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IVè Internationale - Page 9

  • USA, Russie, Syrie : La guerre contre le peuple continue (Essf)

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    Alors que Washington et Moscou poussent à la mise en place d’un prétendu cessez-le-feu, la Syrie a connu une nouvelle semaine meurtrière à l’initiative des différentes forces contre-révolutionnaires.

    L’étau du régime d’Assad et de ses alliés continue de se resserrer sur les zones libérées d’Alep et d’autres régions, pendant que le pouvoir turc mène sa guerre contre les Kurdes et que Daesh continue ses exactions.

    Alep sous le feu des attaques du régime et ses alliés

    La trêve censée entrer en vigueur le 19 février suite à un accord international parrainé par Moscou et Washington a été complètement ignorée, en premier lieu par le régime de Damas et ses alliés. Dans la province d’Alep, les forces d’Assad, du Hezbollah et des milices chiites soutenues par l’Iran, continuent d’avancer avec l’aide des bombardements écrasants de l’aviation russe. Des organisations populaires tentent d’acheminer de l’aide aux régions libérées d’Alep avant que ces dernières, comme d’autres, ne soient complètement isolées.

    Les discussions entre les États-Unis et la Russie pour parvenir à un accord provisoire de cessez-le-feu semblent donc bien illusoires pour les populations locales… D’autant plus que le dictateur Assad a déclaré le 20 février que les conditions d’un cessez-le feu sont que les «  terroristes  » n’utilisent pas cette «  accalmie  » pour poursuivre leur lutte et qu’ils n’aient plus aucun soutien extérieur. Mais depuis le début du soulèvement, le régime de Damas considère toutes les personnes qui luttent contre lui comme des «  terroristes  » !

    La Turquie, le PYD et l’opposition syrienne

    En même temps, le gouvernement turc de l’AKP continue de bombarder au nord dans les provinces d’Alep et d’Afrin les zones contrôlées par les YPG/PYD et certaines brigades de l’ASL, alliées dans les Forces démocratiques syriennes (FDS) [1], faisant des victimes civiles et des dizaines de blessés. Erdogan refuse de voir s’étendre les forces militaires kurdes tout au long de sa frontière. Celles-ci se sont en effet emparées de localités qui étaient contrôlées par des brigades d’islamistes et de l’ASL dans le nord de la province d’Alep, non loin de la frontière turque.

    Drames de plus dans cette situation, le PYD et la Coalition nationale syrienne trouvent des éléments pour s’accuser mutuellement de collaborer avec les oppresseurs des populations locales, ou de rester muets face à leurs exactions  : certains impérialismes occidentaux, Turquie et monarchies du Golfe pour les uns, régime d’Assad, Russie, Etats-Unis et pouvoirs fondamentalistes chiites pour les autres. Les politiques de leadership de ces deux entités devront bien être remises en cause pour pouvoir réaliser à la base l’unité des peuples de Syrie, notamment arabes et kurdes, sur la base d’un programme démocratique et inclusif, ainsi que pour faire face aux contre-révolutions du régime Assad, des forces islamistes fondamentalistes, et de l’impérialisme des grandes puissances.

    Les attentats meurtriers de Daesh

    Plus de 150 personnes ont été tuées dans une série d’attentats revendiqués par les djihadistes de Daesh dans des zones tenues par le régime dimanche 21 février. Le quartier de Zahra dans la ville de Homs et le quartier chiite de Sayeda Zeinab à Damas ont été frappés par des attentats sanglants provoquant respectivement la mort de 59 et 120 personnes, en plus des centaines de blessés. Daesh continue aussi à harceler des forces de l’ASL dans la province d’Alep, qui sont affaiblies par les attaques du régime et les bombardements russes. La barbarie de Daesh et du régime de Assad sont toujours les deux faces d’une même pièce  !

    Mélenchon, la trahison d’un peuple en lutte

    En France, Jean-Luc Mélenchon a apporté son soutien à l’intervention militaire russe  : «  Je pense que Vladimir Poutine va régler le problème  » et qu’«  il faut rétablir l’ordre et l’ordre passe par le fait que l’on élimine Daesh de là  ». Il a également ajouté que «  les rebelles civilisés sont en ultra-minorité  »… On ne peut qu’être consternés que Mélenchon apporte ainsi son soutien à un ordre dictatorial et criminel, et méprise à ce point le peuple syrien en assimilant la grande majorité d’une population qui lutte ensemble avec ses multiples composantes pour ses libertés, aux forces fondamentalistes de Daesh et de Jabhat al-Nusra.

    Pour nous, l’internationalisme c’est d’abord l’arrêt de tous les bombardements et sièges des villes, l’aide aux populations civiles sur place et en exil, la libération des prisonniers politiques, et une solution politique qui implique la liberté et la justice en Syrie comme en Turquie.

    Joseph Daher* « Syrie : La guerre contre le peuple continue ». Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 325 (25/02/2016) :
    https://npa2009.org/actualite/international/syrie-la-guerre-contre-le-peuple-continue

    Notes

    [1Le mouvement armé des Forces démocratiques syriennes (FDS) est très largement dominé par les Unités de protection du peuple kurde (YPG) crées par le PYD, correspondant du PKK en Syrie. Le FDS est composé de groupes kurdes, syriaques et de brigades de l’ASL (comme l’armée des révolutionnaires «  Jaysh al-thuwar  »). Il a été créé en octobre 2015 pour fournir une couverture juridique et politique pour un soutien militaire américain au PYD en Syrie. Les États-Unis ont décidé depuis cet été de soutenir le PYD, après leur échec à former des bataillions de l’ASL uniquement prêts à combattre Daesh. L’administration Obama considère le PYD comme l’acteur le plus apte à combattre cet ennemi pour eux principal. Ils espèrent que d’autres groupes de l’ASL rejoindront le FDS, mais les politiques du PYD, notamment de non-conflit avec le régime Assad, de soutien tacite à l’intervention russe en Syrie, et parfois des exactions commises contre des civils arabes, empêchent un lien de confiance de s’établir.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37306

  • Le combat de Nabila Djahnine continue! (Liberté.dz)

    10 ans après son assassinat par les groupes terroristes

     

    Des militants de divers horizons ont assisté,  hier, à l’hommage rendu par le PST à Nabila Djahnine en projetant un film retraçant son parcours.

     
    En hommage au combat de la féministe Nabila Djahnine contre l’extrémisme religieux, et 21 ans après son assassinat par un groupe terroriste, le Parti socialiste des travailleurs (PST) a organisé, hier, à son siège, à Alger, une cérémonie à sa mémoire à travers la projection d’un film retraçant le parcours de la militante. Étaient présents à cette rencontre des militants de divers horizons, qui ont tenu à saluer l’engagement politique de la défunte en faveur de la démocratie et sa bataille contre le fondamentalisme islamiste, des objectifs qu’elle a payés de sa vie un certain 15 février 1995. La rencontre a été également l’occasion de faire le point sur le combat des femmes dans le monde et particulièrement en Algérie.

    Lors de son intervention, Tinhinane Makci, militante féministe et membre du PST, a avoué que “le féminisme peine à fédérer beaucoup de monde autour de cette question, en raison d’abord de la propagande dont il a été victime”. Et d’ajouter : “Le combat aujourd’hui est de redéfinir ce qu’est le féminisme. Ce n’est pas la guerre entre les sexes, les femmes ne se battent pas contre les hommes, mais contre une idéologie oppressante.” L’intervenante a également abordé l’absence d’une légitimité politique qui semble manquer au combat de la femme sur le terrain. En revanche, rappelle Mme Makci, “les femmes sont solidaires de toutes les luttes sociétales et syndicales, ce qui n’est pas le cas de la cause féministe qui se retrouve, seule, lorsqu’il s’agit de son propre combat”.

    Pour la militante, la question de la femme n’est pas propre au monde arabo-musulman, mais elle concerne le monde entier.

    Par conséquent, Mme Makci a plaidé pour une plus grande émancipation de la femme et l’inscription de ses droits fondamentaux en tant que priorité, au même titre que les droits syndicaux, démocratiques et sociétaux. “Nous devons créer un réseau international afin d’aider le combat des femmes en Algérie.” Dans son plaidoyer, la féministe a souligné que la situation de la femme connaît “un paradoxe”, car, pour elle, “66% des universitaires sont des femmes, mais seulement 18% accèdent au marché de l’emploi”.

    De plus, “le mouvement féministe fait, également, face à des contradictions sociétales et aux textes de loi. La conférencière évoquera une double tâche : changer la société et changer les lois. “Car les deux doivent aller ensemble ; c'est-à-dire s’il y a changement des lois sans changement des mentalités, ça ne peut pas marcher, et s’il y a changement des mentalités sans changement des lois, ça ne peut pas fonctionner non plus. Nous faisons face aux contradictions du terrain.”

    Pour le PST, qui a organisé cet hommage avec la projection du film Lettre à ma sœur réalisé par Habiba Djahnine, il s’agit de rendre hommage à toutes les militantes engagées dans le combat politique pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. En choisissant le timing, à savoir à quelques jours de la célébration du 8 Mars, ce parti veut restituer quelques aspects du combat de feu Nabila Djahnine pour un idéal commun et pour lequel, elle a continué à se battre jusqu’à son dernier souffle.

    Djazia Safta 28-02-2016

    http://www.liberte-algerie.com/actualite/le-combat-de-nabila-djahnine-continue-242936#.VtLEj0GTUnQ.facebook

  • Hommage à Nabila DJAHNINE.

     
    Foto de Abdelnasser Chiker.

    Il y a 21 ans, le 15 février 1995, notre camarade Nabila DJAHNINE a été assassinée à l’âge de 29 ans à Tizi Ouzou par un commando du groupe islamiste armé. A cette époque, Nabila dirigeait courageusement la résistance et le combat des femmes dans cette région, à travers l’association qu’elle présidait « Tighri N’tmatuth »* et dans les coordinations et les mobilisations nationales des femmes contre le projet obscurantiste islamiste et contre les lois et les pratiques conservatrices du pouvoir et de la société.


    Mais, l’engagement politique de Nabila ne se réduit pas à cette dernière bataille.

    Depuis sa tendre adolescence, Nabila s’est imprégnée des luttes démocratiques et sociales qui rythmaient la vie de sa famille et de sa ville natale, Béjaïa. C’est dans le sillage de l’engagement de son frère aîné Badredine, dirigeant national du mouvement étudiant à partir de 1984/85, puis dirigeant syndicaliste dans l’éducation, et de sa sœur aînée Soraya, militante syndicaliste à la Sonitex, que Nabila allait s’abreuver, à l’instar des autres frère et sœurs, des idées marxistes et de la lutte des classes.

    Ainsi, elle s’engage vers 1986/87 au sein du Groupe Communiste Révolutionnaire (GCR), alors clandestin, devenu en 1989 PST.

    Dirigeante du mouvement étudiant à Tizi Ouzou, où elle suivait ses études supérieures en architecture, elle s’est impliquée dans les mobilisations du MCB et participe à ses assises en 1990. Au premier congrès public du PST, en Mai 1991 à Tipaza, Nabila est élue à sa Direction Nationale. Plus tard, vers 1993, Nabila se concentre particulièrement sur son engagement féministe et, sans aucun reniement de son engagement socialiste, cesse son fonctionnement dans le parti. Loin de rendre compte de son riche parcours militant, ce modeste rappel restitue quelques aspects de son engagement sans limites pour un idéal qui nous est commun et pour lequel, en dépit des menaces sur sa vie, elle a continué à se battre debout jusqu’au dernier souffle.

    En rendant hommage à Nabila DJAHNINE aujourd’hui, le PST salue à travers elle la mémoire de toutes les militantes engagées dans le combat politique pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes. Ce combat, symbolisé par l’engagement des Moudjahidates pendant la guerre de libération, s’est développé après l’indépendance par les mobilisations des lycéennes et des étudiantes, par les femmes travailleuses et les militantes politiques et féministes.

    Ce combat continue aujourd’hui, comme on l’a vécu à travers la campagne contre le harcèlement sexuel et les récentes mobilisations des associations contre les violences faites aux femmes.

    Bien entendu, les acquis arrachés par ces luttes constituent une avancée inestimable dans notre pays, mais la lutte continuera pour l’abrogation du code de la famille, contre les mentalités conservatrices et moyenâgeuses et contre toutes les discriminations sociales, économiques et politiques à l’égard des femmes. A la veille du 08 Mars 2016, l’esprit de notre camarade Nabila est toujours vivant parmi nous, dans nos cœurs et dans nos luttes.

    Son inimitable éclat de rire, qui nous rappelle combien elle était belle et généreuse, nous accompagnera et ravivera nos espoirs. Et « Thighri n’tmatuth » tonnera encore et encore pour nous rappeler combien Nabila était plus immense encore que la Tour qui porte son nom au bas de son quartier d’enfance, « Houma U Bazine » dans le centre ville de Béjaïa, et combien elle avait la certitude que sa lutte pour l’émancipation des femmes est aussi une lutte pour un monde meilleur sans discriminations, sans inégalités et sans oppressions.


    *Cris des femmes. Secrétariat National du PST
    Alger, le 21 février 2016.


    Le PST organise un hommage à Nabila Djahnine avec la projection du film « Lettre à ma sœur » réalisé par Habiba Djahnine et ce le samedi 27 février 2016 à partir de 13h30 au siège national du PST, sis au 27 Bd ZIROUT Youcef – Alger. La presse et le public sont cordialement invités.

    Abdelnasser Chiker

    PST حــــــزب العمـــــــال الاشـــــــــتراكي
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  • Il y a 21 ans, Nabila Djahnine a été assassinée (Algérie 360)

    Nabila Djahnine a été assassinée le 15 février 1995. Elle n’avait que 30 ans.

    Membre du Comité de cités universitaires de l’université de Tizi-Ouzou, où elle avait poursuivi ses études supérieures en architecture, Nabila Djahnine participa à la fondation du Syndicat national des étudiants algériens, comme elle contribua, dans les années 1980, à la préparation et au déroulement des Deuxièmes Assises du Mouvement culturel berbère, pour la reconnaissance par le pouvoir politique de la langue et la culture berbère.

    Elle a également été cofondatrice de l’Association pour l’Émancipation de la femme, et en 1990, de l’association, Thighri n’Tmettout (Cri de femmes), dont elle était présidente, avant de tomber sous les balles de ses assassins.

    De même que Nabila Djahnine fut un temps, vers la fin des années 1980, membre de la direction du Parti socialiste des travailleurs (PST) et de la Commission femmes de ce dernier.

    Nabila Djahnine n’a eu de cesse de rassembler, organiser et mobiliser en particulier pour dénoncer la condition féminine en Algérie. Elle était jeune, elle rêvait d’un pays réellement libre et démocratique.

    http://www.algerie360.com/algerie/nation/le-15-fevrier-1995-etait-assassinee-nabila-djahnine/

  • Veillée commémorative à la mémoire de Nabila Djahnine (El Watan)

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    Veillée commémorative à la mémoire de Nabila Djahnine

    Une veillée commémorative à la mémoire de la militante féministe Nabila Djahnine,

    lâchement assassinée un certain 15 février 1995 par les sanguinaires islamistes, a été organisée, mardi soir à Béjaïa, par ses amis, ses camarades de lutte, des militants politiques et associatifs de tous bords et des membres de sa famille.

    Ils se sont donné rendez-vous place Saïd Mekbel, une autre victime de la folie meurtrière islamiste. Des bougies ont été allumées en sa mémoire et des prises de parole ont été tenues.

    Soraya, la sœur aînée de Nabila, a déclaré : «Nabila et beaucoup d’autres militantes et militants démocrates ont donné de leur vie,   sacrifié leur jeunesse pour que l’Algérie ne sombre pas dans l’obscurantisme. Comment peut-on oublier, j’y pense chaque jour même, étant donné que son lâche assassinat nous a scié les jambes sur tous les plans ? Aujourd’hui, il ne faut pas juste pleurer Nabila, la meilleure manière de lui rendre hommage, c’est de continuer son combat.»

    «On a assassiné Nabila en croyant mettre un terme à son combat pour l’émancipation des femmes, pour la démocratie et la liberté. Mais beaucoup d’autres Nabila sont nées, dont une qui porte son nom et prénom, qui n’est autre que sa nièce, laquelle est bien partie sur ses traces», a déclaré, pour sa part, Mokrane Aggoune.

    Et au militant et dirigeant du PST Kamel Aïssat de déclarer à son tour : «Aujourd’hui, il est de notre devoir de s’inscrire sur la trajectoire de cette famille combative, la famille Djahnine. Nous sommes tous appelés à enseigner à nos enfants l’ouverture d’esprit et initier nos enfants au combat pour les causes justes comme l’ont fait les parents de Nabila à leurs enfants.»

    Nabila Djahnine est une féministe issue d’une famille militante de Béjaïa.

    Dès l’enfance, ses parents lui ont inculqué la lutte et l’ouverture d’esprit qui la mèneront plus tard sur le chemin du militantisme. Nabila était étudiante-syndicaliste et militante active au sein du MCB. Elle était, par ailleurs, féministe et présidente de l’association Tighri Ntmettouth de Tizi Ouzou, ville où elle suivait également des études en architecture parallèlement à ses activités militantes.

    Militante du Groupe communiste révolutionnaire (GCR), elle a été élue à la direction du PST en mai 1991, avant de la quitter pour se consacrer à son association. Investie corps et âme dans le combat féministe, elle menait une lutte sans concession  contre le patriarcat et l’oppression des femmes. Ceci au moment où les sanguinaires islamistes promettaient le cercueil à toute voix discordante. Le 15 février 1995, alors qu’elle n’avait que 30 ans, elle fut assassinée froidement par les obscurantistes islamistes à Tizi Ouzou.

    21.02.16 M. H.-Khodja

    http://www.elwatan.com/regions/kabylie/bajaia/veillee-commemorative-a-la-memoire-de-nabila-djahnine

  • 1916-2016 : cent ans de manœuvres françaises au Moyen-Orient (1/2) A&R

    La Première Guerre mondiale était encore loin d’être terminée que, déjà, les impérialismes britannique et français anticipaient la fin, et le partage, de l’Empire ottoman. En mai 1916, les diplomates Mark Sykes et François Picot, représentant respectivement les gouvernements du Royaume-Uni et de la République française, se sont mis d’accord sur une réorganisation du Proche et du Moyen-Orient. Les frontières que nous connaissons aujourd’hui en sont presque directement issues. De même que la crise qui sévit dans la région.
     
    1920-1946 : le mandat libano-syrien
     
    Des accords de 1916, puis de la conférence de San Remo en 1920, découle la création des États actuels. Les uns sont sous mandats britanniques : l’Irak, le Koweït, la Transjordanie (actuelle Jordanie) et la péninsule arabique sont confiés dans les années 1920 et 1930 à des rois, émirs et sultans locaux (comme Fayçal en Irak ou la famille Al Saoud qui fonde l’État portant son nom). La Palestine est ouverte à la colonisation sioniste. Les autres territoires forment le « mandat libano-syrien » français. La Turquie et l’Arménie sont créées. Le peuple kurde, privé d’État, est éclaté entre l’Irak, la Syrie, la Turquie et la Perse (l’actuel Iran).
     
    En 1924, la France crée la Compagnie française des pétroles (CFP), dont l’État est actionnaire à 35 %, afin de cogérer avec les occupants britanniques, et au terme d’un difficile compromis, les ressources pétrolières autrefois exploitées par l’Empire ottoman[1]. L’occupation n’est pas un long fleuve tranquille. Dès 1925, le mouvement indépendantiste fait ses premières armes, avec une insurrection populaire contre les exactions de l’armée d’occupation. Celle-ci enregistre des défaites et met deux ans à venir à bout de la « révolution syrienne », au prix de plus de 2 000 morts côté français et 10 000 côté syrien. Le camp insurgé, lui, fait face en revanche à ses premières divisions entre nationalistes et Druzes[2].

     
    Lorsque le Liban et la Syrie prennent leur indépendance en 1946, c’est avec à leur tête des politiciens et militaires choisis, et souvent formés, par Paris, avec pour mandat la défense des intérêts français, menacés par la concurrence nord-américaine d’une part et soviétique de l’autre. Cet affaiblissement du vieil impérialisme est utilisé par les nationalistes qui veulent aller plus loin que l’indépendance formelle à laquelle leur pays a accédé.
     
    Des années 1950 aux années 1970 : les reculs de l'impérialisme français... 
    et les limites du nationalisme arabe
     
    En 1956, le nationaliste arabe Nasser prend le pouvoir en Égypte et nationalise le canal de Suez, dont près de la moitié appartient à des actionnaires britanniques et français. Les deux pays, ainsi que l’État d’Israël, attaquent l’Égypte. L’enjeu n’est évidemment pas tant d’indemniser les actionnaires, que de garder la main sur l’un des plus importants points de passage du pétrole en direction de l’Europe et, plus encore, d’affaiblir le mouvement anticolonialiste et tiers-mondiste. Pour la France, l’Égypte est avant tout le meilleur allié du Front de libération nationale (FLN) algérien, dont elle accueille le siège et à qui elle donne la parole à la tribune de l’ONU.
     
    Mais la résistance populaire égyptienne est déterminée. Pour les États-Unis, soutenir cette aventure guerrière de leurs alliés, ce serait donc faire définitivement basculer tout le mouvement nationaliste du côté du bloc de l’Est. Il est plus que temps de faire comprendre aux vieux impérialismes européens qu’ils ne sont plus les puissances d’avant-guerre. À l’ONU, Washington vote donc aux côtés de Moscou et de l’Égypte pour condamner l’agression et exiger le retrait des troupes.
     
    Deux ans après la débâcle de Diên Biên Phu et l’indépendance de l’Indochine, cette humiliation est une nouvelle grande victoire pour les anticolonialistes du monde entier.Porté par ce succès au retentissement planétaire, Nasser poursuit sa politique nationaliste socialisante, qui consiste non pas à mettre fin au capitalisme et à l’exploitation, mais à mieux partager les bénéfices de cette exploitation entre les classes possédantes locales et celles des pays impérialistes. Et s’il est poussé par les classes populaires à mener une politique plus redistributive, il n’a de cesse de freiner et même de réprimer toute velléité d’auto-organisation ou de contestation qui échapperait au contrôle de L’État.
     
    Logiquement, donc, la création de la « République arabe unie » (RAU), en 1958, se fait par en haut, par un accord entre gouvernements et sans le concours des travailleurs et des travailleuses. Cette éphémère tentative de mettre fin au découpage arbitraire de Sykes-Picot (même s’il ne concernait pas l’Égypte) est un échec. De 1958 à 1961, l’Égypte et la Syrie, deux pays qui n’ont pas de frontière commune, forment certes un seul et même État. Mais ce rapprochement ne met pas fin à l’existence de bourgeoisies nationales ayant des intérêts propres et il ne sert nullement à améliorer le quotidien des classes populaires. Tout au plus est-il vu comme une tentative d’assujettissement de la Syrie par Égypte.
     
    Deux ans après la fin de la RAU, en 1963, le « Parti de la résurrection arabe et socialiste », ou Baas, arrive au pouvoir en Syrie. D’inspiration nassérienne, mais sans Nasser, il se développe dans d’autres pays arabes, notamment en Irak où il prend le pouvoir en 1968. En 1970, en Syrie, Hafez el-Assad s’empare du pouvoir par la force. Neuf ans plus tard, en Irak, le Premier ministre Saddam Hussein fait de même. Ce dernier avance alors l’idée d’une fusion syro-irakienne, deux États qui contrairement à ceux qui composaient la RAU possèdent bien une frontière commune. Vue comme une tentative d’absorption, cette fusion est refusée par Assad. En 1980, les deux États sont au bord de la guerre.
     
    Finalement, le dirigeant irakien renonce et tourne son regard vers un autre voisin, l’Iran où les religieux chiites, sous la direction de l’ayatollah Khomeiny, viennent de proclamer une république islamique.
     
    Les années 1980 : les zigzags français face à « l'islam politique » 
    et à l'axe Damas-Téhéran
     
    La révolution iranienne de 1979 est sans doute le tournant le plus important de la fin du XXème siècle au Moyen-Orient. Pour la première fois, des religieux, portés par une révolution ouvrière et populaire, prennent et exercent le pouvoir. Certes, des mouvements religieux existent déjà depuis longtemps. La monarchie saoudienne s’appuie depuis sa naissance sur le clergé wahhabite[3], mais la famille royale est distincte de ce clergé. Le mouvement des Frères musulmans existe en Égypte depuis 1925 et il s’est diffusé dans une grande partie du monde arabe, mais il ne souhaite qu’incarner un contre-pouvoir afin de limiter les dérives « anti-islamiques » de la société, non gouverner.
     
    L’émergence des mouvements religieux prétendant au pouvoir est donc une nouveauté au début des années 1980. Elle s’explique d’une part par l’échec du mouvement ouvrier, stalinien ou social-démocrate, incapable de prendre son indépendance par rapport aux bourgeoisies dites « progressistes », et d’autre part, par celui des mouvements national-progressistes, justement menés par ces bourgeoisies qui n’ont pas vocation à rompre avec le capitalisme.
     
    L’impérialisme français, comme tous les autres, appréhende difficilement l’émergence de ce nouveau courant politique. Pour les États-Unis, la réponse est de soutenir à fond le clergé wahhabite, qui organise l’envoi de « djihadistes » en Afghanistan pour y combattre l’intervention soviétique[4]. L’appui à l’Arabie saoudite et aux combattants sunnites, fussent-ils les plus intégristes, est censé faire reculer le leadership de l’Iran chiite dans le monde musulman[5].
     
    La France, elle, tente difficilement de maintenir sa présence en Iran, arguant de sa relative neutralité pendant la révolution de 1979 et de l’accueil en exil de Khomeiny en 1978. Mais l’annulation d’importants contrats[6] et la solidarité avec les États-Unis lors de la prise d’otages de leur ambassade à Téhéran poussent Paris à refroidir et même à suspendre ses relations avec la République islamique.
     
    La crise de l’impérialisme français est aussi aggravée par la guerre civile qui touche le Liban, son dernier pré-carré, de 1975 à 1990. Le 4 septembre 1981, l’ambassadeur de France à Beyrouth est assassiné. Tout indique que l’attentat a été commandité par Damas, qui tente de déloger la France de sa position et de son rôle de « médiateur ».
     
    Le 23 octobre 1983, deux attentats frappent les casques bleus stationnés à Beyrouth. Le premier vise le quartier général des États-Unis au Liban. Le second touche le « poste Drakkar », immeuble où se trouve le 1er régiment de chasseurs parachutistes de l’armée française. 239 soldats américains et 58 soldats français trouvent la mort. Les attentats sont revendiqués par l’Organisation du djihad islamique (OJI)[7], groupe chiite lié à l’Iran et matrice du futur Hezbollah.
     
    C’est à cette époque que se forge l’axe Damas-Téhéran, encore actif aujourd’hui. L’Iran est alors en pleine guerre contre l’Irak et souffre d’un grand isolement international : les États-Unis comme l’URSS, l’Arabie saoudite comme l’Organisation de libération de la Palestine d’Arafat, soutiennent Saddam Hussein. Seule la Syrie, qui a failli entrer en guerre contre Bagdad quelque temps plus tôt, soutient la République islamique.
     
    Le Liban est un autre terrain d’entente pour les deux pays. On y trouve une importante communauté chiite, dont beaucoup de membres, marginalisés dans l’État libanais, sont prêts à suivre le modèle iranien. La création de l’OJI, puis du Amal islamique[8] et enfin du Hezbollah en 1985, marque le début de la coopération irano-syrienne.
     
    Tout au long des années 1980, l’axe Damas-Téhéran, via les forces libanaises qu’il parraine, multiplie les attaques contre les intérêts français et nord-américains, sur le sol libanais mais aussi à Paris. Du 7 décembre 1985 au 17 septembre 1986, quatorze attentats touchent la capitale française, faisant quatorze morts et plus de trois cents blessés. Organisés par le Hezbollah, ils ont pour but de faire cesser la livraison d’armes françaises à l’Irak. Mais cette agressivité n’empêche pas le maintien de relations importantes et l’organisation de négociations.
     
    Quand, en février 1982, Hafez el-Assad fait massacrer au moins 20 000 personnes à Hama, dans l’ouest de la Syrie, pour écraser une insurrection dirigée par les Frères musulmans, la France refuse de condamner la répression. L’écrasement d’un mouvement religieux avec lequel elle n’a jamais eu de rapports significatifs ne vaut pas que la France se brouille davantage encore avec la Syrie.
     
    Mitterrand, bien conscient de la nécessité de faire avec elle pour maintenir son emprise au Liban, se rend même à Damas en novembre 1984, un an après la mort des casques bleus. L’Iran reçoit en toute discrétion des armes françaises (et américaines) et les relations diplomatiques entre Paris et Téhéran reprennent totalement en 1988. En 1988, la compagnie Total est autorisée à participer à un consortium avec la Syrian Petroleum Company.
     
    En Irak, les mouvements pro-Iran deviennent des alliés de Washington alors que l’Occident se retourne contre Saddam Hussein[9]. En 1990 et 1991, la France prend sa part dans la première guerre du Golfe, sous l’égide de George Bush père.
     
    Difficile, sans doute, de trouver une cohérence à la politique moyen-orientale française des années 1980. Et pour cause ! Concurrencé de toutes parts sur ses anciens terrains protégés, l’impérialisme hexagonal doit avancer à tâtons pour maintenir tant bien que mal ses intérêts.
     
    Jean-Baptiste Pelé
     
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    [1] En 1954, la CFP entreprend de raffiner elle-même du pétrole. Elle crée pour cela la filiale dont elle porte aujourd'hui le nom : Total.
    [2] Minorité religieuse, sous-branche du chiisme, principalement présente au Liban et en Syrie.
    [3] Mouvance très réactionnaire de l'islam sunnite.
    [4] C'est de ce même « djihadisme » que se réclament aujourd'hui al-Qaeda et Daesh. Il date bien des années 1980 et non des origines profondes de l'islam.
    [5] Le sunnisme est la branche d'environ 80 % des musulmans du monde, contre 10 à 15 % pour le chiisme ; ce dernier est ultra-majoritaire en Iran et représente la première communauté religieuse en Irak, au Liban et en Syrie.[6] Un contentieux portant sur plus d'un milliard de dollars oppose notamment la France à l'Iran concernant le développement d'un programme nucléaire en Iran. Ce programme, établi en 1974, sous le règne du Shah, avait alors toute l'approbation de l'Occident.[7] Organisation libanaise, à ne pas confondre avec ses homonymes égyptien ou palestinien.[8] Scission pro-iranienne d'Amal, parti libanais chiite fondé en 1974 par Moussa Sadr.[9] Massoud Barzani, président du Kurdistan irakien depus 2005 et Jalal Talabani, président de l'Irak de 2005 à 2014, ont ainsi accédé au pouvoir dans l'Irak sous occupation états-unienne, après avoir dirigé (en concurrence l'un avec l'autre) la résistance kurde contre Saddam Hussein durant les années 1980 et 1990. Leurs nominations respectives sont le fruit d'un compromis entre Washington et Téhéran.
     
     
    Note: Ce texte est issu d'un des courants du NPA: "Anticapitalisme et révolution"

  • 1916-2016 : cent ans de manœuvres françaises au Moyen-Orient (2/2) A&R

     
     
     
     
     
     
     
     
     
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    Nous publions la seconde partie de cet article. Après avoir développé quelle a été la politique de l’État français au Moyen-Orient, des accords Sykes-Picot de 1916 aux années 1980, nous revenons ici sur les évolutions survenues entre les années 1990 et aujourd'hui.

    Les années 1990 et 2000 : un repositionnement français

    Suite à la guerre du Golfe, la France soutient l’embargo qui provoque la mort de 500 000 à 1 million d’enfants entre 1991 et 2003. Mais elle soutient aussi le cynique programme « pétrole contre nourriture », mis en place en 1996. Lors de l’invasion américaine de 2003 est publiée la liste des personnalités politiques, patrons et entreprises ayant bénéficié du système de rétro-commissions mis en place par Saddam Hussein grâce à ce programme. Outre l’ancien ministre Charles Pasqua et d’autres dirigeants de la droite française, on y trouve l’entreprise Total et son futur patron Christophe de Margerie (alors directeur pour le Moyen-Orient) et la banque BNP-Paribas.

    Faut-il en conclure que la défense des intérêts français en Irak est la cause de l’opposition de Jacques Chirac à la guerre de George Bush Jr en 2003 ? C’est certainement un facteur déterminant dans sa politique.
     
    Cela n’empêche pas la France de continuer à jouer sur deux tableaux. En 1999, Jacques Chirac est le premier chef d’État à recevoir le jeune Bachar el-Assad, qui a été intronisé comme successeur de son père suite à la mort de son frère aîné en 1994. Et en juin 2000, Chirac est le seul chef d’État occidental à se rendre aux funérailles d’Hafez el-Assad. Total bénéficie pleinement de l’exploitation du pétrole. Depuis le milieu des années 1990, la production d’or noir atteint les 600 000 barils par jour.

    Mais en mai 2004, les relations se tendent de nouveau à propos du Liban. La Chambre des députés décide de reporter l’élection présidentielle[1], prolongeant ainsi le mandat du général Émile Lahoud. Celui-ci est considéré par Chirac et Bush comme l’homme de la Syrie : il a signé en 1989 l’accord de Taëf, qui a mis fin à la guerre civile et permet une présence militaire syrienne depuis. En juin, alors que Bush est en France pour célébrer les 60 ans du débarquement de Normandie, les chefs d’État français et américain lancent l’initiative diplomatique qui débouche en septembre sur la résolution 1559 des Nations unies. Celle-ci exige le retrait des 15 000 soldats syriens encore présents au Liban. Un mois après, le Premier ministre, l’homme d’affaires multimilliardaire (et grand ami de Chirac) Rafiq Hariri, démissionne. Il est assassiné par un attentat attribué au Hezbollah en février 2005. Chirac fait alors tout ce qui est en son pouvoir pour isoler la Syrie dans la communauté internationale.

    Deux ans plus tard, Sarkozy nouvellement élu tente un rapprochement avec la Syrie afin de débloquer la situation de vacance de la présidence libanaise (le mandat de Lahoud s’est terminé sans consensus pour sa succession), ce qui est fait en mai 2008. Sarkozy rend hommage à Assad pour son rôle dans la résolution du conflit et l’invite à assister au défilé du 14 juillet. Et puis, comme son allié iranien, le régime syrien n’est-il pas un modèle de stabilité et un appui dans la lutte contre Al-Qaïda ?

    Depuis 2011 : un redéploiement toujours chaotique

    Mais en fait de stabilité et de lutte contre le terrorisme, la situation n’est plus aussi idyllique depuis le début de la révolte populaire anti-Assad, en 2011. On estimait, en septembre dernier, le nombre de morts à 240 000 depuis 2011, dont 80 % sont l’œuvre des forces gouvernementales (armée régulière, mais aussi Hezbollah...) et 10 % de Daech.

    Pour les capitalistes, d’autres chiffres comptent. Entre 2011 et 2014, les pertes dans le secteur des hydrocarbures s’élèvent à près de 16 milliards d’euros. La production de pétrole s’est effondrée de 96 % et celle du gaz de 50 %. Un terrible gâchis pour ceux qui regardent avec avidité les 2,5 milliards de barils de réserves estimées. Un terrible handicap pour leur commerce aussi, alors que la Syrie pourrait occuper une position de carrefour du gaz et du pétrole... Une terrible menace enfin, pour la stabilité, déjà bien précaire, de la région.

    Pour les entreprises françaises implantées en Syrie, aussi diverses que le groupe fromager BEL ou le cimentier Lafarge, la seule solution est la délocalisation vers le Liban, l’Égypte ou la Turquie. Total a également dû rapatrier son personnel en décembre 2011, après l’adoption de sanctions par l’Union européenne. L’entreprise voit avec grand-crainte l’évolution de la situation en Irak, où elle a déjà peiné à remporter des contrats face à la concurrence britannique, nord-américaine et, fait nouveau, asiatique (depuis 2009, elle exploite ainsi le champ pétrolier Halfaya avec les entreprises chinoise CNPC et malaisienne Petronas), d’autant que l’essentiel de son implantation est au Kurdistan. Les récents accords avec l’Iran ont certes ouvert la possibilité d’un retour des pétroliers européens dans la République islamique. Mais la fermeté française sur le dossier du nucléaire, le soutien sans faille de Hollande à l’État d’Israël, son partenariat privilégié avec l’Arabie saoudite et les accusations de corruption de Total en Iran[2] risquent de handicaper le pétrolier français dans les attributions de marchés.

    Quant aux ressources du sous-sol syrien, elles sont désormais convoitées par le fidèle allié russe. Soyuzneftegaz Company a ainsi signé en 2013 un accord de prospection pétrolière et gazière off-shore pour une durée de 25 ans.

    Autre concurrent pour l’exploitation des ressources : l’État islamique, qui parvient à s’autofinancer grâce aux exportations vers l’Irak et la Turquie.
     
    On comprend sans peine l’empressement de Hollande à lancer une offensive contre la Syrie en 2013, puis sa ferme volonté de participer, fût-ce avec des moyens symboliques, aux bombardements en Irak depuis l’an dernier et en Syrie depuis septembre 2015. Désormais, la cible prioritaire n’est plus le régime d’Assad, mais Daech. L’émotion post-attentats explique en partie ce changement de stratégie. Mais pas seulement. Une nouvelle fois, les impérialistes tâtonnent, ont peur de s’embourber, sont incapables de trouver une solution viable.

    Le maintien d’Assad semblait impensable il y a quelques mois. Il est maintenant sérieusement envisagé par plusieurs forces de la coalition, y compris hors de l’axe Moscou-Téhéran. Mais un tel scénario pourrait signifier un net recul de l’implantation des entreprises françaises dans le pays.
     
    Le choix français se porte donc davantage vers les adversaires de l’axe Damas-Téhéran : l’Arabie saoudite et le Qatar en premier lieu. En 2014, 9 milliards d’euros de contrats ont été signés et le montant s’élève à 17 milliards en 2015. Dassault négocie avec les Emirats arabes unis 12 milliards d’euros de ventes. Le secteur de l’armement, lui, ne connaît pas la crise.

    L’impérialisme français est fragilisé mais toujours actif, et sans doute plus agressif depuis l’arrivée de Hollande au pouvoir. Le dénoncer, critiquer ses guerres et son hypocrisie, c’est sans doute aujourd’hui aller à contre-courant. Mais ne l’était-ce pas aussi pour les militants et militantes anti-impérialistes aux États-Unis en 2003 ? Pourtant, l’enlisement et la catastrophe des occupations de l’Afghanistan et de l’Irak a rendue bien plus forte, sinon majoritaire, l’idée que ces guerres pour le pétrole et les intérêts capitalistes n’étaient pas légitimes et devaient prendre fin. Notre tâche immédiate est de continuer à le dénoncer et de prendre des initiatives militantes, afin de préparer les mobilisations anti-guerre de demain.

    Jean-Baptiste Pelé
     
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    [1] Le président de la République libanaise n’est pas élu au suffrage universel mais par la Chambre des députés, en principe pour un mandat de six ans. Le choix se fait en principe au consensus entre les forces politiques, d’autant que le poste est obligatoirement occupé par un chrétien (le Premier ministre doit être sunnite et le président de la Chambre des députés chiite).
    [2] Entre 1996 et 2003, Total aurait versé 38 millions de dollars à des dirigeants iraniens pour l’attribution de contrats.
     
     
    Note; Ce texte est issu d'un courant du NPA "Anticapitalisme et Révolution"