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A bas la répression contre les salariés des chantiers navals égyptiens ! (NPA)
Le 18 octobre, un tribunal militaire devrait prononcer son jugement concernant 15 travailleurs des chantiers navals d'Alexandrie.
Ils sont poursuivis suite à une mobilisation revendiquant notamment :
- De meilleures conditions de travail,
- L'assurance santé pour les familles des salariés,
- Une compensation financière pour les travaux dangereux,
- Une augmentation de salaire.
En mai 2016, le militaire qui dirige cette entreprise, devenue en 2003 propriété du ministère de la Défense, avait refusé toute négociation. Il avait renvoyé chez eux 2 400 salariés avec le tiers de leur paye normale et lancé des poursuites contre 26 salariés pour "incitation à la grève" et "refus de travailler".
En août, sous la pression de la campagne de solidarité en Egypte et dans le monde, 600 travailleurs ont été autorisés à retourner au travail.
Immédiatement, un nouvel accident mortel dans l'un des ateliers a montré combien le mépris du management pour les règles de sécurité.
Le crime" qui est reproché aux inculpés est d'avoir "poussé les travailleurs à cesser le travail ainsi qu'avoir appelé à des rassemblements et organisé une mobilisation à l'intérieur de l'entreprise visant à bloquer la production". En d'autres termes des actes conformes aux conventions internationales concernant les droits des salariés, et dont l'Egypte et la France sont signataires.
En attendant, ces quinze salariés sont détenus depuis plus de quatre mois, et leurs familles n'ont plus de quoi vivre, car le versement de leurs salaires a été suspendu.
Le pouvoir français est partie prenante de cette répression, car c’est dans ce chantier naval que doivent être construites trois des quatre corvettes Gowind, vendues par la société française DCNS. Le gouvernement français, qui sous-traite en Egypte la construction d'une partie de ses contrats d'équipements militaires, participe à la normalisation de la répression du mouvement ouvrier égyptien et à la dégradation des conditions de travail.
Le gouvernement français n’a jamais pris de mesure concernant la violation des droits de l’Homme en Egypte et continue à passer des contrats d’armements avec notamment la vente de 24 Rafales, un satellite militaire et d’autres projets à venir.
Nous exigeons que le donneur d'ordres, c'est-à-dire l'Etat français, assume ses responsabilités en intervenant auprès du pouvoir égyptien pour exiger :
- L'arrêt de toutes les procédures engagées,
- La libération immédiate des salariés détenus,
- La satisfaction des revendications des salariés des chantiers navals.
Montreuil, le 16 octobre 2016
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La Roche Sur Yon Palestine
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Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité
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L’ONU se penche sur la politique d’occupation d’Israël
Nissim Behar - Libération, dimanche 16 octobre 2016 -
Refuzniks : "Nous refusons de servir l’armée, et de perdre espoir"
Kahina Sekkai, Paris Match, dimanche 16 octobre 2016 -
Marche d’enfants palestiniens contre le football dans les colonies
La Presse avec AFP, samedi 15 octobre 2016 -
Israël-Palestine : Infantino (Fifa) ira quand il y aura "des progrès"
L’Orient le Jour avec AFP, samedi 15 octobre 2016
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Parlons de ce que la résolution de l’UNESCO dit au lieu de ce qu’elle ne dit pas
Tom Pessah - 972mag, dimanche 16 octobre 2016 -
La Palestine, un défi pour les historiens arabes
Orient XXI - Nada Yafi et Maher Al-Charif , dimanche 16 octobre 2016 -
Lettre ouverte à Philippe Gruson, rédacteur de l’Atlas biblique du voyageur en Terre sainte
André Rosevègue, dimanche 16 octobre 2016 -
Le « mur de l’apartheid » construit par Israël inspire plus de violence qu’il n’en évite
Kamel Hawwash, Middle East Eye, jeudi 13 octobre 2016
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Syrie: «C’est une guerre qui s’est inscrite, dès le début, en dehors du droit de la guerre»
16 - octobre - 2016Entretien avec Françoise Bouchet-Saulnier conduit par René Backman Le jeudi 15 octobre 2015, au palace Beau-Rivage, à Lausanne, se réunissaient, «pour rien», Kerry, Lavrov ainsi que des représentants de la Turquie, de l’Arabie saoudite et du Qatar, ces derniers «soutiennent» la rébellion. L’Iran, engagé militairement auprès de Damas, était aussi représenté. S’y ajoutent, pour les bienfaits […]
Syrie-Yémen. Contre les bombardements en Syrie et au Yémen!
16 - octobre - 2016Par Gilbert Achcar L’opinion politique arabe se divise en deux catégories principales. Il y a, d’un côté, ceux qui condamnent les bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes de Syrie par le régime et son maître russe tout en restant silencieux au sujet des bombardements destructeurs et meurtriers des villes et des campagnes […]
Israël: Shimon Peres a «défini la poussée coloniale comme étant un processus de paix»
13 - octobre - 2016Par Amira Hass Les Juifs israéliens doivent une dette considérable à Shimon Peres, récemment décédé [dans la nuit du 28 au 29 septembre 2016 ; voir de même sur le rôle de Peres l’article publié sur ce site en date du 30 septembre 2016]. Et, malheureusement pour lui, seulement une partie d’entre eux l’a compris, assez tard d’ailleurs. […]
Yémen.«Nous étions dans une catastrophe humanitaire l’année dernière, aujourd’hui c’est hors échelle»
10 - octobre - 2016Entretien avec Hassan Boucenine de MSF conduit par Florian Reynaud Fin août 2016, l’Organisation des Nations unies a revu à la hausse son bilan humain de la guerre qui oppose, au Yémen, le président en exil, Abd Rabbo Mansour Hadi, soutenu par une coalition arabe dirigée par l’Arabie saoudite, aux rebelles houthistes, p
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Israël: Shimon Peres a «défini la poussée coloniale comme étant un processus de paix» (A l'Encontre.ch)
Les Juifs israéliens doivent une dette considérable à Shimon Peres, récemment décédé [dans la nuit du 28 au 29 septembre 2016 ; voir de même sur le rôle de Peres l’article publié sur ce site en date du 30 septembre 2016]. Et, malheureusement pour lui, seulement une partie d’entre eux l’a compris, assez tard d’ailleurs. Peres était en effet un homme d’idées, mais uniquement quand il s’agissait de détails sans importance.
Le discernement et la débrouillardise de Peres ont beaucoup contribué à ce qu’Israël puisse asseoir et élargir son entreprise coloniale profitable: en définissant la poussée coloniale comme étant un processus de paix, il a même réussi à obtenir des subsides internationaux pour la mener à bien.
La réalité des enclaves palestiniennes – séparées au milieu des colonies israéliennes en plein développement et résultat inébranlable des négociations d’Oslo – ne constitue pas un malencontreux accident historique. La «solution» des enclaves palestiniennes a pris forme, sous différentes tournures, depuis l’occupation de 1967: c’était une manière d’harmoniser la version israélienne des colonies de peuplement dans une ère post-coloniale.
Cette réalité des enclaves palestiniennes a été en partie créée par des idées exprimées publiquement, mais surtout en les imposant sur le terrain: les colonies, les routes, l’annulation des statuts de résidants de milliers de Palestiniens dans la bande de Gaza et en Cisjordanie (y compris Jérusalem-Est), le manque d’entretien de l’infrastructure et les obstacles mis au développement des zones où vivent les Palestiniens. Lorsque cela nous convenait, nous avons accordé aux Palestiniens une liberté de mouvement. Lorsque cela leur donnait trop de moyens (notamment lors de la première Intifada – qui a commencé en décembre 1987), nous l’avons révoquée. Et Peres était présent à chacun de ces différents moments.
Dans les années 1970, Peres et Moshe Dayan [1915-1981] ont promu l’idée du «compromis fonctionnel» – il s’agissait non pas d’une partition des terres, mais plutôt d’une partition de l’autorité gouvernementale. Nous, les Israéliens, devions contrôler le territoire. Les colons continueraient à s’y multiplier et à être des citoyens israéliens, alors que la Jordanie contrôlerait les Palestiniens. Le plan d’autonomie issue des Accords de Camp David avec l’Egypte au cours du mandat de Menachem Begin en tant que Premier ministre [1977-1983] était une variante de ce «compromis fonctionnel».
Peres, qui a donné sa bénédiction pour l’établissement d’un partenariat confidentiel lors des négociations d’Oslo, a été très clair à l’époque sur le fait qu’il était opposé à la constitution d’un Etat palestinien.
Cette opposition a entravé les négociations, et lorsqu’il a finalement été décidé d’accepter l’accord et de l’appliquer graduellement, il n’y avait plus d’objectif final. Mais dans quelle direction pouvaient aller un accord si l’objectif n’avait pas été défini? La réponse est évidente: ils iraient là où le déciderait le pouvoir souverain – le côté ayant la suprématie militaire, économique et diplomatique. C’est ainsi qu’on est arrivé aux enclaves. Et ce n’est pas par hasard si l’avocat Joel Singer [conseiller légal du ministère des Affaires étrangères] a participé aux négociations et aux rédactions des accords aussi bien à Camp David ]1978] qu’à «Oslo» [«finalisé» en 1993].
Lorsqu’il a brièvement été Premier ministre après l’assassinat de Yitzak Rabin [en novembre 1995], Peres a proposé à Yasser Arafat que la bande de Gaza soit déclarée un Etat. Il y avait là une variation mineure de la conception de base de Peres selon laquelle Israël continuerait sa domination de la Cisjordanie indéfiniment. Arafat a poliment rejeté la suggestion. Cela n’a rien changé. Ariel Sharon a suivi la même ligne que ses prédécesseurs et a détaché l’enclave de Gaza des multiples autres enclaves, plus petites, de la Cisjordanie.
Et voilà: la terre est désormais à nous, Israéliens. Les colons sont des citoyens israéliens.
En fait, les poches densément peuplées où vivent les Palestiniens ne sont pas contrôlées par la Jordanie, mais plutôt par l’Autorité palestinienne et le Hamas. Mais la vision d’un compromis fonctionnel a été concrétisée. L’entreprise de dépossession coloniale israélienne n’a pas été conçue par quelques individus. Les balivernes de la presse selon laquelle une seule personnalité (Benjamin Netanyahou) serait responsable de tous nos problèmes et de toutes nos réussites et qu’un général (Ehoud Barak, Gabi Ashkenazi, etc.) serait capable de nous sauver, sous-évaluent le rôle de la société israélienne, soit celui des puissantes institutions militaires et civiles de la gouvernance, dont la longévité et l’importance dépassent de loin celui de n’importe quel leader.
Ce sont ces institutions qui proposent, planifient et réalisent des politiques dont la substance reste inchangée, contrecarrant l’établissement d’un Etat palestinien souverain, qui soit en accord avec les résolutions internationales et l’assentiment palestinien. Un tel Etat aurait freiné la poussée colonialiste et souligné le droit historique des Palestiniens à leur terre. Il aurait également pu ouvrir la voie à la raison et à des relations au-delà de deux Etats nations.
Peres n’est pas le seul responsable de la réalité coloniale des enclaves palestiniennes noyées dans une mer de colonies. Mais personne ne lui arrivait à la cheville en ce qui concerne son talent pour mentir au monde en déclarant qu’Israël souhaite la paix.
(Article publié dans la rubrique «opinion» de Haaretz, en date du 7 octobre 2016; traduction A l’Encontre)
le 13 octobre 2016Amira Hass
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Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières
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Self-presentation: The Council of Ex-Muslims of Britain (CEMB) Self-presentation of the CEMB taken from its website, October 14, 2016.
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La loi peut-elle supplanter la légitimité ?
Depuis quelques semaines les tunisiens dirigent leurs regards vers une petite oasis appelée Jemna située dans le désert tunisien, quelque part entre les oasis de Kebili, au nord, et celles de Douz, au sud[1].
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There is something deeply atavistic about the course that the Syrian conflict has taken. Its latest developments, in particular, take us back to a time prior to the formation of the contemporary Syrian entity at the end of the First World War – indeed back to the nineteenth century or earlier. (...)
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Mouvements palestiniensTerritoires palestiniens : une occupation normalisée ? – La réalité des rapports de forces
La Cisjordanie, Jérusalem et la bande de Gaza sont soumises au régime de l’occupation depuis 1967...
Ni les accords d’Oslo (1993-1994) ni le « retrait unilatéral » de Gaza (2005) n’ont modifié cet état de fait : c’est l’État d’Israël qui contrôle ces territoires, soit par une présence directe (Jérusalem et (...) -
HistoireIsraël aujourd’hui : l’héritage des années Shimon Peres
Entre « l’homme de guerre et l’homme de paix », comme a titré Libération, c’est bien le second qui a largement dominé dans les médias. Peres n’a pas observé l’évolution de son pays depuis une résidence d’où il profitait de sa retraite politique. Jusqu’au bout, il a été acteur au premier plan...
De 1970 à (...)
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1961 : L’État français noie la protestation populaire dans le sang (Alternative Libertaire)
Le 17 octobre 1961, près de 20.000 Algériennes et Algériens travaillant en région parisienne manifestent pacifiquement contre le couvre-feu que la préfecture de police veut leur imposer.La violence policière se déchaîne contre des hommes, des femmes et des enfants désarmés. Aujourd’hui encore, la clôture des archives empêche que toute la vérité soit connue sur ce massacre légal.
« Le plus grand massacre d’ouvriers depuis la semaine sanglante de la Commune de Paris de mai 1871. » Voilà comment l’historien Gilles Manceron décrit la vague meurtrière déclenchée en octobre 1961 par la police française sur ordre de son préfet, l’ancien fonctionnaire vichyste Maurice Papon.
Au plus fort de la vague, le 17 octobre, plusieurs dizaines d’Algériennes et d’Algériens ont été assassinés, plusieurs milliers blessés. Les victimes, des « émigrés-immigrés » qui travaillaient surtout sur les chantiers et dans les usines métropolitaines, étaient le produit historique d’un « déracinement » ayant dévasté l’économie traditionnelle de l’Algérie. Les massacres d’octobre 1961, s’ils ont connu leur apogée durant la nuit du 17 octobre, ne se réduisent pas à ce seul jour. Le 17 n’est que le symbole d’une mémoire en lutte. La mémoire des partisans antiracistes militant pour la reconnaissance d’un crime d’État que tous les gouvernements français qui se sont succédé depuis ont toujours refusé d’admettre.
Commémoration 2016
A l’occasion de ce 55e anniversaire, nous exigeons Vérité et Justice.
Rassemblement le 17 octobre 2016
18 heures Pont Saint-Michel à Paris.
L’appel sur le site web de l’ATMF.
À cette époque, la guerre de l’État français contre l’insurrection emmenée par le Front de libération nationale (FLN) durait déjà depuis presque sept ans. Cette « guerre sans nom » [1], qui dut attendre 1999 pour ne plus être désignée par le terme euphémique d’« événements » se déroula au sein de la plus vaste colonie de France, dont la conquête brutale entre 1830 et 1848, avait été célébrée par les grands esprits du temps, dont Victor Hugo. Elle a même été légitimée par le « matérialisme historique » de Marx et Engels pour qui l’avènement du communisme résulterait des contradictions du capitalisme.
Indigènes et citoyens
Le statut juridique de l’Algérie colonisée, avec l’institution du Sénatus-consulte du 14 juillet 1865 notamment, avait constitué deux groupes spécifiques au statut civil inégal.
Le million de Françaises et de Français vivant alors en Algérie – les Pieds-noirs – jouissaient du statut métropolitain de « citoyens français de statut civil de droit commun ». S’y ajoutaient les 35 000 personnes juives naturalisées françaises par le décret Crémieux de 1870. En face, 9 millions d’Algériennes et d’Algériens autochtones souffraient d’être des « citoyens français de statut civil de droit coranique ». C’était le temps de l’indigénat, étendu à toutes les colonies françaises depuis 1889, qui infériorisait juridiquement les populations colonisées.
L’autochtone était devenu « indigène », c’est-à-dire expropriable et corvéable, inférieur légal à assujettir par l’État impérial. L’indigénat représentait la matrice juridique d’un état d’exception pour les colonisé.es ainsi captifs d’une sujétion. Les « sujets » constitués d’un « corps d’exception » susceptible de subir toutes les violences, symboliques et physiques, allant des enfumades de la conquête coloniale aux fusillades du Constantinois, en passant par les « ratonnades » et autres noyades dans la Seine.
Ce « corps d’exception » imposé à des femmes et des hommes, des amis et des parents aujourd’hui encore vivants, avait également été imposé, dans des conditions historiques différentes, à d’autres groupes sociaux. Les personnes juives de la région bordelaise, par exemple, dont plus de 1.500 ont été déportées, via Drancy, dans les camps nazis, ont été victimes entre 1942 et 1944 du zèle du secrétaire général de la préfecture de Gironde : Maurice Papon. Terrifiante continuité entre l’exception vichyste et la règle républicaine en la personne de Papon, chargé en 1956 de la coordination des forces civiles et militaires dans l’Est algérien, puis promu en mars 1958 préfet de police de Paris.
En 1961, on recensait 152 000 Algériennes et Algériens en région parisienne. Soucieux d’éliminer définitivement son concurrent direct, le Mouvement national algérien (MNA) de Messali Hadj, et de contrôler la population algérienne travaillant en métropole, la fédération française du FLN a, en août 1958, ouvert un « second front » sur le sol métropolitain.
La « bataille de Paris » de Maurice Papon
Au même moment, la police de Papon rafle des Algériennes et des Algériens et les parque au Vél’ d’Hiv’ : horrible continuité encore. En 1960, le MNA est défait, et le FLN a réussi à mettre en place en région parisienne deux wilayas (dénomination arabe qualifiant des divisions administratives) parachevant sa volonté d’encadrer autoritairement la vie quotidienne de l’émigration algérienne en France. La mission confiée à Papon consiste, à l’aide de centres de tortures où officient souvent des harkis – Algériens dévoués à la cause française –, à briser le contrôle du FLN sur sa base populaire.
- « Ici, on noie les Algériens » Réalisée dans les jours suivant le massacre, une inscription due à Jean-Marie Binoche et à Alexis Violet.
Alors que le gouvernement français et le gouvernement provisoire de la République algérienne (GPRA) entament en 1961 un cycle de négociations, le FLN maintient la pression en France par des attentats contre la police. Le policier français moyen est alors habité par une rage vengeresse prête à se retourner contre n’importe quel « bicot », assimilé au FLN.
Lors des obsèques d’un policier assassiné, le 3 octobre 1961, Papon promet à ses troupes : « Pour un coup donné, nous en porterons dix. » Et d’instaurer deux jours plus tard, malgré son caractère anticonstitutionnel, un couvre-feu interdisant aux Algériennes et aux Algériens de circuler dans les rues entre 20 h 30 et 5 h 30.
Des cadavres dans le fleuve
Le 7 octobre, le FLN demande à ses militants en France d’arrêter leur campagne d’attentats. La réponse au couvre-feu est l’organisation, pour le 17 octobre, d’une manifestation pacifique, où toute arme sera proscrite. La tension, extrême de tous côtés, est particulièrement palpable chez les Algériennes et les Algériens, que le FLN pousse à manifester alors que les meurtres racistes se sont multipliés pendant l’année : 200 personnes ont déjà été assassinées, dont 50 rien qu’en septembre.
L’événement aux actualités du 25 octobre 1961... et trente ans plus tard, sur Antenne 2.
Le 17 octobre, à 20 h 30, plus de 20.000 Algériens hommes, femmes et enfants, en tenue du dimanche et venus notamment des bidonvilles de la banlieue ouest (Nanterre, Courbevoie, Puteaux) forment des cortèges aux couleurs rouge et vert de la future Algérie libre. La répression éclate, barbare. Dans les quartiers de l’Étoile, de Concorde et d’Opéra, où des milliers d’Algériennes et d’Algériens ont afflué, un bon nombre de personnes sont conduites dans des centres d’identification. Mais les quartiers des Grands-Boulevards, de Saint-Michel et de Saint-Germain sont, eux, le théâtre d’affrontements violents. Les moyens mobilisés sont considérables : cars de police, mais aussi autobus de la RATP, pendant que le Palais des Sports et le stade Pierre-de-Coubertin servent de camps de concentration temporaire pour les personnes arrêtées.
On compte plus de 11.000 arrestations dans la nuit du mardi 17 au mercredi 18 octobre, et plus de 1.000 le lendemain. La police déclare officiellement deux morts du côté algérien et une dizaine de policiers blessés (en fait une centaine).
Le dénombrement des victimes et des disparus reste difficile, du fait de l’impossibilité légale de consulter toutes les archives, mais aussi en raison du désaccord des historiens sur la question. Entre l’estimation problématique de Jean-Paul Brunet (50 victimes) et les au moins 200 dénombrées par Jean-Luc Einaudi [2], c’est une béance dans la mémoire de l’État français, qui s’autorise à faire de son amnésie, une amnistie pour les assassins.
Dans les semaines qui ont suivi, le fleuve a rendu des dizaines de cadavres à Paris, à Nanterre, à Stains et à Saint-Denis. Parmi eux, celui de Fatima Bédar, 15 ans, repêchée le 31 octobre dans le canal Saint-Denis et devenue aujourd’hui un symbole de l’innocence assassinée.
Prises de position à chaud
L’événement ne pouvait passer inaperçu. Il provoque des prises de position de la Ligue des droits de l’homme et de la revue Vérité-Liberté, de Pierre Vidal-Naquet. Le Monde, Témoignage chrétien, L’Express et Esprit publient des articles. La Cimade fait un exemplaire travail d’aide et d’information. Une synthèse de Paulette Péju, intitulée Ratonnades à Paris et publiée par François Maspero est censurée, tout comme le film tourné à chaud par Jacques Panigel, Octobre à Paris. Pour le photographe Élie Kagan qui, enfant, échappa aux rafles antijuives, les clichés pris le soir du 17 octobre témoignent d’une horrible continuité : « Ma peur, qui me reprend / Octobre 61 / Juillet 42 », écrira-t-il. Claude Lanzmann affirme la même chose dans Les Temps modernes.
La gauche officielle préfèrera, elle, mettre l’accent sur la répression de ses propres manifestations. Comme celle du 8 février 1962, tournée davantage contre l’OAS et la torture que vers l’indépendance, et au cours de laquelle neuf militantes et militants CGT vont périr écrasés contre les grilles du métro Charonne.
Le cinquantième anniversaire des massacres du 17 octobre 1961 est ici l’occasion d’affirmer ceci : le devoir de mémoire au nom du respect des morts d’hier, tombés sous les coups de l’État français, doit déboucher sur le droit de comprendre comment la violence coloniale d’hier, combinant oppression de race mais aussi de classe, irradie d’une lumière fossile notre actualité postcoloniale.
« Bavures » policières qualifiant euphémiquement le meurtre de personnes originaires du Maghreb, traitement administratif discriminatoire des personnes étrangères dites « irrégulières », confinées dans des centres de rétention comme celui de Vincennes, réactivation de l’état d’urgence de 1955 lors des révoltes de la jeunesse populaire et racisée de l’automne 2005… Nombreuses sont les manifestations du spectre colonial qui continue de hanter la République française, et de nourrir le racisme et la division du prolétariat.
Franz B., pour la commission antiracisme d’AL 12 octobre 2016
http://alternativelibertaire.org/
Lire aussi :
Les fantômes du 17 octobre sont toujours là
Pourquoi une si longue indifférence ?17 Octobre 1961 : que reste-t-il de « l’hommage » de Hollande ? (NPA)
POUR ALLER PLUS LOIN
- Olivier Le Cour Grandmaison (sous la dir.), Le 17 octobre 1961 : un crime d’État à Paris, La Dispute, 2001.
- Sidi Mohammed Barkat, Le Corps d’exception : les artifices du pouvoir colonial et la destruction de la vie, Amsterdam, 2005.
- Jean-Luc Einaudi, Elie Kagan, 17 octobre 1961, Actes sud/BDIC, 2001
- Olivier Le Cour Grandmaison, De l’indigénat. Anatomie d’un « monstre » juridique : le droit colonial en Algérie et dans l’Empire français, Zones/La Découverte, 2010.
- Abdelmalek Sayad, La Double Absence : des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Seuil, 1999.
- Benjamin Stora, Histoire de la guerre d’Algérie (1954-1962), La Découverte, 1993 ; La Gangrène et l’oubli, La Découverte, 1998.
DE SÉTIF À ÉVIAN
8 mai 1945 : Manifestations de Sétif, Guelma et Kherrata, dans le Constantinois, réprimées dans le sang.
14 juillet 1953 : Répression d’une manifestation indépendantiste à Paris : 8 morts.
7 mai 1954 : L’armée française capitule à Diên Biên Phu. La défaite du colonialisme en Indochine encourage le soulèvement en Algérie.
1er novembre 1954 : « Toussaint rouge » : lancement de l’insurrection algérienne par le Front de libération nationale (FLN).
5 janvier 1955 : Le ministre de l’Intérieur, François Mitterrand, en appelle à un renforcement de la répression.
1er avril 1955 : Vote de l’état d’urgence en Algérie.
12 mars 1956 : Consensus colonial et républicain à l’Assemblée nationale : la droite, le PCF et la SFIO votent, à la demande du gouvernement socialiste de Guy Mollet, les « pouvoirs spéciaux » à l’armée qui peut ainsi légalement torturer.
Janvier-juillet 1957 : « Bataille d’Alger ». Cette victoire militaire pour l’armée française est une défaite politique, car elle radicalise le désir d’émancipation.
1er juin 1958 : De Gaulle s’empare du pouvoir. Bientôt, il se résigne à concéder l’indépendance.
Août 1958 : Le FLN décide d’ouvrir un « second front » sur le territoire métropolitain.
19 septembre 1958 : Constitution, au Caire, du Gouvernement provisoire de la République algérienne.
22-25 avril 1961 : Les généraux Challe, Jouhaud, Zeller et Salan s’emparent du pouvoir à Alger pour entraver De Gaulle et poursuivre la lutte colonialiste.
5 mai 1961 : L’Organisation armée secrète (OAS), colonialiste jusqu’au-boutiste, devient opérationnelle et lance une vague d’attentats.
8 septembre 1961 : Tentative d’attentat de l’OAS contre de Gaulle.
5 octobre 1961 : Instauration d’un couvre-feu pour les Algériens à Paris.
17 octobre 1961 : Manifestations algériennes pour l’indépendance à Paris, réprimées dans le sang.
8 février 1962 : La répression d’une manifestation fait huit morts au métro Charonne, à Paris.
18 mars 1962 : Signature des accords d’Évian qui annoncent l’indépendance. Ils seront approuvés à 90 % des votantes et des votants au référendum organisé dans l’Hexagone le 8 avril.
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Paris : Rassemblement « Ni Poutine ! Ni Bachar ! » (Souria Houria)
Les initiateurs de l’appel commun avaient décidé début octobre de maintenir le rassemblement du 19 octobre même si Poutine annulait sa visite.
Le Rassemblement est maintenu : le mercredi 19 octobre, à 18h, à côté de l’Assemblée nationale
Le 19 octobre 2016 le Président russe Vladimir Poutine sera à Paris, sur invitation du gouvernement français et à l’occasion de l’inauguration du Centre Spirituel et Culturel Orthodoxe. Il est prévu qu’il discute avec François Hollande des guerres en Syrie et en Ukraine.
Cependant, le Kremlin emprisonne ses opposants politiques, fournit massivement des armes qui tuent des civils ukrainiens et syriens et envoie des militaires russes faire la guerre en Ukraine et en Syrie : en ce moment même, Alep est bombardée quotidiennement par des bombes au phosphore, des bombes à sous-munitions… larguées depuis les avions russes (et syriens). De plus, la politique et les interventions du Kremlin contraignent, en Syrie et en Ukraine, des millions de personnes à fuir de leur domicile. Dans ces deux pays, Poutine mène la même politique : empêcher un peuple de décider librement de son avenir.
Après 5 ans de soutien militaire de Poutine à Bachar al-Assad, la situation en Syrie n’a fait qu’empirer (plus de 500 000 morts, et l’armée de Bachar, soutenue notamment par Poutine, est responsable de la mort de plus de 95 % des civils tués). En un an d’intervention en Syrie, l’armée de Poutine a tué à elle seule plus de 3 200 civils et bombardé au moins 59 centres médicaux. Et toute intervention étrangère, qu’elle soit ou non avec l’appui de la France, ne permet pas d’en finir avec Daech.
En Crimée annexée, les Tatars de Crimée, la population autochtone de la péninsule, se voient privés de toutes libertés, de même que ceux qui osent défier la ligne officielle du Kremlin. Et si le gouvernement français n’a pas reconnu les « élections législatives » russes organisées en Crimée ce 18 septembre, il reste muet depuis plusieurs mois sur l’annexion de la Crimée. Dans le Donbass, l’intervention russe a déjà fait presque 10 000 morts, parmi lesquels les passagers du vol MH17 et un énième cessez-le-feu ne pourra pas être définitif tant que la frontière russo-ukrainienne reste sous contrôle russe exclusif.
Aujourd’hui on entend parler de tractations entre le gouvernement français et le gouvernement russe qui feraient intervenir des arrangements économiques (accords ou levées de sanctions) avec des arrangements politico-militaires en Syrie et en Ukraine. Ceci est inacceptable. Si le gouvernement français défendait vraiment les libertés démocratiques il faudrait qu’il commence par exiger la fin inconditionnelle de tous les massacres et des meurtres, la libération des prisonniers politiques (en Syrie -plus de 215 000, mais aussi en Russie -plus de 200), et la fin des agressions militaires.
L’armée russe en Syrie et en Ukraine joue le rôle d’armée d’occupation.
Elle doit s’en retirer.
Nous n’acceptons aucune collaboration avec les dictateurs !
Ni Poutine ! Ni Bachar !
Ils sont la cause et non pas la solution des problèmes.Rassemblement le 19 Octobre 2016 à 18h
à côté de l’Assemblée Nationale
à l’angle de la rue de l’Université et de la rue Constantine
stations Invalides (M 13, M 8 et RER C) et Assemblée Nationale (M 12)à l’initiative de militants syriens, ukrainiens, russes et français initiative soutenue par
Alternative Libertaire, Assemblée européenne des citoyens (AEC), CEDETIM, Collectif des Amis d’Alep, La Déclaration de Damas pour un changement démocratique, Ensemble ! , L’insurgé, Nasskoune, Souria Houria (Syrie Liberté), Ukraine Action, Union syndicale Solidaires… (NPA oublié sera bien là)
Principales sources des chiffres : ONU et SNHR
Souria Houria le 13 octobre 2016
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