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Israël - Page 11

  • Orléans Palestine

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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Israël : le boycott que Valls veut criminaliser (Regards)

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    Alors que le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) s’étend contre les produits israéliens, le premier ministre trouve que « ça suffit » et annonce des mesures. Sur ce sujet comme sur les autres, il faut juguler la contestation.

    Manuel Valls préfère la liberté d’expression sur une plaque commémorative que dans la bouche des militants pro-palestiniens. Le 5 janvier il dévoilait l’hommage « à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste contre la liberté d’expression perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 ». Deux semaines plus tard, le premier ministre confiait aux "Amis du CRIF" vouloir durcir les mesures contre les appels au boycott des produits israéliens.

    « Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations », a-t-il déclaré lundi soir. « Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’État de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. » Dans la lignée de l’interdiction des manifestations pro-Gaza à l’été 2014, Manuel Valls demeure dans une logique de criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine.

    BDS : des victoires importantes

    La manœuvre est toujours la même, et bien rodée : disqualifier les critiques de la politique israélienne en les assimilant à de l’antisémitisme. « On est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme. » En décembre dernier déjà, Manuel Valls condamnait devant l’Assemblée nationale le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), dénonçant la volonté « de confondre critique légitime de la politique de l’État d’Israël avec l’antisionisme et l’antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme ».

    Lancée en juillet 2005 par 170 organisations palestiniennes, cette campagne internationale préconise des « mesures de sanction non violentes (...) jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international ». Trois types de mesures sont recommandées : boycott de l’économie et des institutions israéliennes, notamment universitaires, retrait des investissements étrangers, sanctions contre l’État et ses dirigeants.

    Le mouvement a remporté des batailles importantes l’année dernière, y compris en France : Orange a promis de rompre son contrat avec la société de téléphonie israélienne Partner Communications, le festival de BD d’Angoulême a annulé le sien avec Sodastream, une entreprise de machines à soda installée dans une colonie de Cisjordanie, et Veolia s’est complètement retiré du pays. Sur le front culturel, des vedettes comme Lauryn Hill et Thurston Moore de Sonic Youth ont refusé de jouer dans le pays.

    L’interdiction d’une critique citoyenne

    La campagne pourrait toutefois être mise à mal par la décision de la Cour de cassation, qui a déclaré illégal en octobre dernier, l’appel à boycotter des produits israéliens et confirmé la lourde condamnation de quatorze militants BDS. Ces derniers étaient entrés dans des supermarchés à Mulhouse où ils avaient crié des slogans, distribué des tracts et porté des vêtements appelant au boycott des produits israéliens. La France devient ainsi le seul pays à pénaliser les appels à ne pas acheter les produits israéliens.

    La Cour a invoqué un article de la loi de la presse qui évoque le délit de "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée". Or cette loi « ne prévoit nullement de protéger la politique d’un État contre une critique citoyenne, lorsque cette critique prend la forme d’un appel au boycott de produits, rappellent les militants et intellectuels signataires d’un appel à renforcer le mouvement BDS. À de nombreuses reprises, des organisations ont appelé dans le monde au boycott de la Birmanie ou de la Russie, de la Chine ou du Mexique, sans que soit jamais évoquée une telle clause ».

    Dans le contexte d’un état d’urgence dont on a vu comment il était utilisé contre les mouvements sociaux durant la COP21, la dissuasion et la répression de la contestation étendent leur emprise, activement soutenues par un Manuel Valls dont les combats sont décidément très sélectifs.

    http://www.regards.fr/web/article/israel-le-boycott-que-valls-veut

    http://www.politis.fr/articles/2016/01/pour-valls-bds-ca-suffit-37/

  • Netanyahou et Erdogan: un drôle de couple (Al'Encontre.ch)

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    Si les alliances se brisent aussi facilement qu’elles se forment, les ennemis peuvent également conclure des accords

    Le Premier ministre israélien Benjamin Netanyahou et le président turc Recep Tayyip Erdo?an forment un drôle de couple, même lorsque les troupes marines israéliennes n’embarquent pas dans des navires pour tuer des citoyens turcs dans les eaux internationales. Depuis l’épisode du Mavi Marmara [31 mai 2010, le navire est attaqué par un commando de l’armée de l’Etat d’Israël] il y a cinq ans, les deux hommes ont passé leur temps à se dévisager à distance, un peu comme Napoléon et Koutouzov devant le village de Borodino.

    Erdogan a comparé les actions d’Israël contre les Palestiniens à celles d’Hitler; de même, lorsqu’il a fustigé Netanyahou pour avoir «osé assister» au rassemblement à Paris après l’attentat de Charlie Hebdo (janvier 2015), l’Israélien a accusé le Turc d’être un «tyran antisémite».

    Il est ainsi surprenant d’apprendre que les pourparlers entre Israël et la Turquie en vue d’une normalisation des relations entre les deux pays sont sur la bonne voie.

    Les responsables turcs trouvent leurs homologues israéliens ouverts à la discussion au sujet des exigences consécutives à l’affaire du Mavi Marmara, à savoir soulager le siège de Gaza en se servant de la Turquie comme d’un intermédiaire pour les vivres et les autres fournitures. Il pourrait même être question de produire de l’électricité à partir d’un navire amarré au large de la côte.

    Erdogan a déclaré que la Turquie pourrait envoyer un navire à Gaza pour produire de l’électricité et fournir des matériaux de construction, et a affirmé avoir obtenu la garantie qu’Israël lèverait le siège si toute l’aide à destination de Gaza passait par la Turquie.

    Nous sommes arrivés à ce point à quelques reprises auparavant. Sur les deux fronts, celui du Mavi Marmara et celui de la levée du siège de Gaza, des espoirs sont nés, uniquement pour être réduits à néant par la tournure ultérieure des événements. Les contours d’un accord sur le Mavi Marmara avaient fait l’objet de négociations entre des responsables peu après l’incident, mais Netanyahou y avait finalement opposé son veto. En juin 2013, Israël a présenté ses excuses. Cette relation de répulsion et d’attraction est évidente aujourd’hui.

    Lorsque le ministre turc du Commerce Bülent Tüfekçi a plus ou moins répété ce que son président a déclaré («Si un accord peut être conclu entre les deux pays, Israël autorisera l’entrée dans la bande de Gaza de produits et de matériel d’aide d’origine turque par le biais de la Turquie»), Netanyahou a nié le fait qu’Israël lèverait le blocus maritime.

    Lors d’un meeting du parti Likoud, il a déclaré: «Ils [la Turquie] ont plaidé contre le blocus de Gaza, et bien entendu, nous n’avons pas l’intention de changer notre politique de blocus naval […] Même si Israël est le pays qui transfère les [biens en vue de la] subsistance et de la réhabilitation de la bande de Gaza, nous ne pouvons pas renoncer à notre sécurité.»

    Ce siège, qui dure depuis huit ans et qui a formé l’épine dorsale d’une stratégie partagée, de facto, par Israël, Mahmoud Abbas et le Quartet [Etats-Unis, Russie, UE, Nations unies], ne sera pas levé facilement. Les pourparlers sont tributaires du prochain événement qui se produira. D’après Amos Harel, journaliste à Haaretz, le Shin Bet [Service de sécurité intérieure] prétend avoir déjoué trois tentatives de préparation d’attaques à grande échelle par le Hamas en Cisjordanie et à Jérusalem-Est. Le Shin Bet affirme également que la construction de tunnels sous la frontière de Gaza avance à nouveau à plein régime. «Les composantes de base de la situation dans le sud – la poursuite de la construction de tunnels, l’absence de barrière efficace à la frontière et le siège serré de Gaza – laissent la porte ouverte au risque d’une nouvelle série de combats», conclut ainsi Harel.

    L’autre doute majeur concerne la personnalité même de Netanyahou. Ce dernier s’est forgé un passé de négociateur peu fiable, revenant sur les positions qu’il a exprimées en privé et se débarrassant de ses interlocuteurs en un clin d’œil. On a souvent dit que Netanyahou préférait le processus de négociation à son aboutissement. Cette fois, cependant, il y a peu à gagner du processus. Seul le résultat sera utile.

    Les pourparlers d’Erdogan surviennent dans la foulée de rencontres entre l’ancien émissaire du Quartet Tony Blair et le chef du Hamas Khaled Mechaal à Doha l’an dernier, que j’avais révélées au départ [voir l’article de l’auteur «Blair a rencontré Khaled Mechaal pour négocier la fin du siège de Gaza»].

    Les pourparlers, qui comprenaient une proposition de visite à Londres en juin dernier faite à Mechaal, ont échoué en raison du désintérêt d’Israël et du veto de l’Égypte. Le Hamas s’est également montré foncièrement méfiant vis-à-vis des motivations de Blair.

    Erdogan n’a pas le passif de Blair. Il ne pourrait pas non plus être associé avec les Émiratis ou avec l’homme fort du Fatah né à Gaza, Mohammed Dahlan [opposant à Mahmoud Abbas, présent dans de nombreux «mauvais coups» dans les batailles entre fractions au sein du Fatah, a été en 2014 jugé in absentia pour corruption à Ramallah; son rôle à Gaza est fort discuté, comme ses liens, affirmés par ses juges, avec les services israéliens], contrairement à Blair. Erdo?an demeure un ennemi implacable du président égyptien Abdel Fattah al-Sissi, et la Turquie a autrefois accueilli des hauts responsables du Hamas, dont l’un des fondateurs des Brigades al-Qassam, Salah al-Arouri, bien qu’il ait quitté le pays depuis. Erdogan et Mechaal entretiennent des contacts fréquents.

    De ce fait, si Netanyahou prend effectivement au sérieux ces pourparlers, une vraie question se pose: pourquoi? Qu’est-ce qu’Israël a à gagner d’une détente avec la Turquie? Pourquoi, après trois guerres, Israël s’intéresse-t-il à l’idée de lever le siège d’une «entité ennemie» alors que selon le Shin Bet, la sécurité d’Israël est compromise comme jamais auparavant?

    Le gisement de gaz Léviathan est situé à 130 km au large du port d'Haïfa

    Le gisement de gaz Léviathan est situé à 130 km au large du port d’Haïfa

    La nécessité d’exporter le gaz dont Israël dispose désormais depuis ses propres gisements représente une motivation. L’annonce de découvertes importantes de gaz dans les eaux territoriales égyptiennes l’année dernière a mis la pression sur une série d’accords d’exportation de gaz qu’Israël avait signés à l’origine avec l’Égypte, la Jordanie et l’Autorité palestinienne. Le gisement de gaz égyptien identifié par la multinationale italienne ENI, dont le potentiel s’élève à 849 milliards de mètres cubes, est considérablement plus grand que Léviathan, le gisement de 621 milliards de mètres cubes d’Israël. S’il s’avère que l’Égypte n’a pas besoin du gaz israélien, les marchés restants pour Israël sont l’Extrême-Orient et l’Europe.

    Israël ne peut exporter son gaz vers l’Extrême-Orient que s’il est liquéfié, et dans la mesure où ces installations sont longues et coûteuses à construire, cela repose sur des usines en Égypte, ainsi que sur des contrats avec l’usine de la compagnie espagnole Union Fenosa à Damiette et l’usine de GNL de Shell à Idku.

    Comme la voie égyptienne devient plus complexe en pratique qu’elle ne le semble en théorie, l’idée d’un gazoduc vers la Turquie et le marché européen devient de plus en plus attrayante pour résoudre cette problématique, bien que cela nécessite une solution à une autre crise, opposant Chypriotes grecs et turcs.

    De son côté, la Turquie s’intéresse à tout ce qui permettrait de réduire sa dépendance au gaz naturel russe, après avoir abattu un avion de combat russe survolant l’espace aérien turc à la frontière syrienne. Les analystes en Turquie comme en Russie estiment que la relation entre Erdogan et Poutine a été définitivement détériorée suite à cet épisode.

    Gaza constitue en soi une seconde motivation. L’idée qu’il est dans l’intérêt de la sécurité d’Israël de maintenir et d’établir le cessez-le-feu avec le Hamas est antérieure à la dernière guerre à Gaza. L’ancien chef du Mossad Ephraim Halevy a qualifié le Hamas d’«ami-ennemi» d’Israël: «Le Hamas, par exemple, est en état de guerre avec Israël, mais sa lutte contre les autres organisations dans la bande de Gaza, qui rejettent son autorité, sert les intérêts sécuritaires d’Israël.»

    Ce raisonnement a reçu depuis une impulsion importante. Quel que soit le nom qui lui est donné (la «Troisième Intifada», l’«Intifada des couteaux», la «Rébellion des loups solitaires»), le soulèvement qui a coûté la vie à 153 Palestiniens, 20 Israéliens, un Américain et un Érythréen existe désormais comme un fait politique.

    Bien que le Shin Bet puisse souhaiter voir la signature du Hamas dans l’organisation d’attaques à plus grande échelle, les attaques au couteau et à la voiture-bélier sont menées sans chef et de manière aléatoire. Israël et les systèmes de sécurité de l’Autorité palestinienne sont orientés pour détecter les attaques planifiées et ciblées. Ils ne savent pas quoi faire face aux actes désespérés et généralement suicidaires d’individus au casier judiciaire vierge et sans affiliation politique. Jusqu’à présent, ils ont répondu avec des mesures de sanction collective qui ne font qu’attiser la révolte et rendre l’occupation encore plus difficile à supporter.

    Ce soulèvement n’a pas été uniquement alimenté par la vision de la disparition d’un État palestinien sous les yeux d’une nouvelle génération de Palestiniens. Il a également été produit par un vide de leadership palestinien, en particulier à Jérusalem-Est.

    Ajoutez-y le groupe État islamique [Daech]. Ou du moins, une déclaration de son chef Abou Bakr al-Baghdadi, qui a été prise au sérieux. Ce dernier a averti Israël dans un enregistrement audio: «Nous nous rapprochons de vous jour après jour. Ne pensez pas qu’on vous a oubliés. La Palestine ne sera jamais votre terre ou votre foyer. Elle sera pour vous un cimetière. Allah vous a rassemblés en Palestine pour que les musulmans vous tuent.» En effet, l’État islamique se trouve juste de l’autre côté de la frontière, en Syrie, ainsi que dans le Sinaï, après qu’un président issu des Frères musulmans a été renversé en Égypte, tandis que le Hamas a été contenu à Gaza.

    La plupart des analystes sont farouchement réfractaires à l’idée de voir la cause et l’effet de tout cela. Ils ne veulent pas reconnaître que le fait d’avoir écrasé un gouvernement islamiste élu en Égypte a généré l’oxygène dont l’islam takfiri a besoin pour respirer. Israël partage l’avis des gouvernements russe, égyptien, français et britannique, selon lesquels l’islamisme est un mal sous toutes ses formes et les islamistes politiques travaillent en tandem avec les djihadistes pour arriver aux mêmes fins théocratiques.

    En termes d’idéologie, de coutume et de pratique, Israël est catégoriquement opposé à un accord avec le Hamas, qu’il étiquette comme étant au-delà de tout discours rationnel. Le développement des liens secrets d’Israël avec les Émiratis, qui partagent cette même vision, est le recours actuel. Mais supposez simplement que l’appel aux armes d’al-Baghdadi soit entendu par certaines personnes en Palestine, ce qui n’est pas impossible dans le climat actuel, puisque l’État islamique se trouve déjà à proximité, à la frontière syrienne et dans le Sinaï.

    Tous les paris seraient ouverts si Israël devait choisir l’ennemi auquel il préférerait faire face. Avec qui Israël préférerait-il négocier un échange de prisonniers à Gaza? Le Hamas ou l’État islamique? Un mouvement de résistance islamique rationnel ou irrationnel? Une chose est claire. Il est peu probable que le coût d’une victoire israélienne à Gaza et la chute du Hamas en tant que gouvernement de facto puissent avantager le Fatah ou Dahlan. On n’assisterait pas à l’émergence d’un régime libéral et laïc. Au moins certains groupes soutenant le Hamas passeraient du côté de l’État islamique.

    Deux signes clairs indiquent que les pourparlers entre la Turquie et Israël sont en progrès. Le premier signe a été un curieux incident qui s’est produit dans les collines du Kurdistan irakien. La Russie a voulu placer des troupes sur le terrain, d’où elle aurait pu lancer des opérations à Mossoul, et a demandé la permission au dirigeant kurde Jalal Talabani, dont le groupe contrôle la zone. Talabani a consulté ses alliés. Les États-Unis n’avaient pas d’objection, au contraire d’Israël, curieusement. Israël voulait montrer son inquiétude quant au fait que l’intervention russe en Syrie confortait l’influence de l’Iran dans ce théâtre de guerre. De même, Israël voulait montrer à la Turquie son influence dans la région.

    Le second signe émane des cris d’indignation de l’Égypte, qui a tant fait sous Sissi pour faire respecter le siège de Gaza, notamment en faisant exploser la moitié de la ville frontalière de Rafah et en inondant les tunnels. Lors de rencontres avec l’ambassadeur d’Israël au Caire et durant la visite du chargé d’affaires égyptien à son ambassade à Tel-Aviv, les autorités égyptiennes se sont opposées à toute concession d’Israël à la Turquie au sujet de la bande de Gaza. De toute évidence, elles perdraient la dernière carte qu’il leur reste à jouer, à savoir la carte palestinienne.

    Quoi qu’il arrive, les pourparlers israéliens avec la Turquie sont un signe de l’état de flux permanent dans lequel se trouve la région. Les alliances se brisent aussi facilement qu’elles se forment. Les ennemis concluent des accords. Ce qui est dans l’air un jour ne dure pas nécessairement jusqu’au lendemain. Netanyahou est peut-être à la recherche d’une autre solution. (15 janvier 2016)

    Publié par Alencontre le 22 - janvier - 2016

    David Hearst est rédacteur en chef de Middle East Eye. Il a été éditorialiste en chef de la rubrique Etranger du journal The Guardian

    http://alencontre.org/moyenorient/israel/netanyahou-et-erdogan-un-drole-de-couple.html

  • L’effacement de la Palestine (Ujfp)

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    Depuis le 1er octobre, plus de 170 Palestinien-ne-s ont été tué-e-s par l’armée israélienne ou par les colons qui sont tous "légalement" armés. Déjà le 19 décembre, Imemc News (traduit par l’Agence Média Palestine) donnait la liste des 127 Palestinien-ne-s tué-e-s auxquels il faut ajouter le chiffre hallucinant de 14.470 blessé-e-s.

    Qui a entendu ces chiffres dans les principaux médias français ?

    Quand ils évoquent la Palestine, c’est bien souvent pour reprendre le vocabulaire de l’occupant : "Israël est soumis à une vague terroriste et les Israéliens ont peur".

    Quand il y a une victime israélienne, on ne dit pas que l’auteur de l’attaque a été  exécuté sans jugement. On n’en parle même pas, comme si les Palestiniens n’étaient pas des êtres humains.

    "Silence, on tue et on colonise"

    Des hauts dirigeants israéliens (ministres, militaires, dignitaires religieux) appellent ouvertement à tuer les Palestiniens, y compris les femmes et les enfants (voire les déclarations d’Ayelet Shaked, ministre de la justice). Ces appels au meurtre ne suscitent aucune réaction de la part des dirigeants occidentaux.

    Gaza toujours assiégée n’est toujours pas reconstruite depuis l’attaque de l’été 2014, les fonds promis ne sont pas arrivés. La misère et le désespoir y grandissent comme dans toute la Cisjordanie.

    Le gouvernement israélien multiplie les extensions de colonies et annonce la construction de 55.000 nouveaux logements.

    L’emprisonnement de masse frappe tous les Palestinien-ne-s y compris les enfants. 6.000 enfants ont été emprisonné-e-s depuis 2010. La "détention administrative" (sans jugement) est devenue la règle. Dans les tribunaux israéliens (souvent militaires), on est obligé de plaider coupable, sinon c’est la peine maximale. Dans les prisons israéliennes, on torture, on isole, on interdit les visites.

    L’Occident continue d’accompagner ce rouleau compresseur en maintenant le mythe d’un "processus de paix pour deux États".

    Personne ne pourra dire "nous ne savions pas".

    Tous les jours, des diplomates présents en Palestine, des organisations humanitaires, des associations palestiniennes et même israéliennes ou des Internationaux présents envoient des rapports extrêmement documentés. Ils racontent par le menu les exécutions extrajudiciaires, les maisons démolies, les terres confisquées, les villages expulsés, les enfants arrêtés ou tués. Que deviennent ces rapports ? Comment est-il possible que l’Occident maintienne ce degré de complicité politique, économique, diplomatique et militaire avec ce régime d’apartheid qui ne se dissimule même plus ? Comment est-il possible que nos grands médias maintiennent la fiction d’un Israël "seule démocratie du Proche-Orient qui résiste au terrorisme" face à l’évidence d’une telle situation coloniale ?

    Les autorités françaises et leurs collaborateurs médiatiques enterrent volontairement la question palestinienne. Ils cherchent à identifier Daesh et le "terrorisme" palestinien et les Français aux israéliens victimes du terrorisme, reprenant de fait les élucubrations meurtrières de l’ancien président Bush sur la "guerre du bien contre le mal". C’est d’autant plus indécent qu’il y a eu de nombreuses manifestations de soutien à la France le 13 novembre en Palestine.

    La solidarité internationale ne peut accepter et n’acceptera pas l’effacement de la Palestine et la volonté de transformer les Palestiniens en un peuple enfermé dans des réserves et privé de tout droit.

    Enterrer la Palestine ne fait pas disparaître le scandale de la dépossession d’un peuple, expulsé et violenté depuis des décennies.

    Il est indispensable d’imposer la parole politique, l’information, et la lutte citoyenne pour les droits des Palestiniens avec LA CAMPAGNE BOYCOTT, DESINVESTISSEMENT, SANCTIONS, SEULE CAPABLE aujourd’hui d’arrêter Israël.

    Mercredi 13 janvier 2016 par le Bureau national de l’UJFP

    http://www.ujfp.org/spip.php?article4639

  • Michael Warschawski: 2015, un bilan de la politique israélienne (Anti-k)

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    En lisant les bilans que font les éditorialistes israéliens de l’année qui vient de se passer, on retrouve trois évolutions qui toutes indiquent que l’Etat d’Israel va de plus en plus mal, du moins pour ceux qui continuent a rêver d’une société plus ou moins démocratiques, et d’un Etat qui partage les valeurs de ce qu’on appelle les démocraties liberales.
     
    La première de ces évolutions est du domaine démographique, et concerne le nombre de colons qui vivent en Cisjordanie: 400 000 environ, auxquels ils faut ajouter les 250 000 résidents juifs de Jérusalem Est. En tout 750 000 personnes soit 12% de la population juive d’Israël.
     
    La deuxième évolution est politique: les colons et les partis qui les représentent ont réussi a prendre les leviers de pouvoir les plus importants: la nomination du Général Avichai Mandelblit comme conseiller juridique du gouvernement en est le dernier exemple. Ce colon qui appartient a l’extrême-droite religieuse va maintenant non seulement se trouver a la tete du Parquet mais au cœur du processus de législation du pays.
     
    Cette infiltration de l’extrême droite se réalise dans tous les domaines de la vie politique et sociale, y compris dans les media et les appareils culturels. Cette droite ne se contente évidement pas d’occuper le terrain, mais y mène une contre-reforme brutale, comme le symbolise la ministre de la culture (sic) Ayala Shaked qui impose la censure et coupe systématiquement les budgets des initiatives culturelles trop critiques a ses yeux. La présence du colon d’extrême-droite Naftali Benett a la tète du ministère de l’éducation n’est pas moins significative: il vient d’annoncer un changement des programmes d’éducation civique afin de redonner aux jeunes le sens du patriotisme…
     
    Le troisième phénomène que relèvent les éditorialistes est le contre-coup des deux premiers: des signes de plus en plus alarmants d’un isolement international grandissant. Apres les massacres de Gaza en 2010-2011, Israël a perdu une partie importante des opinions publiques a travers le monde, apparaissant aux yeux de tous comme ce qu’elle est: un Etat voyou qui n’a aucun scrupule a bombarder des populations civiles et a commettre ce qu’on ne peut décrire que comme un massacre.
     
    Ce qui menace aujourd’hui l’Etat d’Israël, c’est le risque réel d’une prise de distance d’Etats avec lesquels il avait jusqu’à présent des relations amicales. La politique extérieure de ces Etats ne peut pas être totalement insensible aux opinions publiques, elles-mêmes influences par les rapports d’agences internationales, comme Amnestie Internationale, ou même institutionnelles, comme les rapports annuels des Consuls Généraux de l’Union Européenne a Jérusalem.
     
    Si, pour l’instant, Israël ne risque encore aucune sanction de la part des grandes puissances, la décision de la Commission Européenne de marquer les produits des colonies comme tels semble indiquer que la campagne citoyenne sur les produits des colonies a finalement eu des résultats tangibles.
     
    Certes, on est encore loin d’un boycott généralisé, mais l’idée même de sanctions fait son chemin. Les provocations et les déclarations arrogantes du gouvernement Netanyahou, ainsi que les actions criminelles de certains colons risquent bien de forcer les Etats, européens en particulier, a en faire d’avantage que le strict minimum qu’ils se sentaient obliges à mettre en œuvre. En un sens l’extrême-droite israélienne peut aussi être, malgré elle, un allie objectif pour la causse palestinienne.

    Michael Warschawski – Publié dans Siné Mensuel- Janvier 2016

    http://www.anti-k.org/2016/01/06/michael-warschawski-2015-un-bilan-de-la-politique-israelienne/

  • Projection du film « Ce n’est pas un rêve, la vie de Theodor Herzl » : Guillaume Weill-Raynal monte au créneau (Ujfp)

    Le sionisme en questions par Pierre Stambul

    Le 13 janvier 2016 aura lieu au Publicis Cinémas, sur l’avenue des Champs-Élysées à Paris, l’avant-première du documentaire « Ce n’est pas un rêve, la vie de Theodor Herzl ». Un film qui retrace le parcours du « fondateur du sionisme moderne ». C’est en apprenant que cette projection sera organisée sous le patronage du président de la République et sous le parrainage de la maire de Paris que Guillaume Weill-Raynal a décidé de monter au créneau. Cet avocat et essayiste nous explique pourquoi la tenue d’un tel événement le choque.

    LCDL : Pourquoi trouvez-vous choquant qu’un tel événement soit organisé à Paris ?

    Guillaume Weill-Raynal : Ça n’est pas tant le lieu qui me choque mais plutôt le moment et les personnalités publiques qui cautionnent cette manifestation. Que la communauté juive rende hommage à Theodor Herzl, le fondateur du sionisme, c’est bien naturel. Chacun voit midi à sa porte… Le problème est que cet hommage est rendu sans le moindre recul.

    On célèbre la vision originelle du sionisme, celle des premières années du 20ème siècle, idéaliste mais complètement déconnectée du contexte d’aujourd’hui, qui est celui d’une politique de domination injuste et brutale menée par Israël sur les Palestiniens. Or, précisément la langue de bois de la communication israélienne tente chaque jour de justifier cette oppression par une référence permanente aux dogmes fondateurs du sionisme.

    Le fait que cette manifestation soit organisée sous le patronage du président de la république et sous le parrainage de la maire de Paris est effectivement très choquant. Ils prennent position pour les uns contre les autres. C’est une rupture de l’équilibre qu’ils disent chaque jour vouloir respecter.

    Est-ce la personnalité de Herzl qui vous pose problème ?

    Theodor Herzl est une « légende vivante ». Dans le bon et le mauvais sens du terme. Que l’on soit sioniste ou pas, c’est un personnage qui a compté et qui appartient à l’Histoire. Ce n’était qu’un intellectuel. Il a fondé le mouvement sioniste mais est mort en 1904, c’est-à-dire 44 ans avant la fondation de l’Etat d’Israël.

    Chacun est libre de le célébrer ou pas, de rappeler sa mémoire sous une forme apologétique ou critique. Mais là encore, le problème est que la projection de ce film le 13 janvier prochain n’est pas qu’une simple évocation historique. Elle est organisée par le Keren Hayessod, une organisation qui dépend directement de l’administration israélienne, ainsi que par le Centre Simon Wiesenthal, qui n’a plus, aujourd’hui, qu’un lointain rapport avec le célèbre chasseur de nazis et qui est devenu en réalité un think tank néoconservateur.

    Cela vous surprend-t-il que cette manifestation soit organisée sous le patronage du président de la République ?

    Ça n’est malheureusement pas une surprise. C’est une illustration de ce « deux poids deux mesures » qui est analysé dans le documentaire « l’affaire Salah Hamouri ». Ça va dans le même sens que la circulaire Alliot-Marie qui transforme en délit le seul fait d’appeler à des sanctions contre la politique israélienne.

    D’un côté, François Hollande et Anne Hidalgo parrainent un « hommage » à Herzl qui est en réalité une manifestation de soutien à la politique actuelle du gouvernement Netanyahu, et de l’autre, le tribunal administratif de Montreuil a annulé en juillet dernier la décision de la ville d’Aubervilliers qui avait fait citoyen d’honneur le leader palestinien Marwan Barghouti au motif que celui-ci a été condamné pour « terrorisme » par les tribunaux israéliens.

    Voilà des années que le CRIF (NDLR : Conseil Représentatif des Institutions Juives de France) et ses satellites clament que « le palestinisme est un antisémitisme ». Un discours qui a fini par porter ses fruits.

    Propos recueillis par Nadir Dendoune

    mardi 5 janvier 2016 par Guillaume Weill-Raynal

  • Einstein et le sionisme (Que faire?)

    L’homme qui révolutionna la physique il y a tout juste 100 ans était plein de contradictions.

    Pour n’évoquer que ses idées politiques, il rejetait les nations et éprouvait une répugnance viscérale à l’égard des militaires. Ses engagements concrets furent pourtant en faveur de la bombe atomique américaine et en faveur du sionisme. Dans le cas de la bombe, c’est la peur de voir les nazis brandir le feu nucléaire qui le conduit à écrire au président Roosevelt pour l’inciter à les devancer. Il s’en mordit les doigts dès le mois de mai 1945, sans attendre Hiroshima.

    Pour le sionisme, on comprendra peut-être mieux comment cette idéologie a pu exercer un tel attrait si on examine comment Einstein a pu y adhérer.

    Le premier soutien de l’idée sioniste était un certain Napoléon Bonaparte. En 1799, il occupe l’Egypte et une partie de la Palestine. Afin de contrôler la région, il a l’idée d’inciter les Juifs de France à venir la coloniser. Pour cela, il prévoit de détruire la mosquée d’Al-Aqsa et de reconstruire le Temple de Salomon. Il fut vite chassé du Moyen-Orient et n’eut pas le temps de mettre son projet à exécution. Mais d’autres grandes puissances reprendront à leur compte l’idée d’une colonisation juive pour contrôler la Palestine.

    C’est finalement la montée de l’antisémitisme tout au long du XIXe siècle, puis jusqu’à la Shoah, qui alimentera le sionisme.

    Ces deux idéologies sont basées sur un même mensonge : sur l’idée que les Juifs seraient des étrangers dans leurs pays respectifs. Pourtant, ces pays ont aussi été bâtis par les Juifs, et c’est justement dans les pays qu’ils ont le plus contribué à construire que l’antisémitisme est le plus virulent au début du XXe siècle. En Russie, par exemple, ils sont accusés de tous les maux. Le gouvernement multiplie les brimades à leur encontre et encourage les pogroms. La police tsariste rédige le Protocole des sages de Sion, un document censé démontrer l’existence d’un complot juif pour conquérir le monde. Certains dirigeants russes envisagent même leur extermination. Et pourtant, la Russie doit son existence même aux Juifs.

    En effet, les Russes se sont sédentarisés au Xe siècle, après s’être emparés de la ville khazare de Kiev (Kiev signifie au bord de l’eau en Khazar). Apparentés aux Bulgares, les Khazars avaient bâti depuis le VIIe siècle un empire prospère entre la Mer Noire et la Mer d’Aral. Leur conversion au Judaïsme, décidée au IXe siècle par l’empereur Bulan, est la plus massive retenue par l’Histoire pour cette religion. Les Khazars sont l’un des rares peuples de l’époque à savoir frapper la monnaie, ce qu’ils font pour plusieurs voisins. Ils introduisent aussi le papier en Europe. Les marchands affluent d’Europe et d’Asie à la grande foire de Samandar, sur la célèbre Route de la soie (entre la Chine et l’Europe), tandis que par le port de Tmurtorokan transite le commerce de Bagdad et Constantinople avec la Scandinavie ou l’Europe de l’est. Avec l’aide des Byzantins, les Russes s’emparent des terres khazares, et s’efforcent au cours des siècles d’effacer les traces du peuple auquel ils doivent leur civilisation. Jusqu’à Staline, qui ordonna la construction d’un barrage dont les travaux causèrent malencontreusement la destruction de la forteresse de Sarkel. L’ultime trace que les nationalistes russes veulent effacer, ce sont les Juifs eux-mêmes. Ils les déportent vers la Crimée en 1942, ce qui revient à les livrer à Hitler.

    Naissance du nationalisme juif

    Persécutés en Russie, en Pologne, en Ukraine, quelques Juifs commencent dès le début du XXe siècle à adhérer au sionisme et à partir vers la Palestine. Mais beaucoup de réfugiés choisissent l’Europe occidentale, et particulièrement l’Allemagne. D’autres Juifs sont sur place depuis des siècles et se considèrent à bon droit comme des Allemands à part entière. A eux aussi, l’Allemagne doit beaucoup. D’anciennes familles juives sont si assimilées qu’elles sont devenues protestantes. Einstein, lui, ne croit qu’au Dieu de Spinoza, qui ne se préoccupe pas des humains, qui n’intervient jamais dans le monde qu’il a créé, et qui ne saurait ni passer une alliance avec un peuple élu ni même fonder une religion. Il ne se serait sans doute jamais considéré comme Juif s’il n’avait pas été confronté à l’antisémitisme.

    Il le rencontre lors de son installation à Prague en 1911 : il se déclare « sans religion » au guichet administratif mais voit le fonctionnaire écrire « Juif » sur son dossier. Invité en 1914 par l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, il prend position pour la première fois : « Je trouve scandaleux de me rendre sans nécessité dans un pays où les gens de ma tribu sont persécutés avec tant de brutalité. » Mais ce qui le choque plus encore, c’est l’attitude de la bourgeoisie juive allemande vis-à-vis des réfugiés. Celle-ci approuve la politique de la République de Weimar, qui les parque dans des camps et des ghettos. Einstein prend publiquement la défense des réfugiés. « Les Juifs n’ont pas à plaider à charge contre une partie de leur peuple pour être acquittés par les antisémites. [...] Nous ne devons pas consacrer tous nos efforts à ne pas passer pour des Juifs, bien au contraire, nous devons nous imposer en tant que Juifs. » II commence à parler de « nationalité juive ». Ce sont en effet les antisémites qui lui imposent sa judéité et, pour lui, celle-ci ne peut pas être de nature religieuse.

    En 1921, il accompagne aux Etats-Unis le président du Mouvement Sioniste, Chaïm Weizmann, afin de récolter des fonds pour l’Université hébraïque de Jérusalem. Mais, déjà, des affrontements opposent en Palestine les colons sionistes aux populations arabes. Einstein s’inquiète d’un « nationalisme juif très virulent qui menace de dégénérer en étroitesse d’esprit ». La pression antisémite l’empêche pourtant de rompre lui-même avec ce nationalisme, qu’il qualifie de nécessité mais qui est si contraire à ses autres convictions. « Si nous n’étions pas contraints de vivre au milieu de gens violents, étroits d’esprit, je serais le premier à rejeter le nationalisme au profit d’un humanisme universel. »

    Contradictions

    Les idées politiques d’Einstein sont plus confuses que ses théories scientifiques. Et il n’est certainement pas le seul, alors, à connaître une telle confusion. Tout en faisant la promotion du sionisme, il déclare en 1938 : « Ma conscience du judaïsme résiste à l’idée d’un État juif avec des frontières, une armée, et une part de pouvoir temporel ». En 1946, il accuse les Anglais de diviser Juifs et Arabes pour mieux régner et s’oppose au partage de la Palestine en deux États. Il prône un État binational où Juifs et Arabes vivraient ensemble. L’ONU ne l’écoute pas et vote un plan de partage qui accorde 57 % de la Palestine aux Juifs et 43 % aux Arabes. À l’époque, pourtant, les terres détenues par les colons sionistes ne représentent que 5,5 % de la Palestine. Aussi les Arabes refusent-ils ce partage et déclarent-ils la guerre à l’État naissant d’Israël. C’est ainsi qu’ils vont tout perdre. Les Palestiniens sont chassés de leurs maisons et deviennent des réfugiés à leur tour.

    Einstein se résigne. Il admet que les Israéliens « doivent se battre pour leurs droits ». Parce qu’il prône le désarmement, il est aux États-Unis la cible des maccarthystes, comme il était en Allemagne la cible des nazis. Il en vient donc à considérer Israël comme sa patrie. Mais en 1952 il refuse la proposition de David Ben Gourion, qui voulait faire de lui le nouveau président de l’État d’Israël : « Si j’avais été président il m’aurait fallu dire parfois au peuple israélien des choses qu’il n’a pas enve d’entendre ». En fin de compte, l’erreur d’Einstein aura été de ne pas analyser le problème en terme de classes.

    Si la bourgeoisie juive allemande méprisait les Juifs de l’Est, ce n’est pas parce qu’elle avait perdu sa « conscience juive » mais parce qu’elle trouvait son intérêt dans l’exploitation de ce sous-prolétariat. C’est elle qui, comme le reste de la bourgeoisie et pour mieux régner, divisait les travailleurs entre Allemands et étrangers. Une autre erreur aura été de faire des concessions à l’antisémitisme : de se considérer comme étranger dans son propre pays simplement parce que ses ennemis le proclamaient. Après la Shoah, beaucoup de Juifs ont commis les mêmes erreurs, et c’est bien compréhensible. Aujourd’hui encore, la montée de l’antisémitisme dans le monde provoque un nouvel afflux de Juifs vers Israël, où ils remplissent les colonies, toujours à cause de ces erreurs. Des erreurs tragiques que Palestiniens et même Israéliens n’ont pas fini de payer.

    Brice Errandonea 6 septembre 2009

    Sources :

    Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire, François de Closets, Ed. France Loisirs

    Le vent des Khazars, Marek Halter, Ed. Robert Laffont

    Histoire de l’autre, 12 historiens israéliens et palestiniens. Ed. Liana Levi

    http://quefaire.lautre.net/Einstein-et-le-sionisme

    Commentaire: La conversion des Kazhars serait une théorie (pour le moment)

  • Les fondements du sionisme (Julien Salingue)

    L’État d’Israël est le fruit d’un projet, conçu en réaction à l’antisémitisme qui sévissait en Europe, dont il faut connaître l’histoire pour comprendre le conflit d’aujourd’hui.

    En août 1897, le premier Congrès sioniste adopte une déclaration se fixant pour objectif « d’assurer au peuple juif un foyer en Palestine garanti par le droit public ». L’idée sioniste, née au cours de la seconde moitié du XIXe siècle, se cristallise en un mouvement politique. Les théoriciens et dirigeants sionistes déduisent de la montée de l’antisémitisme en Europe l’impossibilité de la coexistence entre Juifs et nations européennes. La solution qu’ils préconisent est la constitution d’un État juif, refuge face aux persécutions. Le sionisme est paradoxalement l’expression d’un défaitisme face à l’antisémitisme, substituant le départ à la lutte organisée.

     Si le principal idéologue du sionisme, Theodor Herzl, est un Juif occidental, c’est à l’Est que le mouvement se développe, pour des raisons d’ordre socio-économique. Les Juifs y sont victimes de la brutale pénétration du capitalisme industrialisé dans des économies de type féodal. Les bases de leurs activités traditionnelles (petit commerce et artisanat) ont été sapées et le développement du machinisme a compromis leur éventuelle assimilation économique via la prolétarisation. Des centaines de milliers de Juifs sont éjectées du système de production et émigrent, devenant la cible d’un antisémitisme attisé par les classes dominantes, qui recourent à la stratégie du bouc émissaire.

    C’est chez ces Juifs déclassés et stigmatisés que le sionisme rencontre son principal écho. On peut comprendre la genèse idéologique du sionisme en le situant dans son contexte politique. La seconde moitié du XIXe siècle est la période de l’exaltation des nationalismes chauvins et de la glorification des expéditions coloniales. Le sionisme est un nationalisme qui postule l’existence d’un peuple juif sur des critères raciaux et l’impossibilité de son assimilation aux autres Européens. C’est un projet colonial, qui prône l’installation d’une population européenne sur une terre arabe. Herzl se situe dans le cadre colonialiste et écrit que l’État juif sera « l’avant-garde de la civilisation contre la barbarie » [1].

     Le congrès de Bâle préconise « l’encouragement systématique à la colonisation de la Palestine » et « des démarches […] afin d’obtenir des gouvernements le consentement nécessaire pour atteindre le but du sionisme ». Ces deux recommandations sont annonciatrices de deux contradictions qui structurent encore le conflit entre Israël et le peuple palestinien. La première est la contradiction entre la volonté de créer un État juif en Palestine et l’existence d’un peuple autochtone sur cette terre (il n’y a que 5 % de Juifs, en Palestine, en 1900). La seconde est la contradiction entre la rhétorique émancipatrice du sionisme et sa communauté d’intérêts avec les puissances impérialistes.

    Un cap est franchi, en novembre 1917, lorsque la Grande-Bretagne, qui va devenir puissance mandataire en Palestine à la suite de la décomposition de l’Empire ottoman, affirme par la voix de son ministre des Affaires étrangères, Lord Balfour, que « le gouvernement de sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif ». C’est un encouragement à l’entreprise sioniste, et la colonisation s’accélère, a fortiori durant les années 1930 et l’avènement du nazisme. L’opposition des Arabes palestiniens à la colonisation s’exprime à de multiples reprises, notamment en 1936, avec une grève générale de six mois. En 1939, les Juifs représentent environ 30 % de la population de la Palestine.

    Le génocide confère une légitimité nouvelle au sionisme et les grandes puissances voient d’un bon œil la création d’un État allié au cœur d’une région aux enjeux géostratégiques majeurs, dans laquelle se développent les mouvements anticoloniaux. C’est ainsi qu’en novembre 1947, l’ONU décide d’un partage de la Palestine entre un État juif (54 % du territoire) et un État arabe (46 %). Les dirigeants sionistes acceptent le partage mais vont tout mettre en œuvre pour étendre au maximum la superficie de l’État juif et pour en expulser les non-Juifs. Lorsqu’en mai 1948, Israël proclame son indépendance, qui déclenche la première guerre israélo-arabe, 400 000 Palestiniens ont été chassés. À l’armistice, en 1949, Israël a conquis 78 % de la Palestine et 800 000 Palestiniens sont réfugiés.

    La Cisjordanie et la Bande de Gaza (lignes d’armistice) sont nées, respectivement sous autorités jordanienne et égyptienne. Des camps de réfugiés sont établis par l’ONU, qui existent toujours, à Gaza, en Cisjordanie, mais aussi en Jordanie, en Syrie et au Liban. En juin 1967, au cours de la guerre des Six-Jours, Israël conquiert, entre autres, 100 % de la Palestine. Cette conquête crée une situation nouvelle, car Israël n’a pu mettre en œuvre un plan d’expulsion, comme en 1947. L’État « juif et démocratique » administre l’ensemble des zones palestiniennes et devra, tôt ou tard, choisir entre la nature sioniste de l’État et ses prétentions démocratiques.

    La violence de l’occupation, la colonisation et le développement du mouvement national palestinien débouchent, en 1987, sur un soulèvement dans les territoires occupés, la première Intifada, qui conduit l’État sioniste à des adaptations : Israël garde le contrôle de 90 % de la Palestine et laisse la gestion des zones les plus peuplées à un pseudo-appareil d’État créé pour l’occasion, l’Autorité palestinienne (AP). Israël ne prend aucun engagement quant aux colonies, à Jérusalem ou aux réfugiés, et il se contente de « transférer des compétences », notamment sécuritaires, à l’AP, composée de la fraction la plus bureaucratisée et capitularde du mouvement national, la direction de l’OLP, jusqu’alors exilée à Tunis. Ce sont les Accords d’Oslo (1993-1994).

    La poursuite de la colonisation, de la répression, l’impasse des négociations, auxquelles s’ajoutent les pratiques autoritaires, clientélistes, voire mafieuses de l’AP, conduisent à une nouvelle révolte palestinienne, en septembre 2000. C’est le début de l’effondrement du projet de mise en place d’un pouvoir palestinien soumis à Israël et aux puissances impérialistes, qui se poursuit en 2006 avec l’élection du Hamas. En votant pour une organisation qui affirme vouloir poursuivre la résistance, la population a parlé : elle refuse un pseudo-État constitué de cantons gérés par un gouvernement collaborationniste et elle n’est pas prête à abandonner ses droits, y compris le droit au retour pour tous les réfugiés.

     Tout a été mis en œuvre, depuis, pour isoler le Hamas, le mettre sous pression, faire payer à la population ses choix démocratiques et, à terme, imposer un « règlement » aux conditions israéliennes. Dernier avatar de cette politique, l’offensive contre Gaza n’est que l’expression de la nécessaire fuite en avant d’Israël, pris dans ses contradictions. L’État sioniste ne peut reconnaître les droits du peuple palestinien, mais il ne peut pas non plus faire disparaître ce peuple. Par sa politique de répression criminelle, il ne fait que jalonner son avenir d’autant de bombes à retardement qui, tôt ou tard, exploseront. Cette offensive est aussi l’expression de l’exacerbation du conflit entre les pays impérialistes, leurs alliés, et les peuples du monde entier.

    Julien SALINGUE  31 décembre 2015

     Notes : [1] Theodor Herzl, L’État des Juifs (1896).

    Source:

    http://jeunes.npa2009.org/spip.php?article275

    http://www.anti-k.org/2015/12/31/les-fondements-du-sionisme/

    Lire aussi:

    https://www.marxists.org/francais/leon/CMQJ00.htm

    https://www.marxists.org/francais/cliff/1998/00/cliff_19980000.htm

    https://www.marxists.org/francais/4int/suqi/1967/05/manifeste_matzpen.htm

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/theses-du-groupe-trotskyste-palestinien-marxists-org

    http://revolutionsarabes.hautetfort.com/la-partition-de-la-palestine-marxist-org

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