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Jeunesse - Page 7

  • Tunisie. Ils veulent un autre ordre social. Eux, veulent l’ordre (A L'Encontre.ch)

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    Par Henda Chenaoui

    Le Conseil de sécurité nationale de Tunisie s’est réuni, le 25 janvier 2016, au Palais de Carthage sous la présidence du président de la République, Béji Caïd Essebsi (BCE), pour l’évaluation de la situation sécuritaire dans le pays.?La réunion s’est déroulée en présence du président de l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), Mohamed Ennaceur, du chef du gouvernement Habib Essid, des membres du Conseil supérieur des armées, ainsi que de plusieurs hauts cadres sécuritaires, outre des membres du gouvernement et des députés de l’ARP, indique un communiqué de la présidence de la République. Autrement dit, face au mouvement social, «l’ordre» est réclamé par les sommets de l’armée, par les ex-bénalistes, ainsi que par ceux (Ennhada) qui «négocient» avec le pouvoir, tant l’ordre social est propre à leur programme socio-économique, Dès novembre 2015, la vieille garde se retrouve à la Sécurité nationale: Abderrahmane Belhaj Ali.

    Abderrahmane Belhaj Ali

    A. Belhaj Ali

    Ce dernier, très tôt, a attiré l’attention Zine el-Abidine Ben Ali, ancien directeur de la Sûreté devenu ministre de l’Intérieur. A sa prise de pouvoir, le 7 novembre 1987, Ben Ali fait de Belhaj Ali son directeur de la sécurité présidentielle. Ironie de l’histoire: déjà, à l’époque, il succède à Rafik Chelly, resté fidèle à Habib Bourguiba. Belhaj Ali officie à ce poste jusqu’en 2001, quand Leïla Ben Ali (femme influente de Ben Ali, du clan Trabelsi) commence à éloigner le premier cercle formé, depuis 1987, autour de son époux. «Déplacé» en Mauritanie il va compléter sa formation dans ce pays. Il sera aux premières loges du nouvel ordre que vise à imposer ECB qui doit faire face à une résistance sociale d’ampleur que décrit Henda Chenaoui. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    Entre Kasserine, Sidi Bouzid et Tunis, le mouvement social revendiquant travail et développement régional continue à rassembler des milliers de citoyens. Ce lundi, 25 janvier, les manifestations ont eu lieu à Kasserine, Sidi Bouzid, Regueb, Jebeniana, Hamma, Gafsa, Jendouba, Ghardimaou, Tibar, Siliana, Beja, Jendouba, le Kef et Tunis. Les manifestations et rassemblements ont conservé leur aspect pacifique dans toutes les régions.

    Là où tout a commencé le 16 janvier 2016 les jeunes chômeurs continuent leur sit-in au siège du gouvernorat pour revendiquer le développement régional et l’emploi. Dans un communiqué publié hier dimanche 24 janvier, ils se réjouissent «de l’échec des tentatives d’infiltration et de récupération des demandes légitimes du sit-in et de tout le mouvement social pacifique». Les chômeurs ont condamné «la surdité du gouvernement face à nos demandes d’ouverture d’un dialogue». Ils ont exprimé leur refus catégorique du «traitement hautain et centralisé des problématiques de la région de Kasserine et de sa jeunesse». Ils rappellent enfin leur détermination à affronter «le système de la corruption et de la bureaucratie qui a marginalisé depuis des années notre région et qui essaie à nouveau d’ignorer notre existence dans les programmes de développement».

    Dans les régions, la dignité passe par le travail et le développement

    A Sidi Bouzid, une manifestation a eu lieu ce matin, lundi 25 janvier, rassemblant des dizaines de personnes. Organisée par l’Union des diplômés chômeurs, le bureau régional de l’UGTT et le bureau régional de la Ligue tunisienne des droits de l’Homme, la manifestation s’est dirigée vers le siège du gouvernorat où les manifestants ont demandé à rencontrer le gouverneur. «Ce dernier nous a promis, la semaine dernière, une réunion pour recevoir nos demandes de développement et d’emplois. Mais il a tout annulé à la dernière minute sans explications», selon Atef Affi, membre de l’UDC (Union des diplômés chômeurs) à Sidi Bouzid. Le bureau régional de l’UDC a appelé le pouvoir central à régler la question de l’emploi précaire et à confier la gestion des concours publics à une commission indépendante où la société civile doit être représentée.

    Le rassemblement des jeunes chômeurs de la région a été réprimé par la police qui «a aspergé les manifestants de gaz lacrymogène et a attaqué même les passants à coups de matraques», témoigne Atef Affi. En même temps, des jeunes chômeurs ont entamé, ce matin, un sit-in au siège de la délégation de Regueb (40 km de Sidi Bouzid) pour demander le développement régional, l’emploi et l’ouverture du dossier de la corruption.

    À Jebeniana (Sfax), une grande manifestation a eu lieu, cet après-midi, au centre-ville, appelant à ouvrir le dossier du développement et de l’emploi mais aussi à la démission du gouvernement actuel. Deux sit-in se poursuivent aux sièges de la municipalité et de la délégation depuis mardi 19 janvier.

    hamma

    À El Hamma (Gabes), les manifestants ont barré la route nationale n°16 qui relie Gabes à Kebili pour exiger d’être reçus par les responsables locaux. Selon radio Tatouine toutes les administrations locales ont été fermées durant la journée.

    À Gafsa, plusieurs manifestations pacifiques ont eu lieu, aujourd’hui, rassemblant les diplômés chômeurs et les ouvriers des chantiers. Toujours avec les mêmes demandes, les manifestants ont appelé à l’application de la discrimination positive envers les régions défavorisées.

    Au nord-ouest, plusieurs délégations dans les gouvernorats de Jendouba, Siliana, Béja et le Kef ont continué à manifester pour les mêmes raisons. À Jendouba, des sit-in ont démarré, dès ce matin, dans de nombreuses délégations. À GharDimaou, Tibar et Siliana, les diplômés chômeurs ont manifesté pour rappeler leur droit à l’emploi et au développement régional.

    Deux grèves de la faim à Tunis

    Quinze employés diplômés de la Société Tunisienne de l’Électricité et du Gaz continuent leur 22e jour de grève de la faim devant le siège de la compagnie, rue Kamel Ataturk à Tunis. Un rassemblement de soutien, organisé par les militants de Manich Msamah, a eu lieu ce midi. Les grévistes de la faim demandent de régler leurs situations financière et administrative.

    À la Kasbah, une dizaine de jeunes diplômés chômeurs se sont rassemblés pour rappeler les demandes du mouvement social revendiquant travail et développement. Malgré la forte présence policière, aucune agression n’a été enregistrée durant ce rassemblement pacifique.

    Le samedi 22 janvier, huit jeunes de Bouzayane (Sidi Bouzid) ont entamé une grève de la faim au siège de la Ligue tunisienne des droits de l’homme. à Tunis. Les grévistes demandent la mise en application immédiate d’un accord de l’année dernière pour l’emploi. Un sit-in a eu lieu à Bouzayane durant 47 jours suivi d’une grève de la faim du 22 avril au 4 juin 2015. Les deux actions ont débouché sur un accord d’embauche pour 64 jeunes de la région dans la fonction publique.

    L’accord a été signé par le ministère des Affaires sociales, le secrétaire général adjoint de l’UGTT (Union générale tunisienne du travail), Bouali Mbarki, un membre de la LTDH et deux députées de la région Mbarka Aouinia (Front Populaire) et Nozha Bayaoui (Initiative Nationale). «Mais la liste a été modifiée et les autorités locales ont supprimé huit noms. Nous continuerons notre grève de la faim jusqu’à l’application de l’accord du 4 juin 2015 dans son intégralité», nous explique Akram Dhif Allah, un des grévistes de la faim. (25 janvier 2016, dans nawaa)

    Publié par Alencontre le 27 - janvier - 2016

    Henda Chenaoui est journaliste indépendante, spécialiste en mouvements sociaux et nouvelles formes de résistance civile. Elle s’intéresse à l’observation et l’explication de l’actualité sociale et économique qui passe inaperçue.

    http://alencontre.org/moyenorient/tunisie-ils-veulent-un-autre-ordre-social-eux-veulent-lordre

  • Tunisie: révolte de la jeunesse marginalisée (Al'Encontre.ch)

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide  le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide
    le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Par Alain Baron, le 24 janvier 2015

    Depuis le 17 janvier, des explosions de colère secouent une partie de la jeunesse tunisienne. Elles se traduisent notamment par des manifestations, des sit-in devant ou à l’intérieur de bâtiments de l’Etat, des barrages routiers à l’aide de pneus enflammés, quelques pillages et même la mort d’un policier.

    Les raisons de la colère

    Tout a commencé à Kasserine, une ville déshéritée de l’intérieur du pays où un jeune chômeur est mort électrocuté le 16 janvier. Il était monté sur un poteau électrique pour protester contre son retrait arbitraire d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

    Dès le lendemain, des affrontements avec la police ont eu lieu sur place. Ce mouvement s’est ensuite étendu dans une série de localités et certains quartiers de grandes villes. Le 22, le couvre-feu entre 20h et 5h a été décrété sur l’ensemble du pays [1].

    Les causes de ces mouvements ne sont pas nouvelles. Depuis des années des milliers de jeunes, souvent titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, réclament un emploi. C’était déjà le cas lors du soulèvement du bassin minier de Gafsa en 2008, puis de l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 qui a été le signal du début de la révolution.

    Mais cinq ans plus tard, la situation de l’emploi n’a pas changé, elle s’est même détériorée. Le nombre de suicides est en augmentation parmi les jeunes, et des explosions locales de colère ont périodiquement lieu. Cela a par exemple été le cas en 2015 dans le sud du pays ainsi que dans la région de Gafsa où des jeunes chômeurs ont paralysé plusieurs mois le bassin minier.

    Une des raisons pour lesquelles la tragédie de Kasserine a été le point de départ d’une vague nationale de mobilisations, est l’aggravation de la crise globale que traverse la Tunisie.

    Accentuant la politique néo-libérale en vigueur du temps de Ben Ali, le pouvoir est incapable d’apporter la moindre solution aux jeunes réclamant un emploi.

    Simultanément Nidaa Tounès, le parti arrivé en tête aux élections d’octobre 2015 a explosé. Un de ses députés a comparé les clans rivaux à « une dispute entre coqs pour une poubelle ».

    Résultat, Ennahdha est redevenu le premier parti représenté à l’Assemblée. Avec un ministre de la Justice et un ministre de l’Intérieur réputés proches d’Ennahdha, les dossiers des exactions commises lorsque ce parti dirigeait le gouvernement en 2012-2013 ne sont pas près d’avancer.

    L’absence d’alternative crédible

    La création rapide de milliers d’emplois durables serait pourtant possible. Pour financer une telle mesure, le Front populaire propose par exemple un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes, ainsi qu’un moratoire de trois ans sur le remboursement de la dette, qui représente 18 % du budget et la principale dépense de l’Etat.

    Mais le Front populaire, qui rassemble l’essentiel des organisations de gauche, ne dispose que de 7 % des sièges au Parlement. Il peine également à se structurer et à définir une stratégie globale à la hauteur des enjeux.

    Plusieurs associations, dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) ont appelé «à l’adoption d’un modèle économique dont l’objectif est la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales», en disant leur «déception» face à l’inaction des différents gouvernements.

    En ce qui la concerne, l’UGTT a appelé le gouvernement à trouver des solutions «urgentes et efficaces» pour résoudre rapidement les problèmes du chômage et du développement dans les régions défavorisées. Elle a réitéré les projets alternatifs, qu’elle avait déjà proposés aux gouvernements précédents.

    Une solidarité hésitante

    Même si la grande majorité de la population reconnaît la légitimité des revendications des chômeurs, beaucoup sont choqués par les violences commises ces derniers jours. Ils craignent que des djihadistes se mêlent aux manifestants afin de développer le chaos. Suite au traumatisme causé par les exactions de Daech en Tunisie, la crainte existe que les tâches supplémentaires confiées à la police et l’armée se fassent au détriment de leurs autres tâches : la lutte contre les réseaux et maquis islamistes ainsi que le trafic d’armes en provenance notamment de Libye.

    En ce qui les concerne, les organisations de jeunes ont du mal à mobiliser. Les rassemblements et manifestations de solidarité organisés dans les grandes villes par l’Union des diplômés-chômeurs (UDC) et l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) n’ont jamais rassemblé à ce jour plus de 300 participant-e-s.

    Les difficultés d’une jonction avec le mouvement ouvrier organisé

    Comme souvent en Tunisie, la possibilité d’un réel mouvement de solidarité va largement dépendre du positionnement du mouvement syndical. Mais de ce côté-là, rien n’est en ce moment très simple.

    Sous l’impulsion de la gauche de l’UGTT, le mouvement syndical sort en effet d’une année de mobilisations intenses.

    Celles-ci ont permis au premier semestre une victoire historique dans l’enseignement secondaire, et des avancées appréciables dans le reste du secteur public ainsi que dans certaines entreprises privées.

    La vague de grèves générales régionales dans le secteur privé au second semestre a par contre été brutalement interrompue le 25 novembre après l’attentat de Daech à Tunis.

    Après des mois de tensions, le risque existe aujourd’hui que les syndicalistes les plus combatifs relâchent la pression. Cela accentue au sein de l’UGTT le danger d’un retour de balancier vers la routine et la recherche de consensus avec les adversaires des intérêts des salariés et des chômeurs [2].

    Un compromis à minima avec le patronat a par exemple été trouvé en catastrophe le l9 janvier au sujet des augmentations salariales dans le secteur privé.

    Du coup, la reprise des grèves générales régionales dans le privé a été annulée, dont celle prévue le 21 janvier dans la région de Tunis. (24 janvier 2016)

    _____

    [1] Une série d’articles sur ces mobilisations est disponible sur le blog tunisien Nawaat :

    – Kasserine : après le deuil, l’embrasement (19 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/19/kasserine-apres-le-deuil-lembrasement/

    – Reportage à Kasserine : « Personne ne saura calmer la colère de la faim » (21 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/21/reportage-a-kasserine-personne-ne-saura-calmer-la-colere-de-la-faim/

    – Ridha Yahyaoui : Un stylo m’a tué (22 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/22/ridha-yahyaoui-un-stylo-ma-tuer/

    [2] Le 20 janvier, au premier rang des invités à la cérémonie des 70 ans de l’UGTT, figuraient les porte-parole de l’ensemble du spectre politique tunisien, dont le Président d’Ennahdha, ainsi qu’un représentant du syndicat patronal UTICA.

     

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige la «patience» et n'annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l'AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l'Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour "la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles». Interrogé par l'AFP, l'analyste Selim Kharrat ne s'est pas montré «étonné» de l'absence d'annonces immédiates. «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l'aurait fait bien avant l'éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite»", notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il "aurait pu prendre des mesures non coûteuses" contre la corruption et a "manqué une occasion de donner un signal positif", a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c'est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benaliste et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l'Encontre)

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige de la «patience» et n’annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l’AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l’Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles».
    Interrogé par l’AFP, l’analyste Selim Kharrat ne s’est pas montré «étonné» de l’absence d’annonces immédiates.
    «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l’aurait fait bien avant l’éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite», notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il «aurait pu prendre des mesures non coûteuses» contre la corruption et a «manqué une occasion de donner un signal positif», a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c’est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benalistes et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l’Encontre)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016
     
  • Tunisie: La contestation sociale était prévisible car "la population ne peut plus patienter" (Al Huff')

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    Chercheur pour le centre Carnegie, Hamza Meddeb, dit ne pas être "étonné" par la vague de contestation sociale qui a éclaté dans les régions défavorisées de Tunisie, soulignant que la population "ne peut plus patienter" face à l'absence de changements depuis la révolution.

    Face à "l'inertie" des pouvoirs publics, "le pays s'embourbe dans une crise sociale" qui "risque de déstabiliser l'expérience démocratique" née du renversement du régime de Zine el Abidine Ben Ali en 2011, prévient M. Meddeb, co-auteur de l' ouvrage "L'Etat d'injustice au Maghreb. Maroc, Tunisie".

    Êtes-vous surpris par cette explosion de la contestation?

    Hamza Meddeb: "J'étais encore à Kasserine (d'où sont parties les manifestations, ndlr) il y a deux mois et tout cela ne m'étonne pas. La situation est désastreuse, rien n'a changé depuis cinq ans. (...) On a de nouvelles générations qui constatent ça. C'est un problème d'injustice sociale et de corruption.

    Il y a beaucoup de corruption dans l'administration, en particulier locale. Beaucoup de clientélisme. Tout cela fait exploser la colère. Les manifestations ont pris et la flamme s'est propagée".

    Les premières annonces du gouvernement sont-elles suffisantes?

    "Le gouvernement a annoncé des mesures sur l'embauche à Kasserine, dans le but de désamorcer la colère. Mais celle-ci s'est au contraire propagée. Ce sont des mesures à double tranchant.

    Ce qu'a eu Kasserine, tout le monde veut l'avoir à présent! Les revendications commencent à gagner beaucoup de régions. Ces petites mesures sont contre-productives et montrent que le gouvernement n'a pas vraiment de plan stratégique, et qu'on est dans une politique à courte vue. Ça fait un an qu'il est en place et rien de concret n'a été fait. Ça lui explose à la figure".

    Faut-il alors craindre une dégradation?

    "Il me semble qu'on va vers un enlisement de la situation. Les mesures destinées à désamorcer la crise l'alimentent au contraire, et le pays s'embourbe dans la crise. Le malaise social risque de déstabiliser l'expérience démocratique. En Tunisie, il n'y a pas vraiment de mécanisme de régulation des crises sociales, c'est un système politique extrêmement fragile.

    Dans le même temps, on a une administration très bureaucratique. Il faut mesurer son inertie. On a par exemple 1,4 milliard de dollars pour les infrastructures qui sont bloqués. Ça n'est pas un problème de financement mais d'exécution.

    On a des nominations (dans l'administration locale) de responsables qui étaient en charge sous Ben Ali. On ne répond pas aux besoins de développement avec les pratiques d'un autre temps. La bureaucratie ne peut pas continuer à fonctionner comme sous Ben Ali. La population a patienté pendant cinq ans. Elle ne peut plus patienter".  

    LIRE AUSSI:

    http://www.huffpostmaghreb.com/2016/01/21/tunisie-contestation-soci_n_9041210.html?utm_hp_ref=maghreb

  • Tunisie: La colère montre contre le chômage (Afriques en lutte)

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    La police tunisienne a fait usage de grenades lacrymogènes mardi pour disperser plusieurs centaines de demandeurs d’emploi qui s’étaient rassemblés dans au moins quatre villes du pays pour réclamer du travail, deux jours après le suicide d’un jeune chômeur, rapportent des témoins.

    Le ministère de l’Intérieur a annoncé l’instauration d’un couvre-feu nocturne à Kasserine, la ville où Ridha Yahyaoui s’est donné la mort et où a eu lieu la première manifestation. Mais des incidents se sont poursuivis au cours de la nuit et se sont étendus aux villes de Tahla, Fernana et Meknassi, a rapporté l’agence de presse TAP.

    Les manifestants ont défilé aux cris de « Travail, liberté, dignité », selon un habitant. A Meknassi, des groupes de jeunes gens sont descendus dans les rues et ont incendié des pneus par solidarité avec les manifestants de Kasserine, a déclaré Mahdi Horchani, un habitant.

    La « révolution de jasmin », qui a donné le coup d’envoi du printemps arabe, était partie des émeutes ayant suivi la mort, le 4 janvier 2011, de Mohamed Bouazizi, un vendeur ambulant qui s’était immolé par le feu à Sidi Bouzid.

    Plusieurs des chômeurs rassemblés mardi à Kasserine ont menacé de se suicider deux jours après Ridha Yahyaoui, qui, selon des témoins, a mis fin à ses jours faute d’avoir pu obtenir un emploi dans la fonction publique.

    Malgré la révolution, le chômage est passé de 12 à 15,3% entre 2010 et la fin 2015, alors qu’un tiers des demandeurs d’emplois possèdent des diplômes universitaires.

    A Kasserine, chef-lieu d’une des régions les plus défavorisées de Tunisie, les chômeurs représentent environ 30% de la population active.

    Source : Reuters 21 janvier 2016 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/tunisie-la-colere-montre-contre-le

     

  • Nouveautés sur Afriques en Lutte

    http://fr.allafrica.com/download/pic/main/main/csiid/00251159:2063986d0c86ea47fa2e904731722e46:arc614x376:w360:us1.png

    DJIBOUTI : LA PLATEFORME PANAFRICAINE EXIGE LA LIBERATION IMMEDIATE DE TOUS LES PRISONNIERS POLITIQUES ET LE RESPECT DES DROITS DE L’OPPOSITION POLITIQUE

    Dans la suite logique de sa volonté de "Présidence à vie", le président djiboutien, Ismaël Omar Guelleh, après avoir modifié la constitution en octobre 2010, brigue, quoi qu’il en coûte au peuple djiboutien, un quatrième mandat. Le contexte sécuritaire international particulièrement tendu de ces dernières semaines suite à différents attentats terroristes a été le prétexte de la prise d’un décret en date du 25 novembre 2015 instaurant l’Etat d’urgence à Djibouti. (...)

    Tunisie : une adolescente de 17 ans risque la prison pour des statuts Facebook

    Afraa Ben Azza, jeune fille un peu bohême, aux larges boucles châtain, devrait passer son bac l’an prochain. Son intérêt pour la philosophie et l’histoire l’a conduite à la filière littéraire. Mais l’adolescente tunisienne de 17 ans, originaire du Kef, à deux cents kilomètres à l’ouest de la capitale, a d’autres soucis en tête. Elle risque la prison pour des publications sur Facebook. Accusée d’outrage à agent et atteinte à l’institution sécuritaire, elle doit comparaître le 31 décembre devant le juge pour (...)

    Djibouti : IOG massacre son opposition sous les yeux indifférents de la communauté internationale

    Le Président djiboutien, Ismaïl Omar Guelleh (IOG, au pouvoir depuis 1999) qui brigue un quatrième mandat en muselant l’opposition regroupée dans une Union pour le Salut National (USN) a profité des attentats de Paris pour décréter un état d’urgence. (...)

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-de-l-est/djibouti/article/harcelement-contre-les

    Lutte pour les retraites au Maroc

    Les syndicats annoncent un sit-in devant le parlement le 12 janvier et décident de porter plainte contre le gouvernement. Quatre centrales syndicales (UGTM, UMT, CDT, FDT) organisent le 12 janvier un sit-in devant le parlement en réaction aux (...)

  • Egypte. Succès des révolutionnaires dans les élections étudiantes, réaction du ministre (Al'Encontre.ch)

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    Les élections des représentants aux organisations étudiantes des universités publiques en Egypte, qui ont eu lieu la première semaine de décembre 2015 avec une large participation, se sont conclues par une écrasante victoire du camp de la révolution contre celui de Sissi.

    Ainsi, Abdallah Anwar (président de l’ESU – l’Union des étudiant égyptiens – de l’Université du Caire) et Amr Al-Helw (président de l’ESU de l’Université Tanta) qui viennent d’être élus à la présidence et à la vice-présidence de l’Union des étudiants égyptiens (ESU), sont tous deux connus pour leurs attaches révolutionnaires au soulèvement du 25 janvier 2011.

    Pourtant le pouvoir n’avait pas lésiné pour fausser les élections en empêchant la candidature d’environ 700 étudiants soupçonnés d’appartenance politique à des partis «illégaux». Il était en effet interdit de se présenter à la candidature si on était soupçonné d’appartenir au «Mouvement du 6 Avril» ou aux «Frères musulmans», tous deux interdits. Mais pour se présenter il fallait aussi ne pas avoir été sujet à des mesures disciplinaires – ce qui a été le cas de très nombreux étudiants qui ont fait grève, qui ont osé dénoncer le pouvoir ou qui ont été condamnés par ce dernier lors de manifestations, de sit-in, ou de protestations diverses au cours de ces cinq dernières années.

    Devant le camouflet électoral, le ministre de l’Enseignement supérieur, Ashraf al-Shehy, a demandé l’annulation des élections.

    Il a prétexté de dits vices de procédure, ce qui est un comble alors que les législatives de cet hiver n’ont jamais vu autant de truquages et d’achats de votes de la part des partis du pouvoir. Par ailleurs il a demandé que Amr Al-Helw soit suspendu de l’université pour ses liens avec des organisations politiques interdites et pour avoir osé accuser le pouvoir d’avoir fait pression sur les étudiant·e·s afin qu’ils votent pour les candidats du ministère de l’Education qui avait, par ailleurs, directement financé la campagne en s’asseyant sur toute légalité. Le ministère de l’Education a soutenu une coalition intitulée Voix des étudiants égyptiens.

    Le 28 décembre, des étudiants révolutionnaires appelaient dans une conférence de presse à la mobilisation pour soutenir l’Union des étudiants égyptiens.

    Un nouveau bras de fer commence entre le pouvoir et le mouvement étudiant. Une déclaration demande la démission d’Ashraf al-Shehyen affirmant que sa permanence à ce poste impliquerait le maintien de la corruption et d’une volonté de formater l’esprit des étudiants. Cette déclaration est signée par le Mouvement du 6 Avril, les Socialistes révolutionnaires et des formations comme le Parti social-démocrate égyptien ou le mouvement Pain et Liberté.

    Quoi qu’il en résulte, alors qu’on ne cesse de présenter les étudiants comme découragés et s’éloignant de la politique, le résultat actuel montre le contraire. Et si le pouvoir annulait définitivement les élections et donc toute idée de représentation démocratique réelle des étudiants, il est clair qu’un nombre d’entre eux seraient poussés hors de ces voies électorales vers des chemins différents, s’inscrivant dans la mémoire pratique de la révolution. (3 janvier 2016)

    Publié par Alencontre le 4 - janvier - 2016 Par Jacques Chastaing
     
  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Fuite des cerveaux : Ces médecins et ingénieurs que nous perdons (El Watan)

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    Pour la première fois, un rapport* de l’Organisation internationale du travail étudie les spécificités de la fuite des cerveaux dans les pays du Maghreb. Qui part et pourquoi faire ? El Watan Week-End a décortiqué le rapport pour vous.

    La génération de la «désillusion»

    Le sociologue du Cread, Karim Khaled, rappelle que l’immigration des compétences algériennes existe depuis 1830 et peut être divisée en quatre périodes. La dernière période qui commence dans les années 1990 est celle de la désillusion, selon lui. Il estime que les intellectuels ont vécu une crise, notamment liée à la «déception» des élites après avoir été «emballées et prisonnières par le discours développementiste des années 1970» ainsi qu’aux «échecs» des luttes politiques des années 1980, 90 et 2000 qui «n’ont pas pu basculer l’équilibre des formes identitaires idéologiques dominantes depuis l’indépendance».

    Pour les universitaires, «l’emprise du politique dominant» a fait de l’université «une institution anomique incapable de se reproduire d’une manière autonome et reste aliénée par rapport à sa propre histoire et à l’histoire de tout son environnement». Selon lui, malgré toutes les politiques de formation à l’étranger et les multiples reformes, «l’enseignement supérieur algérien ne peut être que producteur de foyers migratoires». Cette période se caractérise par une forte concentration de l’intelligentsia algérienne dans les pays du Golfe et dans l’espace de la francophonie, notamment la France et le Canada.

    «Des destinations dans un contexte mondialisé, où des voies nouvelles se présentent aux élites professionnelles algériennes. Il s’agit vraiment d’une nouvelle ère de circulation internationale accélérée par l’avènement des technologies de l’information et de la communication mais avec des reconfigurations et le retour du ‘‘pouvoir de l’identité’’ comme forme de résistance au rythme imposé aux déclassés dans cette révolution numérique», explique le sociologue. Malgré cette diversification dans les destinations des élites intellectuelles algériennes dans les années 2000, la France reste toujours la destination dominante pour des raisons historiques, familiales et linguistiques.

    Au-delà du sentiment de désillusion, le rapport énumère plusieurs facteurs importants de départ : d’abord, les limites d’une carrière professionnelle ou universitaire et les besoins de recherche dans des domaines scientifiques, techniques et technologiques de pointe expliquent en grande partie les départs continus de cadres et d’étudiants à l’étranger. Ensuite, outre le prestige et le rayonnement dans la société, les diplômes d’universités étrangères offrent plus de chance de recrutement à l’international.

    Les lourdeurs administratives, les blocages bureaucratiques, les difficultés socioéconomiques et les limites d’épanouissement culturel motivent également le départ de cadres et d’universitaires. Le taux de chômage très important des diplômés du supérieur, le souci d’assurer un meilleur avenir à ses enfants et les raisons sécuritaires sont enfin d’autres facteurs importants dans le départ.

    Des diplômés du 3e cycle qui deviennent majoritairement cadres

    Ceux qui quittent l’Algérie ont en majorité entre 25 et 45 ans. Les docteurs en santé représentent la plus grande part des effectifs des diplômés les plus élevés exerçant en France. Ils se situent presque au même niveau que les ingénieurs. Ensuite viennent les personnes ayant obtenu un DESS et un master professionnel puis les DEA et masters.

    Ces diplômés sont pour la plupart en activité dans leur pays d’accueil. Ils connaissent certes le chômage, mais nettement moins que ceux qui n’ont pas de formation universitaire. Ils occupent pour la majorité des postes d’emploi dans des professions libérales et intellectuelles. Plus de la moitié des immigrés algériens qualifiés avait un contrat de travail à durée indéterminée, 11% exerçaient des professions libérales et 9,2% étaient au chômage.

    On constate que 34% d’Algériens installés en France sont des cadres ou exercent des professions intellectuelles, contre 14% qui sont des «employés». On observe aussi un niveau assez faible de «brain waste» - soit à travers des emplois n’exigeant pas de niveau supérieur ou alors ils sont sous-employés avec une faible rémunération. 6% d’immigrés faisant le métier d’ouvrier.

    Il y a aussi le «brain waste» relatif, non mesurable encore, c’est la situation qui équivaut à la déqualification des diplômés, en les affectant à des postes de niveau inférieur à leurs qualifications. Le niveau des salaires peut être un indicateur : 35% des personnes perçoivent moins de 1500 euros par mois, 25% entre 1500 et 2500 euros et puis 37% gagnent plus de 2500 euros.

    Les médecins sont les plus concernés

    «L’Algérie n’est pas en situation de pénurie de médecins, elle a formé et forme encore un nombre important de praticiens», explique Ahcène Zehnati, chercheur au Cread. Le nombre de diplômés en médecine a plus que doublé entre 2001 et 2011, il passe de 1714 à 4023. Même chose pour les médecins spécialistes qui sont 897 en 2005 et 1929 en 2013. 11 629 médecins sont formés dans les spécialités médicales et chirurgicales entre 2005 et 2013.

    A titre de comparaison, la Tunisie forme 8 fois moins de généralistes et 4 fois moins de spécialistes que l’Algérie. Cette amélioration de la formation ne concerne cependant pas le personnel paramédical, puisque le rapport entre le nombre de personnel paramédical et les médecins a baissé : Il passe de 3,4 en 1998 à 2,47 en 2012. Pourtant, les médecins constituent la première catégories d’Algériens nés en Algérie et exerçant à l’étranger. Le taux de fuite est supérieur à ceux enregistrés en Afrique du Sud ou au Ghana, par exemple et le nombre de médecins qui quittent l’Algérie augmente constamment depuis 1997. «La destination privilégiée des médecins algériens reste majoritairement la France pour des raisons historiques, culturelles, système de formation, conventions inter-universitaires», rappelle le rapport.

    Près d’un médecin né en Algérie sur 4 exerce, en effet, en France. Les effectifs de médecins spécialistes ne sont pas touchés de la même manière. Pour les médecins nés en Algérie, quel que soit leur lieu de formation, le «taux de fuite» est de 43% pour la psychiatrie. Viennent ensuite l’ophtalmologie, la radiologie et l’anesthésie-réanimation. Pour les médecins nés et formés en Algérie, les taux sont moins importants, mais les spécialités les plus concernées sont là aussi la psychiatrie, la radiologie, l’ophtalmologie et l’anesthésie-réanimation. De manière générale, les médecins qui travaillent dans le secteur public sont plus touchés par le départ que ceux du privé.

    Le rapport ne présente pas les raisons de départ des médecins, mais estime que les salaires pourraient être l’un des facteurs. En 2013, un médecin non hospitalo-universitaire touchait 77 000 DA par mois pour un généraliste, 110 000 pour un spécialiste. Un maître-assistant dans un CHU est payé 90 500 DA et un professeur 183 000 DA. L’étude souligne que ces salaires sont en moyenne une fois et demie plus élevés que les salaires des cadres des entreprises nationales algériennes.

    Les Marocains partent pour faire un troisième cycle

    Les migrations intellectuelles marocaines remontent au XIXe siècle et elles sont aujourd’hui souvent le fait d’élites intellectuelles, de chercheurs ou d’étudiants et de sportifs, avec un taux de retour faible. «Malgré le développement de nouvelles destinations, comme c’est le cas pour la Belgique, le Canada, les Etats-Unis ou les pays de l’ancien bloc de l’Est, la France draine toujours le plus grand nombre d’étudiants marocains», rappelle le rapport. Ils représentent la première population estudiantine étrangère dans les universités françaises avec plus de 15% en 2004. A titre de comparaison, les Algériens représentent 8,5%.

    Aujourd’hui, l’arabisation, la suspension des bourses du gouvernement et les conditions d’inscription plus difficiles ont fait diminuer le nombre de départs, qui reste malgré tout important. Désormais, on part pour préparer un troisième cycle plus que pour faire des études de premier et deuxième cycles. Dans tous les cas, une partie des étudiants à l’étranger, une fois leur cursus universitaire achevé, demeure sur place, pour des raisons familiales ou professionnelles.

    Les meilleurs sont repérés dans les grandes écoles ou laboratoires et sollicités pour intégrer des emplois, parfois même avant l’obtention de leur diplôme. Les autorités ont tenté dans les années 1990 de limiter cette immigration avec des mesures restrictives. Aujourd’hui, l’Etat tente au contraire de structurer la diaspora scientifique marocaine pour favoriser le retour et la collaboration des élites installées à l’étranger avec le Maroc.

    Les boursiers mauritaniens ne rentrent plus au pays

    Plus de 70 000 diplômés mauritaniens vivent aujourd’hui à l’étranger, toutes spécialités confondues. Dans un pays où le taux de chômage officiel est de 10% et où le salaire des fonctionnaires, l’équivalent de 5000 DA par mois, n’attire pas les diplômés, plus de la moitié des diplômés mauritaniens à l’étranger finissent par s’installer temporairement ou définitivement dans leur pays d’accueil. La plupart d’ente eux sont des ingénieurs, scientifiques, universitaires, financiers, qui ont souvent accès à l’étranger à des emplois de haut niveau, notamment dans des organisations internationales, des universités ou des compagnies privées.

    Le départ des diplômés a été poussé par les crises politiques de 1987 avec le Front Polisario et 1989 avec le Sénégal, ainsi que par le plan d’ajustement structurel des années 1980. Le pays octroie des bourses aux étudiants mauritaniens qui veulent étudier à l’étranger, dopant implicitement dans le futur la migration des compétences scientifiques, selon le rapport. Ces bourses sont d’ailleurs à l’origine en grande partie de la mise en place de la diaspora scientifique mauritanienne établie à l’étranger.

    Traditionnellement, le Maroc, l’Algérie, la Tunisie et les pays d’Afrique de l’Ouest particulièrement le Sénégal, la Côte d’Ivoire constituent les principales destinations des boursiers mauritaniens. Face au nombre de diplômés chômeurs très important, «la plupart des étudiants en fin de cycle- notamment ceux des filières francophones- cherchent des inscriptions dans des universités françaises ou se lancent dans l’aventure aux USA, en Australie ou au Canada».


    Leïla Beratto El Watan, 6 novembre 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/soc/fuite_cerveaux.htm

  • Un ami de l’AFPS est mort, assassiné par l’armée israélienne (Afps 22)

    Nous avions rencontré Moataz cet été en Bretagne. Notre ami palestinien Moataz est mort assassiné par l’armée, hier à Bethléem.

    Il était venu à l’invitation de la Fédération des MJC des Côtes d’Armor pour participer à des échanges, pour débattre avec d’autres jeunes étrangers de la question des murs réels et symboliques qui empêchent la construction d’un monde meilleur. Ils imaginaient ensemble des démocraties où chacun pourrait vivre sans haine.

    Moataz était heureux quand il était face à la mer : cela lui procurait une sensation de liberté, de légèreté, qu’il n’avait pas connue avant. Il adorait le football et avait envisagé de jouer dans l’équipe nationale palestinienne. Il aimait la vie, la musique, la danse, les copains. Moataz avait 27 ans, 27 années passées dans le camp de Deheishe, à Bethléem.

    Il appartenait à une famille connue pour sa lutte pacifique contre l’occupation : sa mère, ses cousins et son oncle Naji Owdah ont été arrêtés à de nombreuses reprises ; son frère Ghassan est actuellement en prison en détention administrative depuis 8 mois. Lors de la seconde intifada, son cousin Jad avait été assassiné dans les mêmes conditions. Aujourd’hui, au cours de ce que nos amis appellent la 3è intifada, c’est Moataz qui s’est fait prendre la vie par les Israéliens. Cet été Ghassan avait entamé une grève de la faim qu’il a terminé depuis peu.

    Depuis son retour en Palestine, ses copains, sa famille ne cessaient de lui demander pourquoi il n’était pas resté en France. Ce à quoi Moataz répondait : "mon frère est en prison, il fait une grève de la faim, sa vie est en danger. Je ne veux pas qu’il meure sans que je sois là."

    Moataz est mort au checkpoint de Bethléem. Il est mort lors d’une manifestation non violente. Il protestait contre l’assassinat d’un autre jeune tué la veille par l’armée israélienne.

    Moataz est mort. Son frère est toujours en prison. Ils ne se sont pas revus. Il manquera à sa famille, à ses amis et il nous manquera mais il restera pour nous tous le combattant de liberté.

    Nathalie Thouquan-Lailet, Marie-Noëlle Blavet pour l’AFPS
    Corinne Le Fustec, Yoann Le Puil pour les MJC

    AFPS Saint-Brieuc - MJC Saint-Brieuc, mercredi 14 octobre 2015

    http://www.france-palestine.org/Un-ami-de-l-AFPS-est-mort-assassine-par-l-armee-israelienne

    http://french.pnn.ps/2015/10/13/martyriser-a-bethleem/