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Tunisie - Page 23

  • Appel pour un mouvement international de soutien aux familles des disparus tunisiens en mer méditerranée (Afriques en lutte)

    Devant les silences répétés et méprisants des différents gouvernements tunisiens, qui se sont succédé depuis la révolution aux demandes des familles pour connaitre le sort des centaines de jeunes Tunisiens disparus en mer depuis la révolution, nous vous demandons d’organiser un mouvement de solidarité international avec la lutte qu’elles ont décidé d’entamer aujourd’hui mardi 24 février 2015 à Tunis un rassemblement devant à la Kasbah siège du gouvernement.

    Après la chute du régime, des dizaines de milliers de jeunes Tunisiens issus des quartiers populaires ont traversé la mer méditerranée sur des embarcations de fortune à la recherche d’un avenir meilleur qu’ils n’ont pu trouver dans leur pays. Plusieurs milliers ont pu atteindre les côtes, mais des centaines ont disparus dont beaucoup en mer.

    Quatre ans après ces dramatiques événements, les familles sont toujours désemparées, leurs douleurs s’accumulent de jours en jours devant le refus des gouvernements successifs, y compris l’actuel, de répondre à leur demande de création d’une commission d’enquête dotée de moyens et de compétences afin de connaitre la vérité quant aux sorts des disparus. Nous vous proposons d’envoyer votre soutien à l’adresse suivante : disparus-solidarite@ftdes.net et d’organiser toutes actions que vous jugerez utiles et des rassemblements devant les consulats et ambassades de Tunisie le mercredi 4 mars 2015.

    LE FORUM TUNISIEN POUR LES DROITS ÉCONOMIQUES ET SOCIAUX

    FTDES

    Romdhane Ben Amor Chargé de communication FTDES

    Tél : +216 97890979 / +216 55890979

    www.ftdes.net www.facebook.com/ftdes

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/appel-pour-un-mouvement-de

     

  • Nouveautés sur A l'Encontre.ch

    Tunisie. Les grèves en 2014 et les luttes de 2015

    22 - février - 2015

    Par Dominique Lerouge et Walid Khefif Durant l’année 2014, le nombre des grèves a augmenté de 13% en comparaison avec 2013. Le nombre annuel de jours de grève a augmenté de 61%. Fin octobre 2014, le nombre total de journées de grève avait dépassé celui de l’année record 2011. 47% des grèves n’ont pas respecté la […]

    Egypte. «La prison en nous»

    21 - février - 2015

    Par Alia Mossallam Il y a environ un mois, je suis allée rendre visite à un ami en prison. Peu importe qui était-ce, elle ou lui, car il y a maintenant des centaines de jeunes hommes et femmes dans les prisons d’Egypte en raison de la nouvelle loi sur les manifestations [1]. Les prisons sont […]

    Tunisie. Islamistes et «modernistes» se «préparent à une contre-offensive contre les masses laborieuses»

    15 - février - 2015

    Entretien avec Fathi Chamkhi conduit par Dominique Lerouge Le 5 février, le Parlement a voté à 81,5 % la confiance au nouveau gouvernement, dont la mission est de tenter de «refermer la parenthèse révolutionnaire ouverte le 14 janvier 2011». Quelle est l’orientation des partis présents au gouvernement ? Qu’ils se réclament du «modernisme», de l’islamisme ou […]

    Tunisie. A propos des protestations dans le sud-est de la Tunisie

    15 - février - 2015 

    Déclaration du Front populaire Le 11 février 2015, le quotidien La Presse de Tunisie donnait le compte rendu suivant de la «Grève générale et de la reprise des affrontements» dans le sud-est de la Tunisie: «Pour la deuxième semaine consécutive, les habitants poursuivent les protestations pour revendiquer le développement et demander l’annulation de la taxe […]

  • La jeunesse tunisienne entre déception et engagement (Orient 21)

    Première rencontre Orient XXI à Tunis

    Quatre ans après les soulèvements de 2011, que devient la jeunesse arabe ? Cette question a été le thème d’une rencontre organisée le vendredi 6 février à Tunis par Orient XXI et le programme Wafaw. Elle a permis de mettre en lumière, notamment, le désenchantement ressenti par une grande partie des jeunes Tunisiens, qui ne se retrouvent pas dans le paysage politique qui a émergé depuis la chute de Zine el-Abidine Ben Ali.

    Sous le titre «  Après les révolutions, les jeunes toujours à la marge  ?  », la manifestation a attiré un public important et suscité un nombre conséquent de questions et de commentaires. Elle s’est déroulée en trois parties, indistinctement en arabe et en français, elles-mêmes précédées par une présentation d’Orient XXI.

    Le nombre de diplômés chômeurs ne cesse d’augmenter

    Le premier panel intitulé «  Conditions économiques et contestations sociales  » a fait le constat d’une jeunesse tunisienne désenchantée, pour ne pas dire désemparée. Citant une étude de terrain récente, la politologue Olfa Lamloum, membre de l’équipe d’Orient XXI-Tunis, a indiqué que 90 % des jeunes interrogés avaient répondu par la négative à la question «  Votre situation s’est-elle améliorée depuis la chute du régime de l’ex-président Ben Ali  ?  » La chercheuse a aussi insisté sur «  une baisse de moral inquiétante au sein de la jeunesse tunisienne  ». Un propos confirmé par Salem Ayari, de l’Union des diplômés chômeurs (UDC). «  Le nombre de diplômés chômeurs n’a pas cessé d’augmenter depuis 2011  », a-t-il ainsi relevé. «   Les dégâts provoqués par cette situation sont énormes, à commencer par une persistance de l’émigration clandestine et la hausse de la délinquance  ». Pour Ayari, le problème structurel de la divergence entre les cursus universitaires et les besoins du monde du travail reste entier. «  Nous voulons un dialogue national sur ce sujet. Et cela passe aussi par une réflexion sur le modèle économique tunisien car c’est cela qui détermine le type d’emplois auxquels l’université doit préparer  », a-t-il plaidé.

    Le thème de la désespérance de la jeunesse tunisienne est revenu à plusieurs reprises dans les interventions. Alaa Talbi, du Forum tunisien des droits économiques et sociaux (Ftdes) a lui aussi insisté sur «  l’échec de l’instance éducative  » et rappelé que les revendications socio-économiques de ces jeunes sont identiques à celles qui existaient avant janvier 2011. «  70 % des suicides en Tunisie concernent des personnes âgées de moins de 35 ans. Cela suffit à résumer la situation  », a-t-il expliqué. Une situation préoccupante qui s’ajoute à un sentiment marqué de relégation et de marginalisation éprouvée par la jeunesse des quartiers populaires. Citant des études menées notamment à Hay Ettadhamoun à Tunis, Mehdi Barhoumi, de l’ONG International Alert, a mis l’accent sur le fait que les jeunes déploraient le wasm, la stigmatisation dont leurs quartiers font encore l’objet. «  Avant la révolution, ces quartiers étaient décrits comme des zones de criminalité et de délinquance marquées. Aujourd’hui, ils sont aussi vus comme des bastions du salafisme tandis que les habitants se plaignent de l’insécurité qui y règne et du manque de moyen des forces de l’ordre  ».

    Une contestation sociale toujours réprimée

    Dans un contexte de chômage élevé et de désenchantement quant aux promesses nées de la révolution de 2011, de nombreux jeunes n’ont d’autres recours que la contestation dans la rue. Une démarche qui «  demeure confrontée à la persistance de la criminalisation des mouvements sociaux  », a relevé de son côté Mariem Bribri du collectif C’est mon droit. «  Les jeunes qui manifestent dans la rue sont le plus souvent poursuivis et parfois pour des motifs plus ou moins étonnants comme celui d’avoir entonné des ‘chants irritants’ ou pour avoir commis des ‘outrages par la parole’  », a-t-elle précisé. Analysant les statistiques liées aux poursuites ayant suivi des manifestations dans la rue, Bribri a indiqué que 80 % des personnes mis en cause ont un âge compris entre 14 et 35 ans. Et de réclamer «  la fin de la criminalisation de la revendication sociale et de la répression policière  ». Des termes forts, qui ont rappelé la période de Zine El-Abidine Ben Ali et qui ont fait dire à un militant d’extrême gauche présent dans la salle que «  finalement, la seule différence avec la période de la dictature, c’est qu’aujourd’hui on peut parler plus ou moins librement de cette répression à l’encontre des jeunes et qu’on peut aussi s’organiser au grand jour pour en rendre compte  ».

    De fait, cette question de la répression renvoie aussi au rapport compliqué qu’entretient l’Union générale tunisienne du travail (UGTT), la très influente centrale syndicale, avec d’autres organisations, dont l’Union des diplômés chômeurs (UDC). Intervenant sur ce point, la sociologue Hela Yousfi a d’abord rappelé que «  tous les gouvernements intérimaires depuis janvier 2011 ont maintenu la criminalisation des mouvements sociaux  », notamment ceux menés par des organisations de jeunes. «  L’UGTT a toujours eu un rapport ambivalent avec l’UDC  », a-t-elle précisé. «  Cette dernière, dont les effectifs sont mobilisables pour des actions de terrain a constitué une carte de pression pour l’UGTT, qui n’a pas toujours repris à son compte les revendications de l’UDC. La centrale lui a certes offert un soutien logistique quand il le fallait mais les agendas de ces deux organisations ne sont pas les mêmes  ». Dans les mois et les années qui viennent, l’universitaire a estimé qu’il sera important de suivre «  l’émergence des nouveaux acteurs sociaux et leur prise d’autonomie vis-à-vis de l’UGTT  ».

    Les destins multiples des cyberdissidents

    Le second panel, intitulé «  Que deviennent les cyberactivistes  ?  », a fait référence à l’un des points emblématiques de la révolution de 2011 même si, comme l’a relevé Larbi Chouikha, universitaire et membre d’Orient XXI-Tunis, «  il faut se garder d’attribuer toute la paternité de la chute du régime de Ben Ali aux cyberdissidents  ». Si ces derniers ont joué un rôle actif dans la propagation de l’information et, in fine, de la contestation, le web social tunisien «  est aujourd’hui traversé par de nouveaux rapports de force avec, peut-être un effet de génération  », constate pour sa part Thameur Mekki d’Orient XXI-Tunis. Pour Amira Yahyaoui, lauréate 2014 de la fondation Chirac et — désormais — très célèbre dirigeante d’Al-Bawsala, un observatoire de la vie parlementaire tunisienne, «  les jeunes qui ont été actifs sur Internet jusqu’à la chute de Ben Ali ont été confrontés par la suite au dilemme et aux limites de la reconversion  ». Ainsi, et à quelques exceptions près, nombre d’entre eux se sont tenus à distance des partis politiques. D’autres ont créé ou rejoint des ONG et ont dû faire avec «  la dictature de la neutralité  » afin de mener à bien leur action. Dans la foulée, elle a insisté sur le fait que la liberté d’expression restait menacée en Tunisie, avec une tentation du pouvoir politique d’imposer des lignes rouges telles que celle du «  respect de l’État  ».

    Dans ce panel, les débats ont aussi porté sur la différence entre cyberdissidence et cyberactivisme. L’anthropologue Kerim Bouzuita a estimé que les internautes étant tous devenus des «  cyborgs  », autrement dit des êtres humains aux capacités amplifiées par les machines (portables, ordinateurs, tablettes…), la notion même de «  cyberactivisme  » n’est plus pertinente, le simple terme d’activisme doit s’imposer. De son côté, Lilia Weslaty, du journal en ligne Webdo a indiqué que son choix en terme d’implication au lendemain de la révolution l’a mené à finalement opter pour le journalisme au nom de la mise en place de «  contre-pouvoirs  ». Et d’asséner ces mots forts : «  Le problème, ce n’était pas Ben Ali. C’était nous tous. Nous portions tous le mal de la dictature en nous. Notre pays a besoin de contre-pouvoirs, quelle que soit la nature du régime  ».

    Parmi les interventions de ce panel, il va sans dire que celle de Sami Ben Gharbia, du blog collectif Nawaat et figure de proue de la contestation contre Ben Ali sur Internet, était très attendue. Estimant que la priorité demeurait «  la bataille de la persistance des droits  » arrachés par la révolution de janvier 2011, notamment le droit à l’expression ou à l’initiative, le blogueur a revendiqué le terme «  de cyberactiviste  » et rejeté toute obligation «  de neutralité ou d’objectivité  ». Pour Sami Ben Gharbia, la nécessité de changer la Tunisie doit obliger à se confronter avec n’importe quel gouvernement en place sachant que, dans le même temps, le cyberactivisme pèse peu face à des médias comme la télévision.

    De son côté, Skander Ben Hamda, plus connu comme «  Bullet Skan  », son pseudonyme de cyberactiviste (terme qu’il revendique aujourd’hui encore) a, à sa manière, résumé le sentiment éprouvé par toute la société tunisienne après la fuite de l’ancien président. «  Avant la chute de la dictature, les choses étaient faciles. Nous étions unis car nous voulions sa chute. Par la suite, les divisions sont apparues. Désormais, chacun suit sa voie selon un angle différent. Nous nous sommes séparés mais des choses inquiétantes commencent à nous réunir, comme les menaces contre la liberté d’expression  ». Sofiane Belhaj, autre grande figure du web tunisien — son nom de «  guerre  » étant «  Hamadi Kaloutcha  » — a quant à lui plaidé pour l’usage du terme «  cyberdissident  » rappelant au passage que certains cyberactivistes défendaient le régime de Ben Ali et que l’un d’entre eux, Firas Guefrech, était même devenu depuis un conseiller du président Béji Caïd Essebsi. Plus important encore, «  Kaloutcha  » a dénoncé le fait que «   l’argent déversé par les fondations et les chancelleries étrangères ont fait se perdre l’esprit de la dissidence  ». Et de citer le cas de faux cyberdissidents, apparus comme par enchantement après la chute de Ben Ali et qui ont su capter à leur profit les aides proposées par de généraux donateurs. «  Certains de ceux qui croisaient le fer avec le régime ont quitté le pays, écœurés par le fait que des usurpateurs tiennent le haut du pavé avec leur ONG créée pour l’occasion  ».

    Ce panel, on s’en doute, a soulevé de nombreuses questions et interventions dans le public. Deux d’entre elles méritent d’être signalées. Pour Anouar Moalla, expert en communication, «  l’ennemi commun aux cyberactivistes, autrement dit l’ancien régime, est toujours présent et en voie de recyclage, d’où la nécessité de continuer la lutte et de ne pas céder aux sirènes de la neutralité  ». Quant à Omeyya Naoufel Seddik, du Centre for Humanitarian Dialogue, il a appelé à s’interroger sur le décalage qui peut exister entre la «  satisfaction que peut procurer l’activisme sur le web et la réalité de son impact plus ou moins faible sur le terrain  ».

    Un échec collectif

    L’un des constats réalisés quelques mois après la chute de Ben Ali a été qu’une grande partie de la jeunesse, celle-là même qui était descendue dans la rue, se désintéressait de la politique. Introduite par les deux politologues Khadija Mohsen-Finan (Orient XXI-Tunis) et Laurent Bonnefoy (Wafaw1), la troisième et dernière séance a concerné cette thématique et c’est elle qui a généré le plus de réactions et d’interventions dans le public. Il faut dire que la question est d’importance. Comment, dans un pays où les deux tiers de la population sont considérés comme jeunes, expliquer ce manque de présence de la jeunesse dans la vie politique  ?

    Pour Fayçal Hafiane, conseiller du président Béji Caïd Essebsi, «  la jeunesse a beaucoup été mobilisée lors des campagnes électorales mais a eu tendance ensuite à déserter d’elle-même les appareils politiques  ». Selon lui, les raisons d’une telle désaffection sont à retrouver dans «  une volonté d’obtenir des postes tout de suite par manque de patience  ». Autre raison invoquée, le fait de la persistance d’une méfiance à l’égard des jeunes, à la fois dans les médias mais aussi au sein de l’opinion publique plus encline à privilégier «  la sagesse des plus anciens  ». Un avis plutôt partagé par Osama Al-Saghir, député du parti Ennahda pour qui «  l’absence des jeunes en politique est un échec d’ordre collectif  », notamment lors de l’élaboration des programmes électoraux. Le député a appelé les jeunes à s’organiser en force de proposition de manière à peser sur les choix politiques, notamment dans la perspective des prochaines élections municipales, un rendez-vous électoral d’ores et déjà très attendu et dont la date reste à déterminer (peut-être en 2016).

    Autre figure de la cyberdissidence et se qualifiant lui-même de «  militant indépendant  », Azyz Amami a souhaité inverser la manière dont le sujet est abordé. Selon lui, «  les jeunes ne croient pas au roman politique actuel et ce ne sont pas eux qui sont à la marge mais bien les partis qui n’ont plus prise sur le réel  ». Estimant que la révolution de janvier 2011 n’est pas terminée et qu’elle «  doit être considérée comme un projet à mener jusqu’à la disparition de tous les vestiges du régime déchu  » (ministère de l’intérieur compris), et cela grâce au même «  transpartisanisme  » qui a permis d’abattre la dictature de Ben Ali.

    Intervenant dans ce panel, la politologue égyptienne Chaymaa Hassabo, membre de l’équipe d’Orient XXI, a fourni des éléments de comparaison avec la situation de la jeunesse dans son pays. Les éléments qu’elle a présentés ont fait écho aux diverses interventions de la journée à l’image de la «  criminalisation de toute revendication exprimée par la jeunesse dans la rue  » ou encore «  la fabrication, par les autorités, de faux représentants de la jeunesse  ». Surtout, la chercheuse a estimé nécessaire le fait de s’interroger sur cette idée reçue selon laquelle toute la jeunesse serait «  favorable à la révolution  ». Quant à la question de savoir pourquoi les jeunes Égyptiens ne sont pas actifs en politique, Chaymaa Hassabo a répondu en guise de conclusion que c’est tout simplement «  parce qu’une bonne partie d’entre eux se trouve en prison ou dans les morgues.  »

    Enfin, c’est l’économiste Aziz Krichen qui a clos les interventions sur ce thème. L’ancien conseiller du président Moncef Marzouki a d’abord rappelé la réalité des statistiques : «  Deux tiers des électeurs ne se sentent pas concernés par le processus électoral  », a-t-il précisé, ajoutant que «  85 % des 18-35 ans n’ont pas voté en 2011  » et que cette proportion a été certainement plus élevée en 2014. La faute, entre autres, au fait que cette jeunesse ne s’est pas retrouvée dans ce qui a politiquement émergé comme structures partisanes après janvier 2011. Et de souhaiter que les principales formations politiques tunisiennes s’engagent «  dans une trêve sur le front du débat identitaire  » et que le débat porte désormais sur les questions socio-économiques telles que l’état sinistré de l’agriculture, l’habitat précaire, la mauvaise santé des entreprises et, bien entendu, le chômage des jeunes.

    1When Authoritarianism Fails In The Arab World, programme de recherche multidisciplinaire dirigé par François Burgat, dont l’équipe de chercheurs (tous arabophones) a été formée par l’Institut français du Proche-Orient (Ifpo). Wafaw est financé jusqu’en 2017 par le Conseil européen de la recherche.

    http://orientxxi.info/magazine/la-jeunesse-tunisienne-entre,0809

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    CHAMKHI Fathi - 8 février 2015
     
      Tunisie - 11 février 2015

     Front populaire (Tunisie) - 10 février 2015

    Communiqué du Front populaire sur les protestations dans le Sud-Est de la Tunisie

     

  • Communiqué du Front populaire sur les protestations dans le Sud-Est de la Tunisie (Essf)

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    Les villes de Dhehiba et Ben Guerdane vivent depuis quelques jours une large tension populaire en raison de l’escalade sécuritaire contre les manifestations.

    Celles-ci demandent :


    * La suppression de la taxe de 30 dinars (1) décidée par le gouvernement,
    * L’annulation de la décision de fermer la frontière avec la Libye qui rend impossible la poursuite des échanges commerciaux entre les deux pays. Cette activité est en effet l’unique source de subsistance d’habitants des régions du Sud-Est et est indispensable à leur survie.

    Les forces de sécurité ont répondu aux manifestations pacifiques par un recours inacceptable à la force. Celui-ci, qui a commencé par l’utilisation des gaz lacrymogènes, s’est poursuivi par des tirs à balles réelles ayant entrainé la mort du jeune Saber Baouche et causé des blessures graves à plusieurs autres manifestants.


    Les habitants de Dhehiba ont alors répondu par l’élargissement du mouvement de protestation (marches dans les villes de Tataouine et de Ben Guerdane) poussant certains manifestant jusqu’à incendier des postes de police et quelques institutions.

    On assiste simultanément à :
    * une détérioration croissante de la situation dans la région,
    * une absence d’esprit de dialogue responsable chez les autorités locales et nationales pour dénouer la tension sociale dans plusieurs parties de la régions de Tataouine, ainsi que dans les zones de contact avec les frontières de la Libye,
    * une absence de vision claire des autorités ainsi que d’aptitude à écouter la population de la régions,
    * une incapacité des autorités à prendre immédiatement des mesures de nature à apporter des solutions.

    Dans ce contexte, le Front populaire :
    * présente ses condoléances à la famille de la victime Saber Baouche, ainsi que sa compassion envers toutes les familles des blessés dans ces événements tragiques,
    * condamne l’utilisation des balles et toutes les formes de répression brutale face à des revendications sociales légitimes et des protestation pacifiques,
    * appelle le gouvernement et les appareils sécuritaires de l’Etat à cesser immédiatement de mener leur méthode de répression par la force face aux revendications sociales légitimes,
    * appelle à ouvrir une enquête urgente pour dévoiler la vérité sur la mort du jeune Saber Baouche,

    Le Front populaire rappelle que les méthodes utilisées ne feront qu’aggraver la situation, et que le gouvernement doit accélérer la mise en œuvre d’un plan de développement d’urgence pour ces régions.

    Le Front populaire appelle les autorités locales, régionales et centrale à ne pas mettre en jeu la sécurité des Tunisiens-nes.
    Le Front appelle surtout à garantir l’essentiel d’une vie décente, pour que le citoyen soit le vrai capital et le premier partenaire efficace pour faire face aux dangers et complots sérieux, en premier lieu le terrorisme qui trouve dans la marginalisation, l’exclusion, le chômage, l’appauvrissement, l’oppression et la corruption le terreau propice à son développement.

    Non aux solutions sécuritaires face aux problèmes sociaux !

    Non au désengagement des autorités face à leur responsabilité de développer les régions et assurer la sécurité des citoyens et leur protection.

    Le Front populaire
    Tunis, 10 février 2015

    Note : Il s’agit d’une taxe de sortie du territoire tunisien fixée à 30 dinars et applicable aux personnes non-résidentes en Tunisie. Celle-ci vise, dans le cas présent, essentiellement les Libyens (NdT).

     

     

  • Le Front populaire de Tunisie sur les élections en Grèce (ESSF)

    Syria vient de remporter une victoire historique le 25 janvier 2015, lors des élections législatives en Grèce, Ce pays a vécu, durant les dernières années, dans des conditions économiques et sociales difficiles, conduisant à une crise politique grave, qui a fini par balayer la droite libérale au gouvernement ainsi que ses politiques antipopulaires.

    A cette occasion, le Front Populaire de Tunisie tient à féliciter le peuple grec, ainsi que sa nouvelle direction. Il considère que les résultats de ces élections sont la confirmation de :

    - La faillite des directives et des recettes des Institutions financières internationales, de la Banque centrale européenne et de la Commission européenne (Troïka), imposées et appliquées contre le peuple grec ;

    - Le choix du peuple grec d’élire une nouvelle direction politique, celle qui a présenté un programme d’urgence pour le salut national. Un programme qui s’appuie sur une économie nationale, dans laquelle l’Etat joue un rôle important et décide, de manière urgente, d’un train de mesures au bénéfice des couches sociales les plus faibles, afin de garantir leurs droits à la gratuité des soins médicaux, ainsi que le traitement de la pauvreté et du chômage qui accablent le quart de la population grecque ;

    - La réussite du peuple grec à rompre avec les politiques économiques oppressives, apporte la preuve, de l’intérieur même de l’Europe, de la faillite du modèle basé sur l’endettement, la dépendance économique et l’aggravation de l’appauvrissement des classes opprimées s’appuyant sur des mesures d’austérité. Cette réussite prouve aussi que des alternatives, capables d’améliorer les conditions d’existences de classes populaires, existent bel et bien ;

    - L’importance de l’alliance des forces progressistes et sociales dans un front politique unique, afin d’assumer leurs responsabilités devant le peuple et devant l’histoire. En effet, chaque fois que ces forces ont affirmé leur volonté politique d’union ainsi que l’union de leur peuple, ils ont décuplé leur force et, par là même, leur capacité à faire face, partout, aux plans et aux outils capitalistes néolibéraux ;

    - Enfin, ce qui vient d’arriver en Grèce a valeur de leçon pour tous les peuples d’Europe obligés, par leur gouvernement, à supporter les répercussions des crises dont ils ne sont pas responsables. Il a aussi valeur de leçon pour notre peuple en Tunisie, dont les gouvernements successifs, qui sont arrivés au pouvoir après la chute de Ben Ali le 14 janvier 2011, n’ont pas cessé de le tromper, tout en lui imposant des politiques économiques et sociales qui vont à l’encontre de ses intérêts, en affirmant qu’elles sont une fatalité.

    Tunis, le 26 janvier 2015

    Communiqué du
    Front populaire (Tunisie)

    * Traduit de l’arabe par Fathi Chamkhi

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article34229

  • Tunisie : Victoire des mineurs à Jérissa (Afriques en lutte)

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    Jérissa : Les ouvriers de la mine ont suspendu leur grève et repris le travail ce matin, a déclaré Monji Chikhaoui président directeur général de la mine à Jawhra fm.

    Comme explication, il a précisé que le ministère de l’Industrie, de l’Energie et des Mines a répondu à toutes les revendications des ouvriers en grève depuis le 5 janvier 2015. D’ailleurs, les primes seront attribuées et une ambulance sera mise au service des ouvriers de la mine, a ajouté Monji Chikhaoui.

    source : African Manager 27 janvier 2015

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/tunisie-victoire-des-mineurs-a

  • Tunisie. La question sociale, la pauvreté des jeunes et les salafistes (A l'Encontre.ch)

    Abderrahmane Hedhili (au centre)

    Abderrahmane Hedhili (au centre)

    Entretien avec Abderrahmane Hedhili
    conduit par Alain Baron

    Sur le plan économique et social quelles sont les différences entre les deux partis arrivés en tête lors des élections de la fin 2014 ?

    En ce qui concerne le contenu du programme économique et le modèle de développement, il n’y a pas de différence entre Nidaa Tounès (représenté par le Président Béji Caïd Essebsi) et Ennahdha. Ce sont deux partis libéraux. La seule différence entre eux concerne des institutions religieuses ayant une activité économique où Ennahdha est encore plus réactionnaire.

    Quelle va être la différence entre la politique économique et sociale du futur gouvernement et celle qui était menée précédemment?

    Je pense qu’il n’y aura pas de différence. En effet, je pense qu’ils ne vont pas faire de réforme sur le plan économique, à par peut-être quelques petites retouches. Ils ne vont pas faire de rupture avec le modèle de développement existant depuis Ben Ali [avec la fonction de Président depuis novembre 1987 au 14 janvier 2011]. Ce modèle a été poursuivi par tous les gouvernements qui lui ont succédé. Ils disent qu’il faut des réformes, mais en réalité, ils ne vont en faire aucune.

    Quelles vont être les réactions du monde du travail ?

    Il faut distinguer deux grandes catégories :

    • Il y a, d’une part, les plus précaires comme ceux qui travaillent sur les chantiers et dont beaucoup gagnent moins que le SMIC, ou encore les diplômés chômeurs, et les chômeurs non diplômés dont on parle peu mais qui sont beaucoup plus nombreux.

    Cette catégorie ne va pas rester les bras croisés. Ils ont attendu depuis quatre ans dans l’espoir d’une feuille de route prenant en considération leur situation. Mais il n’y a rien eu.

    • Il y a, d’autre part, les salariés ayant un emploi stable dans les différents secteurs. Ils sont aujourd’hui très touchés par la détérioration de leur pouvoir d’achat. Ils sont vraiment en train de s’appauvrir. Leur priorité est le pouvoir d’achat, le coût de la scolarisation des enfants puis de l’aide à leur apporter ensuite lorsqu’ils sont diplômés-chômeurs, etc.

    Cela est manifeste au niveau du taux de participation aux grèves. Auparavant, on atteignait des chiffres entre de 60 % et 90 %. Maintenant, c’est souvent 100 %, comme chez les enseignants ou dans les transports. Jamais les taux de grévistes n’ont été aussi élevés.

    Si le futur gouvernement ne donne pas un message fort sur les grands dossiers d’ordre social, il n’y aura pas de stabilité dans ce pays.

    Quelles autres conséquences a le développement de la pauvreté ?

    Je suis étonné par le fait que dans tous les discours du gouvernement actuel et du nouveau Président, il y a une question liée à la pauvreté qui n’est jamais abordée. Il s’agit de celle des jeunes salafistes. Personne n’en parle. Ils sont nombreux, plus que 100 000. Je ne parle pas de ceux qui ont pris les armes et sont passés au terrorisme. Je parle des jeunes qui sont au début du parcours.

    Avons-nous un programme d’ordre social, économique, culturel? Comment aborder cette question? Ni le gouvernement, ni l’opposition, ni la société civile, personne. Les salafistes sont très actifs parmi la jeunesse dans les quartiers populaires.

    Parce que malheureusement, nous, la gauche. nous devrions être présents dans ces quartiers, mais nous avons cédé la place aux islamistes.

    Le FTDES (Forum tunisien des droits économiques et sociaux) est en train d’écrire une étude faisant le lien entre le terrorisme et la question sociale. Nous avons également rendu public une étude sur l’augmentation des suicides.

    Quel autre axe de mobilisation te paraît-il important ?

    L’environnement n’est plus une préoccupation n’intéressant que les élites. Ce thème touche également une partie importante de la population, comme par exemple le problème des déchets sur l’île de Djerba, la pollution dans la baie de Monastir, celle des usines à Gabès, et bien entendu dans le bassin minier.

    Le 6 et le 7 février, se tiendra une rencontre à ce sujet en Tunisie. L’environnement sera un thème important lors du Forum social mondial qui se tient fin mars 2015 à Tunis. (Propos recueillis le 16 janvier 2015)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2015

    Abderrahmane Hedhili est un des principaux animateurs du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), une association tunisienne dont les thématiques sont le droit du travail, le droit des femmes, les droits environnementaux et les droits des migrants. http://ftdes.net/ Le FTDES est prioritairement tourné vers les populations les plus en difficulté et peu organisées. Il coopère notamment avec l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) et diverses associations tunisiennes. Le FTDES constitue naturellement la colonne vertébrale de l’organisation des forums sociaux en Tunisie.

    http://alencontre.org/moyenorient/tunisie/tunisie-la-question-sociale-la-pauvrete-des-jeunes-et-les-salafistes.html

  • Tunisie: Un policier justifie avoir torturé sous Ben Ali dans une interview, le Parquet intervient et ordonne de couper l'extrait (Al Huff')

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    Le Parquet tunisien a annoncé samedi avoir interdit la diffusion de l'interview télévisée d'un policier justifiant le fait d'avoir torturé des opposants sous le dictateur déchu Ben Ali, et l'ouverture d'une enquête à son encontre.

    "Nous avons ordonné de couper l'extrait dans lequel un agent de police parle de sa pratique de la torture (...) avec insouciance et fierté", a déclaré à l'AFP le porte-parole du Parquet, Sofiène Sliti.

    Dans une bande-annonce pour l'émission "Labess", qui doit être diffusée samedi soir sur la chaîne privée Al Hiwar Ettounsi, l'homme s'exprime à visage découvert, assis à côté d'une des ses victimes, qui dit avoir eu "l'oreille gauche percée par les coups".

    "Vous avez interrogé beaucoup d'islamistes?", lui demande l'animateur. "Et des militants de gauche aussi", répond le tortionnaire en souriant.

    "Moi, je suis un policier de l'Etat, je n'ai jamais été un policier de Ben Ali. Nous sommes les militants de l'Etat", lance-t-il, en évoquant des méthodes de torture comme "la balançoire", au cours de laquelle la victime est suspendue.

    "Une enquête a été ouverte contre lui. Nous ne pouvions pas rester spectateurs", a dit le porte-parole du Parquet.

    D'après M. Sliti, la chaîne a accepté de se plier à l'ordre du Parquet, et seul l'extrait où le tortionnaire est interviewé sera coupé.

    Le ministère de l'Intérieur a indiqué à l'AFP que l'agent avait été suspendu de ses fonctions, jugeant ses propos "inconcevables".

    La torture était largement pratiquée sous le régime de Zine El Abidine Ben Ali, contraint à la fuite par un soulèvement populaire le 14 janvier 2011. Mais malgré la révolution, aucune réforme de la police et de la justice, outils centraux de la répression sous l'ancien système, n'a été entreprise.

  • Le budget 2015 de la Tunisie condamne le peuple tunisien à payer la dette de Ben Ali (Cadtm)

    La loi de finances 2015 qui vient d’être adoptée par la nouvelle assemblée de parlementaires tunisiens donne, une fois encore, la primauté au remboursement de la dette et à l’application de recettes néo-libérales sous la houlette des institutions financières internationales comme sous la dictature de Ben Ali.

    Le réseau CADTM soutient le peuple tunisien en lutte contre ces mesures injustes qui aggravent ses conditions de vie.

    Les élections législatives (octobre 2014) et présidentielles (novembre-décembre 2014) en Tunisie ont été remportées par le parti Nidaa Tounes. Fondé en mars 2012 par Beji Caïd Essebsi, l’un des dirigeants de la dictature, ce parti est une refondation de l’ancien parti de Ben Ali. Nidaa Tounes a obtenu 86 sièges (sur 217) au sein de la nouvelle Assemblée des Représentants du Peuple (ARP) et son candidat, Beji Caïd Essebsi, a remporté les élections présidentielles. Le parti islamiste Ennahdha, grand gagnant des élections de l’Assemblée constituante de 2011, n’en a obtenu que 69. Ennahdha garde, néanmoins, une place importante dans le paysage politique. Quant au Front Populaire, regroupement de partis « progressistes », il a obtenu seulement 15 sièges et son candidat aux élections présidentielles n’a obtenu qu’environ 8% des voix. Fathi Chamkhi (militant anti-dette, membre des réseaux CADTM et ATTAC) compte parmi les députés nouvellement élus.

    Nidaa Tounes compte manifestement poursuivre la politique économique et sociale imposée à la Tunisie dans le cadre de l’ajustement structurel dicté par les institutions financières internationales (avec le FMI en tête) et des politiques de libre échange imposées par l’Union européenne. Il ne diffère pas en cela du parti islamiste, qui a été un élève docile des créanciers étrangers. Cela a été bien clair lors du vote du budget de l’État de 2015 qui a été voté en décembre 2014 par tous les députés de Nidaa Tounes et d’Ennahdha. La loi de finances ainsi adoptée prévoit la privatisation des trois banques publiques, la poursuite du gel des salaires dans la fonction publique pour la troisième année consécutive, la baisse des budgets de plusieurs ministères sociaux (emploi, formation professionnelle, affaires sociales et développement régional) en parfaite concordance avec les mesures dictées par le FMI.

    Quant au service de la dette, première dépense de l’État, il atteindra cette année des niveaux records. Le remboursement prévu de la dette externe et interne de l’État s’élève à 5 130 000 dinars tunisiens (2,3 milliards d’euros) : soit l’équivalent des dix budgets suivants cumulés : santé, affaires sociales, emploi et formation professionnelle, développement, environnement, transport, culture, affaires sociales, recherche scientifique, tourisme !

    Les besoins sociaux des Tunisiens ne sont absolument pas pris en compte, y compris les plus élémentaires. Ainsi la vague de froid qui s’est abattue sur tout l’Ouest tunisien a, une nouvelle fois, montré la défaillance grave de l’État puisqu’une partie de la population a durement souffert du froid et de la faim. Dans la foulée, le Bassin minier de Gafsa-Redeyef est de nouveau en ébullition en réaction aux conditions sociales abominables dans lesquelles est condamnée la majorité de ses habitants.

    Le réseau international CADTM soutient ces mobilisations populaires ainsi que toute initiative de parlementaires visant à suspendre, auditer et annuler sans condition les dettes odieuses et illégitimes de la Tunisie.

    La Tunisie dispose de plusieurs arguments juridiques de taille pour remettre en cause le paiement de ces dettes. La doctrine de la dette odieuse s’applique parfaitement aux dettes contractées sous la dictature de Ben Ali. Selon cette doctrine de droit international : « Si un pouvoir despotique contracte une dette non pas pour les besoins et dans les intérêts de l’État, mais pour fortifier son régime despotique, pour réprimer la population qui le combat, etc., cette dette est odieuse pour la population de l’État entier (…). Cette dette n’est pas obligatoire pour la nation ; c’est une dette de régime, dette personnelle du pouvoir qui l’a contractée, par conséquent elle tombe avec la chute de ce pouvoir ».

    En dépit de la nature odieuse des dettes léguées par le régime de Ben Ali, reconnue d’ailleurs explicitement dans plusieurs résolutions parlementaires comme celle du Parlement européen adoptée en mai 2011, ces dettes odieuses continuent encore en 2015 à être remboursées par le peuple tunisien.

    L’article 103 de la Charte des Nations-Unies peut également être utilisé afin de fonder juridiquement une suspension unilatérale du paiement de la dette afin de donner la priorité aux services de base pour la population. En effet, cet article consacre la supériorité des droits humains sur tout autre engagement de l’État comme ceux à l’égard des créanciers.

    Soulignons, enfin, que le réseau CADTM participera au prochain Forum Social Mondial qui se déroulera à Tunis du 24 au 28 mars. L’Assemblée du CADTM Afrique et le Conseil International du réseau CADTM se tiendront respectivement avant et après ce Forum ainsi que plusieurs autres réunions avec les mouvements sociaux. 14 janvier par CADTM international

    http://cadtm.org/Le-budget-2015-de-la-Tunisie