Un projet de r ésolution sur le Sahara occidental présenté par les États-Unis au conseil de sécurité, le 27 avril, demande à ce que la Minurso retrouve pleinement sa capacité d’intervention et donne quatre mois au Secrétaire général de l’ONU pour négocier avec les Marocains afin de réaliser cet objectif.
Et pour plus de clarté, Washington insiste sur le retour immédiat des 84 membres de la délégation civile et politique de la Minurso que le Maroc avait expulsé en mars. La Minurso (Mission de l’ONU au Sahara occidental) a été déployée en 1991 pour surveiller un cessez-le-feu au Sahara Occidental en attendant que soit défini le statut de ce territoire, ex-colonie espagnole annexée par le Maroc en 1975.
Un vieux conflit colonial
La décision du gouvernement marocain d’expulser les fonctionnaires a fait suite à la visite récente du secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon dans la région – il ne s’est pas rendu au Maroc– et les sévères propos qu’il avait tenus sur la longue présence des forces marocaines dans la Sahara occidental. Le Maroc reproche à Ban Ki-moon d’avoir employé le terme d’ « occupation », lors d’un déplacement à Tindouf, pour décrire le statut du Sahara occidental.
Ban Ki-Moon a de nouveau plaidé pour l’organisation d’un référendum d’autodétermination. La principale mission onusienne au Sahara, selon lui, est d’abord d’organiser un référendum au Sahara occidental et non pas uniquement de surveiller l’application du cessez-le-feu de septembre 1991 entre le Maroc et le Polisario, comme le veut Rabat.
Des expulsions qui isolent le Maroc
Estimant que la Minurso ne pourra pas accomplir sa mission après les expulsions, l’ONU avait immédiatement demandé au Maroc de se conformer à ses obligations internationales et de permettre au personnel civil expulsé de rejoindre ses postes. Ce qui lui valut un refus net : la position ferme du Maroc a été exprimée par le roi Mohammed VI et par le gouvernement, le 23 mars, insistant sur le caractère « irrévocable » des décisions prises contre la Minurso.
Cela a crispé les discussions au sein du Conseil de sécurité et explique en grande partie la résolution pleine de raideur proposée par Washington.
La France au secours de Rabat
Le Conseil devrait voter demain le projet de résolution qui donne quatre mois de délai (contre deux mois dans le projet initial proposé par les Américains) pour un retour de la Minurso. C’est un jour plus tard que prévu pour permettre aux pays membres d’en débattre plus longuement. Soutenu notamment par la France, le Maroc a opté pour une position de repli en souhaitant un renouvellement pour 12 mois du mandat de la Minurso.
Paris avait une nouvelle fois montré son soutien au Maroc en appuyant, au Conseil de sécurité, les sanctions prises par le royaume contre la composante politique de la Minurso en représailles aux propos tenus par le secrétaire général de l’ONU dans les camps de Tindouf et à Alger.
La France, allié traditionnel du royaume cherifien, avait fait le choix d’appuyer la position marocaine et le plan d’autonomie proposé par Rabat en 2007, pomme de discorde dans les relations franco-algériennes. Lors de son voyage à Alger, Manuel Valls avait réaffirmé que pour la France, le plan d’autonomie présenté par le Maroc, constituait une base sérieuse et crédible pour une solution négociée. La France a également soutenu hier, l’élection du Maroc à la présidence de l’Observatoire du Sahara et du sahel (OSS).
Pierre Morville, TSA, 28 avril 2016
http://www.algeria-watch.org/fr/pol/sahara_occidental/maroc_isole