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Révolutions Arabes - Page 169

  • Le CLA avance un taux de suivi de plus de 70% : Grève dans les lycées (Algeria Watch)

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    Le Conseil des enseignants des lycées d'Algérie (CLA) a observé hier une journée de grève dont le taux de suivi a été estimé à plus de 70%, selon les membres du syndicat.

    Cette grève a été enclenchée après l'échec des discussions réunissant jeudi dernier les cadres du département de Nouria Benghebrit et les délégués du CLA. Refusant les promesses et exigeant des réponses concrètes, les membres du CLA se sont mobilisés hier pour faire entendre leur voix à travers le débrayage. Selon le secrétaire général du CLA, Idir Achour, des assemblées générales dans les établissements scolaires ont été organisées le jour de la grève afin de discuter des formes d'actions à mener à l'avenir. Il est fort probable que les grévistes durcissent leur mouvement en optant soit pour une grève de deux ou de trois jours par semaine, ou une journée renouvelable chaque semaine.

    Le SG du CLA a exprimé sa satisfaction quant à la mobilisation des adhérents de son syndicat ainsi que d'autres fonctionnaires. Il a affirmé que certains établissements moyens et primaires ont suivi le mot d'ordre du CLA. « Ils ont observé une grève en guise de soutien et de solidarité», a-t-il souligné. Il a également affirmé que cette action a été vivement soutenue par les fonctionnaires des corps communs en citant ceux des collectivités locales et de la santé.

    Idir Achour explique les motifs ayant poussé les fonctionnaires à entamer cette grève.

    «Nous voulons dire au gouvernement, non à la dégradation du pouvoir d'achat des fonctionnaires ; oui pour l'instauration d'un Observatoire national autonome pour le contrôle du pouvoir d'achat, et la valorisation du point indiciaire en fonction de la réalité des prix ». Il poursuit en disant « non à la remise en cause des différentes formules de retraite mais pour une retraite à 100% et après 25 ans de service effectif ».

    Les grévistes ont également réclamé de leur tutelle la promotion automatique des travailleurs qui réglera définitivement le problème et garantira la stabilité dans le secteur de l'Education nationale. Le syndicat refuse, dans ce sens, que des travailleurs de l'éducation soient induits en erreur concernant le nombre de postes de promotion avancé par la tutelle et qui ne sont en fait que de la poudre aux yeux, selon le syndicat.

    Le CLA réclame, par ailleurs, la concrétisation des promesses cosignées dans le PV du 7 mars dernier, l'intégration de tous les enseignants contractuels et la réintégration de ceux qui sont suspendus depuis 2013. Il exige la réintégration du secrétaire général de Saïda à son poste. Enfin, le syndicat revendique en outre, la construction de nouvelles infrastructures scolaires et le recrutement d'encadreurs pédagogiques qui assureront la stabilité dans les écoles.

    par M. Aziza, Le Quotidien d'Oran, 19 novembre 2015

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/pol/syndicat/greve_lycee_bien_suivie.htm

  • Pierre Manent, philosophe : “L’effort civique n’est pas réservé aux musulmans” (Les Inrocks)

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    Entretien avec le philosophe Pierre Manent, qui appelle l’ensemble des citoyens à accepter la nouvelle hétérogénéité religieuse de la société française.

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    Quelle lecture faites-vous de cette vague d’attentats d’une ampleur sans précédent qui a touché notre pays ?

    Pierre Manent – La France est frappée de plus en plus durement, à des intervalles de plus en plus brefs. Nous sommes le seul pays européen, ou occidental, qui se trouve dans ce cas. En tout cas, nous sommes clairement le maillon faible dans l’ensemble euro-occidental. Nous sommes le maillon faible, ou le maillon exposé, parce que dans la guerre comme dans la paix nous nous sommes donné des buts trop ambitieux que nous n’avons pas les moyens d’atteindre, et cette disproportion entre les prétentions et les résultats est un principe de faiblesse.

    Dans la guerre d’abord. Nous sommes le seul pays occidental dont l’essentiel des forces armées opérationnelles est aujourd’hui engagé contre ce qu’il est convenu d’appeler le “terrorisme”, à la fois en Afrique de l’Ouest, au Proche-Orient et bien sûr en France même. Sans avoir augmenté nos moyens militaires, ou en ayant seulement ralenti leur diminution, notre gouvernement en fait un usage intensif qui les use et ne nous laisse pas de réserves. Dans la paix ensuite.

    Nous nous sommes donné à l’égard de l’islam un but qu’on peut trouver sublime mais qui résiste mal à l’expérience. Nous avons voulu à la fois être les plus ouverts possible, les plus respectueux possible, et en même temps nous attendions de cette ouverture et de ce respect que les musulmans se fondent dans la République, et que toute séparation entre musulmans et non-musulmans disparaisse. Nous avons escompté qu’ils seraient à la fois “entièrement eux-mêmes” et des citoyens français tout à fait comme les autres. C’était un cahier des charges trop lourd pour les uns et pour les autres. Il nous faut repartir sur des bases plus modestes et réalistes.

    Craignez-vous une stigmatisation de la communauté musulmane suite à ces événements ?

    Ce terme de stigmatisation ne me paraît pas pertinent. Franchement, dans le contexte, il ne veut pas dire grand-chose. D’ailleurs, si l’on veut bien ne pas accorder trop d’importance à quelques intempérances de langage de politiques intéressés, il est au contraire frappant que les Français, aussi bien après les attentats de janvier qu’ en ce triste mois de novembre, ont en général réagi avec beaucoup de sang-froid. Je crois sincèrement que peu de pays européens auraient été capables, en de telles circonstances, d’une telle maîtrise, d’un tel calme.

    La disposition qui s’installe, et que les événements intérieurs et extérieurs tendent à confirmer chaque jour davantage, c’est la méfiance. L’opinion qui me semble de plus en plus dominante parmi nous sur l’islam est à peu près la suivante: bien sûr l’immense majorité des musulmans sont pacifiques; en même temps, ils sont incapables de ramener à la raison ceux parmi eux qui ne sont pas pacifiques et qui se “radicalisent” ; comme en outre ils sont de plus en plus nombreux parmi nous, et très attachés à leurs mœurs qui tendent à les distinguer et même à les séparer des autres Français, il est clair désormais que leur intégration ou assimilation est un but hors de portée.

    Voilà, je crois, la conviction qui a cristallisé dans la dernière période. L’opinion moyenne des non-musulmans estime de plus en plus que la séparation sera impossible à surmonter, sauf si l’islam consent à une “réforme” plus ou moins radicale, ou si on le force à une telle réforme en lui imposant une règle de laïcité rigoureuse et contraignante.

    Quelques minutes après les attentats qui ont touché notre pays, plusieurs dirigeants politiques de droite et d’extrême droite ont immédiatement pointé la responsabilité de l’islam. Comment dépasser les amalgames et le risque de conflit communautaire ?

    Vous allez être surpris par la simplicité de ma réponse: il faut engager une conversation civique un peu sincère. Nous en sommes très loin. Sur ces questions, presque tout le monde use d’un langage codé. Les uns dénoncent le “communautarisme” ; les autres s’écrient : pas d’amalgame, halte à l’islamophobie ! Les uns et les autres tournent autour du sujet soit pour gagner des voix, soit pour éviter d’avoir à répondre à des questions difficiles, tous en tout cas pour se dispenser de réfléchir sérieusement aux questions qui se posent. Ce qui fait qu’en réalité, nous nous connaissons très mal.

    Je déplore que les musulmans s’expriment si peu ou alors seulement de manière défensive. Qu’attendent-ils de notre pays qui est le leur? Que pensent-ils de sa politique ? Comment entendent-ils participer à la vie commune ? Ils sont trop réservés ! S’ils prenaient davantage la parole, s’ils exprimaient leurs critiques et acceptaient les critiques, cela contribuerait beaucoup à faire tomber ou à diminuer la méfiance réciproque qui caractérise les relations entre musulmans et non-musulmans dans notre pays.

    Dans votre livre, vous évoquez une scission entre Européens et musulmans. Pourquoi l’islam pose selon vous un “problème nouveau” à notre société ?

    L’histoire a séparé le nord et le sud de la Méditerranée, la Chrétienté et l’Islam. C’est un fait. Dois-je rappeler les conquêtes musulmanes et les “reconquêtes” chrétiennes, les guerres contre les Turcs, la colonisation et la décolonisation ? Ce sont deux vastes ensembles humains qui ont eu des expériences très différentes et développé des civilisations fort distinctes, et très conscientes d’être distinctes.

    Or pour la première fois, avec l’installation d’une nombreuse population musulmane dans plusieurs pays européens, particulièrement en France, ces groupes humains aux expériences et aux mœurs fort distinctes ont à vivre ensemble dans l’égalité. Je souligne : dans l’égalité. C’est un défi inédit. Aujourd’hui les Européens s’organisent sur la base de plus en plus exclusive des droits de l’homme, des droits individuels, tandis que les musulmans restent attachés à des mœurs communes qui s’imposent comme naturellement à l’individu. Bien sûr ceci est schématique puisque les Européens ne sont pas simplement individualistes mais ont eux aussi des liens collectifs, et les musulmans de leur côté ne sont pas insensibles aux charmes de la société libérale, mais il reste ce fait déterminant que l’indépendance individuelle est appréciée assez différemment par les uns et les autres. En particulier l’indépendance des femmes et des jeunes filles. C’est un point de friction considérable entre musulmans et non-musulmans parmi nous.

    Une partie des terroristes impliqués étaient français. Comment peut-on répondre à la radicalisation d’une partie de notre jeunesse ?

    Nos sociétés éprouvent en général de grandes difficultés pour assurer la transmission non pas tant des connaissances que des formes de vie. Comment devenir un être humain capable de s’affirmer lui-même tout en rendant à chacun son dû, tout en “respectant les autres”? C’est d’autant plus difficile pour un jeune homme qui grandit pour ainsi dire entre deux traditions, deux langues, deux formes de vie, qui sont officiellement égales mais dont l’une se sent toujours mésestimée.

     

    Que faire avec la colère des jeunes hommes ? Comment l’éduquer, la rendre constructive plutôt que destructrice ? Je n’ai pas de réponse mais je voudrais souligner un point: les jeunes hommes, spécialement peut-être ceux issus de familles musulmanes, souffrent de l’absence de modèles “virils” dans notre société. Toute la pression publique vise à réprimer les manifestations de “virilité”. Il y a de bonnes raisons à cela. Mais on peut abuser des meilleures choses.

    Je crois que si l’on réfléchissait sérieusement à l’organisation d’un vrai “service civil” ou d’une “garde nationale”, on pourrait obtenir de bons résultats. Je pense à un effort sérieux auquel on consacrerait d’importants moyens humains et financiers : il s’agirait de volontaires, mais qui recevraient une éducation physique, éventuellement paramilitaire, mais aussi civique et historique, et recevraient un traitement modeste mais non ridicule. Ils auraient un uniforme. Leur temps de service leur vaudrait des avantages, par exemple pour la retraite. Ils seraient appelés pour des actions de protection civile, d’entretien de l’environnement et de garde des biens publics. Ils mettraient leur fierté à défendre ce qu’ils sont aujourd’hui tentés de détruire.

    Que notre société puisse accoucher de terroristes capables d’une telle boucherie vous fait-il perdre confiance dans nos capacités d’intégration ?

    Toutes les sociétés accouchent de délinquants ou de criminels. Le désir de détruire, de prendre plus que sa part, d’imposer sa volonté appartient à l’être humain. Nous maîtrisons tant bien que mal ces tendances ou pulsions. Certains n’y parviennent pas. C’est plutôt une question d’éducation que d’intégration. Ou alors il s’agit de l’intégration des différentes composantes de l’être humain. Nous ne nous en soucions pas suffisamment.

    Nous accordons une place disproportionnée à la transmission de connaissances au détriment de la formation du caractère. L’éducation civique, ce n’est pas seulement d’apprendre les articles de la Constitution, c’est aussi d’apprendre la fierté du citoyen. L’éducation religieuse, ce n’est pas seulement d’apprendre tel ou tel aspect ou contenu d’une religion, ou de plusieurs religions; c’est apprendre à se rapporter à un être plus grand que soi, apprendre une certaine qualité d’admiration ou de révérence. Notre éducation usuelle tend à laisser en jachère de grandes parties de nous-mêmes.

    Pourquoi considérez-vous que la laïcité n’est plus adaptée pour faire coexister les différentes “masses spirituelles” de notre pays ?

    La laïcité est un élément central de notre régime politique. Il importe de la préserver. Elle implique que l’institution religieuse et l’institution politique sont séparées, que l’État ne commande pas en matière de religion, et que les hommes religieux ne font pas la loi politique. Tout ceci est très bien. Mais cette laïcité, qui est la laïcité au sens authentique du terme, n’a pas d’effet direct sur la composition religieuse de la société.

    Or le problème qui se pose à nous, c’est celui de l’hétérogénéité religieuse de la société, hétérogénéité considérablement accrue avec l’installation de l’islam dans la société française. Beaucoup attendent de la laïcité ce qu’elle n’est pas conçue pour produire, à savoir la neutralisation religieuse de la société, une société dans laquelle la religion ne donnerait pas forme à la vie commune et serait en quelque sorte invisible. Dans un tel dispositif, les musulmans seraient présents mais comme s’ils n’étaient pas là. Tout cela est une fiction qui repose sur une interprétation erronée de l’expérience de la France républicaine.

    Dans votre livre, vous appelez de vos vœux la construction d’un nouveau compromis entre les citoyens français musulmans et le reste du corps civique. Sur quoi repose-t-il ?

    Nous nous sommes donné un projet trop ambitieux selon lequel les musulmans parmi nous seraient à la fois entièrement eux-mêmes et tout à fait comme les autres. Je me donne un projet plus modeste. J’accepte l’hétérogénéité de départ. Dans mon langage, qui est le langage classique de la sociologie, j’accepte que les musulmans s’installent parmi nous avec leurs “mœurs” propres que nous avons à accepter tout en fixant certaines limites. Certaines conduites en effet, qui sont autorisées par les mœurs musulmanes, sont contraires à nos lois, par exemple la polygamie. Elles doivent être interdites.

    J’explique cela plus en détail dans le livre, mais le point que je veux ici souligner est le suivant: je commence par accepter une certaine hétérogénéité intérieure qui n’est pas dans notre perspective habituelle qui vise un corps social homogène. En même temps, je n’en reste pas là, je ne souhaite pas que nous nous installions dans une société “multiculturelle” ou “communautariste”. Je souhaite que nous allions vers un bien commun auquel prendraient part toutes les composantes de la société française. Etant entendu que nous sommes aujourd’hui passablement séparés, je cherche à nous réunir par la voie politique de l’engagement civique plutôt qu’en nous efforçant de contraindre les musulmans à une réforme directe et immédiate de leurs moeurs qui ne me semble pas praticable. L’engagement civique des musulmans a pour condition qu’ils prennent leur indépendance financière, spirituelle et d’organisation à l’égard des pays du monde arabo-musulman qui ont aujourd’hui sur eux une influence à mes yeux très dommageable. Y sont-ils prêts ? Nous ne le saurons pas si nous n’essayons pas. L’effort civique n’est pas réservé aux musulmans. Tous les citoyens doivent participer à l’élaboration d’un projet collectif alors que la tendance dominante parmi nous est à la jouissance des droits individuels. Sommes-nous prêts pour un tel projet collectif ? Nous ne le saurons pas si nous n’essayons pas.

    Propos recueillis par David Doucet 17/11/2015 | 16h00

    http://www.lesinrocks.com/2015/11/17/actualite/pierre-manent-philosophe-faire-tomber-la-mefiance-reciproque-dans-notre-pays-11788356/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Bombardements contre-productifs : « Le discours de François Hollande a été mal reçu par les Syriens » (Essf)

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    A l’heure où la France, notamment, bombarde Raqqa, le bastion du groupe Etat islamique en Syrie, le journaliste et ancien otage de l’EI Nicolas Hénin juge que ces frappes sont contre-productives.

    Pour Nicolas Hénin, la France, les Etats-Unis et la Russie font fausse route en optant pour une solution martiale. Dans une interview mardi dans l’émission Forum, le journaliste estime qu’il faut plutôt tirer les leçons du 11 septembre 2001 : « L’administration américaine a décidé d’envahir l’Afghanistan et l’Irak, d’émettre le Patriot Act et d’ouvrir (la prison) de Guantanamo. Tout cela, c’était des pièges. Il faut être absolument stupide pour imaginer que l’on a puni Ben Laden ou Al-Qaïda (avec de telles mesures). »

    Il faut par conséquent se méfier des actions prises sous le coup de l’émotion, avertit Nicolas Hénin : « Ces frappes sont contre-productives. Elles nous aliènent les populations locales (en Syrie), alors que la clé pour résoudre ce défi que représente l’Etat islamique est de se mettre les populations locales de notre côté ».

    Or, ajoute le journaliste, « le discours de François Hollande (lundi) a été particulièrement mal reçu par la population syrienne qui pourtant avait marqué – sur les réseaux sociaux – des témoignages fabuleux de solidarité envers les victimes de vendredi ».

    Création de zones de sécurité, « une priorité »

    Nicolas Hénin préconise la création de zones d’exclusion aérienne et des lieux sûrs au sol : « A partir du moment où l’on aura créé ces zones dans lesquelles les civils sont en sécurité, on aura d’une part réduit le défi posé par les flux de réfugiés et créé de l’espoir (…) Il faut désescalader cette violence ».

    « Les 130 morts de Paris sont absolument abominables, mais il faut garder à l’esprit qu’il y a, en moyenne, 200 morts chaque jour en Syrie depuis quatre ans », avertit enfin le journaliste, selon qui la propagande du groupe EI se poursuit aujourd’hui sur la base d’images de civils massacrés.

    Nicolas Hénin,

    16 novembre 2015* « Le discours de François Hollande a été mal reçu par les Syriens » :


    http://www.rts.ch/info/monde/le-discours-de-francois-hollande-a-ete-mal-recu-par-les-syriens

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36449

  • "Nous payons les inconséquences de la politique française au Moyen-Orient" (Le Monde)

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    Soyons réalistes, demandons l’impossible, clamaient dans les rues de Paris les utopistes de mai 1968. Etre réaliste aujourd’hui, c’est réclamer à ceux qui gouvernent d’aller aux racines de ce mal qui, le 13 novembre, a tué au moins 129 personnes dans la capitale française. Elles sont multiples, et il n’est pas question d’en faire ici l’inventaire. Nous n’évoquerons ni l’abandon des banlieues, ni l’école, ni la reproduction endogamique d’élites hexagonales incapables de lire la complexité du monde. Nous mesurons la multiplicité des causes de l’expansion de l’islamisme radical.

    Comme nous savons à quel point l’étroitesse des rapports entretenus dans tout le monde arabe entre les sphères politique et religieuse a pu faciliter son émergence, nous n’avons aucune intention simplificatrice. Mais, aujourd’hui, c’est la politique internationale d’une France blessée, et de l’ensemble du monde occidental, que nous voulons interroger.

    Sur l’islamisme d’abord. Depuis le début de sa montée en puissance, dans les années 1970, les dirigeants occidentaux se sont convaincus qu’il devenait la force politique dominante du monde arabo-musulman. Addiction au pétrole aidant, ils ont renforcé le pacte faustien les liant aux Etats qui en sont la matrice idéologique, qui l’ont propagé, financé, armé. Ils ont, pour ce faire, inventé l’oxymore d’un « islamisme modéré » avec lequel ils pouvaient faire alliance.

    Le soutien apporté ces derniers mois au régime turc de M. Erdogan dont on connaît les accointances avec le djihadisme, et qui n’a pas peu contribué à sa réélection, en est une des preuves les plus récentes. La France, ces dernières années, a resserré à l’extrême ses liens avec le Qataret l’Arabie saoudite, fermant les yeux sur leur responsabilité dans la mondialisation de l’extrémisme islamiste.

    Le djihadisme est avant tout l’enfant des Saoud et autres émirs auxquels elle se félicite de vendre à tour de bras ses armements sophistiqués, faisant fi des « valeurs » qu’elle convoque un peu vite en d’autres occasions. Jamais les dirigeants français ne se sont posé la question de savoir ce qui différencie la barbarie de Daesh de celle du royaume saoudien. On ne veut pas voir que la même idéologie les anime.

    Cécité volontaire

    Les morts du 13 novembre sont aussi les victimes de cette cécité volontaire. Ce constat s’ajoute à la longue liste des soutiens aux autres sanglants dictateurs moyen-orientaux – qualifiés de laïques quand cela convenait – de Saddam Hussein à la dynastie Assad ou à Khadafi – et courtisés jusqu’à ce qu’ils ne servent plus. La lourde facture de ces tragiques inconséquences est aujourd’hui payée par les citoyens innocents du cynisme à la fois naïf et intéressé de leurs gouvernants.

    L’autre matrice du délire rationnel des tueurs djihadistes est la question israélo-palestinienne. Depuis des décennies, les mêmes dirigeants occidentaux, tétanisés par la mémoire du judéocide perpétré il y a soixante-dix ans au cœur de l’Europe, se refusent à faire appliquer les résolutions de l’ONU susceptibles de résoudre le problème et se soumettent aux diktats de l’extrême droite israélienne aujourd’hui au pouvoir, qui a fait de la tragédie juive du XXe siècle un fonds de commerce.

    On ne dira jamais assez à quel point le double standard érigé en principe politique au Moyen-Orient a nourri le ressentiment, instrumentalisé en haine par les entrepreneurs identitaires de tous bords. Alors oui, soyons réalistes, demandons l’impossible. Exigeons que la France mette un terme à ses relations privilégiées avec l’Arabie saoudite et le Qatar, les deux monarchies où l’islam wahhabite est la religion officielle, tant qu’elles n’auront pas coupé tout lien avec leurs épigones djihadistes, tant que leurs lois et leurs pratiques iront à l’encontre d’un minimum décent d’humanité.

    Exigeons aussi de ce qu’on appelle « la communauté internationale » qu’elle fasse immédiatement appliquer les résolutions des Nations unies concernant l’occupation israélienne et qu’elle entérine sans délai la création trop longtemps différée de l’Etat palestinien par le retour d’Israël dans ses frontières du 4 juin 1967.

    Ces deux mesures, dont riront les tenants d’une realpolitik dont on ne compte plus les conséquences catastrophiques, n’élimineront pas en un instant la menace djihadiste, aujourd’hui partout enracinée. Mais elles auront l’immense mérite d’en assécher partiellement le terreau. Alors, et alors seulement, les mesures antiterroristes prises aujourd’hui en l’absence de toute vision politique pourraient commencer à devenir efficaces.

    Sophie Bessis et Mohamed Harbi (Historiens)

    Sophie Bessis est l’auteur de La Double Impasse. L’Universel à l’épreuve des fondamentalismes religieux et marchand (La Découverte, 2014) ; Mohamed Harbi est ancien membre puis historien du Front de libération nationale algérien (FLN).

  • Arabie: le poète palestinien Ashraf Fayadh condamné à mort pour "blasphème" (Al Huff')

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    Un tribunal saoudien a condamné à mort un poète et artiste plasticien palestinien mardi 17 novembre 2015 pour "blasphème", dans un de ses recueils de poèmes édité en 2008, a annoncé le Réseau arabe d'information sur les droits de l'homme, qui a condamné ce jugement sur son site Internet.

    Ashraf Fayadh est accusé de "blasphème" dans son recueil de poème "التعليمات بالداخل" (Alta'limat Bildakhel), publié en 2008. Le tribunal l'avait d'abord condamné à quatre ans de prison et 800 coups de fouet , mais un autre juge à condamné à mort Fayadh, selon Reuters.

    Le réseau arabe d'information sur les droits de l'homme a rappelé que le poète et artiste plasticien palestinien avait déjà été emprisonné par le Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice en janvier 2014 pour "promotion de l'athéisme dans ses vers et cheveux longs". Lors de sa détention, il avait été privé de recevoir des visites ou faire appel à un avocat.

    Le poète, issu d'une famille palestinienne résidant depuis plus de 50 ans en Arabie saoudite, avait également fait l'objet une année auparavant d'une plainte pour "ses idées athéistes" auprès du même Comité, qui a émis l'ordre de l'arrêter avant de le libérer, faute de preuves, explique la même source.

    Dans son communiqué, le réseau arabe d'informations sur les droits de l'Homme rappelle que Ashraf Fayadh a pourtant représenté l'Arabie saoudite à la Biennale de Venise comme adjoint du secrétaire du pavillon saoudien. Le poète organise également plusieurs activités artistiques, dont une exposition d'art plastique initiée à l'aide de personnalités officielles, note le réseau.

    Une pétition a été lancée et signée par une centaine d'intellectuels et artistes exigeant la libération du palestinien. La même association a de son côté condamné ce jugement "inquisitoire", déplorant que "la vie humaine n'ait plus aucune valeur auprès des autorités du royaume et du Comité pour la promotion de la vertu et la prévention du vice".

    Le réseau, qui a dénoncé cette pratique, "destinée à dissuader les intellectuels de la réflexion et de l'innovation", a ordonné l'annulation de cette condamnation et la libération de Ashraf Fayadh.

  • L’Etat islamique et l’unification du monde avec le sang des victimes (Essf)

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    La question est arabe et nous devons rechercher une réponse rationnelle qui nous habilite à mener le combat contre ce danger absolu

    Abou Bakr al-Baghdadi a réussi à unifier le monde. Par le sang. De Beyrouth à Paris, les « kamikazes » de l’« État islamique » ont accompli un effroyable chaos insurpassable de tueries et de haine et les héritiers d’Al-Qaïda ont montré que le sanglant processus initié par les attentats du 11 septembre 2001 était en réalité un projet gigantesque capable de s’adapter aux circonstances tout en conservant sa constante fondamentale, à savoir la mission, pour reprendre l’expression du prédicateur Abou Bakr Al-Nâjî (l’un des grands théoriciens de « Dâ‘esh »), consistant à « administrer la sauvagerie ».

    L’ « administration de la sauvagerie » : ça n’est pas un chef d’accusation. Non : c’est le titre qu’ont peaufiné les théoriciens de Dâ‘esh pour présenter la vision qu’ils ont du monde. L’idée de « sauvagerie » fait partie de la « loi du sang » qui est la loi en vigueur dans cette armée islamiste qui rassemble des hommes et des femmes provenant de toutes sortes de nations et dont le but est de remettre à l’ordre du jour le califat islamique dans le style d’un Ibn Taymiyya ou d’un Muhammad Ibn Abdal-Wahhâb (fondateur du wahhabisme, ndt) et d’instituer un État du sang, de la sauvagerie et de la tyrannie.

    Le monde entier est pour lui un champ de bataille et tout est permis dans ses règles d’engagement des combats sans aucune sorte de restriction. Les prisonniers sont exécutés, leurs épouses et leurs enfants sont réduits en esclavage. La caméra devient une arme permettant de diffuser des scènes de sauvagerie surclassant et de très loin l’imagination du post-modernisme en matière visuelle, l’on y voit des gens sous les couteaux de coupeurs de têtes qui ne font aucune distinction entre civils et militaires. Tous les lieux conviennent pour verser le sang : les rues, les marchés, les théâtres, les mosquées, etc.

    Dâ‘esh a unifié le monde avec le sang de ses victimes. Mais le monde est impuissant et il ne désire pas unifier sa confrontation avec la sauvagerie daeshienne. La confrontation imbécile qu’ont inventée les États-Unis, lorsqu’une inspiration colonialiste perverse avait amené Bush à envahir l’Irak, était une confrontation entre deux sauvageries, c’est la raison pour laquelle il était naturel que la plus jeune de ces deux sauvageries, qui de plus se bat sur son propre terrain, soit (aujourd’hui) quasi victorieuse.

    Mais, allez-vous sans doute me demander : pourquoi le monde ne se serre-t-il pas les coudes ? Pourquoi ne s’unifie-t-il pas ?

    C’est une histoire qui a quelque chose à voir avec la sauvagerie du capitalisme, la convoitise colonialiste et la compétition autour de la partition du monde arabe.

    Cette question n’est pas adressée au monde, c’est-à-dire à l’Occident et à la Russie, mais bien au monde arabe qui perd son sang et qui est accablé par l’oppression et la tyrannie.

    C’est notre question à nous, et c’est nous qui devons y répondre les premiers, avant de demander une solidarité internationale qui est impossible dans les circonstances politiques internationales actuelles.

    L’attentat sauvage perpétré à Burj Al-Barajné le jeudi 12 novembre a été « complété » par une opération barbare à Paris au soir du lendemain. Deux actes barbares qu’il convient de condamner sans aucune hésitation et sans la moindre réserve. Mais en dépit de la douleur, de la colère et de la stupéfaction, en France, il faut que nous appelions un chat « un chat » : cet attentat n’était pas dirigé seulement contre Paris, mais bien en tout premier lieu contre les Arabes et contre les musulmans. Non pas seulement parce qu’il porte atteinte à leur image dans le monde, mais aussi parce qu’il expose la communauté arabe de France à de une épreuve considérable et parce qu’il contribue à faire monter le discours de droite fascisant en Europe. Le premier objectif des fous de mort de Dâ‘esh, c’est de nous tuer, nous (les Arabes et les musulmans), de nous contraindre à l’isolement et d’écraser la vie qui est en nous.

    La question est donc arabe et nous devons rechercher une réponse rationnelle qui nous habilite à mener le combat contre ce danger absolu qui veut éradiquer nos sociétés.

    Les réponses qui sont apportées aujourd’hui sont insuffisantes et impuissantes. Pire : elles servent, au final, les intérêts du terrorisme.

    La réponse communautariste n’est pas une réponse. En effet, le terreau sur lequel s’est développé Dâ‘esh en Irak était celui de la réponse stupidement communautariste apportée par le gouvernement de sinistre mémoire dirigé par Al-Maliki. Le fondamentalisme sunnite ne saurait être combattu en lui opposant un fondamentalisme chiite. La collision entre ces deux fondamentalismes a conduit nos sociétés à la folie, faisant de nous les otages de forces régionales et internationales. Lever contre Dâ‘esh des armes communautaires, c’est tomber dans un daeshisme à l’envers et cela ne fait que conforter et justifier la pensée fondamentaliste.

    Quant à la réponse par la tyrannie, c’est une recette assurée de la daeshisation de toute chose. Le choix n’est pas entre Assad et Dâ‘esh : l’un et l’autre sont des monstres et les deux sont des machines de destruction. Sans la tyrannie et sa prise d’appui sur les structures communautaires tant en Irak qu’en Syrie du temps du parti Baath, Dâ‘esh n’aurait pas pu s’étendre et devenir capable d’édifier une organisation suscitant la terreur et à la discipline de fer. Toute proposition de coalition à laquelle la tyrannie participerait et toute tentative de présenter la soldatesque sous les jours d’une « alternative » à Dâ‘esh ne feraient qu’accentuer la daeshisation de nos sociétés et à faire de guerres civiles de véritables modes de vie.

    Notre silence sur les collusions avec les monarchies du pétrole et du gaz qui exercent leur hégémonie sur les médias arabes et tentent de s’emparer de la culture arabe par leurs valeurs réactionnaires et leur diffusion de l’obscurantisme religieux est la traduction du fait que nous sommes restés incapables d’affronter cette obscurité. L’obscurantisme fondamentaliste ne saurait être notre allié dans cette bataille, puisqu’il est même, au contraire, la couveuse de la folie noire et l’une des sources de sa force et de son financement. Oussama Ben Laden est issu du sein de ce fondamentalisme, il est le porte-parole authentique de son projet qui est devenu la proie de la corruption après s’être transformé en appareil d’état. De la même manière, le fondamentalisme adverse qui gouverne l’Iran n’est guère en meilleur état. La tentative de renouer avec les sources de la religion (islamique) au moyen d’exégèses réactionnaires contemporaines constitue l’essence du problème.

    Les réponses (au terrorisme) majoritairement apportées en Egypte, en Syrie, en Irak et au Liban n’en sont pas et elles ne permettront pas à ceux qui les formulent de vaincre Dâ‘esh. En effet la guerre qui nous est imposée requiert des conditions qui diffèrent radicalement de cette réalité qui se décompose avec nous et qui contamine tout.

    Le premier problème c’est le fait que cette folie nous a fait perdre notre mémoire et qu’elle nous a fait oublier le combat féroce qui s’était déroulé dans les années 1960 entre le Congrès islamique dirigé par l’Arabie saoudite et le mouvement nationaliste arabe dirigé par l’Égypte nassérienne.

    La mémoire, ça n’est pas la nostalgie ni l’aspiration à l’époque de Nasser avec ses erreurs et ses péchés de tyrannie. Mais nous devons ne pas oublier que Nasser n’a pas été défait par les fondamentalistes, mais par Israël et ses alliés étatsuniens, et que cette folie a commencé par une alliance avec les États-Unis dans la dernière phase de la guerre froide.

    Cette analyse ne débouche pas sur le désespoir, mais sur l’après-désespoir. En effet, il est clair que les forces démocratiques et laïques ont été chassées de l’équation et qu’elles sont aujourd’hui dans un état de complète déréliction, et que donc compter sur un réveil soudain s’est terminé de manière mélodramatique avec le coup d’état militaire en Égypte, qui a surfé sur le refus populaire du pouvoir des « Frères » pour en finir avec la Révolution de janvier.

    Ce qui viendra, après le désespoir, c’est notre volonté de recommencer, modestement et en tenant compte des leçons de nos erreurs et en ayant la sagesse de ne pas réitérer les mêmes erreurs.

    Le début sera difficile, mais pas impossible. Et nous en avons vu des prémices au Liban au travers du mouvement populaire et jeune face à la crise des ordures. Nous assistons aujourd’hui à une ouverture de l’horizon avec le soulèvement en Palestine. Certes, les ordures encombrent encore les rues et la sauvagerie de l’occupation israélienne et son projet millénariste n’ont pas été dissuadés, et ce à quoi nous assistons aujourd’hui tant au Liban qu’en Palestine est une protestation qui ne s’est pas encore mutée en opposition, mais qui comporte la possibilité de cette mutation.

    Cette possibilité est un projet pour un nouveau départ qui ne commencera que lorsque nous disposerons d’une pensée nouvelle et d’une vision claire de la relation entre la liberté et la justice sociale.

    Grande est notre responsabilité. Nous n’avons pas le droit d’accepter de mourir en nous taisant.

    Elias Khouri* « L’unification du monde par le sang ». 16/11/2015


    http://souriahouria.com/lunification-du-monde-par-le-sang-par-elias-khouri-traduit-de-larabe-par-marcel-charbonnier/

    source : http://www.alquds.co.uk/?p=435742

    * Traduit de l’arabe par Marcel Charbonnier.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36450

  • Selon un site d’information libanais Manbij. Révolte sur le territoire de Daesh ? (CCR)

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    Il s’agit bien d’un questionnement, il est extrêmement difficile de savoir ce qu’il se passe dans les territoires plus ou moins contrôlés par Daesh (ou Etat Islamique).

    Le site d’information libanais Now, rapporte que les habitants de Manbij, une ville de 100 000 habitants, plutôt 75 000 aujourd’hui, dans la province d’Alep en Syrie, sont descendus dans la rue pour protester contre les règles imposées par l’Etat islamique (EI), qui contrôle la ville. Il y aurait eu des petits rassemblements de dizaines de personnes exigeant de l’EI qu’ils quittent la ville. Les forces armées de Daesh auraient répondu en tirant et en faisant des arrestations. En effet, participer à une manifestation sur le territoire de Daesh, au vu des méthodes de torture, de mutilation, de viols, et d’exécutions sommaires par décapitation, c’est s’exposer potentiellement au pire.

    C’est d’ailleurs la conscription de jeunes de la ville mourants rapidement morts au front qui aurait déclenché cette contestation. En vérité, c’est très certainement l’accumulation des enlèvements de femmes, les arrestations et exécutions arbitraires continus d’hommes et de femmes, qui déclenchent cette colère. C’est un groupe rebelle syrien, appelé Manbij Mubasher, qui a fait part de ces événements sur sa page Facebook, en s’appuyant sur deux photos de rassemblements. Les photos ne prouvent rien et cette « information » est donc à prendre avec précaution.

    Mais si elles venaient à être confirmées, ces manifestations seraient un indicateur important du fait que Daech a bien du mal à contrôler son territoire et que l’EI serait de fait en perte de vitesse, comme beaucoup de spécialistes de la région tendent à l’affirmer. Le fait qu’il ait perdu – pour l’instant - sa force expansive, notamment vers les territoires kurdes, n’est pas à négliger et pourrait expliquer la stratégie d’internationalisation et d’exportation de la terreur vers l’Europe. Ainsi le 12 novembre 2015, les peshmergas kurdes lancent une offensive au nord de l’Irak et s’emparent de Sinjar, coupant ainsi la route reliant Mossoul au reste des territoires sous contrôle de l’EI. En Irak, il a perdu près de 30% de terrain en Irak depuis son apogée en août 2014 et notamment la ville de Tikrit – symbolique pour les sunnites puisque lieu de naissance de Saddam Hussein.
    C’est pourquoi Daesh peut être tenté par une stratégie d’escalade accrue, grâce à un engrenage connu. Il s’agit en effet de déclencher des bombardements massifs sur les civils de la part de l’impérialisme, ce qui permet de regrouper une partie de la population autour de soi, dans un cycle sans fin amené à se répéter. Le deuxième objectif est également de déclencher sur le territoire européen des situations de véritable guerre civile – non sans analogie possible avec ce qui se passa pendant la guerre d’Algérie.

    En effet, la terreur des attentats permet aux gouvernements européens de se droitiser sans fin et de remettre en question les libertés vers une dérive de plus en plus autoritaire et potentiellement raciste. En laissant faire alors le déchaînement guerrier, fascisant et raciste, l’Europe s’enferme dans une logique de guerre interne et externe qui fournit sans cesse plus de troupes et de ressources à l’EI.

    Évidemment, les révoltes qui pourraient avoir lieu sur le territoire de Daesh sont très embarrassantes pour la politique de Hollande et de l’impérialisme américain. Elles rappellent que la vraie solution ne peut reposer dans des frappes aériennes, au contraire. Si les impérialismes français et américain sont prêts à faire alliance avec Bachar El Assad et la Russie, c’est bien que l’intérêt de la population syrienne, irakienne ou française est le dernier de leur souci. Publié le 19 novembre 2015 Léo Serge

    http://www.revolutionpermanente.fr/Manbij-Revolte-sur-le-territoire-de-Daesh

  • L’origine de l’Etat Islamique et la responsabilité de l’Occident en 5 points (CCR)

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    Qu’est-ce que l’Etat islamique ?

    Qu’est-ce que l’Etat islamique ? Dans quel contexte a-t-il surgi ? Comment se finance-t-il ? Quelle est la responsabilité des Etats-Unis et de l’Europe ? Cet article retrace quelques éléments clés sur la naissance et les caractéristiques du phénomène Daech.

    1.

    Impossible de comprendre le surgissement de l’État Islamique (EI), ni ce qui se passe actuellement au Moyen Orient, sans revenir sur les conséquences profondes, ni sur la large place des guerres en Irak et en Afghanistan.

    L’invasion et la guerre en Irak, entre 2003 et 2011, fut dirigée par les États-Unis en alliance avec le Royaume-Uni, l’État Espagnol ainsi que d’autres pays.

    Le principal argument utilisé pour justifier la guerre était que Saddam Hussein construisait des armes de destruction massive, mettant en danger les alliés des États-Unis dans la région ainsi que sa propre sécurité. Différentes enquêtes ont montré que c’était un mensonge complet, et que le gouvernement des États-Unis et du Royaume-Uni ont caché ces informations pour justifier la guerre.

    L’invasion de l’Irak faisait partie de la stratégie de « guerre contre le terrorisme » que Bush a déployée, de la main des néoconservateurs Américains avec l’objectif de tenter d’inverser la perte d’hégémonie des États-Unis, en inventant un nouvel ennemi, « l’axe du mal ». Ils se sont nourris de l’idéologie du choc des civilisations développée par le conservateur Samuel Huntington.

    2.

    Les États-Unis cherchaient à « redessiner la carte du Moyen-Orient » et « moderniser l’Irak » selon le « modèle Nord-Américain », ce qui impliquait la promesse de privatisations et de juteux marchés pour les multinationales grâce au pétrole.

    Cependant, la guerre a laissé un pays complètement dévasté, détruisant toutes les infrastructures basiques et les fondements du pouvoir de Saddam Hussein, sans réussir à consolider un nouveau pouvoir stable.

    On compte 150 000 personnes mortes des conséquences de la guerre (certaines sources multiplient pas trois ce chiffre), mais aussi des millions de déplacés et de réfugiés. A la fin de la guerre, la lutte entre les fractions religieuses rivales s’est intensifiée, encouragée par les États-Unis qui ont appuyé la majorité chiite, opprimée par le régime de Saddam, contre la minorité sunnite qui contrôlait jusqu’ici l’État. La chute du régime de Saddam Hussein a laissé 400 000 membres déchus de l’armée, et des fonctionnaires du parti Baas sans travail d’un jour à l’autre. Beaucoup d’entre eux furent enfermés à la prison d’Abu Ghraib où se déroulaient toutes sortes de vexations et de tortures.

    Après le retrait des troupes américaines, le gouvernement chiite a brutalement réprimé les sunnites et d’autres secteurs de l’opposition. Dans ce contexte de haine et de ressentiments, une force réactionnaire a surgi et a débouché sur la création d’Al Qaeda en Irak puis de Daesh, qui a pu recruter des ex-membres, voire officiers, de l’armée de Saddam Hussein joints aux islamistes sunnites radicalisés.

    Comme l’analysait la journaliste Olga Rodriguez, les prisons irakiennes pendant l’invasion américaine, avec ses tortures et vexations inimaginables ont constitué une « école » pour beaucoup de miliciens de Daesh, motivés par leur haine contre l’Occident.

    3.

    L’État Islamique d’Irak et du Levant, territoire qu’ils occupent en Syrie et au Liban, plus connu sous le nom de Daesh, s’est consolidé depuis 2013, en conquérant une grande partie du territoire en Irak et en Syrie. En 2014, ils annoncent la création d’un « Califat islamique ».

    L’idéologie de Daesh est théocratique et totalement réactionnaire, n’acceptant aucune déviation de ce qu’ils considèrent comme le respect des écrits de l’Islam. Ils partagent la méthode des châtiments, des décapitations et lapidations avec l’Arabie Saoudite, où tous ceux qui remettent en cause les valeurs traditionnelles, boire de l’alcool ou conduire une voiture pour les femmes, par exemple sont punis par l’enfermement en prison ou par des décapitations. Daesh a lui-même réalisé des lapidations de femmes accusées d’adultères.

    Daesh proclame une « guerre contre l’Occident » et une « guerre contre les infidèles », ces musulmans qui selon eux sont « déviants » des lois de l’Islam.

    Le récent attentat dans le quartier populaire de Beyrouth, revendiqué par Daesh, montre que ses attentats et ses méthodes réactionnaires sont utilisés (dans la majorité des cas) contre la population arabe et musulmane, mais aussi contre les Kurdes et tous les secteurs de la population en Syrie et en Irak.

    Daesh est une force contre-révolutionnaire et bourgeoise, avec une idéologie intégriste et des méthodes aberrantes contre les populations qu’il contrôle. Ce n’est pas une organisation, comme le Hamas en Palestine ou d’autres, qui en même temps d’avoir une idéologie théocratique, expriment à leur manière des mouvements de libération nationale.

    Sa principale source de financement se trouve parmi les représentants les plus puissants des bourgeoisies pétrolières d’Arabie Saoudite et du Qatar, avec la complicité des gouvernements de ces pays. Il se base aussi sur le contrôle du territoire, des saisies, vols et spécialement de l’usufruit des raffineries de pétrole, que le marché noir capitalise.

    Selon certains analystes, Daesh compte plus de 20 000 combattants étrangers, dont 3 500 viendraient des pays occidentaux, 1 200 français, 600 britanniques, belges et d’autres pays. La précarité, l’islamophobie et la répression que subissent une grande partie des musulmans des pays Européens, sème la haine dont se nourri cette organisation, et s’ajoute à cela les interventions et bombardements des pays comme la France et les États-Unis.

    4.

    La guerre en Syrie, qui a provoqué plus de 250 000 morts en 4 ans, est l’autre terrain où Daesh a pu se renforcer.

    Les intérêts locaux, régionaux et les puissances impérialistes qui s’imbriquent dans le conflit, abondent un terrain favorable pour l’avancement de l’État Islamique.

    L’Arabie Saoudite, le Qatar et la Turquie appuient directement ou laissent faire les milices djihadistes qui combattent contre Al-Assad, comme Al Nosra en Syrie et Daesh. L’affrontement de l’Arabie Saoudite avec l’Iran est une coordonnée clé du conflit, qui a favorisé l’expansion de l’État Islamique, une force qui affronte les chiites iraniens. Dans le cas de la Turquie, l’offensive de Daesh contre les Kurdes, est aussi un élément crucial.

    Un document de l’intelligence militaire américaine qui a filtré montrait que les États-Unis avaient connaissance que se préparait la création d’un « califat » sunnite en Syrie, mais considéraient qu’il pourrait servir à éviter le renforcement d’Assad (soutenu par la Russie et l’Iran).

    De l’autre côté, les bombardements de la coalition dirigée par les États-Unis et les pays Arabes n’ont pas servi à vaincre Daesh, personne n’étant disposé pour le moment à s’embarquer dans une opération terrestre massive. Il était très couteux de répéter le désastre produit en Irak.

    5.

    L’échec des « printemps arabes » est une autre clé d’explication du cours contre-révolutionnaire qu’a pris la situation au Moyen-Orient, avec le renforcement des forces réactionnaires comme Daesh, la guerre en Syrie, la nouvelle offensive de l’État d’Israël contre le peuple palestinien ainsi que le tournant répressif et bonapartiste d’Erdogan en Turquie contre les Kurdes et la gauche radicale.

    L’actuel tournant guerrier de Hollande en France, l’intensification des bombardements en Syrie et l’augmentation des tendances xénophobes et islamophobes en Europe, n’ont que vocation à renforcer ce tournant réactionnaire.

    Traduction : Elise Duvel Publié le 19 novembre 2015 Josefina L.Martinez

    http://www.revolutionpermanente.fr/L-origine-de-l-Etat-Islamique-et-la-responsabilite-de-l-Occident

    Commentaire: Le CCR est un courant minoritaire du Npa

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