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Jeunesse - Page 4

  • Tunisie : six ans après le 14 janvier 2011, la révolte gronde… (Anti-k)

    Tunisie : six ans après le 14 janvier 2011, la révolte gronde dans les régions déshéritées de l’intérieur du pays

     

    3 janvier : Mouvements de protestation dans toutes les régions

    http://www.webdo.tn/2017/01/03/mouvements-de-protestation-toutes-regions/

    A partir de ce mardi 3 janvier 2017, des mouvements de protestation seront organisés dans toutes les régions et tous les secteurs, a annoncé hier la coordination des mouvements sociaux dans un communiqué.
    La forme et la date de chaque protestation seront fixées en fonction de la nature du mouvement et de la région, précise-t-on de même source.
    Un représentant de la coordination, Abdelhalim Hamdi, détenteur d’une maitrise en Histoire et au chômage depuis 17 ans, a affirmé à l’Agence TAP que ces mouvements interviennent à la suite d’autres formes de protestation et à de multiples grèves de la faim, sit-in et manifestations.
    Il s’agit, a-t-il dit, d’une nouvelle escalade des protestations qui se poursuivent depuis près d’un an dans les régions, devant les délégations et les mairies, et qui seront réunies sous forme de journées de protestation à partir du 3 janvier.
    Une imposante marche sera organisée, mardi, à Menzel Bouzayane (Sidi Bouzid), et s’étendra aux autres gouvernorats qui choisiront, chacun, une date symbolique pour revendiquer ses droits, a-t-il encore expliqué.

    4 janvier : Mouvements sociaux : procès en cascade

    http://nawaat.org/portail/2017/01/04/mouvements-sociaux-proces-en-cascade/

    La Cour d’appel de Nabeul a reporté, ce matin, le procès des jeunes de Kélibia au 15 février 2017. Des dizaines de personnes se sont rassemblés devant le tribunal pour soutenir aux onze jeunes condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme pour « provocation d’incendie dans des locaux non habités » et six autres chefs d’accusation. Hier, les ouvriers des chantiers, les discriminés politiques et la coordination nationale des mouvements sociaux déclarent une semaine de protestation sociale par des rassemblements, des manifestations et une désobéissance civile à Meknassi. Les prémisses d’un janvier chaud que les médias dominants ont déjà commencé à criminaliser.

    De Kélibia à Tajerouine

    L’affaire de Kélibia qui a soulevé une vive polémique concerne les violentes manifestations consécutives à l’assassinat de Chokri Belaid en février 2013. D’après Charfi Kellil, un des avocats de la défense, Meriem Jeribi et Rabii Abdeljaouad ne sont pas concernés par les actes de vandalisme survenus lors des manifestations. « Nous allons demander à la Cour de reprendre les investigations. Il faut noter que les accusations ne concernent pas le vandalisme du local d’Ennahdha uniquement mais aussi le vol d’un hôtel et de la fourrière municipale à Kelibia. Rappelons que mes clients n’ont été interrogés qu’une seule fois, en février 2013, par la police judiciaire » précise Charfeddine Kelil. Le comité de soutien rassemblé devant la Cour ce matin a dénoncé « la criminalisation des mouvements sociaux ».

    Jeudi 5 janvier, Imed Touta, Firas Hamda et Hafedh Karbaya, comparaîtront devant la Cour d’appel de Gafsa. Le 13 mai 2016, le Tribunal de première instance de la ville les a condamné à une année de prison ferme et mille dinars d’amende pour « soupçon de consommation de drogue ». Le même jugement a été confirmé, le 7 juin, par le même tribunal. Les trois jeunes militants, originaires d’El Guettar avaient participé au mouvement social de janvier 2016. D’après Wael Ammar, membre du comité de soutien « depuis 2011, les jeunes de la région sont la cible d’une série de procès iniques qui visent à réprimer les mouvements sociaux. Le procès de demain en fait partie ».
    Le 18 janvier 2017, dix sit-ineurs de Kasserine seront jugés pour « entrave à la liberté du travail et usage de la violence » passible de trois ans d’emprisonnement et de 720 dinars d’amende. Les 10 jeunes chômeurs avaient participé au sit-in du gouvernorat suite au suicide de Ridha Yahyaoui le 16 janvier 2016.
    Le 25 janvier 2017, 117 jeunes de Jérissa, Dahmani et Tajerouine en détention depuis février 2016 passeront devant le Tribunal de première instance du Kef pour entrave à la circulation, participation à une entente en vue de préparer et de commettre une agression contre les biens et les personnes, participation à une rébellion provoquée par plus de dix personnes durant laquelle il y a eu agression d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et la participation à une désobéissance civile. Le comité de soutien des accusés compte une vingtaine d’avocats. Hichem Mejri, membre de ce comité affirme que « certains détenus ont été victimes de torture dans la prison de Mornaguia. Nous essayons de collecter les preuves pour porter plainte. Concernant le procès, les accusations n’ont aucun lien avec la réalité. Les jeunes accusés ne sont que des manifestants pacifistes que le pouvoir essaye de réprimer afin de faire taire les contestations dans la région ». À noter que trois accusés sont en fuite alors que les autres sont dispersés entre différentes maisons d’arrêt en attendant leur procès.

    La désobéissance civile à Meknassi

    Depuis vendredi 30 décembre 2016, les habitants de Meknassi ont appelé à la désobéissance civile en signe de protestation contre l’absence de dialogue et de réponses du gouvernement à leurs demandes d’emplois et de développement régional. Les diplômés chômeurs ont commencé en janvier 2016 le sit-in Harimna [On a vieilli] à la délégation. Abdelhalim Hamdi, porte parole du sit-in explique que la désobéissance civile est « la dernière forme de protestation pacifique que nous avons trouvé pour attirer l’attention du gouvernement et l’appeler à ouvrir le dossier de l’emploi dans la région. Nous exigeons aussi que le dossier de la mine de phosphate de Meknassi soit traité en partenariat avec les habitants et les chômeurs de la région ». L’ouverture de la mine de phosphate a été prévue en 2016. Par ailleurs, les chômeurs diplômés considèrent que le gouverneur de Sidi Bouzid et les autorités régionales en générale « sont responsables du pourrissement de la situation. Durant notre sit-in à la délégation, le gouverneur a refusé de nous recevoir. Il a même porté plainte contre les sit-ineurs et a déclaré que Meknassi ne fait plus partie de ses préoccupations » s’indigne Abdelhalim Hamdi.

    Justice sociale ou démission des incompétents

    La coordination nationale des mouvements sociaux, créée le 26 avril 2016, a annoncé dans un communiqué le début d’une série d’actions de contestation à partir du 3 janvier 2017. Ainsi, les ouvriers des chantiers se sont rassemblés dans 17 gouvernorats durant mardi 3 janvier. Le jour même, les diplômés chômeurs se sont rassemblés à Menzel Bouzayan et Sidi Bouzid. Le 5 janvier, un rassemblement aura lieu à la place de l’UGTT à Redayef. Le 8 janvier, des rassemblements auront lieu à Thala et Kasserine.
    Cette étape vient après plusieurs rassemblements, communiqués et manifestations dans différentes régions pour le travail et le développement. Le dernier rassemblement date du 10 décembre devant l’Assemblée des représentants du peuple où des centaines de militants venus de tout le pays ont rappelé l’urgence de traiter les dossiers économiques et sociaux.
    Selon le Forum tunisien des droits sociaux et économiques, l’année 2016 a enregistré 9887 mouvements sociaux, soit le nombre le plus élevés depuis 2011. La coordination nationale des mouvements sociaux appelle « tous les responsables locaux, régionaux et nationaux incapables d’apporter des solutions équitables aux demandes sociales et économiques de démissionner ».

    10 janvier : Le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid pris d’assaut

    http://www.jawharafm.net/fr/article/le-siege-du-gouvernorat-de-sidi-bouzid-pris-d-assaut/90/47660

    Des habitants de la ville de Meknassi ont fait irruption ce mardi matin au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid.
    Les manifestants ont scandé le slogan « Dégage » au gouverneur.
    Selon le correspondant de Jawhara FM dans la région, des renforts sécuritaires ont été déployés sur place.
    Plusieurs protestataires ont été arrêtés par les forces de l’ordre tandis que le siège du gouvernorat a été saccagé, a-t-il ajouté.

    10 janvier : Sidi Bouzid : Les autorités appellent les protestataires de Meknessi au dialogue

    http://africanmanager.com/51_sidi-bouzid-les-autorites-appellent-les-protestataires-de-meknessi-au-dialogue/

    Des protestataires de Meknessi ayant envahi, mardi, le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid ont été arrêtés puis relâchés, dans la journée. Le gouverneur de la région, Mourad Mahjoubi, affirme, dans une déclaration de presse, que les autorités sont disposées à dialoguer avec les protestataires et à trouver des solutions aux problèmes de l’emploi, de l’activation du projet de mine de phosphate et des travailleurs de chantier.
    L’arrestation d’un groupe de jeune (7 manifestants), explique le gouverneur, était à titre provisoire afin de protéger le siège de la délégation contre les agressions.
    Les protestations qui se poursuivent depuis plus de deux semaines à Méknessi ont connu une escalade, mardi, lorsque des manifestants ont envahi le siège du gouvernorat de Sidi Bouzid, défonçant la porte principale, avant d’être délogés de force par la police.
    Auparavant, les jeunes venus de la délégation de Meknessi se sont rassemblés devant le siège du gouvernorat, revendiquant leurs droits au développement et à l’emploi, outre la démission du gouverneur.
    Les forces de l’ordre ont fait évacuer de force les manifestants causant de légères blessures à quelques-uns. Des représentants de la société civile et des syndicalistes présents sur les lieux ont vivement condamné « l’intervention policière musclée ».
    L’Union Locale du Travail (UGTT) avait, depuis une dizaine de jours, appelé à la désobéissance civile dans la délégation jusqu’à la réalisation des revendications de la population locale se rapportant, essentiellement, à l’emploi et au développement.

    12 janvier : Protestations et grève générale à Meknessi

    http://www.businessnews.com.tn/protestations-et-greve-generale-a-meknessi,520,69570,3

    A Meknessi, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, la situation reste instable après des manifestations menées par des jeunes chômeurs réclamant l’emploi et le développement dans la région. Depuis quelques jours, des manifestations sillonnaient les rues de la ville.
    Parmi les protestataires, des jeunes chômeurs qui avaient réussi un concours leur permettant de travailler dans le secteur du phosphate, mais qui n’ont pas été recrutés à ce jour, selon ce que nous affirme une source bien informée.
    Des affrontements avec les forces de l’ordre ont eu lieu, notamment hier. Une situation qui a amené le syndicat régional, relevant de l’UGTT, et d’autres organismes de la société civile à appeler à une grève générale. Ainsi, toutes les activités commerciales à Meknessi sont à l’arrêt en ce jeudi 12 janvier 2017.

    13 janvier 2017 : Ça barde à Sidi Bouzid, Ben Guerdane, Kasserine… Calmer la situation ou trouver des solutions ?

    http://www.webdo.tn/2017/01/13/ca-barde-a-sidi-bouzid-ben-guerdane-kasserine-calmer-situation-trouver-solutions/

    Plusieurs villes du centre et du sud de la Tunisie vivent depuis deux jours des mouvements de protestations et des nuits agitées.
    Des actes de violences ont été observés durant les dernières nuit à Ben Guerdane, Meknassi et Sbeïtla, régions où les jeunes revendiquent encore et toujours l’emploi et le développement régional six ans après la révolution.

    Ben Guerdane et l’éternelle affaire de Ras Jedir

    La ville de Ben Guerdane a connu mercredi 11 janvier, une journée agitée avec des protestations qui ont abouti à des affrontements entres manifestants et forces de l’ordre et un blocage de plusieurs routes à l’aide de pneus brûlés.
    Les protestataires ont appelé le gouvernement à trouver une solution pour le poste frontalier de Ras Jedir qui connait des agitations depuis des mois, avec des fermetures et des ouvertures répétitives, d’où un blocage quasi-permanent des échanges commerciaux.
    Une grève générale a été décidée par l’Union régionale du Travail (UGTT). Le ministre des Relations avec les Instances constitutionnelles, la Société civile et les Droits de l’Homme, Mehdi Ben Gharbia et le ministre de la Fonction publique et de la Gouvernance, Abid Briki se sont déplacés à Ben Guerdane pour essayer de calmer la situation et de trouver une solution rapide.
    En dépit de ce déplacement, des manifestants ont bloqué la Route Nationale N°1 au niveau de la zone Hassi Ferid en brûlant des pneus sur la route, la soirée du jeudi 12 janvier.

    Meknassi : Sidi Bouzid revendique encore l’emploi

    La délégation Meknassi de Sidi Bouzid est entrée dans une grève générale hier, en réponse à l’appel de l’UGTT. Le droit au développement et à l’emploi sont les revendications principales des protestataires.
    La délégation de Meknassi avait annoncé, depuis le 30 décembre dernier, une désobéissance civile à l’appel de l’Union locale du travail (UGTT). Les activités des différents établissements publics sont entravées jusqu’à la résolution du problème des ouvriers de chantiers et des candidats admis au concours de recrutement à la mine des phosphates de Meknassi en plus de la régularisation de la situation de certains jeunes diplômés de l’enseignement supérieur en chômage depuis une dizaine d’année, indique la TAP.
    Il faut savoir que cette grève vient après une nuit très agitée à Meknassi, hier soir, marquée par des confrontations violentes entre manifestants et forces de l’ordre.
    La grève générale a été accompagnée d’une marche citoyenne jusqu’au siège du gouvernorat de Sidi Bouzid.
    Dans la soirée du jeudi 13 janvier 2013, des jeunes de la région ont bloqué plusieurs rues et avenues de la villes à l’aide de pneus brûlés et des pierres.
    Pour les disperser, les forces de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène ce qui a nécessité le transport de certains manifestants à l’hôpital régional. La ville a retrouvé son calme ce matin.

    Sbeïtla s’oppose à son délégué régional

    La délégation de Sbeïtla, dans le gouvernorat de Kasserine, connait depuis hier, mercredi 11 janvier 2017, des protestations organisées par des chômeurs qui revendiquent l’emploi et le développement de la région.
    Les protestataires qui se sont introduits de force dans le siège de la délégation, revendiquent également le limogeage du délégué régional. (…)

    13 janvier : Nouvelle nuit de violences à Meknassi et Ben Guerdane

    http://www.webdo.tn/2017/01/13/nouvelle-nuit-de-violences-a-meknassi-ben-guerdane/

    La ville de Meknassi, dans le gouvernorat de Sidi Bouzid, a connu une nouvelle nuit agitée. Dans la soirée du jeudi 13 janvier 2013, des jeunes de la région ont bloqué plusieurs rues et avenues de la villes à l’aide de pneus brûlés et des pierres.
    Pour les disperser, les forces de l’ordre ont eu recours au gaz lacrymogène ce qui a nécessité le transport de certains manifestants à l’hôpital régional, selon Shems fm. La ville a retrouvé son calme ce matin.

    De même, Ben Guerdane a vécu une longue nuit de violences. Des manifestants ont bloqué la Route Nationale N°1 au niveau de la zone Hassi Ferid en brûlant des pneus sur la route.

    http://www.anti-k.org/

  • Mouvements sociaux : procès en cascade (Nawaat)

    La Cour d’appel de Nabeul a reporté, ce matin, le procès des jeunes de Kélibia au 15 février 2017. Des dizaines de personnes se sont rassemblés devant le tribunal pour soutenir aux onze jeunes condamnés par contumace à 14 ans et un mois de prison ferme pour « provocation d’incendie dans des locaux non habités » et six autres chefs d’accusation. Hier, les ouvriers des chantiers, les discriminés politiques et la coordination nationale des mouvements sociaux déclarent une semaine de protestation sociale par des rassemblements, des manifestations et une désobéissance civile à Meknassi. Les prémisses d’un janvier chaud que les médias dominants ont déjà commencé à criminaliser.

    De Kélibia à Tajerouine

    L’affaire de Kélibia qui a soulevé une vive polémique concerne les violentes manifestations consécutives à l’assassinat de Chokri Belaid en février 2013. D’après Charfi Kellil, un des avocats de la défense, Meriem Jeribi et Rabii Abdeljaouad ne sont pas concernés par les actes de vandalisme survenus lors des manifestations. « Nous allons demander à la Cour de reprendre les investigations. Il faut noter que les accusations ne concernent pas le vandalisme du local d’Ennahdha uniquement mais aussi le vol d’un hôtel et de la fourrière municipale à Kelibia. Rappelons que mes clients n’ont été interrogés qu’une seule fois, en février 2013, par la police judiciaire » précise Charfeddine Kelil. Le comité de soutien rassemblé devant la Cour ce matin a dénoncé « la criminalisation des mouvements sociaux ».

    Jeudi 5 janvier, Imed Touta, Firas Hamda et Hafedh Karbaya, comparaîtront devant la Cour d’appel de Gafsa. Le 13 mai 2016, le Tribunal de première instance de la ville les a condamné à une année de prison ferme et mille dinars d’amende pour « soupçon de consommation de drogue ». Le même jugement a été confirmé, le 7 juin, par le même tribunal. Les trois jeunes militants, originaires d’El Guettar avaient participé au mouvement social de janvier 2016. D’après Wael Ammar, membre du comité de soutien « depuis 2011, les jeunes de la région sont la cible d’une série de procès iniques qui visent à réprimer les mouvements sociaux. Le procès de demain en fait partie ».

    Le 18 janvier 2017, dix sit-ineurs de Kasserine seront jugés pour « entrave à la liberté du travail et usage de la violence » passible de trois ans d’emprisonnement et de 720 dinars d’amende. Les 10 jeunes chômeurs avaient participé au sit-in du gouvernorat suite au suicide de Ridha Yahyaoui le 16 janvier 2016.
    Le 25 janvier 2017, 117 jeunes de Jérissa, Dahmani et Tajerouine en détention depuis février 2016 passeront devant le Tribunal de première instance du Kef pour entrave à la circulation, participation à une entente en vue de préparer et de commettre une agression contre les biens et les personnes, participation à une rébellion provoquée par plus de dix personnes durant laquelle il y a eu agression d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions et la participation à une désobéissance civile. Le comité de soutien des accusés compte une vingtaine d’avocats. Hichem Mejri, membre de ce comité affirme que « certains détenus ont été victimes de torture dans la prison de Mornaguia. Nous essayons de collecter les preuves pour porter plainte. Concernant le procès, les accusations n’ont aucun lien avec la réalité. Les jeunes accusés ne sont que des manifestants pacifistes que le pouvoir essaye de réprimer afin de faire taire les contestations dans la région ». À noter que trois accusés sont en fuite alors que les autres sont dispersés entre différentes maisons d’arrêt en attendant leur procès.

    La désobéissance civile à Meknassi

    Depuis vendredi 30 décembre 2016, les habitants de Meknassi ont appelé à la désobéissance civile en signe de protestation contre l’absence de dialogue et de réponses du gouvernement à leurs demandes d’emplois et de développement régional. Les diplômés chômeurs ont commencé en janvier 2016 le sit-in Harimna [On a vieilli] à la délégation. Abdelhalim Hamdi, porte parole du sit-in explique que la désobéissance civile est « la dernière forme de protestation pacifique que nous avons trouvé pour attirer l’attention du gouvernement et l’appeler à ouvrir le dossier de l’emploi dans la région. Nous exigeons aussi que le dossier de la mine de phosphate de Meknassi soit traité en partenariat avec les habitants et les chômeurs de la région ». L’ouverture de la mine de phosphate a été prévue en 2016. Par ailleurs, les chômeurs diplômés considèrent que le gouverneur de Sidi Bouzid et les autorités régionales en générale « sont responsables du pourrissement de la situation. Durant notre sit-in à la délégation, le gouverneur a refusé de nous recevoir. Il a même porté plainte contre les sit-ineurs et a déclaré que Meknassi ne fait plus partie de ses préoccupations » s’indigne Abdelhalim Hamdi.

    Justice sociale ou démission des incompétents

    La coordination nationale des mouvements sociaux, créée le 26 avril 2016, a annoncé dans un communiqué le début d’une série d’actions de contestation à partir du 3 janvier 2017. Ainsi, les ouvriers des chantiers se sont rassemblés dans 17 gouvernorats durant mardi 3 janvier. Le jour même, les diplômés chômeurs se sont rassemblés à Menzel Bouzayan et Sidi Bouzid. Le 5 janvier, un rassemblement aura lieu à la place de l’UGTT à Redayef. Le 8 janvier, des rassemblements auront lieu à Thala et Kasserine.

    Cette étape vient après plusieurs rassemblements, communiqués et manifestations dans différentes régions pour le travail et le développement. Le dernier rassemblement date du 10 décembre devant l’Assemblée des représentants du peuple où des centaines de militants venus de tout le pays ont rappelé l’urgence de traiter les dossiers économiques et sociaux.

    Selon le Forum tunisien des droits sociaux et économiques, l’année 2016 a enregistré 9887 mouvements sociaux, soit le nombre le plus élevés depuis 2011. La coordination nationale des mouvements sociaux appelle « tous les responsables locaux, régionaux et nationaux incapables d’apporter des solutions équitables aux demandes sociales et économiques de démissionner ».

    Henda Chennaoui

    Journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Je m'intéresse à l'observation et l'explication de l'actualité sociale et économique qui passe inaperçue.
     
  • Tunisie: Plusieurs mouvements de protestations prévus dans différentes régions à partir de 03 janvier ( El Huff')

    TUNISIA DEMONSTRATION

    Des mouvements de protestation seront organisés dans toutes les régions et tous les secteurs à partir du 3 janvier, a annoncé lundi la coordination des mouvements sociaux dans un communiqué.

    La forme et la date de chaque protestation sera fixée en fonction de la nature du mouvement et de la région, précise-t-on de même source.

    Contacté par l’agence TAP, un représentant de la coordination, Abdelhalim Hamdi, détenteur d’une maitrise en Histoire et au chômage depuis 17 ans, a affirmé que ces mouvements interviennent à la suite d’autres formes de protestation et à de multiples grèves de la faim, sit-in et manifestations. Le dernier en date est, a-t-il rappelé, est le rassemblement observé devant l’Assemblée des Représentants du Peuple (ARP), le 10 décembre dernier, pour contester le projet de budget de l’Etat jugé “austère” et “inéquitable” vis-à-vis des opprimés et des régions marginalisées.

    Il s’agit, a-t-il dit, d’une nouvelle escalade des protestations qui se poursuivent depuis près d’un an dans les régions, devant les délégations et les mairies, et qui seront réunies sous forme de journées de protestation à partir du 3 janvier.

    Une imposante marche sera organisée, mardi, à Menzel Bouzayane (Sidi Bouzid), et s’étendra aux autres gouvernorats qui choisiront, chacun, une date symbolique pour revendiquer ses droits, a-t-il encore expliqué.

    La coordination appelle les acteurs sociaux, la population et les politiques à la mobilisation pour dénoncer le “feuilleton des procès” intentés à l’encontre des mouvements sociaux au cours de ce mois de janvier, et défendre les objectifs de la Révolution, à savoir la dignité, l’emploi et le développement.

    02/01/2017

    http://www.huffpostmaghreb.com/

  • « Au Maroc, les professeurs de philosophie sont des foyers de résistance contre la bêtise » (Le Monde)

    Les enseignants de philosophie marocains sont mobilisés contre des nouveaux manuels d’éducation islamique, qui présentent la philosophie comme une « matière contraire à l’islam ». Noureddine Affaya, professeur de philosophie moderne et d’esthétique à l’université Mohammed-V de Rabat, décrypte les relations tendues entre la philosophie et le pouvoir, dans un contexte de retour au traditionalisme culturel sous Hassan II. Il a publié, en 2014, De la critique philosophique contemporaine (prix de la Fondation de la pensée arabe, Beyrouth, 2015).

    Avez-vous été surpris de la mobilisation des enseignants de philosophie ?

    Noureddine Affaya J’aurais été surpris que les enseignants de philosophie ne se mobilisent pas pour dénoncer les dérapages des nouveaux manuels d’éducation islamique. Cela prouve qu’au Maroc, et en dépit des élans rétrogrades, il y a toujours des défenseurs de la pensée moderne, y compris la philosophie.

    Comment expliquez-vous la tension récurrente entre la philosophie et les sciences sociales d’un côté, et la sphère religieuse de l’autre ?

    La philosophie, en tant que discipline et matière d’apprentissage, est le fruit du système d’enseignement introduit par le protectorat français [de 1912 à 1956]. D’ailleurs, elle n’a été arabisée qu’au milieu des années 1970. La tension entre la philosophie et la sphère religieuse n’est pas spécifique au cas marocain.

    Mais il faut dire que l’adversité à l’égard de la philosophie, au Maroc, s’explique, entre autres, par la peur et la résistance des milieux conservateurs contre toute pensée moderne enseignant la liberté, le questionnement et les principes de l’argumentation. L’enseignement de la philosophie est devenu un enjeu de pouvoir majeur.

    Qui est responsable de ce pourrissement ?

    La faute incombe au pouvoir politique qui a fait du système d’enseignement, après l’indépendance du pays, un front pour contrer les élans modernistes des élites et de la société marocaine, au lieu d’en faire un levier d’épanouissement et de progrès.

    Vous rappelez dans vos écrits que la philosophie a été considérée comme « dangereuse » et officiellement combattue pendant « les années de plomb », sous le règne d’Hassan II. Est-ce encore le cas ?

    Durant « les années de plomb », tant le pouvoir que les milieux traditionalistes ont vigoureusement combattu la philosophie et les sciences sociales et humaines. Néanmoins, les intellectuels marocains ont résisté, en investissant les institutions culturelles et par des pratiques pédagogiques et de sensibilisation.

    Pendant des années, le pouvoir politique a cru pouvoir contrer les habiletés critiques de la philosophie en encourageant les tendances islamisantes et conservatrices. Quand Mohammed VI a opté pour un discours moderniste, il s’est trouvé face à une opposition représentée par les différents courants islamistes qui avaient commencé à devenir plus visibles dès le début des années 1990.

    Comment avez-vous vécu cette montée en puissance de l’idéologie islamiste au Maroc, y compris et peut-être d’abord dans les facultés ?

    Il s’agit d’une histoire tumultueuse. Quand les autorités ont décidé d’élargir la carte universitaire dans les années 1980, de nouvelles universités ont été construites mais les facultés de lettres et sciences humaines étaient dépourvues de départements de philosophie.

    En lieu et place, on a ouvert de nouveaux départements d’« études islamiques », conçus et soutenus par un représentant officiel du wahhabisme marocain. Il est vrai qu’ensuite, l’Etat a permis l’ouverture de départements de philosophie dans les nouvelles facultés, mais dans des conditions extrêmement tendues et difficiles à cause de la nouvelle configuration idéologique caractérisée par la forte présence de l’islamisme.

    Quel rôle joue l’islam officiel, qui légitime le pouvoir royal, dans cette « bataille des valeurs » ?

    L’islam légitime le pouvoir au Maroc et les discours officiels revendiquent un islam ouvert et tolérant, mais leur mise en œuvre est marquée par des dérapages souvent incontrôlables. Ceux qui sont censés traduire ces discours en programmes et actions publiques sont eux-mêmes traversés par les courants qui n’hésitent aucunement à idéologiser, voire à « islamiser » la fonction éducative et pédagogique.

    Le roi a lancé une réforme des programmes de l’enseignement religieux, qui s’est faite sous l’égide du conseil des oulémas. Or, cette institution est dominée par une lecture traditionaliste, sinon salafiste…

    La lecture traditionaliste est prépondérante au sein du corps des oulémas. Mais il y a aussi diverses sensibilités et approches interprétatives du corpus religieux dans les structures institutionnelles qui gèrent « le capital religieux » au Maroc. Le souci tient au manque de vigilance des autorités responsables des programmes. Elles ont travaillé dans l’urgence à les modifier, laissant passer des manipulations aberrantes, notamment vis-à-vis de la philosophie et plus largement de toute pensée critique.

    Les islamistes se targuent d’avoir remporté la bataille idéologique. La philosophie et l’esprit critique sont-ils passés de mode ?

    La philosophie se bat toujours pour arracher sa légitimité et sa crédibilité. Le Maroc est probablement le seul pays au monde qui programme trois années d’enseignement de philosophie avant le baccalauréat. Cet acquis est le fruit d’une lutte des professeurs, car l’idéologie islamiste est présente aussi et contribue aux côtés d’autres forces politiques et sociales à nous tirer vers le bas.

    Les professeurs de philosophie sont des foyers de résistance contre la bêtise, la régression et l’amalgame. Et, heureusement, des espaces d’expression et d’apprentissage de l’esprit critique émergent, que ce soit grâce aux supports numériques ou dans des lieux de vie culturels qui échappent au contrôle des différents censeurs.

    http://www.lemonde.fr/

    Le Maroc enterre trente ans d’arabisation pour retourner au français

    Au Maroc, un manuel scolaire affirme que la philosophie est « contraire à l’islam »

    Au Maroc, la disparition des écoles publiques accélère la marchandisation de l’éducation

  • La Tunisie est-elle devenue un enfer pour la jeunesse ? (Nawaat)

    Une jeunesse déterminée devient vite déterminante, et c’est ce que les politique et les journalistes de l’ancien monde semblent vouloir empêcher à tout prix .Vincent Cespedes, philosophe, essayiste

    A Gafsa, l’arrestation d’une bande de jeunes gens convertis au Christianisme a suscité un tollé général et a soulevé de grandes interrogations dans une partie de l’opinion publique, et pour cause : dans un pays qui se targue d’être la première démocratie arabe et dont la constitution garantie la liberté de conscience, comment se fait-il qu’on arrive à écrouer des jeunes gens pour avoir changé de religion ? Pourquoi s’attaque-t-on de plus en plus à la jeunesse ? Et y a-t-il de quoi s’inquiéter ?

    Il va sans dire que cet incident n’est pas un cas isolé.

    Dans une Tunisie élevée au rang de paradigme démocratique, la police assène les amis d’une jeune lycéenne suicidée de questions d’ordre religieux. Leur « délit » ?  Ecouter du Hard Rock ! Ce lynchage est également soutenu par certains médias qui, par ignorance ou opportunisme, s’enfoncent dans une sorte de transe verbale où s’entremêlent le faux et le vrai et où des pseudo-spécialistes, dépourvus de tout raisonnement scientifique, viennent s’attaquer à ces jeunes « égarés » qui ont délaissé la voie de Dieu en choisissant celle de Satan. L’amalgame est ainsi fait : le  Hardouss,comme on aime l’appeler ici, est directement assimilé au « sataniste » et l’on voit des inconnus qui, poussés par la fièvre des rumeurs et du mythe des adorateurs de Satan, sortent menacer ces jeunes « impies » devant l’étrange silence de la police.

    En Tunisie, « fierté » du monde démocratique, on ramasse les jeunes amoureux et les fumeurs de joints à la pelle et on les jette dans les maisons d’arrêt, les condamnant à errer dans les couloirs sombres d’une prison surpeuplée et à subir l’expérience traumatisante de vivre dans une cellule insalubre et humide : du pain béni pour les pervers multirécidivistes, les criminels notoires et les terroristes. En effet, après des mois ou des années dans ce milieu propice à toutes les tentations et à tous les dérapages, ces jeunes condamnés seront, à leur sortie de cellule, candidats au djihad ou bien candidats aux crimes majeurs et à la délinquance attitrée. Du coup, dans la « Tunisie des droits de l’Homme », un baiser volé sous un arbre ou bien le simple geste de fumer un joint fait entrer le jeune adolescent dans un engrenage infernal dont il ne sortira que détruit, cassé et aigri.

    Dans une Tunisie nobélisée, on incarcère les jeunes femmes qui boivent de l’alcool car leur crime est double : celui de boire un breuvage de facto interdit par la religion, mais surtout celui d’être femme.

    Ainsi, dans un pays doté d’une constitution moderniste et qui se perçoit comme un modèle féministe incomparable dans le monde arabe, les jeunes femmes sont doublement sanctionnées : alors que le fait de consommer de l’alcool est toléré quand il s’agit d’un jeune homme, il devient passible d’humiliation et de sanction quand il s’agit d’une jeune femme. C’est là tout le paradoxe de la société tunisienne.

    Pointer du doigt les institutions et la législation serait vain car le mal réside, tout d’abord, en nous. Dans la plupart des Etats, les lois ne sont que le prolongement de la société et force est de constater que des institutions au comportement moyenâgeux ne peuvent être que le reflet d’une société à la mentalité moyenâgeuse, toutes catégories sociales confondues. L’acharnement de l’Etat contre la jeunesse est symptomatique d’une société castratrice qui, après la chute du paternalisme politique, refuse de voir ses enfants s’émanciper, ne faisant que creuser encore plus la fracture générationnelle. Persécuter la jeunesse sous couvert religieux témoigne, de surcroît, d’une certaine mainmise idéologique qui tend à étouffer tout souffle progressiste et à formater les jeunes générations à un hypothétique retour en arrière. Lentement, mais sûrement, la Tunisie tend à devenir un enfer pour les jeunes qui n’ont que le choix de fuir : dans une embarcation de fortune vers l’Italie, à travers un réseau de recrutement djihadiste ou bien en partant étudier à l’étranger, tous les moyens sont bons pour quitter un pays désormais perçu comme un tombeau à ciel ouvert.

    5 décembre 2016

    Hajer Zarrouk est enseignante universitaire. Elle est spécialiste en médias et communication.
     
  • Assassinat de Chokri Belaid : 14 ans de prison pour les manifestants à Kélibia (Nawaat)

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    Le tribunal de première instance de Nabeul a condamné par contumace 11 jeunes de Kélibia à 14 ans et un mois de prison ferme le 12 octobre 2016. Le tribunal avait retenu sept chefs d’accusation parmi lesquels la « provocation d’incendie dans des locaux non habités », suite à l’assassinat de Chokri Belaid le 6 février 2013. Une affaire qui ressemble à une dizaine d’autres dans différentes régions où des manifestations ont eu lieu contre le parti islamiste Nahdha à la tête du pouvoir à cette époque.

    Du 6 au 8 février 2013, les manifestations à Tunis et dans les régions étaient marquées par de violents dérapages. Des locaux de Nahdha ont été brûlés et saccagés. Le Front Populaire mais aussi Nidaa Tounes avaient ouvertement imputé la responsabilité politique de l’assassinat de Belaid au parti islamiste. Béji Caid Essebsi avait accusé Ali Larayedh, ministre de l’Intérieur de laxisme car il était au courant des menaces de mort contre Belaid.

    Le jugement rendu contre les jeunes de Kélibia n’est pas isolé.

    À Nassrallah ( gouvernorat de Kairouan ) deux jeunes, accusés d’avoir brûlé le local de Nahdha ont fini par être acquittés le 19 juin 2014 après 14 mois d’arrestation. À Gafsa, Douz, Redayef, Mednine et Kef, les procès liés à cette vague de protestation sont en cours. Le 5 février 2016, la Cour d’appel de Monastir condamne trois jeunes de Ksibet El Mediouni à deux ans de prison ferme. Les 21 autres accusés ont été acquittés. Les trois condamnés sont accusés de vol de matériels d’un poste de police. Le 11 octobre 2016, le bureau de Nahdha à Ben Guerdane signe un accord de réconciliation avec les jeunes accusés d’avoir brûlé son bureau mettant fin aux poursuites judiciaires.

    Seif Eddine Dallegi, ouvrier de 25 ans est l’un des 11 condamnés de Kélibia. Le 7 février, il était parmi les manifestants qui se sont rassemblés au centre ville, avant de se diriger vers le local du parti Nahdha. « Nous étions quelques dizaines de personnes. Au bout de quelques minutes du rassemblement, des confrontations ont eu lieu avec la police qui voulait disperser la foule. Les manifestants se sont divisés entre ceux qui sont restés devant le local de Nahdha et d’autres qui sont partis au poste de police. Entre temps, on nous a informé du vol de la fourrière municipale et d’un hôtel. Deux jours après, la police m’a convoqué … » se rappelle Seif Eddine.

    L’avocat de la défense, Anis Ezzine affirme que les onze condamnés n’ont rien à avoir avec les dérapages qui ont eu lieu. « Nous cranions une instrumentalisation politique de l’affaire surtout que les jugements sont sévères et ne prennent pas en compte le contexte politique des événements » s’inquiète-t-il. En effet, les accusés devaient répondre de sept chefs d’accusation : participation à une entente en vue de préparer et de commettre une agression contre les biens et les personnes, participation à une rébellion provoquée par plus de dix personnes durant laquelle il y a eu agression d’un fonctionnaire dans l’exercice de ses fonctions, entrave à la circulation dans les voies publiques, dégradation, sciemment de bien d’autrui, provocation d’incendie dans des locaux non habités, jets de corps solides contre les biens d’autrui ; provocation de bruit et de tapages dans un lieu public.

    Âgés de 18 et 25 ans, les onze condamnés sont juridiquement en état de fuite. ( Aymen Garouch, Ahmed Ben Massoud, Marouan Mrabet, Wissem Abdelwahed, Makrem Charfi, Meriem Jerbi, Hamida Hazem, Seif Eddine Dallegi, Rabii Abdeljaouad et Houcine Hassana ).

    Dans un communiqué publié, le 1er décembre 2016, la section Kélibia – Korba de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme estime que la condamnation de 14 ans de prison est « sévère » vu les circonstances particulières des événements, l’âge des accusés, majoritairement étudiants ou élèves sans antécédents criminels. La LTDH avait déjà souligné, le 31 mai 2013, que les manifestants pacifistes ont été infiltrés par des malfaiteurs qui ont profité de la colère populaire pour voler et saccager un hôtel et une fourrière de motos. Outre les avocats qu’elle a nommé pour défendre les 11 jeunes condamnés, la Ligue a constitué un comité de soutien réunissant des militants indépendants et des partis politiques pour réclamer « un procès équitable ». Les avocats de la défense affirment qu’ils déposeront un recours en cassation dans les prochains jours.

    Le 2 juin 2014, l’Assemblée nationale constituante a voté une loi d’amnistie pour toutes les personnes qui ont participé aux événements de la révolution du 17 décembre 2010 au 28 février 2011. Cette loi a été votée sous la pression de la société civile qui a lancé la campagne Moi aussi j’ai brûlé un poste de police revendiquant la légitimité circonstancielle de l’acte révolutionnaire après avoir recensé près de 130 procès contre des jeunes qui ont participé aux manifestations contre la dictature.

    Henda Chennaoui

    Journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Je m'intéresse à l'observation et l'explication de l'actualité sociale et économique qui passe inaperçue.
     
     
  • Tunisie, la jeunesse conteste l’austérité et la corruption (Nawaat)


    Rassemblement des jeunes de l’UDC et de l’UGET devant le théâtre municipale. Mardi 29 novembre 2016

    Sur les marches du théâtre municipal, Salem Ayari, secrétaire général de l’Union des diplômés chômeurs, s’adressent aux manifestants encerclés par les agents de police « Nous continuerons à investir les rues et à contester jusqu’à ce que ce gouvernement de honte trouvera une autre réponse à nos demandes que celle de la répression ». Mounir Fallah, un des manifestants arrêtés, revient après sa libération pour soutenir ses camarades. « La police nous a dit qu’il est interdit de manifester ces deux jours pour ne pas perturber la conférence sur l’investissement » ironise-t-il avant de rappeler que manifester est un droit constitutionnel qu’aucune condition politique ni économique ne pouvait l’entraver. Mounir Fallah a été arrêté avec les trois discriminés politiques Zied Khaloufi, Abdelhak Kileni et Wafa Kherayfiya.

    L’accord du 18 janvier 2016 entre les discriminés politiques et le gouvernement engage ce dernier à recevoir les dossiers des victimes, enquêter sur le harcèlement policier et administratif dont ils ont été la cible, et l’insertion professionnelle comme dédommagement des années de répression. Après des mois d’attente et de promesses non-tenues, de rassemblements et de grèves de la faim, Mehdi Ben Gharbia, ministre chargé des Relations avec la société civile, avance la date du 15 novembre pour donner les résultats de l’enquête du ministère de l’Intérieur.

    Wael Nouar, président de l’Union générale des étudiants tunisiens et négociateur, précise que « les noms reconnus comme des discriminés ne dépassent pas les 195 alors que nous avons des preuves que la liste est encore longue. Le déni du ministère de l’Intérieur et la complicité du gouvernement ne mènera à rien. Si les négociations sont bloquées, la rue sera notre champ de bataille » promet Wael Nouar. Parmi les oubliés du ministère de l’Intérieur, d’anciens étudiants de l’UGET et des militants politiques reconnus par l’Instance vérité et dignité comme victimes de la répression tels que Abdelkarim Silliti et Lotfi Hammami, ex-prisonniers politiques ou Safa Mansouri, torturée sous la dictature dans les locaux du ministère de l’Intérieur.

    Le 22 novembre, les discriminés politiques, en colère, décident un sit-in au siège du ministère chargé des relations avec la société civile aux auberges du lac. Deux jours après, Mahdi Ben Gharbia refuse de les recevoir et les forces de l’ordre mettent fin au sit-in en utilisant la force. Le 24 novembre, ils manifestent à l’avenue Habib Bourguiba où ils ont étaient harcelés et agressés par la police.

  • Un commandant de l’armée israélienne : « Je ferai tout pour que les jeunes du camp d’Al-Duheisha soient invalides » (Agence Médais Palestine)

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    Photo d’archives d’un groupe de jeunes Palestiniens après qu’ils aient été traités pour blessures par balles par les forces israéliennes. (Photo : BADIL, tirées de Maan)

     

    Un commandant de l’armée israélienne a menacé à plusieurs reprises de rendre « invalides tous les jeunes du camp d'Al-Duheisha», a-t-il été rapporté.

    BADIL, le Centre de Ressources pour les Droits des Résidents et des Réfugiés Palestiniens, a rapporté qu’un commandant de l’armée israélienne avait à plusieurs reprises lancé des menaces durant et après des raids sur le camp et pendant les interrogatoires.

    On dit que ce commandant est responsable de la zone d’Al-Duheisha et connu des résidents locaux sous le nom de « Captain Nidal ».

    Les jeunes d’Al-Duheisha ont dit à BADIL que Captain Nidal avait fait des déclarations telles que : « Je ferai de tous les jeunes du camp des invalides », « Je vous obligerai tous à vous déplacer avec des béquilles ou en fauteuils roulants », « Je ferai faire la queue à l’ATM [guichet automatique] à la moitié d’entre vous pour attendre vos aides et subventions d’invalidité ». L’un des jeunes blessés a dit à BADIL que Captain Nidal lui avait dit de raconter à ses amis que « Nidal fera de vous tous des invalides ».

    D’après BADIL, 30 Palestiniens ont été touchés à balles réelles dans le camp depuis le début de l’année, pour la majorité aux jambes et aux genoux.

    Le Centre a ajouté qu’Al-Duheisha avait subi au moins trois raids des forces israéliennes entre la fin juillet et la mi-août, période pendant laquelle 18 jeunes Palestiniens, entre 14 et 27 ans, ont reçu des balles dans les jambes – huit d’entre eux directement dans le genou et plusieurs autres dans les deux jambes – causant des incapacités et permanentes et temporaires.

    On n’a pas pu joindre de porte-parole de l’armée israélienne pour avoir des commentaires sur les déclarations concernant les menaces proférées par le commandant.

    26 août 2016, Middle East Monitor

    Traduction : J. Ch. pour l’Agence Média Palestine

    Source : Middle East Monitor

    http://www.agencemediapalestine.fr/blog/2016/08/29/un-commandant-de-larmee-israelienne-

  • Quel accueil en Europe pour les enfants syriens qui ont échappé à la guerre ? (Amnesty)

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    La terrible situation des enfants en Syrie, notamment illustrée par les images montrant le petit Omran Daqneesh, cinq ans, le visage ensanglanté et hagard, à l'arrière d'une ambulance alors qu'il vient d'être extrait des décombres de sa maison, permet de comprendre aisément pourquoi les parents emmènent avec eux leurs enfants quand ils entreprennent un périple dangereux et incertain vers l'Europe.

    Or, les enfants qui survivent à ce voyage et atteignent les rivages de l'Europe ne sont pas pour autant au bout de leurs épreuves.

    Lors d'une visite sur l'île de Lesbos, en Grèce, j'ai vu de mes yeux ce qui les attend.

    Dans un centre de détention à Lesbos, j'ai fait la connaissance d'Ahmed, un bébé d'un an, malade quasiment depuis le début de sa vie en raison de ce que sa mère a décrit comme étant une attaque chimique. Elle m'a raconté qu'une bombe a détruit sa maison peu après la naissance d'Ahmed, qui a reçu un éclat d'obus dans le cou. Peu après, il a été atteint d'une forme aiguë d'asthme et a développé d'autres symptômes correspondant à l'inhalation de chlore gazeux. Quand j'ai vu ce bébé, un an environ après le bombardement, son petit corps présentait des cicatrices et il avait du mal à respirer.

    Sa famille, des Palestiniens de Syrie, a d'abord fui les horreurs du siège du camp de Yarmouk, à Damas, où les gens souffraient notamment de la faim.

    Mais la famille a été poursuivie par la guerre quand elle a fui à Idlib, dans le nord du pays. Quand un obus a frappé sa maison, la mère a emmené sa famille de l'autre côté de la frontière, en Turquie, où ils ont payé des passeurs pour effectuer une dangereuse traversée à bord d'une embarcation surpeuplée à destination des îles grecques.

    Quand ils ont débarqué, ils n'ont pas été accueillis à bras ouverts. Ils sont arrivés après l'entrée en vigueur, le 20 mars, de l'accord entre l'Union européenne et la Turquie, qui a de fait transformé ces îles en lieux de détention massive.

    La famille d'Ahmed s'est retrouvée enfermée, avec plus de 3 000 autres personnes, dans le centre de détention de Moria, séparée du monde extérieur par des clôtures en fil de fer barbelé. Quand j'ai rencontré ces personnes, elles ne bénéficiaient d'aucune intimité et n'avaient aucune idée de ce qui allait leur arriver par la suite. Au lieu de prodiguer rapidement à Ahmed les soins médicaux dont il avait besoin d'urgence, un médecin a donné une boîte de paracétamol à la famille.

    Elles ont depuis été déplacées hors du centre de détention mais restent bloquées en Grèce, tout comme près de 60 000 autres réfugiés et migrants. Les routes permettant de rejoindre les autres pays d'Europe sont pour la plupart coupées. Si cela ne tenait qu'à certains dirigeants européens, la majorité de ces personnes seraient tout simplement renvoyées en Turquie.

    Cette situation critique se retrouve à travers toute l'Europe, en Hongrie, en Serbie, en Grèce et à Calais, entre autres.

    Omran me rappelle tant d'enfants que nous avons rencontrés dans tout le continent, et les épreuves qu'ils doivent endurer.

    Un tiers environ des réfugiés et des migrants qui traversent la méditerranée pour rejoindre l'Europe sont des enfants. La plupart d'entre eux voyagent seuls, exposés à l'exploitation, ou ont été séparés de leur famille en chemin, parfois par les autorités elles-mêmes.

    Ceux qui ont été traumatisés par la guerre ne reçoivent quasiment pas de soutien psycho-social.

    Il y a peu de lieux où ils peuvent jouer en toute sécurité, et encore moins étudier ou aller à l'école.

    Certains des enfants que nous avons rencontrés ne vont plus à l'école depuis si longtemps qu'ils ne savent plus lire ni écrire.

    Un adolescent de 16 ans, qui se trouve dans un camp en Grèce continentale, nous a dit : « Nous sommes ici depuis 423 jours et nous n'avons aucun espoir, nous ne recevons aucune éducation et n'avons pas d'écoles. J'ai besoin qu'on me donne la possibilité de terminer mes études. »

    Ces enfants ont besoin de sécurité, de soins particuliers, d'éducation, et d'un toit au-dessus de leur tête. Ils ont besoin que les gouvernements permettent et facilitent le regroupement familial.Ils ont besoin que les pays respectent leurs engagements concernant la relocalisation et la réinstallation des familles comme celle d'Ahmed. En Europe, les gouvernements sont loin d'accéder à ces besoins. Par exemple, les dirigeants de l'Union européenne n'ont relocalisé que 5 % des réfugiés qu'ils avaient promis d'accueillir en juin dernier.

    Le monde entier s'est ému du sort d'Omran, et de celui d'Alan Kurdi avant lui, mais la pitié et l'indignation ne suffisent pas. Ces images ont ému les gens à travers le monde, mais pas les dirigeants. Tant qu'ils n'agiront pas, des milliers d'enfants continueront de subir le même sort qu'Omran, Alan et Ahmed.

    Cet article a été publié pour la première fois par CNN.

    Gauri van Gulik,

    https://www.amnesty.org/fr/latest/news/2016/08/after-escaping-war-what-awaits-syrian-children-in-europe/