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Immigration - Page 3

  • Communiqué de presse de l’ATMF (Ujfp)

     

    Procès de la spoliation des cheminots marocains par la SCNF, fin ?
     

    Communiqué de presse de l’ATMF : Procès de la spoliation des cheminots marocains par la SCNF, fin ?

    Lundi matin, 21 septembre 2015, le Conseil des Prud’hommes de Paris rendra une décision singulièrement forte.

    Il s’agit du plus massif et du plus long procès contre les discriminations en France.

    850 travailleurs du rail de la SNCF sur 2000 ont déposé plainte en 2005 contre la spoliation de leurs droits, en raison de leurs statut de recrutement inférieur par rapport à leurs collègues français, sur fond de nationalité étrangère (tous marocains et un belge).

    Les discriminations principales portent sur :

    • la rémunération
    • le déroulement de carrière
    • le montant des retraites
    • les discriminations liées à l’âge.

    La pratique de ces discriminations s’étale sur une durée de 38 ans.

    19 audiences, moult renvois, 4 jours non stop de débats en mars 2015, 14 audiences, 10 années d’instruction depuis juin 2005.

    Combien sont morts ou le seront bientôt ? Comment ne pas faire le parallèle avec le traitement réservé aux anciens combattants étrangers par la France ?

    Que font les états marocain et français signataires de la convention qui « régit et garantit l’égalité des droits et de traitement avec les nationaux » ?

    Où sont les organisations syndicales ouvrières, les forces de gauche ?

    Quid de la magistrate professionnelle écartée par sa hiérarchie en raison de son origine marocaine ?

    ATMF
    A Paris le 18 septembre 2015

    mercredi 23 septembre 2015 par ATMF (Association des Travailleurs Maghrébins de France)
     
  • La prochaine vague de réfugiés viendra du Yémen (CI)

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/media/02/02/2790114359.jpeg

    La guerre entre les armées du Golfe et leurs alliés locaux contre la rébellion houthiste frappe un des pays les plus pauvres de la planète.

    Désormais, c’est la famine qui guette, poussant des dizaines de milliers de personnes à quitter le pays par la mer.

    “La prochaine crise de réfugiés, ce sera le Yémen”, prédit le spécialiste du Moyen-Orient Juan Cole dans le magazine américain The Nation. Il rappelle que “depuis le début de l’intervention militaire [saoudienne, en mars 2015], le nombre de personnes déplacées à l’intérieur du pays est en forte hausse, avec 1,5 million de personnes”.

    De même, “quelque six millions de personnes ne sont plus très loin de connaître la famine”. Car la coalition arabe dirigée par les Saoudiens a imposé un blocus aérien, maritime et terrestre, arguant qu’il fallait empêcher d’éventuelles livraisons d’armes iraniennes à la rébellion houthistes. Or avant la guerre, le Yémen dépendait à quatre-vingt-dix pour cent des importations pour couvrir ses besoins alimentaires.

    Aussi, selon The Nation, “plus de 125 000 personnes ont déjà quitté le pays, et des milliers d’autres suivent chaque semaine, embarquant sur des cargos vers Djibouti et la Somalie, pour ensuite essayer de rejoindre l’Egypte, [puis l’Europe]. Et, si la coalition arabe dirigée par l’Arabie Saoudite devait réussir à conquérir [la capitale du Yémen] Sanaa, comme elle s’y est engagée, les zaïdites [base sociale des houthistes, nombreux dans la ville] se mettraient eux aussi à fuir par milliers.”

    L’Arabie Saoudite abandonne le Yémen au chaos

    http://www.courrierinternational.com/-la-prochaine-vague-de-refugies-viendra-du-yemen

  • Tunisie (Anti-k)

    Déclaration sur la tragédie des migrations en méditerranée

    DECLARATION SUR LA TRAGEDIE DES MIGRATIONS EN MEDITERRANEE : Drame et violations des droits humains
     
    Nous, les organisations signataires de cette déclaration :
    1. Prenons connaissance des derniers développements relatifs au drame des migrations en Méditerranée, véritable désastre humanitaire avec 000 personnes migrantes qui ont traversé la Méditerranée depuis janvier 2015 et au moins 2 600 morts recensés.
    2. Considérons les violations des droits des personnes migrantes et réfugiées comme un affront à la dignité humaine et aux conventions
    3. Exprimons notre vive préoccupation face au silence des pays arabes et des organisations arabes au sujet du drame des personnes migrantes et refugiées originaires notamment d’Irak, de Syrie, de Lybie et prenons note de la déclaration de l’Union Africaine- Juin 2015
    4. Soulignons l’échec de la communauté internationale à mettre fin aux crises en Irak, Syrie et Lybie et à mettre en œuvre des stratégies de développement durable dans les pays du Sud de la Méditerranée et les pays africains, en vue de faciliter une réelle répartition des richesses, le respect des droits civils, politiques, économiques.
    5. Condamnons vigoureusement les restrictions au droit de quitter tout pays y compris le sien, qui a une force juridique contraignante et est consacré dans le Pacte international des droits économiques sociaux et culturels, les conventions de l’OIT sur les droits des migrants (97 et 143) et la Convention des Nations Unies relative au statut des réfugiés.
    6. Réitérons avec force notre condamnation des violations flagrantes des droits humains constatées par les organisations internationales et les organisations de la société civiles qui ont conduit à la mort d’au moins 20,000 hommes, femmes et enfants depuis 15 ans, et sont le résultat de politiques de gestion des frontières agressive et discriminatoires, ainsi que de l’absence de véritables politiques d’
    7. Exhortons les Etats partenaires de l’Union européenne à refuser de nourrir cette logique d’exclusion meurtrière, en particulier dans le cadre de sa coopération en matière de mobilité, mais aussi lors du sommet Euro-Africain prévu les 11 et 12 novembre 2015 à Malte
    8. Exprimons notre pleine solidarité avec les personnes migrantes et réfugiées qui subissent des traitements inhumains et des violences racistes sur les deux rives de la Méditerranée et les frontières de l’Europe de l’Est et les Balkans; Rappelons que l’Union européenne se montre complice de ces maltraitances, sur son territoire, en mer, mais aussi à l’extérieur de l’Europe, aux antipodes avec ses Appelons à ce que les droits fondamentaux et la dignité de ces personnes soit respectés en tous lieux.
    9. Dénonçons le triplement des moyens de l’agence Frontex, et l’absence de financements suffisants alloués au sauvetage en mer ainsi qu’à l’accueil (budget annuel de Frontex en 2015 : plus de 115M EUR ; budget annuel du bureau européen sur l’asile : 15M EUR)
    10. Notons les initiatives envisagées par les pays de l’Union Européenne :
    • Pour adopter une politique européenne unifiée de droit d’asile qui doit être basée sur les normes internationales
    • Pour la suspension immédiate du règlement de Dublin II ;
    • Pour élargir les consultations au sujet de cette politique aux pays africains dans le cadre du sommet Afrique – Union Européenne qui se tiendra à Malte en novembre prochain et aux pays arabes concernés.
    • Pour créer des centres de sélection et d’accueil des personnes réfugiées et
    A ce sujet, nous exprimons nos vives inquiétudes quant à la fonction de ces centres qui pourraient devenir des centres de détention et de tri des personnes. Nous nous y opposons.
    Nous exigeons que ces espaces soient des centres d’accueil, et que les acteurs de la société civile puissent y avoir accès, de même que les organisations internationales compétentes. Nous exigeons que les personnes accueillies dans ces centres soient libre de circuler en dehors, et que l’examen de leur situation individuelle de façon juste et équitable par les autorités impartiales et indépendantes y soit garanti. Nous demandons enfin que des moyens conséquents soient alloués pour assurer un accueil digne et des procédures respectueuses des garanties procédurales.
    • Pour que les violations des droits des personnes soient sanctionnées, que les victimes puissent porter plainte et obtenir réparation, qu’il s’agisse de violences perpétrées par des gardes-frontières, des policiers, des trafiquants, ou des
    • Pour faire la vérité sur les personnes disparues en mer en poursuivant les criminels
    • Pour développer des couloirs légaux et sécurisés de passage et de sauvetage en mer des personnes migrantes et réfugiées.

    Nous exigeons la mise en place d’un mécanisme de suivi des actions et d’évaluations précitées en concertation avec la société civile.

    1. Nous opposons à toutes les initiatives et mesures sécuritaires de refoulement, d’externalisation des frontières et d’encouragement au retour des personnes réfugiées et
    2. Réitérons nos propositions pour éviter l’improvisation et adopter une approche concertée, globale et cohérente visant à trouver une réponse internationale et humaine à la crise des personnes migrantes et réfugiées qui risque de se prolonger et de s’
    3. Lançons un appel à la tenue d’une conférence mondiale sur la question de la crise humanitaire et existentielle des personnes migrantes et réfugiées avec la participation des acteurs de la société
    4. Appelons à la vigilance et à la mobilisation continue de toutes les forces vives de la société civile pour protéger les droits des personnes réfugiées et des migrantes
    Signataires :
     
    Comité pour le Respect des Libertés et des Droits de l’homme en Tunisie CRLDHT
    Union générale tunisienne du travail UGTT
    Forum Tunisien pour les Droits Economiques et Sociaux FTDES
    Fédération des Tunisiens pour une citoyenneté des deux rives FTCR
    Réseau euro-méditerranéen des droits de l’Homme – REMDH
    Confédération générale italienne du travail CGIL
     
    CHERBIB Mouhieddine
  • La crise des réfugiés syriens en quelques chiffres (Amnesty)

    Faits et chiffres

    Les réfugiés dans la région

    Plus de 4 millions de réfugiés venant de Syrie (95 %) se trouvent dans seulement cinq pays, à savoir la Turquie, le Liban, la Jordanie, l'Irak et l'Égypte :

    • le Liban accueille près de 1,2 million de réfugiés venant de Syrie, ce qui représente environ une personne sur cinq dans le pays ;
    • la Jordanie accueille près de 650 000 réfugiés venant de Syrie, chiffre qui représente environ 10 % de la population ;
    • la Turquie accueille 1,9 million de réfugiés venant de Syrie, soit plus que tout autre pays au monde ;
    • l'Irak, où 3 millions de personnes ont été déplacées à l'intérieur du pays au cours des 18 derniers mois, accueille 249 463 réfugiés venant de Syrie ;
    • l'Égypte accueille 132 375 réfugiés venant de Syrie.

    Seuls 40 % du montant de l'appel de fonds lancé par l'ONU pour répondre aux besoins humanitaires des réfugiés syriens ont été obtenus.

    Le manque de fonds signifie que les réfugiés syriens les plus vulnérables au Liban ne reçoivent que 13,50 dollars par mois soit moins d'un demi-dollar par jour pour l'aide alimentaire.

    Plus de 80 % des réfugiés syriens en Jordanie vivent en dessous du seuil de pauvreté local.

    Le conflit en Syrie

    Près de 220 000 personnes ont été tuées et 12,8 millions de personnes ont besoin d'urgence d'une aide humanitaire en Syrie.

    Plus de 50 % de la population syrienne est actuellement déplacée.

    Réinstallation à l'étranger

    Au total, 104 410 places d'accueil ont été offertes au niveau mondial depuis le début de la crise en Syrie, ce qui ne représente que 2,6 % de la population totale des réfugiés syriens au Liban, en Jordanie, en Irak, en Égypte et en Turquie.

    Selon le Haut-Commissariat des Nations unies pour les réfugiés (HCR),400 000 personnes dans les cinq principaux pays hôtes – soit 10 % – ont besoin d'être réinstallées.

    Amnesty International demande instamment qu'au moins 10 % des réfugiés les plus vulnérables venant de Syrie soientréinstallés depuis les principaux pays hôtes d'ici la fin de 2016 (cela représente 400 000 personnes).

    Repères :

    • Les pays du Golfe, dont le Qatar, les Émirats arabes unis, l'Arabie saoudite, le Koweït et Bahreïn, ont offert zéro place d'accueil pour les réfugiés syriens.
    • D'autres pays à hauts revenus tels que la Russie, le Japon, Singapour et la Corée du Sud ont aussi offert zéro place d'accueil. 
    • L'Allemagne s'est engagée à offrir 35 000 places pour les réfugiés syriens par le biais de son programme d’admission humanitaire et de parrainages individuels, ce qui représente 75 % du total pour l'Union européenne (UE). 
    • L'Allemagne et la Suède ont à elles deux reçu 47 % des demandes d'asile de Syriens en UE entre avril 2011 et juillet 2015. 
    • Outre l'Allemagne et la Suède, les 26 autres pays de l'UE se sont engagés à offrir 8 700 places d'accueil, chiffre qui représente environ 0,2 % des réfugiés syriens se trouvant dans les principaux pays hôtes. 4 septembre 2015, 19:28

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2015/09/syrias-refugee-crisis-in-numbers/

     

  • Algérie. Les enfants migrants clandestins malgré eux (CI)

    http://www.atlasinfo.fr/photo/art/default/7213324-11071701.jpg?v=1417045282

    De plus en plus de mineurs prennent la route de la migration seuls ou avec leur famille et vivent dans la précarité, privés de leurs droits les plus élémentaires. Le reportage du quotidien algérien El-Watan.

     

    Immobile sur le seuil de la porte de chez lui, Nacer, 5 ans, tend l’oreille. “Mes amis sont dehors, je vais jouer !” s’exclame-t-il à l’adresse de sa mère, Thérèse, assise à l’intérieur. Indécis, le garçon aux grands yeux bruns et au sourire désarmant de malice ne bouge pas, scrutant les alentours de sa “maison”, le squat de Bouchbouk, à Dély Ibrahim [banlieue ouest d'Alger]. Thérèse, dont le garçon a hérité le sourire, ne le quitte pas du regard, tout en rangeant son intérieur. Une table basse, quelques chaises, une télévision et un réfrigérateur.

    L’on devine la présence d’une salle d’eau de l’autre côté. La pièce, dont les panneaux de séparation sont peints en bleu électrique, est certes exiguë, mais propre. L’enfant y déboule comme une tornade et en ressort aussitôt en courant. “Ne cours pas dans les escaliers Nacer, fais attention !” crie, affolée, sa mère. Et à raison. Les marches, nues, sont en colimaçon et donnent directement sur le vide. “Il y a souvent des accidents, des chutes. Mon fils est d’ailleurs tombé plusieurs fois, mais heureusement ça n’a jamais été trop grave”, relate-t-elle. Des rires d’enfants qui jouent se font entendre. Le quartier résidentiel, où les villas imposantes côtoient les chantiers, est calme.

    Dans ce squat, une carcasse de villa inachevée, ils sont ainsi, entre allées et venues, quelque 400 à s’entasser et à se croiser dans les petits espaces des trois étages. Parmi eux, des dizaines d’enfants grandissent sans se départir de leur insouciance. A l’échelle nationale, ils sont des milliers de mineurs, victimes impuissantes de la folie et de la haine des “grands”, ou involontairement otages des aspirations de leurs parents à une “vie meilleure”. Noyés dans la masse que l’on nomme “les migrants”, il n’est pas aisé de savoir combien vivent dans la clandestinité sur le sol algérien, privés de leurs droits les plus élémentaires.

    Dans les locaux du service social intercontinental Rencontre et développement, l’on reçoit une moyenne de 15 à 20 migrants par jour. En 2013 par exemple, ce réseau a dû prendre en charge quelque 870 migrants subsahariens, issus de 25 nationalités différentes. Parmi eux, plus de 200 étaient mineurs à leur arrivée en Algérie, dont une quarantaine, en général des demandeurs d’asile, étaient des enfants seuls. Contrairement aux réfugiés, le statut de ces enfants ne leur ouvre le droit à aucune aide ou prise en charge formelle. Pourtant, dès leur plus jeune âge, ils sont confrontés à toutes sortes de violences.

    Le cycle des injustices ne fait que commencer

    La première étant la migration et la traversée en elle-même. “L’on sous-estime les épreuves que ces personnes, et a fortiori les plus jeunes, ont dû traverser avant d’arriver ici”, rappelle Imène, de Médecins du monde. Les récits font d’ailleurs froid dans le dos. Lorsqu’ils arrivent, enfin, à Alger, c’est dans un état de fatigue et de désespoir extrême, et au prix de mille traumatismes et profonds stigmates.

    “De nombreux cas d’abus ont été signalés, même s’ils sont souvent tus. Il n’est pas rare que l’un d’eux ne préfère pas raconter dans le détail ce qui lui est arrivé”, affirme Hamid, de Rencontre et développement. “Il y a par exemple ce cas d’une migrante et de ses quatre enfants. Un gendarme lui a demandé 10 000 DA pour passer, sans quoi elle devait lui laisser son aînée, une fille de 13 ans”, s’indigne-t-il, écœuré. “Il a fallu l’intervention d’un autre Algérien, dégoûté, qui lui a donné la somme demandée”, poursuit-il.

    Mais il y a plus grave. “Même si elle ne le raconte pas, l’on sait qu’une fillette qui avait à peine 11 ans à l’époque a été enlevée, puis forcée à la prostitution, puis vendue et rachetée, avant d’être ‘libérée’ par l’une de ses compatriotes”, confie un travailleur dans l’humanitaire. Et le cycle des injustices ne fait que commencer pour ces enfants, et ce même lorsqu’ils naissent sur le sol algérien.


    “Ici, c’est le restaurant ! Bienvenue en Côte d’Ivoire !” lance-t-on à la cantonade. En fait de restaurant, il s’agit d’une petite pièce aux murs à la peinture défraîchie. L’odeur de nourriture et d’épices sature l’air confiné. L’espace, pourtant très réduit, sert de chambre à coucher, de salle de séjour et de cuisine-restaurant, comme en attestent les réchauds et les grosses marmites autour desquels s’affaire une dame en tablier.

    Des piles d’affaires s’entassent ça et là, tandis que plusieurs matelas et paillasses sont empilés tout autour de la pièce sombre. Assis en face d’une télévision, des enfants semblent hypnotisés par les aventures de l’universelle Dora l’exploratrice. Ils répètent à l’unisson ce que leur héroïne martèle. “Chut ! Doucement, vous allez le réveiller !” ordonne Dominique, en désignant la petite tête brune qui dépasse d’une couverture. “J’ai quatre enfants. L’aîné a 12 ans tandis que le dernier, celui qui dort là, a 1 an”, dit l’Ivoirienne, qui vit en Algérie depuis plus de deux ans.

    En dépit des conditions de vie précaires qui sont les leurs, les femmes sont nombreuses à fonder une famille, malgré tout. “En 2014, pour les seules villes d’Alger et d’Oran, nos équipes ont enregistré 114 naissances dans les communautés migrantes”, avance Imène, de Médecins du monde. “Cela peut paraître incompréhensible au vu de leur situation. Mais c’est justement leur précarité qui rend précieuse une naissance. De même, les femmes considèrent qu’enfanter est une protection”, explique-t-elle. “Elles vivent dans des milieux de violence, et que cela soit dans leur communauté, dans la rue face aux passants, ou encore vis-à-vis des forces de l’ordre, elles sont rassurées d’avoir des enfants”, tente-t-elle d’analyser. Même si cette idée reçue est constamment contredite, certaines pensent qu’un enfant né sur le sol algérien pourra leur faciliter, un tant soit peu, une régularisation de leur situation. Si les familles s’agrandissent, la gestion de ces grossesses et de ces naissances n’est pas une sinécure.

    Accès aux hôpitaux ou centres de soins interdit

    Médecins du monde aspire ainsi, à travers un programme dédié à cet effet, à permettre à ces femmes de porter leurs enfants et de les mettre au monde dans les meilleures conditions possibles. N’était la sensibilisation, et parfois même le forcing des bénévoles de l’ONG, rares seraient les structures hospitalières à les accueillir. “Il y a encore quelque temps, il arrivait souvent que l’accès aux hôpitaux ou centres de soins leur soit interdit. Il est même arrivé que le personnel soignant, craignant d’avoir des problèmes avec les autorités, appelle les services de sécurité”, rappelle Imène, qui se réjouit que soient dispensés les suivis de grossesse, carnets de vaccination et autres soins pré- et postnatals.

    L’autre casse-tête que provoquent ces naissances est la reconnaissance des enfants et leur identification. “Avant, elles ne recevaient qu’une attestation d’accouchement. Les enfants n’avaient donc aucun document établissant leur identité. Aujourd’hui, et après moult explications et orientations, un extrait de naissance leur est délivré à la mairie”, explique-t-elle. Seulement, cela n’épargne pas à certains petits des imbroglios, comme ceux dont les parents sont entrés en Algérie sous une fausse identité. “De même, les couples ne sont généralement pas mariés et n’ont, de ce fait, pas de livret de famille. Ils sont donc affiliés à la maman et non au papa”, ajoute-t-elle.

    Au-delà des conditions de vie et de l’insécurité du présent, l’avenir est le spectre commun. La plus grande inquiétude des parents est la scolarisation de leurs bambins. “Non, je ne vais plus à l’école. Avant de venir ici, j’étais en 2e année. Et ça me manque. Mes copines aussi me manquent.” Cynthia, au milieu de l’agitation des adultes du squat de Bouchbouk, est silencieuse. Assise devant des dessins animés, elle est indifférente au brouhaha alentour.

    Malgré sa jolie robe, la fillette ne sortira pas de la journée. “Je ne fais rien de particulier de mes journées. Je regarde la télévision, je joue parfois”, dit-elle doucement, en ajoutant qu’elle s’ennuie souvent. Les enfants de ce squat ne vont pas à l’école ou à la maternelle. Pourtant, le ministère de la Solidarité nationale avait annoncé, il y a quelques mois, que tous les mineurs sur le sol algérien devaient être scolarisés. “Après avoir pris connaissance de cette sortie médiatique, j’ai entamé les démarches, et ce en demandant une autorisation spéciale auprès du ministère de l’Education nationale”, indique Mireille, mère de deux fillettes, dont l’aînée a 6 ans.

    “On m’a dit que c’était trop tard, et que je devais réessayer avant la rentrée prochaine”, poursuit-elle. Toutefois, l’un des écueils de taille que rencontrent les enfants subsahariens dans ce volet est le problème de la langue. “Ils sont majoritairement francophones, voire anglophones ou lusophones. Faire des études en arabe leur semble inconcevable ou trop difficile”, estime Imène, de Médecins du monde. Reste alors l’établissement de Descartes ou encore les écoles privées, hors de prix. “Rien que pour la scolarisation de 10 enfants, dont 4 en crèche, et en comptant les formations professionnelles, nous avons déboursé 3 millions de dinars [27 000 euros]”, expliquent Sihem et Hamid, du service social intercontinental Rencontre et développement.

    Ce qui est peu au vu du nombre d’enfants en âge d’aller à l’école. “Le nombre d’inscrits dépend des budgets dont nous disposons. En 2013 par exemple, ils étaient 54 migrants à bénéficier de cette prise en charge, dont 23 enfants scolarisés”, ajoutent-ils. Ce qui n’est, malgré tous les efforts de la société civile, qu’une goutte d’eau dans le désert. Alors, quel avenir pour ces enfants ? “Il est clair que nos conditions de vie sont difficiles. Mais il faut aussi comprendre que si nous arrivons à faire avec, c’est tout simplement parce que ‘chez nous’ c’était pire...”, souffle, le regard vague, Fabrice, père de deux enfants. “Nous faisons de notre mieux pour leur prodiguer amour et protection. Mais je n’ai pas de réponse à cette question. La solution est entre les mains des décideurs et des autorités”, conclut-il, amer. En attendant, le petit Nacer, la petite Cynthia et tant d’autres tentent de vivre leur enfance, privés de tout. Et une question prend à la gorge. Lancinante, têtue : et si ces enfants avaient été algériens sur un sol étranger ?

    Auteur Ghania Lassal Publié le 08/06/2015 - 07:47

    http://www.courrierinternational.com/article/algerie-les-enfants-migrants-clandestins-malgre-eux

  • Libye, les violations des droits humains systématiques (amnesty)

    Poussent les migrants à risquer leur vie en traversant la Méditerranée

    À travers la Libye, les réfugiés et les migrants sont victimes de viols, de torture et d’enlèvements aux mains des trafiquants d’êtres humains et des passeurs, d’exploitation systématique de la part de leurs employeurs, de persécutions religieuses et d’autres violations des droits humains imputables aux groupes armés et aux bandes criminelles, écrit Amnesty International dans son nouveau rapport publié lundi 11 mai 2015. Ce document, intitulé ‘Libya is full of cruelty’: Stories of abduction, sexual violence and abuse from migrants and refugees, dénonce la détresse et le calvaire des réfugiés et des migrants en Libye, qui incitent beaucoup d’entre eux à risquer leur vie dans des traversées périlleuses, tentatives désespérées de se mettre en sécurité en Europe.

    « Les conditions épouvantables infligées aux migrants, alliées à l’anarchie croissante et aux conflits armés qui déchirent le pays, montrent à quel point il est dangereux de vivre en Libye aujourd’hui. Sans aucun recours juridique pour partir en quête de sécurité, ils sont contraints de remettre leurs vies entre les mains de passeurs ou de trafiquants qui leur extorquent de l’argent, les agressent et leur infligent des violences, a déclaré Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    « La communauté internationale a regardé la Libye s’enfoncer dans le chaos depuis la fin de l’intervention militaire menée par l’OTAN en 2011, ce qui a permis aux milices et aux groupes armés d’échapper à tout contrôle. Les dirigeants du monde doivent assumer leurs responsabilités et les conséquences, notamment le flux de réfugiés et de migrants fuyant le conflit et les atteintes aux droits humains endémiques en Libye. Les demandeurs d’asile et les migrants comptent parmi les personnes les plus vulnérables et le monde ne saurait fermer les yeux sur leurs souffrances. »

    Les conditions épouvantables infligées aux migrants, alliées à l’anarchie croissante et aux conflits armés qui déchirent le pays, montrent à quel point il est dangereux de vivre en Libye aujourd’hui. Sans aucun recours juridique pour partir en quête de sécurité, ils sont contraints de remettre leurs vies entre les mains de passeurs ou de trafiquants qui leur extorquent de l’argent, les agressent et leur infligent des violences. Philip Luther, directeur du programme Afrique du Nord et Moyen-Orient d’Amnesty International.

    Depuis des années, la Libye est un pays de transit et de destination pour les réfugiés et les migrants fuyant la pauvreté, les conflits et les persécutions en Afrique subsaharienne et au Moyen-Orient. Beaucoup viennent en Libye dans l’espoir d’atteindre l’Europe. Mais l’anarchie grandissante et la menace que représentent les groupes armés ont fait exploser les risques, poussant même des communautés de migrants installés et travaillant en Libye depuis des années à fuir vers l’Europe par voie de mer. Les atteintes aux droits humains commises dans les centres de détention pour migrants, où des milliers de migrants et de réfugiés, dont des enfants, sont détenus pour une durée indéterminée dans des conditions déplorables, expliquent aussi pourquoi ils sont si nombreux à tenter de partir.

    Les itinéraires viables par voie de terre à destination de l’Europe se font rares, et les réfugiés syriens passent eux aussi par la Libye pour tenter la dangereuse traversée vers les côtes européennes. Lors d’un sommet extraordinaire organisé à Bruxelles au mois d’avril, le Conseil européen a annoncé qu’il allait augmenter les ressources allouées aux opérations de recherche et de secours en mer Méditerranée. « Nous saluons l’engagement souscrit par les dirigeants de l’Union européenne (UE) de dédier des ressources supplémentaires aux opérations de recherche et de sauvetage. Toutefois, des migrants continueront de se noyer en Méditerranée si les navires de sauvetage ne sont pas mis à disposition rapidement et déployés là où le besoin est le plus criant – dans les zones d’où sont lancés le plus grand nombre de SOS – et  ce tant qu’un grand nombre de réfugiés et de migrants partiront de Libye », a déclaré Philip Luther.

    Le Conseil européen a également annoncé son intention d’intensifier son programme visant à  identifier, capturer et détruire les bateaux avant que les passeurs ne s’en servent. Ces mesures seront sans doute débattues lors de la rencontre, lundi 11 mai, entre la ministre des Affaires étrangères de l’UE Federica Mogherini et le Conseil de sécurité de l’ONU. Si elles sont mises en œuvre, elles pourraient en fait prendre au piège des milliers de migrants et de réfugiés dans une zone de conflit. Mener des actions contre les passeurs, sans offrir d’itinéraire sûr de remplacement aux migrants et réfugiés qui veulent désespérément fuir le conflit en Libye ne résoudra pas le problème. Philip Luther

    « Mener des actions contre les passeurs, sans offrir d’itinéraire sûr de remplacement aux migrants et réfugiés  qui veulent désespérément fuir le conflit en Libye ne résoudra pas le problème », a déclaré Philip Luther.

    Par ailleurs, l’Égypte et la Tunisie ont durci les contrôles aux frontières, craignant un débordement du conflit libyen. Les migrants et les réfugiés, dont les passeports sont souvent volés ou confisqués par les passeurs, les bandes criminelles ou leurs employeurs libyens, n’ont d’autre possibilité pour sortir du pays que d’embarquer pour une traversée périlleuse vers l’Europe. « Le monde doit assumer l’obligation qui lui incombe d’accorder refuge à toute personne  fuyant de telles atteintes aux droits humains. Les pays voisins, notamment la Tunisie et l’Égypte, doivent maintenir leurs frontières ouvertes, afin que les personnes fuyant les violences et les persécutions en Libye puissent y trouver refuge », a déclaré Philip Luther.

    Amnesty International demande aux pays riches d’augmenter le nombre de places d’accueil pour les réfugiés vulnérables et à la communauté internationale de prendre des mesures efficaces afin de mettre un terme aux graves violations du droit international humanitaire et relatif aux droits humains commises par tous les belligérants en Libye.

    Les persécutions religieuses

    En Libye, les migrants et les réfugiés chrétiens sont particulièrement exposés aux violences des groupes armés qui cherchent à imposer leur propre interprétation de la loi islamique. Venus du Nigeria, d’Érythrée, d’Éthiopie ou d’Égypte, ils sont enlevés, torturés, tués illégalement et harcelés en raison de leur religion. Récemment, au moins 49 chrétiens, Égyptiens et Éthiopiens pour la plupart, ont été décapités et abattus lors de trois massacres revendiqués par le groupe qui se fait appeler État islamique (EI).

    Par ailleurs, des bandes criminelles et des trafiquants d’êtres humains enlèvent, torturent, dépouillent et agressent les migrants et les réfugiés aux frontières sud de la Libye et le long des itinéraires de passage vers les côtes libyennes. Charles, un Nigérian de 30 ans, a raconté à Amnesty International qu’il avait décidé de tenter la traversée vers l’Europe le mois dernier, après avoir été enlevé et agressé plusieurs fois par des membres d’une bande criminelle, dans la ville côtière de Zuwara. Il s’y était rendu pour échapper aux bombardements aveugles et aux combats à Tripoli.

    « Ils venaient nous voler notre argent, et nous fouettaient. Je ne peux pas porter plainte auprès de la police en expliquant que je suis chrétien, parce qu’ils ne nous aiment pas… En octobre 2014, quatre hommes m’ont kidnappé, parce qu’ils ont vu que je portais une Bible », a-t-il expliqué. Ils ont pris son argent, son téléphone, et l’ont retenu pendant deux jours ; ils l’ont torturé et battu jusqu’à ce qu’il parvienne finalement à s’échapper, une nuit, par la fenêtre.

    « Ces récits glaçants sur les périls qui poussent les migrants et les réfugiés à fuir la Libye mettent en lumière la nécessité incontournable de sauver des vies en Méditerranée. Les dirigeants européens doivent garantir que ceux qui fuient ces violences ne seront jamais renvoyés en Libye », a déclaré Philip Luther. Ces récits glaçants sur les périls qui poussent les migrants et les réfugiés à fuir la Libye mettent en lumière la nécessité incontournable de sauver des vies en Méditerranée. Les dirigeants européens doivent garantir que ceux qui fuient ces violences ne seront jamais renvoyés en Libye. Philip Luther

    Les violations des droits humains le long des itinéraires des passeurs : enlèvements, vols et violences sexuelles

    Les réfugiés et les migrants subissent des violations des droits humains à toutes les étapes des itinéraires sur lesquels les conduisent les passeurs, menant d’Afrique de l’Ouest et de l’Est jusqu’aux côtes libyennes. Ceux qui sont originaires d’Afrique subsaharienne, notamment les mineurs non accompagnés, sont enlevés contre rançon le long des itinéraires à destination des côtes libyennes. Au cours de leur captivité, ils sont torturés et subissent des mauvais traitements pour les obliger, eux et leurs familles, à payer la rançon. Ceux qui ne peuvent pas payer sont exploités et bien souvent détenus comme esclaves – ils travaillent sans être payés, sont agressés physiquement et dépouillés.

    Parfois, les passeurs remettent les migrants et réfugiés à des groupes criminels lorsqu’ils franchissent la frontière, dans les zones désertiques ou dans les grandes villes de transit le long des itinéraires de migration, comme Sabha, dans le sud-ouest de la Libye, ou la ville côtière d’Ajdabiya, dans l’est. Des migrants et réfugiés interrogés par Amnesty International ont déclaré que les passeurs les considéraient « comme des esclaves » et les traitaient « comme des animaux ». L’un d’entre eux a raconté qu’ils étaient gardés dans une pièce surpeuplée et sale, sans toilette, sans couvertures ni matelas, et nourris uniquement de morceaux de pain sec.

    « En fait, ils gèrent un business. Ils vous retiennent, pour que vous leur versiez de l’argent… Si vous ne répondez pas à leurs questions, ils vous frappent à coups de tuyaux en plastique », a raconté un homme. Les femmes, particulièrement si elles font le voyage seules ou sans hommes, sont exposées au risque de subir des viols et des violences sexuelles, aux mains des passeurs et des bandes criminelles. Les femmes kidnappées, si elles ne peuvent pas payer la rançon, sont parfois contraintes d’avoir des rapports sexuels en échange de leur libération ou de la possibilité de poursuivre leur périple.

    « Je sais que [le passeur] s’est servi de trois femmes érythréennes. Il les a violées et elles pleuraient. C’est arrivé au moins deux fois », a raconté un témoin à Amnesty International. Une autre femme originaire du Nigeria a raconté qu’elle avait été violée par 11 hommes, membres d’une bande armée, dès son arrivée à Sabha.

    « Ils nous ont emmenés quelque part en dehors de la ville, dans le désert, ils ont attaché les mains et les pieds de mon époux à un poteau, et m’ont tous violée sous ses yeux. Ils étaient 11 hommes au total », a-t-elle raconté. Ils nous ont emmenés quelque part en dehors de la ville, dans le désert, ils ont attaché les mains et les pieds de mon époux à un poteau, et m’ont tous violée sous ses yeux. Ils étaient 11 hommes au total.

    Les violations des droits humains commises par les passeurs avant le départ des bateaux

    Certains migrants et réfugiés ont raconté avoir subi des mauvais traitements aux mains des passeurs durant la période, pouvant aller jusqu’à trois mois, pendant laquelle ils étaient retenus dans des maisons en cours de construction, en attendant qu’un nombre suffisant de passagers soit réuni. Les passeurs gardaient la nourriture et l’eau, les frappaient à coups de bâtons ou leur volaient leurs biens. D’autres réfugiées syriennes ont raconté qu’elles avaient été transportées dans des camions réfrigérés très mal aérés. « Deux enfants ont commencé à étouffer et ont cessé de respirer. Leurs parents leur ont donné des gifles sur le visage, pour les réveiller. Nous donnions des coups sur les parois pour avertir le chauffeur, mais il ne s’est pas arrêté », ont-ils raconté. Les enfants ont ensuite été réanimés.

    Les violations des droits humains commises dans les centres de détention pour migrants en Libye

    Les migrants et les réfugiés en Libye sont détenus pour une durée indéterminée dans les centres de détention pour migrants, dans des conditions épouvantables, où ils sont régulièrement victimes de torture et de mauvais traitements. La plupart sont détenus pour entrée illégale sur le territoire et autres infractions similaires. Ceux qui sont capturés sur des bateaux interceptés par les garde-côtes libyens alors qu’ils tentent la traversée vers l’Europe sont également placés dans ces centres.

    Les femmes qui y sont détenues ont dénoncé des actes de harcèlement sexuel et des violences sexuelles. L’une d’entre elles a raconté à Amnesty International que des employés de l’un de ces centres d’immigration avaient battu à mort une femme enceinte. « Ils nous frappaient à l’aide de tuyaux derrière les cuisses. Ils frappaient même les femmes enceintes. La nuit, ils venaient dans nos chambres et essayaient de coucher avec nous. Certaines femmes ont été violées. L’une d’elles est tombée enceinte… C’est pour ces raisons que j’ai décidé de partir en Europe. J’ai trop souffert en prison », a déclaré l’une de ces femmes.

    « Les autorités libyennes doivent immédiatement mettre un terme à leur politique de détention systématique des réfugiés et des migrants en raison de leur statut migratoire, et faire en sorte de les placer en détention uniquement en cas d’absolue nécessité, pendant la période la plus courte possible », a déclaré Philip Luther. 11 mai 2015, 00:01

    https://www.amnesty.org/fr/articles/news/2015/05/libya-horrific-abuse-driving-migrants-to-risk-lives-in-mediterranean-crossings/

  • Débats nauséabonds et fausses solutions (CCR)

    Comment résoudre « le problème » des migrants « clandestins » ?

    L’année passée, plus de 4.000 migrants, hommes, femmes et enfants, ont perdu la vie en tentant leur chance en Méditerranée pour passer d’Afrique, du Moyen-Orient ou du Maghreb en Europe. Ces dix derniers jours, pas moins de 1.300 personnes, poussées par les guerres ou la misère, alimentées ou provoquées par les impérialistes, se sont noyées en Méditerranée. Pendant que les assassinats prémédités par nos gouvernements se poursuivent, la presse et les médias de la semaine sont largement revenus sur la question qui taraude nos gouvernants: «comment résoudre le «’problème’ de l’immigration ‘irrégulière’ » ?

    Des cafards au Figaro en passant par Zemmour. Quelques raccourcis

    C’est du côté de la presse d’outre-manche que racisme et xénophobie ont pu s’étaler avec le moins de retenue. Le 17 avril, en page une du tabloïde britannique The Sun, le journal le plus lu du royaume, Katie Hopkins n’a pas hésité à comparer les migrants à des « cafards », appelant de ses vœux à « utiliser des navires de combat pour stopper les clandestins ». Ces sorties médiatiques, destinées à booster les ventes d’un torchon tout en libérant la parole d’extrême droite, n’ont rien à envier à celles d’Eric Zemmour chez nous.

    Dans sa chronique du 23 Avril sur RTL, Zemmour s’en est pris aux « droits de l’homme qui tuent ». Ce seraient en effet les « droits de l’homme » qui « nous » obligeraient à « les » « secourir », « accueillir », « adopter » et « intégrer », alors que de l’autre côté, « nous » n’aurions pas le droit de les « trier », de les « sélectionner ». On l’aura compris. Entre le tri des êtres humains et les cafards, il n’y a qu’un pas.

    Yvan Rioufol se garde bien de le franchir, mais il n’en est pas loin, dans son éditorial du 23 avril dans Le Figaro.

    Pour Rioufol, toujours à l’écoute de son prochain, l’urgence n’est pas de secourir les migrants mais de « dissuader ceux qui veulent forcer les portes ». Les drames de la Méditerranée, loin de l’émouvoir, doivent permettre, selon l’éditorialiste, de « relancer le débat sur l’immigration en Europe ». Pour Rioufol, cette immigration est, bien entendu, une « menace pour l’Europe ». Ce qui nous guette, en effet, c’est une « invasion (…) d’un million de déshérités économiques (…) prêts à tout, tout de suite ». La plupart, on s’en doute, ne peuvent être que des « musulmans ». De façon plus policée, Le Figaro réchauffe les propos orduriers, racistes et islamophobes que The Sun et Zemmour déversent à longueur de journée.

    « Sauver d’abord, accompagner ensuite et réformer pour finir »

    Pour Christophe Barbier, éditorialiste à L’Express, il faut d’abord commencer par éviter de passer pour un assassin pour mieux maquiller par la suite la scène du crime. Dans sa chronique vidéo du 20 avril, Barbier souligne que la question n’est pas de se défendre contre « une invasion » mais d’abord de « sauver » ces migrants afin « d’échapper à l’accusation de non-assistance à personne en danger », et ce pour « sauver l’honneur de l’Europe ». Plus qu’une urgence humanitaire, il y a bien urgence médiatique, selon Barbier qui relaie bien, en cela, la posture de l’Elysée.

    Une fois ces migrants sauvés, l’accompagnement consisterait à séparer le bon grain de l’ivraie. Il faudrait « raccompagner » les migrants qui « quittent un pays ou une situation économique et sociale qui ne leur laisse pas assez d’espérance » et ne faire des exceptions que pour ceux qui « échappent à une guerre civile », et ce afin de limiter au maximum le soi-disant effet « pompe aspirante ». Pour les heureux élus au retour au pays, il s’agirait de les « raccompagner pour les aider à [y] rester » pour qu’ils « développent leur projet d’épanouissement personnel ». Barbier, qui pourrait devenir porte-parole du ministère des Douanes et des Frontières, ne rechigne pas, lui non plus, à trier et à distinguer : les migrants « légaux » des migrants « illégaux », tout d’abord, puis, au sein de ces derniers, ceux qui fuient un vrai conflit de ceux qu’il faut renvoyer chez eux pour « s’épanouir » (dans la misère) parce qu’ils n’ont pas une kalachnikov braquée sur la tempe.

    Pour répondre, à long terme, « à la tragédie des migrants qui traversent la Méditerrané », il faudrait réformer « les liens entre le Sud et le Nord », autrement dit, « aider le continent africain à sortir du chaos et à aller vers la prospérité ». Il faudrait, de la même façon, réformer les actions « diplomatiques et militaires envers ou contre les pays du Nord de l’Afrique en proie au chaos et aux mains des trafiquants, (…) notamment [en] Lybie [puis] gérer la suite en Syrie ». L’hôpital se fout de la charité. Ce sont les politiques impérialistes qui sont responsables et qui maintiennent sous-développement, misère, famine, chômage et surexploitation dans les semi-colonies d’Afrique, en collaboration avec les dictatures et les pseudo-démocraties locales. Et ce sont les interventions impérialistes qui créent chaos, guerres civiles et monstruosités réactionnaires, que les migrants fuient. Cette « réforme des actions diplomatiques et militaires », appelée par Christophe Barbier, n’est autre qu’une reconsidération de nouvelles interventions impérialistes en Lybie et en Syrie.

    Hollande, Sarkozy, Marine Le Pen se renvoient la balle

    C’est ce qui est en jeu ces derniers jours, d’ailleurs. Dans les heures qui ont suivi le naufrage de 800 migrants embarqués dans un chalutier au large de la Lybie, dans la nuit du 18 au 19 avril, les politiques ont parlé d’une situation « dramatique » et « épouvantable », disant leur « tristesse » face à ce qui venait d’arriver. Une fois le « moment émotion » passé, place à l’instrumentalisation en revanche. C’est ce que pointe Cécile Cornudet, dans Les Echos du 23 avril, en décrivant l’affrontement entre le gouvernement, l’UMP, et le FN, se « renvoyant la responsabilité de la situation » pour « masquer l’impuissance » des uns et des autres.

    Tandis que Sarkozy attaque Hollande sur le terrain d’un « problème d’immigration » que le président refuserait de « de voir en face », Hollande, appuyé sur ce point par le FN, rétorque sur la nécessité de « réparer les erreurs du passé en Libye », reprochant à son prédécesseur de n’avoir eu « aucune réflexion sur ce qui devait se passer après ».

    Contrairement à ce qu’écrit Cornudet, cependant, ce dialogue de sourd, ne démontre pas l’impuissance des gouvernants mais bien leur responsabilité pleine et entière dans ces assassinats planifiés car annoncés. Pour preuve, après avoir dénoncé une « catastrophe », Hollande a poursuivi en qualifiant les passeurs de « terroristes » pour, aussitôt, demander à Bruxelles plus de moyens pour lutter contre le trafic d’êtres humains, en refoulant les migrants et en bombardant les passeurs. Ce n’est autre qu’un nouveau prétexte pour une intervention contre ces nouveaux « terroristes » en Lybie, d’autant que le précédent gouvernement n’aurait pas fini correctement son travail.

    La réponse et la continuité des politiques impérialistes de nos gouvernements est claire : triplement du budget de l’Opération Triton et préparation de nouvelles interventions au Nord de la Méditerranée.

    « Légalisation de l’immigration » et « vente de visas aux travailleurs migrants »

    Pour les moins va-t-en-guerre et les plus lucides de nos porte-voix médiatiques de la bourgeoisie hexagonale, « résoudre le problème de l’immigration clandestine », c’est possible et, de surcroit, cela ne devrait pas empêcher de faire de l’argent au passage. Libération et Le Monde des 20 et 21 avril donnent la parole à Emmanuelle Auriol, chercheure à l’Ecole d’Economie de Toulouse, et à Alice Mesnard, chercheure à la City University de Londres, toutes deux auteures d’une étude sur la « légalisation de l’immigration ».

    Partant du constat que « l’émigration économique ne se tarira pas tant que subsisteront de telles différences économiques entre Nord et Sud » et soulignant un « manque de migrants » en Europe, Auriol et Mesnard proposent de légaliser « l’immigration économique en vendant des visas aux gens qui souhaitent travailler chez nous ». Selon leur étude, cette légalisation, couplée à une politique répressive contre les passeurs et les entreprises qui continueraient à embaucher des travailleurs « clandestins », devrait permettre de mettre fin à ces catastrophes.

    La délivrance au « compte-gouttes [faisant] le jeu des passeurs », baliser davantage les flux migratoires en les encadrant de façon à « légaliser l’immigration » ne représente pas aujourd’hui le point de vue dominant dans les pays impérialistes. Le projet, visant à fournir une main d’œuvre légale, abondante et peu qualifiée, aux entreprises capitalistes, prend exemple sur ce qui se fait actuellement en Israël ou la Jordanie qui « accordent des permis de travail temporaires sur des emplois peu qualifiés » et qui sont, comme chacun sait, des pays forts sympathiques à l’égard des travailleurs migrants. Cette option, que Le Monde et Libération présentent comme une alternative au tout sécuritaire, n’est qu’une version moins barbare d’un système basé sur une division internationale du marché du travail perpétuant, derrière des frontières mieux contrôlées, la dichotomie entre pays du Sud et puissances impérialistes. A l’opposé de ce qui serait une véritable « légalisation de l’immigration », à savoir la liberté d’installation et de circulation pour tous et toutes.

    25/04/15  Damien Bernard

    http://www.ccr4.org/Debats-nauseabonds-et-fausses

  • Arabie Saoudite. Le rap des travailleurs immigrés pakistanais (Courrier International)

     

    “Je n'ai pas peur du kafil.”

    C'est le refrain de cette chanson qui met en scène la vie des travailleurs immigrés pakistanais en Arabie Saoudite, et qui fait un tabac sur Internet. Chaque immigré est en effet rattaché à un kafil (sponsor ou tuteur) saoudien dont il est presque entièrement dépendant. Ici, le kafil apparaît au début de la vidéo : “Ah, bien sûr, c'est pour que tu regardes la télé que je t'ai fait venir du Pakistan”, crie-t-il à la face de son domestique. Et celui-ci de répondre en chantant dans un arabe matinée d'ourdou : “C'est moi qui porte tout sur mes épaules. [...] Qui fait les routes ? Qui enlève les ordures ? Les Saoudiens oublient qui conduit les taxis. [...] Je n'ai pas peur du kafil.” En Arabie Saoudite, comme dans tous les pays du Golfe, les Pakistanais, Indiens et Bangladeshis constituent la majorité des immigrés, souvent chargés des tâches les plus ingrates.

    La vidéo a été produite par l'entreprise de médias Tilfaz11 (Télévison11), fondée en 2009 par quatre jeunes Saoudiens, explique le site saoudien Akhbar Al-Saoudiya. Visionnée plus de deux millions de fois, elle a donné lieu à des détournements, comme cette vidéo qui illustre la vision de nombre de Saoudiens qui considèrent qu'en réalité, les immigrés ont la vie belle et abusent de la confiance de leur maître. Publié le 20/04/2015 - 14:31

    http://www.courrierinternational.com/video/arabie-saoudite-le-rap-des-travailleurs-immigres-pakistanais

  • Antiracisme « Non au philosémitisme d’État »: un slogan indigne !

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    Déclaration du MRAP

    Dans la manifestation contre le racisme qui s’est déroulée à Paris le 21 mars, un slogan est apparu « non au philosémitisme d’État ». Il dénature le combat antiraciste en l’inscrivant dans la concurrence des victimes.

    Ce slogan figurant dans l’en-tête d’un tract reproduit sur le site du PIR (Parti des « Indigènes de la République ») établit une insupportable hiérarchisation des indignations selon que les victimes soient musulmanes ou juives.

    Le MRAP déplore les insuffisantes mobilisations des représentants de l’’Etat quand surviennent des actes anti-musulmans, anti-roms, anti-arabes, mais ne saurait tolérer une campagne indigne contre un « philosémitisme » supposé.

    Le MRAP déplore la politique pro-israélienne de la France, mais il est inacceptable de passer ainsi d’une politique pro-isralienne à la notion à connotation antisémite d’État français pro-juif.

    Ce slogan désigne les juifs comme les privilégiés de la République. Il alimente la thèse antisémite d’une mainmise de leur part sur l’appareil d’État et s’inscrit dans les fantasmes complotistes de Dieudonné, entre autres. A propos de l’humoriste antisémite, ce même parti politique écrit d’ailleurs ceci : « ce que voient les indigènes, c’est ça. Un homme debout. On a trop été contraints à dire « Oui Bwana, oui Bwana ». Quand Dieudonné se lève, il guérit une blessure identitaire.

    Sur son site, le PIR entretient insidieusement la thèse d’un antisémitisme traditionnel d’extrême-droite et d’un antisémitisme réactionnel qui serait dû aux privilèges dont bénéficient les juifs dans le traitement du racisme.

    Les juifs deviennent alors les premiers responsables « de l’hostilité de la part des sujets post-coloniaux » à leur égard, car ils sont les « goumiers » de l’Occident « rendus complices de ses crimes comme à Gaza ».

    Afin de mieux préciser encore la fonction des « goumiers », troupes supplétives indigènes au service de l’armée coloniale et là où le MRAP voit avant tout des « oubliés de l’histoire », le PIR rapporte que les goumiers africains (« sénégalais » précise-t-il), furent des « sauvages », des violeurs, des massacreurs de populations arabes et en conclut « le parallèle avec les Juifs est édifiant. Les Juifs sont les boucliers, les tirailleurs de la politique impérialiste française et de sa politique islamophobe »

    Survenant quelques semaines après le massacre de « juifs » dans l’épicerie Casher, trois ans après l’exécution d’enfants dans l’école juive de Toulouse, ces théories sur le « philosémitisme » indignent ceux se réclament de la lutte contre tous les racismes.

    La lutte antiraciste ne peut s’accompagner de cette indécente hiérarchisation et opposition entre les victimes du racisme, ni de cette assignation des juifs au statut de « goumier »

    Les actes islamophobes, les actes antisémites, la stigmatisation permanente des Roms, les discriminations qui perdurent et détruisent le tissu social, imposent plus que jamais une lutte contre tous les racismes qu’ils émanent ou non des institutions.

    Pour le MRAP, il nous paraît ainsi essentiel de comprendre les ressorts inhérents à chaque forme de racisme, sans en oublier ou minimiser un seul, pour mieux le combattre.

    La lutte pour l’égalité des droits des minorités est essentielle, et elle doit être doublée par un travail constant de déconstruction des préjugés individuels tant par la culture que par l’éducation populaire.

    Déclaration du Bureau Exécutif du MRAP, Paris, le 7 avril 2015

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34719

  • Appel pour un mouvement international de soutien aux familles des disparus tunisiens en mer méditerranée (Afriques en lutte)

    Devant les silences répétés et méprisants des différents gouvernements tunisiens, qui se sont succédé depuis la révolution aux demandes des familles pour connaitre le sort des centaines de jeunes Tunisiens disparus en mer depuis la révolution, nous vous demandons d’organiser un mouvement de solidarité international avec la lutte qu’elles ont décidé d’entamer aujourd’hui mardi 24 février 2015 à Tunis un rassemblement devant à la Kasbah siège du gouvernement.

    Après la chute du régime, des dizaines de milliers de jeunes Tunisiens issus des quartiers populaires ont traversé la mer méditerranée sur des embarcations de fortune à la recherche d’un avenir meilleur qu’ils n’ont pu trouver dans leur pays. Plusieurs milliers ont pu atteindre les côtes, mais des centaines ont disparus dont beaucoup en mer.

    Quatre ans après ces dramatiques événements, les familles sont toujours désemparées, leurs douleurs s’accumulent de jours en jours devant le refus des gouvernements successifs, y compris l’actuel, de répondre à leur demande de création d’une commission d’enquête dotée de moyens et de compétences afin de connaitre la vérité quant aux sorts des disparus. Nous vous proposons d’envoyer votre soutien à l’adresse suivante : disparus-solidarite@ftdes.net et d’organiser toutes actions que vous jugerez utiles et des rassemblements devant les consulats et ambassades de Tunisie le mercredi 4 mars 2015.

    LE FORUM TUNISIEN POUR LES DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX

    FTDES

    Romdhane Ben Amor Chargé de communication FTDES

    Tél : +216 97890979 / +216 55890979

    www.ftdes.net www.facebook.com/ftdes

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/appel-pour-un-mouvement-de