Ok

En poursuivant votre navigation sur ce site, vous acceptez l'utilisation de cookies. Ces derniers assurent le bon fonctionnement de nos services. En savoir plus.

- Page 6

  • Irak. Les Yézidies victimes de sévices en captivité aux mains de l’EI sont négligées par la communauté internationale (Amnesty)

    _85078372_85078370.jpg

    Des femmes, des jeunes filles et des fillettes yézidies ayant été réduites en esclavage, violées, frappées et soumises à d’autres actes de torture par le groupe armé se faisant appeler État islamique (EI) ne bénéficient pas d’un soutien adéquat de la part de la communauté internationale, a déclaré Amnesty International lundi 10 octobre.

    Lors d’une mission dans la région semi-autonome du Kurdistan irakien en août 2016, des délégués de l’organisation ont recueilli les propos de 18 femmes et jeunes filles qui avaient été enlevées par l’EI. Soit ces femmes et jeunes filles s’étaient échappées, soit elles avaient été libérées après le paiement d’une rançon par leur famille. Plusieurs d’entre elles ont très sérieusement envisagé le suicide, ou ont des sœurs ou des filles qui se sont donné la mort après avoir subi de terribles abus en captivité. La souffrance des victimes est exacerbée par leurs misérables conditions de vie actuelles, leur peine pour leurs proches tués par l’EI et leurs craintes pour ceux qui restent en captivité.

    « L’horreur subie par ces femmes et jeunes filles yézidies aux mains de l’EI donne un éclairage nouveau sur les crimes de guerre et crimes contre l'humanité commis par ce groupe. De nombreuses femmes et jeunes filles ont été violées, frappées ou soumises à d’autres actes de torture de manière répétée, et continuent à souffrir du traumatisme causé par ce qu’elles ont traversé », a déclaré Lynn Maalouf, directrice adjointe pour les recherches au bureau régional d’Amnesty International à Beyrouth.

    « Ces témoignages soulignent la nécessité absolue d’un soutien international accru, afin d’aider ces personnes à faire face aux traumatismes physiques et psychologiques à long terme causés par les sévices qu’elles ont subis et dont elles ont été témoins. »

    Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI. Il faut en faire beaucoup plus pour s’assurer qu’elles reçoivent les soins et le soutien dont elles ont besoin en urgence pour reconstruire leur vie.

    Depuis que des combattants de l’EI ont attaqué la région de Sinjar, dans le nord-ouest de l’Irak en août 2014, les Yézidis sont systématiquement et délibérément pris pour cible.

    Des milliers de personnes ont été enlevées ; des centaines d’hommes et de garçons ont été massacrés ; beaucoup ont été menacés de mort s’ils ne se convertissaient pas à l’islam. Des femmes et des jeunes filles yézidies enlevées sont séparées de leurs proches, puis « offertes » ou « vendues » à d’autres combattants de l’EI en Irak et en Syrie. Elles sont souvent échangées à plusieurs reprises entre combattants, violées, frappées ou victimes d’autres violences physiques, privées de nourriture et d’autres biens de première nécessité, et forcées à nettoyer, cuisiner et accomplir d’autres corvées pour leurs ravisseurs.

    Beaucoup de personnes auxquelles Amnesty International a parlé ont dit que leurs enfants leur ont été arrachés. Des garçons ayant plus de sept ans ont été emmenés pour être endoctrinés et entraînés au combat, tandis que des fillettes n’ayant pas plus de neuf ans ont été « vendues » comme esclaves sexuelles. Selon certains politiciens, militants et prestataires de services de santé locaux, quelque 3 800 femmes et enfants se trouvent toujours en captivité aux mains de l’EI. On ne sait pas ce qui est advenu de centaines d’hommes yézidis enlevés et on craint que la plupart ne soient morts.

    L’horreur en captivité

    Jamila*, une jeune femme de 20 ans originaire de la ville de Sinjar, enlevée le 3 août 2014, a déclaré à Amnesty International qu’elle avait été violée à plusieurs reprises par au moins 10 hommes différents après avoir été « revendue » d’un combattant à l’autre. Elle a finalement été libérée en décembre 2015 après que sa famille a versé une forte somme à son tortionnaire.

    Jamila a expliqué que des combattants les ont forcées, elle et d’autres femmes et jeunes filles à se déshabiller et à « poser » pour des photos à Mossoul, avant de les « revendre ». Elle a essayé de s’échapper à deux reprises mais a été rattrapée à chaque fois. À titre de punition, elle a été attachée à un lit par les mains et les jambes, a subi un viol en réunion, et a été frappée à coups de câbles et privée de nourriture.

    Comme de nombreuses autres femmes, ce qu’elle a vécu en captivité l’a amenée à envisager le suicide. Mais elle est déterminée à s’exprimer : « Je ne veux pas cacher ce qui s’est passé, pour que les gens puissent aider non seulement celles qui sont toujours avec Daech [acronyme arabe de l’EI], mais aussi les anciennes victimes à reconstruire leur vie. »

    Nour, une jeune fille de 16 ans de Siba Sheikh Khidir ayant donné naissance à une petite fille durant sa période de captivité aux mains de l’EI, qui a duré près de deux ans, a été transférée à au moins six reprises entre plusieurs lieux en Syrie et en Irak, notamment à Tal Afar, à Mossoul, à Alep et à Raqqa.

    Elle a décrit à quel point les mauvais traitements que les combattants de l’EI infligent aux Yézidis sont déshumanisants.

    « Pour eux nous sommes des "kouffar" [infidèles] et ils peuvent faire tout ce qu’ils veulent. Ce fut tellement humiliant. Nous étions emprisonnés ; ils ne nous donnaient pas à manger ; ils nous frappaient [tous] même les jeunes enfants ; ils nous achetaient et nous vendaient et nous faisaient ce qu’ils voulaient [...] C’est comme si nous n’étions pas humains pour eux », a-t-elle dit, ajoutant que ses trois sœurs et sa tante sont toujours en captivité.

    « Je suis libre maintenant, mais d’autres continuent à vivre ce cauchemar, et nous n’avons pas assez d’argent pour subvenir à nos besoins et payer pour faire revenir nos proches. »

    Fahima, 31 ans, mère de sept enfants, est originaire de la région de Sinjar. Elle s’est échappée en février 2016, mais deux de ses filles, Nadia, 12 ans, et Nurin, trois ans, sont toujours aux mains du groupe armé, ainsi que trois de ses sœurs, son père, son frère et quatre nièces et neveux. Elle a expliqué à Amnesty International qu’avant leur enlèvement, sa fille Nadia vivait déjà dans la terreur : « Ellesavait que Daech prenait des filles. Elle m’a dit de nombreuses fois : "Maman s’ils m’emmènent, je me tuerai". »

    Les femmes et jeunes filles rencontrées ont répété à Amnesty International qu’elles traversent des phases de dépression profonde, ainsi que de colère, et beaucoup ont des pensées suicidaires. Certaines ont fait des tentatives de suicide en captivité ou après s’être échappées.

    Shirin, 32 ans, mère de six enfants originaire de Tel Qasab, un village situé dans l’ouest de la région de Sinjar, a été enlevée à Solakh le 3 août 2014 avec cinq de ses enfants, alors âgés de cinq à 11 ans. Sa fille de 13 ans s’est suicidée après s’être échappée.

    « Il y avait des combattants de Daech de toutes sortes de nationalités différentes. J’ai vu des Européens et des arabes, et même des Kurdes [...] Ils ont pris mon fils aîné [âgé de 10 ans] et deux de mes filles, Nermeen [11 ans] et Seveh [17 ans]. Seveh a été enlevée avec son bébé », a déclaré Shirin.

    Sa fille Seveh a indiqué à Amnesty International que six combattants se l’étaient échangée en Irak et en Syrie, avant de la « revendre » à sa famille en novembre 2015. Elle a été violée et agressée à de nombreuses reprises en captivité, et a dit que ses ravisseurs avaient aussi frappé son bébé de trois mois et les affamaient régulièrement. Elle a essayé de se tuer à trois reprises, mais d’autres captives l’en ont empêchée.

    Seveh continue à souffrir des graves conséquences physiques et psychologiques de ce qu’elle a traversé, et elle reste bouleversée que sa sœur se soit suicidée après s’être échappée et par le sort réservé aux membres de sa famille manquant à l’appel.

    Sa sœur Nermeen était dans un tel désarroi après ce qu’elle avait vécu en captivité qu’elle s’est enfermée dans une cabane et s’est immolée par le feu au camp pour personnes déplacées de Zakho, dans le gouvernorat de Dohuk. Elle a rapidement été transportée à l’hôpital, mais est morte trois jours plus tard.

    « À l’hôpital, je lui ai demandé pourquoi elle avait fait ça, et elle m’a dit qu’elle n’en pouvait plus. Elle souffrait en permanence, elle pleurait tout le temps », a déclaré Shirin, la mère de Nermeen, à Amnesty International, ajoutant que la famille avait demandé à de nombreuses reprises qu’elle puisse faire une thérapie spécialisée à l’étranger.

    En plus de se débattre avec leurs traumatismes, de nombreuses victimes comme Shirin se retrouvent à devoir rembourser d’énormes dettes - jusqu’à des dizaines de milliers de dollars américains -, après que leur famille a fait des emprunts pour payer leur libération.

    Un soutien international insuffisant

    La majorité des centaines de femmes et de jeunes filles yézidies parvenues à s’échapper après avoir été capturées par l’EI vivent dans des conditions difficiles, soit avec des membres de leur famille sans ressource qui ont été déplacés de chez eux, soit dans des camps pour personnes déplacées du Kurdistan irakien. Leurs besoins sont bien supérieurs au soutien disponible.

    La situation de beaucoup d’entre elles nécessite une aide financière ainsi qu’une prise en charge psychologique. Une femme de 42 ans originaire de la région de Sinjar, qui a passé 22 mois en captivité avec ses quatre enfants, a indiqué qu’ils restent traumatisés. Elle a expliqué qu’un combattant de l’EI particulièrement brutal a cassé les dents de son fils de six ans et s’est moqué de lui, et frappé sa fille de 10 ans si sauvagement qu’elle s’est uriné dessus. 

    « Il frappait mes enfants et les enfermait dans une pièce. Ils pleuraient à l’intérieur et je pleurais aussi, assise devant la porte. Je l’ai supplié de nous tuer mais il m’a répondu qu’il ne voulait pas aller en enfer à cause de nous », a-t-elle dit.

    Elle s’inquiète également du remboursement de l’argent emprunté pour obtenir leur libération. Elle a arrêté d’aller chez le médecin parce qu’elle n’en a plus les moyens.

    Il faut renforcer les moyens d’agir des victimes et leur donner la capacité de subvenir à leurs besoins et à ceux de leur famille. Il n’existe actuellement aucun système unifié permettant d’évaluer et satisfaire les besoins des personnes ayant connu la captivité aux mains de l’EI, et la plupart dépendent de réseaux familiaux ou de proximité pour obtenir de l’aide. Les services et l’assistance humanitaire dont bénéficient actuellement les victimes, fournis par divers gouvernements, organisations non gouvernementales et agences des Nations unies sont sous-financés et leur qualité est variable.

    Un programme soutenu par le gouvernement allemand a permis à 1 080 Yézidis - des personnes ayant subi des violences sexuelles et leur famille immédiate - de se rendre en Allemagne pour recevoir des soins spécialisés, mais les victimes ont désespérément besoin d’autres initiatives de ce genre.

    Une femme d’une soixantaine d’années de la région de Sinjar, qui vit désormais dans le camp de Chem Meshko pour personnes déplacées, et dont 32 parents sont aux mains de l’EI ou manquent à l’appel, a dit à Amnesty International : « Le monde entier sait ce qui est arrivé aux Yézidis [...] Je veux savoir ce qu’ils vont faire maintenant ? »

    « Le monde peut et doit en faire plus pour aider à panser les profondes blessures physiques et psychologiques des femmes et des enfants qui ont passé de longues périodes en captivité, et leur offrir un espoir de reconstruire leur vie brisée », a déclaré Lynn Maalouf.

    « La communauté internationale doit traduire en actions concrètes le choc et l’horreur que lui inspirent les crimes de l’EI et sa sympathie pour les victimes yézidies de violences sexuelles et d’autres sévices. Les donateurs doivent en faire plus, en établissant et finançant des programmes de soutien et de soins spécialisés, en consultation avec les victimes, les militants de cette communauté et les prestataires de soins. »

    La capacité des victimes à bénéficier de services et à se déplacer librement est par ailleurs souvent entravée par la bureaucratie irakienne - beaucoup éprouvent des difficultés à obtenir des papiers d’identité, qu’elles ont perdus lorsque l’EI a attaqué Sinjar.

    Si la proportion de victimes prêtes à parler de ce qu’elles ont vécu a augmenté étant donné qu’un grand nombre de captifs de l’EI ont pu s’échapper ces deux dernières années, la stigmatisation et la crainte des comportements sociaux négatifs et de leur impact sur les perspectives de mariage pour les femmes et les filles demeurent.

    Obligation de rendre des comptes pour les violations

    Jusqu’à présent, pas une seule personne accusée d’avoir commis des crimes contre la communauté yézidie n’a été poursuivie ni jugée en Irak. Les quelques procès ayant eu lieu concernant des crimes que l’EI aurait commis en Irak n’ont pas fait grand chose pour établir la vérité sur les violations, ni rendre justice et accorder des réparations aux victimes. Par exemple, les procès de 40 personnes accusées d’avoir pris part au massacre de quelque 1 700 élèves officiers chiites au camp d’entraînement de Speicher en juin 2014 ont été entachés d'irrégularités, et de nombreuses personnes ont été déclarées coupables sur la base d’« aveux » arrachés sous la torture.

    « Si les autorités irakiennes veulent réellement obliger les membres de l’EI à rendre des comptes pour leurs crimes, elles doivent de toute urgence ratifier le Statut de Rome et déclarer la Cour pénale internationale compétente pour juger de tous les crimes perpétrés en Irak dans le cadre de ce conflit. Elles doivent promulguer des lois érigeant en infraction les crimes de guerre et crimes contre l'humanité, et réformer les secteurs de la sécurité et de la justice afin de les mettre en conformité avec les normes internationales », a déclaré Lynn Maalouf.

    « En attendant, l’Irak doit coopérer avec la communauté internationale afin de garantir que ces crimes donnent lieu à des enquêtes et des poursuites efficaces. Il convient d’accorder une priorité élevée à la préservation des éléments de preuve, afin que les responsables présumés d’atteintes aux droits humains puissent être traduits en justice dans le cadre de procès équitables, ce qui est essentiel pour que les victimes yézidies - et toutes les victimes de crimes de droit international en Irak - obtiennent justice et réparations, ainsi qu’elles le méritent. » 10 octobre 2016

    * Tous les noms ont été modifiés pour protéger l’identité des victimes.

    https://www.amnesty.org/fr/

    Lire aussi:

    Yézidisme

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    1672593838.jpg

     

  • Toulouse Abdallah

    abdallah.jpg

  • Quartet Galilée avec Omar Saad et Tair Kaminer, tous deux objecteurs de conscience en Israël ( AFPS)

     

    « Comment pourrais-je porter une arme plutôt que mon alto ? » Omar Saad

    « Je n’ai pas peur de la prison militaire, ce qui me fait vraiment peur est que notre société perde son humanité » Tair Kaminer

    L’Association France Palestine Solidarité organise régulièrement des actions de mobilisation autour de la paix en Palestine, la paix par l’application du droit.

    Afin de mettre l’accent sur l’objection de conscience en Israël - dimension souvent méconnue du conflit - l’Afps 34 invite du 10 au 12 octobre prochain le Quartet Galilée dont Omar Saad - objecteur de conscience israélien druze et Tair Kaminer, jeune objectrice.

    Concert du Quartet Galilée, rencontre, film et débat sur l’objection de conscience sont au programme de ces trois jours qui s’inscrivent dans le cadre d’une tournée que le Quartet fera en France notamment en région parisienne et à Nantes.

    Cérémonie d’inauguration
    • lundi 10 octobre à 18h, Maison des relations internationales

    Un moment privilégié et convivial pour rencontrer les artistes et objecteurs de conscience invités, notamment Omar et Taïr qui, pour avoir refusé de faire leur service militaire on effectué plusieurs mois de détention en prison militaire.

    Quartet Galilée, concert
    • mardi 11 octobre à 20h, salle Pétrarque Montpellier

    Omar Saad forme avec sa sœur Tibah et ses deux frères Mostafa et Ghandi le quatuor à cordes Quartet Galilée. Ces musiciens participent aussi au Palestinian Youth Orchestra qui a fait une brillante tournée en 2015 en France. Omar et son frère Mostafa ont joué avec Nigel Kennedy au Royal Albert Hall en 2013.

    « Quatuor Galilée » film de Karim Dridi
    • mercredi 12 octobre à 18h cinéma Diagonal, Montpellier Projection suivie d’un débat avec Omar Saad et Tair Kaminer pour évoquer leurs engagements et leurs conséquences sur leur vie, leurs espoirs et projets.

    Les Refuzniks : ces israéliens qui refusent de porter les armes

    Chaque année, des centaines de jeunes citoyens s’opposent à l’intégration dans l’armée. Réservistes et soldats en activité, ces refuzniks s’élèvent publiquement contre la colonisation, marquent leur refus catégorique de l’occupation et refusent notamment de servir dans les territoires palestiniens occupés au risque d’être considérés comme des traîtres et d’être emprisonnés. En Israël, le service militaire est obligatoire, deux ans pour les filles, trois pour les garçons. Seuls les Arabes israéliens (17 % de la population) autrement dit les Palestiniens d’Israël – quelle que soit leur religion – et une partie des Juifs ultraorthodoxes sont exemptés, avec une exception pour les druzes et certains bédouins.

    Programme organisé par l’AFPS 34, avec le soutien du Conseil Départemental de l’Hérault, de la Ville de Montpellier, de Diagonal cinéma et de l’association Musiques Sans Frontières.

    AFPS 34 - Montpellier

    Contacts  : AFPS 34 - afpsgl34@gmail.com

    http://afps34.wordpress.com

  • Albi Palestine

    albi 81.jpg

  • Nouveautés sur le site du NPA

    caricature.jpg

    Territoires palestiniens : une occupation normalisée ?

    Syrie : Assad et Poutine s’acharnent contre Alep

    Maroc : Répression sur fond de mascarade électorale

    Fathi Chamkhi (Tunisie) : « annuler toute dette illégitime prouvée par l’audit »

  • Nouveautés sur Chronique de Palestine

    Exploitation Palestine

    Les colonies israéliennes asphyxient l’économie palestinienne (2)

    Al-Shabaka – Il faudrait passer de l’étiquetage des produits coloniaux à la cessation de toutes transactions avec les colonies. Les pays européens devraient envisager une…

    samedi 8 octobre 2016 /
     
    Harkis

    Les excuses de François Hollande ne dégageront pas la France de ses responsabilités envers les Harkis

    Robert Fisk – Maintenant que la France s’est suffisamment repentie de sa collaboration avec les nazis, il est temps de clore le chapitre algérien. Mais…

    jeudi 6 octobre 2016 / 
     
    Hillary Clinton

    Hillary Clinton joue à fond la carte du lobby sioniste, mais le retour de bâton sera rude…

    Robert Fisk – Alors que Clinton a été absolument et volontairement pro-Israël et anti-boycott tout au long de sa campagne, Sanders a payé le prix…

    jeudi 6 octobre 2016 / 
     
    Réfugiés

    Réfugiés et responsabilités

    Abdel Bari Atwan – Si les États-Unis et leurs alliés sont sérieux au sujet de juguler la crise des réfugiés, ils pourraient commencer par mettre…

    mercredi 5 octobre 2016 / 
     
    Ban Ki-moon

    Ban Ki-moon : un bilan en négatif, en paroles comme en actes

    Ramzy Baroud – Le second mandat de Ban Ki-moon en tant que secrétaire général de l’Organisation des Nations Unies (ONU) se termine en décembre. Pour…

    mardi 4 octobre 2016 /
     
    Hypocrisie

    Leçon d’hypocrisie

    Michael Lesher – « Ils ne comprennent pas, » dit un jeune homme à l’extérieur d’une synagogue orthodoxe du New Jersey où je vais souvent prier, en…

    lundi 3 octobre 2016 / 
     
    BDS

    La guerre secrète du gouvernement israélien contre le BDS

    Ali Abunimah – Un groupe de citoyens israéliens cherche à obtenir des informations sur les activités secrètes de leur gouvernement contre le mouvement pour le…

    dimanche 2 octobre 2016 /
     
    Amman

    Boycott : manifestation à Amman contre l’accord sur la fourniture de gaz par l’État sioniste

    Al-Jazeera – Un rassemblement à Amman a suivi la signature du contrat entre la société américaine et la compagnie jordanienne d’électricité, pour des importations de…

    samedi 1 octobre 2016 / 
     
    Boycott

    Normaliser l’anormal (4) : pour un boycott systématique

    Azmi Bishara – Rejeter la normalisation avec Israël est un concept qui va au-delà du boycott comme indiqué dans les articles précédents de cette série.…

    vendredi 30 septembre 2016
     
    a1

    Facebook collabore activement avec l’État de l’apartheid pour censurer les Palestiniens

    Glenn Greenwald – Facebook collabore actuellement avec le gouvernement israélien pour déterminer ce qui devrait être censuré. La semaine dernière, une grosse polémique liée à…

    jeudi 29 septembre 2016 / 
     
    Massacre de Qana

    Le criminel de guerre Shimon Peres échappe à la justice humaine

    Ben White – Shimon Peres, décédé mercredi à l’age de 93 ans après avoir subi un accident vasculaire cérébral le 13 septembre, incarne la disparité…

    mercredi 28 septembre 2016 / 
     
    Crimes israéliens

    Obama livre à Israël les outils du prochain bain de sang à Gaza

    Ben White – La dernière tranche d’aide américaine est une « superbe récompense » à la droite dure israélienne. L’accord est une aubaine pour l’armée israélienne dont…

    mardi 27 septembre 2016 / 
     
    Théatre Norvège

    Le Théâtre National de Norvège présente publiquement ses excuses pour avoir collaboré avec le pays de l’Apartheid

    Ali Abunimah – Cette courte vidéo montre les excuses émouvantes du Théâtre National de Norvège pour sa collaboration au cours des dernières années avec le…

    lundi 26 septembre 2016
     
    Yasser Thiyab Hamduna

    Yasser Thiyab Hamduna, prisonnier palestinien tué par la négligence médicale

    Ma’an News – Les prisonniers palestiniens détenus par Israël ont annoncé une grève de la faim de trois jours en signe de protestation et de…

    lundi 26 septembre 2016 /
  • Mauritanie (Amnesty)

    Ma révolte contre le système esclavagiste


    L’image est archaïque et semble être venue d’une époque révolue. Des hommes appelés à servir d’autres sans avoir le droit de partager le repas de ceux qui se prétendent leurs maîtres.

    Cette image persiste pourtant dans un pays, la Mauritanie, où la liberté nécessaire à chaque citoyen pour exercer pleinement ses droits fait encore trop souvent défaut. Dans ce pays, le mien, où l’esclavage est aboli depuis 35 ans, des citoyens continuent d’être victimes d’esclavage et de discrimination.

    Cette réalité révoltante a motivé et nourri mon envie de me lever pour dire non à une pratique discriminatoire d’un autre âge, dans une société pourtant égalitaire dans sa Constitution. J’ai dédié ma vie, aux côtés d’autres hommes et femmes, à la lutte contre l’esclavage et contribuer à rendre leur dignité à ceux qui sont péjorativement appelés harratines ou descendants d’esclaves en Mauritanie.

    A travers l’Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste (IRA Mauritanie), une organisation anti-esclavagiste, j’ai trouvé l’espace nécessaire pour exprimer librement ma révolte. Mais cet engagement demande des sacrifices et, dans un pays comme la Mauritanie, vous expose à la répression et aux arrestations arbitraires. J’en ai récemment fait l’amère expérience.

    Aujourd’hui, je vous écris de la prison de Dar Naïm, une commune située à 30 km de Nouakchott, la capitale mauritanienne, où je suis détenu depuis trois mois jour pour jour aujourd’hui, avec 12 autres militants anti-esclavagistes injustement condamnés à des peines de 3, 5 et 15 ans de prison ferme. Notre seul crime : lutter contre l’esclavage. Qui aurait pu s’attendre à des condamnations aussi lourdes ?

    Le 30 juin 2016, j’ai été tiré de mon lit à 8h du matin par quatre policiers et des agents des services de renseignements généraux. Ils ont saisi mes appareils téléphoniques et fouillé mon domicile. J’ai passé 12 jours sans pouvoir communiquer avec aucun membre de ma famille ou même un avocat. Durant les jours qui ont suivi mon arrestation, 12 autres camarades ont été arrêtés à leurs domiciles et lieux de travail.

    Lors de notre garde à vue, nous avons appris que notre arrestation était liée à une manifestation spontanée le 29 juin dernier par des habitants à majorité harratines (descendants d’esclaves) de Bouamatou, un bidonville de Nouakchott, menacés d'expulsion à la veille du sommet de la Ligue arabe qui devait se tenir en juillet.

    Malgré les perquisitions dans nos bureaux et domiciles, la saisie de nos ordinateurs et, téléphones portables, la vérification des appels reçus et émis, et l’ouverture de nos courriers électroniques, et comptes Facebook, la police mauritanienne n’est jamais parvenue à établir le moindre lien entre mes camarades et moi-même, et les événements de Bouamatou.

    Mes camarades Abdellahi Matallah Seck, Balla Touré, Khatri Rahel Mbareck, Jemal Beylil et Moussa Biram ont par ailleurs été victimes de torture lors de leur garde à vue. Leurs mains et pieds ont été liés dans des positions douloureuses pendant plusieurs heures. Ils ont été interrogés sur la présumée planification et participation à la manifestation du 29 juin. J’ai pour ma part été insulté et menacé de mort au cours de mon interrogatoire et contraint de manger des repas contenant du sable, sans possibilité de boire de l’eau.

    Cette manifestation n’a pourtant pas été organisée par l’IRA et ses membres n’y ont pas pris part, ce qui a d’ailleurs été confirmé par les habitants du bidonville. L’absurdité était d’ailleurs de voir mon camarade Mohamed Jarroulah, condamné par le tribunal à trois ans de prison ferme alors qu’il se trouvait en mission à Bousteille, à 1200 km du lieu de la manifestation !

    Cette condamnation et celles dont j’ai été témoin visant des membres de l’IRA au cours des procès de 2010, 2011, 2012, 2013, 2014 ,2015 et aujourd’hui 2016, me conforte dans l’idée que désormais, tous les militants anti-esclavagistes sont des condamnés en sursis.

    Sous la pression intérieure et extérieure, l’Etat cède parfois en adoptant des lois criminalisant l’esclavage. Mais, dans le même temps, des militants anti-esclavagistes continuent d’être persécutés. Les autorités doivent mettre fin à leur règne de la peur et cesser de réprimer les militants anti-esclavagistes et les défenseurs des droits humains de manière plus générale.

    Notre organisation a déposé sa demande de reconnaissance en 2008 et n’est à ce jour ni reconnue ni autorisée par les autorités mauritaniennes. Chaque militant de l’IRA court le risque à tout moment d’être condamné pour ‘’appartenance à une organisation non reconnue’’.

    Cependant, faisant écho aux voix de mes camarades détenus, je réaffirme que ni les tentatives d’intimidations, ni la répression, ni la détention, ni même les condamnations à de lourdes peines, ne pourront entraver l’engagement et la détermination de notre organisation à poursuivre ses actions, tant que séviront en Mauritanie le système de domination esclavagiste et le racisme. Aussi longtemps qu’il sera nécessaire, nous maintiendrons nos protestations pacifiques.

    Pour les militants anti-esclavagistes que nous sommes, il importe peu que la personne qui dirige la Mauritanie soit négro-africaine, harratine, maure, ou métisse ! Qu’elle vienne du Nord, des hauteurs de l’Adrar, ou des confins du fleuve nourricier. Cela importe peu. Pourvu qu’elle soit capable de construire une Mauritanie sans esclavage et dépourvue de toute forme de discrimination. Une Mauritanie où les défenseurs des droits humains ne seront pas persécutés ni condamnés pour des crimes qu’ils n’ont pas commis.

    L'original de cet article a été publié par Jeune Afrique 

    MADOU TIDJANE DIOP *,

    * Amadou Tidjane Diop (47 ans), est vice-président de l'organisation anti-esclavagiste IRA-Mauritanie (Initiative pour la résurgence du mouvement abolitionniste en Mauritanie). Il a été condamné à 15 ans de prison par la Cour criminelle de Nouakchott ouest, la capitale de la Mauritanie. Amadou est banquier et enseigne dans des écoles supérieures. Père de deux enfants, il souffre de problèmes cardiaques pour lesquels il ne peut pas recevoir le traitement médical approprié en détention. Il écrit de la prison de Dar Naïm (signifie heureux en arabe et désigne un des jardins du paradis) rebaptisé ‘’ Jahannam ‘’ (enfer) par des détenus à cause de l’insalubrité, la surpopulation (environ 1300 détenus pour une capacité de 300 détenus), la promiscuité, les détentions préventives prolongées.

    https://www.amnesty.org/fr