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IVè Internationale - Page 12

  • Monde arabe : « Nous sommes toujours dans ce processus révolutionnaire inauguré en 2011 » (NPA)

     

    Entretien. Invité de notre Université d’été, le chercheur Gilbert Achcar est entre autres intervenu dans l’atelier intitulé « Du “Printemps arabe” à “l’État islamique”, que reste-t-il du soulèvement arabe ? ». 

    Plus de quatre ans après la chute de Ben Ali, peut-on toujours parler, comme tu l’as fait dans ton livre Le peuple veut, de « soulèvement arabe » ?

    Certainement. Le soulèvement arabe se référait à l’année 2011 qui a connu six soulèvements, ainsi que des mouvements sociaux dans la quasi-totalité des pays de l’ensemble arabophone. Mais depuis le départ, j’ai souligné que ce soulèvement était le début d’un processus révolutionnaire de longue durée : dans cette optique, le fait qu’à partir de 2013, la région soit entrée dans une phase de contre-révolution – en particulier depuis le basculement de la situation en Syrie, lorsque l’Iran et ses alliés libanais et irakiens ont sauvé le régime Assad et lui ont permis de passer à la contre-offensive – ce fait-là ne supprime en rien les fondements du processus révolutionnaire, notamment le ­blocage socio-économique.

    On voit bien que la région reste en plein bouillonnement avec ce qui s’est passé tout récemment en Irak et au Liban, deux pays qui avaient été moins affectés que d’autres par l’onde de choc de 2011. Au cours des dernières semaines, les deux pays ont connu des mobilisations de masse autour de clivages qui opposent « le peuple », au sens de 2011, aux gouvernements sur des revendications sociales. Nous sommes toujours bel et bien dans ce processus révolutionnaire qui a été inauguré en 2011 et qui, à mon sens, va se poursuivre sur plusieurs décennies, avec l’alternance de phases à dominante révolutionnaire ou contre-révolutionnaire selon la dialectique propre à ce genre de processus.

    Qui sont les principaux acteurs de la contre-révolution ?

    La complexité de la situation régionale, c’est qu’il n’y a pas une contre-révolution homogène comme on a pu la connaître dans des situations classiques. Qu’on pense par exemple à la Révolution française : lorsque l’Europe réactionnaire s’est liguée contre elle de concert avec les forces réactionnaires françaises, le camp de ce qu’on a pu appeler l’ancien régime était plutôt homogène dans sa nature. Or dans le monde arabe, il n’y a pas que l’ancien régime, même si tout naturellement celui-ci est la première et la principale force contre-révolutionnaire. Il y a également des oppositions de type réactionnaire à l’ancien régime qui se sont développées dans la région, au départ comme antidote à la radicalisation à gauche – un antidote qui a été presque partout favorisé par l’ancien régime lui-même, même s’il est entré par la suite, dans de nombreux pays, en conflit ouvert et parfois sanglant avec cet ancien régime.

    On a donc, depuis 2011, un processus révolutionnaire en butte à deux principaux obstacles, deux forces contre-révolutionnaires : les régimes qu’il s’agit de renverser, et les forces islamiques qui se posent en alternative réactionnaire aux régimes. L’absence ou la faiblesse organisationnelle du pôle révolutionnaire composé du mouvement ouvrier et des forces progressistes, ou alors sa faiblesse politique, ont laissé la porte ouverte à cette concurrence entre pôles réactionnaires et au choc entre eux, avec une montée aux extrêmes dans des situations de guerre civile en Syrie, en Libye ou au Yémen, ou sous une forme larvée, mais néanmoins brutale, au Bahreïn et en Égypte.

    Comment qualifierais-tu l’action des pays occidentaux, États-Unis en tête, dans la région ? Certains leur attribuent en effet l’essentiel, sinon la totalité des responsabilités quant à la situation chaotique actuelle, quitte à verser dans le complotisme...

    En laissant de côté les théories du complot qui en viennent à attribuer le soulèvement lui-même aux manigances des États-Unis, des théories qui sont en général fondées sur la vision fantasmagorique d’États-Unis omnipotents, il y a l’idée répandue, y compris dans certains secteurs de la gauche, que les États-Unis seraient en train d’alimenter le chaos en Syrie après l’avoir fait en Libye. C’est se méprendre profondément sur la politique actuelle de l’administration Obama dont on voit bien d’ailleurs la pusillanimité sur le dossier syrien. Les États-Unis sont depuis 2011 au point le plus bas de leur hégémonie dans la région depuis l’apogée de 1990-91. Ils ont perdu énormément de terrain, en particulier en raison de la catastrophe que l’Irak a été pour leur projet impérial. L’obsession majeure de l’administration Obama est de préserver les appareils d’État dans la région et d’éviter précisément que s’installe une situation de chaos comme ce que l’Irak a pu connaître après le démantèlement de l’État baathiste par l’occupation de 2003.

    Ce qui a pu faire penser que la stratégie étatsunienne n’avait pas assimilé cette leçon amère, c’est l’intervention en Libye, mais cette perception passe à côté du fait que cette intervention-là visait à prendre le contrôle de la situation dans ce pays pétrolier et à négocier un compromis avec l’appareil d’État, dont une partie avait d’ailleurs rejoint le camp des insurgés. Et de ce point de vue, le résultat de l’intervention en Libye est un autre désastre : le renversement de Kadhafi tel qu’il s’est déroulé a été pour Washington un lourd fiasco, comme la suite l’a bien montré. Les choses sont allées beaucoup plus loin que souhaité, puisque l’OTAN a assisté impuissante au démantèlement intégral de l’État libyen, qui a fait de la Libye un pays sans État, sans « monopole de la violence physique légitime », avec des milices rivales qui sont aujourd’hui en train de s’entretuer. En ce sens, il s’agit bel et bien d’une seconde défaite après l’Irak, ce que n’ont pas compris les adeptes de la théorie du complot. Aujourd’hui, l’obsession des États-Unis, y compris en Syrie, c’est de négocier et parvenir à conclure des compromis entre les deux pôles de la contre-révolution régionale afin de re-stabiliser la situation en restaurant ou consolidant des États capables de maintenir l’ordre.

    Sur le long terme, dans la mesure où elle ne prend pas en compte les fondements socio-économiques du soulèvement, cette stratégie est vouée à l’échec…

    Cette politique de conciliation entre les deux forces de la contre-révolution a eu jusqu’ici un seul succès, en Tunisie, avec un gouvernement de coalition entre Ennahda et les restes de l’ancien régime, et il y a des négociations intensives en cours pour des compromis de ce type, en Libye, en Syrie et également en Égypte et au Yémen. L’accord sur le nucléaire avec l’Iran s’inscrit dans la même perspective.

    Washington veut réconcilier tout ce beau monde qui a en commun une profonde hostilité aux aspirations démocratiques et sociales du « printemps arabe » de 2011. Mais sur le long terme, il est évident que tout cela est voué à l’échec ! L’alternative se pose entre deux termes : soit une issue positive au processus révolutionnaire, c’est-à-dire une rupture radicale sur les plans socio-économique et politique avec la variante régionale du capitalisme, qui permette à la région d’entrer dans une nouvelle phase de développement de longue durée ; ou alors ce que j’ai appelé naguère le « choc des barbaries », avec le développement de symptômes de putréfaction politique dont le soi-disant « État islamique » est aujourd’hui l’exemple le plus saillant.

    Propos recueillis par Julien Salingue

    Hebdo L'Anticapitaliste - 301 (03/09/2015)

  • Soutien au mouvement populaire au Liban, contre la répression d’Etat (Lcr.be)

    23 sept 2006 chatelet palais royal paris drapeaux libanais palestiniensPARIS/2006/06/23/JMB

    Ces dernières semaines, des manifestations se sont amplifiées à Beyrouth contre la gestion désastreuse des ordures par le gouvernement, au point d’atteindre une échelle nationale.

    En cause, une gestion libérale et privatisée du traitement des ordures dont les conséquences écologiques désastreuses touchent en premier lieu les habitants des quartiers et régions les plus pauvres du pays : l’un des premiers lieux touchés a été la petite ville côtière de Na’ameh, (sud de Beyrouth) dont la fermeture du site d’enfouissement pour cause de surcharge et suite aux mobilisations locales, a entraîné un déplacement des ordures jusqu’aux quartiers les plus huppés de la capitale. La solution proposée par le régime est la création d’un nouveau site dans la région pauvre de Akkar, au nord du pays : une tentative de plus de la part des classes dirigeantes de faire porter le poids de leurs échecs aux couches les plus vulnérables de la société.

    En vérité, l’affaire de la gestion des ordures est le dernier scandale en date d’un régime en état de crise perpétuelle. Les politiques néolibérales, la privatisation à outrance et la spéculation immobilière font que la précarité socio-économique touche la majorité de la population libanaise. La rhétorique sectaire et confessionnelle omniprésente sert la stratégie du régime qui vise à diviser pour mieux régner, mais menace de faire replonger le pays dans la guerre civile. Les institutions démocratiques de l’État central sont de fait désintégrées, et le pouvoir partagé entre des partis confessionnels censés contenir leurs “bases” respectives afin que les oligarques et les capitalistes proches du régime puissent continuer à piller les ressources du pays.

    La radicalité exprimée lors des manifestations ces dernières semaines par les couches sociales les plus pauvres témoigne du ras-le-bol de la population qui ne se taira pas face à la répression de l’Etat qui a déjà fait des centaines de blessés, et à la campagne de diabolisation cherchant à diviser bons et mauvais manifestants. Désormais, la question d’une gestion collective des ordures est devenue un élément catalyseur de la population contre toute solution se basant sur des critères sectaires et confessionnels, un système politique qui, rappelons-le, est le mode de gouvernance hérité du système colonial français. C’est donc en toute logique que les manifestants réclament la fin d’un  régime confessionnel et sectaire.

    En solidarité avec la campagne « Le peuple veut », à laquelle nos camarades du Forum Socialiste au Liban participent, nous appelons à relayer les demandes exprimées par les manifestants et à soutenir toute initiative de solidarité internationale pour un État laïque démocratique qui consacre la justice sociale, la liberté et l’égalité. 4 septembre 2015

    LCR-SAP (Belgique), NPA (France) , SWP (Angleterre), SAP-Grenzeloos (Pays-Bas), et Internationale Socialisten (Pays-Bas), SolidaritéS (Suisse) , Vrede vzw ( Belgique)

    http://www.lcr-lagauche.org/soutien-au-mouvement-populaire-au-liban-contre-la-repression-detat/

  • Solidarité avec le soulèvement des masses populaires libanaises (Lcr.be)

    Déclaration du Courant de la Gauche révolutionnaire en Syrie

    Solidarité avec le soulèvement des masses populaires libanaises

    Notre pays frère le Liban vit ces derniers jours des manifestations et des protestations pacifiques qui exigent la chute du régime et l’assainissement du pays de ses politiciens… avant ses déchets. En effet ces manifestations veulent destituer le gouvernement et le Parlement dont le mandat a été prolongé, mettre fin aux seigneurs de la guerre ainsi que renverser tout le système politique sectaire et corrompu en vue de le remplacer par un autre qui reflète les aspirations des masses populaires et leurs intérêts.

    Il y a cependant une dictature politique en place qui a préféré répondre aux manifestations par la violence. Les forces de sécurité ont alors chargé les manifestants avec des balles réelles et en caoutchouc, des grenades lacrymogènes et des véhicules anti-émeutes faisant des blessés parmi les jeunes révoltés. Elles ont également arrêté un certain nombre de manifestants dans une tentative de briser la volonté du peuple qui a déclaré la révolution contre la corruption.

    Les régimes en place se diffèrent certes par leur nomination ou leurs fondements mais ils se ressemblent par leur nature, étant des régimes tyranniques qui servent les intérêts d’une caste à la fois gouvernante et possédante. Une caste qui, dans tous les pays arabes, exerce la tyrannie, s’adonne au pillage et trempe dans la corruption au profit d’une petite minorité et au détriment de la majorité de la population exploitée qui plus est subit une paupérisation et une répression accrues. Mais ces régimes corrompus oublient une réalité dont les révolutions de ces dernières années ont apporté la preuve criante que lorsque le peuple un jour veut la vie, force est au destin de répondre.

    Aussi le peuple au Liban, comme en Irak, rejoint les révolutions qui ont balayé la région sous le slogan: Le peuple veut renverser le régime… pour la liberté, la dignité, l’égalité et la justice sociale.

    Le Courant de la Gauche révolutionnaire en Syrie exprime sa pleine et entière solidarité avec nos frères et sœurs de la jeunesse et des masses populaires qui se sont soulevés contre le système politique et social corrompu et pourri au Liban dont la puanteur se répand partout. Il est certainement temps de s’en débarrasser.

    Nos ennemis sont communs…

    Et notre lutte est commune

    Et toujours avec la lutte des masses populaires pour leur émancipation

    Tout le pouvoir et toute la richesse au peuple

    Le Courant de la Gauche révolutionnaire en Syrie
    23 août 2015
    Traduit de l’arabe par Rafik Khalfaoui
     
    http://www.lcr-lagauche.org/solidarite-avec-le-soulevement-des-masses-populaires-libanaises/
  • Algérie: Mahmoud Rechidi, leader du PST (Lcr.be)

    Mahmoud Rechidi, leader du PST:  « La barbarie qui guette l’humanité se nourrit fondamentalement de la détresse sociale et du désespoir des peuples»

    Dans le cadre de ses entretiens avec les partis politiques, en particulier de la gauche, sur la question sécuritaire et du djihadisme, en particulier après l’attentat qui a coûté la vie à neuf soldats de l’ANP près d’Aïn Defla, le 17 juillet dernier, Reporters donne cette fois la parole au leader du Parti socialiste des travailleurs (PST), Mahmoud Rechidi. Entretien.

    Reporters : Quelle lecture faites-vous du fait que la sphère djihadiste en Algérie soit désormais marquée par Aqmi et Daech ?

    Mahmoud Rechidi : Je ne pense pas que la situation correspond à ce qui semble être suggéré dans votre question. Je veux dire que l’Algérie n’est pas marquée par un regain de djihadisme. Cependant, quelques noyaux de groupes armés, affiliés à tel ou tel label, tentent de temps à autre des actions, plus ou moins spectaculaires, dans le but évident de susciter l’impact et de signaler une certaine capacité de nuisance. Les exemples de Tiguentourine[1] en 2013, revendiqué par Aqmi, et le rapt du Français Gourdel[2] en 2014, revendiqué par Daech, relèvent de cette stratégie. En fait, on est très loin des années 1990 et de ce qui se développe dans les pays de la région. Mais, les recettes économiques libérales imposées par le pouvoir politique actuel en Algérie, qui ne manqueront pas d’aggraver le désastre social et le désespoir, d’une part, et, d’autre part, les graves atteintes aux libertés démocratiques, peuvent précipiter une partie de la jeunesse dans les bras armés de l’intégrisme religieux et du fanatisme.

    Quelle solution, selon les formations de gauche, à la question djihadiste ? Sécuritaire stricto sensu ou politique ?

    Pour le Parti socialiste des travailleurs (PST), comme nous l’avions déjà rappelé dans les années 1990, il n’y a pas de solution policière aux problèmes politiques. La défaite des islamistes armés en Algérie, dont les exactions et la barbarie sont encore vivaces, était d’abord politique par le fait de la désaffection populaire dès la fin 1994.

    Les réconciliateurs de Sant’Egidio[3] ou la présidentielle du pouvoir militaire de l’époque et ses alliés de 1995 surfaient sur cette réalité. Dès lors, leur défaite militaire se réduisait à une question de temps. Bien entendu, il ne s’agit pas ici de revenir sur les exactions des uns et des autres que nous avions dénoncées en leur temps. En revanche, la solution politique que nous avions préconisée n’est pas celle de M. Bouteflika. La réconciliation et la concorde ne se décrètent pas en consacrant l’impunité et l’injustice.

    La solution politique démocratique suppose au moins la reconnaissance des crimes, le pardon des victimes par le biais d’une justice acceptable par tous. La solution politique démocratique exige des choix économiques et sociaux qui garantissent le pain, le travail et le logement pour tous, qui assurent la liberté et la dignité au peuple algérien et offrent un horizon d’espoir à notre jeunesse.

    Partagent-ils l’idée qu’il s’agit de groupes obéissant à des agendas internationaux. Si oui, lesquels ?


    Ce que vous appelez agendas internationaux, nous, nous les appelons les intérêts des puissances occidentales impérialistes et leurs alliés, tels que les monarchies du Golfe. Mais, cela n’est pas nouveau. Les USA sont passés maître dans le financement, l’entraînement et l’armement des groupes armés en Amérique latine et ailleurs depuis des lustres, en imposant des dictatures et des régimes alliés.

    Depuis l’époque de la guerre froide et l’intervention militaire soviétique en Afghanistan en 1979, l’islamisme politique ou armé a été encouragé et soutenu dans toute la région par les USA et leurs alliés occidentaux. Les révélations sur les liens de Ben Laden et sa branche Al Qaïda avec la CIA sont connues de tous. La stratégie mise en place par l’administration Bush pour la reconfiguration du Grand Moyen-Orient (GMO), ouvertement interventionniste, néocolonialiste et néolibérale, révélait les appétits US dans la région et leur intention de chasser les régimes politiques récalcitrants.

    La reconnaissance récente d’un responsable du Pentagone relative au soutien des USA au développement de Daech entre 2012 et 2013, via la Turquie, l’Arabie saoudite et d’autres alliés, ne laisse aucun doute à ce sujet quant à son utilisation pour affaiblir l’Iran, le Hezbollah et le régime syrien, et par ricochet la Russie de Poutine. L’intervention directe de l’Otan en Libye et l’assassinat du dictateur Kadhafi traduit cette stratégie du chaos créateur de contrerévolutions et l’intimidation des peuples tunisien et égyptien qui ont osé enclencher un processus révolutionnaire et chasser les dictateurs Ben Ali et Moubarak, amis des USA et de l’UE. Pour conclure, je dirais oui, il y a des agendas internationaux.

    Mais, sans verser dans la théorie du complot et autre main de l’étranger, qui nous sont servies à chaque mouvement social, il y a une réalité politique, économique et sociale dans notre pays qui favorise ces agendas et qui mine les capacités de résistance de notre peuple pour défendre sa souveraineté et son indépendance.

    L’absence des libertés démocratiques et les recettes économiques libérales, inspirées par le FMI, la BM, l’OMC, l’UE et autres ONG, mènent vers la catastrophe économique et sociale. Les privatisations envisagées du secteur public, la remise en cause rampante des subventions des produits de première nécessité, des transferts sociaux et de la santé publique et gratuite (projet du nouveau Code de la santé), la précarisation des relations de travail et des conditions de vie (projet du nouveau Code du travail), le développement de la corruption et du népotisme, l’explosion des importations, du chômage et du mal vivre au niveau de la jeunesse, sont autant de signaux et d’ingrédients qui feront le lit de ces agendas et de leurs bras armés tels qu’Aqmi, Daech et autre Boko Haram.

    Quelles conséquences a l’attentat d’Aïn Defla sur le champ politique et sécuritaire ?


    L’attentat d’Aïn Defla[4] n’a rien d’extraordinaire. Bien sûr, il y a neuf jeunes soldats tués et d’autres blessés, selon les médias et les communiqués officiels. Cela a créé une émotion et une certaine angoisse dans un contexte marqué par les récents attentats de Sousse[5], du conflit de Ghardaïa[6] et des guerres civiles dans la région. Aussi, l’amplification par les médias locaux et internationaux donne à cet attentat une dimension et un impact plus grands.

    Mais, d’un point de vue strictement militaire, cet attentat ne présente aucun saut qualitatif ou une élaboration compliquée. Au contraire, il s’agit d’un petit groupe armé qui frappe pour s’évanouir dans la nature. Encore une fois, c’est l’impact médiatique et une relative capacité de nuisance qui sont recherchés à travers cet acte.

    Sur le plan politique, les principales conséquences sont loin d’être réduites aux réactions de l’opposition libérale consistant à critiquer la qualité des équipements de l’armée et son organisation.

    Si la menace islamiste armée n’est pas à écarter complètement, même si, comme je l’ai signalé plus haut, elle est aujourd’hui à un état groupusculaire, des mesures politiques, économiques et sociales s’imposent. Les recettes économiques libérales qui profitent à une infime minorité de prédateurs, dont les ravages sociaux sont palpables en Algérie et à l’échelle internationale, doivent être abandonnées.

    Il faut la levée de toutes les entraves à l’exercice des libertés démocratiques, notamment celles relatives aux libertés syndicales, aux droits à l’organisation, à l’expression et de manifestation. Il faut engager la bataille pour l’égalité des droits entre les hommes et les femmes par l’abrogation du Code de la famille et l’instauration de lois civiles. Il faut promouvoir les droits culturels et linguistiques de toutes les composantes de notre peuple. Il faut mettre en place une stratégie de développement économique nationale qui puisse satisfaire les besoins sociaux de tous, consacrer la souveraineté du peuple algérien sur ses richesses et garantir son indépendance et la maîtrise de son destin. Car la barbarie qui guette l’humanité, à travers les intégrismes religieux divers ou à travers l’extrême droite et le fascisme, se nourrit fondamentalement de la détresse sociale et du désespoir des peuples.

     29 juillet 2015 par Mahmoud Rechidi

    Source : http://www.reporters.dz/index.php/grand-angle/item/48759-mahmoud-rachedi-leader-du-pst-la-menace-islamiste-armee-n-est-pas-a-ecarter-meme-si-elle-est-a-l-etat-groupusculaire

    Note : titre et notes de références sont de la rédaction.

    [1] Prise d’otages le 16 janvier 2013 perpétrée par un groupe islamiste armé à Tiguentourine, 30 km à l’ouest de Ain Amenas, dans le sud-est algérien. L’opération a visé 800 travailleurs du secteur gazier dont le dernier d’entre eux a été libéré après 3 jours.

    [2] Hervé Gourdel, un Français adepte de randonnée pédestre et guide de haute montagne‪, a été enlevé, selon la version officielle et les médias, dans une zone montagneuse à l’est de Tizi Ouzou, en Algérie, par un groupe terroriste nommé les « Soldats du califat en terre algérienne ». Un enregistrement vidéo intitulé  « Message de sang au gouvernement français »  a circulé montrant la décapitation de Gourdel par ce groupe.

    [3] Référence à un dialogue à Rome bien connu sous le nom de  » contrat de Sant’Egidio ». C’était une tentative de réconciliation par un groupe de partis algériens hétérogènes réunis sur initiative de la communauté catholique de Sant’Egidio en janvier 1995 .

    [4] Cette attaque terroriste a eu lieu le vendredi 17 juillet dernier, correspondant au premier jour de l’Aïd al-Fitr, dans la wilaya de Ain Defla –  centre du pays  et à 145 km de la capitale Alger. Neuf jeunes soldats ont été tués et deux autres blessés.

    [5] Attentat sanglant qui a eu lieu le 26 juin dernier contre des touristes dans un hôtel en bord de mer en Tunisie et qui a coûté la vie à 38 personnes.

    [6]  Référence à flambée de violences communautaires meurtrières qui ont eu lieu dans les dernières semaines dans la région de Ghardaïa, sud de l’Algérie, et qui durent d’ailleurs depuis deux ans entre les communautés mozabites (berbères) et chaâmbas (arabes).

    Source : http://www.reporters.dz/index.php/grand-angle/item/48759-mahmoud-rachedi-leader-du-pst-la-menace-islamiste-armee-n-est-pas-a-ecarter-meme-si-elle-est-a-l-etat-groupusculaire

    http://www.lcr-lagauche.org/algerie-mahmoud-rechidi-leader-du-pst-la-barbarie-qui-guette-lhumanite-se-nourrit-fondamentalement-de-la-detresse-sociale-et-du-desespoir-des-peuples/

  • Malgré son recul, le mouvement populaire,reste vivant (Essf)

    *

    Syrie: ni défaite ni victoire

    La situation syrienne semble stagner. Affrontements armés sur la majeure partie du pays, avec des avancées et des retraits des forces armées du régime, mais sans changement stratégique dans les rapports de forces militaires sur place.

    Après la chute de Palmyre, la ville historique, dans l’est du pays, entre les mains de Daesh en mai, l’armée régulière mène une offen­sive depuis une semaine pour la récupérer. L’armée du régime soute- nue par des combattants de Hezbollah étend son contrôle dans la montagne de Qalamon et attaque depuis peu la ville stratégique de Zabbadani. Une ville connue pour être un lieu dynamique des coordinations révolutionnaires.

    L’ASL en tenaille Aussi, les attaques contre les forces du régime à Alep depuis environ un mois battent de l’aile. Il y a deux regroupements de bataillons armés : un prénommé « Fatah Alep » regroupant une trentaine de bataillons, la plupart de l’Armée syrienne libre (ASL) et quelques bataillons islamiques « modérés », à l’exclusion de Jabhat al-Nusra et d’autres forces armées réactionnaires qui elles sont regroupées sous le nom de « Ansar Alsharia ».

    Ces deux regroupements militaires ont des objectifs contradictoires : le premier est pour une administration civile qui laisse la place aux conseils locaux, le deuxième est pour l’application de la charia islamique...

    Cette même configuration, nous la retrouvons aussi dans le sud du pays : treize bataillons de l’ASL se sont rassemblés pour déclencher « la tempête du sud » fin juin dernier ; dans le même temps, les forces réactionnaires Jabhat al-Nusra et autres groupes djihadistes ont également créé « Ansar Alsharia » dans le sud.

    L’Armée syrienne libre, bien qu’elle soit devenue la force la plus faible militairement, se trouve prise en tenailles entre les forces du ­régime et les forces réactionnaires de Daesh et al-Nusra et autres groupes djihadistes.

    Pression kurde dans le nord Au nord de la Syrie, les YPG kurdes, alliés à quelques bataillons de l’ASL, et aidés par les frappes aériennes de la coalition internationale dirigée par l’administration états unienne, ont pu libérer mi juin dernier la ville frontalière avec la Turquie Tell Abyad, mais aussi Aïn Aïssa sur la route de Al-Raqqah, le fief de Daesh, mais ils ont perdu cette dernière ville récemment.

    Le contrôle par le PYD, le parti politique le plus important du mouvement nationaliste kurde, de la ville frontalière de Tell Abyad signifie qu’il contrôle aujourd’hui une bande de territoire continue de 400 km. Ce contrôle a eu pour effet une levée de bouclier du gouvernement conservateur turc qui menace d’intervenir militairement dans le nord de la Syrie : son but est d’empêcher l’émer- gence d’un canton kurde autonome en Syrie qui constituerait un exemple pour les Kurdes en Turquie même. Cela malgré les déclarations répétées des dirigeants des YPG et YPD que leurs actions ne constituent aucun danger pour les intérêts du gouvernement turc ni pour l’intégrité des territoires de « l’État syrien »...

    Solidarité avec le mouvement populaire

    Sur le plan politique, l’événement le plus marquant était l’appel du président russe Poutine le 29 juin à la constitution d’une coalition régionale contre Daesh qui doit comprendre la Turquie, l’Arabie saoudite, la Jordanie et le régime syrien du boucher Bachar el-­Assad. Cette déclaration russe n’a pas encore reçu de réponse claire. L’enjeu est de reproduire le régime syrien avec quelques retouches, et d’affaiblir les capacités militaires et économiques du pays.

    Malgré le recul qu’il connaît à cause de la barbarie du régime, la destruction du pays et la répression des forces réactionnaires comme Daesh et Jabhat al-Nusra, le mouvement populaire,reste vivant. Plusieurs villes syriennes ont connu récemment des manifestations contre ces forces : Beit Saham à côté de Damas, Idleb au nord–ouest ou Deraa dans le sud. Dans les régions sous contrôle du régime, les contestations se lèvent, dont l’appel à une manifestation le 18 juillet contre les exactions des milices pro-gouvernementales dans la ville de Salamyeh dans le centre de la Syrie.

    En dépit de sa faiblesse actuelle, les militants des coordinations et des groupes révolutionnaires démocratiques et de gauche s’appuient sur ce mouvement populaire, et essaient, dans les conditions les plus terribles, de forger dans la flamme d’une guerre impitoyable un avenir plus progressiste et humaniste au peuple syrien. Nous leur devons une solidarité internationaliste.

    Ghayath Naisse

    * “Syrie : Ni défaite ni victoire”. Paru dans l’Hebdo L’Anticapitaliste - 298 (16/07/2015). http://www.npa2009.org/

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35517

  • Egypte : Encore une fois à propos du terrorisme et de l’alignement sur le pouvoir (Essf)

    Déclaration des Socialistes révolutionnaires

    Plausiblement, les réactions au sujet des récentes vagues d’opérations terroristes, en particulier celles qui ont visé des positions de l’armée dans le Sinaï, confirment l’ampleur de la crise dans l’opposition égyptienne.


    La réaction du régime était, elle, claire et explicite avec des lois d’exception en quantité pour :


    * renforcer la poigne de fer des appareils de sécurité,
    * lancer une nouvelle vague de répression, d’assassinats, de détention et de torture visant quiconque ose ne serait-ce que faire des commentaires non compatibles avec les versions rapportées par les services de sécurité,
    * considérer tous ceux qui s’opposent au régime — pendant que celui-ci est engagé en pleine « guerre contre le terrorisme » — comme traîtres et terroristes. « Qui n’est pas avec nous est contre nous », c’est la même ligne droite depuis George W. Bush et sa guerre contre l’Afghanistan, puis contre l’Irak, jusqu’à Abdel Fattah al-Sisi et sa guerre ouverte contre le peuple égyptien et sa révolution.

    Tout cela est logique.

    Tout système totalitaire utilise le terrorisme comme prétexte pour davantage de répression et pour créer un climat de frayeur nationale hystérique parmi les secteurs populaires les plus larges afin que tout le monde s’aligne derrière le dictateur !

    Mais que cette hystérie atteigne les rangs des opposants du régime — libéraux comme de gauche — qui se positionnent ne serait-ce sur le plan théorique contre le coup d’Etat d’al-Sisi et sa contre-révolution, voilà ce qui suscite énormément de surprise et de dégoût.

    Il y a ceux qui depuis le début se sont permis de choisir le camp du régime, en dépit de ses crimes, sous le prétexte du terrorisme ou de la peur des Frères musulmans. Ceux-là se sont jetés dans les bras de l’armée et de la contre-révolution dès le début et sans ambiguïté. Même si certains d’entre eux critiquent parfois les excès des forces de sécurité, notamment envers des personnes n’appartenant pas aux Frères musulmans.

    Mais il y a ceux qui se tiennent à mi-chemin. Ils rejettent la contre-révolution de la même façon qu’ils rejettent les Frères musulmane. Pour eux, nous sommes donc en présence de deux factions de la contre-révolution : une faction militaire pro-Moubarak vomie et une faction frériste-islamiste également vomie.

    Les tenants de cette approche essaient de rester à distance des deux factions belligérantes croyant qu’ils peuvent ignorer tous les affrontements et travailler sur une autre alternative capable de s’opposer avec la même force à la répression et aux politiques du régime militaire, ainsi qu’à tout ce que fait l’opposition islamique.

    Evidemment il y a là tout un amalgame entre mouvements islamiques distincts — avec diverses formes d’opposition qu’elle soit violente ou pacifique. Ainsi le terrorisme sanglant dans le Sinaï et une manifestation pacifique dans le village de Nahia deviennent de simples variations de la contre-révolution obscurantiste islamique pas moins dangereuses ou néfastes que la dictature militaire en place.

    Cette troisième voie est, bien sûr, sur le plan formel une opposition mais implicitement et sur le plan pratique, elle est favorable au régime militaire.

    Les dernières opérations terroristes ont sapé les rangs de cette troisième voie et beaucoup parmi ses éléments sont corps et âme avec l’Etat contre le danger et la sauvagerie de « notre » véritable ennemi, Daesh ! Soudainement ils perdent leur neutralité, même si formelle, vis-à-vis du terrorisme d’Etat et du terrorisme des groupes islamiques pour déclarer « courageusement » la nécessité d’un alignement sur le pouvoir en place et que nous sommes effectivement en état de guerre !
    Autrement dit : ils répètent comme de simples perroquets ce que disent le régime et ses porte-voix médiatiques. De ce fait, ils pleurent chaleureusement lorsque des soldats sont tués dans le Sinaï par le « fascisme religieux » perfide, et se figent dans le silence quand des manifestants pacifiques sont assassinés après la prière de l’Aïd !

    Une fois de plus nous, les Socialistes révolutionnaires, réitérons que :
    * nous rejetons les opérations terroristes, parce qu’elles renforcent davantage notre ennemi principal, à savoir la dictature militaire qui mène la contre-révolution, et lui offrent un prétexte tout trouvé et une arme de propagande pour doubler ses crimes contre les masses populaires et contre tout ce qui symbolise la révolution,
    * nous rejetons le terrorisme, même quand il est dirigé contre des symboles du pouvoir, car il rend ce pouvoir plus puissant et a un impact désastreux sur les masses populaires, car le message sera interprété comme : « Nous n’avons pas besoin de vos grèves et sit-in » !

    Pour ces raisons, nous sommes franchement et de manière décisive contre toutes les formes d’action terroriste. Mais, dans le même temps, nous n’oublions pas — ou nous ne feignons pas de l’oublier — un seul instant que le terrorisme le plus puissant et le plus dangereux est le terrorisme de la dictature militaire. Et plus précisément que la dictature est la véritable cause de toutes les formes de terrorisme.
    La voie pour se débarrasser de Daesh et des groupes similaires n’est certainement pas celle de s’aligner derrière l’Etat d’al-Sisi, qui est le même Etat que celui de Moubarak, ni celle d’une neutralité naïve parfois et complice la plupart du temps envers l’Etat et les mouvements terroristes.

    La seule voie révolutionnaire est celle de la redynamisation des armes de la lutte populaire avec des sit-in, des manifestations et des grèves orientés contre une dictature militaire corrompue qui ne nous a ramené que plus de pauvreté, d’oppression, de violence et de terrorisme.
    19 juillet 2015

    * Traduction de l’arabe par Rafik Khalfaoui

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35483

  • Daesh assassine la solidarité révolutionnaire (Essf)

     
    Massacre de Suruç (Turquie) :
    Condamnons la barbarie djihadiste et la politique guerrière de l’AKP !

    Plus de trente jeunes révolutionnaires ont perdu la vie suite à un attentat terroriste perpétré par l’organisation djihadiste DAESH dans la ville de Suruç, à la frontière de la Syrie. Nous manifestons toutes nos condoléances aux familles, amis et camarades des victimes.

    Ce lundi 20 juillet 2015 un groupe de trois cents jeunes s’apprêtaient à passer la frontière pour participer à la reconstruction de la ville kurde de Kobané, détruite lors de l’héroïque résistance de la population locale, du PYD et des milices des YPG-YPJ, ainsi que des combattants volontaires venus de toute part.

    Dans le cadre de la campagne de soutien organisé par la Fédération des Associations de Jeunesses Socialistes, dotés de colis de jouets, de produits sanitaires, de pots de peinture, de livres et films, ces jeunes, pour la plupart étudiants projetaient de contribuer à la reconstruction des bâtiments, d’édifier parcs et crèches pour les enfants, de former une bibliothèque.

    C’est ce sentiment inébranlable de solidarité internationaliste avec les kurdes de Kobané qui a constitué la cible de DAESH et non pas “La Turquie”, comme le prétend le Premier Ministre Davutoglu. C’est bien sa guerre contre le PYD, face auquel il perd du terrain en Syrie, que l’organisation djihadiste tente d’exporter sur le territoire turque avec cette attentat ignoble, tout comme les explosions lors du meeting du Parti Démocratique des Peuples (HDP) à Diyarbakır.

    Mais comment ne pas voir ici les conséquences de la politique étrangère de l’AKP, résolu à faire tomber à tout prix le régime de Damas, en soutenant conjoncturellement tel ou tel groupe djihadiste afin d’étendre son hégémonie au Moyen-Orient ? Rappelons-nous des camions bourrés d’armes et de missiles s’apprêtant à passer en Syrie sous le contrôle des services de renseignements, des hôpitaux à la disposition des militants blessés de DAESH. Rappelons-nous de la réjouissance à peine cachée d’Erdogan lorsqu’il déclarait que “Kobané est sur le point de tomber”. N’était-ce pas Davutoglu qui proclamait, alors qu’il était encore Ministre des affaires étrangère que DAESH pourrait être vu comme une structure radicale mais que ce sont “les mécontentements et indignations antérieurs” qui ont provoqué cette “réaction” ? Il y a encore un mois la presse de l’AKP annonçait à sa une, en se référant à des sources militaires que “le PYD est plus dangereux que DAESH”. Et finalement comment oublier la photographie exposant le sourire confiant de ce terroriste djihadiste lors de son interpellation par la police turque ?

    Face à la barbarie djihadiste et à ses collaborateurs, nous opposerons le sourire plein d’audace et porteur d’espérance que ces jeunes révolutionnaires, morts sur la route vers Kobané, nous ont légué. C’est en continuant leur combat que nous ferons vivre l’esprit de solidarité qui les animait.

    Pour le droit à l’autodétermination de peuple kurde !

    Vive la solidarité internationaliste !

    DAESH Assassin, AKP Collaborateur !

    Yeniyol
    Section Turque de la Quatrième Internationale

    21 juillet 2015
     
    Lire aussi:
     
  • La Tunisie sous le choc, après l’attentat terroriste (Essf)

    *

    Le 26 juin, la Tunisie a été frappée une seconde fois (1) par un attentat terroriste qui a coûté la vie à 38 personnes.

    Ces deux opérations terroristes mettent à nu de graves défaillances au niveau des services de sécurité tunisiens. Leurs impacts sur l’ensemble de la société, plus particulièrement sur les conditions de vie des classes populaires, seront, très probablement, lourds de conséquences.

    En effet, la cible est à nouveau le secteur touristique, gros pourvoyeur d’emplois et de ressources pour une partie de la population, certaines municipalités et l’Etat.
    Les millions de touristes, en grande majorité européens, qui visitent la Tunisie depuis plus quarante ans ont par ailleurs enrichi la culture locale, par un apport de diversité et de tolérance, aux antipodes de l’idéologie du terrorisme djihadiste. Les commanditaires des deux opérations cherchent aussi à saper le moral des Tunisiens, qui sont le meilleur rempart contre la volonté djihadiste de déstabiliser la société.

    La raison principale des défaillances sécuritaires graves du Ministère de l’Intérieur est, sans aucun doute, le choc qu’il a subi à la suite de l’ascension au pouvoir des islamistes en janvier 2012. Ces derniers ont cherché à s’approprier ce ministère, ou du moins à en contrôler les principaux services, pour garantir leur maintien au pouvoir et pour faciliter l’application de leur projet totalitaire d’islamisation de la société. Malgré la démission de leur gouvernement en janvier 2014, puis leur défaite aux élections de fin 2014, ils ont maintenu leurs positions au sien de l’appareil sécuritaire. Aussi bien par le biais des milliers de nouvelles recrues islamistes, que par la nomination de ministres de l’Intérieur islamistes, ou bien pro-islamistes notoires.

    Il est important de noter aussi que les deux attentats se sont produits à un moment où le mouvement social était en pleine effervescence.

    Le premier semestre 2015 a en effet connu un mouvement de grèves sans précédent, engageant des centaines de milliers de travailleurs, surtout dans la Fonction publique. Parallèlement, le bassin minier était secoué par une énième révolte, pour protester contre la misère et le chômage qu’il récolte en contrepartie des richesses qu’il produit. La région frontalière avec la Lybie était par ailleurs traversée par des mini-soulèvements répétitifs, qui mettaient en branle des masses déshéritées.

    En face, un gouvernement quadripartite, associant notamment les deux partis qui sont arrivés premiers lors des élections législatives d’octobre 2014 (Nidaa Tounes et Ennahdha). Un gouvernement velléitaire et sans programme, se contentant d’appliquer sagement des politiques néolibérales dictées de l’étranger. Des politiques incapables de stopper la dégringolade économique, de soulager la souffrance sociale dans laquelle est plongée la majeure partie de la population et de redonner espoir aux Tunisiens.

    La société tunisienne est actuellement dans un état de choc. Le mois de jeûne du Ramadan conjugué à la chaleur de l’été, la cherté de la vie, les menaces djihadiste et l’absence d’alternative sont autant de facteurs qui pèsent lourds sur les épaules des Tunisiens. L’impasse sociale et politique persiste et pèse sur le moral général.

    Aucune force politique, n’émerge actuellement du lot avec un projet d’avenir, un programme et un guide d’action pour réaliser les revendications de la révolution. Pourtant, jamais en Tunisie le désir de changement et la volonté manifeste de le réaliser n’ont été si massivement partagés et si puissamment exprimés. La révolution n’a pas encore réussi à changer le système dominant, mais elle a déjà permis la transformation du peuple qui le subi. C’est cela le vrai atout pour l’avenir.

    Tunis, le 3 juillet 2015

    Note : L’attentat survenu au Bardo le 18 mars a causé la mort de 24 personnes.

    * Fathi Chamkhi est militant de RAID (Attac & Cadtm) et de la LGO, Fathi Chamkhi est député Front populaire à l’Assemblée des Représentants du Peuple.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35413

    Ce texte a été écrit pour « l’Anticapitaliste hebdo » la veille de la proclamation de l’état d’urgence qui a fait l’objet d’une déclaration du Front populaire le 7 juillet.
    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article35383

  • A deux ans de la chute de Morsi (CCR)

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    Débats

    Egypte et théorie de la révolution permanente

    Le texte ci-dessous a été rédigé dans le cadre du débat stratégique récemment ouvert au sein du Nouveau Parti Anticapitaliste. Les contributions étant limitées à 5000 signes, le sujet est loin d’être abordée de façon exhaustive. L’occasion de l’anniversaire de la chute de l’ancien président Morsi et du coup d’Etat de l’armée du général Al-Sissi nous a semblé justifier sa publication, au moins à titre de « porte d’entrée » à la discussion.

    La Révolution Permanente à l’épreuve des premiers processus révolutionnaires du 21e siècle

    Comment penser le problème de la stratégie révolutionnaire, et en l’occurrence une théorie de la révolution adaptée à la période au sein de laquelle nous agissons ? Dans notre tradition cela ne s’est jamais fait de façon purement abstraite mais, au contraire, en concevant la théorie en grande partie comme une généralisation des expériences concrètes de notre mouvement, de ces succès, comme de ses échecs.

    On peut songer au rôle qu’a pu jouer dans l’élaboration de Marx l’analyse des évènements de 1848 ou de la Commune de Paris. Ou encore, pour les marxistes du XXe siècle celle des révolutions russes de 1905 et 1917. Et ce n’est pas anodin que la théorie-programme de la révolution permanente ait été systématisée par Trotsky sur la base d’un bilan de l’échec de la révolution chinoise de 1927.

    Après la longue période marquée par l’absence de tout processus révolutionnaire, l’éclatement du « printemps arabe » en 2011 a changé les coordonnées, et nous devons nous confronter à ces premiers processus révolutionnaires du 21e siècle, pour voir en quoi la théorie de la révolution permanente, ou en tout cas ses « lois essentielles », ont pu ou non « passer l’épreuve » de ces processus.

    Un premier aspect concerne la question du caractère international de la révolution dans son développement. L’effet contagion déclenché dans la région par le processus tunisien tend à confirmer « en positif » cet aspect de la théorie de la révolution permanente. Le caractère également international de la contre-révolution, matérialisé dans le rôle des puissances régionales ainsi que de l’impérialisme, tend lui à le confirmer « en négatif », rappelant que loin de tout impératif moral, la nécessité d’une démarche internationaliste a un caractère éminemment pratique.

    Pour ce qui est de la dynamique interne, le cas égyptien est central, d’une part car il s’agit probablement, avec la Tunisie, du processus le plus profond, mais aussi à cause du caractère plus « moderne » (et donc plus « généralisable ») du pays et de sa composition de classes : l’existence d’une classe ouvrière relativement nombreuse et concentrée a joué un rôle important dans les moments critiques du processus révolutionnaire, en particulier dans la chute de Moubarak.

    L’existence de régimes autocratiques imposerait-elle l’existence préalable d’une révolution démocratique en tant qu’étape indépendante ? Ou l’affirmation de Trotsky selon laquelle « dans les pays à développement bourgeois retardataire et, en particulier pour les pays coloniaux et semi-coloniaux, la théorie de la révolution permanente signifie que la solution véritable et complète de leurs tâches démocratiques et de libération nationale ne peut être que la dictature du prolétariat, qui prend la tête de la nation opprimée », reste-t-elle opératoire ?

    Loin d’être une discussion abstraite ou un simple éloge de l’orthodoxie, cette question nous semble avoir été posée aux marxistes révolutionnaires de façon concrète et pratique en Égypte. La première conséquence est celle de savoir quelles sont les classes et/ou secteurs de classe sur lesquels repose la tâche d’être le moteur de la révolution, dès ses premiers épisodes.

    Nombreux ont été ceux qui, au sein de l’extrême gauche internationale, ont défendu la nécessité d’un bloc des « forces progressistes », ce qui pouvait inclure dans certains cas (quoique pas forcément en Égypte) l’aide matérielle des puissances impérialistes (interventions dites humanitaires, livraisons d’armes).

    D’un côté certains ont pu à un moment donné soutenir de façon critique Morsi et les frères musulmans (les socialistes révolutionnaires d’Égypte, par exemple). D’autres ont pu voir dans les premiers temps la chute de Morsi conduite par le général al-Sissi (comme celle de Kadhafi par l’OTAN et le CNT libyen par ailleurs) une « bonne nouvelle ». Gilbert Achcar a ainsi pu, par exemple, parler à ce moment-là de « deuxième révolution égyptienne ». Des courants internationaux comme la Ligue Internationale des Travailleurs (LIT) se sont même félicités de la mise dans l’illégalité des frères musulmans. A l’aune de la suite des événements et de la répression sanglante qui s’est abattue sur toutes les composantes du mouvement de masse, on peut mesurer la gravité de ces positions.

    Avec un peu de recul, la question qui se pose, à l’évidence, est celle de la nécessaire intervention, de façon indépendante, du mouvement ouvrier. En absence d’une telle perspective, les processus révolutionnaires continueront de se faire exproprier par différentes variantes bourgeoises ou petite-bourgeoises. On constate en même temps la fragilité de toute voie ou étape intermédiaire (de type « réformiste » ou « démocratique ») entre la révolution et la contre-révolution. D’où l’actualité brûlante de la théorie de la révolution permanente.

    Tirer ce bilan aujourd’hui n’est surtout pas une simple tâche d’« historien » ou un exercice vain visant à « avoir raison après coup ». Les processus révolutionnaires en Égypte ou en Tunisie ne sont pas nécessairement fermés et pourraient ressembler davantage à une dynamique espagnole qu’à celle qui a présidé à la révolution russe : des processus plus longs, avec des avancées et des reculs à l’image des deux « années noires » de 1934 à 1936. D’où l’importance d’ouvrir cette réflexion de façon à s’armer pour la suite.

    Publié le 2 juillet 2015 Daniela Cobet

    Membre du CE du NPA et directrice de publication de Révolution Permanente

    http://www.revolutionpermanente.fr/Egypte-et-theorie-de-la-revolution-permanente

  • Egypte. Pour la libération des prisonniers politiques! (A l'Encontre)

    Au Caire. graffiti contre les violences faites aux femmes

    Au Caire. graffiti contre les violences faites aux femmes

    Rassemblement,
    jeudi 18 juin, 18 heures,
    rue de Lausanne 45-47, devant la Mission d’Egypte, Genève

    Le collectif Egypt Solidarity – créé en février 2014 – a lancé un appel international de solidarité avec les prisonniers et les prisonnières politiques réprimé·e·s par le régime de l’ex-maréchal Abdel Fattah al-Sissi

    Les 20 et 21 juin 2015, le plus grand nombre d’initiatives – telles qu’indiquées par Egypt Solidarity – se doivent d’être entreprises à l’échelle internationale. Les revendications suivantes structurent cette campagne:

    • Arrêt de la répression des manifestations.
    • Libération des prisonniers politiques.
    • Procès équitable pour tous, contre les tribunaux militaires.
    • Arrêt de la torture et de tous les mauvais traitements.
    • Interdiction des condamnations à mort et des exécutions.

    Cette manifestation du 18 juin 2015, à Genève – 18h, devant la Mission permanente de l’Eypte, 45-47 rue de Lausanne – s’inscrit dans le contexte de l’appel lancé par Egypt Solidarity.

    Azouli. L’emblème d’une dictature de militaires

    Le caractère effectif du régime militaire dictatorial égyptien est révélé par une «prison militaire»: celle d’Azouli. Elle échappe à toutes les instances baptisées légales en Egypte. Elle est analogue à ces «prisons pour disparus» de la dictature des généraux argentins entre 1976 et 1983. Amnesty International l’a dénoncé. Une enquête approfondie du quotidien anglais The Guardian en a révélé divers aspects.

    Ce haut lieu des pires tortures et mises à mort se trouve dans un vaste camp militaire à quelque 100 kilomètres au nord-est du Caire.

    Le fonctionnement d’un tel lieu de détention repose sur les mécanismes criminels suivants:

    • toute personne emprisonnée «n’existe pas», car aucun document ne prouve son incarcération;

    • si le prisonnier meurt sous la torture, personne n’est censé le savoir;

    • les militaires et autres tortionnaires disposent d’une double impunité: celle de l’anonymat (les prisonniers sont encapuchonnés) et celle assurée par le pouvoir en place;

    • les interrogatoires et la torture s’effectuent dans un bâtiment spécial (le S-1), haut lieu de la terreur;

    • les «confessions» obtenues doivent correspondre aux scriptes des services dits d’intelligence;

    • les survivants, sur la base de ces «aveux», peuvent être transférés dans une prison «normale» et accusés, dès lors, de «terrorisme» et autres crimes;

    • les juges n’ont aucun accès à Azouli où règnent les services (et les sévices) de l’intelligence militaire.

    Azouli concentre, en quelque sorte, les attributs acquis par Al-Sissi.

    Sous le régime de Moubarak, il exerçait ses fonctions dans les services de «l’intelligence militaire», autrement dit dans ce centre obscur qui contrôlait des leviers décisifs d’une armée dont le pouvoir économique et politique constituait un pilier de l’Etat profond, selon la formule courante. Sa carrière militaire l’a conduit à être attaché militaire en Arabie saoudite – ce régime ultra-réactionnaire qui apporte aujourd’hui un soutien financier massif à l’Eygpte, aux côtés d’autres Etats du Golfe – puis aux Etats-Unis (en 2005 et 2006). Dès août 2012, il prend la tête du ministère de la Défense. Son «élection» – 96,9% des suffrages en juin 2014 – ne fait qu’entériner un pouvoir capturé 11 mois auparavant, le 3 juillet 2013. D’ailleurs, du 14 au 16 août 2013, les «forces de sécurité» attaquèrent les deux camps organisés par les Frères musulmans soutenant Morsi – place al-Nahda et place Rabia-El-Adaouïa – et massacrèrent plus de 2500 personnes. Cela marque le début d’une «guerre contre le terrorisme» et des procès durant lesquels des centaines d’accusés sont condamnés à mort.

    Assassiner la mémoire de janvier 2011

    Ce pouvoir de Sissi et des siens déploie tous les instruments de la contre-révolution, après l’essor des forces démocratiques et révolutionnaires de janvier 2011 à juin 2013. Ainsi, à l’occasion des manifestations pacifiques pour célébrer le quatrième anniversaire de la révolution de janvier 2011, au moins 27 manifestant·e·s ont été tués. Les témoins de ces homicides sont menacés d’arrestations par le ministère public. Et 500 manifestant·e·s sont incarcérés dans des «centres de détention non officiels».

    Une avocate réputée pour la défense des droits humains et militante socialiste-révolutionnaire, Mahienour el-Masry, a été condamnée en appel à 15 mois de prison pour avoir participé à une manifestation d’avocats dénonçant la brutalité de la police et cela trois mois avant la chute de Mohamed Morsi. Lors du verdict, ce 31 mai 2015, Mahienour el-Masry s’est écriée: «A bas, à bas le régime militaire!» Un régime qui restaure la mort de prisonniers durant leur détention, comme à la pire époque de Moubarak.

    Au Caire, le 24 janvier 2015, la militante Shaima al-Sabbagh, qui voulait déposer une couronne de fleurs en mémoire de victimes de la révolution du 25 janvier, a été tuée par un tir de chevrotine. Suite à une plainte déposée par l’Alliance populaire socialiste, le parti de son compagnon, les enquêteurs ont cherché à charger ses amis. Puis, en ce mois de juin, sur injonction du pouvoir, la «justice» a condamné un policier. Une minuscule opération cosmétique.

    Le 6 juin 2015, trois membres du Mouvement du 6 avril, interdit en août 2014, ont été arrêtés pour détenir des tracts appelant à la «désobéissance civile» pour le 11 juin. Un type d’initiative qui, pour éviter les représailles policières, devait se traduire par: ne pas se rendre à son travail, à l’école ou à l’université. Le Mouvement du 6 avril – créé en 2008 – a joué un rôle significatif dans le soulèvement conduisant au renversement de Moubarak. Il s’était aussi opposé à Morsi. Il est aujourd’hui une cible, parmi d’autres, du régime.

    Un appareil répressif «légalisé» à coups de décrets

    L’appareil répressif égyptien ne peut être réduit à l’armée, à la police, aux services de renseignement. En fait, l’Etat profond – représenté par le Président – contrôle la justice, les nominations dans l’appareil d’Etat, les médias, le corps diplomatique, les recteurs d’université, etc. La Constitution de 2014 permet au Président de promulguer des lois, sans parlement. Ces multiples lois-décrets ont contribué à redonner toute sa force à cet appareil répressif, en utilisant le danger du terrorisme et de la sécurité nationale. Ce qui sert aussi à étrangler la population de Gaza.

    De multiples «lois» spécifiques attribuent des pouvoirs aux instances répressives afin de frapper un vaste spectre d’opposants. Quelques exemples. La loi du 26 novembre 2013 viole les droits d’expression, d’association et de réunion. Celle d’octobre 2014 donne aux tribunaux militaires le droit de statuer sur les menaces contre «l’intégrité de la nation». En septembre 2014, les ONG censées être financées «par l’étranger» sont ciblées. En janvier 2015 sont visés les enseignants qui participent à une «activité partisane». En février 2015, tout groupe menaçant la «sécurité, l’unité ou les intérêts de la nation» est défini comme une «entité terroriste». L’ensemble des droits conquis par les salarié·e·s sont remis en cause, alors que le chômage en hausse suscite la misère. Le projet de nouveau Code du travail s’attaque au droit de grève, au droit syndical. L’OIT, dont le siège est à Genève, a été contrainte de mettre l’Egypte sur sa liste noire.

    Les femmes et les jeunes filles sont victimes de sinistres violences. Le dernier rapport de la FIDH (Fédération internationale des ligues des droits de l’homme) a documenté «des cas de viols, de viols anaux et vaginaux, de chantages sexuels perpétrés par la police ou le personnel de l’armée. Ces violences sont utilisées afin d’éliminer toute protestation publique en légitimant les autorités comme garante de l’ordre moral.» Les bourreaux étant les autorités, les victimes ne peuvent porter plainte, car de nouvelles représailles s’abattront sur elles.

    Les gouvernements allemand, suisse… complices actifs

    Simultanément, le régime de Sissi est soutenu non seulement par l’Arabie saoudite, les Etats du Golfe, mais est considéré comme un facteur de «stabilité» dans la région par les pays occidentaux. En novembre 2014, le «socialiste» François Hollande reçoit Abdel Fattah al-Sissi à l’Elysée. La vente de Rafale est à l’ordre du jour. Pour ce qui a trait aux «droits» humains, Sissi affirme: «Je suis 100% pour les droits de l’homme, mais pas pour l’instant.»

    La visite d’Al-Sissi en Allemagne fut un succès: nouvelles livraisons d’armes (après la suspension datant de 2002), contrats milliardaires pour Siemens (turbines, éoliennes). Comme le souligne Al-Ahram (10 juin 2015): «Selon les observateurs, la visite du président en Allemagne a réalisé tous ses objectifs, sur tous les volets.»

    Pour ce qui est du gouvernement helvétique, il s’agit de trouver une solution élégante en ce qui concerne les «fonds» de Moubarak qui sera blanchi par ses pairs. Quant au secrétaire d’Etat au Département des affaires étrangères, Yves Rossier, le 13 juin 2015, le quotidien en ligne Egypt Independent écrivait: «Il a exprimé sa satisfaction face à la manière dont les militaires ont géré les différents problèmes apparus depuis la révolution du 25 janvier. Il a aussi manifesté sa compréhension face aux défis sécuritaires auxquels l’Egypte fait face, ajoutant qu’il serait difficile pour toute personne d’être Président de l’Egypte en ces temps.» Plus impérialisto-helvétique, impossible

    C’est en maintenant les liens de solidarité avec ceux et celles qui se battent pour la démocratie et la justice sociale en Eygpte et en éclairant la complicité du gouvernement suisse qu’une campagne de solidarité, sur la durée, peut et doit se développer, en sachant faire appel aux institutions internationales ayant leur siège en Suisse, comme l’OIT.

    Mouvement pour le socialisme

    Publié par Alencontre le 15 - juin - 2015
     
     
    Afin de coordonner au mieux des actions, il est possible de se référer à la page Facebook d’Egypt Solidarity:
     
    www.facebook.com/egypt.solidarity.initiative ou de consulter l’appel traduit en français et publié sur le site alencontre.org, en date du 3 juin 2015