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Révolutions Arabes - Page 23

  • L’historienne Juliette Bessis, nous quitte (Gabès 1925 - Paris, 18 mars 2017) (Leaders.tn)

     L’historienne Juliette Bessis, nous quitte (Gabès 1925 - Paris, 18 mars 2017)

     

    Le cœur de Juliette Bessis (Zouzou, pour les intimes) a cessé de battre le vendredi 18 mars à Paris où elle s’est installée après son départ de Tunisie en 1962.

    L’historienne de la Tunisie, du Maghreb et la Méditerranée, née Saada à Gabès le 16 septembre 1925, a fait ses études au lycée Armand Fallières (actuel Lycée de la Rue de Russie). Elle a milité dès son jeune âge au sein du parti communiste tunisien et s’est engagée dans la lutte antifasciste et contre l’occupation allemande de la Tunisie (novembre 1942-mai 1943). C’est dans cette lutte qu’elle a rencontré son camarade et futur mari Aldo Bessis, (1918-1969). Aldo, le responsable communiste, le militant syndicaliste de l’USTT aux côtés de Hassen Saadaoui et ensuite le grand expert de la FAO dans plusieurs pays africains, n’est autre que le  fils du bâtonnier Albert Bessis qui fut ministre au second gouvernement Ben Ammar en 1955-1956, ensuite député à l’Assemblée constituante (de 1956 à 1959) et à l’Assemblée  nationale (de 1959 à 1969).  

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Juliette Bessis a consacré sa vie à transmettre sa passion pour l’histoire, tout d’abord à plusieurs générations d’élèves tunisiens dans divers lycées de Tunis et surtout au lycée Khaznadar jusqu’en 1962. En Italie et ensuite en France, à côté de l’enseignement de l’histoire, notamment à l’université de Vincennes, elle mena, dans le cadre de sa thèse, des recherches sur la politique fasciste en Méditerranée suivant, à la faveur de ces investigations et de ses analyses, l’ambition de Mussolini de marcher sur les pas de Rome et de reconstituer l’Empire.

    Cependant, tout en poursuivant sa quête d’informations sur l’ensemble de la politique fasciste en Méditerranée, elle s’intéressa aux traces de la politique mussolinienne en Tunisie, son pays natal. Passant plusieurs années dans les Archives italiennes, elle est arrivé à colleter des informations inédites sur les traces du passage des chefs destouriens par Rome en mars-avril 1943. Sa thèse, qui a donné lieu à la publication, chez Karthala en 1981, d’un ouvrage intitulé La Méditerranée fasciste. L’Italie mussolinienne et la Tunisie, constitue une belle contribution à l’histoire de la Tunisie durant l’entre-deux-guerres et pendant la Seconde Guerre mondiale.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Son second livre publié en 1986, sous le titre Les fondateurs, est un bel exemple de sa vision pluraliste de l’histoire de la Tunisie. Dans cet ouvrage, elle a établi une liste composée de 500 noms de cadres syndicaux ayant milité dans les différents syndicats de la Tunisie coloniale de 1920 à 1956. Sans aucune exclusive, elle a tenté de faire un index biographique pour environ 500 cadres : musulmans, juifs chrétiens, communistes, socialistes et destouriens. Elle a donné une vision plurielle de l’apport social à la lutte de libération nationale et dressé un aperçu très proche des réalités historiques du syndicalisme tunisien.

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

     

    Son troisième livre est consacré à la Traversée du XXème siècle par le Maghreb. Publié en 2000, il s’est donné pour objectif de faire une synthèse des évolutions connues par les différents pays du Maghreb durant la lutte anticoloniale et de tenter d’établir un bilan des différentes politiques poursuivies durant la période de construction nationale dans ces différents pays depuis leur indépendance.  

    Ces ouvrages relatifs à l’histoire de son pays natal, à celle du Maghreb et de la Méditerranée resteront des ouvrages de référence pour les chercheurs. Dans son dernier livre, Le Maghreb, questions d’Histoire, publié en 2003, l’auteure a discuté des choix idéologiques et politiques d'une fraction des courants nationalistes ou des minorités méditerranéennes installées au Maghreb, du mouvement ouvrier, de la crise majeure de l'indépendance tunisienne, des relations internationales et singulièrement celles nouées avec le Maghreb par les Etats-Unis pendant la guerre et l'après-guerre.  

    Dans l’ensemble de son œuvre, elle a regardé l’histoire de la Tunisie et de l’ensemble du Maghreb sous l’angle de la critique, de la comparaison et de la mise en perspective des aléas du contexte international de l’époque. La lecture des livres de Juliette Bessis nous fait découvrir une historienne qui refuse la facilité, une passionnée de la critique du passé. Elle nous révèle aussi un parcours marqué par la recherche de la clarté dans ses rapports avec son entourage professionnel.  

    Ce souci de transparence a été à l’origine de relations parfois difficiles avec ce cercle. A travers ses livres et son regard renouvelé du passé, refusant les idées reçues, à travers ses prises de positions dans les discussions et les polémiques, Juliette Bessis fut l’exemple de l’intellectuel qui refuse de se figer dans le confort du politiquement correct, acceptant de se remettre en cause et d’être dans un perpétuel questionnement par rapport aux faits historiques.

    J’ai eu l’immense plaisir, à chaque fois que je suis passé la voir dans son appartement bien situé au quartier latin, à engager avec elle des discussions, parfois dures, mais toujours sincères sur des questions polémiques.C’est pour cela que son silence obligé, va nous manquer. Mais les livres qu’elle nous a laissés, seront heureusement d’un grand secours pour apaiser notre chagrin et répondre à nos interrogations inquiètes.

    En ces moments de douleur, j’adresse mes sincères condoléances à ses deux filles : mes amies Sophie et Sandra, les assure de toute ma sympathie et partage avec elles leurs souffrances. Avec le départ de Juliette Bessis disparaît une tunisienne valeureuse, une combattante pour la libération de son pays natal et pour son indépendance, une  intellectuelle qui n’a cessé d’apporter un regard critique sur l’ histoire de ce pays, clin d’œil que nous percevons   comme le meilleur signe de fidélité aux origines et d’espoir pour  un avenir meilleur pour sa Tunisie. Paix à son âme !

     
    Par Habib Kazdaghli, historien, Doyen de la Faculté des Lettres de Manouba -
    20.03.2017
     
  • Maroc : Solidarité avec les Sahraouis ! (NPA)

    C’est un procès spectaculaire et suivi à l’échelle internationale qui s’est ouvert ce lundi 13 mars, à Rabat.

    Dans la capitale marocaine, 25 militantEs pour l’indépendance du Sahara occidental – dernière colonie « à l’ancienne » en Afrique, occupée jusqu’en 1975 par le colonisateur espagnol et depuis cette date par le Maroc – sont jugés en appel pour des affrontements dans le camp de Gdeim Izik en 2010.

    Trois avocatEs français participent au procès et plaident (avec beaucoup de mal) pour les accuséEs... vu qu’aucun avocat marocain ne peut plaider dans un dossier lié au militantisme sahraoui, sous peine de radiation du barreau !

    À l’époque des faits, le régime marocain avait fait attaquer le camp de protestation de Gdeim Izik, proche de la ville de Laayoune (la capitale du Sahara occidental occupé), où des Sahraouis déplacés dénonçaient leurs conditions de vie. Ce camp avait été implanté à partir d’octobre 2010 et comptait, au plus fort, jusqu’à 15 000 personnes abritées sous 3 000 tentes. L’attaque puis le démantèlement du camp le 8 novembre 2010, avait déclenché des affrontements dont le bilan exact est encore en discussion. Les autorités prétendent que 11 policiers auraient été tués lors des affrontements, et le Front Polisario, qui milite pour l’indépendance, a de son côté évoqué 36 tués dans ses rangs. Par ailleurs, deux civils ont été tués, 70 blessés et 163 personnes emprisonnées.

    Après avoir été torturés, 25 militantEs furent jugés en première instance en 2013, prétendument pour avoir tué les 11 policiers. S’il est probable que certains agents aient trouvé la mort lors des affrontements, les autorités marocaines n’ont jamais publié les noms des « victimes », réelles ou supposées, au nom desquelles elles poursuivent en justice les indépendantistes sahraouis... À la suite de ce procès tenu en 2013, les accusés ont été condamnés à des peines allant de 20 ans de prison jusqu’à la perpétuité. Les seules preuves à charge étaient des aveux... obtenus sous la torture !

    Faire le procès de l’occupation

    En juillet 2016, le Comité international contre la torture (organisme des Nations unies) a condamné le Maroc pour ces faits de torture. Cela a touché un point sensible, le régime marocain étant engagé dans une campagne de communication qui vise à le présenter à l’international comme un prétendu défenseur des droits de l’homme (surtout depuis la nouvelle Constitution de 2011... qui interdit formellement la torture !). Et au bout de trois ans et demi, les autorités marocaines se sont donc réveillées pour accepter un procès en appel pour les 25 condamnéEs de l’affaire de Gdeim Izik.

    Deux audiences se sont tenues jusqu’ici, les 26 décembre 2016 et 23 janvier 2017, avant la réouverture du procès cette semaine. Lors des premières audiences, il était facile de constater que le tribunal avait un parti pris plus qu’affirmé. Dès lors que les mots « torture » ou, pire aux yeux du régime marocain, « territoire occupé », furent prononcés, le président de séance, le procureur et les avocats des parties civiles (familles de policiers) se sont unanimement mis à insulter les avocatEs des Sahraouis. La séance a été levée à plusieurs reprises...

    Alors que l’émissaire spécial des Nations unies pour le Sahara occidental, le diplomate états­unien Christopher Ross, vient de démissionner, en partie à cause des ingérences de la France aux Nations unies au profit du régime marocain, la solidarité en France reste plus que jamais d’actualité. Une solidarité qui va à la fois aux Sahraouis et aux opposantEs marocains.

    Bertold du Ryon

    https://npa2009.org/

  • Soutien pour la maison LGBTQI de Sidi Bou Saïd (Ulule.com)

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    Appel à la solidarité.

    À propos du projet

     Bonjour, je m'appelle Amina Sboui, je suis une militante des droits humains, féministe et activiste LGBTQI. Après avoir passé deux ans à Paris, je suis de retour en Tunisie pour y terminer mon combat ; malheureusement j'ai assisté dès mon retour en 2015 à une montée d'homophobie. En Tunisie comme ailleurs, des dizaines d'activistes et personnes LGBTQI se retrouvent à la rue à cause de leur sexualité. Ma maison a servi de refuge pour eux, j'ai réussi à loger quelques dizaines de gays, transgenres, lesbiennes... Plusieurs d'entre eux trouvent une solution au bout de quelques jours, d'autres au bout de quelques semaines...

    Mais depuis presque deux ans la situation générale n'a pas changé.

    Aujourd'hui je n'ai plus les moyens de payer mon loyer, en dépit des personnes de la communauté qui ont encore besoin de ce refuge. C'est pour cela nous que nous avons besoin de votre aide. La maison se situe à Sidi Bou Saïd, un quartier sécurisé dans la banlieue nord de la Tunisie.

    Cette maison a été attaquée par des homophobes en mi-septembre, un groupe de cinq personnes ont tenté de forcer notre porte, armés d'armes blanches. Quelques semaines après, 800 personnes ont signé une pétition pour revendiquer notre évacuation de la maison. J'ai profité de mon passage à la télé à propos de ces incidents pour faire un coming-out (une première sur la télé tunisienne) et pour défendre notre communauté ; par la suite deux autre pétitions ont été créées pour nous soutenir, une signée par une quarantaine d'artistes et de militants tunisiens, l'autre par une vingtaine d'associations tunisiennes qui militent pour les droits humains.

    Nous avons tenu et nous voulons tenir encore.

    Merci pour votre soutien.

    Amina Sboui

    A quoi va servir le financement ?

    Pouvoir assurer plusieurs mois de loyer afin de perpétrer et soutenir notre communauté et LGBTQI de Sidi Bou Saïd.

    5000€ = 4 mois de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi
    8000€ = 6 mois de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi
    15 000€ = 1 an de loyer + divers frais de la maison + frais Ulule et frais d'envoi

    A propos du porteur de projet :

    Safia Lebdi, née à Clermont Ferrand s'est engagée des 1998 d'abord pour les femmes de son quartier, animant des réunions et puis une marche nationale dans 23 villes de France la marche des femmes contre les ghettos et pour l’égalité qui donnera naissance à l'association Ni Putes Ni Soumises. Fondatrice et porte parole elle refuse la récupération politique, elle crée ensuite les Insoumis-e-s.

    En 2010 elle sera élue régionale en Île de France avec EELV, elle présidera pendant six ans la commission du film qui organise l’industrie du cinéma de la région doté d’un budget de 14 millions d’euros. Elle soutiendra alors de nombreuses créations exprimant la jeunesse issue de l’immigration dont Houda Benyamina qui obtient en mai 2016 au festival de Cannes la Caméra d'or pour son premier long métrage, Divines. Safia organise parallèlement la venue à Paris des Femen d'Ukraine, participant à l'internationalisation de ce mouvement dont elle est l'inspiratrice. Apparaîtront ainsi d'éminentes Femen dans le monde arabe, pour un combat qui rejoint celui des LGBT, particulièrement en Tunisie et au Maroc. Elle se consacre maintenant à la production de documentaires et d'une collection de livres féministes donnant la parole à toutes ces femmes remarquables qu'elle aura rencontré dans son parcours.

    Ces liens vous aiderons également à mieux comprendre notre cas :

    http://www.bbc.com/news/magazine-34942881

    http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/tunisie-38-personnalites-publiques-185537

    http://www.middleeasteye.net/fr/reportages/tunisie-amina-l-ex-femen-n-est-pas-la-bienvenue-chez-elle-1592491241

    http://www.liberation.fr/direct/element/amina-sb-sboui-ex-femen-fait-son-coming-out-a-la-television-tunisienne_48240/

    http://www.wepostmag.com/habitants-de-sidi-bou-said-petition-contre-amina-sboui/

    http://www.tuniscope.com/article/102683/actualites/tunisie/menaces-amina-sboui-255814


    safia.l@hotmail.fr 

    https://fr.ulule.com/

  • N’oublions pas le calvaire des femmes en Syrie par Samar Yazbek (Souria Houria)

    En Syrie, la question des droits des femmes est indissociable de celle, affligeante, des Droits de l’Homme en général, malgré les tentatives du régime de se poser en défenseur progressiste et libéral des femmes.

    Elles subissent le même joug que les hommes, en plus de devoir se soumettre aux traditions patriarcales plus ou moins pesantes selon leur classe sociale et économique.

    Le régime syrien mène une politique perverse.

    Ainsi, l’Union des Femmes – fondée pour aider les femmes à revendiquer leurs droits et améliorer leur statut – dépend entièrement du régime et lui prête allégeance comme toutes les institutions partisanes et, en même temps, Bachar al-Assad autorise le groupe de femmes islamistes Kobeyssi à mener librement leurs activités de recrutement et de prosélytisme religieux.

    Dans ce contexte, les Syriennes, qui n’ont jamais cessé de lutter pour l’amendement de certains articles du Code civil, abusifs et injustes à leur égard, ont vu leurs libertés régresser depuis le soulèvement de mars 2011. Dès les premières manifestations pacifiques, les femmes se sont révélées comme la face lumineuse du mouvement populaire. Dans les villes, elles ont organisé et mené les manifestations côte à côte avec les hommes, rédigé et brandi les banderoles réclamant la démocratie, la libération des prisonniers et l’abolition de l’état d’urgence. Elles sont nombreuses à avoir fondé des associations civiles, juridiques ou révolutionnaires. Ecrivaines, poètes, artistes, cinéastes, avocates, militantes et anciennes détenues ont soutenu ou participé au soulèvement populaire aux côtés des femmes anonymes partout dans le pays, bien que l’action des femmes ait été plus réduite dans les campagnes où elles devaient militer séparément des hommes.

    Lorsque l’armée, les services secrets et les chabihha ont riposté avec la violence que l’on sait aux manifestants, les femmes ont dû limiter leur activité au secours social. Le nombre des militantes a aussi chuté après l’enlèvement et l’incarcération de plusieurs d’entre elles, proches parentes de militants recherchés par les services de renseignement.

    Ce n’est pas un fait nouveau : depuis les années 1970, de nombreuses prisonnières d’opinion ont subi la torture et le viol dans les prisons du régime.

    L’incarcération des femmes a toujours constitué une affaire grave dans la société syrienne traditionaliste à cause du viol et du harcèlement sexuel qu’elles risquaient de subir en détention et du déshonneur qui rejaillissait sur leurs familles. L’histoire de la militante Lama Chahoud est unique dans les annales: avant de décéder des séquelles de ses plaies dans un hôpital en Jordanie, elle a eu le courage de parler de la torture et du viol auxquels elle a été soumise pendant son incarcération. Ce n’est que sur son lit de mort qu’elle a réussi à transgresser la vision obscurantiste que portait la société arabe sur la femme violée.

    À mesure que la violence s’amplifiait dans le pays, que le bruit des armes s’intensifiait, que le communautarisme s’exacerbait et que les djihadistes envahissaient le territoire syrien par les frontières ouvertes, les femmes quittaient le devant de la scène pour se consacrer aux soins auprès des victimes, faisant passer clandestinement les médicaments dans les régions assiégées, traversant les barrages, dissimulant les blessés poursuivis, veillant sur les familles des prisonniers, réalisant des courts-métrages documentaires, se démenant sur les réseaux sociaux et enregistrant les violations du régime. L’avocate Razân Zeitouneh, qui a fondé le Centre de Documentation sur les Violations des Droits de l’Homme, est ainsi demeurée envers et contre tout dans la banlieue de Damas afin de participer aux projets civils – dont la scolarisation des enfants – jusqu’à son enlèvement. Elle a disparu entre les mains d’une brigade islamiste en compagnie de son époux et de son amie, Samira al-Khalil, ancienne détenue dans les prisons d’Assad père.

    La situation n’a fait que dégénérer depuis la fin 2013.

    La mainmise des diverses factions islamistes militarisées a contraint les femmes à adopter différentes attitudes selon les régions. Quand on évoque la situation des Syriennes, cet aspect est d’habitude occulté. Car le profond bouleversement provoqué par l’avènement de l’État islamique et des brigades djihadistes n’a pas seulement entraîné la violence flagrante, les bombardements et les massacres perpétrés par le régime et ses alliés. Une violence sournoise s’est aussi installée qui a miné lentement les bases de la société, banalisé la disparition tragique des humains en les réduisant à un nombre de victimes.

    Les femmes ont été les premières à payer le prix fort surtout dans les régions dominées par Daech, où elles ont été forcées de s’effacer et de se soumettre à la charia islamiste la plus radicale qui interdit toute mixité avec les hommes et qui réduit leur rôle à la sexualité et à la procréation.

    Dans les régions contrôlées par les brigades djihadistes telles que le Front al-Nosra ou Ahrar al-Cham, où les tribunaux religieux ont remplacé les tribunaux civils, où le voile a été imposé à toutes les femmes, une petite marge leur a été accordée, celle de s’occuper de l’instruction des enfants ainsi que de l’humanitaire. Mais elles ont subi des pressions de plus en plus fortes pour rester confinées chez elles et de nombreuses veuves se sont vues contraintes d’épouser des combattants venus d’ailleurs pour subvenir aux besoins de leurs familles restées sans soutien.

    Dans les régions telles qu’Idlib et la Ghouta de Damas, les femmes se sont rebellées et se sont regroupées au sein d’associations qui s’occupent de la scolarisation des enfants et apportent un soutien économique, politique, psychologique et technologique à leurs semblables. À Damas, elles ont fondé l’Association de Soutien au Soulèvement, entièrement dédiée à l’action pacifique. Aujourd’hui, elles gèrent efficacement les centres de Women Now et de Mazaya qui se trouvent souvent sur les lignes de front. Elles s’instruisent et instruisent leurs enfants en même temps, malgré les pressions sociales et religieuses, malgré les bombardements continus du régime d’Assad et des Russes. Elles ne cessent d’arracher la vie à la gueule même de la mort.

    La journaliste militante Zeina Arhim a quitté Londres où elle vivait pour revenir participer à la révolution dans le nord du pays, enregistrant et filmant les événements qui se déroulent entre Idlib et Alep. Ses trois documentaires de la série des Révoltées montrent le parcours de trois jeunes femmes qui ont refusé de s’exiler afin de participer à l’enseignement et aux secours et de témoigner des bouleversements survenus dans le pays. «Nous avons appelé de nos vœux l’armée libre et voilà que les djihadistes du monde entier déferlent chez nous. Nous avons revendiqué la liberté et nous nous retrouvons dans les chaînes. On veut m’obliger à me couvrir le visage et bientôt on m’imposera de ne plus respirer ! Je suis pourtant une femme libre et je vivais normalement avant l’arrivée des brigades radicales !», dit la jeune héroïne de l’un des films.

    Sous les pressions, les poursuites et les menaces des islamistes, Zeina Arhim a dû s’exiler, constatant qu’elle n’avait plus sa place en tant que femme et en tant que militante civile dans les régions dominées par ces brigades. Elle avait subi auparavant le même genre d’exactions de la part des services de renseignements du régime.

    Dans les régions dominées par Assad, la violence contre les femmes est d’une autre sorte: elle n’obéit pas aux critères de gender, mais à ceux d’allégeance et d’opposition. De nombreuses intellectuelles militantes ont vu leur réputation souillée pour mieux étouffer leur voix et, à défaut de les tuer concrètement, quelques figures féminines, parmi celles qui jouissaient d’une certaine aura symbolique, ont été immolées virtuellement sur la scène publique.

    L’exode et l’exil ont engendré de nouveaux modèles sociaux dans les camps des réfugiés. Les femmes sont soumises à des conditions abominables, depuis le mariage des filles impubères jusqu’à leur exploitation sexuelle et économique, en plus de l’hégémonie masculine. Les victimes sont issues en majorité des classes sociales les plus modestes qui n’ont pas eu accès à l’instruction ni au travail et pour lesquelles la religion constitue un modèle culturel de vie.

    Sur le plan politique, l’opposition officielle à Bachar al-Assad, représentée par le Conseil national et par la Coalition nationale, a eu recours à la même tactique d’exclusion ou de dépendance et la présence politique des femmes se limite presque toujours à une façade. Aujourd’hui, la situation est tellement désastreuse sur les lignes de front, dans les régions occupées par les brigades djihadistes et l’État islamique, et même ailleurs, qu’elle a freiné l’élan qui portait de nombreuses femmes à résister, les empêchant de s’engager dans une activité politique d’opposition.

    Reste les Syriennes d’origine kurde, qui jouissent d’une situation unique, d’un espace de liberté plus important qu’ailleurs: elles ont porté les armes et formé des brigades de combat contre l’État islamique, servant à la fois l’objectif politique et militaire des partis kurdes et constituant un outil de propagande politique en occident. Sur le front adverse, aucune stratégie généralisée de création de brigades de femmes islamistes n’a été relevée, excepté l’unique cas de la Brigade al-Khansa’.

    Confrontées à toutes les formes de violence, depuis le radicalisme religieux jusqu’aux crimes perpétrés par Assad, en passant par les avatars tragiques de la guerre, les Syriennes continuent d’avancer tant bien que mal sur le chemin qui les conduira vers les valeurs de liberté, de dignité et de justice. Mais cette route s’avère encore très longue.

    SouriaHouria.com سوريا حرية

     Souria Houria le 22 mars 2017

    Samar Yazbek

    Source : Nouvel Obs - Date de parution le : 15/03/2017

    souriahouria.com
     
  • Syrie Paris (20è)

    Evenement_20170324_SH-480x682.jpg

    24 MARS 2017

    ÉVÈNEMENT SOURIA HOURIA  • 

    A l’occasion du 6ème anniversaire de la Révolution Syrienne

    L’Association Souria Houria

    Vous invite au Débat :

    « LA GAUCHE FRANÇAISE ET LA QUESTION SYRIENNE »

    Avec

    ° Élise Lowy (EELV),
    ° Denis Sieffert (journaliste, directeur de Politis),
    ° Francis Sitel (Ensemble),
    ° Christian Varin (NPA),
    ° Dominique Vidal (écrivain)

    Evénement Facebook

    le vendredi 24 Mars 2017 à 19h00

    AGEA – 177, rue de Charonne 75011 Paris

    Métro ligne 2 Philippe Auguste – Métro ligne 9 Charonne

    animé par Farouk Mardam Bey

    http://www.anti-k.org/

  • Solidarité Maroc

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    Facebook

  • Ksibet El-Mediouni (Tunisie): la société civile revendique le droit à l’emploi (Africanmanager)

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    Les composantes de la société civile et des représentants de partis, à Ksibet El-Mediouni, revendiquent le droit à l’emploi, à un environnement sain et à des services publics de qualité.


    A l’issue d’un meeting tenu, lundi, Place des arts, ils appellent le gouvernement à mettre fin à la marginalisation de leur ville, l’exhortant à trouver des solutions aux problèmes de la pollution, du chômage, de la faiblesse de l’infrastructure et des services publics. Ils menacent d’une grève générale et d’une marche pacifique, le 2 mai 2017, si leurs revendications ne sont pas prises en compte.

    La ville de Ksibet El-Mediouni est devenue marginalisée du fait de sa situation sur le littoral, alors qu’elle l’était déjà dans le passé en raison de son militantisme et de son opposition au despotisme, déclare à l’agence TAP Mounir Hassine, président de la section du Forum tunisien pour les droits économiques et sociaux (FTDES), à Monastir.

    Les composantes de la société civile s’étaient réunies les 7 et 12 mars 2017 au siège du Forum, à Ksibet El-Mediouni, et avaient publié une déclaration dénonçant  » la politique de marginalisation  » menée contre leur ville.

     Tunis Afrique Presse -

    http://africanmanager.com/

    Lire aussi:

    Pollution : Baie de Monastir à Ksibet El Mediouni, un «triangle de la mort» (Nawaat)

  • Tunisie: Action protestataire nationale menée par 59000 ouvriers de chantiers (Mosaique fm)

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    59 mille ouvriers de chantiers ont observé aujourd’hui 21 mars 2017 une action protestataire nationale conformément à un appel lancé dans ce sens par le groupement des coordinations régionales des ouvriers de chantiers.

    Les ouvriers protestataires ont réitéré leur appel à la régularisation de leur situation professionnelle ainsi que leur intégration progressive. Plus de détails dans cette déclaration de Sami Khelifi, membre de la coordination.

    21 Mars 2017

    http://www.mosaiquefm.net/

  • Qui sont les militants israéliens pour la paix ? (Orient 21)

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    La société israélienne, comme toute société, n’est pas monolithique, et il existe des organisations et des militants, peu nombreux, en faveur de la paix et en faveur de la fin de l’occupation de la Palestine.

    En Israël, ces militants pour la paix agissent en ordre dispersé. Il n’existe pas d’organisation rassemblant les différents groupes. À quelques exceptions près, ils ne condamnent pas en bloc les guerres d’Israël à l’extérieur, mais plutôt la colonisation des territoires palestiniens.

    —  Combien sont-ils ? Quelques centaines, quelques milliers de membres actifs. La société israélienne est de plus en plus opposée à la création d’un État palestinien, et les positions du « camp de la paix » ne sont guère populaires.

    —  Qui sont-ils ? Il y a d’abord les ONG civiles. La principale est Shalom Archav (La paix maintenant). Fondée en 1978 pour soutenir les négociations entre Israël et l’Égypte, elle a joué ensuite un rôle important contre la guerre au Liban (en particulier entre 1982 et 2000) par de vastes manifestations, même si ses militants repartaient en général sans rechigner au Liban lorsque l’armée les y appelait. Son travail principal aujourd’hui est d’établir des cartes qui montrent la progression de la colonisation des territoires palestiniens. Le mouvement est divisé. En principe, il accepte de discuter avec le Hamas, qui gouverne Gaza, mais beaucoup de ses membres ne sont pas d’accord. La majorité est aussi défavorable au droit des Palestiniens réfugiés au retour dans leurs anciens foyers.

    Un autre gros travail est effectué par B’Tselem, qui signifie « À l’image de », d’après le verset de la Bible « Et Dieu créa l’homme à son image » (Genèse, 1 :27). Cette ONG rapporte au jour le jour les violations des droits des Palestiniens par l’armée israélienne : arrestations, violences, morts, etc.

    Dans l’armée, des mouvements de soldats éclosent périodiquement. Certains refusent de combattre dans des guerres extérieures. Yesh Gvul (Il y a une limite) a été créée par des officiers de réserve qui ont refusé de se battre au Liban en 1982, pour ne pas tuer des civils. Quelques militaires ont aussi refusé de se battre au Liban dans la guerre de 2006 contre le Hezbollah, pour les mêmes raisons. Depuis, Yesh Gvul soutient les conscrits et les réservistes qui n’acceptent pas de participer à la répression dans les territoires palestiniens. On peut aussi citer la « Lettre des pilotes », écrite par 27 aviateurs qui ont refusé de bombarder Gaza en 2003. Plus récemment, en 2014, des spécialistes de la surveillance électronique ont refusé de continuer à réprimer les Palestiniens. Et l’association Breaking the Silence (Briser le silence) est allée plus loin : ses membres décrivent en détail, dans les médias, les violences dont ils ont été les témoins quand ils étaient sous l’uniforme.

    En général, ces dissidents n’effectuent pas de longues peines de prison, mais ils paient cher leur action. Ils ont du mal à trouver un emploi et sont souvent exclus par leurs familles et leurs amis.

    Il existe aussi en Israël des mouvements politiques, très minoritaires, dont le programme porte pour l’essentiel sur la fin de l’occupation, la paix et l’égalité des droits entre Palestiniens et Israéliens. C’est le cas, par exemple, de Hadash, le Front démocratique pour la paix et l’égalité, qui réunit diverses organisations, notamment le parti communiste, et où se retrouvent Israéliens juifs et Palestiniens d’Israël. La liste unifiée qu’il a présentée aux élections législatives de 2015 a obtenu cinq sièges. C’est aussi le cas du Matzpen, parti trotskiste (Autrefois! Note du blog).

    Au-delà, il existe une kyrielle de petites organisations. Ainsi de Taayush (Coexistence), du centre d’information alternatif (Alternative Information Center, AIC, israélo-palestinien), de Gush Shalom (Bloc de la paix), ou encore de Machsom Watch, qui surveille l’action des soldats aux checkpoints, de Rabbis for Human Rights (Rabbins pour les droits de l’homme), d’autres qui reconstruisent des maisons palestiniennes démolies par l’armée, et de nombre de petites structures.

    Tout un arsenal législatif de lois nouvelles ou en débat au Parlement vise à empêcher le travail de ces organisations.

    Pierre Prier  20 mars 2017
     
  • La rébellion en pleine démonstration de force à Damas (Souria Houria)

    Un groupe rebelle syrien dans le quartier de Jobar, à Damas, dimanche, lors des affrontements sans précédent qui ont secoué la ville. Photo Amer Almohibany. AFP

    La capitale syrienne est depuis dimanche le théâtre de violents affrontements entre rebelles et forces du régime. L’occasion pour les insurgés, alliés avec les jihadistes, de galvaniser les troupes démotivées après la défaite d’Alep.

    Une bataille féroce et inattendue a éclaté ces dernières quarante-huit heures au cœur de la capitale syrienne. L’attaque, lancée dimanche par une coalition de groupes rebelles dans des quartiers de l’est de Damas, a pris par surprise les forces du régime de Bachar al-Assad. Ces dernières ont mené une contre-offensive appuyée par d’intenses bombardements aériens, reprenant lundi les positions perdues la veille.

    En six ans de conflit, les habitants de Damas n’avaient jamais vécu la guerre de si près. Elle fait rage depuis dimanche dans leur ciel et dans leurs rues.

    Surprise.

    Explosions, tirs de mortiers et d’armes automatiques ont même atteint la place des Abbassides, un carrefour central de la capitale, comparable à la place de la Nation à Paris. L’attaque coordonnée de plusieurs groupes de l’Armée syrienne libre (ASL) et de jihadistes du Front Fatah al-Sham, ancienne branche syrienne d’Al-Qaeda, était destinée à briser le siège de trois quartiers insurgés du nord-est de Damas, encerclés et bombardés par les forces du régime depuis des mois. Dimanche, l’offensive a commencé par deux voitures piégées lancées contre une position forte de l’armée et des milices progouvernementales, faisant des dizaines de victimes et provoquant surtout une grande panique dans leurs rangs. L’effet de surprise a permis l’avancée rapide des rebelles sur le terrain et la prise d’un tronçon de l’autoroute Damas-Alep, qui sépare les deux quartiers assiégés de Jobar et Qaboun. Cette voie a été une cible prioritaire de la contre-offensive menée par les forces du régime, qui ont réussi à la reprendre lundi matin grâce à leur supériorité militaire dans les airs. Des raids intensifs des aviations syrienne et russe se sont poursuivis, même après la reprise de positions conquises dimanche par les insurgés.

    Outre son objectif militaire local, cette bataille a été lancée par l’ASL «pour montrer que la révolution reste forte et que le régime n’a pas gagné la partie comme on le dit à l’extérieur», selon les mots d’un commandant.

    Dans un appel audio diffusé par WhatsApp aux groupes insurgés à travers le pays, le chef militaire de la région de Damas appelle à rallumer les fronts contre les forces du régime. Une volonté de remonter le moral des troupes transparaît dans cette démonstration de force en pleine capitale au moment où la rébellion syrienne est rongée par les divisions et la démotivation depuis la défaite d’Alep.

    Protestation.

    A quelques jours de la reprise des négociations sous l’égide de l’ONU, prévue jeudi à Genève entre les représentants du régime d’Al-Assad et de l’opposition, la rébellion veut ainsi signaler qu’elle ne désarme pas et peut résister à la capitulation. Les groupes armés qui avaient participé aux pourparlers d’Astana au Kazakhstan, initiés par la Russie, ont refusé de se rendre la semaine dernière à une nouvelle session de discussions. Un geste de protestation contre le non-respect par le régime du cessez-le-feu négocié en décembre par la Russie et la Turquie puisque les combats n’ont pas cessé dans le pays. Reste que le morcellement des forces opposées à Al-Assad entre modérés, islamistes ou jihadistes, qui se combattent ou se regroupent selon les régions et les adversaires à affronter, mine leur crédibilité dans toute négociation.

    Source : Liberation - Date de parution le : 20/03/2017

    Souria Houria le 21 mars 2017

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