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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Enfances brisées : les mineurs palestiniens dans le viseur de la répression israélienne

    vendredi 13 mai 2016
     
    La Plateforme Palestine, l’ACAT, l’AFPS, la Ligue des droits de l’Homme et le Yes Theatre publient un rapport sur les enfants palestiniens détenus dans les prisons israéliennes.
     
     

    Festival Ciné-Palestine 2016 : Le compte à rebours a commencé

    Festival Ciné-Palestine, vendredi 13 mai 2016

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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    USA : Dites au Congrès de Soutenir les Droits des Enfants Palestiniens !

    US Campaign to End the Israeli Occupation (Campagne aux USA pour mettre fin à l’occupation israélienne), jeudi 12 mai 2016
  • Islamophobie et orientalisme inversé: Europe et Moyen-Orient

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    Certains courants de la gauche radicale peinent à articuler la lutte contre l’islamophobie en Europe avec le soutien aux luttes du Moyen-Orient et d’Afrique du Nord.

    Tandis que d’autres, traversés par le concept « orientaliste », promeuvent l’islam politique comme vecteur d’émancipation. Deux maux dont la gauche doit se défaire, selon Joseph Daher.

    La lutte contre l’islamophobie en Europe et pour le changement radical des sociétés au Moyen-Orient et en Afrique du Nord nécessite encore et toujours des débats au sein de la gauche radicale, car certains ont parfois du mal à combiner les deux objectifs pour différentes raisons, souvent d’ailleurs contradictoires. Dans la première partie de cet article, nous traiterons de la nécessité de la lutte contre l’islamophobie comme objectif central de la lutte pour une société plus égalitaire et plus juste, particulièrement en période de crise économique et de montée du racisme en Europe.

    Dans la seconde partie, nous démontrerons que la lutte contre l’islamophobie ne doit en aucun cas laisser la place à un « orientalisme en retour ou inversé » qui traverse certains courants de gauche dans leur analyse du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord.

    L’islamophobie est tout d’abord le racisme envers la communauté musulmane, les citoyen-ne-s de confession musulmane, pratiquants ou non, simples croyants ou athées, mais portant un prénom musulman. L’islamophobie ne mesure pas la religiosité d’une personne. Elle connu une explosion en Occident après les attentats du 11 septembre 2001. Un nouvel ennemi avait été trouvé et les lois discriminantes à l’encontre des communautés musulmanes en Europe ont connu un boom.

    Dans un rapport publié en 2012, intitulé Choix et préjugés - la discrimination à l’égard des musulmans en Europe, Amnesty International s’alarme du climat islamophobe.

    De nombreux pays européens (France, Suisse, Autriche...) sont pointés du doigt pour leurs pratiques, encouragées par des partis politiques en quête de voix électorales, ajoute le rapport. Le rédacteur du rapport décrit par exemple le fait que « des femmes musulmanes se voient refuser des emplois et des jeunes filles sont empêchées d’aller en classe simplement parce qu’elles portent des vêtements traditionnels comme le foulard (...). Des hommes peuvent être licenciés pour porter des barbes associées à l’islam ».

    La Suisse n’échappe pas à cette atmosphère islamophobe, dont le symbole reste la loi sur l’interdiction de construction de nouveaux minarets votée en 2009.

    La gauche radicale, dans la résistance aux intérêts capitalistes qui veulent imposer des mesures d’austérités à travers l’Europe, via l’outil principal de la dette mais également via le racisme et l’islamophobie, ne peut se permettre de reléguer cette question. L’islamophobie, comme le racisme et le communautarisme, est un instrument des classes dirigeantes pour diviser les classes populaires et les détourner de leur réel ennemi : la classe bourgeoise.

    Trostky affirmait que même si une démocratie complète est illusoire sous le système capitaliste, le mouvement révolutionnaire ne doit en aucune façon renoncer, même sous l’impérialisme, à la lutte pour les droits démocratiques.

    Le combat contre l’islamophobie et le racisme en général et pour le droit à l’exercice de la liberté de conscience est fondamental dans la pensée marxiste.

    Dans sa Critique du programme de Gotha du Parti Ouvrier Allemand (1875), Marx expliquait que la liberté privée en matière de croyance et de culte doit être définie uniquement comme rejet de l’ingérence étatique. Il en énonçait ainsi le principe : « Chacun doit pouvoir satisfaire ses besoins religieux et corporels, sans que la police y fourre le nez ». Ce même Marx a défendu l’obtention des droits civiques des juifs de Cologne en 1843 et déclarera que le privilège de la foi est un droit universel de l’homme. Le marxisme classique, celui des fondateurs, n’a d’ailleurs pas requis l’inscription de l’athéisme au programme des mouvements sociaux.

    La question du voile ne concerne que les femmes, elles doivent décider par elles-mêmes et en toute indépendance de son port ou non. Le voile imposé ou retiré par la force est un acte réactionnaire et qui va à l’encontre de tout soutien à l’autodétermination des femmes.

    Dans cette lutte contre l’islamophobie, nous nous opposons à ceux et celles qui, à gauche, rejettent toute unité d’action avec des groupes ayant une base ou se revendiquant de fondements religieux, en faisant appel à la fameuse phrase de Karl Marx selon laquelle la religion est « l’opium du peuple », sans faire référence à la suite du texte qui explique le réel sens à y donner.

    Un certain nombre d’exemples historiques démontrent l’erreur de ce positionnement.

    La gauche radicale a collaboré et lutté côte à côte avec les adeptes de la théologie de la libération, qui avaient développé une critique radicale du capitalisme contre les dictatures d’Amérique du Sud. Le parti bolchevique n’hésitait pas à coordonner des luttes avec le Bund, union générale des travailleurs juifs de Pologne, de Lituanie et de Russie, fondée en 1897, qui, malgré son orientation athéiste, anticléricale et fondamentalement socialiste, était basée sur un regroupement communautaire.

    Finalement Malcolm X qui, tout en restant fidèle à ses convictions religieuses, particulièrement à la fin de sa vie, évoluait à gauche. Il n’hésita pas à critiquer les dirigeants musulmans dans une interview en 1965, qu’il accusa d’avoir volontairement maintenu les peuples, et les femmes en particulier, dans l’ignorance. Il ajouta aussi que l’état d’avancement d’une société se mesure à la situation faites aux femmes, en déclarant que « plus les femmes sont éduquées et impliquées... plus le peuple entier est actif, lumineux et progressiste ».

    L’intervention des forces progressistes et révolutionnaires permet la radicalisation des mouvements de contestation populaire. Elle doit également empêcher toute dérive de confiscation « identitaire » des débats et des dynamiques politiques en inscrivant les luttes dans une perspective humaniste et universelle, sans laisser la place à une forme d’« orientalisme en retour » qui touche certains courants de gauche, en Occident comme au Moyen Orient.

    L’« orientalisme en retour » est un concept développé par le marxiste syrien Sadiq Jalal al Azm, en 1980, face à ce qu’il considère comme une ligne révisionniste de la pensée politique arabe, qui a fait surface sous l’effet du processus révolutionnaire iranien après 1979.

    La thèse centrale de ce courant, qui trouve à sa source un certain nombre d’intellectuels de gauche et nationalistes déçus, peut se résumer comme suit : « Le salut national tant recherché par les Arabes depuis l’occupation napoléonienne de l’Egypte ne se trouve ni dans le nationalisme laïc (qu’il soit radical, conservateur ou libéral), ni dans le communisme révolutionnaire, le socialisme ou autre, mais dans un retour à l’authenticité de ce qu’ils appellent l’islam politique populaire ».

    Ainsi, les mouvements de l’Islam politique ont tendance à promouvoir l’idée que la libération et le développement des pays arabes dépendent en premier lieu de l’affirmation de leur identité islamique, qui serait « permanente » et « éternelle », et non en luttant contre le capitalisme et l’impérialisme. D’autres questions peuvent être également débattues comme la lutte pour les droits des femmes, la lutte contre le communautarisme, le rôle de Etat, etc.

    Ce courant a trouvé malheureusement des adeptes dans certains courants de la gauche en Europe également, certes minoritaires mais néanmoins présents.

    L’islam politique devient pour cette tendance un agent de modernisation, et la religion islamique est la langue et la culture essentielle des peuples musulmans. Selon cette doctrine, la force motrice de l’histoire en Orient est l’Islam et non, comme en Occident, les intérêts économiques, les luttes de classe et les forces sociopolitiques.

    Cette vision considère ainsi les défenseurs de l’Islam politique comme des « anti-impérialistes » ou des « progressistes », et les comparaisons avec les mouvements de la théologie de la libération ont fleuri. Ces considérations sont sans fondement.

    La théologie de la libération et les mouvements islamistes ne sont pas de même nature et leurs objectifs sont différents : la théologie de la libération n’est pas tant l’expression d’une identité culturelle – dans le sens de la préservation de soi vis-à-vis d’une domination occidentale « autre », telle que la revendique le mouvement islamiste – elle s’ancre davantage dans un discours du développement et de l’émancipation des subalternes. Elle a principalement mobilisé les pauvres et les exploité-e-s, tandis que les mouvements islamistes ont tendance à cibler les classes moyennes éduquées, considérées comme les principaux agents du changement politique. Les islamistes visent avant tout à islamiser la société, la politique et l’économie, alors que les théologiens de la libération n’ont jamais eu l’intention de christianiser la société, mais plutôt de la changer à partir du point de vue des opprimé-e-s.

    Il faut certes reconnaître la composante anti-impérialiste de certains mouvements luttant contre Israël – quoique, mis à part le Hamas et le Hezbollah, il s’agisse d’une posture souvent rhétorique. Et cela ne suffit pas à les caractériser comme anti-impérialistes ou progressistes. L’exemple des Frères musulmans en Egypte est parlant à bien des égards : ils n’ont cessé en effet de répéter leur respect aux accords de Camp David et ont servi d’entremetteur entre le Hamas et l’Etat d’Israël lors de la dernière offensive militaire israélienne contre la bande de Gaza, en novembre 2012.

    Les mouvements islamistes n’encouragent en rien les politiques visant à émanciper la société, pas plus qu’ils ne s’opposent aux politiques néolibérales.

    Ils les promeuvent au contraire, en réprimant les syndicats. Par ailleurs, les inégalités sociales et la pauvreté ne peuvent en aucun cas être combattues à travers la charité, qui caractérise ces mouvements. La charité les maintient au contraire puisqu’elle ne remet pas en cause le système qui les sous-tend.

    En conclusion, il s’agit de s’opposer aux discours islamophobes développés et entretenus par les élites et les médias occidentaux contre les mouvements de l’Islam politique et dénoncer leur répression lorsque c’est le cas dans certains pays. Mais cette position de principe ne doit pas nous empêcher de soutenir et de lutter pour le changement radical dans les sociétés moyen-orientales et nord-africaines, en développant une analyse matérielle des dynamiques sociétales et des partis de l’Islam politique qui s’opposent par différents moyens à la continuation des processus révolutionnaires et au changement radical, comme en Egypte et en Tunisie par exemple.

    Ces deux courants orientalistes qui voyaient la religion comme le moteur de l’histoire de la région peuvent revoir leur copie, car les mots d’ordre des révolutions de la région n’ont pas été « l’Islam est la solution », mais bien « la révolution continue est la solution » ou encore « Pain, liberté et indépendance ». Les processus révolutionnaires au Moyen Orient et en Afrique du Nord ont ouvert une nouvelle page de luttes et d’émancipations, non seulement au niveau régional, mais international également.

    Joseph Daher

    Le Courrier de Genève. Lundi 28 janvier 2013 :
    http://www.lecourrier.ch/105465/islamophobie_et_orientalisme_inverse

    * Chercheur doctorant à la School of Oriental and African Studies (SOAS), Londres.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37923

     

  • Un plafond de verre confessionnel au Liban (Orient 21)

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    Les enjeux multiples des élections municipales

    Les élections municipales libanaises se tiennent le 8 mai à Beyrouth et dans la Bekaa, le 15 mai au Mont-Liban, le 22 mai au Sud-Liban. Le 29 mai, le scrutin se termine dans le nord. Les dernières élections municipales avaient eu lieu en 2010. Six ans après, les électeurs sont appelés aux urnes dans un contexte de crise institutionnelle — la présidence de la République est vacante depuis mai 2014, et le Parlement n’a pas été renouvelé depuis 2009.

    Les élections sont locales : les formations politiques doivent composer avec des «  familles  » et des notabilités non partisanes. Mais elles dessinent, en creux, des logiques nationales : relativisation du clivage entre les deux grandes coalitions du 8 et du 14-mars, recomposition de la scène chrétienne, crise du leadership sunnite et contestation timide des grandes forces politiques confessionnelles, dans le sillage du mouvement social de l’été 2015 contre la «  crise des ordures  ».

    Un clivage relativisé

    La division entre les deux grandes coalitions politiques du 8 et du 14-mars, l’une emmenée par le Hezbollah chiite, l’autre par le Courant du futur, sunnite, demeure structurante au Liban. Participation du Hezbollah à la guerre en Syrie, dossier non résolu du Tribunal spécial international sur le Liban (TSL) sur l’assassinat de l’ancien premier ministre Rafic Hariri le 14 février 2005, relations avec l’Iran ou avec l’Arabie saoudite : la bipolarisation est toujours à l’œuvre. Mais elle est atténuée. La scène politique libanaise s’est considérablement recomposée depuis 2010, et l’opposition 8 et 14-mars n’est plus suffisante pour comprendre l’ensemble des alliances actuelles.

    Le Hezbollah et le Courant du futur sont engagés dans un dialogue national et dans un gouvernement d’union dirigé depuis février 2014 par Tammam Salam. La division historique entre le 8 et le 14-mars est devenue de plus en plus relative en ce qui concerne le dossier présidentiel. En novembre 2015, Saad Hariri, pourtant opposé à Bachar Al-Assad, décide de soutenir la candidature à la présidence de la République de Sleimane Frangié : dirigeant maronite des Maradas, au Nord-Liban, il n’a jamais caché son soutien au Hezbollah et au régime syrien. Ennemis de toujours, les Forces libanaises (FL) de Samir Geagea et le Courant patriotique libre (CPL) du général Michel Aoun, principales formations chrétiennes au Liban, sont aujourd’hui alliées  ; en janvier 2016, Samir Geagea annonce son soutien à la candidature de Michel Aoun à la présidentielle. Le paysage politique est bouleversé, deux ténors du 14-mars soutiennent désormais deux figures maronites du 8-mars pour prendre la tête de l’État.

    Les élections municipales constituent donc un véritable test politique. Le clivage entre le 8-mars et le 14-mars est relativisé, sans être annulé : comment un scrutin local traduit-il alors les nouvelles dynamiques en cours  ? Il y a d’abord les batailles électorales qui s’inscrivent dans la traditionnelle bipolarisation entre les deux grandes coalitions. Ainsi de la mairie de Saïda, porte d’entrée du Sud-Liban. Dirigeant de l’Organisation populaire nassérienne, fervent soutien du Hezbollah, Oussama Saad a composé une liste municipale réunissant nationalistes arabes et forces de gauche. En face, c’est une liste uniformément 14-mars qui s’annonce : l’actuel maire de Saïda, Muhammad Saudi, est membre du Courant du futur. Les Frères musulmans libanais — la Jamaa islamiya — le soutiennent.

    Dans la ville de Baalbek, le Hezbollah a réuni ses traditionnels alliés du 8-mars, le mouvement chiite Amal, le Parti syrien national social (PSNS) et le parti Baas, proche de Damas. Le Hezbollah ne devrait pas voir son leadership local contesté, son partenariat traditionnel avec le mouvement Amal de Nabih Berri, le président du Parlement, en constitue le pivot. Cependant, dans la localité de Brital, à l’est du pays, le Hezbollah doit affronter les partisans du cheikh Sobhi Al-Toufayli, son ancien secrétaire général, dissident depuis le début des années 1990. Dans la banlieue sud de Beyrouth, le 8-mars est uni, au sein de listes composées du Hezbollah, du mouvement Amal et des aounistes.

    Cependant, dans bien des localités, la composition des listes dépasse désormais les traditionnels clivages partisans, relativisant l’opposition historique entre les blocs du 8 et du 14-mars. Déjà, les municipales de 2010 transcendaient parfois les camps en présence : à Rachaya, le CPL du général Michel Aoun était opposé au Parti syrien national social, alors que tous deux soutenaient le Hezbollah à l’échelon national. En 2016, les listes d’union se sont multipliées, Beyrouth1, centre politique et administratif du pays, est le symbole de ces nouvelles alliances consensuelles. La «  liste des Beyrouthins  » (Laiha Al-Biyarita), parrainée par l’ancien premier ministre Saad Hariri est unitaire, joignant les forces du Courant du futur à celle du 8-mars, en une liste «  bulldozer  ». Le CPL et le Tachnag (arménien), qui s’étaient en 2010 opposés aux forces du 14-mars, sont aujourd’hui aux côtés de leurs adversaires d’hier.

    Recompositions chrétiennes et sunnites

    C’est sur le terrain chrétien, et plus particulièrement maronite, que les élections municipales posent le plus de questions. Les Forces libanaises de Geagea et le CPL d’Aoun ont promis de faire de cette bataille électorale la preuve de leur alliance sur le long terme. Le 4 mai 2016, à l’issue de la réunion de son conseil politique, le CPL a réaffirmé sa volonté de faire de l’union avec les FL l’un des piliers de sa politique municipale.

    Sur le terrain, l’entente entre Samir Geagea et Michel Aoun n’est pas si évidente que cela. Le passif entre les deux hommes est lourd : à la fin des années 1980, leurs partisans respectifs se combattent par les armes. À partir de février 2006, date à laquelle le CPL signe un document d’entente avec le Hezbollah, leurs positions divergent du tout au tout. L’accord conclu entre les FL et le CPL est censé mettre fin à plus de vingt-cinq ans d’inimitié politique, qui divisait jusqu’alors les chrétiens, mais il est récent. Il fonctionne à Sinn al-Fil et dans la région majoritairement chrétienne du Metn-Nord, à Jounieh comme à Zahlé, au centre du pays, où la coalition FL-CPL affrontera une liste conduite par une figure locale, Myriam Skaff, veuve de l’ancien ministre Elias Skaff. Dans d’autres régions, l’entente peine à se concrétiser. Qui plus est, les Forces libanaises tentent de ne pas s’aliéner totalement leurs anciens partenaires chrétiens du 14-mars : dans plusieurs municipalités (Dekweneh, Antelias, Mansouriyeh), les FL essayent encore de préserver des listes d’alliances avec les Phalanges libanaises (Kataeb).

    Seconde grande question posée par les municipales : celle du devenir du leadership sunnite de Saad Hariri et du Courant du futur. Il est écorné. L’ancien premier ministre libanais a été longtemps absent du Liban. Il prône un dialogue national avec le Hezbollah tout en lui demandant de se retirer de Syrie. Il est appuyé en cela par l’actuel ministre de l’intérieur, Nohad Machnouk, une des figures du parti. Cette stratégie consensuelle a été en partie contestée ces derniers mois par plusieurs personnalités sunnites : l’ancien ministre de la justice Ashraf Rifi notamment qui, à Tripoli, appelle désormais ses partisans à ne pas soutenir la liste du Courant du futur, et à voter pour une liste issue de la «  société civile  ». Dans cette ville du Nord-Liban, les partisans de Saad Hariri alliés à deux figures locales, Najib Mikati et Mohamed Safadi doivent en plus affronter une autre dissidence, celle des Frères musulmans, qui ont décidé de s’engager seuls dans la bataille électorale tripolitaine.

    Enfin, à Beyrouth, le Courant du futur a certes réussi le tour de force de composer une liste d’union comprenant l’ensemble des forces du 8-mars et du 14-mars  ; seulement, c’est sur le terrain de la représentation des sunnites de Beyrouth que Hariri est contesté. Alors que sa «  liste des Beyrouthins  », emmenée par Jamal Itani est confessionnellement paritaire, entre chrétiens et musulmans, un avocat, Imad Wazzan, a quant à lui décidé de lancer une liste concurrente, comprenant 60 % de candidats sunnites et 40 % de candidats issus des autres confessions.

    Des listes de la «  société civile  »

    Les élections municipales ne reproduisent pas à la lettre près le clivage entre le 8-mars et le 14-mars  ; elles sont un enjeu pour les chrétiens. Les FL et le CPL testeront la fiabilité de leur alliance nouvelle  ; l’enjeu demeure réduit pour un Hezbollah préservant ses alliances traditionnelles avec le mouvement Amal. Le Courant du futur doit faire ses preuves, et montrer qu’il reste le premier parti représentatif de la communauté sunnite. Mais il y a aussi des invités inédits, sous la forme de listes locales, se réclamant de «  la société civile  » et du refus du système confessionnel.

    En septembre dans les rues, en mai dans les urnes : le mouvement social de l’été 2015 est passé par là. Les problématiques écologiques, la question de l’appropriation de l’espace public, la défiance à l’égard de pratiques corrompues, le refus des traditionnelles «  élites politiques  » : de Beyrouth Medinati (Beyrouth est ma ville) à «  Muwatinat wa muwatinoun fi-dawla  »(Citoyennes et citoyens dans un État), ces nouvelles listes municipales constituent, en un sens, la traduction politique du cycle de contestation qui a agité le Liban en août et septembre 2015.

    Traditionnellement, aux élections législatives comme aux élections municipales, les candidats qui se distanciaient tant du 8-mars que du 14-mars se situaient à la gauche du spectre politique. Ainsi du Mouvement du peuple de l’ancien député Najah Wakim, qui vient de renoncer à présenter des listes à Beyrouth, ou du Parti communiste libanais. Ce dernier n’est pas absent de l’actuelle course électorale : il a ses partisans dans quelques mairies. À Berja, au Mont-Liban, il présente ainsi sa propre liste, contre le Courant du futur et contre le Parti socialiste progressiste (PSP) de Walid Joumblatt. Le PCL a par ailleurs appelé à voter pour les listes conduites par Charbel Nahas2.

    Ce dernier a lancé le mouvement Citoyennes et citoyens dans un État en mars 2016. Proche un temps de la mouvance aouniste, ancien ministre du travail dans le gouvernement de Najib Mikati, dont il démissionne en février 2011, Nahas se veut un défenseur du monde du travail autant qu’un partisan de la déconfessionnalisation du système libanais : il a soutenu les revendications sociales et salariales des travailleurs des supermarchés Spineys en 2012, et s’est fait compagnon de route du Comité de coordination syndicale (CCS) et d’un mouvement syndical libanais en mutation. Le 1er mai 2016, en pleine campagne électorale, il a défilé aux côtés du PCL, de la Fédération nationale des syndicats et des ouvriers du Liban (Fenasol) et des travailleurs migrants. À la gauche de l’échiquier politique, il est fédérateur. La vocation de Citoyennes et citoyens dans un État n’est pas qu’électorale, le mouvement veut s’inscrire dans le temps long du politique et prête une attention soutenue aux questions économiques et de justice sociale. Il se présente aux élections municipales dans plusieurs localités : à Beyrouth, avec quatre candidats, dont Charbel Nahas, mais aussi à Zahlé, Saghbine, Machghara et Baalbek.

    La liste «  Beyrouth Medinati  » est la seconde surprise de ces élections : elle n’a pas une vocation nationale, et se cantonne à la capitale. Elle est moins marquée à gauche que Citoyennes et citoyens dans un État, et s’inscrit peut-être plus dans une tradition «  ongéiste  » du politique née dans les années 1990, se veut représentative d’une nouvelle «  société civile  » dépolitisée, met en avant la figure de «  l’expert  » — souvent issu des classes moyennes supérieures — et le principe de la «  bonne gouvernance  » au centre de son programme municipal. Beyrouth Medinati a mené une campagne particulièrement dynamique en un temps record, paritaire entre les hommes et les femmes, en faisant valoir un droit à la ville et à l’espace public, dénonçant l’incurie des anciens pouvoirs publics municipaux. La très forte tonalité écologique de son programme s’inscrit dans la droite continuation des manifestations contre la «  crise des ordures  » de l’été 2015.

    Beyrouth Medinati et Citoyennes et citoyens dans un État reflètent deux cultures politiques différentes. La première se veut sans doute plus dépolitisée et «  technicienne  », la seconde s’inscrit dans l’héritage plus traditionnel des gauches libanaises. Ces différences étaient déjà perceptibles dans le mouvement social de l’été 2015, avec des collectifs comme «  Vous puez  » d’un côté, «  Nous voulons des comptes  » de l’autre — les seconds étaient sans doute plus liés à l’histoire des mouvements progressistes libanais, à l’instar de Naamet Badredine, sa porte-parole, un temps proche des communistes.

    Ces deux cultures politiques sont présentes dans la bataille municipale, cependant ces listes alternatives se présentent de manière divisée. Leurs slogans sont porteurs, toutefois elles ne sont pas assurées du succès : la participation électorale aux élections municipales est en général très basse (moins de 30 %), le poids des notabilités locales et des «  familles  » joue, les partis confessionnels ont maintes fois prouvé leur capacité de mobilisation et de résilience. Qui plus est, le système électoral n’encourage pas les votants à s’approprier leur propre espace public. Les électeurs sont en effet appelés à voter dans leur localité d’origine, non pas celle où ils vivent et travaillent, même pas celle où ils sont nés, mais celle d’où leurs familles sont originaires. Le plafond de verre du communautarisme libanais est difficile à percer. Mais quelques brèches ne sont pas inutiles.

    1Jeanine Jalkh, «  Municipales : Beyrouth, la mère des batailles  », L’Orient le jour, 25 avril 2016.

    2Maha Zaraket, «  Profile : Charbel Nahas, 60 years of dissent  », alakhbar.com, 18 août 2014.

  • Saint Brieuc avec Julien Salingue (Ujfp)

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    Conférence-débat sur les mutations du mouvement national palestinien : entre rêves et réalité

    Organisée par l’Association France-Palestine Solidarité de Saint-Brieuc. Avec Julien Salingue, Docteur en science politique spécialiste du mouvement national palestinien et des dynamiques politiques, sociales et économiques en Palestine.

    Dans son dernier livre consacré aux ONG palestiniennes, il poursuit son étude du « processus de paix », conçu non comme une « étape vers la fin de l’occupation » mais comme une « reconfiguration de l’occupation ». A travers la question des ONG, c’est l’évolution du mouvement national palestinien qu’il rend visible.

    Après plus d’un demi-siècle d’occupation militaire et d’oppression permanente par l’État d’Israël, les Palestiniens, conscients de leurs Droits Nationaux, revendiquent toujours leur indépendance et la reconnaissance internationale de l’État Palestinien.

    Face à la disproportion dans le rapport de forces entre Palestiniens et Israéliens, comment réagit la société palestinienne ? Comment vivre entre l’espoir politique et les nécessités de la vie quotidienne ? Peut-on survivre à l’oppression de tous les instants sans se soumettre ?

    Les « Accords d’Oslo », sensés apporter la paix, ont en fait permis une occupation dura- ble des territoires du futur État Palestinien. Il n’y a jamais eu de « processus de paix », mais une succession de discussions qui servent de paravent à la poursuite de l’occupation, de l’accaparement des terres et à la colonisation intensive.

    Nous ne devons pas laisser les Palestiniens seuls face à Israël et ses soutiens interna- tionaux, le développement des mouvements de solidarité partout dans le monde est une urgen- ce. Le soutien des opinions publiques peut faire évoluer favorablement les revendications palestiniennes au niveau international.

    A l’exemple du succès du boycott contre l’apartheid en Afrique du Sud, la campagne BDS (Boycott – Désinvestissement – Sanctions) active dans de nombreux pays, accroît l’isolement de l’État d’Israël pour le contraindre à se conformer au Droit International.

    À Saint-Brieuc (22), conférence-débat de Julien Salingue
    Le vendredi 20 mai 2016 à 20h30
    Salle Fraboulet 13 rue de Penthièvre
    Saint-Brieuc

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4904

     

  • Cinquième année de guerre totalitaire en Syrie (Emanciptaion)

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    Au terme de cette cinquième année de guerre totalitaire menée par le régime de Bachar al-Assad et ses puissants alliés russes et iraniens contre le peuple syrien insurgé, nous pouvons prendre la mesure de l’importance géo-stratégique de ce conflit et de ses conséquences effroyables auprès des populations civiles syriennes. Ce conflit illustre l’appétit de puissance de l’impérialisme russe.

    Ce qui frappe à l’examen de ce conflit, c’est d’abord l’incommensurable démesure de la violence exercée par une dictature dans sa volonté de briser l’élan révolutionnaire de tout un peuple. Inutile de vouloir dresser ici l’ampleur d’un désastre humain qui dépasse en horreur tous les conflits qui se sont développés depuis la deuxième guerre mondiale, hormis les tragédies cambodgienne, rwandaise, bosniaque et tchétchène. Nous comprenons toutefois que ce conflit majeur développe d’autres problématiques sous-jacentes intéressant, bien au-delà des pays du Machrek, les puissances dominantes mondiales, USA, Russie, Chine, Europe occidentale.

    “L’horreur du vide” : dynamique impérialiste

    Au bras de fer engagé entre le peuple syrien et son dictateur, se subordonnent les rivalités qui opposent les impérialismes américain et russe, soucieux, l’un et l’autre, d’un tacite consensus qui pourrait être celui d’un partage de responsabilités incluant “leurs chasses gardées” respectives, rejouant ainsi, sur le mode d’une sinistre parodie, un “Yalta” à l’échelle du Moyen-Orient.

    Contrairement à la doxa militante qui impose une compréhension statique de l’Histoire en affirmant comme primat le statut hégémonique de l’impérialisme américain, nous constatons , à l’évidence, la montée de l’intervention russe en Syrie. La puissance de feu de ses missiles, l’efficacité destructrice de sa flotte aérienne, la montée en gamme de son artillerie et de ses blindés, l’intervention significative de ses troupes au sol sont corroborées par les faits.

    Le retrait stratégique des USA sous l’impulsion de la diplomatie d’Obama menée par John Kerry auprès du Kremlin en 2013 et le renoncement à intervenir à la suite d’un massacre majeur sur les populations civiles perpétré au gaz sarin par le régime, en une nuit, dans la plaine de la Ghouta, occasionnant la mort de 1400 civils, ont infléchi le rapport de force militaire, et donc diplomatique, en faveur du Kremlin. Poutine, en bon tacticien, a compris qu’Obama demeure phagocyté par la campagne présidentielle nationale, et s’est saisi, par ailleurs, des tergiversations de l’impérialisme américain, désormais plus soucieux des enjeux géostratégiques qui se développent dans l’hémisphère sud, pour investir un champ d’action laissé en déshérence. Selon une dynamique quasi physique, l’espace vacant a provoqué une force attractive léguant à l’impérialisme russe une responsabilité majeure au Moyen Orient.

    Puissance et limite de l’impérialisme russe

    La chute vertigineuse du prix du baril de pétrole pourrait conduire l’État russe, menacé de récession économique, à se retirer du théâtre des opérations militaires en Syrie. Cet argument, récurrent depuis l’engagement russe dans ce conflit, voudrait en minimiser l‘impact militaire et diplomatique. Outre le fait que cette entreprise impérialiste en Syrie, dans sa fonction idéologique nationaliste et patriotique, contribue à contenir des tensions sociales fortes au sein de la société russe, elle dynamise, par ailleurs, opportunément le complexe militaro-industriel, secteur protégé d’une haute technologie, en lien avec une économie de guerre. Le territoire syrien, vaste théâtre opérationnel, permet à ce lobby d’affirmer, in situ, la démonstration de sa toute-puissance. Il est en concurrence avec le lobby américain des armes de guerre, et nous comprenons que ce conflit oxygène production d’armes et marchés.

    Pourvoyeuse d’armes en flux continu en faveur d’un régime engagé dans une guerre totale contre son peuple, il paraissait clair, dès 2013, que la Russie prenait une place prépondérante, désireuse de limiter aussi l’influence expansionniste et politique de l’Iran à l’égard de son voisin syrien dont les troupes exsangues abandonnent, au fil des combats, les fronts d’intervention aux milices Qods et à celles du Hezbollah, conduites par le général iranien Qassem Soleimani.

    Campagne de bombardements

    L’irruption en Syrie des forces russes aériennes mais aussi terrestres, dès le début de l’automne 2015, n’a surpris que les observateurs peu lucides sur la nature du “système Poutine”, pourtant révélée lors des guerres dans le Caucase.

    La détermination du Kremlin à traiter les conflits par la seule force brutale n’a d’égale que celle du tyran qu’il s’est engagé, jusqu’à ce jour, à maintenir coûte que coûte au pouvoir.

    Ces bombardements d’une violence inouïe ont ciblé les centres vitaux de la société civile, en priorité les hôpitaux, les écoles, les fabriques alimentaires, mais aussi les services publics abritant les cadastres (1). Ils se sont ajoutés aux barils d’explosifs largués par le régime, perpétrant au quotidien des crimes de guerre.

    À ces cibles civiles s’ajoutent celles visant à couper les voies d’accès logistiques qui alimentent depuis les frontières extérieures les centres urbains, les populations rurales.

    Sur le théâtre des opérations militaires, les technologies russes de renseignements, hautement performantes, donnent toutes informations fiables et utiles. Les bombardements et les tirs balistiques visant les cibles rebelles au régime n’en sont que plus efficaces et destructeurs.

    En sept mois d’intenses activités militaires, les forces russes, appuyées par celles, nombreuses, venues des pays voisins, parfois depuis le Yémen, l’Afghanistan et l’Irak, inverseront un rapport de force, lequel en août 2015, aurait pu basculer en faveur de l’insurrection. Une attaque imminente sur Lattaquié s’apprêtait à donner un signal décisif annonciateur, on aurait pu le penser, de la chute de Bachar al-Assad et de son régime.

    Accords tacites entre impérialismes ?

    En août 2016, prenant prétexte de l’assassinat d’un journaliste américain par Daech, une coalition internationale se met en place, impliquant les forces aériennes américaines, européennes, arabes. Ces puissances feront de la chute de Bachar al-Assad un éventuel “objectif secondaire”, se fixant comme priorité la lutte contre Daech pour son éradication.

    Cette “feuille de route” abandonne le peuple syrien, le laissant à la merci, sans armes antiaériennes, des bombardements russes et de ceux du régime. Les insurgés devront en outre se confronter à la puissante coalition pro-Bachar, à Daech, voire au PKK-PYD (2). Le peuple syrien sera soumis au supplice de la punition russe. Bachar, quant à lui, peut se féliciter d’avoir, en 2013, libéré de ses geôles des djihadistes qui deviendront les cadres politiques de l’“État islamique” et en constitueront l’armature.

    Accords tacites et… autres partages des “tâches”

    L’administration américaine, laissant volontiers au Kremlin le soin de mater la révolution syrienne, pourvoira en armes les forces du PKK-PYD et les appuiera par ses raids pour la libération de Kobane, mais aussi de Rakka, via la ville de Tall Abiadh, leur laissant ainsi l’ ingrate besogne de mener les combats au sol contre Daech.

    L’Histoire dira que Tall Abiadh “est tombée” sans combats après que le PKK-PYD et Daech se sont concertés sur un échange de “bons procédés” : que le PKK-PYD prenne position à Tall Abiah, et renonce au but de l’opération militaire qui consistait à prendre Rakka. Saleh Muslim, dirigeant du PYD, confirmera. Les américains, blousés, en prendront ombrage !

    Notons que les jeux de “coquins et de gredins” sont étrangers à l’Armée Syrienne Libre (ASL), laquelle n’a jamais bénéficié d’une quelconque couverture aérienne, ni disposé de fusées sol-air, bien qu’elle ait, avec une fiabilité et une constance sans faille, donné aux services secrets américains, et ce, en pure perte, des informations précises concernant les lieux stratégiques et les mouvements de troupes de Daech.

    A contrario le PKK-PYD, héritier de l’idéologie et des pratiques staliniennes, mettra en œuvre un jeu d’alliances à géométrie variable, sachant se concilier les faveurs du régime d’Assad ainsi que celles de Moscou, où il est invité à tenir ambassade. Sans principes révolutionnaires, le PKK-PYD profitera des raids russes sur les positions de l’ASL, pour s’emparer de positions stratégiques tenues par celle-ci.

    Peuple insurgé, peuple en résistance !

    Les sceptiques politiques, concernant la révolution syrienne, devraient s’interroger sur cette réalité assez sidérante. Comment ce peuple, “orphelin” de tout soutien significatif, persiste-t-il à demeurer debout après cinq années d’une guerre totalitaire aussi meurtrière ?

    Comment ce peuple a-t-il trouvé une telle vitalité pour, la trêve à peine déclarée, mais peu respectée par le régime, descendre dans la rue massivement et clamer son rejet de Bachar al-Assad comme aux premiers jours de l’insurrection ?

    La force et la vitalité de ce peuple pourrait s’expliquer par son auto-organisation en conseils élus, indépendants de toute entité religieuse ou militaire, rejetant ainsi toute verticalité de pouvoir.

    L’adversité sans concession crée et génère son antidote : un lien social réinventé dans la solidarité, l’esprit de responsabilité et de démocratie.

    Le peuple insurgé, riche de cette expérience, ne saurait renoncer à une liberté désormais inscrite dans sa nouvelle existence sociale et humaine. Acteur conscient et résolu de la dynamique de son processus révolutionnaire, il a atteint un point de non retour…

    C’est l’étonnante réalité marquante de cette cinquième année de conflit.

    Nouveau gendarme

    Pour le seul mois de février 2016, un millier de raids de l’aviation russe ont bombardé l’axe Alep-Idlib. Cette force de frappe aérienne se conjugue avec la volonté iranienne de ne pas laisser le Kremlin s’imposer dans le paysage politico-militaire syrien : Téhéran annonce, début avril 2016, l’envoi de dix mille hommes de troupes supplémentaires en renfort sur le champ de bataille syrien.

    Dans ce contexte, la victoire militaire du peuple syrien ne saurait être humainement envisagée. À l’inverse, Bachar et ses proches, honnis, ne sauraient désormais être imposés comme faisant partie d’une quelconque solution politique. L’erreur serait de penser avec Poutine que le seul rapport de force militaire ferait force de loi en faveur du régime.

    En 1961, en Algérie, l’armée française prétendait avoir gagné la guerre, mais le peuple algérien, dans un rejet massif de la puissance coloniale, détenait le rapport de force politique et la clef de son indépendance.

    Les USA et les occidentaux cherchent à trouver une issue au conflit a minima, et au détriment du peuple syrien, comme ce fut le cas à Dayton (3) à l’égard du peuple bosniaque.

    Dans cette perspective il est permis d’imaginer que ceux-ci seraient tentés de s’appuyer sur l’impérialisme russe, en sa qualité de « nouveau gendarme » en Syrie. En échange de quoi, indépendamment de sa reconnaissance comme puissance légitime au Machrek, le Kremlin pourrait négocier des ouvertures économiques plus favorables, ainsi qu’ une solution dans le Donbass où il se trouve enlisé. Ancré dans le port de Tartous et positionné dans son aéroport à Hamimin, proche de Lattaquié, il pourrait s’imposer en arbitre et contenir, entres autres, les prétentions régionales de Téhéran. L’Arabie Saoudite tétanisée par l’influence de sa puissante rivale, de Beyrouth à Sanaa, y verrait une éventuelle garantie.

    Coups de boutoir

    Le maintien du régime totalitaire, sur la base de pseudos négociations, contraires à la volonté populaire syrienne, laisserait le Machrek en partage à de sanglantes dictatures, à des monarchies réactionnaires, à des pouvoirs nationalistes irrédentistes, à la politique sioniste d’ occupation coloniale sur le mode du fait accompli et à des prises de territoires terroristes, mouvantes et lacunaires, djihadistes.

    Ces hypothétiques accords de partage devraient, à terme, s’effondrer sous les coups de boutoir déterminés et récurrents d’une opiniâtre opposition populaire, seule susceptible de proposer une solution consensuelle de retour à la paix et à la stabilité.

    Le départ sans conditions de Bachar al-Assad et des dignitaires du régime, clef de voûte d’un système totalitaire, provoquerait une onde de choc salutaire dans tout le Moyen-Orient, susceptible d’ébranler dans leurs fondements les puissances régionales réactionnaires.

    Délégation unie

    Signe optimiste des temps, la délégation syrienne partie négocier à Ryad aujourd’hui à Genève, présente un front démocratique uni, porteur d’un mandat clair : le rejet sans concession de Bachar al-Assad et de son régime pour un État de droit dans une Syrie unie, laïque, démocratique comme aux premiers jours de mars 2011.

    Georges Sabra, membre de cette délégation fidèle au principe de Genève1 dit : “l’opposition crédible est celle qui a une force d’opposition sur le terrain”. Le premier avril 2016, l’espace public, dans plus de cent villes, était encore envahi par une foule exigeant le départ du tyran.

    Le peuple syrien poursuit son combat vers la liberté et la dignité. Notre soutien est plus que jamais engagé. Soyons solidaires de toute initiative politique, syndicale, humanitaire, dans un effort commun d’opposition au totalitarisme du régime de Bachar al-Assad.

    Claude Marill mardi 10 mai 2016

    Notes:

    (1) La destruction des cadastres pourrait permettre au nouveaux maîtres d’effacer à jamais les droits de propriété des citoyens syriens, chassés de leurs biens et de leurs terres, à des fins d’appropriation.
    (2) Le PYD : Parti de l’union démocratique, parti kurde syrien affilié au PKK turc, d’obédience marxiste, se réclamant d’un socialisme démocratique. Il revendique actuellement le contrôle du Rojava, le Kurdistan syrien. Salih Muslin, représentant du PYD, revendique l’autonomie du Rojava dans un État fédéral. Sa branche armée, constituée en 2012, Unités de protection du peuple (YPG) revendique 40 000 combattants.
    (3) Les “accords de Dayton” sont signés à Paris, le 14 décembre 1995, par les présidents serbe, croate et bosniaque. Ils ont été préalablement âprement négociés, sous l’égide de R. Holdbrook, en novembre de la même année, sur une base aérienne proche de Dayton. Ils consacrent l’intégrité territoriale de la Bosnie-Herzégovine tout en la partageant en deux entités : la fédération croato-bosniaque (51°/°du territoire ) et de la République serbe de Bosnie (49 %° du territoire) prenant acte de l’état de fait du “nettoyage ethnique” et de la partition, laquelle est maintenue depuis 21 ans sous tutelle internationale.
    La référence à cet accord pourrait s’appliquer à une Syrie artificiellement maintenue mais néanmoins écartelée en trois entités, sunnite, chiite kurde, sur un mode ethnique, à l’exact opposé des aspirations du peuple syrien insurgé qui se bat pour une Syrie unie pluri-ethnique, démocratique, laïque.

    L’Émancipation syndicale et pédagogique – 2/05/2016– page 22 à 25

    http://www.emancipation.fr/spip.php?article1339

  • Pierre Stambul : « Israël et l’Arabie Saoudite appartiennent au même camp » (UJFP)

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    Le Temps d’Algérie : Ghaza connaît une escalade caractérisée par des raids israéliens contre la population. Vous attendiez-vous à cette escalade ?

    Pierre Stambul : Ghaza connaît des agressions régulières : 2009 (Plomb durci), 2012 (Piliers de la défense), 2014 (Bordure protectrice). Malgré des noms recherchés, ces agressions sont particulièrement meurtrières et dévastatrices. Ghaza est un laboratoire pour Israël. Depuis que ses dirigeants ont réussi à faire classer le Hamas comme « organisation terroriste » et à faire accepter le blocus comme quelque chose de normal, ils savent que tout le monde fermera les yeux chaque fois qu’ils attaqueront malgré les milliers de civils tués ou blessés et les quartiers rasés. La « communauté internationale » sait ou a les moyens de savoir ce que la population de Ghaza endure. Et elle ferme les yeux. Cette complicité est obscène.

    Pourquoi cette attaque ?

    La guerre perpétuelle est un ciment indispensable à la société israélienne. Elle évite de se pencher sur toutes les contradictions internes. Elle permet de développer la propagande (« nous ne faisons que nous défendre »), d’agiter la peur et de rallier toute la population à une colonisation sans fin. L’agression de 2014 a réussi à faire capoter le projet de gouvernement d’union nationale palestinien. Celle-là fera capoter « l’initiative française » de paix qui avait de toute façon au départ bien peu de crédibilité.

    Israël évoque « la riposte à un tir de roquettes ». Est-ce un justificatif pour mener ces raids ?

    Ces justifications sont des plaisanteries. Israël n’a pas besoin de prétexte. Entre deux attaques, depuis la « barrière de sécurité », où les armes sont télécommandées à distance, l’armée israélienne n’a jamais cessé de tirer sur la population (notamment sur les agriculteurs dont les terres jouxtent la barrière). Des dizaines de paysans et des centaines d’ânes ont ainsi perdu la vie. Quand on est depuis longtemps à Ghaza, on finit par cesser de pester contre les tirs (dérisoires) de roquettes. Tout simplement parce que l’enfermement est insupportable et qu’on est prêt à tout tenter pour qu’il cesse.

    Il en est de même pour les tunnels. Leur existence malgré les destructions est un signe de désespoir.
    Les Israéliens voudraient faire pleurer l’opinion publique sur les villes israéliennes qui subiraient des tirs de roquettes. Ces tirs n’ont quasiment jamais fait de victime. Par contre, près d’Ashkelon, les guides israéliens proposent aux touristes d’admirer depuis un monticule la bande de Ghaza bouclée. Ghaza est devenu un zoo.

    Le Premier ministre Nétanyahou profite-t-il de la situation au Proche-Orient pour agresser de nouveau Ghaza ?

    Bien sûr, le chaos qui règne au Proche-Orient et la politique égyptienne laissent les mains libres à Nétanyahou. Dans le cadre d’une petite mission, nous étions en Palestine l’hiver dernier. Plusieurs interlocuteurs nous ont dit que pour eux, « Daech et l’Arabie saoudite sont des créations de l’Occident ». Plusieurs pays arabes financent le terrorisme et des guerres (comme au Yémen) alors que la Palestine est abandonnée. Dans le cas de l’Égypte, son régime participe au blocus de Ghaza. Alors que le mouvement BDS (Boycott, Désinvestissement, Sanctions) lancé à l’appel de la société civile palestinienne se développe, les régimes arabes continuent de commercer avec des entreprises multinationales qui font du profit avec l’occupation de la Palestine. Ainsi la même entreprise « de sécurité » G4S a pu, pendant des années, gérer les check-points privatisés en Cisjordanie et assurer la sécurité du pèlerinage de la Mecque.

    Que pensez-vous de la décision prise par Nétanyahou d’annexer « définitivement » le plateau du Golan ?

    « L’annexion » du Golan a été votée par la Knesset (le Parlement israélien) en 1981. Toute la population (sauf les Druzes) a été expulsée dès 1967. Le Golan procure à Israël son meilleur vin, ses pistes de ski (sur le mont Hermon) mais surtout plus du tiers de l’eau douce consommée en Israël. Quand on voyage sur le Golan, on voit des ruines de villages ou de mosquées. Par contre, à l’entrée de Qatsrin, la principale agglomération des colons israéliens, on a retrouvé les ruines d’une synagogue du VIe siècle. C’est ça le nettoyage ethnique : les habitants récents ne sont plus là, mais en manipulant l’archéologie, on affirme ses droits sur un territoire.

    Le refus des Etats-Unis, de l’Occident et de l’ONU de cette annexion fera-t-il fléchir Nétanyahou ?

    Le gouvernement Nétanyahou se moque des paroles. Tant qu’il ne sera pas sanctionné politiquement, économiquement, militairement…, rien n’infléchira le fait accompli qui a toujours été sa politique. Qu’a fait Obama pendant ses huit ans de mandat ? Dire d’un côté qu’il faut « geler » la colonisation et d’un autre offrir plusieurs milliards de dollars à Israël après les bombardements de 2014 pour qu’il renouvelle son stock de munitions. Que fait le gouvernement français ? Parler d’une « initiative de paix » et en même temps demander aux Palestiniens de renoncer à leurs revendications historiques et criminaliser les citoyens qui soutiennent la Palestine en prétendant qu’ils sont antisémites. Nétanyahou sait qu’il n’a rien à craindre d’un camp qui soutient Israël en connaissance de cause : parce que c’est un morceau d’Occident surarmé, aux technologies de pointe, installé au Proche-Orient.

    Des articles de presse ont fait état de « rapprochement » entre l’Arabie saoudite et Israël. Qu’en est-il ?

    Pour tenir le Proche-Orient, les dirigeants occidentaux ont besoin à la fois d’Israël et des monarchies féodales du Golfe. Cette situation donne aux uns et aux autres une certaine autonomie. Je ne sais pas s’il y a le rapprochement évoqué mais les deux pays appartiennent au même camp. Si l’Arabie saoudite n’avait pas financé le terrorisme, le Proche-Orient ne serait pas dans cette situation dramatique. Si elle avait dépensé le dixième de ce qu’elle dépense dans la guerre du Yémen en faveur des Palestiniens, ceux-ci se sentiraient moins abandonnés. Mounir Abi mardi 10 mai 2016

    Article publié sur le site du journal "Le Temps d’Algérie".

    Pierre Stambul

    Pierre Stambul, vice-président de l’Union juive française pour la paix (UJFP), évoque dans cet entretien la récente agression israélienne contre Ghaza, dénonce le silence observé par l’Occident et commente les propos du Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou, annonçant l’annexion « définitive » du Golan syrien occupé. Il parle également de la politique de l’Arabie saoudite au Moyen-Orient, classant cette monarchie dans « le camp » d’Israël.

    Articles de cet auteur

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4902

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  • CINELUTTES : REPUBLIQUE 15 MAI FILMS & DÉBATS PALESTINE

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    LE DIMANCHE 15 MAI DE 14h à 22h


    "LA PALESTINE SUR LA PLACE"
    À L’OCCASION DE LA COMMÉMORATION DE LA NAKBA PALESTINIENNE
    (L’expulsion des Palestiniens en 1948 et la création de l’Etat d’Israël sur leur terre, le 15 Mai 1948)

    VOIR LE PROGRAMME

  • Aix Marseille Naqba

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    "À l'occasion du 68e anniversaire de la Nakba L'Union Générale des Étudiants de Palestine (GUPS Aix-Marseille) et Génération Palestine Marseille vous convient à participer à une soirée de commémoration, en mémoire de l'expulsion de 750 000 palestiniens, et la destruction de 479 villages en Palestine

    Rencontre-débat:

    « 68 ans après la Nakba: Quels chemins pour la Palestine? »

    avec Khaled Barakat, auteur et militant de la gauche palestinienne

    Samedi 14 Mai 2016 à partir de 18h30 À Manifesten (59 rue Thiers, 13001 #Marseille)

    Rencontre-débat / Projection de court métrage / Musique et buffet palestinien à prix libre

    https://www.facebook.com/events/1735832763364560/

    "Le chemin pour la Palestine, de près ou de loin, est le chemin de la révolution." - Naji Al Ali (caricaturiste et militant palestinien)"

     GUPS Aix-Marseille

     gups.aix.marseille@gmail.com

    https://www.facebook.com/events/1735832763364560/

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    http://www.france-palestine.org/Commemoration-de-la-Naqba-28613

    Voir le site de Palestine 13