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  • Octobre-novembre 1956 : l’intervention franco-britannique de Suez (Lutte Ouvrière)

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    Le 6 novembre 1956, les troupes françaises et britanniques débarquaient à Port-Saïd en Égypte.

    Ces deux vieilles puissances coloniales, alliées à Israël, entendaient reprendre le contrôle du canal de Suez nationalisé en juillet par le président égyptien Gamal Abdel Nasser. Mais l’opération militaire tourna au fiasco en quelques heures et le corps expéditionnaire franco-britannique dut rembarquer piteusement.

    Nasser avait pris la tête du pays à la suite du coup d’État de 1952 qui avait renversé le roi Farouk, sous le règne duquel l’Égypte était restée de fait un protectorat britannique. L’objectif du groupe dit des « officiers libres » dont il avait pris la tête était de moderniser le pays grâce à une politique plus indépendante. Les dirigeants américains avaient d’abord accueilli favorablement la chute de Farouk, avant d’être rapidement déçus en constatant que Nasser n’entrait pas dans leurs vues.

    La nationalisation du canal

    Lorsque les USA se montrèrent réticents à lui livrer des armes, Nasser s’adressa à la Tchécoslovaquie et à travers elle à l’URSS. Il refusa de faire adhérer l’Égypte au pacte de Bagdad regroupant les alliés moyen-orientaux des USA contre l’URSS. Nasser était pourtant fortement anticommuniste et réprima sauvagement les militants du PC égyptien, mais il entendait simplement ne dépendre d’aucune des deux grandes puissances. Il fut un des leaders de la conférence des non-alignés qui se déroula à Bandung en avril 1955, aux côtés de Tito, Nehru et Chou En-lai.

    Pour moderniser l’Égypte, Nasser comptait sur la construction du gigantesque barrage d’Assouan sur le Nil, mais le 19 juillet 1956, les USA annoncèrent qu’ils annulaient le prêt promis à cet effet. Ils espéraient amener Nasser à plus de compréhension et le forcer à cesser ce qu’ils qualifiaient de double jeu. Nasser répliqua par une action d’éclat qui fit de lui le héros du tiers-monde. Le 26 juillet, il annonçait la nationalisation de la compagnie du canal de Suez, déclarant dans un éclat de rire que l’encaissement des droits de passage financerait la construction du barrage d’Assouan. Les grandes puissances furent atterrées, tandis qu’au sein du peuple égyptien, et au-delà parmi tous les peuples dont les richesses étaient pillées par l’impérialisme, le geste de Nasser suscitait une immense fierté, et le sentiment d’être vengés. Nasser ne voulait pas plier, et proclamait fièrement : « Nous reprenons tous ces droits, car tous ces fonds sont les nôtres, et le canal est la propriété de l’Égypte. Il a été creusé par les Égyptiens, dont 120 000 ont trouvé la mort pendant les travaux. La Société du canal de Suez ne cache qu’une exploitation. »

    Les préparatifs de guerre

    Les dirigeants britanniques et français se déchaînèrent contre Nasser, le qualifiant de « nouvel Hitler ».

    Antony Eden, le Premier ministre britannique, se fit fort de « venger l’affront » et de faire revenir Nasser sur sa position par la force des armes. Outre le désir de laver l’insulte, l’impérialisme britannique n’entendait pas se laisser évincer d’une région traditionnellement sous sa coupe. D’autre part, la Compagnie était surtout entre les mains de capitaux britanniques, et dans une moindre mesure français.

    En France, le ton était identique. La gauche socialiste rivalisait avec la droite réactionnaire dans un concert de propos va-t-en-guerre. L’impérialisme français avait certes beaucoup moins d’intérêts que son compère anglais en Égypte, mais le gouvernement de Front républicain conduit par le socialiste Guy Mollet voyait en Nasser le principal soutien extérieur à l’insurrection algérienne menée par le FLN.

    Israël fut également associé aux préparatifs guerriers, saisissant l’occasion de montrer sa capacité à intervenir contre un État arabe ayant des velléités d’indépendance. Depuis deux ans déjà, la France équipait Israël en avions de combat et en chars d’assaut. C’est donc tout naturellement que l’idée s’imposa de faire participer Israël à l’expédition punitive.

    Le 25 septembre 1956, alors qu’une armada franco-britannique rejoignait les ports de Malte et de Chypre, le détail de l’opération fut mis au point. Les Israéliens devaient commencer par avancer vers le canal et les troupes franco-britanniques débarqueraient alors pour faire mine de s’interposer. Quant aux USA, les dirigeants français se faisaient fort de leur faire accepter l’opération, ce qui allait se révéler une erreur.

    Le fiasco de l’intervention

    Comme convenu, l’armée israélienne attaqua le 29 octobre. Elle occupa rapidement le Sinaï et s’arrêta. La Grande-Bretagne et la France adressèrent alors un ultimatum à l’Égypte et à Israël leur enjoignant d’arrêter les opérations. Israël, appliquant le plan prévu à l’avance, accepta et Nasser refusa. Les troupes britanniques et françaises purent alors débarquer sous prétexte de s’interposer, mais en fait pour occuper la zone du canal.

    Nasser cependant, bien loin d’être déconsidéré par cette première défaite, en sortit grandi. C’est à ce moment que s’affirma avec éclat l’opposition des États-Unis à toute l’opération, à laquelle ils n’avaient pas été associés. Les dirigeants français avaient présomptueusement affirmé que les USA seraient bien obligés de se ranger à leurs côtés pour que la libre circulation maritime soit garantie dans le canal. Le secrétaire d’État américain Foster Dulles avait pourtant signifié à Eden qu’il « refusait d’identifier la politique américaine à la défense des intérêts des anciennes grandes puissances coloniales ». Lorsque le débarquement devint imminent, les USA firent voter à l’ONU une résolution appelant à un cessez-le-feu immédiat et au déploiement d’une force des Nations unies ne comprenant aucun contingent français ni britannique.

    L’URSS, de son côté, menaça les belligérants d’utiliser « toutes les formes modernes d’armes de destruction s’il n’était pas mis fin à l’expédition ». Ce chantage à la guerre atomique était un bluff, mais en même temps c’était l’occasion pour les dirigeants soviétiques de s’affirmer comme les défenseurs de l’indépendance de l’Égypte… au moment même où, à Budapest, les troupes russes écrasaient dans le sang l’insurrection ouvrière.

    Devant l’attitude des États-Unis et de l’URSS, les troupes israéliennes durent se replier. Un corps expéditionnaire franco-britannique débarqua quand même à Port-Saïd et s’y heurta à la résistance de milices populaires levées à la hâte par le régime nassérien. Les troupes franco-britanniques du­rent rembarquer piteusement quelque temps plus tard, non sans avoir fait au moins un millier de morts égyptiens.

    L’opération se soldait par un triomphe pour Nasser, qui allait faire de lui pour des années le héros du panarabisme et le symbole de la lutte des pays du tiers-monde. En même temps les États-Unis signifiaient à la France et à la Grande-Bretagne qu’elles devaient en finir avec les expéditions coloniales : désormais, ce serait les USA qui s’en chargeraient, en tout cas au Moyen-Orient. Mais dans l’immédiat, ils devraient s’accommoder de la vague de revendications d’indépendance qui traversaient les pays du tiers-monde, encouragés par le succès de Nasser et pouvant tirer parti de l’opposition entre les deux blocs.

    Daniel MESCLA 02 Novembre 2016
     
  • Le 1er novembre 1954, la « Toussaint Rouge » marque le début de la Guerre d’Algérie (Jeune Afrique)

    Veille de la Toussaint 1954. Un calme relatif plane sur les départements de l’Algérie française.

    En cette nuit sombre, partout sur le territoire, des hommes très mal équipés, armés pour la majorité de simples poignards et ne disposant que de quelques armes à feu, se préparent à lancer la lutte pour l'indépendance de l'Algérie.

    Casernes militaires et de gendarmerie, bâtiments administratifs, bureaux de poste, fermes de colons, immeuble de la radio ou voies ferrées… Tous les symboles de l’occupation coloniale française sont frappés. Aux premières lueurs de ce 1er novembre, les Algériens et les autorités françaises sont réveillés par des nouvelles alarmantes : plusieurs attentats simultanés ont été commis dans la nuit, et ce en différents lieux du territoire algérien.

    Dans ces attaques nocturnes, dix personnes trouvent la mort : quatre militaires – une première en Algérie – un policier, un caïd (un Algérien servant l’administration coloniale) et quatre civils. Personne ne le sait encore, mais les opérations commando de cette nuit-là marquent le début d’une guerre longue de presque huit ans, qui pendant longtemps ne dira pas son nom dans l’Hexagone où l’on parlera avec euphémisme des « événements d’Algérie »…

    Des résultats mitigés

    Le premier de ces « événements » a donc lieu la nuit du 1er novembre 1954, dans les cinq régions définies par les meneurs de l’insurrection dans lesquelles de petits groupes se lancent à l’attaque. Les différents chefs régionaux disposent de plusieurs commandos, généralement composés d’une dizaine d’hommes. Ces indépendantistes, peu préparés à l’insurrection et mal équipés, n’ont souvent que leur courage pour se battre au nom de la liberté qu’ils veulent conquérir.

    Si très peu d’objectifs sont atteints – les dégâts sont minimes, peu d’armes sont récupérées et certaines bombes posées sont défectueuses -, la mission principale des opérations, symbolique, est largement couronnée de succès : il s’agissait d’acter le passage à la lutte armée, de choquer et de marquer les esprits au travers d’opérations spectaculaires.

    Ces multiples attentats sont revendiqués par une nouvelle organisation indépendantiste, le Front de libération nationale (FLN). Celui-ci, favorable au combat, dispose de sa propre branche militaire : l’Armée de libération nationale (ALN).

    L’apparition du FLN

    C’est à la fin de juin 1954, quelques mois seulement avant l’insurrection, qu’une réunion de 22 éléments indépendantistes a eu lieu dans le plus grand secret en Algérie. Des membres du CRUA (Comité révolutionnaire d’unité et d’action) et des anciens membres de l’Organisation spéciale (OS), branche paramilitaire du MTLD (Mouvement pour le triomphe des libertés démocratiques) de Messali Hadj, ont décidé de passer à la lutte armée. Au cours de cette réunion, ils ont créé un comité de cinq dirigeants – qui passera à six en août – puis, le 10 octobre 1954, ils ont adopté la dénomination « FLN ».

    La veille et les jours suivant l’attaque du 1er novembre, le secrétariat national du tout jeune FLN diffuse une déclaration expliquant les moyens – « principes révolutionnaires » et « continuation de la lutte par tous les moyens » – ainsi que les objectifs de son insurrection face à l’occupation française, à savoir la « restauration de l’État algérien souverain, démocratique et social dans le cadre des principes islamiques ».

    Le comité des six, appelé « groupe de l’intérieur », est en charge des opérations sur le territoire algérien. Il est composé de Krim Belkacem, Mostefa Ben Boulaïd, Larbi Ben M’Hidi, Rabah Bitat, Mohamed Boudiaf et Mourad Didouche.

    Un second groupe – appelé « de l’extérieur », car exilé au Caire – est quant à lui chargé de représenter et aider les combattants, notamment dans la diffusion et la promotion du combat du FLN à l’international. Il est composé de Hocine Aït Ahmed, Ahmed Ben Bella – futur premier président algérien – et Mohamed Khider. Tous réunis, ils forment le groupe des « neufs chefs historiques » de la Révolution algérienne. 

    Le feu aux poudres

    En tuant pour la première fois des militaires français sur le territoire algérien et en agissant en nombre et de manière simultanée, les jeunes indépendantistes ont ce soir-là, selon l’expression de Mourad Didouche, « allumé la mèche » de la libération. Elle mettra le feu aux poudres d’une guerre qui durera presque huit années, et ce malgré le déploiement de plus d’un million de soldats du contingent français.

  • Paris : Rassemblement “Alep, Syrie : Arrêtez le massacre !” (Souria Houria)

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    Appel citoyen “Alep, Syrie : Arrêtez le massacre !”

    Depuis le début de la guerre en Syrie, le régime syrien vise et bombarde de manière systématique des hommes, des femmes et des enfants, violant de manière flagrante le droit international humanitaire qui exige la protection des populations civiles en temps de guerre. Cette situation dramatique atteint son paroxysme en ce moment même à Alep, où les habitants n’ayant nulle part où se cacher sont soumis à des bombes anti-bunker, des bombes barils, des obus de mortier et des tirs d’artillerie.

    Face à ce drame humanitaire qui se déroule sous nos yeux et contre le silence et l’oubli, des citoyens ont lancé le 6 octobre dernier une mobilisation silencieuse et non-violente pour dénoncer cette situation, éveiller les consciences et demander au régime syrien et à l’ensemble des parties prenantes au conflit de respecter le droit humanitaire, comprenant l’obligation de créer des convois humanitaires.

    Pour manifester votre indignation
    et votre solidarité avec le peuple syrien,
    rejoignez-nous !

    Jeudi 3 novembre à 19h00 à Paris
    Rdv place André Tardieu
    Sortie du métro Saint-François-Xavier

    De là, nous nous déplacerons en petits groupes jusqu’à l’Ambassade de Syrie (20 rue Vaneau, 7ème arrondissement), devant laquelle nous allumerons et déposerons des bougies, en signe de soutien à la population syrienne et en mémoire de toutes celles et ceux qui ont trouvé la mort, puis nous reviendrons à la place André Tardieu.

    Tant que la population syrienne continuera d’être la cible de ces massacres odieux, nous reconduirons cette mobilisation silencieuse et non-violente tous les jeudis à la même heure, même lieu.

    Étant donné qu’il s’agit d’une mobilisation citoyenne, merci de ne pas apporter de signes d’appartenance (logos, banderoles, etc.) à une organisation particulière (parti politique, syndicat, etc.).

    Premiers signataires :

    Sylvain Cuzent, Nicolas Derobert, Muriel Menanteau, Laurent Schlumberger, Philippe Westercamp, Stéphane Lavignotte, Sergio Coronado, Elise Lowy, Pierre Larrouturou, Mathieu Gervais, Jean-Marie Gleize, Eric Fassin, Noël Mamère, Pierre Tevanian, Marina Zuccon, Marie-Christine Vergiat, Pierre Khalfa, Jean Pierre Rive, Guy Bories, Jean-Charles Tenreiro, Pia Rondé, Sophie Schlumberger, Thomas Coutrot, Nathalie Garcia, Etienne Fallot, Louisa Garcia, Valérie Rodriguez, Bernard Delprat, Jean Fontanieu, Luc Chelly, Catherine Heurteux Peyrega, Isabeau Beigbeder, Roseline Paugois, Bruno Ehrmann, Olivier Brès, Marie-Noelle Budini, Nicole Mulot-Calvino, Bernard Calvino, Didier Crouzet, Claudia Heidemann, Eric Schlumberger, Françoise Lemaire, Herbert van Tongeren, Emmanuel de Bary , Bénédicte de Bary, Guy Balestier, Christiane Le Chenadec, Stéphanie Vieuxblé, Anne-Laure Danet, Bertrand de Cazenove, Jean Frey, Robert Schlumberger, Jean-Louis Léonhardt, Jacques Daguenet, Valérie Le Du, Yves Carbonnel, Pierre Dufour, Christine Jacquet-Lagreze, Marie-Ange Weber, Gilbert Charbonnier, Robert Olivier, Francis Muller, Nadine Lambert, Bernadette Gagey, Dominique Gagey, Michel Specht, Stéphanie Lacruz, Sylvie Papasian, Bernard Brillet, Jacques Toubeau, Frédéric Trautmann

    Cet appel est ouvert à la signature de toute personne physique souhaitant soutenir cette démarche.

    Pour être signataire de l’appel, merci de contacter Nicolas Derobert sur nico_iep@yahoo.fr ou de signer directement l’appel en ligne : http://bit.ly/2dE1nmj

     Souria Houria le 1 novembre 2016

    http://souriahouria.com/

  • Mort de Mohssine Fikri : les Marocains de Paris manifestent pour la dignité et la justice (Libération)

     

    Lundi soir, devant l’ambassade du Maroc à Paris, quelques 300 manifestants se sont rassemblés pour réclamer dignité et justice après la mort du jeune pêcheur Mohssine Fikri.

    Il n’est pas encore 19h, heure à laquelle était prévu le rassemblement, qu’ils sont déjà une centaine débordant sur la chaussée devant l’ambassade du Maroc à Paris, rue Le Tasse dans le très chic 16ème arrondissement parisien. La lumière de la tour Eiffel, toute proche, scintillante, éclaire presque le rassemblement. Tous réclament “liberté, justice et dignité” en mémoire de Mohssine Fikri un poissonnier de 31 ans, dont l’identité et l’histoire sont désormais connus partout au Maroc et au delà. L’homme, originaire du Rif, au nord du pays, est mort à Al Hoceima, broyé par la benne d’un camion-poubelle. Il tentait, dans un geste de désespoir, de récupérer le stock d’espadons, un poisson interdit à la pêche pendant cette saison, que venait de lui confisquer des officiers de police. La vidéo de sa mort atroce, largement diffusée sur les réseaux sociaux, a provoqué une vague de mobilisation dans plusieurs villes du Maroc. Le roi, Mohamed VI, a ordonné l’ouverture d’une enquête approfondiepour que des poursuites soient engagées contre quiconque dont la responsabilité serait établie dans cet incident, avec une application rigoureuse de la loi à tous, pour servir d’exemple à toute personne qui aurait failli ou manqué à ses missions et responsabilités”.

    “C’est le makhzen le problème”

    Devant les grilles de l’ambassade du Maroc à Paris, les quelque 300 manifestants réunis entonnent, en marocain, des “Makhzen dehors” ou “Ecoutez les enfants du peuple“. Pour eux, la “hogra“, le mépris, ça suffit. Parmi eux, beaucoup de jeunes actifs ou étudiants venus travailler ou se former en France, comme Adnane H. , 27 ans, originaire de Fès, “une ville plutôt royaliste”. “Je suis venu ici pour que justice soit faite. Il y a un ras-le-bol. Ce n’est pas le premier cas. Au mois d’avril, une vendeuse de crêpes s’est immolée après qu’un policier lui a retiré sa marchandise. Pour ce qui s’est passé à Al Hoceima, j’espère que les résultats de l’enquête seront publics”. Quelques slogans très politiques sont scandés, certains appelant même à en finir avec la monarchie. “Il ne faut pas politiser l’affaire, rétorque Adnane. On demande juste la vérité”. Un peu plus loin, Mohammed L., 23 ans, partage ce point de vue. “C’est le makhzen le problème”. Le terme makhzen renvoie à l’administration, à l’appareil étatique marocain, à ses dysfonctionnements et à sa corruption. “Ce poissonnier a vu tout son capital, tout ce qu’il avait, partir sous ses yeux, il n’avait que ça. Il y a beaucoup d’inégalités et d’injustices au Maroc et j’ai fait l’effort de venir pour montrer qu’on est là et qu’on ne veut plus de ces inégalités. Il faut se lever pour lui. Ce qu’il faut, c’est créer des infrastructures pour ces marchands, pour qu’ils puissent vivre”. En face, sur le trottoir d’en face, 5 CRS sont présents.

    L’histoire de Mohssine Fikri n’est pas sans rappeler celle de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant tunisien, victime de la corruption et de la violence des autorités locales, mort le 4 janvier 2011 après s’être immolé. Son suicide avait été l’élément déclencheur d’une révolution qui a eu raison du régime de Ben Ali. Ce lundi soir à Paris, de nombreux Tunisiens se sont joints au rassemblement pour exprimer leur soutien. Les drapeaux tunisiens d’ailleurs sont nombreux, tout comme ceux de l’alliance de gauche tunisienne du Front populaire. Yamina Ben Ayed et Abdelwaheb Hammami en font partie. “A quelques détails près, il s’agit du même évènement qu’en Tunisie, explique Yamina Ben Ayed. Comme nous, les Marocains réclament dignité et justice sociale alors nous sommes ici par solidarité. Au delà de la vérité sur cette affaire, c’est la question du pouvoir au Maroc, de la corruption, de la fortune du roi alors que les Marocains sont très pauvres qui est fondamentale. Et puis, s’il y a un mouvement similaire au Maroc, cela nous renforce chez nous”. “Ce qui s’est passé est à l’image de ce pouvoir, un pouvoir qui se sent capable de tout faire”, poursuit Abdelwaheb Hammami.

    “Atteinte à la vie et à la dignité”

    Ouadie El Hankouri le pointe du doigt aussi ce pouvoir. Président de la section parisienne de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH), il fait partie des associations qui se sont joints à un groupe de citoyens pour appeler à ce rassemblement. La mort de Mohssine Fikri le touche personnellement : il est originaire du même village que Mohssine Fikri, Imzouren, à une quinzaine de kilomètres d’Al Hoceima. Aujourd’hui, il a même appris que le défunt était un cousin de sa belle-sœur. Pendant plus d’une heure, il a scandé ces fameux slogans repris par la foule. A la fin de la manifestation, ils sont nombreux à venir le saluer. Son discours est sans ambages. “Je n’ai pas confiance en la monarchie marocaine qui est le cœur du pouvoir autoritaire. La monarchie détient tous les pouvoirs. Nous souhaitons une modification de la constitution : plus de libertés, de démocratie, d’écoles, d’hôpitaux et une meilleure répartition des richesses”. Il tient à rappeler que le cas Mohssine Fikri n’est pas isolé. “Il rejoint tous ceux qui ont subi le même sort. On est là pour protester contre une atteinte à la vie et à la dignité”.

    Tandis que le rassemblement prend fin, les CRS se sont faits plus nombreux : une dizaine désormais et deux camions stationnés.  En France, au Maroc ou sur les réseaux sociaux, nombreux sont les Marocains à avoir exprimer leur mécontentement, leur colère, leur rage. Beaucoup parmi les manifestants croisés ce lundi soir avaient filmé le rassemblement en direct sur Facebook. Par dessus tout, ils ont dit et crié leur besoin d’être entendus pour plus de dignité et de justice mais aussi pour connaître les circonstances exactes de la mort de Mohssine Fikri, celui que désormais tous considèrent comme un martyr.

    Latifa OULKHOUIR mardi 1 novembre 2016

    http://www.bondyblog.fr/

     

  • Le sang de Khaled Bahar clame justice, mais personne en Israël ne l’entend (Al'Encontre.ch)

    Khaled Bahar

    Khaled Bahar

    Le sang de Khaled Bahar clame justice.

    On peut presque entendre cette clameur là où il est tombé [le 20 octobre sous les balles d’un soldat israélien], à l’ombre de quelques abricotiers, où il reste une tache noire de sang coagulé à côté de quelques cailloux et d’une bouteille d’eau en guise de mémorial. On entend la clameur de son sang dans la salle 1207 du lycée à Beit Ummar, entre Bethléem et Hébron – la classe du 10e degré, dont les élèves sont restés à la maison en signe de deuil. Cette grève a été décidée spontanément par les étudiants. Ils ont posé des pétales de fleur colorés sur chaque pupitre, suspendu des fleurs en plastique commémoratives sur les murs. Et, sur le pupitre du mort, ils ont mis sa dernière photographie, entourée de couronnes de fleurs. Jeudi, juste quelques heures avant qu’un soldat israélien le tue, Khaled était encore assis dans cette classe.

    Le sang de Khaled clame justice dans le silence de mort qui enveloppe la salle de classe vide comme un linceul, dans le drapeau en berne qui flotte dans la cour de récréation. Son sang clame justice à cause des circonstances qui ont entouré sa mort: un jeune de 15 ans que les soldats ont pourchassé avec une jeep parce qu’ils le suspectaient d’avoir jeté des pierres sur leur véhicule blindé, avant que trois soldats sortent de la jeep et que l’un d’entre eux l’abatte d’un coup de feu tiré dans le dos d’une distance de 20 mètres, le tuant alors qu’il fuyait désespérément pour sauver sa vie.

    Son sang clame justice face au manque total d’intérêt que sa mort a provoqué en Israël, le même désintérêt que rencontre chaque tuerie de Palestiniens. Son sang clame justice pour cet adolescent qui avait participé dans un projet de foot juif-arabe, et qui a, ensuite, été appelé un «terroriste». Il clame justice face à l’attitude automatique et indifférente du porte-parole de l’unité de l’armée israélienne qui s’est borné à évoquer des «jets de pierres», des «conclusions opérationnelles» et «l’enquête de la police militaire» dont «les conclusions détermineront les éventuelles poursuites judiciaires». Tout ce verbiage sortant tout droit de l’usine à disculpations de l’armée n’a d’autre but que de blanchir ce genre d’actions. Il ne contient pas un mot de vrai et est dépourvu de toute humanité. Même après l’enquête de l’armée et même si celle-ci conclut que les soldats ne se trouvaient aucunement en danger, il n’y a aucune chance pour qu’elle exprime des regrets.

    Le sang de Khaled clame justice parce que, après l’avoir tué, les soldats ont enlevé son corps, et qu’une semaine plus tard celui-ci n’a toujours pas encore été rendu à sa famille – d’abord «à cause des vacances» et maintenant pour des raisons peu claires. La famille n’a qu’à attendre, de toute manière personne ne s’en soucie.

    Le sang de Khaled clame justice parce qu’il est évident que personne ne sera puni pour cet assassinat, parce que le soldat qui l’a tué n’a aucune idée de qui il a tué et qu’il est peu probable que cela l’intéresse ou le trouble. Il est peu probable qu’il comprenne ce qu’il a fait et qu’il prenne conscience du fait qu’il était injuste de tuer un adolescent palestinien. D’ailleurs, personne ne se donnera la peine de le lui expliquer.

    Le sang de Khaled clame justice. Cette semaine j’ai été sur les lieux de la tuerie et sur les lieux de commémoration chez lui et à son école à Beit Ummar, et vendredi je ferai un rapport détaillé. Depuis cette visite, j’ai de la peine à garder le silence, à ne pas dénoncer cet acte ignoble et lâche, si déplorable et rageant qui consiste à abattre un adolescent en fuite en lui tirant dans le dos, sans sentiment de culpabilité et sans encourir de sanction.

    Il est difficile de garder le silence lorsque des soldats reçoivent l’ordre d’agir ainsi. Car c’est bon pour les dites forces de défense israéliennes (IDF). Après tout, ton commandant de brigade, le colonel Yisrael Shomer, a fait exactement la même chose et rien ne lui est arrivé. Il sera certainement encore promu. Il est difficile de garder le silence lorsqu’on rencontre la famille du mort, une famille pacifique, dont le père travaille en Israël; après la mort de leur aîné, lui et sa femme restent avec deux filles et un fils handicapé.

    Il est difficile de rester indifférent lorsqu’on voit comment ils ont gardé le permis du seul point d’entrée qui a été remis à Khaled au cours de sa courte vie, un permis d’une journée pour un jeu de foot dans l’équipe juive-arabe, qui fait partie d’un projet de paix dans une zone près de la frontière avec la bande de Gaza. Le sang de Khaled Bahar clame justice, mais personne en Israël n’entend ce cri d’un adolescent dont la mort est un crime – et qui n’est ni le premier ni le dernier à mourir ainsi.

    Par Gideon Levy

    (Article publié dans Haaretz, le 27 octobre 2016; traduction A l’Encontre)

    Alencontre le 1 - novembre - 2016

    http://alencontre.org

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • « Changer le système, pas le climat » (CADTM)

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    Conférence internationale

    Tous à Safi les 4 et 5 novembre 2016

    Voilà 15 ans, le Maroc accueillait la COP 7. Cette année la Conférence des parties sur le changement climatique prépare sa 22e édition, à nouveau au Maroc. Que s’est-il passé pendant ces 15 ans ? Pas grand chose.

    VENDREDI 04 NOVEMBRE 2016 

    Crise capitaliste et crise climatique

    9h30-12h : Visite de la ville

    14h-14h30 - Ouverture

    14h30-16h - Table ronde 1 : Crise climatique, crise écologique et inégalités
    Ruth Nyambura. Militante éco-féministe , Kenya, Moha Tawja. Movement on the Road ’96 Imider , Maroc, Mohssein Kalboussi. Universitaire, Tunisie

    16h30-18h - Table ronde 2 : La main mise des multinationales et de la finance sur le débat
    Nnimmo BasseyHealth of Mother Earth Fondation, Nigéria, Firoze Manji.. Daraja, Kenya,
    Salah Lemaizi. ATTAC CADTM Maroc

    19h-21h - Conférence : Combattre le changement climatique : leurs choix et les nôtres
    Modération : Bouchra Tounzi
    Annick Coupé. ATTAC , France, X de Safi, Maroc, Hamza Hamouchene. War on want ,Algérie, Kwami Kpondzo APIC editions Amis de la terre, Togo, Nnimmo Bassey. Friends of the earth. Oil Watch, Nigéria

    SAMEDI 05 NOVEMBRE 

    Réflexions et expériences de lutte

    9h-11h : Ateliers


      Extractivism
    Mohamed Benatta. Espace solidarité et coopération de l’Oriental, Morocco
    Modération : Larbi Hafidi

      Agriculture   
    Ange Baimey (GRAIN) Ghana and Mohamed Hakech (FNSA)
    Modération : Omar Aziki

      La question de l’eau
    Ismail Abdelmawlah Egypt
    Modération : Jawad Moustakbal

    Energie
    Hamza Hamouchen. War on want. Algeria/UK
    Modération : Lucile Daumas

    16h30-18h - Séance de clôture : Omar Aziki

    http://www.cadtm.org/

  • Carhaix Palestine (AFPS)

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    Notre camarades Michel Warschawski 

    Dimanche 6 novembre, en Centre Bretagne, journée de solidarité avec la lutte du peuple Palestinien
     
    13 h: Salle de la Mairie de Carhaix, réception offerte par la municipalité de Carhaix , en l’honneur de Mr Saliman Eherfi, Ambassadeur de Palestine en France et de Michel Warschawski, militant anticolonialiste israélien, Président du centre d’Information Alternative ( Jérusalem).
     
    15h: Salle des Bonnets Rouges, Kergloff (à 5 mn de Carhaix) interventions de Mr Saliman Eherfi et Michel Warschawski , suivies d’un
     
    débat avec le public:
    Palestine:
    La solution à deux états est-elle encore possible ?
     
    Groupe AFPS Centre Bretagne
    Hôtel de Ville, Place de la Mairie 29270 Carhaix
    Afps.centrebretagne@wanadoo.fr