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  • La LDJ, auxiliaire de la Préfecture de Police (CCR)

    La Ligue de Défense Juive (LDJ) est une organisation politique ultra-violente d’extrême droite interdite en Israël et aux Etats-Unis, mais autorisée de fait en Franc

    Cette première anomalie, bien intentionnelle, en recouvre d’autres, à savoir l’étrange complicité de la LDJ et des gouvernements français de droite et du PS qui s’est de nouveau dévoilée cette semaine. En effet, la co-organisation de l’opération touristo-politique Tel-Aviv-sur-Seine par la Mairie de Paris a été l’occasion de démontrer un peu plus une véritable symbiose sur le terrain.

    En 2003, la Ligue Démocratie et Judaïsme, l’ancêtre de la LDJ, avait été dissoute par la préfecture. Il semblerait que rien de tel ne soit à l’ordre du jour, bien au contraire. De fait. En plus des gendarmes présents à Tel-Aviv-sur-Seine, le jeudi 13 août, on trouvait Isopro, une société de sécurité. Cette société, pas comme les autres, emploie des militants de la LDJ. Certains ont photographiés les journalistes dérangeants, dont celle des Inrocks. Ils n’ont pas hésité à charger un photographe indépendant, Nnoman, sans être inquiétés le moins du monde par la police. Les militants et les manifestants savent bien, par expérience personnelle, qui protège l’extrême droite sur le terrain. La préfecture dément pourtant « formellement la participation de la LDJ au service de sécurité ». Un mensonge de plus.

    La LDJ possède les mêmes méthodes que les « services d’ordre » d’extrême-droite : l’intimidation des journalistes, la violence physique contre tout ce qui pourrait être témoin de son ultra-violence, les agressions des adversaires politiques, l’exaltation de la race et de la communauté, l’apologie de la haine, etc...

    La LDJ se présente comme un « défenseur d’Israël » et possède toutes les méthodes et le bagage idéologique des groupuscules d’extrême-droite. En réalité la LDJ attaque tous ceux qu’elle considère comme des ennemis d’Israël. Ce n’est pas un hasard si sur son drapeau, jaune, est dessiné un coup de poing fermé. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas le poing levé du mouvement ouvrier. La LDJ a été fondée en 2000, par Pierre Lurçat et Jean-Claude Nataf. Ce dernier était présent devant la file d’entrée à Tel-Aviv-sur-Seine pour superviser les opérations, avec l’accord complet de la « sécurité » et des autorités policières, présentes sur place.

    La LDJ n’a pas d’existence légale et ne dispose d’aucun local connu dans la capitale. Son financement passerait exclusivement par des dons. Sa vitrine financière est l’association Solidarité Israël, dont les statuts ont été déposés en novembre 2011 et dont le président est Joseph Ayache. Ce trentenaire passé par le Betar, un mouvement de jeunesse sioniste de la droite violente, est considéré par la police comme le principal dirigeant de la LDJ, aux côtés de David Bettey. Les militants seraient 30 à 40 selon des sources policières. Néanmoins, la périphérie mobilisable pourrait réunir jusqu’à 200 personnes en puisant dans l’ex-Betar et dans le Service de protection de la communauté juive, qui est sous l’égide du Crif et du Consistoire.

    La LDJ emploie souvent dans ses « actions » tout un matériel : battes de base-ball, marteaux, poings américains, matraques, gaz lacrymogène. En 2014, deux de ses sympathisants ont été condamnés à dix mois de prison ferme pour avoir visé, en 2012, avec une bombe artisanale, la voiture d’un jeune juif qui avait critiqué la politique du gouvernement israélien sur son blog. Mais dès 2002, un an à peine après sa création, l’un de ses sympathisants poignardait un commissaire en marge d’une manifestation. Ce dernier s’en est tiré avec une grave blessure, tandis que son agresseur a fui en Israël, où il est aujourd’hui incarcéré pour un autre délit.

    Les figures idéologiques de référence de la LDJ sont Vladimir Jabotinsky, l’un des symboles du sionisme radical de droite de la première moitié du XX°, ainsi que le rabbin israélo-américain Meir Kahane. Ultranationaliste, Meir Kahane a créé en 1968 la Jewish Defense League américaine, qu’un rapport du FBI daté de 2001 recense comme groupe terroriste. Il a également fondé en Israël le parti Kach, interdit en 1994, car raciste. C’est dire ! Si la LDJ française se veut sans lien avec son homologue américaine, elle lui a emprunté son nom et son emblème. Sa charte, elle, se réclame bien de Kahane.

    Le fond idéologique est clairement d’extrême-droite. Dans un tweet daté d’avril 2014, la LDJ estimait par exemple que « l’assimilation et le mariage mixte ont coûté la vie à plus de juifs que la Shoah ». En 2011, dans un article publié sur son site, puis retiré, l’organisation exprimait un « soutien vigilant » à Marine Le Pen. Un communiqué publié peu après démentait cet appui tout en considérant que les positions du Front national « à l’encontre de l’islamisation [restent] un pas significatif dans les urgences politiques de notre pays ». Nataf, l’un des dirigeants de la LDJ, était d’ailleurs présent au défilé du Front National du 1er mai 2013.

    Mais ce qui est plus intéressant, outre ce rapprochement naturel entre extrêmes-droites, c’est le soutien des autorités françaises. En juillet 2012, Olivia Zemor, présidente de CAPJPO-EuroPalestine, a été agressée et aspergée de peinture par des membres de la LDJ, qui s’étaient fait passer, à l’époque, pour des journalistes. Des voies de fait qui sont punies avec indulgences par la justice, mais les condamnations légères et restent purement individuelles. L’organisation n’a jamais vraiment été menacée. Nataf, de son côté, n’a jamais fait mystère de cette impunité. Ainsi, dans une interview à Libération, en 2014 il affirmait que la LDJ n’avait « rien contre la police, au contraire. Lors de la manifestation du 13 juillet [2014], on a même travaillé avec elle : les policiers voyaient bien qui était l’agresseur et qui se défendait. » Et d’ajouter : « De toute façon, avec Valls, on a tout ce qu’on veut. »

    Publié le 17 août 2015 Léo Serge

    http://www.revolutionpermanente.fr/La-LDJ-auxiliaire-de-la-Prefecture-de-Police 

  • Chiites contre sunnites ? Yémen: pays au bord du chaos (CCR)

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    Le 26 mars dernier, une coalition de pays du Golfe conduite par l’Arabie Saoudite à lancé une attaque sur le Yémen pour « arrêter l’avancée de forces houthis », répondant à la branche zaïdite du chiisme et qui seraient soutenues par l’Iran. A priori, selon la presse, il s’agirait d’une guerre entre les sunnites et les chiites.

    L’opération militaire de la coalition arabe au Yémen baptisée « Tempête Décisive » a été remplacée par la nouvelle mission « Restaurer l’Espoir ».

    Elle réunit les pays du Conseil de Coopération du Golfe (CCG), à l’exception du Sultanat d’Oman, en plus du Maroc, de l’Egypte, de la Jordanie, du Soudan et du Pakistan. L’un des enjeux serait d’empêcher « l’encerclement » de l’Arabie Saoudite par le chiisme dominant déjà à Bagdad, Damas et Beyrouth par le Nord et donc, le Yémen, par le Sud. Il s’agit, surtout, de remettre en place le président Abd Rabo Mansour Hadi, successeur d’Ali Abdallah Saleh, passé dans l’ombre du pouvoir à la suite du soulèvement qu’a connu le Yémen dans le sillage des « Printemps arabes », mais également d’empêcher que les Houthis, dont le fief historique se situe au Nord-ouest du pays, ne domine le détroit de Bab el-Mandeb, la mer Rouge et du canal de Suez et par lequel transite 10% du commerce maritime international et le 30% du pétrole brut mondial et aussi d’interférer dans les négociations en cours entre les Etats-Unis et l’Iran .

    L’ensemble des médias occidentaux répète à l’envie qu’il s’agirait d’un affrontement entre sunnites et chiite, comme l’enjeu était celui d’un conflit uniquement interreligieux, sans autres causes. En réalité ce n’est que l’une des expressions régionales de la crise de l’impérialisme et du déclin de l’hégémonie étatsunienne dans ce qui compose une pièce à part de ce puzzle nommé « Géopolitique du chaos moyen-oriental ».

    Un peu d’histoire pour mieux comprendre….

    Le Yémen a été pendant des siècles gouverné par un imam auquel se soumettaient les tribus. Au lendemain de l’effondrement de l’Empire ottoman, l’imam Yahya Al-Muttewakil doit combattre l’armée du roi Abdelaziz d’Arabie Saoudite qui cherche à annexer la principauté zaïdite. Tout en réussissant à maintenir son indépendance, cette dernière perdra néanmoins la région de l’Asir, ce qui laissera de profonds antagonismes dans les relations entre les deux pays.

    Au Sud, en revanche, les imams se sont tenus aux frontières qui les séparent du protectorat britannique d’Aden, établi en 1839.

    Ce système d’imanat va perdurer jusqu’à la « Révolution républicaine » de 1962, un putsch militaire mené par le colonel Sallal qui met fin au règne des imams. A l’époque, soit dit au passage, craignant comme la peste la contagion nassérienne ou baassiste ou tout simplement nationaliste arabe, Riyad appuie l’imamat comme rempart réactionnaire contre la poussée populaire sur laquelle s’appuient les jeunes officiers républicains.

    D’autre part, le 30 novembre 1967, Aden accède à l’indépendance et dans ce même contexte de secousses populaires, sur fond de décolonisation et de poussée du nationalisme arabe, c’est la naissance de la République populaire du Yémen du Sud, proche de Moscou jusque dans les années 1980, face à la République arabe du Yémen ou Yémen Nord, qui se réaligne rapidement sur l’Occident. Ces contradictions mèneront au déclenchement de plusieurs guerres civiles, en février 1979, suivie d’autres affrontements en 1981 et 1982. Il faudra attendre 1990 pour que la réunification mette fin aux affrontements, au profit du Yémen Nord et qui sert de tremplin au coup d’Etat de Saleh, devenu le nouvel homme fort du pays et homme-lige de l’impérialisme sur place.

    Dans la foulée des révolutions arabes en 2011, le pays connaît un processus de contesta- tions et de soulèvements urbains, notamment à Aden et à Sanaa, qui aboutissent à la démission du président Saleh en 2012 et au début d’un « processus de transition », qui canalise partiellement la situation et tente de stabiliser le pays en remettant le pouvoir à un ancien militaire, Abd Rabbo Mansour Hadi.

    Sur fond de contradictions régionales yéménites entre Nord et Sud, réouvertes après le processus de 2011-2012 et qui se sont accentuées, à mesure que le processus révolutionnaire arabe s’enlisait, en 2014 les zaïdites, dirigées par Abdel Malek al-Houthi, s’opposent au plan de fédération proposé par le président Hadi, estimant que leur pouvoir serait redimensionné, et ils marchent sur la capitale Sanaa. En 2015 les milices houthies lancent une offensive vers le Sud du pays obligeant le président Hadi à fuir la capitale et à se refugier à Aden, conquise dans la foulée par les Houthis, alliés aux forces fidèles à l’ancien dictateur. Bientôt, l’Arabie Saoudite intervient pour stopper cette poussée. Prise en étau entre des forces absolument réactionnaires, c’est la population yéménite qui supporte par contrecoup le fardeau de la guerre, avec plusieurs milliers de morts, des centaines de milliers de déplacés et autant qui se trouvent en situation de crise humanitaire, privés d’accès aux denrées de base.

    Entrecroisements d’intérêts internationaux

    Lors de la destitution de MohamedMorsi, en Egypte, sur fond d’immenses manifestations populaires au cours de l’été 2013, l’Arabie Saoudite avait déjà dévoilé ses velléités à prendre de la distance à l’égard des Etats Unis, davantage favorables à des solutions de type « transition démocratique » pour mieux en finir avec le processus révolutionnaire ouvert par les « Printemps arabes ». Riyad, en revanche, n’a pas douté et a choisi la dictature d’Al-Sissi en appuyant et finançant le coup d’état de ce dernier, mettant les Etats-Unis devant le fait accompli.

    L’intervention de la coalition au Yémen, a pour objectif de s’opposer à la montée en puis- sance de l’Iran (même si cela n’est pas spécifiquement déclaré), alors que Washington a choisi la voie du rapprochement avec Téhéran, après plus d’un quart de siècle de brouille complète. Un accord définitif sur le nucléaire aurait des conséquences majeures sur l’ordre régional. C’est bien ce que craignent tant Israël que l’Arabie Saoudite. Le conflit au Yémen est donc une façon, pour Riyad, de faire obstacle à ce rapprochement. D’après un journaliste saoudien très bien informé auprès des cercles dirigeants saoudiens, Ryad aurait placé le gouvernement américain devant le fait accompli « Nous avons décidé d’intervenir au Yémen. Etes-vous avec nous ou non ? ». Si cela s’avérait être juste, cela signifierait un tournant important dans la politique extérieure de Riyad et illustrerait, une fois de plus, la difficulté des Etats-Unis à maintenir leur hégémonie.

    Quoi qu’il en soit, Washington s’est vu in fine contraint d’exprimer son soutien à l’opération de la coalition, tout en continuant à maintenir les pourparlers sur le nucléaire iranien et à collaborer étroitement avec Téhéran sur les dossiers irakien et syrien, de façon à juguler l’avancée de l’Etat islamique. Enchevêtrement d’intérêts parfois contradictoires, disions-nous.

    Cette manifestation d’indépendance sur un dossier sensible de politique extérieure peut s’expliquer par le fait de l’accession au pouvoir du nouveau roi Salman Ben Abdelaziz Al Saoud, et d’un profond remaniement de l’Etat avec l’arrivée d’une myriade de jeunes princes et de technocrates. Ces derniers ont décidé que le royaume wahhabite devait continuer à être le principal allié des Etats Unis dans la région, mais ils craignent en effet qu’un accord définitif sur le nucléaire iranien ne signifie une montée en puissance de Téhéran qui pourrait aspirer à redevenir l’un des interlocuteurs principaux des Etats Unis dans la région, comme avant la Révolution islamique de 1979.

    C’est dans ce cadre également qu’il faut comprendre la récente visite du prince Muhamad bin Salman en Russie et la signature de l’accord de coopération sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Ce rapprochement ponctuel de l’Arabie Saoudite et de la Russie ne fait que confirmer toute la complexité et l’imbrication des intérêts dans cette portion du Moyen Orient. A mesure où les Etats-Unis rétablissent les contacts avec l’Iran, les anciens alliés « privilégiés » que sont la Turquie et l’Arabie Saoudite commencent, chacun à leur façon, à manœuvrer pour ne pas perdre leur condition d’interlocuteur privilégié.

    Le pétrole a aussi ses raisons

    D’autre part les Etats-Unis sont passés du rang d’importateur net de pétrole, comptant parmi les clients les plus importants des pays du Golfe, à l’autosuffisance, avec l’exploitation du pétrole et gaz de schiste. Ils envisagent même de commencer à exporter, c’est-à-dire à concurrencer les pays exportateurs ce qui c’est traduit par une chute des prix du pétrole de près de 50%. Cela nuit aux pays exportateurs « ennemis » comme la Russie, le Venezuela et l’Iran, mais également aux « alliés de toujours », qui voient fondre leurs rentes liées aux volumes d’exportation. Comme mesure de rétorsion, l’Arabie Saoudite, a décidé de ne pas réduire son niveau de production, une façon de contrer la production américaine de pétrole de schiste qui, aux prix actuels de vente sur le marché, n’est plus rentable. Il est évident que ce bras de fer va continuer, rajoutant du chaos au chaos.

    Un pays au bord de la fragmentation

    Le plan des néoconservateurs américains d’un « Grand Moyen-Orient », concocté pendant la présidence Bush, a échoué. A sa façon, l’administration Obama a poursuivi, sous un angle différent, cette politique. On connaît la suite, avec la situation actuelle en Lybie, en Syrie ou en Irak, l’apparition d’organisations comme Al-Qaïda dans la Péninsule Arabique, seule branche d’Al-Qaïda à avoir une base territoriale, l’Etat Islamique et ses ramifications, y compris au Yémen, où Daech appuie, objectivement, par ses attentats anti-chiites, la coalition saoudienne soutenue par les Etats-Unis. Autant d’organisations, crées ou financés par les puissances régionales ou directement par les services secrets américains, ou qui sont, au bas mot, des créatures monstrueuses de la politique impérialiste dans la région et qui en font une poudrière qui risque d’éclater à tout moment.

    Le coût en vies humaines, les souffrances infligées à des populations déjà fragilisées par la pauvreté, voilà le lourd tribut payé par les Yéménites à cette guerre régionale par procuration. Les combats pour le contrôle de la grande ville du Sud, Aden, entre loyalistes, appuyés par l’aviation saoudienne, et « rebelles » continuent, même si l’aéroport international est repassé, entre temps, aux mains des troupes fidèles au président Hadi. Pendant ce temps, la guerre a déjà fait plus de 4000 morts et 20000 blessés en quatre mois, pour un pays qui compte pas moins de 1,2 millions de déplacés, alors que 80% de la population manque de tout : c’est le résultat de l’embargo sur les ports yéménites mis en place par l’Arabie Saoudite, aggravé par la résolution du Conseil de Sécurité de l’ONU, officiellement pour contrer sur les livraisons d’armes aux troupes houthies. Voilà donc ce qu’offrent l’impérialisme et ses alliés régionaux, plus ou moins turbulents, aux peuples de la région. Publié le 14 août 2015 Michel Rosso

    http://www.revolutionpermanente.fr/Yemen-Pays-au-bord-du-chaos
     
  • « Gaza-Plage ». Succès du contre-rassemblement antisioniste à Paris (CCR)

    Hidalgo n’a pas réussi à empêcher les militants pro-palestiniens de s’opposer à la scandaleuse animation « festive » de « Tel-Aviv-sur-Seine »

    Depuis que le projet de Tel-Aviv-sur-Seine a été éventé, les protestations et pétitions des associations, partis, élus n’ont cessé. Pourtant, Anne Hidalgo, maire PS de Paris, a joué les fiers-à-bras, en refusant obstinément d’annuler les « festivités » et en masquant son soutien éhonté à la propagande de l’Etat Israélien derrière l’écran de fumée de « l’échange culturel ». Aujourd’hui, la tenue de Gaza-plage, entre le pont Notre-Dame et le Pont-au-change, marque l’échec d’une opération ouvertement pro-sioniste et une victoire pour la cause palestinienne.

    Faire barrage à la plage de la honte malgré les intimidations

    Offrir l’espace de Paris-Plage aux représentants de Tel-Aviv et de l’Etat israélien alors qu’ils occupent et assassinent tous les jours des palestiniens, relevait de la provocation. Hidalgo aurait donc préféré tenir ce projet caché jusqu’à la veille de l’évènement C’est par une fuite dans la presse confirmée ensuite par la police que le projet obscène de « Tel-Aviv-plage » a été dévoilé.

    Hidalgo comptait aussi sur le creux militant du mois d’août pour faire passer en douce ce sérieux coup de main donné à la promotion de l’état d’Israël.

    La mobilisation était, de fait, très difficile à réaliser durant cette période estivale. Pourtant les prises de position ont été nombreuses et plusieurs milliers de signatures ont été rapidement recueillies pour exiger d’Hidalgo l’annulation pure et simple de cette manifestation. Il ne pouvait en effet être question de laisser Tel-Aviv-sur-Seine se tenir sans réagir.

    Face à la mobilisation qui commençait à grossir, et pour renforcer le discours déterminé d’Hidalgo, des opérations de découragement ont été entreprises tant par les médias qui ont fait largement écho au déploiement de centaines de CRS et de forces de gendarmerie prévu pour la circonstance, que par les groupes sionistes ultraviolents du Bétar ou de la Ligue de Défense Juive (LDJ) multipliant les tentatives d’intimidation sur internet. La LDJ s’était adressée, sur son site, à la mairie de Paris pour exiger que les « perturbateurs extrémistes pro-palestiniens » soient réprimés par la police. On croit rêver quand on sait que ce groupuscule est interdit officiellement aux Etats-Unis et même en Israël !

    A la dernière minute, le Parti de Gauche « n’appelle pas à se mobiliser »

    Cette intimidation n’a d’ailleurs pas été sans effet. Le Parti de Gauche qui avait appelé à se joindre à la mobilisation et dont la Secrétaire Générale, Conseillère de Paris, Danielle Simonnet, était montée au créneau parmi les premières, a déclaré ce matin même sur Europe 1 par la voix d’Eric Coquerel « qu’il n’appelait pas à se mobiliser » ; ajoutant pour justifier cette volte-face : « on a vu sur les réseaux sociaux depuis des jours, y compris venant d’une certaine extrême droite sioniste, des appels à provocation extrêmement violents, il y a plein de gens qui rêvent que ça se passe mal et nous n’avons pas les moyens militants d’éviter les provocations de ce type ».

    Négocier avec la préfecture, une situation complexe

    C’est dans ce contexte où il y avait des risques réels d’une « descente » de la LDJ et où les capacités de mettre en place un service d’ordre étaient réduites que, le mardi 11 août, des organisations de défense du peuple palestinien, dont le CAPJPO-Europalestine, ont négocié avec la préfecture de police de Paris la possibilité de manifester contre la démonstration pseudo-culturelle de Tel-Aviv-sur-Seine.

    Après avoir envisagé différentes possibilités, les négociateurs ont convenu que la seule possibilité pour faire entendre la voix du peuple palestinien était un rassemblement sur le site de Paris-Plage, contigu à celui de Tel-Aviv-sur-Seine, en acceptant un contrôle policier important sur le chemin d’accès à Paris-Plage, pour les deux rassemblements.

    Cette solution avait le mérite de permettre à la protestation d’avoir lieu et d’être entendue y compris par ceux qui se rendaient à la manifestation sioniste. Elle avait en revanche l’inconvénient d’accepter un contrôle policier ; mais la préfecture s’engageait à laisser le droit de circulation pour atteindre les deux rassemblements. En outre le caractère de fête « cool » que les sionistes avaient voulu donner à leur manifestation de propagande était réduit à néant du fait du déploiement des forces de police.

    « Gaza-Plage » est donc un succès et un encouragement pour la lutte des Palestiniens

    Dans de telles conditions, la tenue de la contre-manifestation « Gaza-plage », avec une présence et des prises de paroles permanentes dès midi et jusqu’au soir avec une fréquentation constante de 150, voire 200 personnes et plus, militants mais aussi touristes et sympathisants, constitue un réel succès. Même si les médias, le soir, ont tout fait pour minimiser la manifestation et se gausser du rapport entre l’importance des forces de police déployées et le caractère calme et mesuré de la manifestation, la démonstration a été faite que les provocations pro-sionistes ne passeront pas.

    L’essentiel des prises de parole a porté sur l’importance de ce qui pouvait être fait en France pour soutenir les Palestiniens et au premier chef, les actions de boycott. Il a été souligné que le boycott ne concernait pas seulement les produits alimentaires israéliens, mais aussi les industries pharmaceutiques comme TEVA ou les échanges culturels.

    Même les aspects « culturels » comme le défilé de robes palestiniennes portées par des jeunes femmes les doigts en V pour dire « Palestine Vivra, Palestine Vaincra », témoignaient de toute la violence subie par le peuple palestinien. Ainsi cette somptueuse robe traditionnelle brodée venue d’Hébron qui a été l’occasion d’évoquer, contraste barbare, les immenses immeubles israéliens qui défigurent la ville et du haut desquels les colons déversent des détritus sur les palestiniens occupés.

    Claire Manor et Christian Grosz

    http://www.revolutionpermanente.fr/Gaza-Plage-Succes-du-contre-rassemblement-antisioniste-a-Paris

  • Les jeunes Algériens de plus en plus dépolitisés (Algeria Watch)

    Intérêt pour les affaires publiques et les questions politiques :

    Les jeunes Algériens sont de moins en moins intéressés par les affaires publiques et la politique.

    Relevée déjà par certains sondages réalisés par des organismes algériens, cette tendance est confirmée par l’Afrobaromètre dans son dernier rapport sur «Les jeunes et les processus politiques». Sous le titre «La journée internationale des jeunes : malgré l’intérêt, les jeunes ne suivent pas les processus politiques», ce rapport, publié hier sur le site de l’Afrobaromètre (http://www.afrobarometer.org/), précise que seulement 50% des jeunes Algériens de 18-29 ans s’intéressent aux affaires publiques. Ils arrivent ainsi loin derrière leurs pairs du Maroc (55%), de Tunisie (67%) et d’Egypte (78%).

    «56% des jeunes Africains» affirment qu’ils sont «plutôt intéressés» ou «très intéressés» par les affaires publiques. Ce sont les jeunes Egyptiens qui sont le plus intéressés (78%),suivis des Tanzaniens (77%). Le plus faible taux est enregistré en Côte d’Ivoire (29%) et à Madagascar (35%), lit-on dans ce document. Outre l’intérêt pour la gestion des affaires publiques, les jeunes Algériens ne sont pas captés par les sujets politiques. Seulement 5%, précise le rapport, ont affirmé qu’ils participent à des débats politiques.

    En revanche 70% des jeunes avouent qu’ils abordent ce genre de thème occasionnellement, alors que 26% affirment qu’ils ne parlent jamais de politique. En Afrique du Nord, les jeunes Algériens sont les plus «dépolitisés», puisqu’au Maroc, en Tunisie et en Egypte, les jeunes sont intéressés par les questions politiques à, respectivement, 14%, 21% et 28%. Selon la même source, plus de la moitié des jeunes Tunisiens (51%) et Egyptiens (56%) affirment aussi qu’ils parlent des sujets politiques occasionnellement.

    90% contre la force en politique

    S’agissant de la participation aux scrutins et campagnes électorales, l’Afrobaromètre fait ressortir que les jeunes des pays d’Afrique du Nord ne sont pas les meilleurs en la matière. Le rapport ne donne pas de statistiques par pays, mais par régions : «Moins de la moitié des jeunes Nord-Africains affirment avoir voté lors de la dernière élection organisée dans leurs pays respectifs. Ils arrivent loin derrière l’Afrique du Sud (50%), l’Afrique de l’Ouest (57%) et l’Afrique de l’Est (65%).» Ce document souligne que seuls 12% des jeunes Nord-Africains participent à des campagnes électorales.

    Les jeunes Algériens, ajoute la même source, n’ont pas fait campagne pour un candidat ou des candidats engagés dans la course électorale : «11% uniquement affirment l’avoir déjà fait.» Le point positif relevé par cette enquête est le rejet de l’utilisation de la force en politique. Selon l’étude, 90% des jeunes Algériens se disent contre l’utilisation de la force en politique.

    L’Afrobaromètre est un projet d’enquête et de recherche, non partisan, dirigé en Afrique.

    Il mesure les attitudes des citoyens sur la démocratie et la gouvernance, l’économie, la société civile et autres sujets. Il est également le leader mondial dans les projets de recherche sur les questions qui affectent les hommes et les femmes ordinaires d’Afrique. «Nous recueillons et publions des données statistiques fiables et de haute qualité sur l’Afrique, qui sont gratuitement disponibles au public», explique l’organisme sur son site internet.  Madjid Makedhi El Watan, 13 août 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/soc/depolitisation.htm

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

  • Paris plages: fiasco pour l’opération de com de Mme Hidalgo (Afps)

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    Paris Plages habillée en « Tel-Aviv sur Seine » n’a pu se dérouler que sous une présen- ce policière impressionnante: policiers partout, barrières interdisant de marcher du côté des berges, et check points avec fouille au corps à chacune des deux entrées principales. A un bout de Paris Plages, une zone concédée à Europalestine et d’autres organisations qui avaient décidé d’y organiser « Gaza Plage ».

    A l’AFPS, nous avions choisi d’informer, par des tracts, les personnes qui se rendaient à Paris Plages. Une démarche qui a dérangé, et nous n’avons pas tardé à nous en apercevoir. Nos militants s’étaient répartis entre les files d’attente qui précédaient les « check points » d’accès. Même si une grande partie des participants à Paris Plages étaient des incondi- tionnels d’Israël, beaucoup de personnes demandaient nos tracts et nous avons pu discuter avec certains d’entre eux.

    Par contre un des groupes qui distribuait s’est fait sérieusement molester, par deux fois, par des miliciens type LDJ qui surveillaient la file d’attente. La police, sans jamais inquiéter nos agresseurs, n’est intervenue que pour nous éloigner et finalement nous faire quitter les lieux. Nous avons continué notre action au milieu des passants, avec souvent un très bon accueil.

    La police s’est opposée à une nouvelle distribution au plus près de la zone « hors droit français » qu’ils avaient laissé se créer. Est intervenu alors un mini-rassemblement de BDS France avec T-shirts, drapeaux palestiniens, photos de Gaza, et slogans. Un moment dyna- mique plutôt sympathique auquel certains d’entre nous se sont joints, mais qui n’a pu durer qu’une dizaine de minutes. Beaucoup de militants se sont fait encercler, et finalement la police a escorté tout le monde vers « Gaza plage », devenue un peu le « ghetto des pro- palestiniens ».

    A noter l’initiative sympathique de quelques jeunes avec des T-shirts « GAZA SOCCER BEACH » qui se sont présentés au check point, ballon au pied. Aussitôt refoulés, ils ont pu exprimer leur étonnement à la presse présente. Notre démarche d’aller vers les « clients » de Tel-Aviv sur Seine et de porter notre parole auprès d’eux a manifestement beaucoup déran- gé: de nombreuses fois nous nous sommes fait dire, par la police: »si vous voulez vous exprimer pour la Palestine, c’est là-bas, à Gaza plage ».

    La police et la mairie de Paris ont adopté une démarche partisane, teintée de commu- nautarisme, et anti-démocratique: refus du débat et de l’expression en-dehors d’une enceinte bien délimitée, et surtout création, autour des files d’attente, de zones tenues par les milices pro-israéliennes d’extrême-droite. Ce qui est scandaleux et nous a amenés à interpeller Bernard Cazeneuve, le ministre de l’Intérieur, mais n’a fait que traduire le fiasco d’une opération de com indécente. Le Bureau national  de l’AFPS, vendredi 14 août 2015

    http://www.france-palestine.org/Paris-Plages-fiasco-pour-l-operation-de-com-de-Mme-Hidalgo

    Voir aussi:

    http://alternativelibertaire.org/?Paris-Sous-la-plage-l-apartheid

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    freepalestine-

  • Palestiniens chrétiens contre Palestiniens musulmans (Orient 21)

    Israël, diviser pour mieux régner

    Une loi en apparence limitée votée par le parlement israélien le 24 février dernier fait pour la première fois la distinction entre chrétiens et musulmans parmi les citoyens arabes d’Israël. Son promoteur, un député d’extrême droite, annonce d’autres projets de textes législatifs et demande aux chrétiens de renoncer à leur identité arabe.

    Les Arabes israéliens chrétiens ne sont pas des Arabes.

    Telle est l’opinion du député Yariv Levin. Membre du parti d’extrême droite Israel Beteynu, allié au Likoud de Benyamin Nétanyahou et dirigé par le ministre des affaires étrangères Avigdor Lieberman, Levin est l’auteur d’une loi votée le 24 février dernier par le parlement. Pour la première fois, ce texte établit une distinction religieuse entre les citoyens palestiniens d’Israël, ceux que l’on appelle communément les Arabes israéliens ou les Palestiniens d’Israël. Une loi en apparence anodine. Il s’agit seulement de porter de cinq à dix le nombre de sièges d’une commission de lutte contre la discrimination au travail. L’un des nouveaux sièges est réservé à un musulman, et un autre à un chrétien.

    Mais d’après le député lui-même, cette loi n’est qu’un ballon d’essai. Levin compte proposer d’autres textes distinguant les chrétiens des musulmans, dans le but avoué de créer une sorte de citoyenneté chrétienne1. «  C’est un instant historique qui pourrait rééquilibrer l’État d’Israël et nous rapprocher des chrétiens, que je tiens à ne pas appeler Arabes, car ils ne sont pas Arabes  », a-t-il déclaré au site web du quotidien israélien Maariv, avant le vote du parlement. Selon lui, «  Les chrétiens sont nos alliés naturels. Ils servent de contrepoids aux musulmans, qui veulent détruire l’État de l’intérieur. Les chrétiens sont aussi préoccupés par l’islam extrême, qui les exclut  ».

    D’après le site, Levin prépare d’autres projets, dont l’inscription «  chrétien  » sur les cartes d’identité. «  Cette mention leur donnera accès à des postes de direction des entreprises d’État, une représentation séparée dans les institutions locales et l’égalité des chances dans le monde du travail  », a-t-il précisé.

    Les Arabes, citoyens israéliens de seconde zone

    Cette dernière suggestion revient à admettre une réalité niée par le gouvernement : l’existence d’un statut de citoyen de seconde zone pour les Palestiniens d’Israël. Rescapés du nettoyage ethnique de 1948, ils représentent, avec leurs descendants, 1,5 million des citoyens israéliens, soit 20 %. Les chrétiens sont aujourd’hui au nombre de 125 000 environ. La volonté de les «  intégrer  » fait-elle partie du plan de Lieberman, qui souhaite échanger des territoires du nord où résident de nombreux Arabes israéliens, population comprise, avec un hypothétique État palestinien  ? Dans ce cas, on garderait les chrétiens, puisque «  ils ne sont pas Arabes  ».

    Pour Menachem Klein,2 professeur de sciences politiques à l’université de Bar-Ilan, il s’agit simplement d’une vieille tactique coloniale. «  Cela rappelle les méthodes de la France pendant son mandat sur la Syrie et le Liban dans les années 1920  », explique-t-il. «  Les Français divisaient pour régner, jouant en Syrie les alaouites contre les druzes et les sunnites, favorisant les maronites au Liban  ». En voulant créer une «  identité chrétienne  », Israël tente aussi de nier le nationalisme arabe. «  Levin est un ignorant  », ajoute le professeur. «  Il ne sait pas que l’on trouve parmi les Arabes chrétiens d’Israël les plus fermes supporters du nationalisme, comme Azmi Bishara  »3.

    Reproduire «  l’exception  » druze

    Les opposants à la loi font aussi référence à un autre instrument de la colonisation française, le décret Crémieux, qui donna en 1870 la citoyenneté française aux juifs algériens. Le décret est mentionné dans le texte signé le 27 février par dix-huit ONG représentant les Palestiniens d’Israël, qui dénonce «  une dangereuse tentative de distordre leur identité arabe  ». Autre comparaison, le statut spécial des druzes, secte ésotérique de l’islam, que le gouvernement a séparés des autres Palestiniens d’Israël exemptés de la conscription, en les obligeant à faire leur service militaire.4 Ces soldats minoritaires se montrent souvent plus brutaux envers les Palestiniens que les Israéliens juifs, même si un mouvement d’objecteurs de conscience est apparu en leur sein.

    L’exécutif israélien veut manifestement renouveler l’expérience avec les chrétiens, en leur proposant pour l’instant de s’engager volontairement, comme conscrits ou soldats de métier. Aujourd’hui, l’armée israélienne compte trois cent militaires chrétiens, nombre d’entre eux servant dans des unités combattantes. Détail important, quatre-vingt quatre d’entre eux se sont engagés dans la dernière moitié de 2013. Ces chiffres ont été fournis par un «  forum  » qui organise des conférences dans les localités chrétiennes de Galilée, destinées à attirer les jeunes chrétiens vers l’armée. L’augmentation du nombre de volontaires est le résultat d’une série de conférences soutenues par un petit parti baptisé «  Les fils du Nouveau Testament  », fondé par un ancien capitaine de la marine marchande, Bishara Chlayan. Plusieurs de ses enfants servent dans l’armée israélienne, et son frère, Ehab, «  conseiller pour les affaires chrétiennes  » au ministère de la défense, est l’organisateur de ces séances de recrutement.

    La "gaffe de Noël" de Nétanyahou

    L’initiative a reçu l’aval de quelques membres du clergé, dont l’évêque grec orthodoxe Djibril Nadaf, qui voit dans Israël un «  protecteur  » des chrétiens, dans un Proche-Orient où ils sont, selon lui, menacés par les musulmans. Le prélat a été rapidement désavoué par sa hiérarchie. Les autres Églises ont également protesté contre le plan. Mais l’évêque dissident a été soutenu par le premier ministre. Ce dernier s’est même adressé, dans un message de Noël télévisé le 24 décembre 2013, aux «  chrétiens israéliens  », qu’il a de nouveau encouragés à s’engager dans l’armée, leur promettant de les protéger contre tous ceux qui voudraient les en empêcher.

    Le premier ministre israélien n’a pas une fois prononcé le mot «  arabe  », validant ainsi la création d’une identité fondée uniquement sur la religion. Ce mélange mal maîtrisé entre nationalité, religion et ethnicité a rapidement atteint ses limites quand, en plein milieu de ses vœux de Noël, Nétanyahou s’est rendu compte lui-même de sa propre contradiction. La vidéo a fait le tour du monde : remerciant les chrétiens de servir «  l’ État...  », le premier ministre, visiblement sur le point d’ajouter «  juif  », s’est arrêté, et, après quelques bafouillements, a rapidement changé pour «  l’État et la société  ».

    Israël, qui exige d’être reconnu comme «  État juif  » par les Palestiniens de l’intérieur comme de l’extérieur n’offre en réalité à ses citoyens chrétiens qu’un rôle de supplétifs indigènes en échange du renoncement à leur identité arabe.

    Pierre Prier 31 mars 2014
     

    1NDLR. Pour mémoire, «  Israël est la seule démocratie qui opère une distinction entre citoyenneté et nationalité : tous les titulaires de la citoyenneté (ezrahut) ont, en principe, des droits égaux, mais seuls certains, les Juifs, forment la nationalité (le’um). En 1970, Shimon Agranat, président de la Cour suprême, a confirmé que l’on ne pouvait pas parler de “nationalité israélienne”, parce qu’il n’existait pas de nation israélienne séparée de la nation juive et qu’Israël n’était même pas l’État de ses citoyens juifs, mais celui des juifs du monde.  », in Alain Gresh, «  Juifs et pas israéliens  », blog Nouvelles d’Orient, 4 octobre 2013.

    2Spécialiste de Jérusalem, il a conseillé l’équipe de négociation israélienne lors des accords d’Oslo, ainsi que celle des accords informels dits de Genève de 2003. Il est membre du conseil d’administration du site Ir amim, consacré à Jérusalem. Son dernier ouvrage The Shift, Israel-Palestine from border struggle to ethnic conflict, Columbia university press (non traduit en français) décrypte la volonté des dirigeants israéliens de jouer la carte ethnico-identitaire.

    3Fondateur du parti Balad, partisan d’un «  État de tous les citoyens  », Azmi Bishara a été député de 1996 au 22 avril 2007, date à laquelle il a démissionné et s’est exilé pour échapper à des poursuites policières politiquement motivées. Trois jours plus tard, il a été inculpé de «  crime contre la sécurité d’Israël  ».

    4Quelques Bédouins de nationalité israélienne servent aussi dans l’armée, souvent comme éclaireurs.

  • La dette publique marocaine est insoutenable (Attac Cadtm Maroc)

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    La Banque centrale marocaine, Bank al-Maghrib (BAM), a publié fin juillet 2015 son rapport annuel qu’elle a présenté devant le roi. Ce document présente la situation économique, financière et monétaire du Maroc, en lien avec son environnement international. Le rapport passe en revue également les réalisations de l’institution, notamment sa supervision du secteur financier. Le rapport aborde également la question de la dette publique |1|. BAM prévoit qu’elle va augmenter pour l’année 2016, et analyse la capacité de l’économie marocaine à supporter le service de la dette pour la période 2015-2019.

    L’endettement augmente

    Le rapport constate l’augmentation continue de la dette publique. Fin 2014, son encours représente 741 milliards de DH (environ 74 milliards d’euros) |2|, soit environ 81 % du PIB marocain, la dette ayant repris sa tendance à la hausse dès 2008. La crise du capitalisme mondial (2007-08) a précipité le retour à l’endettement.

    La crise alimentaire, la baisse de la demande internationale, la hausse des prix des produits pétroliers, le tarissement des sources des devises (IDE, tourisme et transferts des MRE), ces facteurs contribuent à la crise de l’économie nationale.

    Dans ce contexte, les besoins en devises augmentent et le Maroc décide d’emprunter sur le marché financier international. Conséquence de ce choix, ce secteur représente désormais 25 % de l’encours de la dette extérieure marocaine, alors qu’il ne constituait que 11 % en 2010.

    Le Maroc et sa relation de dépendance

    BAM s’attend à une hausse de l’endettement du Maroc en 2016, mais prévoit une baisse entre 2017 et 2019. Ce scénario table sur la réduction du déficit public et l’amélioration du taux de croissance. Cette projection prévoit « une moyenne de croissance de 4,6 %, une inflation à 1,9 % et un déficit public à 3 % » |3|.

    Ces prévisions ne résistent pas au pessimisme actuel sur les possibilités d’une reprise économique. La crise du capitalisme mondial a des effets directs sur l’économie marocaine. Les faillites et la fermeture des unités industrielles, les licenciements massifs, la hausse du chômage, la généralisation des politiques d’austérité ont atteint un niveau inégalé, spécialement dans les pays développés. Ces facteurs amplifient la récession en cours de l’activité économique. C’est d’ailleurs le diagnostic fourni par la Banque centrale dans les premières pages de son rapport. L’investissement et la croissance sont encore très faibles dans la zone euro, alors que la dette publique explose.

    Cette crise est supportée lourdement par les pays du sud de l’Europe. La situation en Grèce illustre cette situation. Les acquis sociaux sont dangereusement attaqués depuis plusieurs années dans ce pays. Le peuple grec subit une offensive de type colonial, dirigée par la Commission européenne (CE), la Banque centrale européenne (BCE) et le Fonds monétaire international (FMI).

    Cette situation dans les pays du Nord n’est pas sans dégâts dans les pays du Sud comme le Maroc. Notre économie est intégrée à la zone euro. Dans cette relation de dépendance, le Maroc se trouve dans une position de faiblesse. L’économie du pays est totalement inféodée au capitalisme international et aux grandes puissances.

    À cela s’ajoutent les effets des politiques d’austérité menées au Maroc. Elles induisent indiscutablement un ralentissement de la croissance économique. L’endettement entrave le développement. Le service de la dette est de 163 milliards de DH en 2013, soit 50 % du Budget général de l’État, ce qui équivaut au montant des recettes fiscales ou encore à trois fois le budget de l’investissement.

    La dette publique marocaine est insoutenable

    Le rapport du BAM se fonde pour juger de la soutenabilité de la dette sur des projections d’indicateurs macro-économiques recommandés par le FMI et la Banque mondiale. La sauvegarde des équilibres entre ces mêmes indicateurs avait déjà été à l’origine des Programmes d’ajustement structurel (PAS) mis en œuvre au Maroc dans les années 1980-1990. Ces sinistres programmes n’avaient fait qu’appauvrir la majorité des classes populaires. Pour se conformer à ces équilibres, le gouvernement actuel réduit les dépenses publiques et fait pression sur les salaires et les retraites. Ces mesures sont prises pour atteindre des objectifs fixés par le FMI en matière de déficit et de remboursement de la dette. C’est la même logique qui prévaut, toute proportion gardée, contre le peuple grec qui se trouve asphyxié par les créanciers.

    Toujours selon les projections du BAM, la dette du trésor devrait être ramenée à 62,1 % du PIB en 2019. Si ce scénario se réalise cette baisse n’atteindra pas le niveau d’avant la crise. Lors de la période 2007-2012, la dette du trésor représentait 50,4 % du PIB en moyenne.

    La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites

    En outre, le poids de la dette réelle, en incluant la dette garantie par l’État contractée par les entreprises publiques, est de 81 %. Cette dette est insoutenable et insupportable. La soutenabilité de la dette ne peut être réduite à des projections économiques abstraites. Le remboursement de la dette est une hypothèque qui pèse sur les 34 millions de Marocains. Ces citoyens payent directement cette dette avec la sueur de leur front, leurs salaires, l’avenir de leurs enfants. Chaque marocain paie chaque année, au titre du service de la dette, 5000 DH marocain. Qu’il soit un enfant, une personne âgée, un chômeur, femme, toutes les catégories de la population paient cette dette.

    Le service de la dette absorbe une partie importante des ressources nécessaires pour les besoins en éducation, santé, logement décent, investissement dans les infrastructures publiques de base, les programmes nécessaires à la croissance économique et au développement social… C’est pour cette raison que la dette publique est insoutenable et insupportable. Son paiement approfondit la crise sociale dont souffre notre peuple et pour cette raison il faut exiger la suspension de son paiement.

    Mobilisation populaire et audace politique

    En Grèce, la Commission pour la vérité sur la dette grecque a montré les aspects illégitimes, illégaux, insoutenables et odieux |4| de la dette de ce pays. Elle a recommandé aux autorités grecques le non-paiement de ces parties. Dans son rapport, on peut lire : « S’agissant des dettes insoutenables, tout État est juridiquement fondé à utiliser l’argument de l’état de nécessité qui permet à un État confronté à situation exceptionnelle de sauvegarder un de ses intérêts essentiels menacé par un péril grave et imminent. Dans une telle situation, il peut s’affranchir de l’exécution d’une obligation internationale telle que le respect d’un contrat de prêt. Enfin, les États disposent du droit de se déclarer unilatéralement insolvables lorsque le service de leur dette est insoutenable, sachant que dans ce cas ils ne commettent aucun acte illégal et sont affranchis de toute responsabilité  » |5|.

    Pour atteindre cet objectif, deux choses sont nécessaires : la mobilisation populaire et de l’audace politique. Le président équatorien avait cette audace en décidant de manière unilatérale la suspension du paiement de la dette de son pays. Il s’est appuyé sur les conclusions du rapport de la Commission d’audit de la dette dans ce pays |6|, mise en place en 2007.

    ATTAC/CADTM Maroc s’appuie sur ces expériences pour mobiliser autour de cette question. Notre objectif premier est la constitution d’une commission d’audit composée d’une large coalition pour lancer un audit citoyen de la dette publique marocaine. 11 août par Omar Aziki

    http://cadtm.org/La-dette-publique-marocaine-est