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Révolutions Arabes - Page 167

  • Libye : protégez les militantes syndicalistes (Afriques en Lutte)

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    Nermin Al-Sharif est une internationaliste passionnée et déterminée qui lutte pour les droits des femmes à travers le monde arabe, et à Qatar Airways et pour les droits des travailleurs qu’elle représente dans le cadre de son syndicat qui regroupe également les dockers et les marins. Elle a continué dans son engagement, de plus en plus dangereux dans son pays riche en pétrole, la Libye, déchiré par la guerre civile.

    Dimanche 8 novembre, Nermin, leader de l’Union des dockers et des gens de mer de la Libye, a été victime d’une tentative d’assassinat par armes à feu alors qu’elle conduisait une voiture près de Benghazi. Elle est maintenant sortie de l’hôpital et récupère des blessures subies lors de ce second attentat à sa vie. Trois autres militantes des droits de la femme, bien connues des libyens, ont récemment été assassinées.

    Exigeons du Premier ministre du gouvernement intérim de la Libye, Abdullah al-Thinni, la protection des syndicalistes et des militants des droits humains. 28 novembre 2015 par CSI

    pétition à signer :

    http://www.labourstartcampaigns.net...

  • Tunisie Beja : Grève générale dans le secteur privé le 27 novembre (Afriques en lutte)

    La centrale syndicale continue à accentuer la pression sur le patronat.

    Le gouvernorat de Béjà observera le 27 novembre une grève générale sur fond de blocage des négociations sur les augmentations salariales dans le privé.

    Dans une déclaration accordée à Mosaique Fm, le secrétaire général adjoint de l’UGTT, Nourredine Taboubi, a enjoint les travailleurs à participer à ce mouvement historique pour défendre leurs droits.

    Les militantes et militants de Béjà prendront rendez-vous avec l’histoire, en cette journée, pour défendre leurs intérêts dans le cadre des revendications pour l’amélioration de leurs salaires », a-t-il affirmé.

    La grève générale de Béjà succède à celle de Sfax observé le 19 novembre tandis qu’un autre mouvement de grève est prévu le 25 novembre dans le Grand Tunis.26 novembre 2015 par Paul Martial

    Source : Tunisie Numérique

    http://www.afriquesenlutte.org/tunisie/article/tunis-beja-greve-generale-dans-le

  • La France renoue avec l’état d’exception (A l'Encontre)

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    C’est en proclamant la «guerre» que François Hollande a réagi à l’abjection du terrorisme qui a derechef frappé en plein cœur de Paris – comme fit naguère George W. Bush face à «la mère de tous les attentats terroristes» en plein cœur de New York.

    Ce faisant, le président français a choisi d’ignorer les nombreuses critiques du choix fait par l’administration Bush, bien qu’elles constituèrent en leur temps l’opinion dominante à cet égard en France même  –une opinion partagée par Hubert Védrine [ministre des Affaires étrangères de juin 1997 à mai 2002] et Dominique de Villepin [ministre des Affaires étrangères de mai 2002 à mars 2004]. Et cela en dépit du fait que le bilan désastreux de la «guerre contre le terrorisme» menée par l’administration Bush a donné pleinement raison à ses critiques. Sigmar Gabriel, vice-chancelier de l’Allemagne voisine et président du SPD allemand, parti frère du PS français, a lui-même déclaré que parler de guerre, c’est faire le jeu de Daech.

    De prime abord, le discours de guerre peut cependant sembler relever du défoulement verbal: une façon de répondre à l’émotion légitime suscitée par un attentat horrible qui a fait 130 morts, jusqu’à présent. Il ne faut pas perdre de vue néanmoins qu’il ne s’agit pas d’un duel entre Daech et la France, mais bien d’un attentat qui – au même titre que les 102 victimes de l’attentat d’Ankara du 10 octobre dernier, ou les 224 victimes de l’avion russe qui a explosé au-dessus du Sinaï le 31 octobre, ou encore les 43 victimes (au dernier chiffre connu) de l’attentat perpétré dans la banlieue sud de Beyrouth la veille même de l’hécatombe parisienne, pour ne citer que les événements les plus récents – constitue au premier chef une retombée fatale du conflit que les puissances mondiales ont laissé dégénérer en Syrie.

    Le bilan de l’ensemble des violences de ces dernières années semble bien limité en comparaison de la catastrophe humaine syrienne. Le hic avec les rives sud et est de la Méditerranée, c’est toutefois que, contrairement au «cœur des ténèbres» qu’est encore l’Afrique centrale, les tragédies qui s’y développent ont une fâcheuse tendance à déborder sur le territoire de l’Europe, voire celui des Etats-Unis. L’indifférence à la souffrance des autres (au sens fort de l’altérité) – qui contraste fortement avec ce que j’ai appelé la «compassion narcissique» (pour les semblables) au lendemain des attentats de New York – n’est pas sans coût pour l’Occident lorsqu’il s’agit de l’Orient proche. Elle peut même s’avérer très coûteuse.

    Mais le discours de guerre n’est pas seulement une question d’ordre sémantique, tant s’en faut.

    Il vise à faire de l’état d’exception la norme, contrairement à ce qu’indique son appellation. C’est d’autant plus le cas que la guerre est plus longue. Et la «guerre» est d’autant plus longue qu’elle vise non pas un Etat susceptible de conclure armistice et paix, ou de capituler, sinon d’être occupé et subjugué, mais une hydre terroriste capable de se régénérer en gagnant même en puissance, comme en témoigne la trajectoire qui a mené d’Al-Qaïda à Daech en passant par «l’Etat islamique d’Irak» donné pour largement battu en 2008-2010. Tant que guerre il y a, l’hydre terroriste a tendance à renaître de ses cendres parce qu’elle se nourrit de la guerre elle-même. C’est bien la nature même de l’ennemi qui a fait prédire à de nombreux commentateurs critiques ou approbateurs, au lendemain du 11 septembre 2001, que la «guerre contre le terrorisme» allait durer plusieurs décennies. La suite leur a donné raison.

    Le corollaire du discours de guerre est déjà là: François Hollande a fait adopter une loi prorogeant de trois mois l’état d’urgence qu’il a proclamé, et qui est limité à douze jours par la loi en vigueur. Il souhaite faire réviser la constitution française pour accroître le registre des exceptions aux règles démocratiques qu’elle énonce, alors qu’il s’agit d’une constitution née en 1958 en situation d’exception et qui codifie déjà copieusement l’exceptionnalité à coup de pouvoirs exceptionnels (art. 16) et d’état de siège (art. 36). Dès maintenant, de graves violations des droits humains sont allégrement envisagées par le gouvernement français: déchéance de la nationalité visant les personnes détentrices d’une autre nationalité (suivez mon regard), enfermement sans inculpation, et autres cartes blanches données à l’appareil répressif.

    Mais il y a plus grave encore: contrairement aux auteurs des attentats de New York, ceux de janvier et de novembre à Paris sont en grande majorité le fait de citoyens français (d’où la menace relative à la nationalité). Tandis que l’état de guerre est dans son essence même un état d’exception, c’est-à-dire un état de suspension des droits de la personne humaine, il y a une différence qualitative entre les conséquences qu’il entraîne selon que la guerre est portée en dehors du territoire national ou que l’ennemi potentiel se trouve sur ce même territoire. Les Etats-Unis ont pu rétablir fondamentalement l’exercice des droits civiques, quoique rognés, une fois leur territoire sécurisé dans son insularité, tandis qu’ils pratiquaient et continuent à pratiquer l’état d’exception à l’étranger. C’est toute l’hypocrisie du maintien de ce lieu de non-droit qu’est le camp de Guantánamo à courte distance de leurs côtes et en violation de la souveraineté de l’Etat cubain, comme de la pratique des exécutions extra-judiciaires à coup de drones qui font du Pentagone le plus meurtrier des tueurs en série.

    Mais la France? La question du «djihadisme» n’est pas extérieure à son histoire.

    Elle l’est si peu que sa première rencontre avec le djihad remonte à la sanglante conquête de l’Algérie par son armée, il y a bientôt deux siècles, même si le djihad d’aujourd’hui est qualitativement différent de celui d’antan par son caractère totalitaire. Le djihad, l’appareil militaro-sécuritaire français y a été confronté ensuite avec le Front de libération nationale de l’Algérie, dont le journal même s’appelait El Moudjahid (le pratiquant du djihad). C’est en s’engageant dans cette sale guerre coloniale, en 1955, que la France a promulgué la loi relative à l’état d’urgence. Et c’est dans des circonstances créées par la guerre d’Algérie que, pour la dernière fois avant le 14 novembre dernier, l’état d’urgence a été proclamé sur l’ensemble du territoire métropolitain de 1961 à 1963. Dans le cadre de cet état d’urgence, de terribles exactions furent pratiquées sur le sol français, outre les exactions devenues courantes en Algérie.

    L’état d’urgence a été de nouveau proclamé sur une partie du territoire français métropolitain le 8 novembre 2005, il y a dix ans presque jour pour jour.

    Le rapport avec ce qu’a représenté la guerre d’Algérie n’a échappé à personne: une grande partie des jeunes impliqués dans les «émeutes des banlieues» étaient des produits de la longue histoire coloniale de la France en Afrique. Tout comme la majeure partie de la frange djihadiste française de ces dernières années, née de l’exacerbation des rancœurs qui explosèrent en 2005 et des espoirs déçus à coup de promesses non tenues. Ce sont ceux qui pâtissent de ce que nul autre que Manuel Valls, dans un moment fugace de lucidité politique le 20 janvier dernier, a appelé «un apartheid territorial, social, ethnique».

    La conséquence logique de cet aveu, c’est que le désenclavement territorial, social, et ethnique des populations «d’origine immigrée» et la fin de toutes les discriminations qu’elles subissent doivent constituer la réponse prioritaire au danger terroriste. Cela doit se combiner avec une politique extérieure qui remplace la vente des canons et la fanfaronnade militaire d’un Etat qui tient à jouer à la puissance impériale (contrairement à son voisin allemand pourtant bien plus riche) par une politique de paix, de droits humains et de développement conforme à la charte des Nations Unies dont il est coauteur. La ministre suédoise social-démocrate des affaires étrangères qui a décidé d’interdire la vente d’armements au royaume saoudien par les marchands de canons de son pays a montré la voie.

    La réponse adéquate au danger terroriste, c’est aussi un soutien résolu, mais non intrusif, à celles et ceux qui se battent pour la démocratie et l’émancipation au Moyen-Orient et en Afrique du Nord contre l’ensemble des Etats despotiques de la région, qu’il s’agisse des monarchies pétrolières ou des dictatures militaires et policières. Le «printemps arabe» de 2011 a marginalisé pour un temps le terrorisme djihadiste. C’est sa défaite, avec la collusion des grandes puissances, qui a fait rebondir ce dernier plus vigoureusement, fort de la frustration des espoirs créés. (Tribune publiée, sous une forme raccourcie, dans Le Monde daté du 26 novembre 2015, page 19)

    Gilbert Achcar, professeur à l’Ecole des études orientales et africaines (SOAS, Université de Londres). Auteur, entre autres, de Marxisme, orientalisme, cosmopolitisme, Sindbad, 2015; Le choc des barbaries: terrorisme et désordre mondial, rééd. 10/18, 2004.

    Alencontre le 25 - novembre - 2015 Gilbert Achcar
     
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  • Tours Palestine

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  • La terrifiante amnésie d’Obama et de Hollande (A l'Encontre)

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    Nous publions ci-dessous la feuille distribuée par le Mouvement pour le socialisme (MPS) à l’occasion de la conférence donnée, le 24 novembre 2015 à l’Université de Genève, par Garance Le Caisne, auteure de Opération César. Au cœur de la machine de mort syrienne (Stock, 2015). Cette conférence est organisée par le Groupe Syrie Amnesty UNIGE et l’Association FemmeS pour la démocratie.

    L’enquête – Opération César – revient sur le rapport de ce photographe de la police militaire syrienne qui a fourni à l’opposition syrienne 45’000 clichés de corps détenus provenant d’une vingtaine de centres de détention à Damas. Pour réaliser cet ouvrage Garance Le Caisne a rencontré César et des rescapés de la machine de mort de la dictature. Ce dossier sert aussi de solide preuve pour les procès engagés contre Bachar el-Assad pour «crimes contre l’humanité». Un engagement qu’avait pris le gouvernement Hollande et qui est «oublié» aujourd’hui. Comme si les crimes de Daech à Paris et la «guerre» du néo-général Hollande devaient aboutir à faire silence sur ceux du régime des Assad. Est-il possible, y compris pratiquement, de «construire une transition politique et démocratique» avec celui qui a détruit un pays et écharpé sa population? Les opérations guerrières s’accompagnent toujours de déclarations officielles dont la validité n’est étayée que par un esprit et une pratique «d’état d’urgence». (Rédaction A l’Encontre)

    Si divers signes l’annonçaient depuis des mois, ces dernières semaines un tournant s’est opéré, clairement, dans la politique des puissances impérialistes envers Bachar el-Assad. Au-delà de divergences, propres à la tentative de redéfinir leur «présence» dans le chaotique Moyen-Orient, un accord se construit sur le maintien de Bachar el-Assad lors d’une dite transition politique en Syrie. Même si des approches différentes sur la voie à choisir existent, encore, entre Obama et Hollande.

    Dès lors, une priorité unilatérale est donnée par les gouvernements de France, du Royaume-Uni, des Etats-Unis (et d’autres) au combat contre la force barbare et terroriste de Daech (dit Etat islamique). La Russie de Poutine et l’Iran de l’ayatollah Ali Khamenei ainsi que du président Hassan Rohani sont à l’œuvre depuis longtemps pour soutenir la dictature des Assad et de ses mafias. Cela aussi bien en fournissant des troupes («Gardiens de la révolution» islamique), qu’en sponsorisant les milices chiites du Hezbollah libanais, et en livrant des armes diverses (la Russie en tête). Tout cela ne peut qu’alimenter l’adhésion à une opposition «djihadiste» de la part jeunes membres de secteurs majoritaires la population syrienne (en exil ou encore dans le pays) qui ressentent et vivent les multiples formes de la dictature – de plus en plus monstrueuse – de Bachar comme étant exercée par une «minorité religieuse», les alouites.

    Depuis le 30 septembre 2015, au nom de la lutte contre Daech, les chasseurs russes bombardent surtout les positions des diverses forces qui combattent la dictature et luttent contre Daech. Autrement dit, Poutine vise: à renforcer la position de la Russie dans cette partie de la Méditerranée (port de Tartous dans la région la plus contrôlée par le régime de Bachar el-Assad), à projeter l’impérialisme russe dans cette aire marquée par les désastres humains et politiques qui découlèrent de l’intervention des Etats-Unis en Irak en 2003. Ce faisant, le Kremlin remet en selle Bachar.

    En outre, le pouvoir poutinien trouve ainsi une carte pour négocier, dès fin janvier 2016, la levée des sanctions de l’Union européenne et des Etats-Unis contre la Russie, suite à l’annexion de la Crimée et à son soutien aux «indépendantistes du Donbass» ukrainiens qui s’affrontent à l’oligarchie représentée par Porochenko. Un conflit armé entre brigands des deux bords dont la très large majorité des populations paie un prix énorme.

    La mollahrchie iranienne et la Russie, comme le confirme la visite de Poutine à Téhéran le 23 novembre, font ensemble des «affaires». Moscou vend des missiles sophistiqués et des centrales nucléaires à Téhéran. Et ils se coalisent pour assurer leurs intérêts régionaux mutuels. Poutine ne se réjouit peut-être pas de la relance future de l’exportation de pétrole iranien qui ne poussera pas le prix du baril de pétrole à la hausse. Mais ce désavantage est secondaire et pas immédiat. Et Poutine peut faire bénir ses avions et ses navires de guerre par le patriarche de l’Eglise orthodoxe afin de mener «une guerre sainte» contre les «ennemis d’Assad». De quoi nourrir d’une enveloppe «religieuse» une opération militaire et politique! Et de quoi, en miroir, valider la dimension apocalyptique prônée par Daech.

    Avec en arrière-fond la permanence de la structure du régime des Assad, il ne faut pas oublier qu’au nom d’une «transition démocratique» en Syrie et d’une «stabilité» régionale aussi bien la Maison-Blanche que le Kremlin appuient la dictature de l’ex-maréchal Abdel Fattah al-Sissi en Eygpte. Un militaire-président qui fait taire, par la répression violente et des massacres, toute opposition. Quant aux Etats-Unis et à la France, ils arment le Royaume des Saoud classé parmi les ennemis les plus décidés des droits démocratiques et nourrissant institutionnellement un islamisme hyper-réactionnaire: le fondamentalisme wahhabiste.

    Protéger leurs intérêts en appuyant les dictateurs

    Pour cette nouvelle «coalition internationale» qui prend forme le seul ennemi est Daech. Cela fait le jeu du régime dictatorial des Assad. Passe donc par pertes et profits le sort réel d’une population épuisée, déchirée et emportée dans une gigantesque vague de réfugié·e·s internes et externes. La raison de fond pour «l’Occident» est bien résumée dans la revue états-unienne Foreign Policy, en date du 20 novembre 2015: «Cette nouvelle phase considère que les terroristes sont des acteurs non étatiques et adoptera la perspective que si nous avons un système international construit autour d’Etats forts souverains – quelles que soient leur brutalité ou leur indifférence envers les droits humains – la vie (sic) deviendra beaucoup plus difficile pour les groupes armés non étatiques.» Laissons de côté le cynisme de cette affirmation. En fait, il n’y a rien de nouveau, sur le fond, dans l’appui donné par les dominants des Etats-Unis, de l’URSS passée ou de la Russie d’aujourd’hui – ou encore de la France: Sarkozy invitait à la tribune le 14 juillet 2008 Bachar el-Assad et soutenait Ben Ali en Tunisie – à des régimes dictatoriaux ou autoritaires, sans même parler de leur installation aux manettes gouvernementales.

    Revenons à la Syrie: les chabiha – les milices mafieuses du régime Assad– qui sont-ils? Rien d’autre, aujourd’hui, que des groupes terroristes semi-non étatiques qui terrorisent y compris la population des zones contrôlées par Assad. Et quand bien même la police militaire de Bachar – entre autres les moukhabarat – sera d’ordre étatique, en quoi leur barbarie serait-elle différente de celle de Daech? Pire, ils obéissent aux ordres d’un tyran qui planifie, avec une minutie analogue au régime nazi ou stalinien, les tortures et exécutions.

    Assassiner et torturer plus de 300’000 personnes voilà la méthode du régime Assad pour, prétendument, lutter contre «les terroristes». Car, dès mars 2011, tous les opposant·e·s ont été qualifiés de «terroristes», donc «d’acteurs non étatiques», par la dictature au pouvoir. Une dictature qui n’a cessé d’utiliser les «fondamentalistes islamistes», puis Daech pour tenter de briser tous ceux qu’elle caractérise de «terroristes».

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    Une amnésie criminelle: «César» est effacé

    Le gouvernement Hollande a-t-il oublié qu’une «enquête pénale pour “crimes de guerre” a été ouverte en France visant le régime de Bachar el-Assad, pour des exactions commises en Syrie entre 2011 et 2013»? (Le Huffington Post, 30 septembre 2015 et l’AFP) La rédaction de cette publication, membre du groupe Le Monde, continue ainsi son explication: «L’enquête se base notamment sur le témoignage de « César », un ex-photographe de la police militaire syrienne qui s’était enfui de Syrie en juillet 2013, en emportant 55’000 photographies effroyables de corps torturés. Mercredi matin, une source judiciaire a précisé que l’enquête était ouverte pour “crimes contre l’humanité” et non “crimes de guerre”… La qualification de crimes contre l’humanité vise des faits d’enlèvements et de tortures commis par le régime syrien. […] Le chef de la diplomatie française, Laurent Fabius, a invoqué mardi “la responsabilité d’agir contre l’impunité” à propos de l’ouverture de cette enquête. “Il est de notre responsabilité d’agir contre l’impunité”, a déclaré Laurent Fabius qui se trouve à New York pour l’Assemblée générale des Nations unies [26 septembre–1er octobre 2015], en dénonçant des “crimes qui heurtent la conscience humaine”.[…] Lors d’une conférence de presse à Paris en mars 2014, plusieurs photos d’une cruauté insoutenable, provenant d’une carte-mémoire emportée par “César”, avaient été projetées. […] L’annonce de cette enquête intervient alors que la crise syrienne est au centre de l’Assemblée générale de l’ONU à New York. Mardi, le président américain Barack Obama a insisté sur le départ du président syrien Bachar el-Assad pour vaincre les jihadistes de l’Etat islamique alors que la Russie insiste au contraire pour le maintenir au pouvoir. De son côté, le président François Hollande a affirmé lundi à l’ONU qu’“on ne peut pas faire travailler ensemble les victimes et le bourreau”, excluant ainsi Bachar el-Assad d’une solution politique au conflit.» (Idem)

    Mais, la «realpolitik» du gouvernement «socialiste» Hollande-Valls l’a conduit à renoncer, une fois de plus, à leurs «promesses», à leurs «principes», logés dans une rhétorique de faussaire. Elle prend, aujourd’hui, les accents d’un «chef de guerre» dont toute l’action fait le lit de l’extrême droite (Front national de Marine Le Pen) et aboutit à la stigmatisation des musulmans.

    Un reniement qui renvoie au refus du pouvoir français – parmi d’autres – d’aider matériellement la résistance populaire syrienne en lui fournissant les armes nécessaires pour se défendre contre les tirs des chars blindés d’Assad et les hélicoptères et avions larguant des barils de TNT (explosif).

    La «coalition internationale contre Daech» bombarde Raqqa, la «capitale de Daech». Sans «dommages collatéraux», pour utiliser le vocabulaire des états-majors? Hala Kodmani, une journaliste syrienne étroitement liée aux réseaux résistants, a démontré combien la population subissait aussi ces attaques (voir son article publié sur le site alencontre.org en date du 19 novembre 2015).

    Il n’y aura pas de lutte effective contre Daech sans donner la priorité à l’appui aux forces populaires syriennes. Donc sans une lutte conjointe, pour une «paix juste et un régime démocratique», contre le régime Assad. Sans faire le procès aussi bien des terroristes de Daech que celui, promis, d’Assad, car «on ne peut faire travailler ensemble les victimes et le bourreau». (MPS, 23 novembre 2015)

    Publié par Alencontre le 24 - novembre - 2015
     
  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Géopolitique : Ces (nombreux) pays que l’existence de Daech arrange bien (Essf)

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    Olivier Roy, spécialiste de l’islam, estime que certains acteurs dans la région n’ont pas intérêt à le voir disparaître : l’Irak, la Turquie, l’Arabie Saoudite, l’Iran, Israël et Bachar al-Assad. Interview.

    Sara Daniel et Marie Limonier – Comment peut-on lutter efficacement contre Daech ?

    Olivier Roy – La question de la lutte contre Daech est rendue plus complexe du fait que certains acteurs dans la région n’ont pas intérêt à le voir disparaître. Ils trouvent dans son existence un intérêt par défaut : il n’est pas leur ennemi principal mais secondaire.

    En Irak, les tribus sunnites ont eu recours à Daech pour se protéger des exactions des milices chiites ; les chiites d’Irak, eux, ne veulent pas prendre Falloujah ou Mossoul. Pourquoi ? Parce que ça les obligerait à intégrer politiquement les Arabes sunnites, ce que leur demandent les Américains depuis dix ans. Les milices chiites irakiennes se battent pour leur territoire, donc Daech ne prendra jamais Bagdad. Mais ils ne veulent pas reconquérir le territoire sunnite pris par Daech, ça ne les intéresse pas. Les chiites irakiens ont à mon avis intériorisé l’idée que l’Etat irakien est une construction artificielle élaborée par les Anglais dans les années 1920 pour mettre les sunnites au pouvoir. Alors, sans avoir forcément le projet de créer une république chiite, ils s’installent dans un provisoire. Ce qui arrange tout le monde.

    En Turquie, Erdogan est extrêmement clair : l’ennemi, ce sont les Kurdes. Point. On ne va donc pas les aider à casser Daech pour renforcer les Kurdes ce qui permettrait au Parti des travailleurs du Kurdistan (PKK) de se créer un sanctuaire et de reprendre la lutte armée en Turquie. D’ailleurs, les Kurdes ne cherchent pas à écraser Daech, seulement à défendre leurs nouvelles frontières. Pour les Kurdes d’Irak, la menace principale c’est la reconstitution d’un Etat central fort à Bagdad, qui pourrait contester l’indépendance de fait dont jouit le Kurdistan irakien aujourd’hui. Daech en empêche la création. Des mauvaises langues prétendent que Barzani a laissé Mossoul tomber dans les mains de Daech. Il préfère un Mossoul dans les mains de Daech qu’un Mossoul dans les mains du gouvernement irakien.

    En Syrie, Bachar al-Assad, qui a eu un moment intérêt à favoriser l’émergence de Daech, aimerait désormais se poser en ultime rempart contre le terrorisme islamique, et regagner aux yeux de l’Occident la légitimité qu’il a perdue en réprimant la population syrienne aussi violemment que son régime l’a fait.

    Pour les Saoudiens, l’ennemi principal n’est pas Daech, qui n’est que l’expression d’un radicalisme sunnite qu’ils ont toujours soutenu idéologiquement. Ils ne font donc rien contre, leur ennemi étant avant tout l’Iran.

    Les Iraniens, quant à eux, veulent contenir Daech, mais pas forcément l’anéantir, pour ne pas à avoir à administrer un territoire sunnite et parce que son existence lui permet de jouer un rôle capital sur la scène internationale.

    Pour les Israéliens, Daech c’est génial : des Arabes qui tapent sur des Arabes et réciproquement ! Ils ne peuvent que se réjouir de voir le Hezbollah se battre contre des Arabes, la Syrie s’effondrer, l’Iran être empêtré dans une guerre, tandis que la question palestinienne devient une cause secondaire.

    Donc aucun acteur régional n’est prêt à en découdre au sol pour reprendre les terres sunnites de Daech ?

    Non. Et à la différence de l’après-11 septembre, les Etats-Unis non plus... Washington se contente de faire du « containment », à coups de bombes et de drones. Et pourtant, une guerre ne se gagne pas sans infanterie au sol.

    La France, peut-être elle seule, voudrait éradiquer Daech. Mais elle n’a pas de quoi mener une telle guerre sur deux fronts, et dans le Sahel et au Moyen-Orient. Mais la position de Daech est devenue difficile : il tient plus par défaut que par une dynamique de conquête. Son succès était fondé sur une avancée fulgurante et un effet de terreur qui visait à sidérer l’ennemi.. Mais l’expansion de Daech est bornée, parce que le mouvement a atteint la limite des zones où les populations arabes sunnites voient en lui un défenseur...

    Bloqué au Moyen-Orient, Daech se lance donc dans une fuite en avant : le terrorisme globalisé. Et même s’il n’y aura pas d’offensive au sol contre lui, l’escalade dans lequel il s’est lancé peut pousser acteurs locaux et internationaux à négocier et à trouver un compromis entre les intérêts de chaque puissance régionale qui cessera de faire de Daech un moindre mal.

    Propos recueillis par Sara Daniel et Marie Lemonnier*

    Source:

    http://o.nouvelobs.com/food/20151112.OBS9305/l-ere-du-temps-4-damien-boudier-le-chef-qui-monte.html

    * Olivier Roy, spécialiste de l’islam et fin connaisseur du djihadisme, est professeur à l’Institut universitaire européen de Florence. Il est notamment l’auteur de « La Peur de l’islam » (L’Aube, 2015) et de « L’échec de l’Islam politique » (Points, 2015).

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36478

  • Hisham Almiraat, en jugement au Maroc (Global Voices)

     
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    Hisham Almiraat, médecin et longtemps animateur de la communauté Global Voices, va passer en justice la semaine prochaine au Maroc, accusé de “menaces à la sécurité intérieure de l'Etat”.

    A côté de Hisham Almiraat dans le box des accusés, quatre autres défenseurs de la société civile — l'historien Maâti Monjib, les journalistes Samad Iach et Mohamed Elsabr, et le militant de la liberté d'expression Hicham Mansouri. Les défenseurs de la liberté d'expression et des droits des médias estiment largement que l'affaire est une tentative du pouvoir marocain de faire taire ceux qui en critiquent les politiques et les pratiques.

    Les pièces à conviction contre Hisham Almiraat, auteur pour Global Voices depuis 2009 et dont il a été directeur du plaidoyer de 2012 à 2014, comportent son témoignage pour “Their Eyes on Me” (“Ils m'ont à l'oeil”), un rapport de recherche sur la surveillance technique au Maroc, publié par l'ONG de Londres Privacy International en collaboration avec l’Association des Droits Numériques, un groupe marocain de la société civile qu’Almiraat a contribué à créer.

    Almiraat et sa collègue Karima Nadir, vice-présidente de l'association, ont été interrogés par la police judiciaire marocaine (BNPJ) à Casablanca en septembre 2015. Les autorités les ont questionnés sur leur activité et leurs relations avec Privacy International. Le ministère de l'Intérieur a ensuite porté plainte à propos du rapport sus-mentionné sur la surveillance in Maroc.

    Almiraat a consacré la plus grande partie de son âge adulte à travailler à l'amélioration de la vie et du bien-être de ses compatriotes, tant comme défenseur de la société civile que comme médecin. Etudiant puis médecin urgentiste le jour, Almiraat tenait son blog, écrivait pour Global Voices, et a co-fondé les projets de médias sociaux Talk Morocco et  Mamfakinch. Ce dernier a été constitué par Almiraat et une équipe de collègues défenseurs des droits humains en vue de renforcer la couverture médiatique des soulèvements sociaux au Maroc en 2011-12, et a joué un rôle central pour galvaniser le soutien de l'opinion au mouvement contestataire.

    Pendant cette période, Almiraat et ses collègues de Mamfakinch étaient la cible de logiciels de surveillance qui se sont introduits dans leurs ordinateurs et leur faisaient craindre que leurs communications soient sur écoute. Des craintes confirmées ensuite par une recherche du Citizen Lab de l'Unversité de Toronto. En juillet 2015, des fuites de dossiers de la société italienne de logiciels de surveillance Hacking Team ont établi que le Conseil Supérieur de la Défense Nationale, une institution publique marocaine, avait acheté le logiciel de Hacking Team en 2012.

    Almiraat a oeuvré au cours du temps à consolider un environnement médiatique robuste dans son pays, et à tenir son gouvernement comptable de ses engagements dans les normes internationales des droits humains de liberté d'expression et de protection de la vie privée.

    La communauté Global Voices est solidaire de Hisham et invite ses lecteurs à travers le monde à soutenir sa cause sur les médias sociaux, et à lire et diffuser ses articles, que l'on peut trouver ici et ici [Bon nombre ont été traduits en français]. Nous publierons sous peu de nouvelles informations sur l'affaire, ainsi qu'une déclaration publique de soutien.

    Ellery Roberts Biddle 16 Novembre 2015