La restauration de l’empire colonial ne se fit pas sans peine, ni massacres intensifs et prolongés. Les épisodes les plus connus sont les guerres d’Indochine et d’Algérie, mais il y eut de nombreux autres conflits souvent méconnus et cachés en France.

    L’ambition de De Gaulle était de restaurer l’Etat, la police, l’armée, et... l’empire colonial français.

    La reconquête de la métropole grâce aux colonies

    C’est apparu pour tous comme une évidence : c’est grâce à ses colonies que l’impérialisme français avait pu figurer à la fin de la guerre parmi les grandes puissances. C’est en effet par l’Afrique centrale que De Gaulle avait commencé la reconquête et ce, dès 1940, grâce au Cameroun et au Tchad. Le Cameroun était en effet la porte d’entrée vers les autres colonies, où une poignée de gaullistes étaient prêts à soutenir De Gaulle, qui y envoya Leclerc, le futur « libérateur » de Paris.

    Ancienne colonie allemande, la majeure partie du Cameroun était tombée dans l’escarcelle de la France en 1916. Certains colons, au début de la Deuxième Guerre mondiale, s’inquiétaient de voir le pays retomber dans les mains des Allemands et firent appel à De Gaulle, qui comprit très vite l’importance que cela avait pour lui. Il en fit un symbole et la première étape de la reconquête. Douala, grand port et principale ville du Cameroun, fut la première ville libérée, en même temps que Fort Lamy, capitale du Tchad, où le gouverneur, Felix Eboué, avait aussi rejoint De Gaulle. Le général  débarqua à Douala en octobre 1940. C’est donc à partir du Cameroun et du Tchad que les troupes gaullistes partirent à l’assaut des positions africaines de l’Allemagne nazie. Et c’est là que naquit l’épopée de la 2ème DB de Leclerc.

    L’empire colonial après guerre

    Grand comme 25 fois la métropole, l’empire colonial français était considérable. Il a fourni une très grosse partie des troupes des forces françaises : en 1944, celles-ci étaient composées dans leur grande majorité de troupes coloniales. Les sacrifices infligés aux populations ont été très durs : travail forcé, réquisition de produits destinés au ravitaillement des troupes, diverses contributions en argent, en travail ou en nature. Alors, à la fin de la guerre, les populations des colonies aspiraient à un changement de leur sort. Elles avaient contribué à la victoire de la métropole, avaient payé un lourd tribut à la guerre et estimaient devoir bénéficier de droits identiques, d’où le succès et le développement de nombreuses organisations nationalistes.

    Mais pour l’impérialisme français, il fallait recadrer les choses. Au début de l’année 1944, une conférence fut organisée à Brazzaville au Congo, capitale de l’Afrique équatoriale française, où de Gaulle traça sa vision pour l’après-guerre. S’il annonça des réformes sociales comme la suppression du travail forcé, des libertés syndicales, etc., il précisa qu’il était hors de question d’accorder l’autonomie et qu’il n’y avait pas d’évolution possible hors du bloc français de l’Empire, « la constitution de self-governments dans les colonies est à écarter. »

    Ces promesses pourtant très vagues étaient cependant ressenties comme inacceptables par les colons. Des « Etats généraux de la colonisation française d’Afrique noire » se réunirent en 1945 à Douala au Cameroun, puis à Paris en 1946, pour s’opposer à l’instauration d’un collège électoral unique dans les colonies et réclamer le maintien d’un minimum de journées de travail obligatoires pour les Africains.

    Il n’était donc pas question pour l’impérialisme français de laisser si peu que ce soit s’échapper les colonies de son empire, ni d’accorder même les maigres avancées demandées au départ par les premiers nationalistes, plutôt modérés. Ce fut donc l’usage de la force tout de suite partout où cela bougeait, partout où des revendications étaient exprimées, et surtout partout où des forces nationalistes pouvaient servir d’exemple dans les autres colonies. Ce fut le cas du combat acharné livré au Cameroun par exemple, qui allait durer dix longues années.

    Les premiers massacres : Thiaroye au Sénégal, décembre 1944...

    Il ne faudra pas attendre longtemps après la victoire des Alliés pour constater comment la France était décidée à traiter les habitants de ses colonies. Au Sénégal, un épisode sanglant se déroula dès le 1er décembre 1944. Un certain nombre de soldats issus de l’Afrique occidentale française (AOF), connus sous le nom de « tirailleurs sénégalais », mais provenant de nombreux pays africains, furent rapatriés à Dakar en 1944. Ces soldats, ex-prisonniers de l’armée allemande, devaient être démobilisés à la caserne de Thiaroye, banlieue sud de la capitale sénégalaise et y recevoir leur prime de démobilisation. Les autorités refusèrent de changer leur argent au taux légal, leur proposant un taux de change très défavorable, en clair les escroquant, en invoquant le fait qu’ils n’avaient pas besoin d’argent dans leurs cases !

    Le 30 novembre, las de tant d’humiliations, les soldats africains se mutinaient et retenaient le général français avant de le libérer au bout d’un jour. Le lendemain, les chars débarquaient dans le camp, massacrant les soldats africains désarmés. Bilan officiel : 25 morts et une quarantaine de blessés, chiffres largement sous-estimés, car la trace de 300 soldats a été perdue. Les survivants furent condamnés à la prison pour « insubordination ». Ils ne touchèrent jamais leur retraite de militaire.

    Le général Dagnan, responsable du camp, expliqua en des termes très clairs les motivations de la répression : « La répartition dans l’ensemble de nos territoires africains de cet afflux d’éléments animés vis-à-vis de la mère patrie de sentiments plus que douteux déterminera très vite un grave malaise parmi nos populations jusqu’alors parfaitement loyales et fidèles. Tous ces indigènes revenant de France donneront de notre pays l’image d’un pays vaincu à la remorque de puissants alliés et dont la puissance n’est plus à redouter. Partout où à proximité des villes ils resteront groupés ils formeront très vite le noyau agissant de tous les groupements hostiles à la souveraineté française. »

    … Sétif, Guelma, mai 1945

    Dès l’été 1943, les services de renseignement français constatèrent un fort mécontentement parmi la population algérienne, à cause notamment d’une situation alimentaire catastrophique. C’est donc dans un contexte tendu que se déroulèrent les commémorations de la victoire contre les nazis. Le 1er mai 1945 se déroulèrent dans tout le pays des manifestations pacifiques, où pour la première fois fut brandi un drapeau algérien. Des affrontements avec la police eurent lieu à Alger et à Oran. Le 8 mai 1945, tandis que partout en France se fêtait la victoire, en Algérie, un massacre allait être perpétré par  l’armée.

    Les manifestations étaient pourtant pacifiques, appelées pour fêter la victoire et rappeler à la France les revendications nationalistes de la population algérienne. Chez les Européens, la peur montait. L’égalité avec les Algériens était une idée qu’ils ne supportent pas. A Sétif, les policiers voulurent se saisir du drapeau du PPA (parti du peuple algérien, nationaliste). Un jeune fut tué, l’armée tira sur la foule. A Guelma, des arrestations combinées à l’action de milices de colons déclenchèrent la colère, qui se répercuta sur les colons des environs. Au total, 102 européens furent tués et autant blessés. Entre 5000 et 10 000 Algériens payèrent de leur vie la répression qui s’ensuivit.

    L’infanterie, la marine et l’aviation intervinrent pour bombarder les villages et massacrer la population. D’anciens FFI, FTP, intégrés à l’armée, furent envoyés en Algérie où on leur expliqua qu’il fallait poursuivre « leur action patriotique de nettoyage ». Ces massacres ont été le prélude de la guerre d’indépendance de l’Algérie, qui débuta le 1er novembre 1954.

    Indochine : la reconquête

    La péninsule indochinoise était occupée par les Japonais. Lorsque le Japon capitula, les nationalistes du Vietminh (front créé en 1941 par le parti communiste indochinois), qui combattaient les Japonais depuis près de quatre ans, prirent le contrôle du pays et constituèrent un gouvernement.

    La France, ne pouvant tolérer l’indépendance d’une de ses colonies, envoya le corps expéditionnaire en utilisant des mensonges comme le fait de porter secours aux troupes françaises contre les vichystes qui restaient. Comme en  Algérie, les soldats furent envoyés au nom de la lutte contre le fascisme. Le 6 mars 1946, un accord fut signé avec Ho Chi Minh, reconnaissant la république du Vietnam comme un Etat libre. Mais il ne fut pas respecté.  On connaît la suite : une guerre épouvantable, jusqu’à la défaite de l’armée française à Dien Bien Phu. 

    Le Cameroun : une histoire méconnue et peu enseignée

     « La raison principale de la hargne française s’appelle l’UPC (Union des populations du Cameroun) », écrivent les auteurs de « Kamerun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique », un ouvrage magistral sur ces événements largement méconnus. L’UPC et son leader Ruben Um Nyobé, qui affirmait que l’heure n’était plus de s’opposer à l’hitlérisme comme en 1939, mais au colonialisme tout court, ont attiré la violence de l’impérialisme français.

    D’autant que les Camerounais avaient suivi la répression au Sénégal au camp de Thiaroye, et pu apprécier aussi comment les soldats camerounais étaient traités : après avoir été parqués dans des camps de transit au sud de la France, ils furent dépouillés de leur uniforme et de leurs chaussures avant d’être renvoyés chez eux, humiliés.

    Leur mécontentement faisait peur à l’armée. Au Cameroun aussi, la manifestation du 8 mai 1945 avait été l’occasion d’affirmer la montée du nationalisme, avec ce cercueil sur lequel était inscrit : « enterrons le nazisme, le racisme, le colonialisme ».  Des cercles d’études marxistes se forment alors à l’initiative de communistes de métropole, pour former les habitants à la revendication sociale. Des syndicats se créent. Une grève est déclenchée par des cheminots en septembre 1945, pour une augmentation de salaire. Fin septembre, une manifestation dégénère, des coups de feu sont tirés.

    Les colons blancs, extrêmement minoritaires, particulièrement arrogants et remplis de haine envers les indigènes, décident de lancer une opération punitive, bien qu’aucun blanc n’ait été tué ni blessé. Ils en ont surtout contre les syndicalistes, et pourchassent les métropolitains. Le gouverneur arme les colons et les civils européens, comme à Sétif ou Guelma, prennent une grande part à la répression. Les avions mitraillent et les gendarmes ont l’ordre de tirer à vue sur tout indigène pendant le couvre-feu, de 19 heures à 6 heures. Une centaine de morts est décomptée pendant les affrontements de septembre 1945.

    L’UPC est formée en 1948. Ses actions sont d’abord pacifiques mais ne reçoivent comme réponse que la répression. Une première révolte éclate en 1955. Pendant plus de 15 ans, de 1955 à 1971, la France va ensuite mener au Cameroun une guerre coloniale qui fera des dizaines de milliers de victimes, une guerre totalement effacée des livres d’histoire officiels. En utilisant toutes les armes à sa disposition : bombardements des populations, escadrons de la mort, torture généralisée.

    Madagascar, une révolte écrasée dans le sang

    Là encore, dans cette île, possession de la France, la répression a été violente contre les aspirations des populations à se défaire de la tutelle française.  Le pays avait suivi ce qui se passait au Vietnam, et les députés nationalistes du Mouvement démocratique de rénovation malgache (MDRM) avaient même déposé un projet de loi déclarant Madagascar « un Etat libre ayant son gouvernement, son armée, ses finances au sein de l’Union française », dès que l’accord signé avec Ho Chi Minh avait été connu. Leur demande fut traitée par le mépris. L’agitation grandit, des grèves se déclenchèrent, et une insurrection éclata le 29 mars 1947. Un camp militaire français fut pris d’assaut, des fermes de colons détruites. Les insurgés s’étaient rendus maîtres d’une bonne partie de l’île.

    La riposte fut d’une violence rare : l’état de siège fut proclamé. L’infanterie, les paras et l’aviation intervinrent. C’est là que des prisonniers furent chargés en avion et lâchés vivants au dessus des villages dissidents. Des méthodes que l’armée française se chargera de  transmettre dans les années 1970 aux pires dictatures d’Amérique latine, notamment en Argentine1. L’armée exerça une répression aveugle. 18 000 soldats débarquèrent, et le nombre montera jusqu’à 30 000. Lwes derniers « rebelles », en proie à la faim, finirent par se rendre au bout de 21 mois. 

    Socialistes et communistes complices

    Le parti socialiste faisait partie du gouvernement provisoire dès 1943. Le parti communiste était entré en avril 1944 au Comité français de libération nationale, puis au gouvernement provisoire. Il écrivait fin 1944 : « le gouvernement maintiendra jalousement l’intégrité des territoires sous pavillon français et l’intégrité des richesses françaises en capital ».

    Les réformes politiques envisagées par le PCF se résumaient dans ces mots : « association véritable et assimilation progressive des populations d’outre-mer ». Et le PCF commença par condamner l’aspiration des peuples opprimés à se séparer de la France. Les lecteurs de L’Humanité apprirent ainsi qu’à Sétif,
    « des attentats fascistes ont eu lieu le jour de la victoire, le 8 mai 1945 ». En janvier 1946, ce fut Charles Tillon, ministre communiste de l’Armement qui fit voter à l’unanimité des députés le budget militaire, destiné à réprimer les colonies.

    Au lendemain de la Libération, socialistes et communistes réussirent à mettre la classe ouvrière française à la remorque des dirigeants pour rétablir l’empire colonial. Seuls des trotskystes apportèrent leur soutien aux peuples des colonies (notamment en organisant les travailleurs indochinois envoyés en métropole). Les peuples coloniaux se battirent bien seuls contre la bourgeoisie française, car les partis censés défendre l’internationalisme s’étaient rangés comme un seul homme derrière leur bourgeoisie. o

    Régine Vinon

    Pour aller plus loin

    Films :

    Camp de Thiaroye (1988) de Sembene Ousmane, primé à Venise, sorti en France en 1998 seulement.

    Công Binh, la longue nuit indochinoise de Lam Lê, sorti en 2013.

    Livres : 

    Les bouts de bois de Dieu de Sembene Ousmane (sur la grève en 1947 du chemin de fer au Sénégal-Mali).

    Remember Ruben, de Mongo Beti (Cameroun).

    Kamerun, une guerre cachée aux origines de la Françafrique, 1948-1971, de Thomas Deltombe, Manuel Domergue
    et Jacob Tatsitsa.

  • Palestine : À Gaza, l’agression permanente (Npa)

    Neuf mois après le cessez-le-feu signé à l’issu de l’opération « bordure protectrice », il ne se passe pas une semaine sans que celui-ci ne soit violé par Israël.

    Le 27 mai, 10 raids de l’armée sioniste sont venu ajouter un peu plus de chaos et de destructions, en bombardant les villes de Rafha, Khan Younis et Beït Lahya, dans la quasi indifférence des grands médias. Le blocus et les incursions se poursuivent, et les drones survolent en permanence la bande de Gaza.

    À l’heure où la campagne internationale BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) ne cesse de marquer des points et contribue à isoler Israël, le mouvement de soutien à la lutte du peuple palestinien doit redoubler de vigilance et de détermination sur la situation à Gaza qui ne cesse de se dégrader. La levée du blocus, revendication majeure des Gazaouis, ne pourra être obtenue que par une mobilisation de grande ampleur. C’est le sens qu’ont donné les militants suédois et norvégiens en affrétant à nouveau un bateau, la Marianne de Göteborg, qui, parti de Suède le 10 mai, fait actuellement route vers Gaza.


    Le 8 juillet prochain, cela fera un an qu’a débuté l’agression israélienne sur Gaza, occasionnant la mort de 2 140 PalestinienEs, et des dizaines de milliers de blesséEs. Le mouvement de soutien au peuple palestinien doit s’emparer de cette date et relancer la mobilisation, notamment pour la levée du blocus. Un an déjà, ni oubli ni pardon, mobilisation !

  • La Tunisie révolutionnaire, à Paris le 11 juin (Alternative Libertaire)

     

     

    Alternative libertaire invite Mohamed Amami à présenter son livre, Tunisie : la révolution face à la mondialisations des fondamentalismes contemporains.

    Le 11 juin à 20 heures,
    au 92, rue d’Aubervilliers, Paris 19e
    métro Stalingrad ou Riquet

    Le processus révolutionnaire déclenché en Tunisie (2010-2011), et propagé dans toute la région arabe s’est heurté aux manœuvres de puissants adversaires : primo, le fondamentalisme islamique obscurantiste ; secundo, le fondamentalisme néolibéral usurpateur et colonialiste ; tertio, le fondamentalisme d’une gauche nationaliste centralisatrice.

    La dynamique populaire a été court-circuitée, et remplacée par un soi-disant « processus démocratique » qui limite les tâches révolutionnaires et conduit à une restauration de l’ancien régime.

    Le courage des jeunes révoltés, des citoyens des régions et des secteurs populaires marginalisés n’a pas suffi à démanteler les vieilles structures et à émanciper le peuple du joug de l’État et du système capitaliste.

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    L’absence d’une stratégie révolutionnaire réfléchie, d’un programme d’action déterminé et d’une capacité organisationnelle efficace en est la cause principale.

    Néanmoins elle a ouvert des débats et conduit à une remise en cause des stéréotypes du XXe siècle liés au modèle soviétique, principale entrave au développement d’autres horizons révolutionnaires.

    Ce livre souhaite contribuer à ce débat, pour dépasser l’ère de la stagnation et du désarroi. Il essaie de capter les inventions populaires inédites pour penser le processus révolutionnaire du XXIe siècle.

    • Mohamed Amami, Tunisie, la révolution face à la mondialisation des fondamentalismes contemporains, Éditions franco-berbères, 2015, 160 pages, 12 euros.

    http://alternativelibertaire.org/?Presentation-du-livre-Tunisie-la

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

    #OrangeSanguine en Palestine occupée: La revue de presse

    #OrangeSanguine en Palestine occupée: La revue de presse

    Rassemblement de militant-e-s de la Campagne BDS France devant l’AG d’Orange à Paris le 27 mai dernier Ci-dessous, une revue de presse non exhaustive des articles publiés sur la campagne Orange: Israël: la campagne de boycott déclarée « menace stratégique » Catherine Gouëset, L’Express, le 3 juin 2015 http://www.lexpress.fr/actualite/monde/proche-moyen-orient/israel-les-campagnes-de-boycott-declarees-menace-strategique_1686105.html Orange veut mettre un terme à sa licence...
     
     
     
     
    Exposition photo du palestinien de Gaza Mahmoud Al-Kurd à Paris du 3 au 30 juin 2015

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    Rencontre exceptionnelle avec le journaliste Ali Abunimah à Paris le 7 juillet 2015

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    Raji Sourani: La Bande de Gaza a besoin de plus que de la sympathie - Israël doit rendre compte de ses crimes de guerre

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    Communiqué de SUD PTT: Orange doit vite rompre son contrat avec Partner communication !

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    Communiqué de la fédération SUD PTT Jeudi 4 juin 2015 Stéphane Richard, le PDG d’Orange a annoncé hier son intention de revoir les liens de sa compagnie avec l’opérateur israélien Partner. La fédération Sud dénonce depuis plusieurs années les atteintes aux droits humains commises par Partner. Elle a interpellé à plusieurs reprises la direction du...
  • Nouvautés sur Association France Palestine

  • Jeudi 11 Juin 2015 : « Le sionisme en questions » Pierre Stambul

    palestine1900-2000

    Le 11 juin 2015 à 20:00

    Amphi 2 

    29 Boulevard Gergovia, U.F.R. Lettres, Langues et Sciences Humaines,

    Clermont-Ferrand, France

    La guerre qu’Israël mène contre le peuple palestinien avec son cortège de nettoyages ethniques et de crimes de guerre n’a commencé ni en 1967, ni même en 1948. Elle remonte au début du XXe siècle quand les sionistes ont commencé leur conquête coloniale. Les « solutions » comme les accords d’Oslo qui ont voulu éviter d’aborder les questions vives (occupation, colonisation, apartheid, racisme …) ont définitivement échoué. Il est clair aujourd’hui qu’il s’agissait alors d’une grande illusion.

    La question du sionisme est centrale comme l’était celle de l’apartheid quand il a fallu imaginer un autre avenir pour l’Afrique du Sud.

    Le sionisme est à la fois une fausse réponse à l’antisémitisme, un nationalisme, un colonialisme et une manipulation de l’histoire, de la mémoire et des identités juives. Il est aussi une idéologie prétendant transformer les anciens parias de l’Europe jugés inassimilables en colons européens en Asie. Parce qu’il a gommé les différences idéologiques, le sionisme a abouti au gouvernement de type OAS qui gouverne aujourd’hui Israël.

    Cette idéologie n’est pas seulement criminelle pour les Palestiniens, elle n’offre aucune issue pour les Juifs qu’elle met sciemment en danger et qu’elle voudrait pousser à être traitres ou complices.

    Sans dépassement ou rupture avec le sionisme, aucune paix juste n’est envisageable.

    Pierre Stambul est membre de l’Union Juive Française pour la Paix dans laquelle il exerce ou a exercé de nombreuses responsabilités. Il est l’auteur de « Israël/Palestine, du refus d’être complice à l’engagement » (ed. Acratie, 2012).

    https://amistempsdescerises.wordpress.com/2015/04/03/jeudi-11-juin-2015-le-sionisme-en-questions-pierre-stambul/