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Révolutions Arabes - Page 28

  • Syrie : le peuple syrien résiste dans le chaos (NPA)

    Les discussions de « Genève IV » sur l’avenir de la Syrie se sont achevées en fin de semaine passée avec peu d’avancées concrètes, pendant que sur le terrain les affrontements continuent...

    Ces « négociations de paix » sous l’égide de l’ONU ont mis face-à-face le régime et différents acteurs de l’opposition : le Haut Comité des négociations (HCN), principale délégation de l’opposition, et des opposants proches de la Russie, le « Groupe du Caire » et le « Groupe de Moscou ». Une fois réaffirmées les divergences de fond, les discussions se sont conclues le 3 mars avec l’acceptation d’un « agenda clair » incluant quatre points : la lutte contre le terrorisme, la gouvernance – thème flou pour évoquer une transition politique –, la Constitution et les élections. L’ONU prévoit un nouveau rendez-vous en mars.
    Parallèlement, mardi 28 février, la Russie et la Chine ont mis à l’ONU leur veto à des sanctions contre le régime Assad pour l’utilisation d’armes chimiques. C’est la septième fois que Poutine utilise son veto pour protéger le régime de Bachar el-Assad, rejoint par la Chine pour bloquer six de ces sept résolutions. La nouvelle proposition de sanctions suivait une enquête conjointe menée par les Nations unies et l’Organisation pour l’interdiction des armes chimiques (OIAC), qui avait conclu en octobre que le régime syrien avait mené au moins trois attaques avec des armes chimiques en 2014 et 2015. Les enquêteurs ont déterminé que les djihadistes du groupe État islamique (EI) avaient eux aussi utilisé du gaz moutarde en 2015.


    Bombardements et attentats...


    Sur le terrain, le cessez-le-feu négocié le 30 décembre est quotidiennement violé, notamment par les bombardements de l’aviation du régime Assad et de son allié russe contre des régions où sont absents les djihadistes de l’EI et de Fateh al-Sham (initialement al-Qaïda en Syrie). Ils touchent particulièrement les civils. Les forces pro-régime continuent par exemple les avancées militaires et les bombardements sur la ville de Deraa.
    En même temps, Fateh al-Sham a revendiqué des attentats de kamikazes à Homs le samedi 25 février contre les services de renseignement du régime, faisant une quarantaine de morts dont Hassan Daaboul, le chef du renseignement militaire de Homs, un proche du dictateur Bachar el-Assad. En réponse, il y a eu une intensification des bombardements par les forces du régime contre le quartier assiégé d’al-Waer à Homs, aux mains de l’opposition.
    Ces attaques se sont produites au lendemain d’un autre jour sanglant en Syrie, où des attentats revendiqués par l’EI contre des forces de l’Armée syrienne libre (ASL) ont fait 83 morts, dont 45 civils, près d’Al-Bab dans le nord du pays.
    Plus récemment, dimanche 5 mars, l’EI a également perpétré deux attentats suicides dans la province d’Alep, tuant huit soldats du régime près de la localité de Deir Hafer et sept combattants de l’opposition armée à Azaz.
    Les forces de Damas ont repris la ville de Palmyre à l’EI, tandis qu’au moins 60 000 civils dans le nord de la Syrie ont fui les combats, marquant la double offensive, d’une part, des forces turques alliées à certains groupes de l’opposition armée et, d’autre part, des troupes du régime syrien appuyées par la Russie, chacune contre l’EI... mais en concurrence entre elles.


    Des forces démocratiques toujours présentes

    Malgré une situation toujours plus chaotique, des résistances civiles et démocratiques se poursuivent à la fois contre le régime et les forces fondamentalistes religieuses. Dans la campagne d’Alep, la population de la ville d’Atareb s’oppose depuis plusieurs semaines aux pratiques autoritaires de la nouvelle coalition « Hay’at Tahrir a-Sham » (HTS), dominée par les djihadistes de Fateh al-Sham. Des manifestations ont notamment eu lieu pour dénoncer les attaques du HTS contre le quartier général d’un groupe local de l’Armée syrienne libre (ASL), ou contre les tentatives djihadistes de prendre le contrôle de la boulangerie de la ville.
    De même, des conseils locaux sont toujours actifs.

    Au mois de janvier, des élections ont d’ailleurs eu lieu pour élire le conseil local d’Idlib. Il reste encore environ 300 conseils locaux dans les régions libérées, tandis qu’il en existait plus de 700 au début de l’année 2013.
    Cela démontre à nouveau que malgré la domination croissante de groupes militaires réactionnaires, les for- ces démocratiques civiles sont toujours présentes et actives, défiant les autorités lorsque les combats et les bombardements du régime et de son allié russe cessent. C’est pourquoi il est important de mettre un terme à la guerre qui ne profite qu’aux deux acteurs de la contre-révolution – le régime et les forces fondamentalistes réactionnaires – tout en refusant toute relégitimation sur la scène internationale d’Assad et de ses associés.


    Joseph Daher

     
  • La France « nation universaliste » ou comment légitimer l’impérialisme et la présence post-coloniale (Tendance Claire)

    L'hypocrisie du programme de la « France insoumise » éclate dans le chapitre 5: « Face à la guerre, instaurer l’indépendance de la France au service de la paix ».

    Derrière un discours pacificateur, Mélenchon veut « redonner » à la France un statut de « puissance », en tête d’un regroupement excluant les USA désignés implicitement comme « le seul méchant impérialisme ». L'objectif : être hégémonique notamment au sein de l'ONU et « face au désordre libéral et au changement climatique » imposer « un monde ordonné ». Mélenchon célèbre l’ONU comme « organe légitime pour assurer la sécurité collective » alors que comme son ancêtre la « Société des nations », c’est la « caverne des brigands » (Lénine), lieu de confrontation des principales puissances impérialistes. En effet, il est illusoire de croire et de faire croire que, dans un monde capitaliste, les États peuvent ne pas chercher à tirer leur épingle du jeux pour que leurs économies respectives se portent mieux que celles des autres. La compétition économique est nécessaire pour la survie des capitalistes.

    Dès le chapeau introductif, le ton est donné et c'est le chef lui même qui est cité : « Nous sommes une Nation universaliste […] Notre ancrage est en Méditerranée et avec les peuples francophones du continent africain, là où va se façonner l’avenir. »

    Il n'y a pas de meilleures façons pour affirmer que l'objectif est de maintenir une réelle présence post-coloniale et de maintenir sous tutelle les « peuples francophones », c'est à dire les peuples victimes de l'impérialisme et de la colonisation. Et que veut dire l’« avenir se façonne » ? S’il s’agit d’une nouvelle source de profit pour les capitalistes, alors nous le combattrons, et s’il s’agit d’un soulèvement de masses pour renverser le système, alors nous le soutiendrons.

    Dans le même temps, Mélenchon proclame qu'il faut « refuser la logique de choc des civilisations » (A1) et surtout « qu’il « faut arrêter les guerres », (F) pour permettre à chacun de vivre chez soi. Très bien mais alors pourquoi se félicite-t-il quand son ami Dassault vend des armes au monde entier ?1Puisque le secteur de l’armement est un des « fleurons » de l’économie française2, un défenseur de la « puissance » de la France comme Mélenchon n’y mettra aucune entrave.

    En outre, l'arrêt des guerres n'aura jamais lieu dans le cadre du capitalisme, car, comme l'a déclaré un des modèles de Jean Luc « le capitalisme porte en lui la guerre comme la nuée porte l’orage » (Jean Jaurès).

    Dans un capitalisme en crise, les capitalistes se battront de plus belle pour l'accaparement de richesses ! Pour engager de telles combats, les différents États au service des classes capitalistes nationales, sont toujours prêts à engager des guerres sanglantes (même s’ils prétextent des causes humanitaires et démocratiques). Seul.e.s les travailleurs/euses organisé.e.s et conscient.e.s de leur intérêts communs pourront mettre fin aux guerres capitalistes en mettant à bas ce système. Nous opposons l’internationalisme ouvrier aux arrangements entre impérialistes au sein de l’ONU.

    Mélenchon prétend vouloir « changer de stratégie » et rompre avec les pratiques actuelles concernant les relations internationales.

    Il n'a de cesse de parler de « diplomatie » et de « paix » mais toujours dans le même cadre : celui d'accords entre dirigeants de grandes puissances qui vont intervenir dans tel ou tel pays, avec la légitimité du plus fort. Il n'a de cesse de parler de l'ONU comme étant le « seul organe légitime pour la sécurité collective » (C1). Lorsque Sarkozy envahissait la Libye, le seul reproche que lui faisait Mélenchon était de n’avoir pas suffisamment agi dans le cadre de l’ONU… Mais qu’est-ce que cela aurait changé pour la Libye, qui a été durablement déstructurée ?

    Mais faut-il lui rappeler que siègent au conseil de sécurité de l'ONU les plus gros marchands d'armes et les pays qui ont causé le plus d'horreur dans le monde, dont la France ?

    Faut-il lui rappeler que l'ONU est simplement un outil de légitimation du pouvoir des grandes puissances atomiques ? Faut il lui rappeler qu'on n’apporte pas la paix les armes a la main ? Ce qu’il propose réellement s’apparente en fait à une politique impérialiste « à visage humain ».

    Concernant la Françafrique, il indique qu’il faut « respecter l’indépendance des États africains et la souveraineté des peuples en s’interdisant de se mêler des élections et réprimant les corrupteurs ».(I1) Louable promesse… Mais pas très explicite ! Dans le tandem France-Afrique, ce sont les capitalistes français comme Total, Orange, Vivendi et Bolloré qui sont les principaux corrupteurs. Il est nécessaire de les exproprier, et de donner le contrôle de leurs implantations en Afrique aux peuples eux-mêmes, à qui leurs ressources reviennent de plein droit ! Mélenchon n’a aucune intention de faire cela, même pas l’intention de nationaliser ces groupes.

    Chez Mélenchon, mettre fin à la Françafrique signifie respecter « l'indépendance des États ». Il devrait préciser comment : en mettant fin au franc CFA, en expropriant les grands patrons français comme Bolloré qui obtiennent des chantiers de construction monumentaux, en retirant toutes les forces armées qui occupent des pays entiers etc etc. Jamais Mélenchon n'y fait allusion, il se contente simplement de vagues postures. La réalité est qu’objectivement, il se retrouverait à la tête d’une France impérialiste qui continuerait à soumettre ses néo-colonies.

    Concernant la Syrie, Mélenchon veut une politique « pour l’éradication de Daech, le retour à la paix, la transition politique et la reconstruction de la Syrie »(G). Que signifie la paix en Syrie pour Mélenchon, lui qui appelle de ses vœux a « organiser des élections libres et pluralistes sans ingérences étrangères sous surveillance de l'ONU (donc avec ingérence) pour que le peuple syrien souverainement et démocratiquement de ses dirigeants » (G3).

    Assad a réussi à maintenir son pouvoir par la force grâce au soutien de ses alliés russes et iraniens. Des villes entières ont été rasées pour cela, 6 millions de personnes ont été déplacées et plus 350 000 tuées. Plus de 17 000 personnes ont été enfermées, torturées et tuées dans les geôles du »régime ». Aucune élection libre ne pourra avoir lieu avant des dizaines d'années dans un pays qui vit une guerre civile depuis plus de 5 ans et où il n'existe plus aucune force politique organisée si ce n'est les forces armées kurdes du PYD.

    De fait, sous un vrai langage politicien de vieux baroudeur de la politique, Mélenchon légitime le pouvoir d'Assad et se propose, comme généreux humaniste « d'organiser à Paris une conférence internationale pour la reconstruction de la Syrie et le retour des réfugiés en intégrant la partie kurde aux négociation de paix » (G4). Pour parler clairement, Mélenchon nous dit qu'il veux mettre autour de la même table boucher et victimes. Cela est honteux et montre la vraie nature de l’humaniste qui veux « instaurer l'indépendance de la France au service de la paix », c'est à dire traiter et légitimer un dictateur dans le but de lui renvoyer « ses » réfugiés. Notons de plus l'hypocrisie quand à son prétendu soutiens au forces kurdes lorsqu'il annonce « la garantie de l'intégrité de l’État syrien et de ses frontières »(G3). De fait, le Kurdistan syrien, le Rojava, est une enclave qui revendique la pleine possession de ces terres. On ne peut à la fois vouloir soutenir les Kurdes et Bachar Al Assad qui leur a annoncé récemment que leur « autonomie était provisoire ».

    La question des frontières est évoquée et les choses sont claires : « Refonder la politique européenne de contrôle des frontières extérieures et refuser la militarisation de la politique de contrôle des flux migratoires » (F3). L’Europe de Mélenchon serait toujours une Europe forteresse. Il assume d’ailleurs clairement qu’il n’a « jamais été pour la liberté de circulation ».3 La France insoumise chante l'Internationale à la fin de ses meetings, proclame qu’il faut « respecter la dignité humaine des migrants », mais cela ne restera que des mots. Des migrant.e.s continueront à mourir noyé.e.s en Méditerranée, en tentant de passer au travers du « Frontex à visage humain ».

    Mélenchon dit qu’au lieu d’accueillir les migrant.e.s, il faut éviter qu’ils émigrent en aidant leurs pays à se développer…

    Bien évidemment que ces hommes, femmes et enfants, la plupart du temps auraient préféré ne pas avoir à tout quitter. Mais ce sont les pays impérialistes du Nord, dont la France, qui profitent et entretiennent la misère et les guerres. La « realpolitik » de droite ou de gauche, comme celle de Mélenchon, conduit à épouser les intérêts impérialistes de la France et à prétendre ensuite qu’on ne peut accepter « toute la misère du monde ». La France insoumise, toujours dirigée par le CAC40, contribuerait toujours à piller le Sud, et à fermer la porte à celles et ceux qui fuient la misère. Nous refusons fermement cette position. Nous voulons renverser le capitalisme pour pouvoir à la fois accueillir en urgence les migrant.e.s, et permettre à tous les peuples de satisfaire leurs besoins de façon égalitaire.

    Ajoutons à tout ce merveilleux programme quelques petites touches un peu réacs de type « Unir le petit bassin méditerranéen autour d'objectifs communs de progrès » (J). Le chapeau est clair « Ne nous résignons pas à voir la mer Méditerranée devenir seulement un cloaque ou un cimetière pour migrants. Il y a tant d’intelligence et tant à faire autour d’elle. Reprenons le fil de l’histoire de l’humanité, faisons place à l’intelligence, à la culture, aux coopérations techniques, scientifiques, écologiques. La France doit assumer la responsabilité particulière créée par son histoire, sa géographie, sa langue, la richesse et la diversité de son peuple ». La France doit assumer sa responsabilité particulière c'est à dire être hégémonique dans cette zone.

    Terminons par un peu de nostalgie quant à la belle francophonie qui est « un trésor à faire vivre pour un monde meilleur et d'avantage mis en commun »(K) et nous avons là le discours du parfait néo-colon.

    Finalement, même si c’est noyé au milieu de dizaines de propositions, le programme complet de la FI et de JLM tient en une phrase au début du chapitre I : « Un autre monde est possible. Plus juste, plus ordonné, plus écologique et moins soumis à la finance. ». Aucune remise en cause de la propriété privée ou du capitalisme, simplement un faible désir chimérique d'un monde injuste un peu moins injuste. Outre l’utopie du concept, il s’agit aussi d’un monde plus juste dans lequel la France sera un moteur, comme lorsqu'elle « apportait la civilisation ». Un monde plus ordonné dans lequel la France tranchera les litiges internationaux « au service de la paix » : un jour en soutenant un dictateur, le lendemain en vendant des Rafales. Finalement, un monde ou des politiciens au service des capitalistes (français) décident à la place de tout le monde : rien de vraiment neuf sous le soleil !

    Tendance CLAIRE ( 8 mars 2017)

    1 France Inter, 1er février 2012

    2 La France est au coude à coude avec la Russie pour la deuxième place des pays plus gros vendeurs d’armes…

    3 http://www.europe1.fr/emissions/ledito-politique-dyves-threard/migrants-jean-luc-melenchon-muscle-son-discours-et-cree-le-malaise-a-lextreme-gauche-2856280

    http://tendanceclaire.org

    Commentaire: La "Tendance Claire" est un courant d'opinion du NPA.

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  • Yémen. La coalition dirigée par l’Arabie saoudite utilise des armes à sous-munitions brésiliennes contre des zones résidentielles (Amnesty)

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    Amnesty International a confirmé de nouveaux éléments qui attestent que la coalition dirigée par l'Arabie saoudite a récemment tiré des roquettes fabriquées au Brésil qui contiennent des armes à sous-munitions interdites, frappant trois zones d'habitation et les terres agricoles alentour au centre de la ville de Saada. Cette attaque a blessé deux civils et causé des dégâts matériels.

    Elle s'est déroulée le 15 février 2017 à 22h30. Il s'agit de la troisième utilisation confirmée d'armes à sous-munitions de fabrication brésilienne, recensée par Amnesty International au cours des 16 derniers mois.

    « La coalition dirigée par l'Arabie saoudite justifie de manière absurde l’usage d'armes à fragmentation en affirmant qu'elle respecte le droit international, malgré les preuves concrètes de pertes en vies humaines parmi la population civile prise au piège du conflit, a déclaré Lynn Maalouf, directrice des recherches au bureau régional de Beyrouth.

    « Les armes à sous-munitions sont non-discriminantes par nature et infligent des pertes inimaginables aux civils. Le droit international humanitaire coutumier en interdit l'usage en toutes circonstances. À la lumière des preuves qui s'accumulent, il est urgent que le Brésil adhère à la Convention sur les armes à sous-munitions et que l'Arabie saoudite et les membres de sa coalition cessent d'utiliser ces armes. »

    Les armes à sous-munitions sont non-discriminantes par nature et infligent des pertes inimaginables aux civils.
    Lynn Maalouf, directrice des recherches au bureau régional de Beyrouth

    Au lendemain des tirs de roquettes, Amnesty International a interrogé huit habitants, dont deux témoins – dont l'un a été blessé au cours de l'attaque. Elle s'est également entretenue avec un militant local et a analysé des preuves photos et vidéos fournies par l'organisme national de déminage, le Yemen Executive Mine Action Centre (YEMAC), qui a inspecté le site dans la demi-heure qui a suivi l'attaque.

    Les employés du YEMAC ont confirmé l'utilisation du même type d'armes à sous-munitions lors d'une autre attaque qui s'est déroulée fin janvier dans le directorat d'Abdeen, à cinq kilomètres au sud de la ville de Saada.

    Des zones d’habitation touchées

    Selon des témoins et des habitants, les roquettes ont frappé des zones d'habitation à Gohza, al Dhubat et al Rawdha, et des sous-munitions ont également atterri sur des maisons d'al Maallah et d'Ahfad Bilal, ainsi que sur l'ancien et le nouveau cimetière situés au centre de la ville, et sur les fermes environnantes.

    Latifa Ahmed Mueed, 22 ans, a raconté l'attaque contre Ahfad Bilal, qui s'est déroulée alors qu'elle se trouvait chez elle. Elle dormait avec son époux Talal al Shihri, son bébé de trois mois Hasan et son fils de trois ans Hussain.

    « La bombe s'est abattue sur la maison, et a pénétré dans la chambre par le plafond. Elle a laissé un grand trou rond dans le plafond. À ce moment-là, nous avons entendu une forte explosion et quelques secondes plus tard, la bombe explosait dans la chambre et nous avons été blessés. Trois autres bombes ont explosé à l’extérieur... Les enfants n'ont pas été blessés, mais étaient sous le choc... Mon mari a été blessé au pied par des éclats d'obus, et moi au pied gauche, et nous sommes allés le soir-même à l'hôpital d'al Salam. »

    La bombe s'est abattue sur la maison, et a pénétré dans la chambre par le plafond. Elle a laissé un grand trou rond dans le plafond. [...] Trois autres bombes ont explosé à l’extérieur... Les enfants n'ont pas été blessés, mais étaient sous le choc... Mon mari a été blessé au pied par des éclats d'obus, et moi au pied gauche
    Latifa Ahmed Mueed, rescapée d'une attaque aux armes à sous-munitions

    Il y a quatre mois, lorsque leur maison de Baqim, à 12 kilomètres au sud de la frontière saoudienne, avait été touchée par une bombe, la famille avait fui, parcourant 78 kilomètres pour rejoindre la ville de Saada.

    « Nous avons dû fuir notre maison de Baqim lorsqu'elle a été bombardée. La bombe est arrivée directement dans notre salon et a détruit l’habitation. Tout le monde a dû quitter la zone. Les bombardements étaient incessants. Nous sommes partis deux-trois mois après la frappe sur notre maison... Nous sommes partis à pied vers Saada et avons marché 20 kilomètres. J'étais enceinte de six mois à ce moment-là, et une voiture s'est arrêtée pour nous conduire jusqu'à Saada. »

    Un habitant d'al Maallah, l'une des zones touchées par l'attaque, a raconté à Amnesty International avoir entendu une forte explosion.

    « J'ai entendu une détonation très forte. Et juste après, j'ai entendu des sons très intenses, comme si quelque chose se répandait. C'était très rapide, cela a duré 20 à 30 secondes. »

    Le responsable de la 12e équipe du YEMAC, Yahya Rizk, a raconté à Amnesty International la visite de son équipe dans les quartiers d'al Rawdha et d'Ahfad Bilal.

    « Nous avons trouvé un disperseur et une sous-munition non explosée à al Rawdha. Al Rawdha est un quartier à forte population, où des bombes [sous-munitions] ont fracassé les toits de deux maisons. Une bombe a transpercé le toit et a blessé un homme et son épouse à Ahfad Bilal – l’engin est tombé dans leur chambre [vers] 23 heures. Ils ont été conduits à l'hôpital pendant la nuit. Ce sont surtout les propriétés, les maisons et les voitures qui ont subi des dégâts. Nous avons constaté 12 traces d'impact à al Rawdha, à côté des fermes fruitières. Et 12 ou 13 à Ahfad Bilal. Nous avons découvert une bombe [sous-munition] non explosée à al Rawdha qui est tombée d'un arbre et a atterri sur le sol ; nous l’avons photographiée. »

    L'équipe du YEMAC a confirmé avoir fait des recherches dans des zones à forte population de Gohza, où elle a constaté des traces d’impact et des dégâts sur les maisons. Yahya Rizk a déclaré : « Les bombes [sous-munitions] ont atterri sur les porches et entre les maisons. Elles ont toutes explosé et personne n'a été blessé. Cependant, toutes les fenêtres étaient brisées et jusqu'à 30 voitures endommagées. »

    En se fondant sur la description de l'équipe du YEMAC et après avoir examiné des photos et des vidéos des suites de l'attaque, notamment les photos de disperseurs et d'une sous-munition non explosée, Amnesty International a pu identifier les fragments de l’arme utilisée lors de l'attaque : il s’agit d’un missile sol-sol ASTROS II.

    L’ASTROS II, un système de lance-roquettes multiple monté sur un camion, est fabriqué par l'entreprise brésilienne Avibrás. L’ASTROS II peut tirer plusieurs roquettes de suite à brefs intervalles, et chaque roquette peut être équipée au maximum de 65 sous-munitions et possède un rayon d’action pouvant atteindre les 80 kilomètres, selon le type de roquette.

    Le site Internet de l’entreprise le décrit comme « un système d’armement stratégique ayant un fort pouvoir dissuasif. »

    Des preuves qui s'accumulent

    Amnesty International a recensé la première utilisation connue de ces types d'armes à sous-munitions au Yémen le 27 octobre 2015 à Ahma, au nord de Saada. Elles ont blessé au moins quatre personnes, dont une fillette de quatre ans.

    En mai 2016, Amnesty International a découvert de nouveaux éléments attestant de l’utilisation du même type d'armes à sous-munitions dans des villages à 30 kilomètres au sud de la frontière saoudienne à Hajjah. Pas plus tard qu'en décembre 2016, Human Rights Watch a également recueilli des informations sur l'utilisation d'armes à sous-munitions fabriquées au Brésil dans la ville de Saada.

    À ce jour, Amnesty International et Human Rights Watch ont recensé l'utilisation de sept types d'armes à sous-munitions libérées dans l’air ou tirées depuis le sol, fabriquées aux États-Unis, au Royaume-Uni et au Brésil. La coalition a reconnu utiliser des armes à sous-munitions britanniques et américaines dans le cadre d'attaques au Yémen.

    « Combien de civils doivent-ils encore être tués et blessés ou voir leurs biens détruits par ces armes interdites par le droit international, avant que la communauté internationale ne condamne l'utilisation d'armes à sous-munitions par la coalition que dirige l'Arabie saoudite et ne fasse pression sur les membres de cette coalition pour qu'ils adhèrent immédiatement à la Convention sur les armes à sous-munitions ? »

    COMPLÉMENT D’INFORMATION

    Les munitions à fragmentation contiennent entre des dizaines et des centaines de sous-munitions, qui sont libérées dans l’air, et se répandent sans discrimination sur une large surface pouvant mesurer des centaines de mètres carrés. Elles peuvent être larguées ou tirées depuis un avion ou, comme dans ce cas, projetées depuis des roquettes sol-sol.

    Les sous-munitions ont par ailleurs un taux de non explosion élevé – ce qui signifie qu’un fort pourcentage d’entre elles n’explosent pas à l’impact, et deviennent de fait des mines antipersonnel qui représentent une menace pour les civils des années après leur déploiement. L’utilisation, la production, la vente, et  le transfert de munitions à fragmentation sont prohibés par la Convention de 2008 sur les armes à sous-munitions, signée par près de 100 États.

    Le 19 décembre 2016, l'agence de presse étatique saoudienne a déclaré que le gouvernement saoudien avait décidé d'arrêter l'utilisation des  armes à dispersion BL-755 de fabrication britannique, tout en affirmant que « le droit international n'interdit pas l'utilisation des armes à sous-munitions » et que, si certains États sont parties à la Convention sur les armes à sous-munitions, « le royaume d'Arabie saoudite et tous les alliés au sein de la coalition ne sont pas membres » de cette Convention. Il a ajouté que la coalition avait utilisé des armes à sous-munitions britanniques contre des « cibles militaires légitimes », que ces armes n'étaient « pas déployées dans des zones résidentielles civiles » et que la coalition « a pleinement respecté les principes du droit international humanitaire de distinction et de proportionnalité ».

    Amnesty International a connaissance de la présence d'un objectif militaire, la base de Kahlan, à trois kilomètres au nord-est de la ville de Saada, mais la présence d'un objectif militaire ne saurait justifier l'utilisation d'armes à sous-munitions interdites par le droit international – particulièrement dans des quartiers civils fortement peuplés. S’il est vrai que le Brésil, le Yémen, l'Arabie saoudite et les membres de sa coalition qui prennent part au conflit au Yémen ne sont pas parties à la Convention, ils sont tenus aux termes du droit international humanitaire coutumier de ne pas utiliser d'armes qui par nature frappent sans discrimination et représentent toujours un danger pour les civils. La règle du droit coutumier qui interdit l'usage d'armes non-discriminantes par nature s'applique en toutes circonstances, y compris lorsque l'intention est de cibler un objectif militaire. 

    Selon le Landmine and Cluster Munition Monitor, qui effectue un suivi sur les mines terrestres et les munitions à fragmentation,Avibrás a vendu ce type d'armes à l’Arabie saoudite par le passé, et Human Rights Watch a recueilli des informations sur leur utilisation par les forces saoudiennes à Khafji en 1991.

    9 mars 2017

    https://www.amnesty.org/

  • Monde arabe. «Une phase contre-révolutionnaire qui n’est elle-même qu’une étape dans le processus de longue durée» (A l'Encontre.ch)

    Gilbert Achcar

    Entretien avec Gilbert Achcar

    Le livre [1] de Gilbert Achcar s’ouvre sur une citation de Gramsci qui donne son titre au livre: «La crise consiste justement dans le fait que l’ancien meurt et que le nouveau ne peut pas naître: pendant cet interrègne, on observe les phénomènes morbides les plus variés.» Gilbert Achcar ausculte ces symptômes morbides que semblent présenter les soulèvements arabes. Selon lui, seul «le changement radical social et politique» pourra constituer la panacée politique à «l’aggravation du choc des barbaries» qui menace cette partie du monde.

    A travers l’analyse du processus révolutionnaire en Syrie, en Egypte, en Libye et au Yémen, il tente aussi d’esquisser des leçons stratégiques utiles pour l’avenir. Après les dits «Printemps arabes », le monde arabe n’est pas forcément condamné à l’hiver et à la glaciation politique. Certes, Gramsci parlait aussi d’un «clair-obscur» d’où «naissent des monstres» et Daech [le mal-dit Etat islamique] en est l’exemple le plus probant. Mais de tout clair-obscur peut naître aussi la nuance. Une nuance politique à laquelle Gilbert Achcar s’essaie dans son livre et qu’il appelle de ses vœux pour les pays arabes.

    Comment expliquez-vous que le regard porté sur le monde arabe ait été d’abord pessimiste, avec l’idée, chère à Bernard Lewis, que ce monde était réfractaire, par sa culture même, à toute démocratie. Puis peut-être naïvement optimiste au moment des dits Printemps arabes. Et enfin, pessimiste avec cet hiver, voire glaciation actuelle que connaît cette zone du monde?

    Gilbert Achcar: Ce changement d’humeur s’explique d’abord par la sous-estimation de l’ampleur du défi auquel a fait face ce qu’on a appelé en 2011 le Printemps arabe. L’euphorie était due au fait qu’on a compris ces mouvements comme une simple transition démocratique qui serait réglée par une nouvelle Constitution et des élections libres. Dans les trois pays où des élections libres ont eu lieu en 2011-2012, la Tunisie, l’Egypte et Libye, cela n’a pas constitué une solution. Car le problème est beaucoup plus profond et concerne l’ensemble du système social et économique.

    Il y a eu en même temps sous-estimation de la difficulté que représente le changement socio-économique nécessaire, qui est beaucoup plus radical qu’un simple changement constitutionnel.

    Ce qui a commencé en 2011 n’était pas un «printemps», à moins de considérer ce printemps comme une première saison dans une longue succession de saisons. 2011 a été le début d’un processus révolutionnaire à long terme qui durera de longues années, voire plusieurs décennies. On n’arrivera à une stabilisation régionale qu’au prix d’un changement profond de l’ordre social et politique. A défaut de cela, on assistera à une alternance inévitable de phases révolutionnaires et contre-révolutionnaires, qui, vu les enjeux, ne peuvent être que très sanglantes. Après tout, en analogie historique, six ans après 1789, la France était un pays largement ensanglanté.

    Le monde arabe vit un moment contre-révolutionnaire, depuis que l’onde de choc de 2011 a buté sur le régime syrien. Ce dernier a été à l’origine du retournement de phase en 2013, grâce au soutien apporté par Téhéran. L’Iran est intervenu massivement aux côtés du régime syrien à travers ses alliés régionaux [Hezbollah et milices chiites irakiennes], ce qui l’a sauvé et lui a permis de lancer une contre-offensive après avoir été au bord de la défaite. Cela a signalé le retournement de phase: de la phase révolutionnaire des années 2011-2012, on est passé à une phase contre-révolutionnaire à partir de 2013. Le coup d’État du 3 juillet en Égypte organisé par le maréchal Sissi sera suivi par la guerre civile en Libye et au Yémen.

    Cette phase contre-révolutionnaire n’est elle-même qu’une étape dans le processus de longue durée. Autant l’euphorie de 2011 était à courte vue, autant le pessimisme absolu actuel est aussi de nature impressionniste. Le potentiel explosif de 2011 reste intact, car rien n’est réglé. Les questions sociale et économique, qui sont les vraies racines du soulèvement de 2011, avant même la question politique, ne font que s’aggraver. On verra inévitablement d’autres explosions dans cette région: d’autres « printemps » aussi peut-être, du moins on peut l’espérer.

    Quelles différences faites-vous entre les dits Printemps arabes et les révolutions européennes de velours?

    Ce qui s’est passé en Europe de l’Est a été un bouleversement radical des structures sociales, économiques et politiques. C’est un bouleversement de même ordre qui est requis dans le monde arabe. La différence majeure, cependant, est qu’en Europe orientale, l’Etat était une exception historique, un Etat dominé par des bureaucrates et non par des classes possédantes. Les bureaucrates n’ont pas le même intérêt que des possédants à défendre avec acharnement le système bureaucratique. Ils peuvent espérer se recycler dans un nouveau système, comme beaucoup l’ont bel et bien fait. Voilà pourquoi ces dictatures européennes, qu’on croyait irréversibles, se sont écroulées comme un château de cartes. Dans le monde arabe, que ce soit dans les monarchies ou certaines soi-disant Républiques, des familles régnantes possèdent une part majeure de l’économie et considèrent l’Etat lui-même comme leur propriété privée. L’appareil répressif est dès lors construit comme la garde prétorienne de la famille régnante.

    Vous montrez qu’il y a eu triangulation entre un pôle révolutionnaire et deux pôles contre-révolutionnaires, partis islamistes et défenseurs de l’ancien régime. Mais cette triangulation vaut-elle pour la Tunisie?

    Des six pays qui ont connu des soulèvements en 2011, la Tunisie présente les meilleures conditions politiques au sens où les conquêtes démocratiques ont pu y être sauvegardées jusqu’à présent. En Tunisie, les deux pôles contre-révolutionnaires ont préféré s’allier, au lieu de se faire la guerre comme ailleurs.

    Cela n’est pas dû à Ennahda [Mouvement de la Renaissance – Nahda en arabe, parti dit «islamo-conservateur»; lancé en 1981, sur la base d’une structure pré-existante liée aux Frères musulmans; le nom actuel est adopté en 1989], ni à Nidaa Tounes [«Appel de la Tunisie» lancé par Béji Caïd Essebsi en 2012; un historique du régime, avec des hauts et des bas, depuis le milieu des années 1960], mais d’abord et avant tout au mouvement syndical, le mouvement ouvrier tunisien. Lequel a d’ailleurs reçu le prix Nobel de la paix en 2015 pour son rôle majeur dans l’évolution démocratique du pays. C’est là où la Tunisie fait figure d’exception dans le monde arabe: c’est le seul pays où existe un mouvement syndical fort et indépendant.

    En Tunisie, nous avons désormais une alliance de raison entre les caciques de l’ancien régime et Ennahda. Une révolution de la jeunesse a abouti au final à un président de plus de 90 ans, venu assurer la continuité de l’Etat bourguibiste [Habib Bourguiba, 1903-2000, président de la République de Tunisie de 1957 à 1987, de l’État qui préexistait à Ben Ali [ministre de l’Intérieur et Premier ministre, de président de 1986 à 1987, puis Président de novembre 1987 à janvier 2011]. Ce n’est certes pas ce à quoi la jeunesse aspirait en 2011. La frustration politique de la jeunesse tunisienne, qui se conjugue avec un chômage massif des jeunes, explique aussi pourquoi ce pays a fourni le plus grand contingent à Daech, en proportion de sa population.

    Vous avez des mots très durs contre la politique de Barack Obama en Syrie. Pouvait-il agir autrement?

    .

    Barack Obama a une part considérable de responsabilité dans la tragédie syrienne. Il y a deux types de responsabilités possibles dans la dévastation d’un pays. Celle de l’avoir perpétrée directement, comme l’a fait l’administration Bush en Irak. Et la responsabilité qui consiste à laisser faire cette dévastation, comme l’a fait l’administration Obama en Syrie. J’appelle cela «non-assistance à peuple en danger». Barack Obama a refusé de soutenir l’opposition syrienne lorsque des laïcs et des démocrates y jouaient encore un rôle important. Il a non seulement refusé d’armer l’opposition syrienne, mais il a également opposé son veto à toute livraison d’armes antiaériennes à cette opposition de la part de ses alliés régionaux. La CIA contrôlait les frontières des côtés turc et jordanien afin d’empêcher la livraison d’armes de ce type à l’opposition syrienne. Dès lors, celle-ci a été laissée à découvert face à l’aviation du régime Assad, qui a détruit le pays et massacré la population, y compris au moyen de bombes-barils larguées par hélicoptère sur des zones d’habitation civile.

    Par ailleurs, en déléguant aux monarchies du Golfe le soin de financer, de gérer, d’armer l’opposition syrienne, Obama a laissé se produire cette situation où l’on a vu progressivement des groupes djihadistes devenir prépondérants dans l’opposition syrienne armée. Car ce sont eux qui ont été financés en priorité par les monarchies pétrolières. L’Europe a montré, quant à elle, son impuissance, en laissant faire. La France par exemple avait montré, en paroles du moins, le soutien le plus énergique à l’opposition syrienne. Mais ce soutien ne s’est pas traduit sur le terrain. Comme à son habitude, l’Europe a suivi les Etats-Unis et n’a pas su développer une politique propre. Elle aurait dû faire ce que les Etats-Unis ont refusé de faire, car c’est elle qui est le plus directement concernée par les conséquences, que ce soit la crise des réfugiés ou le terrorisme.

    Donald Trump n’est-il pas enfermé dans une contradiction: sur ce dossier syrien, il semble soutenir la Russie, mais il tient un discours anti-Iran. Or l’Iran est allié à la Russie. Comment résoudra-t-il cette contradiction?

    Il me semble que la contradiction est plus du côté russe, en effet. Donald Trump et Vladimir Poutine ont en commun l’islamophobie et une vision du monde en termes de choc des civilisations. La contradiction est dans le fait que la Russie se trouve alliée à l’Iran en Syrie, avec des groupes intégristes comme le Hezbollah libanais ou les groupes chiites irakiens. C’est dire à quel point prétendre que le régime syrien est un rempart contre l’intégrisme est une fumisterie quand on sait que c’est le Hezbollah et consorts qui contrôlent la situation sur le terrain du côté du régime.

    On peut s’attendre à ce que la nouvelle administration Trump mette comme condition à l’amélioration spectaculaire des relations russo-américaines que son président a promis le fait que la Russie fasse front avec les Etats-Unis contre l’Iran. Ce qui impliquerait une recomposition des alliances sur le terrain en Syrie, visant à bouter hors du pays les forces dépêchées par Téhéran. C’est une supposition logique, tout en tenant compte de l’imprévisibilité de Donald Trump.

    Vous écrivez « si une expérience démocratique parvenait à s’imposer en Syrie, elle constituerait un défi beaucoup plus important à l’ordre régional dominé par les États-Unis que tout ce que peut représenter le soi-disant État islamique ». Que voulez-vous dire?

    Pour l’Arabie saoudite, l’Etat islamique est une nuisance militaire, mais n’est en rien un contre-modèle. Leur inspiration idéologique est commune: l’interprétation la plus réactionnaire de l’islam généralement désignée sous l’appellation «wahhabisme». Par contre, une véritable révolution démocratique serait une menace beaucoup plus grande pour les dirigeants saoudiens. C’est ainsi qu’on a pu observer une convergence de fait, sur le terrain, entre le régime Assad et les monarchies du Golfe pour noyer la révolution syrienne dans l’islam le plus intégriste. Dans les premiers mois du soulèvement, Bachar al-Assad a fait relâcher les djihadistes de ses prisons afin qu’ils agissent dans l’opposition syrienne. De leur côté, les monarchies ont tout fait pour favoriser le développement de groupes intégristes dans cette opposition.

    À propos de l’Egypte, pourquoi le maréchal Sissi semble-t-il jouir d’une telle mansuétude en Occident alors que vous décrivez une répression d’une grande ampleur depuis sa prise de pouvoir? Ne préfère-t-on pas là encore un pouvoir fort plutôt que le chaos?

    Quiconque préfère le pouvoir fort au chaos ne comprend pas que c’est la dictature qui mène tout droit au chaos. C’est élémentaire. On l’a vu en Syrie comme en Libye, deux des pires dictatures du monde arabe. Depuis la guerre froide, l’Occident a privilégié le rapport avec des régimes despotiques dans le monde arabe. Toutefois, en 2011, les gouvernements occidentaux ont semblé exprimer un soutien aux mouvements démocratiques dans la région. Cependant, le naturel est revenu au galop: on se résigne de nouveau à traiter avec les dictatures.

    Sissi est en train de créer les conditions d’une explosion majeure en Egypte, qui ne sera une place Tahrir bis, mais bien plus tragique. Au lendemain du coup d’Etat du 3 juillet 2013, l’Union européenne est intervenue pour tenter de négocier un compromis entre militaires et Frères musulmans, mais Sissi a refusé tout compromis. Depuis, il a établi des rapports avec Moscou pour contrebalancer les pressions occidentales. Très vite, on a vu les gouvernements européens offrir ce spectacle désolant de rapports normalisés avec ce dirigeant brutal. La France a malheureusement été en pointe en vendant des Rafales à Sissi, alors que l’Egypte a déjà une dette énorme et souffre d’une grave crise économique.

    Pour éviter que le monde arabe soit toujours pris en tenaille entre le militaire et le djihadiste, où se situe l’espoir?

    Je distingue optimisme et espoir. Il n’y a aucune raison d’être optimiste aujourd’hui, malheureusement. Mais l’espoir reste permis tant que le potentiel de libération révélé en 2011 est toujours là, dans la génération qui a fait la formidable expérience du Printemps arabe et qui pourrait constituer une alternative aux deux pôles contre-révolutionnaires que sont les anciens régimes et les intégristes. Même pour un pays comme la Syrie: il faut se réjouir qu’une grande partie des jeunes qui ont fait le soulèvement de 2011 soient partis en exil. Ils ont ainsi pu survivre et préserver un potentiel de changement politique. Ce ne sera pas facile, mais ce n’est pas impossible. Surtout si l’on n’oublie pas que l’on est encore au tout début d’un long cheminement historique. (Entretien donné à Point Afrique, le 3 mars 2017, propos recueillis par Hassina Mechaï)

    * Symptômes morbides. La rechute du soulèvement arabe. Sindbad, Actes Sud, 2017.

    Publié par Alencontre le 10 - mars - 2017
     
  • Israël est, par définition, une colonie européenne (UJFP)

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    Comment se fait-il que la Palestine, partie intégrante du Moyen-Orient, et morceau de terre habité depuis l’Antiquité par une population orientale ayant adopté, depuis plus d’un millénaire, la culture et la langue arabe, à l’instar de la Syrie, de l’Égypte ou de l’Algérie, soit, en une centaine d’années, devenue un État peuplé de migrants venus du monde entier ?

    On s’interrogera également pour comprendre comment la population originelle de la Palestine est dispersée dans des camps de réfugiés, une partie étant soumise à un pouvoir militaire d’occupation, et une minorité d’entre –elle, seulement, disposant de la citoyenneté dans le nouvel État d’immigrés, qui se considère comme faisant partie de l’Occident. Les réponses à ces interrogations se situent dans un contexte en dehors duquel le conflit entre le sionisme et le monde arabe demeure incompréhensible ; à savoir : le colonialisme.

    Le tableau est bien connu : des migrants européens colonisent par la force, malgré la résistance des indigènes. Ils créent une société séparée, en tirant avantage de leur supériorité militaire et d’organisation, pour évincer les populations autochtones et dominer le territoire. Souvent, ils remplacent la population originelle, expulsée ou victime d’un génocide. C’est, peu ou prou, une même histoire qui s’est jouée en Australie, en Amérique du Nord, en Afrique du Sud, et en d’autres lieux où sont venus s’implanter des migrants européens.

    L’histoire n’est pas fondamentalement différente en Palestine, même si plusieurs générations d’endoctrinement sioniste, ponctuées de mythes inventés et de récits appropriés pour servir la population d’immigrés, ont tenté d’inverser cette réalité, afin de procurer un soutien rationnel à ce qui demeure essentiellement une entreprise coloniale de dépossession, qui se poursuit à ce jour.

    Les soutiens du sionisme soulignent sa différence par rapport aux autres mouvements de colonisation :

    absence d’un État métropole, invocation par les sionistes d’une promesse divine, où encore des « droits historiques » du « peuple juif ». Cependant, la croyance religieuse de l’homme et une théorie sur ses origines ancestrales ne lui confèrent aucun droit. Tels sont les pieds d’argile sur lesquels se tient le géant théorique du sionisme, et avec lui, le système d’endoctrinement visant, en Israël, à formater chaque enfant, dès le plus jeune âge.

    Ces présupposés erronés donnent aussi lieu à la vision symétrique des sionistes qui voient dans le conflit un affrontement entre « deux mouvements nationaux », deux occupants revendiquant un droit de propriété également légitime sur la dite-terre.

    Mais c’est, évidemment, une fausse symétrie : les familles Gryn, Shertok, Bégin, Yezernitski et Milikowski, venues de Pologne et de Russie, tout comme la famille Osterman, devenue Avneri, issue d’Allemagne n’ont pas de droit sur le lointain morceau de terre, du seul fait de leur croyance religieuse, ou de la théorie invoquée de leurs origines ancestrales. L’existence d’une « métropole » n’est pas indispensable pour définir un colonialisme, qui est l’installation sur une terre, par la force.

    Au regard de cette réalité, non seulement le sionisme n’est pas spécifique, mais il présente des traits de ressemblance évidents avec d’autres colonisations européennes dans le monde, où les immigrants européens se sont heurtés au « problème démographique » des indigènes qui se sont trouvés sur leur route, alors que les colons aspiraient à se construire une société et un État, avec une culture et un régime européens, tout en effaçant l’existence de la population autochtone. Ainsi est né le mythe d’un « territoire vide ». De façon tout à fait caractéristique, ils attribuent à la barbarie des indigènes et à leur haine irrationnelle, l’opposition à l’invasion coloniale et au processus de dépossession.

    Le mouvement sioniste doit être perçu comme un produit du « Zeitgeist » (« esprit de l’époque ») dominant dans l’Europe du 19ème siècle où se sont épanouis le nationalisme ethnique et le colonialisme, animés d’une idéologie et de la foi en la supériorité de l’homme blanc.

    « Les Juifs, aussi, forment un peuple », ainsi avaient statué des idéologues sionistes. Cependant, les Juifs ne constituant, dans aucune région géographique significative, une majorité démographique, il fut décidé qu’ils pourraient concrétiser leur nationalité hors de l’Europe, et-dans l’esprit du colonialisme européen- aux dépens d’une population indigène au derme foncé- : qu’il s’agisse du Kenya (le « projet Ouganda »), de l’Argentine ou de la Palestine. Faut-il le préciser : le mouvement sioniste n’a jamais envisagé sérieusement de créer un État juif en Europe orientale, là ou vivaient 90% des Juifs du monde ?

    A ce stade, revenons à la tentative d’Ouri Avneri de répondre à la question : « Qui a commencé la guerre ? », et donc : qui a créé le conflit ?

    Ce sont-là de vaines questions, tout comme est stupide l’interrogation consistant à savoir par qui a été tirée la première balle. La question plus pertinente pour la compréhension du sujet est bien la suivante : « Quelle est l’origine du conflit ? », et partant : « Quelle en est l’essence ? ». La question sur l’origine appelle une réponse claire : à la genèse du conflit, il y a la colonisation de la Palestine par des immigrants européens, et la volonté de créer un État juif sur un territoire peuplé, à environ 95%, d’habitants non-juifs.

    Étant donné qu’aucune population indigène n’acceptera que l’on s’empare de ses terres, ni de devenir minoritaire dans son pays au bénéfice des immigrés, et a-fortiori d’être réduite en situation de minorité dans un État exclusiviste d’immigrants (ce qui est la signification effective d’un « État juif »), il va de soi que l’objectif du sionisme ne pouvait être réalisé que par la force armée. D’où le nécessité d’une implantation coloniale ; autrement dit :d’une immigration coloniale contre l’accord et la volonté de la population locale (Jabotinsky a su le mieux exprimer cela dans son texte classique : « Le mur de fer »).

    L’immigration coloniale s’apparente, en tout point, à une invasion ; aussi l’invasion coloniale en Palestine, amorcée à la fin du 19ème siècle, constitue-t’elle l’origine du conflit qui se poursuit jusqu’à nos jours.

    On peut voir les choses ainsi : qui a engagé le conflit entre les indiens d’Amérique du Nord et les colons venus d’Europe ? Qui a envoyé la première flèche ou tiré la première balle ? La question est moins pertinente que celle portant sur : « quelle est la cause du conflit ? ». La réponse s’impose d’évidence : l’invasion européenne en Amérique du Nord. A l’identique, pour la Palestine la réponse sera : la colonisation de ce pays par des colons recourant à la force armée. Quand quelqu’un s’introduit par effraction au domicile de quelqu’un d’autre : qu’il tire le premier sur le locataire, ou bien que celui-ci agresse l’intrus, ne change rien au fait que l’effraction constitue la cause du conflit entre eux-deux.

    La Grande-Bretagne n’avait pas le droit d’assurer en Palestine un « foyer national » aux Juifs d’Europe, pas plus que les États-Unis ont le droit de garantir un « foyer national » aux Mormons de l’Utah en Afghanistan, ou que le chef d’une tribu d’Afrique aurait le droit d’assurer aux Yézidis d’Irak un « foyer national » en Angleterre. Le sens de la déclaration Balfour correspondait donc bien, à un engagement d’implantation coloniale au cœur du Moyen-Orient, à l’instar de l’Amérique du Nord, de l’Australie, de la Nouvelle-Zélande, etc. C’est ainsi qu’a été ouverte la voie au dernier conflit colonial dans le monde : conflit qui perdure encore aujourd’hui entre une population d’immigrants s’appuyant sur la force armée, et une population autochtone subissant la dépossession.

    Mais revenons à 1948, et à la question : « Que s’est-il véritablement passé ? ».

    Si l’on prend en considération le contexte colonial : les États arabes sont venus en aide aux habitants autochtones de la Palestine, soumis depuis quasiment six mois aux attaques et à un nettoyage ethnique de la part des colons sionistes (quiconque conteste cette expression doit s’interroger : en quel endroit du monde a-t’on autorisé des milices et des institutions étatiques séparées ?).

    En mai 1948, on comptait déjà un quart de million de réfugiés palestiniens, et de grandes villes comme Jaffa et Haïfa avaient subi un nettoyage ethnique de leur population palestinienne, effectué par les milices sionistes. La conquête de la Palestine battait son plein. Les États arabes ont finalement échoué pour plusieurs raisons, dont leur infériorité militaire, numérique et en matière d’organisation. 78% du territoire de la Palestine du Mandat se sont retrouvés sous l’occupation coloniale des immigrés, après que près de 80% de ses habitants autochtones aient été victimes d’un nettoyage ethnique. La conquête sioniste a été parachevée en 1967.

    L’analogie proposée par Avneri de : « l’homme qui saute d’un bâtiment en feu et atterrit sur la tête d’un passant » constitue un enjolivement tendancieux de la réalité, qui fait fi de données majeures : le projet sioniste a été pensé et programmé d’emblée comme un plan de dépossession, dont la description figurait dans les écrits de Théodore Herzl, dès le 19ème siècle. Selon la langue juridique, sont bien présents : l’intention, le mobile, et la preuve incontestable que l’objectif de créer un « État juif » a été obtenu.

    L’Histoire offre des précédents pour la résolution de conflits coloniaux comme le conflit entre le sionisme et les Arabes. Dans la plupart des cas, la population autochtone a effectivement subi une défaite et encaissé de rudes coups, mais le processus qui a conduit à la solution sans laquelle, il serait difficile d’imaginer aujourd’hui la plupart des anciens États coloniaux, a été la décolonisation : la phase où les immigrés renoncent à leurs droits exclusifs, transforment la colonie en un État de tous ses citoyens, sans distinction de religion, de race et de « nationalité », et, dans plusieurs cas, dédommagent les autochtones pour l’injustice historique.

    Il est difficile d’imaginer Israël, en tant qu’État de supériorité juive, et quelles que soient ses frontières, vivant en paix avec l’environnement moyen-oriental, tout en continuant de s’auto-définir comme État juif et de poursuivre durablement la dépossession coloniale, tout comme il était difficile d’imaginer l’Afrique du Sud établissant des relations d’amitié avec les pays voisins alors que subsistait le régime d’apartheid.

    Les descendants d’esclaves peuvent vivre à égalité avec les descendants de propriétaires d’esclaves, et les descendants des Incas peuvent habiter dans une même configuration avec les anciens conquistadors espagnols, de même, Juifs et Arabes peuvent vivre dans un État de tous ses citoyens.

    C’est la seule solution à long terme.

    lundi 6 mars 2017 p

    par Aaron Tordjman (article publié dans Haaretz le 27 février 2017).

    Traduit de l’hébreu par Michel Bilis.

    L’auteur est le rédacteur de la page Facebook : « guide du sioniste qui se remet en question »

    http://www.ujfp.org/

  • Cergy-Pontoise, le 30 mars 2017 (CGT)

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    RENCONTRE-DÉBAT SUR LA PALESTINE

    Rencontre-débat organisée par la CGT du Val d’Oise et l’Union Locale de l’Est du Val d’Oise, dans le cadre de La Journée de la Terre et La Journée internationale de solidarité avec les prisonniers syndicalistes et politiques palestiniens.

    Plusieurs associations, personnalités syndicales CGT et politiques seront présentes à cette initiative.

    Avec la participation de :

    • M. SALMAN EL HERFI, Ambassadeur de Palestine en France
    • Mme NOHA RASHMAWI, Chef de Cabinet de l’Ambassade
    • M. QASSAM BARGHOUTI, fils de Marwan Barghouti figure de paix et de résistance en Palestine, emprisonné depuis quinze ans
    • M. PIERRE BARBANCEY, Grand Reporter au journal l’Humanité
    • M. TOUFIQ TAHANI, Association France-Palestine Solidarité Val d’Oise
    • M. PIERRE STAMBUL Union Juive Française pour la Paix.

    http://www.ujfp.org/

  • Boycotter et sanctionner Israël, il n’y a pas d’alternative. (UJFP)

     

    Ce texte, écrit le 3 février vient d’être publié par le mensuel "Courant Alternatif".

    Mai 2016 : nous nous trouvons à al-Mugraga, un bidonville insalubre de la bande de Gaza où des Bédouins, chassés en 1948 de leurs terres, vivent toujours sans maison, sans eau, sans électricité, sans toilettes ... Un vieux Bédouin qui a connu le nettoyage ethnique de 1948, apprenant que nous sommes français, nous demande : "et à propos, que pensez-vous de l’initiative française ?" Dans la pire des situations, même s’il n’y croit pas, il s’accroche à toute lueur d’espoir.

    Une "communauté internationale" qui a presque toujours failli.

    On nous a souvent répété en Palestine les propos suivants : "cette guerre est venue de l’étranger. Il y a eu le vote du plan de partage de 1947. Il y a eu l’admission à l’ONU d’Israël alors que ce pays violait la résolution 194 sur le retour des réfugiés chez eux et détruisait leurs villages. En 1967, l’ONU a toléré le viol de la résolution 242 sur l’évacuation des territoires occupés. Aujourd’hui, avec la colonisation et le blocus de Gaza, c’est pire. Alors la solution viendra à la fois de la résistance/résilience de la société palestinienne et de la solidarité internationale qui imposera le droit."

    La résistance, nous l’avons constatée, aussi bien en Cisjordanie qu’à Gaza. Face à l’apartheid et au projet israélien de faire des Palestinien-ne-s les Amérindien-ne-s du Proche-Orient, ils/elles continuent à maintenir le lien social et à croire en l’avenir. Les enfants sont scolarisés avec un effort énorme pour la réussite scolaire ou universitaire. Ils/elles multiplient les structures de partage et de solidarité englobant les plus pauvres. Ils/elles s’acharnent à produire coûte que coûte et à ne pas devenir des assisté-e-s. Ils//elles continuent à résister pacifiquement face à la colonisation, au mur, au blocus, aux exécutions extrajudiciaires, à l’emprisonnement massif, aux humiliations ...

    La solidarité internationale, elle progresse, elle existe à la base. Il est symptomatique de voir qu’en France, il existe des comités soutenant les droits du peuple palestinien partout, y compris dans les petites villes et les zones rurales.

    Mais dès qu’on passe au niveau des États, de l’Union Européenne ou de l’ONU, c’est l’horreur.

    Il y a eu dès 1947 un consensus des puissants de ce monde pour rayer la Palestine de la carte. "Les vieux mourront, les jeunes oublieront" avait dit Ben Gourion.

    Mais la Palestine n’a jamais cessé d’exister, malgré l’impunité offerte en quasiment toute circonstance aux dirigeants israéliens. Deux fois dans son histoire, Israël a été (légèrement) sanctionné et cela s’est aussitôt traduit par un recul. En 1957, le Conseil de Sécurité unanime a exigé le retrait israélien du Sinaï fraichement conquis. Moshé Dayan a obtempéré. En 1991, Georges Bush (père) voulait remodeler le Proche-Orient en profitant de la chute de l’URSS. Le Premier ministre israélien de l’époque, Shamir, refusait toute négociation. Bush a fait tomber son gouvernement en menaçant de ne pas garantir l’emprunt finançant l’immigration des Juifs soviétiques..

    Il est donc clair qu’on peut faire reculer Israël et que la complicité dont jouit cet État est un choix politique et pas une fatalité.

    Après la création de l’OLP et l’occupation de 1967, l’ONU a affirmé (en 1974, il y a 43 ans) les "droits inaliénables du peuple palestinien" ! Arafat avait pu s’exprimer, établir clairement la distinction entre judaïsme et sionisme et proposer une paix basée sur le "vivre ensemble". C’est sciemment que l’ONU a protégé Israël pour empêcher une telle solution.

    Oslo et le mirage du processus de paix

    En signant les accords d’Oslo, la direction palestinienne a accepté des concessions incroyables : elle s’est résignée à un État palestinien-croupion réduit au mieux à 22 % de la Palestine historique. Elle a signé sans obtenir rien de précis, ni sur la colonisation (et Rabin a installé juste après 60000 nouveaux colons), ni sur Jérusalem. Et elle a renoncé de fait au droit au retour des réfugiés qui ne peut avoir de sens que s’il se fait dans l’ensemble de la Palestine historique.

    La réaction d’Israël a été d’exiger que l’Autorité Palestinienne "assure la sécurité d’Israël", de boucler les territoires palestiniens et de licencier celles et ceux qui travaillaient en Israël. Quand, après une répression terrible, Arafat a refusé de signer à Taba (en 2001) ce qu’il estimait à juste titre être une capitulation, Clinton et Barak lui ont dit (lire Charles Enderlin à ce sujet) : "tu signes ou tu es un homme mort et nous te ferons porter la responsabilité de l’échec." Et c’est ce qui s’est passé.

    Dans les années qui ont suivi, la communauté internationale a multiplié des pseudo-négociations qui étaient autant d’exigences de capitulation envers les Palestiniens : Annapolis, feuille de route, quartet, sommets ... Autant de poudre aux yeux misérable. Toujours, la "communauté internationale" a parlé "d’équilibre" et de "modération", mettant sur le même plan la victime et le bourreau, l’occupé et l’occupant, et garantissant l’impunité au rouleau compresseur colonial et aux auteurs de crimes de guerre ou de crimes contre l’humanité.

    "Oslo a échoué, c’est fini. On espérait par Oslo obtenir un État indépendant. Nous ne l’avons pas obtenu. Le nombre de colonies s’est multiplié et la division est arrivée. L’occupation a tué Oslo". C’est Ammal Hamed, dirigeante à Gaza du Fatah (le parti qui a imposé Oslo) qui nous a fait cette déclaration en 2016.

    Obama est sans doute le plus parfait exemple de la duplicité de la communauté internationale. Il aura certes fait un discours courageux au Caire (2009) et tenu des propos contre la colonisation. Mais, sauf une fois quelques jours avant l’arrivée de Trump, il aura systématiquement protégé Israël avec le véto américain au Conseil de sécurité. Il aura offert à Nétanyahou, juste après le massacre de "Bordure Protectrice" à Gaza (2014) plus de 3 milliards de dollars pour qu’Israël reconstitue son stock de munitions et il aura garanti un prêt de 38 milliards sur 10 ans pour qu’Israël achète ... des armes américaines.

    Idem pour Hollande. Il a criminalisé le BDS. En voyage en Palestine, il a demandé aux Palestiniens d’abandonner leur rêves fous : les blocs de colonie, Jérusalem, le droit au retour des réfugiés. Pendant "Bordure Protectrice", l’ambassade de France à Tel-Aviv a organisé un bal de solidarité ... avec Israël.

    Franchement, Nétanyahou serait idiot de changer de politique. Non seulement, quoi qu’il fasse, il n’est pas sanctionné, mais on lui fait des cadeaux somptueux.

    Que peut-on attendre de la diplomatie ?

    Il existe dans le mouvement de solidarité pour la Palestine des forces qui privilégient l’action auprès de l’ONU, de l’Union Européenne ou des gouvernements, bref qui multiplient le lobbying.

    Bien sûr, c’est utile, ça essaie de contrebalancer un lobbying sioniste extrêmement efficace. Quelque chose comme la résolution 2334 du Conseil de Sécurité (2016) affirmant que la colonisation est illégale est une bonne chose. Cela démontre l’impopularité d’un régime israélien qui se comporte en permanence en voyou meurtrier.

    Mais sur le terrain, cela n’a pas le moindre effet.

    Il faut comprendre que ce n’est pas parce qu’ils sont mal informés que la quasi-totalité des dirigeants occidentaux sont complices d’Israël. Ils savent ce qui se passe, des diplomates nous l’ont confirmé : les gouvernements sont au courant des emprisonnements, des exécutions, des vols de terre, des destructions de maison ... Mais Israël, morceau avancé d’Occident en plein Proche-Orient, pays européen surarmé aux technologies de pointe, modèle de surveillance, d’enfermement et de répression des populations jugées dangereuses est fondamentalement ce qu’ils souhaitent. Un État d’Israël qui accepterait de vivre en paix et dans l’égalité avec ses voisins ne les intéresse pas. Pour tenir le Proche-Orient, l’Occident a besoin d’Israël et des pays féodaux, esclavagistes et patriarcaux du Golfe.

    Il n’y a AUCUN espoir qu’à froid, les dirigeants occidentaux se décident à siffler vis-à-vis d’Israël la fin de la récréation ou plutôt la fin de l’impunité. Une telle décision ne pourra être que la conséquence d’un pas en avant de la solidarité internationale et de la résistance palestinienne capables ensemble d’imposer des sanctions comme cela s’est fait autrefois pour l’Afrique du Sud. D’où l’importance fondamentale du BDS.

    Un État, deux États et l’initiative française

    Nous avons systématiquement posé deux questions à nos nombreux interlocuteurs à Gaza : "Pourriez-vous vivre avec les Juifs ?" et "Êtes-vous pour un État ou deux États ?"

    Sur la première question, la réponse a été générationnelle. C’est oui pour les plus âgés qui ont vécu avec des Juifs avant la Nakba ou qui ont travaillé en Israël. C’est non pour les jeunes. L’écrasante majorité des moins de 25 ans n’est jamais sortie de la cage et ne connait des Israéliens que les soldats.

    Sur un ou deux États, il y a une incroyable diversité de réponses.

    Parmi les partisans de deux États, il y a ceux qui ne veulent pas vivre avec des Juifs. Beaucoup nous disent : "ce n’est pas la justice, mais le monde est mauvais. On est obligé d’accepter." Certains craignent d’être dominés par les Israéliens dans le cadre d’un seul État. Tous exigent le droit au retour des réfugiés et en déduisent que deux États, ce ne sera pas la fin du conflit.

    Parmi les partisans d’un seul État, il y a bien sûr ceux qui continuent de défendre ce qui fut la position historique de l’OLP : "un seul État où musulmans, chrétiens, juifs et non-croyants vivraient ensemble dans l’égalité des droits". Mais on rencontre des partisans d’un seul État palestinien (avec drapeau palestinien). Quels Israéliens pourraient rester dans cette configuration ? Là aussi les avis divergent.

    Dire que les Palestiniens sont globalement favorables à l’idée :"nous sommes représentés par l’Autorité Palestinienne et nous nous battons pour l’agenda d’Oslo, à savoir un État sur 22% de la Palestine" est un pur mensonge. Il n’y a plus aucune unité sur cette stratégie.

    Il faut dire qu’on est dans une situation paradoxale :

    La solution à deux États telle qu’elle avait été imaginée à Oslo est définitivement morte et ce sont les dirigeants israéliens qui l’ont achevée.

    La position historique de l’OLP est la plus juste mais, pour l’instant, une majorité des Israéliens considère que la fin de l’État juif signifie "les Juifs à la mer".

    Le projet sioniste initial (un État juif homogène) a été définitivement détruit par la colonisation : aujourd’hui, entre Méditerranée et Jourdain, les Palestiniens sont aussi nombreux que les Juifs israéliens et seront bientôt majoritaires.

    Aujourd’hui, il y a la pire forme d’État unique : les Israéliens possèdent le pouvoir politique, la force militaire et l’essentiel des terres et des richesses. Ils ont fragmenté la société palestinienne (Cisjordanie, Gaza, Jérusalem Est, Palestiniens d’Israël, réfugiés, prisonniers ...). Ce régime porte un nom : l’apartheid et on a du mal à imaginer qu’il puisse être éternel. Dans quelques décennies, les États-Unis ne seront peut-être plus les maîtres du monde et leurs intérêts ne coïncideront peut-être plus avec ceux des dirigeants israéliens. Ceux-ci ayant détruit toute possibilité de compromis, qu’adviendra-t-il ?

    C’est ce contexte qui explique l’initiative française.

    Un certain nombre de dirigeants du monde occidental comprennent que l’absence de tout compromis signifie, pour de longues années, une stratégie de la tension avec une extrême droite faisant régner sa loi à Tel-Aviv comme à Washington. Cette stratégie veut dire une guerre de plus ou moins basse intensité actuellement, des crises imprévisibles, une rupture possible avec les régimes arabes actuellement complices et peut-être à terme la disparition de l’État juif, les riches qui ont un double passeport partant en Occident et les pauvres vivant avec les "Arabes".

    L’initiative française est une tentative de proposer une alternative à cette guerre sans fin qui préserverait l’État juif. En Palestine, nous avons rencontré des gens sincères qui veulent y croire. Après des années de souffrance, ils s’accrochent à tous les espoirs. Un Palestinien qui a connu tous les combats y compris au Liban nous a dit : "on va nous proposer un État palestinien avec juste Gaza et quelques morceaux de désert. Comme nous sommes trop faibles, nous serons obligés d’accepter."

    La plus grande faiblesse de l’initiative française n’est pas qu’elle essaie de ressusciter un projet (celui de deux États "côte à côte") qui est injuste au fond et cliniquement mort. C’est qu’une fois de plus, elle fait totalement l’impasse sur la seule démarche qui pourrait faire bouger les lignes : SANCTIONNER ISRAEL.

    Prendre les choses par le bon bout

    Les initiateurs palestiniens de l’appel au BDS de 2005 ne sont pas posé la question d’un, deux ou cinquante États. Ils ont exprimé des revendications universelles : les Palestiniens ont droit à la liberté, à la justice et à l’égalité.

    La liberté, c’est-à-dire la fin de l’occupation et de la colonisation, la libération des prisonniers, la destruction du mur, la fin du blocus de Gaza ...

    L’égalité concerne essentiellement une composante oubliée du peuple palestinien : ceux qui vivent en Israël. La destruction en cours du village bédouin d’Umm al-Hiran dans le nord du Néguev où la population résiste malgré la violence (2 morts le 18 janvier) montre que, bien qu’ils soient citoyens israéliens, les Palestiniens d’Israël vivent une situation de discriminations et d’apartheid.

    La justice, c’est une constatation simple : le crime fondateur de cette guerre, c’est l’expulsion délibérée en 1948-9 de la majorité des Palestinien-ne-s de leur propre pays. Le droit au retour est donc imprescriptible. On pourrait rajouter qu’imaginer un "retour" dans les seuls territoires occupés depuis 1967 n’a aucun sens : les réfugiés forment déjà les 3/4 de la population d’une bande de Gaza surpeuplée.

    Les initiateurs du BDS ne se sont pas préoccupés de considérations sur l’illégalité des produits des seules colonies. L’exemple de Soda Stream est édifiant. Pour contourner le BDS, cette multinationale a fermé son usine située dans la colonie de Mishor Adoumim pour s’installer près de Rahat, dans ce Néguev où les Bédouins palestiniens (citoyens israéliens) sont en train d’être parqués ou expulsés. Y aurait-il des colonialismes "légitimes" ? Si on pense que non, il faut bien sûr boycotter Soda Stream.

    Dans toute solution à un conflit, les mots et les gestes sont importants. La "communauté internationale" et les négociateurs d’Oslo ont voulu éviter une question-clé : le nettoyage ethnique de 1948-9 était illégitime. Ne pas le reconnaître, ne pas s’affronter aux mythes fondateurs d’Israël (la "terre sans peuple pour le peuple sans terre", la fable des "Arabes partis d’eux-mêmes", de "l’exil des Juifs et leur retour chez eux" ou du "seul État démocratique du Proche-Orient"), tout ceci a abouti à un non-sens. Faire la paix, ce n’est pas réparer seulement 1967 (la conquête et la colonisation de la Cisjordanie, de Jérusalem et de Gaza). Une vraie négociation, c’est avant tout reconnaître et réparer la Nakba.

    C’est la condition qui permettra aux Juifs israéliens de rester exactement comme la reconnaissance du caractère criminel de l’apartheid a permis aux Blancs Sud-Africains de rester.

    L’idée que, sans sanction et avec des manœuvres diplomatiques, quelque chose bougera est une dangereuse illusion. Les Israéliens jouissent aujourd’hui de privilèges liés à la situation coloniale que le sionisme a engendrée. On n’a jamais vu des colonialistes accepter de leur plein gré une forme quelconque d’égalité.

    Il n’y a aujourd’hui aucun espoir sérieux et aucune piste de lutte autre que le BDS et le soutien à la résistance palestinienne sous toutes ses formes.

    Le BDS doit être total : boycott économique et commercial, pression sur toutes les institutions financières pour qu’elles désinvestissent d’Israël (et de nombreux succès ont été engrangés), pression sur tous les pays pour qu’ils rompent les accords économiques et les relations diplomatiques. Mais aussi boycott syndical (visant à expulser le syndicat sioniste Histadrout de toutes les institutions). Boycott sportif (ne jamais oublier l’impact qu’a eu l’expulsion de l’Afrique du Sud des Jeux Olympiques).

    Boycott militaire. Bien sûr, on n’achète personnellement ni drones, ni engins de mort. Mais manifester à Eurosatory devient doublement indispensable et peut avoir des résultats : nos gouvernements ont beau être admiratifs et envieux de la façon dont Israël enferme et réprime les Palestiniens, ils ont renoncé à acheter leurs drones.

    Boycott culturel et universitaire. Ce point est très important. Avant même l’appel palestinien de 2005, le PACBI (campagne palestinienne pour le boycott culturel et universitaire d’Israël) avait lancé le mouvement. Toutes les universités israéliennes participent de façon importante au complexe militaro-industriel. Certaines ont créé des annexes dans les territoires occupés. Parce qu’Israël a une économie de start-up, parce qu’une partie de sa puissance vient de la "Silicon Valley" israélienne près de Haïfa, il faut attaquer ce secteur. Des universitaires israéliens du mouvement "Boycott de l’Intérieur" nous adjurent de le faire.

    Dans leur livre "Un boycott légitime", Eyal Sivan et Armelle Laborie parlent de la puissance de la propagande israélienne, la hasbara qui en hébreu voudrait plutôt dire "explication".

    L’apartheid israélien tire un énorme profit des artistes étrangers qui viennent se produire en Israël. Et, presque systématiquement, les autorités israéliennes chapeautent les tournées des artistes israéliens. Le boycott culturel n’interdit pas de lire Avraham Yehoshua ou de voir les films d’Amos Gitaï. Il appelle à les boycotter s’ils acceptent de voyager et de parler sous l’égide d’une institution officielle israélienne. L’écrivain Amos Oz l’a parfaitement compris. Il a fait une déclaration qui indique qu’il refusera à l’avenir tout rapport avec les autorités de son pays dans ses tournées.

    Pour reprendre toujours Eyal Sivan. Il est peu probable que le boycott mette à genou l’économie israélienne, même s’il commence à lui porter des coups sérieux. Mais il porte un coup terrible à l’image d’Israël. Environ 15% des Juifs israéliens vivent à l’étranger. Ce pays est un des plus "mondialisés". Une mise à l’index idéologique de son régime aura une influence capitale.

    L’autre impact du BDS, c’est sur les gouvernements occidentaux. Alors que les opinions publiques basculent de plus en plus vers les droits du peuple palestinien, la complicité des gouvernements et des institutions européennes peut cesser si nous parvenons à faire monter en pression le BDS et si nous cassons les dernières hésitations.

    On le voit "l’initiative française" est bien loin de cette problématique. Fabius avait songé à menacer Israël d’une reconnaissance unilatérale de l’État palestinien si Israël refusait de bouger. Et avec Hollande et Ayrault, cette timide perspective a disparu.

    Avec Trump et le tiercé fasciste Nétanyahou-Bennet-Liberman, on va basculer dans une nouvelle période. Il ne sera plus question dans ce camp-là de "processus de paix". On parlera ouvertement d’annexion et d’expulsion. Dans le cadre du "choc des civilisations", Israël sera l’incarnation du "bien" (contre le mal). L’Autorité Palestinienne qui avait servi jusque-là à faire croire à la paix, ne servira plus à rien dans la configuration d’un apartheid ouvert et assumé. Et les régimes arabes favorables à l’Occident seront dans une contradiction devenue ingérable.

    Les dirigeants mondiaux qui redoutent cette issue vont se retrouver devant le choix d’accepter ou de ne pas accepter cette guerre des civilisations.

    À nous d’imposer les sanctions !

    Pierre Stambul mardi 7 mars 2017

    http://www.ujfp.org/

  • Front populaire et mythologie politique: «l’oubli» des colonisés (Anti-k)

    LR:Un petit rappel sur le colonialisme… 14 MARS 2016 – PAR OLIVIER LE COUR GRANDMAISON  BLOG : LE BLOG DE OLIVIER LE COUR GRANDMAISON

     

    Le Front populaire et ses grandes figures du mouvement ouvrier français sont de nouveaux sollicités par certains qui pensent y trouver des orientations et des modalités d’action susceptibles de les aider à résoudre les problèmes présents. Il faut rappeler que les audaces réformistes des uns et des autres n’ont, à l’époque, jamais atteint les territoires de l’empire.

    En ces temps de crise économique, sociale et politique, le Front populaire et ses grandes figures du mouvement ouvrier français sont de nouveaux sollicités par certains de nos contemporains qui pensent y trouver des orientations et des modalités d’action susceptibles de les aider à résoudre les problèmes présents. A quoi s’ajoute, cette année, le quatre-vingtième anniversaire de cet événement réputé fondateur au cours duquel, grâce à la grève générale, aux occupations d’usines et aux réformes du gouvernement conduit par Léon Blum, des victoires essentielles furent remportées contre le patronat et une droite hostiles à tout changement. Augmentation des salaires de 12%, réduction du temps de travail hebdomadaire à 40 heures et deux semaines de congé payé, tels sont les principaux acquis sociaux arrachés de haute lutte par celles et ceux qui s’étaient mobilisés de la mi-mai au mois de juin 1936. Nul doute, cette conjoncture va être l’occasion de nombreuses commémorations et initiatives diverses destinées à célébrer ces événements. Nul doute, aussi, les premières vont contribuer à réactiver une histoire édifiante et pour cela trop souvent oublieuse de certaines réalités susceptibles mettre à mal mythologies syndicales et partisanes.

    Fort soucieux du sort des ouvrier-e-s français, la SFIO, le parti communiste et la CGT furent beaucoup moins sensibles à la condition autrement plus dure des colonisés, et les audaces réformistes des uns et des autres n’ont, à l’époque, jamais atteint les territoires de l’empire. Là-bas, les autochtones n’étaient pas citoyens mais « sujets, protégés ou administrés français » privés, pour l’écrasante majorité d’entre eux, des droits et libertés fondamentaux. De là plusieurs conséquences majeures qui éclairent le statut singulier de ces « indigènes. »

    Nonobstant quelques situations particulières, somme toute marginales, ils ne jouissent d’aucune prérogative politique : ni droit de vote, ni liberté d’association et de réunion, ni liberté de la presse. Enfin, dans la plupart des possessions d’outre-mer, ils sont soumis à des dispositions d’exception telles que la responsabilité collective et l’internement administratif à quoi s’ajoutent de nombreuses mesures répressives réunies dans différents codes de l’indigénat. Le premier est adopté en Algérie le 9 février 1875. Sous des formes diverses, il est ensuite étendu à la Nouvelle Calédonie (1887), à Madagascar (1899), à l’Afrique occidentale française (1904) puis équatoriale (1910).

    Aussi appelés « codes matraques » par leurs détracteurs, ces codes de l’indigénat organisent « un régime spécial » et « exorbitant » au regard des principes de la République, note le juriste J. Aumont-Thiéville en 1906. Et le même, qui approuve l’ensemble de ces dispositions, de préciser que leurs fonctions principales sont de « frapper » et de « réprimer » les « indigènes » pour « maintenir notre domination » et « assurer la sécurité des colons. » Lumineux. Voilà un spécialiste du droit colonial à qui on ne saurait reprocher d’utiliser des formules délicatement euphémisées pour rendre compte des fins poursuivies par ces codes.

    Telle est la situation imposée aux autochtones des possessions françaises lorsque le Front populaire triomphe en métropole. Qu’ont fait le gouvernement et la majorité qui le soutenait alors pour mettre un terme à ces mesures discriminatoires et au racisme d’Etat dont elles sont l’expression ? Rien. Depuis longtemps convertis à la défense de l’empire voire à son extension, lorsque des opportunités se présentent, la majorité de la SFIO et Léon Blum sont convaincus que les « indigènes » ne sont pas des semblables susceptibles de jouir de prérogatives politiques identiques à celles des citoyens. Avec beaucoup de ses contemporains républicains et radicaux, le dirigeant socialiste partage une conception hiérarchisée du genre humain, laquelle permet d’atteindre les fondements doctrinaux de ses positions. A preuve le discours qu’il a prononcé à la Chambre des députés lors des débats relatifs aux crédits nécessaires à la poursuite de la guerre au Maroc onze ans plus tôt. Après avoir déclaré : « Nous avons trop l’amour de notre pays pour désavouer l’expansion de la pensée » et de « la civilisation françaises », il ajoute : « Nous admettons le droit et même le devoir des races supérieures d’attirer à elles celles qui ne sont pas parvenues au même degré de culture, et de les appeler aux progrès réalisés grâce aux efforts de la science ou de l’industrie. » (Le Populaire, 17 juillet 1925. Souligné par nous.) Vieux poncifs du discours impérial républicain que n’aurait pas renié Jules Ferry.

    Ces propos éclairent également le projet Blum-Viollette de décembre 1936 destiné à accorder la citoyenneté à environ 21 000 « indigènes évolués » d’Algérie, soit à peine 1% du corps électoral « musulman », selon les chiffres fournis par Maurice Viollette lui-même. Du suffrage universel, il n’est donc pas question car « ce serait une aventure folle de jeter ainsi au moins deux millions d’hommes non préparés dans les luttes électorales » (Le Populaire, 7 janvier 1937) affirme ce dernier qui est alors ministre. En raison de l’hostilité de nombreux élus d’Algérie et de métropole, qui accusent les socialistes de vouloir brader la « perle de l’Afrique du Nord », ce projet n’a jamais vu le jour.

    Si la direction du Parti communiste continue de défendre, dans L’Humanité, l’extension des droits et libertés démocratiques aux colonies, elle n’en approuve pas moins l’interdiction, décidée le 26 janvier 1937 par le gouvernement de Léon Blum, de l’Etoile nord-africaine dirigée par Messali Hadj. Les motifs de cette position singulière ? Tous deux sont accusés de faire le jeu des « fascistes ».

    « Sujets français » avant la victoire du Front populaire, les soixante-dix millions « d’indigènes » le sont donc restés pendant et après. Quant à la « solidarité ouvrière » tant vantée par certaines organisations politiques et syndicales, qui en ont fait un élément majeur de leur identité passée et présente, elle n’est qu’un mythe, affirme la philosophe Simone Weil en 1938. Poursuivant, elle conclut ainsi : « J’ai honte de ceux dont je me suis toujours sentie le plus proche. J’ai honte des démocrates français, des socialistes français, de la classe ouvrière française. » Terrible bilan, sinistre constat.

    Alors qu’en France, les héritier-e-s de ce passé colonial continuent d’être soumis à des discriminations systémiques qui affectent gravement leur vie quotidienne et compromettent durablement leur avenir, il est temps de solder les comptes en reconnaissant enfin cette histoire et en faisant de la lutte contre ces discriminations une priorité politique.

    O. Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies, Fayard, 2014.

    http://www.anti-k.org

  • Colonisation: repentance, reconnaissance et réparations (Médiapart)

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    «Les pourfendeurs de la repentance rongeaient leur frein.
     
    Les déclarations d’Emmanuel Macron sur la colonisation leur ont permis de sortir de leur torpeur hivernale. Quelle aubaine ! De Riposte Laïque à Alain Finkielkraut en passant par l’inévitable Yvan Rioufol du Figaro, les voilà qui chevauchent de nouveau leur fier destrier pour défendre la République honteusement attaquée»

    Les pourfendeurs de la repentance rongeaient leur frein.

    Les déclarations d’Emmanuel Macron sur la colonisation leur ont permis de sortir de leur torpeur hivernale. Quelle aubaine ! De Riposte Laïque à Alain Finkielkraut en passant par l’inévitable Yvan Rioufol du Figaro, les voilà qui chevauchent de nouveau leur fier destrier pour défendre la République honteusement attaquée. Qui sont ses ennemis ? Celles et ceux qui, par inconscience, “islamo-gauchisme” ou “angélisme victimaire”, la menacent en exigeant que les crimes coloniaux soient enfin reconnus par les plus hautes autorités de l’Etat et par les candidat-e-s à l’élection présidentielle. Un plumitif du site d’extrême-droite dénonce les menées de « l’anti-France », alors que le pays « a permis aux Algériens de devenir des femmes et des hommes libres », cependant que le chroniqueur précité stigmatise une « contre-société » qui, « depuis 30 ans », se construit « dans la détestation de la France et de tout ce qu’elle représente. » (13 février 2017).

    Quant au Charles Martel du quai de Conti, il n’a pas attendu de siéger à l’Académie française pour dénoncer de façon obsessionnelle cette repentance qu’il qualifie de « pratique effrontément narcissique et anachronique de la mémoire. » (12 novembre 2007). Comme souvent chez les pourfendeurs de la repentance, A. Finkielkraut, l’auteur de cette diatribe, transforme un enjeu politique en un problème psychologique pour disqualifier ceux qu’il combat, lesquels seraient animés par la haine d’une République pourtant admirable, et par un égotisme aveugle aux beautés immarcescibles de l’histoire de France. Le remède à ces pseudo-pathologies contemporaines que beaucoup d’autres avec lui prétendent avoir découvertes [1] ? Malet et Isaac, sans doute, dont les manuels constituent l’horizon indépassable des amoureux de Clio et de l’Hexagone éternel. Dans tous les cas, ils sont nombreux à plaider pour la restauration d’un roman national soutenu par l’histoire-bataille, et celle des hommes et des femmes héroïques réputés avoir fait cette France qu’il nous faudrait aimer passionnément [2]. Stupéfiante régression que légitime la lutte contre la « bien-pensance » ; cette chimère forgée par ceux-là mêmes qui la combattent pour faire fructifier leur capital intellectuel, symbolique et médiatique en adoptant la posture avantageuse de l’audace et de la clairvoyance critiques.

    A cela s’ajoute une réhabilitation assumée du passé impérialiste de ce pays puisque l’entreprise coloniale « avait aussi pour but d’éduquer » et « d’apporter la civilisation aux sauvages », selon A. Finkielkraut (Haaretz, 18 novembre 2005).

    Extraordinaire avancée qui bouleverse l’historiographie des études consacrées à cette période ! Philosophe, l’auteur de La défaite de la pensée ? Sur ces sujets, il n’est que le piteux ventriloque d’un discours élaboré sous la Troisième République pour légitimer « la course à l’Afrique » et les guerres de conquête conduites en Cochinchine et à Madagascar. Lui qui aime à citer l’œuvre de H. Arendt, qu’il prétend connaitre alors qu’il en a une interprétation partielle et partiale, serait bien inspiré de lire L’Impérialisme que l’auteure juge essentiel pour comprendre l’avènement du totalitarisme. Il y découvrirait ce qu’il critique avec véhémence puisque la philosophe allemande, après avoir cité une phrase célèbre de J. Conrad dans Cœur des ténèbres – « Exterminez toutes ces brutes », c’est-à-dire les Noirs – ajoute : « Cette époque conduisit aux massacres les plus terribles de l’histoire récente, à l’extermination des tribus hottentotes » et « à la décimation de la paisible population du Congo. [3] » La France n’est pas oubliée, elle qui, dans les premières années du XXème siècle, est devenue la deuxième puissance impériale du monde et a vu prospérer plusieurs théoriciens du racisme comme Gobineau, par exemple, auquel H. Arendt consacre des pages importantes en montrant combien son influence européenne fut significative, durable et catastrophique. 

    Singulière est cette coalition hétéroclite des contempteurs de la repentance qui ont réhabilité un terme d’origine religieuse, jugé « vieilli » par le dictionnaire Le Robert, pour mieux stigmatiser celles et ceux qui estiment que le passé colonial et criminel de la France doit être reconnu.

    Sous couvert de qualification, il s’agit de disqualifier ces derniers en faisant croire qu’ils sont animés par un ressentiment aveugle et dangereux. De là, aussi, cette accusation inepte : les mêmes favoriseraient la “guerre des mémoires” en alimentant un “communautarisme mortifère” et « le narcissisme de certaines minorités », soutient P. Bruckner (Marianne, 30 septembre 2006) visiblement converti à une improbable psychologie collective devenue le prêt-à-penser de ceux qui combattent les « repentants ». De là enfin, le recours classique à la thèse de la mise en péril, cette figure majeure de la rhétorique réactionnaire[4], destinée à ruiner la légitimité de revendications jugées inacceptables en faisant croire que leur satisfaction ferait peser sur la République une menace existentielle. Formules toutes faites, procès d’intention sans fondement, langage hyperbolique, prédictions catastrophiques ; tels sont les ressorts principaux de cette rhétorique anti-repentance.

    Quant à celles et ceux qui estiment, à juste titre, faire l’objet de discriminations mémorielles et commémorielles inacceptables, ils deviennent au mieux de dangereux adversaires politiques, au pire des ennemis de l’intérieur qu’il faut combattre au plus vite. Et miracle de cette inversion, les hommes et les femmes qui s’opposent à la reconnaissance se muent en sauveurs de la nation et en preux chevaliers engagés dans une bataille majeure dont ils sont les héros courageux et clairvoyants. Aussi n’est-il pas étonnant de trouver à leur tête « l’Immortel » Finkielkraut. Désormais revêtu de son habit vert, coiffé d’un « bicorne à plumes d’autruches noires frisées à la main » et armé d’une épée sur laquelle il a fait graver cette citation de Ch. Péguy : « La République une et indivisible, est notre royaume de France », le voilà qui ferraille aux avant-postes de cette lutte titanesque pour défendre la patrie en danger ! Admirable, forcément admirable.

    Pitoyable en fait dès lors qu’on s’affranchit des œillères nationales pour s’intéresser à la politique mise en œuvre par d’anciennes puissances coloniales et par des Etats qui se sont construits sur la spoliation, les déplacements forcés et les massacres des populations autochtones. Quelques exemples. 30 août 2008. Le président du Conseil, Silvio Berlusconi, reconnait les dommages infligés à la Lybie lors de la colonisation, accorde 5 millions de dollars au titre des réparations et restitue la Vénus de Cyrène, volée à cette époque et conservée depuis dans un musée italien. 10 juillet 2015, le gouvernement d’Angela Merkel admet qu’un génocide a bien été perpétré contre les Hereros et les Namas par les forces du général Lothar von Lothar, entre 1904 et 1905, dans la colonie allemande du Sud-Ouest africain (actuelle Namibie). 12 Septembre 2015, « le gouvernement britannique reconnait que les Kényans ont été soumis à des actes de torture et à d’autres formes de maltraitance de la part de l’administration coloniale. » (Libération, 14 septembre 2015). Ces mots sont gravés sur le mémorial, financé par la Grande-Bretagne et érigé à Nairobi, pour rendre hommage aux milliers « d’indigènes » massacrées par les troupes de sa Gracieuse majesté lors du soulèvement des Mau-Mau dans les années 1950. Rappelons enfin que la Nouvelle-Zélande, le Canada, l’Australie et les Etats-Unis ont tous, d’une façon ou d’une autre, admis que des traitements indignes avaient été infligés aux populations autochtones de leur territoire respectif. Dans plusieurs cas, cette reconnaissance officielle s’est accompagnée de réparations financières.

    Et la très glorieuse France républicaine qui est supposée montrer la voie à l’humanité admirative de son passé et de ses traditions ?

    Une guide fidèle ? Sur ces sujets, une pauvre arrière-garde percluse de conservatismes, de préjugés et de mépris pour celles et ceux qu’elle a exploités, opprimés et massacrés sans vergogne au cours de son histoire coloniale, et pour leurs héritiers français ou étrangers.

    O. Le Cour Grandmaison, universitaire. Dernier ouvrage paru : L’Empire des hygiénistes. Vivre aux colonies, Fayard, 2014. 8 mars 2017

     Notes:

    [1]. Cf. également M. Gallo, l’écrivain-historien des Relais H, qui se fait visionnaire en affirmant : « Honteux de notre passé, nous sommes condamnés non seulement à la repentance, mais aussi à nous désagréger, à nous diviser, à capituler, à mourir dans l’aigreur, l’amertume » et « la haine » en ayant livré la nation « aux bandes communautaires. » Fier d’être français, Fayard, 2006, p. 132.

    [2]. Avec la finesse qui le caractérise, L. Wauquiez livre aux Français ébahis cette analyse dont la profondeur et la rigueur laissent pantois : « Ajoutez (…) une repentance systématique et vous comprendrez pourquoi des jeunes issus de cette école en viennent à prendre les armes contre leur propre pays. » Le Figaro, 14 février 2016.

    [3]. H. Arendt, Les Origines du totalitarisme, Paris, Quarto Gallimard, 2002, p. 451.

    [4]. A. O. Hirschman, Deux siècles de rhétorique réactionnaire, Paris, Fayard, 1991.

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