La Ligue de Défense Juive (LDJ) est une organisation politique ultra-violente d’extrême droite interdite en Israël et aux Etats-Unis, mais autorisée de fait en Franc
Cette première anomalie, bien intentionnelle, en recouvre d’autres, à savoir l’étrange complicité de la LDJ et des gouvernements français de droite et du PS qui s’est de nouveau dévoilée cette semaine. En effet, la co-organisation de l’opération touristo-politique Tel-Aviv-sur-Seine par la Mairie de Paris a été l’occasion de démontrer un peu plus une véritable symbiose sur le terrain.
En 2003, la Ligue Démocratie et Judaïsme, l’ancêtre de la LDJ, avait été dissoute par la préfecture. Il semblerait que rien de tel ne soit à l’ordre du jour, bien au contraire. De fait. En plus des gendarmes présents à Tel-Aviv-sur-Seine, le jeudi 13 août, on trouvait Isopro, une société de sécurité. Cette société, pas comme les autres, emploie des militants de la LDJ. Certains ont photographiés les journalistes dérangeants, dont celle des Inrocks. Ils n’ont pas hésité à charger un photographe indépendant, Nnoman, sans être inquiétés le moins du monde par la police. Les militants et les manifestants savent bien, par expérience personnelle, qui protège l’extrême droite sur le terrain. La préfecture dément pourtant « formellement la participation de la LDJ au service de sécurité ». Un mensonge de plus.
La LDJ possède les mêmes méthodes que les « services d’ordre » d’extrême-droite : l’intimidation des journalistes, la violence physique contre tout ce qui pourrait être témoin de son ultra-violence, les agressions des adversaires politiques, l’exaltation de la race et de la communauté, l’apologie de la haine, etc...
La LDJ se présente comme un « défenseur d’Israël » et possède toutes les méthodes et le bagage idéologique des groupuscules d’extrême-droite. En réalité la LDJ attaque tous ceux qu’elle considère comme des ennemis d’Israël. Ce n’est pas un hasard si sur son drapeau, jaune, est dessiné un coup de poing fermé. Le moins que l’on puisse dire c’est que ce n’est pas le poing levé du mouvement ouvrier. La LDJ a été fondée en 2000, par Pierre Lurçat et Jean-Claude Nataf. Ce dernier était présent devant la file d’entrée à Tel-Aviv-sur-Seine pour superviser les opérations, avec l’accord complet de la « sécurité » et des autorités policières, présentes sur place.
La LDJ n’a pas d’existence légale et ne dispose d’aucun local connu dans la capitale. Son financement passerait exclusivement par des dons. Sa vitrine financière est l’association Solidarité Israël, dont les statuts ont été déposés en novembre 2011 et dont le président est Joseph Ayache. Ce trentenaire passé par le Betar, un mouvement de jeunesse sioniste de la droite violente, est considéré par la police comme le principal dirigeant de la LDJ, aux côtés de David Bettey. Les militants seraient 30 à 40 selon des sources policières. Néanmoins, la périphérie mobilisable pourrait réunir jusqu’à 200 personnes en puisant dans l’ex-Betar et dans le Service de protection de la communauté juive, qui est sous l’égide du Crif et du Consistoire.
La LDJ emploie souvent dans ses « actions » tout un matériel : battes de base-ball, marteaux, poings américains, matraques, gaz lacrymogène. En 2014, deux de ses sympathisants ont été condamnés à dix mois de prison ferme pour avoir visé, en 2012, avec une bombe artisanale, la voiture d’un jeune juif qui avait critiqué la politique du gouvernement israélien sur son blog. Mais dès 2002, un an à peine après sa création, l’un de ses sympathisants poignardait un commissaire en marge d’une manifestation. Ce dernier s’en est tiré avec une grave blessure, tandis que son agresseur a fui en Israël, où il est aujourd’hui incarcéré pour un autre délit.
Les figures idéologiques de référence de la LDJ sont Vladimir Jabotinsky, l’un des symboles du sionisme radical de droite de la première moitié du XX°, ainsi que le rabbin israélo-américain Meir Kahane. Ultranationaliste, Meir Kahane a créé en 1968 la Jewish Defense League américaine, qu’un rapport du FBI daté de 2001 recense comme groupe terroriste. Il a également fondé en Israël le parti Kach, interdit en 1994, car raciste. C’est dire ! Si la LDJ française se veut sans lien avec son homologue américaine, elle lui a emprunté son nom et son emblème. Sa charte, elle, se réclame bien de Kahane.
Le fond idéologique est clairement d’extrême-droite. Dans un tweet daté d’avril 2014, la LDJ estimait par exemple que « l’assimilation et le mariage mixte ont coûté la vie à plus de juifs que la Shoah ». En 2011, dans un article publié sur son site, puis retiré, l’organisation exprimait un « soutien vigilant » à Marine Le Pen. Un communiqué publié peu après démentait cet appui tout en considérant que les positions du Front national « à l’encontre de l’islamisation [restent] un pas significatif dans les urgences politiques de notre pays ». Nataf, l’un des dirigeants de la LDJ, était d’ailleurs présent au défilé du Front National du 1er mai 2013.
Mais ce qui est plus intéressant, outre ce rapprochement naturel entre extrêmes-droites, c’est le soutien des autorités françaises. En juillet 2012, Olivia Zemor, présidente de CAPJPO-EuroPalestine, a été agressée et aspergée de peinture par des membres de la LDJ, qui s’étaient fait passer, à l’époque, pour des journalistes. Des voies de fait qui sont punies avec indulgences par la justice, mais les condamnations légères et restent purement individuelles. L’organisation n’a jamais vraiment été menacée. Nataf, de son côté, n’a jamais fait mystère de cette impunité. Ainsi, dans une interview à Libération, en 2014 il affirmait que la LDJ n’avait « rien contre la police, au contraire. Lors de la manifestation du 13 juillet [2014], on a même travaillé avec elle : les policiers voyaient bien qui était l’agresseur et qui se défendait. » Et d’ajouter : « De toute façon, avec Valls, on a tout ce qu’on veut. »
Publié le 17 août 2015 Léo Serge
http://www.revolutionpermanente.fr/La-LDJ-auxiliaire-de-la-Prefecture-de-Police