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Les mobilisations sociales et populaires contre les politiques néolibérales menées par le gouvernement avec mépris et arrogance, semblent prendre une tournure bien différente de celle connue ces dernières années. Les mobilisations, qu’elles soient individuelles ou collectives, dépassent leur aspect (...)
Le remaniement ministériel partiel opéré par Monsieur Youssef Echahed la semaine dernière, a suscité de très vives réactions, en particulier de la part de l’opposition démocratique et de l’Union Générale Tunisienne du Travail. En réalité, l’ardeur de ces réactions n’est pas due au limogeage de Monsieur (...)
A protest over bread subsidies in the Egyptian city Desouk
Demonstrations swept across Egypt yesterday, Tuesday, after the government’s Supply Ministry slashed the amount of subsidised bread available to the poor.
Working class areas in Egyptian cities such as of Cairo, Alexandria, Minya and Desouk saw hundreds of angry protesters take to the streets.
New regulations mean that each bakery is allowed to distribute only 500 loaves of subsidised bread. Previously they had distributed between 1,000 and 4,000.
Each person can receive only three loaves, whereas previously they could get five.
People now also have to show plastic smart cards to prove they are eligible, rather than paper documents. Many of the poorest do not have the smart cards.
Social media reports suggested police had fired warning shots over the heads of demonstrators in the Imbaba area of Cairo.
Saed, a worker at a government supplies office, told the Middle East Eye news website his office was stormed by protesters chanting against the government.
“There were about 100 men and women. I cannot blame them. We face the same problems at our houses,” he said.
Hundreds protested in Alexandria’s Attarin neighborhood, and dozens in Manshiya, cutting off the tramway. Other protesters in Assafra train station in Alexandria also blocked the tracks.
Starving
Cheap bread is the difference between starving or eating for millions of desperately poor people.
The Egyptian Revolutionary Socialists said, “The hundreds and thousands who took part in protests today are setting an example of how to challenge the regime.
“The regime steals their daily bread in the interests of protecting the profits and dividends of big business. Its security apparatus stops anyone speaking out against the policies of impoverishment that the regime has imposed, thinking it will not face any popular resistance.”
The authoritarian regime of Abdel Fattah el-Sisi has implemented a series of attacks on working class people. They’re part of a deal to secure a £10 billion IMF loan in recent months.
The government introduced a Value Added Tax last September, then cut fuel subsidies in November. The devaluation of the Egyptian pound meant it lost almost half its former value.
But there is international backing for Egypt’s neoliberalism.
Egypt’s minister of foreign affairs, Sameh Shoukry, met European Union foreign ministers on Monday to explain “the nature of the reform process undertook by Egypt”.
A few days before the bread protests, former Egyptian dictator Hosni Mubarak was cleared of any wrongdoing in relation to the murder of hundreds of protesters during the 2011 revolution.
There is no nationally coordinated resistance to Sisi, and repression prevents large-scale protests. But there are still some strikes and outbursts of protest like the one we have seen this week.
The lid will not stay on major revolt indefinitely.
Après l’explosion sociale suivie d’échauffourées avec les forces de l’ordre de ce début janvier 2017 dans plusieurs wilayates du pays – à Bejaia, Bouira, Boumerdes, Blida et Tiaret – et la grogne sociale qui en a résulté dans d’autres, la question qui vient à l’esprit du citoyen lambda est : sont-elles le fruit d’une rumeur tenace et d’une manipulation, comme nous l’expliquent le gouvernement et les médias à son service ?
C’est avec le projet de loi de finances 2017, jusqu’à son adoption, qu’il faut recadrer toutes ces informations et l’overdose d’explications qui s’est déversée sur ce citoyen complètement désarmé et tout simplement livré comme une proie à aux prédateurs de tout acabit et au mal-être social.
Le pouvoir s’est toujours érigé en censeur de toutes les revendications émanant de la société et de ce citoyen désemparé. Ce pouvoir ne s’interroge pas pourquoi la violence est devenue un mode d’expression, le seul et l’unique. Pourquoi la jeunesse a son horizon bouché, pourquoi l’école publique, en réforme permanente, rejette chaque année plus de 500 000 enfants dans la rue, alors que les barons du régime, « s’hab ech chkara » (1), tapent dans la caisse autant qu’ils veulent ?
En serviteurs zélés du régime, ces derniers font la pluie et le beau temps tant qu’ils sont dans les bonnes grâces des forts du moment. Ce pouvoir, aveuglé par sa paranoïa, ne discerne même plus les éléments défavorables à sa politique économique. Le ministre des Finances se défausse maladroitement, lorsque dans le débat à l’Assemblée sur la loi de finances 2017, on lui pose la question : pourquoi on ne soumet pas à l’impôt les grosses fortunes ?
Les explosions sociales, émeutes, grèves et mouvements sociaux, qui ont jalonné l’année 2016 et inauguré 2017, sont révélateurs d’un profond malaise politique et social dans la société.
Un éditorial d’un journal qui est une source autorisée du gratin francophone, a estimé que « les derniers mouvements sociaux, émeutes et grèves qui ont ouvert l’année 2017 sont inquiétants à plus d’un titre. Le caractère anonyme et viral (rapidité de la propagation des infos ou rumeurs) paralyse toute action efficace ». Il poursuit son analyse inspirée : « dans le contexte actuel, de prééminence de réseaux sociaux, la moindre rumeur, jumelée à un climat de tension, peut se propager très vite, partout et même mobiliser des acteurs sociaux pour agir dans l’immédiat » (2).
Ce qui semble poser problème pour l’éditorialiste de ce quotidien représentatif d’une certaine élite, ce n’est pas l’ampleur de la crise sociale et la loi de finances 2017, concoctée par le gouvernement pour faire payer la crise économique à des couches et des classes sociales qui ne sont pour rien dans la manière dont le pays et la manne pétrolière ont été gérés depuis plus d’une décennie, mais le rôle joué par les réseaux sociaux pour diffuser la rumeur sur l’appel à la grève générale à l’échelle nationale. C’est pratiquement une règle : tous les médias ou presque et tous les partis liés au sérail ont emboîté le pas à l’explication officielle sur ce qui s’est passé, par « la théorie de la manipulation et du complot », de « la main intérieure » et de « la menace extérieure ». C’est là les astuces que le régime algérien utilise depuis des décennies pour diaboliser tous les mouvements sociaux et pour laisser entendre que le citoyen algérien n’est pas un citoyen comme les autres, capable de discernement. Il y a là tout le mépris qui a toujours caractérisé les gouvernants et tout le paternalisme qui lui est consubstantiel.
Le système algérien ne veut pas s’amender et amorcer les changements politiques et sociaux dont le pays a franchement besoin. La phobie des réseaux sociaux est une obsession depuis 2011. Le pouvoir n’arrive pas à s’en défaire, incapable qu’il est d’avoir un regard objectif et serein sur le monde qui l’entoure. Comme les réseaux sociaux ont été largement derrière la montée des mouvements populaires dans les pays de la région arabe, et surtout en Tunisie et en Égypte, le pouvoir n’arrive pas à se défaire du syndrome du printemps arabe qui lui est resté en travers de la gorge.
Pour qui observe attentivement ce qui s’est passé dans ce mouvement populaire multiforme, les évènements sont riches d’enseignements. La dynamique des printemps arabes a montré ses limites au cours des expériences dans les différents pays et on a fini par comprendre quel était le rôle des réseaux sociaux dans les mouvements de révolte des masses. On peut désormais et avec beaucoup d’objectivité comprendre ce rôle et ce malgré les manipulations et les mystifications de l’Occident et de ses services psychologiques.
Les réseaux sociaux, s’ils arrivent à surfer sur un mouvement social, à mettre en place les médiations qui peuvent servir ce mouvement en aval, sont incapables en amont de se substituer aux forces sociales qui se mettent en mouvement. L’expérience de la révolution égyptienne a montré l’inconsistance politique et sociale qui les caractérise. Donc, pourquoi cette diabolisation des réseaux sociaux, qui apparaît comme surfaite ? Pourquoi cette surestimation de la rumeur comme fonction sociale, alors qu’il est notoire que la société algérienne — et les sociétés maghrébines en général – sont connues pour leur porosité à la rumeur. Les agitateurs de tout acabit et les spécialistes du conditionnement social le savent. Le pouvoir a usé et abusé de cette technique dans sa lutte contre les islamistes dans les années 1990.
La révolution informatique et les techniques de la communication moderne se sont révélées au grand jour, dans les mouvements sociaux et politiques qui ont caractérisé ce qu’on appelle communément les « printemps arabes ». Le politique depuis cette date s’en est trouvé bouleversé. L’apparition des nouvelles techniques et applications, l’échange électronique sur internet, le courrier électronique avec les cellules de dialogues et le renvoi de textes, la programmation du contact direct jusqu’aux nouvelles formules de la presse électronique et les sites complémentaires des différents médias, tout cela avec le développement de l’information, de ce que l’on appelle le journalisme alternatif, les sites individuels et les blogs ont pris un envol fulgurant depuis 1997.
Les weblogs – d’abord moyen d’expression des conflits intérieurs des individus – sont devenus une réalité sociale qui évolue sans la contrainte de la censure et de la surveillance qui caractérise les médias classiques. En dehors du modèle officiel, pour beaucoup de bloggeurs ce cadre est devenu un exutoire et un moyen irremplaçable de réalisation de soi. Cette activité intellectuelle a pris de l’essor en dehors du cadre officiel de communication. De la réalisation de « soi », ces réseaux dans les années 2000 ont abandonné leur caractère subjectif, pour devenir une tribune et des porte-voix variés et ont acquis parfois le statut de « presse populaire » et de critique des faits, des évènements et de l’information en général, produite par les médias traditionnels. Certains n’hésitent pas à qualifier les blogs de « presse participative populaire » ou « presse de la culture populaire critique ». Les blogs sont ainsi devenus un moyen de contrôler les faits rapportés par les médias dominants, qui influencent la vie politique et économique et véhiculent les idées, les opinions des forces sociales dominantes, qui réprouvent la vérité objective, la déforment, la combattent.
L’autre aspect que les médias ont tenté de mettre en avant au-delà de son ampleur : le mouvement de contestation qui s’est développé à Bejaia, Bouira et Boumerdes a dérapé et pris un caractère émeutier qui a été à l’origine de son débordement. Il a ouvert la voie à l’ampleur de la « casse » qui en a résulté par la suite. L’éditorialiste d’El Watan montre combien le mouvement spontané a pris de court le gouvernement et la classe politique qui reproche désormais au pouvoir d’avoir « verrouillé tous les canaux de communication ».
Le gouvernement entame alors une tonitruante campagne, d’abord par l’intermédiaire du ministre de l’intérieur, puis tous les ministres, pour expliquer en ordre d’attaque et de manière laborieuse que les mesures portant loi de finances 2017 ne sont que « quelques taxes qui comptent peu ou prou, à côté des transferts sociaux importants que le gouvernement affecte sur instruction du président, pour soutenir les prix des produits de base ». Abdelmalek Sellal, le chef du gouvernement, monte au créneau à la première occasion pour affirmer que les émeutes du début de l’année 2017 ne sont que le fait d’une « manipulation anonyme de partis hostiles à l’Algérie ». Il ajoute : « nous ne connaissons pas le printemps arabe et le printemps arabe ne nous connaît pas et nous allons bientôt fêter Yennayer (3). »
C’est de cette manière que le chef du gouvernement, qui n’en est pas à sa première dérive verbale, traite l’aspiration au changement qui s’exprime par tous les pores de la société. De son discours, l’éditorialiste du quotidien Liberté retiendra : le déni du mécontentement social et le déni de sa légitimité. Dans la relation qu’ils ont faite de la mobilisation sociale, les porte-parole du pouvoir et leurs médias vont encore une fois user de manipulations puisqu’ils ont tenté de localiser le mouvement de contestation uniquement à la Kabylie.
Le black-out a été mis sur le mouvement de mécontentement qui a gagné d’autres villes et régions du pays, comme Tiaret, Blida, Tipaza, Alger, Constantine. Le pouvoir a perdu toute réserve face à la contagion du mouvement social et va mobiliser aussi les mosquées.
Le ministre des affaires religieuses envoie ses consignes à toutes les mosquées pour le sermon du vendredi 6 janvier, qui sera centré sur l’appel à la sagesse en mettant en avant la dérive de la mobilisation sociale à travers le mouvement des casseurs et des pillards et en occultant la revendication légitime du mouvement de contestation qui est celui de l’abrogation de la loi de finances 2017. Le discours lénifiant et paternaliste du chef du gouvernement reçoit la bénédiction de toutes les mosquées du pays qui essaient de mobiliser l’opinion contre « les ennemis de l’Algérie ».
Le pouvoir, encore une fois, est le premier à violer la Constitution dont il est censé être le gardien, en appelant les mosquées à la rescousse de sa politique et en les utilisant comme tribune. ■
8 janvier 2017
* Chamil est membre de la direction du Parti socialiste des travailleurs (PST) d’Algérie.
Erdogan a le bras long, et tout est bon pour étrangler le Kurdistan. Après que son armée a envahi le nord de la Syrie, son allié Massoud Barzani met la pression sur le Sinjar, jusque là défendu par les milices de la gauche kurde.
Le 3 mars, 500 peshmergas, les soldats du Gouvernement régional du Kurdistan (GRK) ont attaqué la ville de Khanasor, dans la région hautement symbolique du Sinjar, en Irak [1]. On a dénombré plusieurs morts et blessés. L’attaque a été repoussée, mais la vigilance reste de mise.
Rappelons que le Sinjar est le foyer des Yézidis, une minorité religieuse considérée comme « satanique » par les djihadistes de Daech. A l’été 2014, les peshmergas qui tenaient la région s’étaient enfuis devant l’avancée de Daech, abandonnant les populations yézidies au sort que leur promettait les djihadistes : l’extermination pour les hommes, l’esclavage pour les femmes. La population yézidie n’avait dû son salut qu’à la contre-offensive spectaculaire menée par les combattantes et les combattants du PKK et des YPG-YPJ, qui avaient stoppé Daech et sécurisé le mont Sinjar.
Par la suite, la gauche kurde a encouragé l’auto-organisation des Yézidis, qui se sont dotés de leurs propres unités d’autodéfense, armés et entraînés par le PKK : les YBŞ (hommes et femmes) et les YJŞ (femmes).
Ce sont les YBŞ qui ont repoussé l’attaque des peshmergas, et en ont capturé plusieurs.
Enclaves rouges en Irak
Avec Maxmûr [2]ou les monts Qandil, le Sinjar constitue un des points d’appui de la gauche kurde en Irak, contrariant fort les pouvoirs en place à Bagdad, à Ankara et à Erbil, la capitale du GRK où règne Massoud Barzani, un potentat dans l’orbite d’Erdogan. En janvier, un rapprochement entre les présidents turc et irakien a ouvert la voie à cette tentative de reprise en main de Sinjar [3].
On voit aujourd’hui le résultat.
Triste spectacle que ces peshmergas, encensés l’an passé dans un film de BHL [4], qui tirent sur leurs rivaux de gauche, alors qu’à quelques dizaines de kilomètres de là, Daech poursuit ses exactions.
Menace turque sur Manbij
L’attaque du Sinjar éclate alors que l’armée turque et ses supplétifs islamistes de l’Armée syrienne libre (ASL) se sont emparés de la ville d’Al Bab le 27 février, après plusieurs mois de combats contre Daech. A présent, les troupes d’Erdogan visent la ville de Manbij, tenue par les Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition arabo-kurde). Pour déjouer cette menace, les FDS ont préféré reculer de plusieurs kilomètres, laissant les troupes de Bachar el Assad se glisser entre elles et les troupes turques. Russes et Américains ont avalisé ce tour de passe-passe pour limiter les affrontements.
Et le fait est là. Al-Bab, Manbij, Sinjar : en plusieurs endroits, l’État turc et ses alliés démontrent que Daech n’est, pour eux, qu’un adversaire secondaire. Leur objectif premier est d’éradiquer la gauche kurde et d’étrangler ce symbole démocratique et anticolonialiste que constitue le Rojava/Fédération Démocratique du Nord de la Syrie [5].
Guillaume (AL Montreuil), Étienne (AL 92), le 9 mars 2017
L'Intersyndicale a annoncé l'organisation d'une seconde grande marche nationale pour protester contre, notamment, la loi sur la retraite et le nouveau code du Travail.
Dans un communiqué ayant sanctionné les travaux, tenus le 4 mars, au siège du CNAPEST, l'Intersyndicale a dénoncé la loi sur la retraite, qu'elle juge anticonstitutionnelle, le code du Travail et rappelé sa lutte pour la sauvegarde du pouvoir d'achat des travailleurs. Cette réunion, indique l'Intersyndicale, a été consacrée à l'examen de la situation actuelle, sur le front des revendications des travailleurs, relatives notamment à la retraite, le code du Travail, et la défense du pouvoir d'achat, ainsi que les perspectives de la lutte pour les droits des travailleurs. Les syndicats autonomes dénoncent «l'absence d'intervention du ministère du Travail pour redonner aux syndicalistes, injustement licenciés, leurs droits», et demandent «en urgence leur réintégration dans leurs postes de travail.» En outre, l'Intersyndicale dénonce «les pratiques répressives et policières des services de sécurité contre les étudiants en Pharmacie et les dentistes», comme elle refuse «les pratiques des représentants du ministère du Travail et leur double langage, dans leurs relations avec les syndicats autonomes et les autres organisations syndicales.»
D'autre part, les syndicats autonomes ont dénoncé «l'ingérence de responsables du ministère de l'Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique, dans les affaires des syndicats du secteur». Par ailleurs, l'Intersyndicale a annoncé qu'elle va «entamer des actions auprès du Conseil constitutionnel, en coordination avec les groupes parlementaires, sur la non constitutionnalité de la loi 15-16 sur la retraite.» Ce sera, en fait, une saisine du Conseil constitutionnel, qui sera menée avec des parlementaires, pour invalider la loi 15-16 sur la retraite, qui supprime, notamment, la retraite proportionnelle et anticipée. La levée de boucliers des syndicats autonomes est née, justement, de cette décision de suppression de la retraite anticipée et proportionnelle, décidée par la 19ème tripartite avec l'assentiment de l'UGTA.
Dans un communiqué commun, rappelle-t-on, les syndicats autonomes avaient averti le gouvernement contre la suppression de la retraite anticipée et proportionnelle, tout en faisant remarquer que les décisions de la tripartite ne les concernent pas, dès lors qu'ils n'ont pas été associés à ses réunions. «A l'heure où on attendait une amélioration des conditions socioprofessionnelles des travailleurs de la Fonction publique, le gouvernement nous surprend avec une décision prise en concertation, avec l'UGTA, qui ne représente nullement les travailleurs», avait relevé un des syndicats autonomes, l'UNPEF. Depuis, les choses sont allées très vite, et le gouvernement avait fait passer au Parlement le projet de loi sur le nouveau régime de retraite, ainsi que le nouveau code du Travail.
Par ailleurs, les syndicats autonomes, ont également, annoncé l'organisation d'une journée d'étude sur le code du Travail, le 8 avril prochain, et la désignation d'une commission technique, le 11 mars, pour la constitution du projet d'une Confédération des syndicats autonomes.
Pour maintenir la pression sur les pouvoirs publics, les syndicats autonomes annoncent, par ailleurs, l'organisation d'une autre grande marche nationale, après celle de Tizi Ouzou qui avait regroupé des milliers de syndicalistes et de manifestants, pour protester contre le code du Travail et la loi sur la retraite, qu'ils jugent «anticonstitutionnelle». La date et le lieu de cette marche nationale seront décidés, lors du regroupement des syndicats autonomes, prévu le 1er avril.
Par Sofia Arias et Bill V. Mullen, Electronic Intifada – 6 mars 2017 L’histoire de la résistance des femmes en Palestine est une longue histoire. (Oren Ziv/ActiveStills) La journée internationale des femmes du 8 Mars est une opportunité sans précédent pour les féministes de s’opposer à l’islamophobie et à l’apartheid israélien, tout en soutenant...
Charlotte Silver Droits et Responsabilité 2 mars 2017 Fahya Shalash, femme de Muhammad al-Qiq, montre une affiche avec la photo de son mari lors d’une manifestation de soutien aux prisonniers palestiniens, le 20 février à Hébron en Cisjordanie. (Wisam Hashlamoun/APA images) Le gréviste de la faim palestinien Muhammad al-Qiq ne peut plus marcher après avoir...
Ahmad Kabariti, 20 février 2017 Ingénieures mélangeant une fournée de ciment. (Photo: Mohammed Asad) – Une équipe strictement féminine d’ingénieures de Gaza a inventé une nouvelle façon de produire du béton à peu de frais, à partir des décombres de maisons détruites lors de la dernière guerre à Gaza. Et les quatre femmes derrière le...
Adalah – 23 février 2017 Dès le début, Adalah a maintenu que les affirmations de la police israélienne et d’Erdan, le ministre de la Sécurité publique, selon lesquelles Ya’akub Musa Abu Al-Qi’an était un terroriste, étaient fausses et incendiaires. Adalah – Le Centre juridique pour les droits de la minorité arabe en Israël a répondu...
19 février 2017, par Alaa Tartir et Tareq Baconi Les Palestiniens doivent dire clairement que le seul préalable requis pour une paix durable, c’est la justice sur leurs terres. Le seul préalable à la paix est la fin de l’occupation militaire d’un autre peuple par Israël [Photo:Reuters] Le rôle de l’administration américaine en tant...
Par Mieke Zagt – 22 février 2017 Une annonce de Booking.com pour un hôtel israélien au bord de la Mer Morte ne mentionne pas qu’il est en Cisjordanie occupée. Il y a deux ans j’avais écrit un article expliquant que Booking.com proposait des chambres d’hôtel dans des colonies qu’Israël avait construites en violation...
Pétition lancée par le Réseau Samidoun de Solidarité avec les Prisonniers palestiniens: Le journaliste palestinien Mohammed Al-Qiq est actuellement emprisonné en détention administrative, sans accusation ni procès. Il a démarré une grève de la faim pour réclamer sa mise en liberté et la fin de la détention administrative. Le 22 février, après 17 jours de...
One year ago today, on International Women's Day, the Freedom Flotilla Coalition announced our Women's Boat to Gaza campaign. In solidarity with women in Gaza who suffer daily under the illegal blockade, we successfully challenged by sea the oppressive and illegal collective punishment of the Palestinians living under blockade in Gaza. Today we continue to celebrate the incredible spirit of the women who keep home fires burning in spite of the United Nations declaring that their homes will be uninhabitable by the year 2020 unless we do something! On International Women's Day, 56 Palestinian women including 16 under 18 year olds are held in Israeli prisons for resisting occupation, the Prisoners Affairs Committee reported. Over 15,000 Palestinian women and young girls have been detained since 1967. Our boat Zaytouna-Oliva remains in the custody of Israel and we are working to free her. Additionally, we are working on our next campaign that will once again challenge this illegal and inhumane blockade. In the spirit of the women who rose against militarism and capitalism on the first International Women's Day, the Freedom Flotilla Coalition too shall rise in solidarity with Palestinians. We call for all Gaza boats to be freed, ours and the many Palestinian fishing boats that suffer continual violent attacks and ongoing harassment from the same Israeli military that stopped and seized our boat last October.
Hoy hace un año, en el día internacional de la mujer, la coalición de flotilla de libertad anunció el barco de la mujer a la campaña de Gaza. En la solidaridad con las mujeres de Gaza que sufren diariamente el bloqueo ilegal, nos impugnó con éxito el castigo colectivo de los palestinos que viven bajo el bloqueo en Gaza. Hoy celebramos el increíble espíritu de las mujeres que mantienen el fuego en el hogar a pesar de las naciones unidas declarando que sus hogares serán inhabitable para el año 2020 a menos que hagamos algo! En el día internacional de la mujer, 56 mujeres palestinas, entre ellas 16 menores de 18 años, se encuentran en cárceles israelíes para resistirse a la ocupación, el comité de asuntos de los Desde 1967. Se han detenido a más de 15,000 mujeres palestinas y niñas. Nuestro barco zaytouna-Oliva permanece bajo la custodia de Israel y estamos trabajando para libre. Además, estamos trabajando en nuestra próxima campaña que, una vez más, se desafío este bloqueo ilegal e inhumano. En el espíritu de las mujeres que se rose contra el militarismo y el capitalismo en el primer día internacional de la mujer, la coalición de la flotilla también se levantará en solidaridad con los palestinos. Llamamos a todos los buques de Gaza que se liberen, los nuestros y los numerosos barcos de pesca palestinos que sufren continuos ataques violentos y el acoso constante de los mismos militares israelíes que se detuvieron y incautados en nuestro barco el pasado octubre.
Les Kurdes de Syrie, c’est-à-dire du Kurdistan-Ouest (Rojava) sont désormais devenus des acteurs incontournables du processus combiné de révolution, contre-révolution, guerre civile et autodétermination en cours en Syrie.
Le PYD (Parti de l’Union démocratique) avait déjà de facto pris le contrôle dans les enclaves de Kobané d’abord, puis d’Afrin et de Jazira à la suite du retrait des forces du régime Assad en juillet 2012, et il avait déclaré l’autonomie dans cette région en janvier 2014 comme réaction à ce qu’il ne soit pas invité à la deuxième conférence de Genève. Mais c’est principalement avec le siège de Kobané par l’État islamique et à l’audacieuse résistance des Unités de protection populaire (YPG) et particulièrement des femmes combattant dans les rangs des YPJ que les forces liées au PYD et l’expérience d’autodétermination au Rojava ont obtenu une légitimité et jouissent d’un soutien au niveau international.
Comme nous le savons, le siège de Kobané a finalement été brisé, avec le soutien de militants kurdes et turcs passant de force la frontière turco-syrienne, des peshmergas Irakiens et bien sûr des frappes aériennes étatsuniennes. Depuis, les Forces démocratiques de Syrie (FDS) dont les YPG constituent la principale force militaire, soutenus par les États-Unis et, dans une certaine mesure, par la Russie, jouent un rôle crucial dans la guerre contre l’État islamique.
Nous essayerons d’exposer brièvement dans cet article les racines politiques du PYD, sa place dans le mouvement national kurde de Syrie, sa ligne idéologique, ses positions dans la révolution, ainsi que les principales modalités et difficultés du processus d’autodétermination en cours dans le Rojava.
Le nationalisme kurde sous le Baath
Le nationalisme kurde en Syrie représente un paysage fortement fragmenté. La multitude de partis dépasse de loin ce que l’on peut voir dans les autres parties du Kurdistan. S’il est difficile de suivre les perpétuels regroupements et scissions, on peut sans doute affirmer que plus d’une quinzaine de partis kurdes sont actifs actuellement. La plupart de ces partis sont originaires du Parti démocrate du Kurdistan de Syrie (PDKS) fondé en 1957 dont se sont rapidement dégagées des tendances « gauche » et « droite », qui ont scissionné pour former des partis distincts vers 1965. Les développements fractionnaires dans les partis kurdes d’Irak (pris comme modèles), les conditions d’activités clandestines, les accusations de collaboration avec le régime et les infiltrations et interventions des services de renseignements ont perpétué les scissions.
Les divergences politiques provenaient principalement du ton employé envers le régime et des revendications politiques qui allaient de la reconnaissance des droits culturels, linguistiques et de citoyenneté à la reconnaissance constitutionnelle des Kurdes comme minorité. Toutefois il est important de souligner que l’autonomie n’a pratiquement jamais été revendiquée avant 2011 (à part le parti Yekiti). Notons cependant que la citoyenneté est une question cruciale étant donné qu’après le recensement exceptionnel de 1962 plus de 120 000 Kurdes se sont vu retirer leur nationalité et ont été classifiés soit comme ajanib (« étranger ») muni d’une fiche d’état civil spécifique, soit comme maktumin, non-enregistré, sans pièce d’identité et sans droits…
Cette multitude de partis mena dans les années 1990 à des regroupements. Ainsi les partis proches du courant irakien-kurde de Jalal Talabani se regroupèrent dans l’Alliance démocratique kurde de Syrie (« Hevbendi ») alors que ceux liés à Mesut Barzani formèrent le Front démocratique kurde de Syrie (« Eniya »). Parmi les partis non originaires du PDKS, nous devons tout d’abord bien sûr compter le PKK et son « parti frère », le PYD, fondé en 2003. Le leader du PKK Abdullah Öcalan ainsi que toute son organisation avaient bénéficié du soutien de Hafez al-Assad – dans le cadre de sa rivalité avec son voisin turc – jusqu’à la fin des années 1990, les camps du PKK étant installés en Syrie depuis le début des années 1980. Ainsi la question kurde en Syrie n’était pas à l’ordre du jour du PKK et c’est seulement après que le régime eut cessé d’abriter Öcalan et la fondation du PYD que ce dernier commença à s’intéresser à la politique syrienne.
Un autre parti important fut celui de Michel Temo, le Parti de l’Avenir kurde, fondé en 2005, qui privilégia la coopération avec l’opposition arabe au début de la révolution, mais son assassinat porta un coup sévère à son mouvement, qui scissionna. Le Parti de l’Union kurde de Syrie, connu sous le nom de Yekiti et né de la fusion de plusieurs groupes – dont un petit courant trotskiste qui se réclamait dans les années 1980 de la IVe Internationale, dirigé par le poète Marwan Othman [1], doit être aussi signalé comme force de gauche dans l’éventail politique kurde. L’intervention politique de Yekiti, plus ouverte, plus radicale, visant à mobiliser la communauté kurde, et pas seulement dans le Rojava, mais directement dans la capitale, avec un programme « lutte de classe », à partir de 2002, au lendemain du court printemps de Damas, a été importante au niveau de la confrontation avec le régime et de la politisation qui mena au « Serhildan » (révolte en kurde) de Qamishlo [2].
De l’intifada kurde à la révolution syrienne
Un événement clé fut donc la révolte de Qamishlo en 2004, désignée aussi comme l’intifada kurde, où pour la première fois des milliers de Kurdes, à la suite d’affrontements avec des supporters nationalistes arabes lors d’un match de football et une sévère répression de la police, sortirent dans la rue pour affirmer leur identité kurde et revendiquer leurs droits de citoyenneté. Le soulèvement ne fut pas limité à Qamishlo ou à la région du Rojava, mais gagna rapidement les quartiers kurdes de Alep et de Damas. Des statues du père Assad furent renversées, des commissariats, des établissements publics, des centres du Baath furent attaqués.
C’est lors de ce serhildan que l’on assista pour la première fois, pendant plus de dix jours, à la mobilisation d’une jeunesse kurde radicale et indépendante des partis traditionnels du nationalisme kurde et que l’on reverra dans les premiers temps de la révolution. Aux côtés de cette jeunesse radicalisée, il faut préciser que c’est surtout Yekiti et le PYD qui furent le fer de lance des mobilisations (la chaîne de télévision lié au PKK, Roj TV, appelait ouvertement à l’insurrection). Mais la répression du régime fut féroce. Des organisations de jeunesse se formèrent au lendemain de la révolte, se distanciant du pacifisme des partis traditionnels – avec parfois une orientation de lutte armée, sans pour autant passer à l’acte. La perspective de l’autonomie gagna du terrain dans les consciences face aux revendications d’égalité des droits et de citoyenneté défendues par l’Alliance et le Front [3].
Contrairement à ce que l’on pense, les premières mobilisations spontanées en 2011 dans le Kurdistan syrien eurent lieu, assez tôt, fin mars, principalement dans la ville d’Amuda, puis de Serekaniye. Si Bachar al-Assad essaya de calmer la situation en acceptant de donner la nationalité aux Kurdes possédant le statut « d’étranger » (mais non aux maktumin) cela ne fut pas suffisant pour renvoyer la jeunesse kurde chez elle. Comme dans le reste du pays, des comités de coordination se formèrent, le Mouvement de Jeunesse kurde (TCK) fondé dans le feu des événements de 2004 joua aussi un important rôle mobilisateur.
Au niveau des partis ce furent principalement le Mouvement de l’Avenir, Yekiti et le Parti kurde de la liberté (« Azadi ») qui prirent part aux manifestations dès le début. Les autres partis ne rejoignirent le mouvement que dans le courant de l’été. Michel Temo, leader du Mouvement de l’Avenir fut le seul à participer au Conseil national syrien (CNS), fondé lors de la conférence d’Istanbul au mois de juillet. Cette position aurait permis de nouer des liens entre les oppositions syrienne et kurde, s’il n’avait pas été assassiné en octobre 2011. Ses funérailles se transformèrent en manifestations géantes à Qamishlo. Ces mobilisations accélérèrent l’entreprise de regroupement des partis kurdes originaires du PDKS, qui finalement se ralliaient à la révolte et formèrent, sous l’égide de Mesut Barzani, le Conseil national kurde de Syrie (ENKS), auquel se joignirent aussi Yekiti et Azadi. Ainsi ce fut le plus large rassemblement du mouvement national kurde en Syrie.
Deux partis seulement se tinrent en dehors, le parti de Temo, toujours membre du CNS et le PYD. Ce dernier, qui se tenait en marge du soulèvement qui secouait tout le pays, ainsi que la région kurde, avait fondé dès le mois de septembre une coordination de différents partis arabes baathiste de gauche (« marxiste », « communiste », « léniniste ») et un parti araméen-chrétien. Leur orientation était plutôt de négocier avec le régime afin d’obtenir des acquis démocratiques, sans perspective de renverser le régime et – selon eux – sans risquer d’ouvrir la porte à une guerre civile. Des centaines de militants du PYD sortirent ainsi de prison en même temps que les militants djihadistes.
Critiquant l’ENKS accusé de faire le jeu de la Turquie (en raison des rapports entre Barzani et Ankara) et du CNS qui ne donnait aucune garantie pour les droits du peuple kurde, le PYD opta ainsi pour une « troisième voie ». À travers son Mouvement pour une Société démocratique (Tev-Dem) regroupant les partis et associations de la société civile qui lui sont liés, il déclara la fondation du Conseil populaire du Kurdistan de l’Ouest, qui constituera la principale structure administrative dans le Rojava après que le PYD et les YPG y eurent pris le contrôle à la suite du retrait des forces du régime [4].
Le PYD et le confédéralisme démocratique
La fondation du PYD résulte d’une tendance à la décentralisation du PKK, parallèlement à un changement radical de perspective politique de la part d’Öcalan. Peu avant son arrestation en 1999, le leader du PKK avait abandonné l’objectif d’un Kurdistan indépendant et unifié (qui était désormais selon lui un « conservatisme ») et proposé un nouvel objectif stratégique reposant sur sa thèse de la « république démocratique ». Probablement formulée en vue d’ouvrir des négociations, Öcalan y proposait une résolution de la question kurde à travers la démocratisation de la Turquie, sans changement de frontière. Ainsi les objectifs étaient limités à la reconnaissance des Kurdes par l’État et au respect de leurs droits culturels (de même que la libération des prisonniers et l’autorisation des combattants de se réintégrer dans la vie civile).
Toutefois, il s’est avéré rapidement qu’il n’était pas question de négociation de la part de l’État. De plus, avec la consolidation de la région autonome kurde en Irak à la suite de l’intervention américaine, le Kurdistan du sud (d’Irak) et le PDK de Barzani – rival historique du PKK – devenaient un pôle d’attraction pour le peuple kurde. Donc la perspective d’une résolution de la question kurde limitée à une démocratisation du régime turc contenait un réel risque politique pour le PKK. Öcalan a ainsi dû opérer à nouveau un changement de stratégie prenant en compte toutes les parties du Kurdistan [5]. La fondation du PYD en Syrie (2003) et celle du PJAK en Iran (2004), de même que le projet politique qui allait plus tard prendre le nom de confédéralisme démocratique, résultent de cette nouvelle approche. Ce projet ainsi que celui de l’autonomie démocratique qui le complète au niveau local est fortement inspiré des études du théoricien socialiste libertaire Murray Bookchin (qui participa au mouvement trotskiste dans les années trente aux États-Unis). Après une reconsidération du marxisme, Bookchin remplace la contradiction capital-travail par la contradiction capital-écologie et propose un combat anticapitaliste visant à une décentralisation des villes, une production locale de nourriture, l’utilisation d’énergies renouvelables. Dans le projet « communaliste » de Bookchin, ces petites villes autonomes administrées à travers des conseils démocratiques, formeraient entre elles des unités confédérales pour la résolution des problèmes dépassant les frontières de leur commune [6]. Toutefois, dans les différents textes programmatiques du PKK et les écrits d’Öcalan, ce à quoi correspondraient ces notions dans la pratique reste assez indéterminé : s’agira-t-il de la confédération des partis et organisations liés au PKK ou est-ce un projet plus vaste et inclusif ? Est-ce un projet multi-ethnique pour tous les peuples du Moyen-Orient ou bien un projet pour le Kurdistan et dont le protagoniste serait le peuple kurde ? L’autonomie signifie-t-elle un renforcement des administrations locales existantes ou bien s’agit-il d’un projet politique plus subversif [7] ? On peut multiplier les questions notamment au niveau des moyens à utiliser pour conquérir l’autonomie et des rapports avec les États concernés, sans parler de ceux avec le mode de production capitaliste…
Ainsi que le souligne Alex de Jong dans son excellent article sur les évolutions idéologiques qu’a connu le PKK, les écrits d’Öcalan et les textes du PKK (dont Öcalan est « l’organe théorique-idéologique suprême » selon ses statuts) comportent un « potentiel du flou », ainsi il est possible de trouver toute sorte de réponses à ces questions et, avec tous les inconvénients que cela comporte, le caractère flou et inachevé de son projet politique peut s’avérer utile et l’ouvrir à des interprétations plus larges [8]. Mais en dehors de ceci, se dégagent de ces textes (et de la pratique des organisations liés au PKK) deux points essentiels. Le rejet de l’État-nation (remplacé par la « nation démocratique », concept flou encore une fois) et l’importance de l’écologie et de la libération de la femme (reposant parfois sur une identification femme-nature-vie), que l’on retrouve dans la Charte de Rojava.
Rojava, potentialités et contradictions
Le modèle d’administration présenté dans la charte ou le « contrat social » de Rojava (2014), qui a désormais pris le nom de Système fédéral démocratique de la Syrie du Nord et du Rojava, frappe par l’accent qu’il met sur l’importance de la démocratie (« auto-administration »), des droits des femmes et des enfants, de l’écologie, de la laïcité et bien sûr du caractère multi-ethnique de la région. Dans un territoire dont les différentes parties sont contrôlées par l’État islamique, par les bandes djihadistes d’Al Nusra et d’Ahrar al Sham et par le régime sanguinaire d’Al Assad, ce n’est pas rien. Le contrat qui est dit être accepté par les peuples kurde, arabe, arménien, syriaque (assyrien, chaldéen et araméen), turkmène et tchétchène, refuse l’État-nation, l’État religieux et militaire et l’administration centrale et se déclare comme une partie d’une Syrie parlementaire, fédérale, pluraliste et démocratique.
La dimension multi-ethnique du régime au Rojava, qui a mené à la modification de son nom – Öcalan avait d’ailleurs proposé que ce soit juste « Fédération de la Syrie du Nord » [9] – est critiquée par des courants nationalistes présents dans l’ENKS. Ainsi le secrétaire général du Parti progressiste démocrate, Ehmed Suleyman, exprime dans un entretien réalisé en janvier 2015 qu’il ne s’agit pas d’un « projet pour les Kurdes. L’autonomie démocratique a été fondée avec les arabes, les Syriaques et les Tchétchènes. Nous ne pouvons pas résoudre la question kurde de cette façon. Notre peuple doit comprendre que ce qu’ils ont fondé n’appartiendra pas aux kurdes ». Contre cette perspective d’inclure les différentes ethnies dans le processus de construction de l’autonomie certains partis de l’ENKS défendent par exemple le déplacement des populations arabes installées dans le Rojava dans le cadre de la politique de la « ceinture arabe » dans les années 1970 [10].
Si ce contrat est principalement limité à la structure administrative, la Charte adoptée auparavant par Tev-Dem en 2013, beaucoup plus détaillée, reflétait encore plus l’esprit libertaire bookchinien des idées d’Öcalan qui a fortement inspiré le modèle du confédéralisme démocratique. Par exemple les communes sont définies comme « les plus petites unités de la société et les plus efficaces. Elles sont constituées selon le paradigme de la société où règnent les valeurs de la liberté de la femme et la démocratie écologique sur la base de la démocratie directe ». Le système économique communal est dit être dominé par l’idée de justice sociale et vise à éliminer toutes les formes d’exploitation. Les « maisons du peuple » œuvrent à « la naissance de la culture de la démocratie communale ».
Toutefois il n’est malheureusement pas suffisant de répéter le terme de démocratie pour que celui-ci fonctionne sans entrave. Car pour l’instant il s’agit d’une démocratie… sans élections. Si le pluralisme est loué au niveau des différents groupes ethniques, sa dimension politique est plutôt absente. Que le contrat social désigne les YPG comme forces armées de Rojava, reflète bien le fait que le PYD ne soit pas enclin à partager le contrôle des territoires qu’il dirige. L’imposition de l’idéologie d’Öcalan est aussi visible au niveau de l’éducation. Tous les enseignants de l’école primaire ou autre doivent auparavant passer par une formation basée sur les textes d’Öcalan et, par exemple, dans le canton de Jazira, dans des livres d’école primaire figurent des paroles d’Öcalan et des écrits concernant la vie des martyrs du PKK [11]. Mais mis à part ces exemples d’imposition d’une idéologie officielle dès le plus jeune âge (fait ressemblant très étrangement à l’expérience du kémalisme) les pratiques autoritaires à l’égard des autres partis kurdes et des groupes ethniques n’acceptant pas la domination du PYD ont été maintes fois dénoncées. Il y a eu des mouvements de protestation contre le PYD et ses pratiques, notamment à Amuda et Derabissyat en 2013, les forces de sécurités liées au PYD (les « asayish ») n’ont pas hésité à tirer sur la foule, en causant la mort de plusieurs manifestants [12]. Plus récemment, en août 2016 l’arrestation de Hassan Salih, dirigeant de Yekiti, a été un acte déplorable. Salih avait déjà été emprisonné pendant un an et demi en 2003 par le régime syrien, avec Marwan Othman, et leur libération avait réuni un cortège de 4 kilomètres de long avec la participation de plusieurs milliers de personnes [13]…
De plus, le fait que le régime se soit retiré (partiellement) du Rojava sans aucun conflit armé en laissant une grande partie de son artillerie et de ses munitions, tout en continuant à contrôler l’aéroport, la gare ferroviaire, des établissements étatiques, détenant un camp militaire au sud de Qamishlo et continuant à être présent à Hasseke, payant le salaire des enseignants (à part ceux des cours de kurde), est jugé par l’opposition kurde comme témoignant de la collaboration avec l’État syrien. S’il n’est pas possible d’exclure la thèse d’un certain compromis concernant le retrait de l’armée syrienne entre le PYD et le régime, soucieux de ne pas multiplier les fronts de combat, il nous semble difficile de parler à proprement dire d’une alliance entre les deux, ainsi que le montrent les récents conflits entre les forces (YPG et asayish) du Rojava et celles du régime soutenu par les milices assadiennes, de même que les bombardements de quartiers civils à Hasseke par l’aviation militaire syrienne.
La situation est d’autant plus complexe que le PKK-PYD a pour la première fois obtenu l’occasion de concurrencer son rival historique d’Irak du Nord en construisant son propre « État », une structure administrative souveraine avec des frontières, pour l’instant toujours changeantes. La réalité d’un Rojava autonome, renforcé par la bataille héroïque de Kobané (qui constitue désormais un nouveau mythe fondateur pour le PKK), a permis à l’organisation, mutilée par l’emprisonnement de son leader et des années de négociation avec l’État turc sans résultat – s’étant de plus soldées par un bain de sang – d’ouvrir une nouvelle séquence de son histoire…
Campisme et révolution permanente
Les marxistes révolutionnaires n’ont pas le luxe de succomber à la tentation d’adopter confortablement une grille d’analyse campiste et une des prises de position qui en découle. Le campisme dans son sens classique désigne le fait de soutenir, dans des périodes de tensions et conflits géopolitiques, un des camps en présence, contre l’autre identifié à un mal absolu, sans prendre en compte les rapports de domination de classe en son sein. Le débat sur le campisme porte principalement sur le soutien par des forces de gauche, lors de la guerre froide, au bloc de l’Est ou de l’Ouest, respectivement au nom de l’anti-impérialisme ou de la démocratie. Une telle polarisation survient aujourd’hui concernant le conflit ukrainien et surtout la question syrienne entre les États-Unis/l’Union européenne et la Russie. Ce dont il est question dans notre cas, c’est, dans le cadre du processus combiné en Syrie, la défense, suivant la même mentalité campiste, d’un des camps en présence, c’est-à-dire des Kurdes dans leur projet d’autonomisation ou du soulèvement contre le régime, sans prendre en compte l’autre processus, en lui attribuant une importance secondaire ou bien en le plaçant dans une position adverse.
Ainsi il ne nous est pas possible d’isoler le processus d’autodétermination kurde des dynamiques du soulèvement syrien et de porter un regard acritique envers le PYD-PKK, en jugeant comme secondaire les pratiques autoritaires et les atteintes aux droits politiques, qui sapent de plus les bases de son projet démocratique. Mais il n’est pas concevable non plus de refuser de prendre en compte le processus en cours au Rojava avec ses dimensions véritablement progressistes – qui n’ont pas leur pareil dans toute la région – et de minimiser les potentialités émancipatrices qu’elles comportent, en prétextant les rapports (en évolution permanente) avec le régime ou avec les États-Unis, qui comportent leur part de danger, ainsi que les contradictions que nous avons citées.
Si la direction du Rojava est bien entendu responsable de ses actes et alliances, toutes ses contradictions doivent aussi être abordées dans le cadre des conflits historiques inter-ethniques entre les Kurdes et les arabes dans la région et de la rivalité entre les diverses directions du peuple kurde. Nous n’avons pas d’autre choix que de prendre la question avec toute sa complexité à bras-le-corps et d’élaborer une approche critique et constructive en même temps [14]. Celle-ci doit s’appuyer sur le socle de la communauté des intérêts des classes laborieuses kurdes, arabes et des autres peuples de la région et donc de la nécessité de l’imbrication des processus d’autodétermination et de révolution.
Rien de nouveau en cela, l’argument principal de la perspective stratégique de la révolution permanente formulée par Léon Trotski au lendemain de la révolution russe de 1905, mais ayant déterminé (surtout par son absence) le cours de tous les soulèvements révolutionnaires, de la révolution française au « printemps arabe », met en évidence cette nécessité. Les processus révolutionnaires ayant pour objectif la libération nationale et l’instauration d’un régime démocratique s’affaiblissent et finalement échouent si des mesures collectivistes, anticapitalistes ne sont pas prises, si les aspirations des classes populaires – dont le soutien est primordial – ne sont pas prises en considération et déçues. Et de même lorsque des mouvements visant à une transformation radicale, égalitaire et libertaire de la société ne respectent pas les principes démocratiques sur les territoires qu’ils contrôlent, ne reconnaissent pas le droit à l’autodétermination des autres peuples, n’agissent pas avec une perspective anti-impérialiste c’est-à-dire en toute indépendance politique des forces mondiales et régionales, leur révolution est condamnée à s’éloigner de ses objectifs initiaux, et donc vouée à l’échec.
Ainsi, une tâche principale pour la gauche radicale qui milite hors de l’espace de conflit, mis à part les indispensables actions de solidarité, est d’œuvrer au développement de cette conscience dans nos sociétés respectives contaminées par ce fléau idéologique – ressorti de sa tombe – qu’est le campisme, dont l’unique antidote demeure toujours la tradition de l’internationalisme prolétarien portée par le marxisme révolutionnaire.
* Cet article a été initialement rédigé pour le numéro d’automne 2016 de Athawra Addaima (Révolution permanente), revue des militants marxistes révolutionnaires de la région arabe.