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Révolutions Arabes - Page 296

  • Les camps palestiniens dans la révolution syrienne (Noria)

     

    Arrivés par vagues successives du nord de la Palestine en 1948, du Golan en 1967 et du Liban dans les années 1980, les Palestiniens sont aujourd’hui 500 000 à vivre en Syrie, la plupart dans des camps de réfugiés progressivement transformés en quartiers périphériques des grandes villes.

    Quoique bien intégrés et bénéficiant d’un statut juridique relativement favorable, ils ne peuvent avoir accès à la nationalité syrienne[1].

    Le régime syrien s’est toujours, et de façon très nette depuis le début de la révolte, appuyé sur les minorités, se présentant comme leur protecteur face au spectre de la division confessionnelle et ethnique pour s’assurer soutien populaire et crédibilité sur la scène internationale.

    La population palestinienne ne peut certes pas être considérée comme une minorité nationale, mais son soutien est néanmoins précieux dans la mesure où le discours officiel du régime conditionne au maintien au pouvoir de Bachar al Assad la survie de la « résistance » à Israël. Ce soutien semble aujourd’hui bien entamé et le régime est conscient de l’impact symbolique que constitue une mobilisation des Palestiniens aux côtés des révolutionnaires syriens. En avril 2012, l’intellectuel palestinien vivant en Syrie Salama Kila a ainsi été arrêté, torturé puis expulsé en Jordanie pour avoir écrit dans un journal clandestin que «pour libérer la Palestine, il est nécessaire de faire tomber le régime [syrien]»[2]. C’est ce nouveau regard sur le régime, comme frein et non moteur de la résistance à Israël, ainsi qu’un sentiment de solidarité avec la population syrienne, qui a fait progressivement entrer les camps palestiniens dans la géographie de la révolte syrienne.

    On se concentrera ici davantage sur les logiques de mobilisation de la jeune génération des camps, en laissant délibérément de côté les conflits, les prises de positions et les doutes des factions politiques palestiniennes traditionnelles à l’égard de la crise syrienne. Il semble en effet que celles-ci n’aient eu que peu d’influence sur les choix et les orientations récentes des Palestiniens, qui, de même que les révolutionnaires tunisiens et égyptiens, rejettent de plus en plus les structures partisanes[3].

    Il est possible de distinguer trois niveaux de participation des Palestiniens de Syrie à la mobilisation, correspondant à trois périodes successives.

    Durant les premiers mois de la révolte, les camps restent calmes. On observe alors cependant une participation indirecte et passive des Palestiniens. Pour tenter de la comprendre, une étude de la géographie des camps, en particulier leur répartition dans le pays et la place qu’ils occupent dans chaque ville, peut s’avérer utile.

    À partir du mois de juin 2011, la contestation entre dans les camps palestiniens qui se révoltent non pas contre le régime syrien directement mais contre les milices palestiniennes pro-régime.

    Enfin, depuis quelques mois seulement, la participation des Palestiniens à la révolte semble être entrée dans une troisième phase, celle de l’intégration active et directe, adoptant cette fois les mêmes moyens d’action, les mêmes modes d’organisation et les mêmes revendications que les révolutionnaires syriens.

    Socialisation et politisation de la jeunesse palestinienne en Syrie

    De toute évidence, la volonté du régime et de certaines factions palestiniennes de maintenir les réfugiés hors des événements que traversait la Syrie était illusoire. Bénéficiant d’un statut juridique favorable, les Palestiniens se sont intégrés à la société syrienne. Ils sont désormais représentés dans toutes les classes et catégories sociales.

    Une partie, certes minoritaire, de la population palestinienne a pu tirer profit de l’ouverture économique des dix dernières années. La qualité de l’enseignement des écoles de l’UNRWA[4] auxquelles ont accès les Palestiniens en Syrie, ainsi que le capital culturel élevé de nombreux réfugiés aux origines citadines, ont rendu possible l’ascension sociale d’une partie d’entre eux. Ils sont très présents dans les universités ainsi qu’à tous les niveaux des secteurs public et privé, en particulier dans les professions intellectuelles telles que l’enseignement et le journalisme.

    Du fait de cette ascension sociale, de nombreux Palestiniens vivent désormais hors des camps, notamment dans le centre des grandes villes du pays. Les camps sont quant à eux sont également habités par de plus en plus de Syriens attirés par leur loyers bon marché. Le statut de « réfugié » et la qualification de « camps » pour designer les quartiers palestiniens, ne doit pas cacher la réalité de l’intégration et de la socialisation de la population palestinienne à la société syrienne. Ainsi, malgré le discours des factions palestiniennes traditionnelles, les réfugiés se sentent tout autant concernés par les événements. Comme le confiait avec ironie à l’auteur un étudiant du camp de Yarmouk à propos de la prétendue égalité entre Palestiniens et Syriens : « Finalement, nous sommes comme les Syriens : comme eux je ne peux pas voter pour changer de président, je dois faire le service militaire et si je me plains je vais en prison. Nous sommes égaux dans la souffrance et dans la détestation de ce régime ».

    Dans la Syrie prérévolutionnaire, où la question palestinienne et plus généralement la « résistance » à Israël jouissaient d’un quasi monopole dans le débat public, la dictature ayant anéanti tout espace politique et toute dissidence intérieure, les camps palestiniens se distinguaient fondamentalement des quartiers syriens par l’omniprésence de la politique dans l’espace public. Portraits, drapeaux et affiches des innombrables  factions palestiniennes couvrent les murs et remplissent les échoppes des camps. Outre les activités militantes, les factions palestiniennes organisent des activités culturelles, entretiennent la mémoire des « martyrs »,  gèrent des clubs de sport, offrent des bourses d’études, etc. S’ils rejettent aujourd’hui les factions, les Palestiniens sont dès le plus jeune âge confrontés et imprégnés de leurs discours politiques.

    Les camps palestiniens, « poumons des villes assiégées »

    La mobilisation des Palestiniens de Syrie a tout d’abord pris la forme d’une participation passive et indirecte à la révolte. La majorité d’entre eux préférait rester en dehors du conflit. Le souvenir du sort réservé aux Palestiniens en Jordanie, au Liban et en Irak, qui ont payé cher leur engagement dans la politique intérieure, les incitait à ne pas prendre position dans un conflit dont l’issue était plus qu’incertaine[5].

    Hésitant à participer directement à la révolte, ou du moins en tant que Palestiniens, de nombreux militants jugeaient inopportun d’organiser des manifestations dans les camps et préféraient grossir les rangs des cortèges des quartiers voisins. De fait, les camps palestiniens sont souvent situés à proximité des quartiers à la pointe de la mobilisation.Construits en périphérie des grandes villes, les camps se retrouvent aujourd’hui dans des banlieues densément peuplées, d’une population le plus souvent pauvre et sunnite arrivée avec l’exode rural, des travailleurs kurdes et turkmènes, des déplacés originaires du « Golan occupé ».

    À Damas, les camps Yarmouk-Falestine jouxtent le quartier de HajrAswad, l’une des premières villes de la banlieue de la capitale à s’être mobilisée.  Le camp palestinien de Homs se trouve tout près de l’université et du quartier de Baba Amr, aujourd’hui entièrement détruit par les bombardements. Le quartier de al-Ramel à Latakieh est coupé en deux, entre une partie syrienne sunnite au nord, qui s’est mobilisée dès le début de la révolte et un camp palestinien informel au sud. On retrouve une situation équivalente à Deraa et à Hama.

    Cette proximité permet ainsi à certains jeunes Palestiniens des camps de participer aux manifestations des quartiers voisins, mais également d’offrir un refuge aux activistes pourchassés, aux déserteurs en fuite, aux blessés évitant les hôpitaux et aux familles déplacées. La surveillance étant souvent considérée comme moins intense dans les camps palestiniens, de nombreux militants syriens s’y réunissaient et s’y cachaient. Les comités locaux de coordination, qui organisent le mouvement dans chaque quartier, ont décrit les camps palestiniens comme « les poumons des villes assiégées »[6].

    En effet,  Deraa, première ville ayant subi le siège de l’armée, a bénéficié pendant un temps de l’aide matérielle fournie par les Palestiniens que ce siège avait relativement épargnés. Le même phénomène s’est produit à Homs où, selon plusieurs témoignages, les premières armes récoltées par les opposants  auraient été fournies par des Palestiniens[7]. Un peu plus tard, le 15 août 2011, le quartier de al-Ramel à Latakieh, sur la côte méditerranéenne, a été investi par l’armée à la suite d’une série de manifestations. Les opposants pourchassés se sont retranchés dans le camp palestinien voisin qui a alors été bombardé par la marine.

    La révolte contre les factions palestiniennes pro-régime

    Avant de se révolter contre le régime syrien, c’est contre les partis palestiniens que la colère de la jeunesse des camps va se tourner. Aux cris de « al sha’ab yourîd isqât al fasâ’il » (le peuple veut la chute des factions), la population des camps s’approprie le fameux slogan des révolutions arabes[8] et déclenche sa révolution au niveau local, à l’intérieur des camps.

    Contrairement aux accusations portées par la propagande du régime syrien, les partis n’ont pas joué de rôle essentiel dans la mobilisation des Palestiniens.

    De fait, différents partis politiques palestiniens sont actifs dans les camps. Seul le Hamas, allié traditionnel du régime syrien, a pris ses distances avec la « solution sécuritaire » du pouvoir. Le bureau politique du mouvement a quitté Damas pour s’installer entre le Caire et Doha. Si la plupart des partis affichent leur soutien au régime, certains se montrent de plus en plus prudents, craignant de perdre leur soutien populaire.

    C’est notamment le cas du FDLP (Front Démocratique pour la Libération de la Palestine) et duFPLP(Front Populaire pour la Libération de la Palestine). Le Fatah a été accusé par le régime d’être responsable des premiers troubles à Deraa puis à Latakieh. Les dirigeants du mouvement n’ont eu de cesse de démentir toute implication, Mahmoud Abbas allant même jusqu’à nier la participation des Palestiniens aux manifestations en Syrie[9].

    D’autres factions restent au contraire fidèles à Damas, participant même à la répression du soulèvement, au premier rang desquelles le FPLP-Commandement Général, d’Ahmed Jibril[10]. Ce parti est considéré par de nombreux opposants comme la branche palestinienne des services de renseignements syriens. De fait, ce sont les milices du FPLP-CG, les seules réellement armées, qui assurent la sécurité et la répression dans les camps. C’est donc contre ces milices que vont se révolter les Palestiniens à partir du mois de juin 2011.

    C’est lors de la commémoration de la Nakba et de la Naksa, le 15 mai et le 5 juin 2011 que les premières émeutes éclatent dans les camps palestiniens. Chaque année, l’anniversaire de l’exode des Palestiniens en 1948, puis celui de la défaite de 1967, donnent lieu à des manifestations en faveur de la libération de la Palestine et du retour des réfugiés. À ces occasions, le 15 mai et le 5 juin 2011, des Palestiniens de Syrie ont manifesté à la frontière israélienne, parvenant même à la franchir et à s’introduire dans le « Golan occupé ». La marche du 5 juin fut particulièrement violente puisqu’une vingtaine de manifestants ont été tués par des soldats israéliens. C’est pendant les funérailles de ces victimes, le lendemain à Yarmouk au sud de Damas, que la première émeute a éclaté contre les factions palestiniennes. Le cortège funéraire s’est transformé en manifestation, s’attaquant au FPLP tout d’abord et FPLP-CG ensuite, dont le siège a été brulé et plusieurs cadres tués.

    Contrairement à ce qui a souvent été présenté dans les médias[11], l’idée de se rendre à la frontière n’était pas qu’une manifestation orchestrée et pilotée par le régime syrien destinée à détourner l’attention des problèmes internes à la Syrie. Il s’agissait en réalité d’une initiative créée par un groupe de jeunes Palestiniens, pour la plupart opposés au régime syrien, rassemblés dans les mouvements de la « troisième Intifada »et de la « Révolution des Réfugiés »qui souhaitaient étendre le printemps arabe à la Palestine. L’objectif était même pour certains de tenter de ridiculiser l’armée syrienne en montrant que des manifestants désarmés étaient capables de franchir une frontière qu’aucun soldat syrien n’osait approcher. Cependant, les autorités syriennes ont tenté de détourner cette initiative à leur profit, tout d’abord en autorisant les manifestants à se rendre à la frontière, ce qui n’avait jamais été possible auparavant, mais également en leur fournissant des autobus.

    C’est la tentative de récupération de l’événement, et notamment des « martyrs », qui a mis le feu aux poudres. De nombreux jeunes Palestiniens disent avoir compris à compter de cette date du 5 juin que le régime syrien utilisait la question palestinienne ainsi que celle des réfugiés pour son propre agenda politique.Cet événement a achevé de déconstruire le mythe de la Syrie championne de la « résistance » à Israël. Consciente de cette tentative d’instrumentalisation, la jeunesse des camps entame alors un bras de fer avec les factions pro-régime. En cette année 2012, au lendemain du dernier anniversaire de la Nakba, on constate qu’une telle marche commémorative n’a pas eu lieu.Le régime, n’ayant plus confiance en la foule palestinienne, ne peut désormais plus se payer le luxe de la mobiliser sans risquer de la voir se retourner contre lui.

    L’entrée tardive dans la révolution

    Après s’être développée de façon autonome par rapport au soulèvement syrien, et répondant à des dynamiques propres aux camps, la mobilisation des Palestiniens s’intègre finalement à la révolution syrienne à partir des mois de février et mars 2012. C’est donc au bout d’un an de révolte que l’on peut observer un rapprochement entre les logiques et les modes de mobilisation des  camps et celles des quartiers qui les entourent.

    Il ne s’agit plus de combattre les autorités locales dans les camps, c’est-à-dire les milices du FPLP-CG et les shabbiha[12] palestiniens, payés par de grandes familles palestiniennes proches du régime,  mais de réclamer désormais, aux côtés des Syriens, la chute du régime. Les mêmes formes de lutte et les mêmes modes d’organisation apparaissent alors dans les camps. Descoordinations locales (tansîqiyyat mahalia)[13], ont été créées dans chaque camp sur les mêmes modèles et en coordination avec les tansîqiyyat syriennes des autres quartiers et organisent des manifestations nocturnes quotidiennes.

    Les militants recueillent des informations et publient sur le réseau social Facebook des listes de noms et des photos de « collaborateurs », soupçonnés de travailler avec le régime ou avec le FPLP-CG. Des soldats de l’Armée de Libération de la Palestine(ALP)[14] désertent et rejoignent l’Armée Syrienne Libre (ASL) faisant le serment de libérer la Syrie d’abord, la Palestine ensuite. Les milices du FPLP-CG toujours présentes dans les camps menacent les familles des potentiels déserteurs, ce qui explique que les défections soient pour l’instant peu nombreuses et rarement publiques[15]. Le climat au sein de l’armée de libération est extrêmement tendu. À la fin du mois de mars, trois officiers ont été assassinés en pleine rue à Yarmouk. Des attaques contre des personnalités connues pour leurs opinions hostiles au régime répondent aux opérations de l’armée libre contre des Palestiniens soupçonnés de participer à la répression. Le responsable de la sécurité du camp de Yarmouk, Imad Serya, a été assassiné par l’ASL[16]. Depuis la fin du mois de juillet, les combats à l’intérieur des camps sont quotidiens. Le camp de Deraa est régulièrement bombardé. À Yarmouk, au cœur de la « bataille de Damas » qui se concentre aujourd’hui dans la banlieue sud autour des quartier de Tadamon et Hajr Aswad, des brigades palestino-syriennes de l’ASL affrontent les blindés de l’armée régulière. Les camps ressemblent désormais au reste de la Syrie.

    L’entrée tardive et hésitante dans le mouvement révolutionnaire s’explique par la crainte de prendre position dans un conflit que de nombreux Palestiniens considèrent comme interne à la Syrie. Cependant on peut constater une certaine redéfinition identitaire de la jeune génération dans les camps palestiniens[17]. Les shebbab al-moukhayem, les jeunes du camp,  comme ils aiment à se présenter, revendiquent plus aisément leur identité locale, de quartier, que leur identité strictement palestinienne. Certains se présentent également comme syro-palestiniens. Lorsque leur est rappelée leur identité palestinienne, ils ironisent en affirmant qu’ils ne sont pas « les enfants de Sykes-Picot », rejetant ainsi le découpage colonial des frontières de la région.

    Tout comme les Syriens, les jeunes Palestiniens sont conscients de souffrir de la dictature, de la répression et de la corruption. L’existence de shuhada’,« martyrs » palestiniens de la révolution syrienne, participe à la construction de ce nouveau référent identitaire à travers la construction en cours d’une histoire commune. Cela se traduit donc par une mobilisation non plus côte à côte, mais avec les Syriens, comme cherche à le montrer ce slogan des manifestations palestino-syriennes: « wahed wahed wahed, falistini souri wahed »(un, un, un, les Palestiniens et les Syriens ne font qu’un).

    Felix LEGRAND

     
    Pour citer cet article:

    Legrand, Felix. « Les camps palestiniens dans la révolution syrienne ». Noria, 19 août 2012, [En ligne] http://www.noria-research.com/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne (date de consultation)

    Notes:

    http://www.noria-research.com/2012/08/19/les-camps-palestiniens-dans-la-revolution-syrienne/

  • Palestine. Traduire les exigences du peuple de la Palestine historique et des opprimé·e·s d’une région entière (Al'E)

    Ce 15 août 2014, au Caire, se poursuivent les négociations indirectes – sous la houlette des services de l’intelligence militaire du président, ex-maréchal, Abdel Fattah al-Sissi – entre la «délégation palestinienne» et «la délégation israélienne». Cette dernière est formée de membres des divers services de l’armée et de la «sécurité». Avec leurs collègues d’Egypte il n’y a donc pas besoin de traducteurs.

    Pour disposer d’un pâle reflet du rapport de force effectif et de ce que représente le sys- tème territoires-libérés-pour-être-mieux contrôlés (Gaza), il suffit d’avoir connaissance de deux éléments abordés lors de ces tractations. Ainsi, l’Etat d’Israël semble prêt à permettre le transfert d’une somme pour le paiement des 40 000 fonctionnaires du Hamas à Gaza. Paiement qui serait effec- tué par l’Autorité palestinienne (AP) de Mahmoud Abbas et par ceux qui la financent.

    Cette information – élémentaire – est offerte par le quotidien israélien Yedioth Ahronoth qui suit les transactions cairotes. Autre «concession» d’Israël: le nombre de camions transitant par le point de contrôle de Karam Abu Salem pourrait passer à 600 par jour. Reconstruction oblige. Mais seront encore précisées les modalités de surveillance de ces convois ainsi que de leur contenu. Cette vigilance ne doit pas faire obstacle à un business favorable à l’économie d’Israël et à l’AP, dont les membres sont amateurs de quelques «dons».

    Pendant ce temps, un pilonnage de Gaza, par Israël, reste possible. Cela dans la mesure où il faudrait «recadrer les négociations» selon les vœux du gouvernement israélien et de son «conseil de sécurité».

    Pour l’heure, laissons de côté ces négociations indirectes, le rôle attribué à un Mahmoud Abbas qu’il «faut renforcer», les déclarations des diverses fractions du gouvernement israélien, les multiples chantages diplomatiques face à des Etats-Unis moins triomphants, les frictions au sein de la «délégation palestinienne», le rôle de l’Egypte et de ses alliances, etc.

    En effet, conjointement aux pourparlers du Caire, se déroule une autre tragédie, d’une ampleur historique.

    L’International New York Times, du 15 août, l’a compris. En première, avec photographie à l’appui, il titre : «Syria rebellion teeters on defeat» (La rébellion syrienne bascule vers la défaite). Les forces du peuple insurgé de Syrie ont dû se battre – sans appui – contre la dictature de Bachar el-Assad et contre les criminels de l’Etat islamique (ex-Etat islamique en Irak et au Levant). Sur la chaîne israélienne I24News, ce 15 août 2014, à 16 h 50, dans une émission consacrée à «la défense», Alon Pinkas, ancien consul général d’Israël à New York, reconnaissait que l’Armée syrienne libre (ASL) n’avait pas été soutenue par les Etats-Unis et par Israël.

    Pour une raison dite évidente: ce «boucher, ce criminel» (selon les termes de Pinkas), Bachar el-Assad, assurait le plus de stabilité relative dans la région. Ce d’autant plus qu’il «était affaibli» et qu’il n’existe pas d’alternative plus favorable pour ceux qui ont des intérêts dans cette région tourmentée. Plus exactement une région torturée: 180 000 morts, des centaines de milliers de blessé·e·s, des traumatismes pour des centaines de milliers d’enfants, d’adolescents, d’adultes, des millions de «personnes déplacées» en Syrie et dans les pays voisins, des milliers et milliers de déte- nu·e·s torturé·e·s. Cette lugubre énumération doit être répétée de manière inlassable; entre autres en direction de ceux et celles qui se mobilisent, à juste titre, pour les droits du peuple palestinien, mais qui expriment, au mieux, un égarement d’ignorant, au pire, un fanatisme rappelant les adeptes du «culte de Mao», avant leur conversion! Une volte-face qui frappe souvent les dévots.

    Parallèlement, les prosélytes armés de l’Etat islamique viennent de prendre, ces derniers jours, le contrôle de huit localités situées au nord d’Alep. Cette ville historique de Syrie – peuplée aujourd’hui d’un maximum de 500’000 habitants alors qu’elle en comptait plus de 2 millions en 2009 – est bom- bardée quartier par quartier par l’armée de Bachar el-Assad. En Irak, des dizaines de milliers d’Ira- kiens – de diverses confessions – cherchent à survivre dans des régions montagneuses et désertiques et à trouver refuge dans des villes du Kurdistan irakien ou en Syrie. Sans ces refuges, ces milliers de fugitifs seront soumis aux plus insupportables supplices.

    Voilà l’arrière-plan complexe et dramatique sur lequel va se dérouler, le 23 août 2014, une manifestation nationale de soutien aux droits du peuple palestinien. Il est dès lors impératif de prendre en compte cette réalité d’ensemble, même de façon sommaire. Les réunions dites unitaires ne semblent pas traduire une telle exigence. L’appel dit unitaire va être publié. Dans le cadre d’échan- ges préparatoires à cette manifestation, des membres du Mouvement pour le socialisme/Bewegung für Sozialismus (MPS-BFS) – qui partagent les objectifs généraux de la campagne BDS (Boycott, désin- vestissement et sanctions) – ont proposé le texte ci-dessous, datant du 10 août 2014. Un texte qui se veut élémentaire. Le MPS-BFS fera connaître sa propre analyse et ses options pour la solidarité avec les opprimé·e·s et les exploité·e·s de la Palestine historique et de la région, lors de la manifestation du 23 août 2014 à Berne. (Rédaction A l’Encontre)

    Les bombardements sur Gaza doivent cesser !
    Le blocus de Gaza doit être levé !
    Halte à la colonisation de la Cisjordanie !
    Pour l’application de toutes les résolutions de l’ONU !
    Pas de collaboration entre les appareils militaro-industriels d’Israël et de Suisse !

    Depuis le 8 juillet 2014, la puissante machine de guerre israélienne pilonne Gaza. En réalité, depuis des décennies, il ne s’agit que d’une guerre, dont les phases sont de plus en plus meurtrières. Une guerre pour contrôler, harceler, emmurer, emprisonner, expulser les Palestiniens et les Palestiniennes. Et contraindre des centaines de milliers de réfugié·e·s à littéralement croupir dans des camps-ghettos au Liban, en Jordanie, en Syrie.

    Un terme doit être mis à cette guerre. Une tâche historique, difficile, mais décisive pour l’émancipation de tous les peuples. Cette tâche repose sur les épaules blessées du peuple palestinien et sur sa volonté inébranlable, malgré toutes ses souffrances. Elle repose de même sur le combat contre tous les pouvoirs autocratiques de la région, complices des divers impérialismes.

    En Europe comme en Suisse, toutes les formes de solidarité avec le peuple palestinien – et ses frères dans la région – participent de ce combat pour la libération nationale et contre un Etat colonialiste. Une solidarité décidée, continue, concrète – au-delà de sa modestie – relève d’un impératif éthique universel. Elle est reçue comme telle par les opprimé·e·s de la Palestine historique. Cette fraternité est aussi entendue par les Arabes israéliens.

    Une minorité, en Israël, qui s’oppose à la politique guerrière et colonisatrice du gouvernement, peut comprendre le sens d’actions solidaires pour les droits du peuple palestinien car elles renvoient à des principes intelligibles que le sionisme fondamentaliste n’a pu gommer. Cela peut ébrécher «l’unité nationale sioniste» qui se reconstruit à coups de guerres dites défensives.

    Face à ces guerres à répétition contre le peuple palestinien, le premier devoir de la solidarité consiste à diffuser les revendications centrales portées par la société civile palestinienne :

    • un peuple occupé et opprimé détient le droit de se défendre et de mettre fin à l’occupation et à la colonisation des terres reconnues internationalement comme les siennes ;

    • le démantèlement du mur de séparation ;

    • l’arrêt de l’édification de colonies et l’établissement d’un plan régional pour la dislocation de celles établies contrairement à la résolution 446 du Conseil de sécurité, du 22 mars 1979. Elle affirmait que «ces colonies de peuplement dans les territoires palestiniens et autres territoires arabes occupés depuis 1967 n’avaient aucune validité en droit et faisaient gravement obstacle à l’instauration d’une paix générale, juste et durable au Moyen-Orient» ;

    • la mise en place d’une initiative intergouvernementale afin d’assurer le droit de retour et l’indemnisation des réfugié·e·s, selon les termes de la résolution 194 de 1948 de l’ONU ;

    • l’interruption de l’occupation déguisée de Gaza par le biais du blocus et le rejet d’une mise sous mandat international de la bande de Gaza ;

    • la libération de tous les prisonniers politiques palestiniens, doublement emprisonnés par le pouvoir israélien ;

    • l’application stricte de tous les droits fondamentaux des citoyens et citoyennes arabes israéliens, ce qui implique la dissolution du système de ségrégation qui les vise.

    Un vaste mouvement de solidarité en Suisse – au-delà de sa configuration plurielle, normale – met l’accent sur :

    • l’arrêt de toute collaboration militaire et coopération en matière d’armement de la Suisse avec l’Etat d’Israël. Dans l’immédiat, l’achat de drones israéliens doit être révoqué ; dans cette optique peuvent être développés des objectifs de la campagne internationale BDS ;

    • la convocation par les autorités suisses, en qualité d’Etat dépositaire des Conventions de Genève, d’une conférence pour l’application du droit humanitaire ;

    • le soutien à des initiatives internationales assurant la constitution d’une enquête complète sur l’opération «Bordure protectrice», cela afin que toute plainte qui serait déposée devant la CPI par des représentants de la société civile palestinienne puisse développer ses effets aux plans juridiques et économiques ;

    • la reconnaissance du statut de réfugié politique aux Palestiniens visés par le pouvoir militaire et policier israélien, comme à toutes les personnes menacées de mort, de torture et de prison par les gouvernements autocratiques de la région et par les forces obscurantistes et criminelles de l’Etat islamique. (10 août 2014)

    Rédaction A l’Encontre Publié par Alencontre le 15 - août - 2014

    http://alencontre.org/moyenorient/irak/palestine-traduire-les-exigences-du-peuple-de-la-palestine-historique-et-des-opprime%C2%B7e%C2%B7s-dune-region-entiere.html

  • Paris: Collectif National pour une Paix Juste et Durable, mercredi 20 août 18h30

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    Appel du Collectif National pour une Paix Juste et Durable

    Rassemblement mercredi 20 août à 18 heures 30
    place des Invalides – métro Invalides


    Halte à l’agression israélienne
    Levée du blocus, illégal et criminel, de Gaza
    Libération de tous les prisonniers
    Sanctions immédiates contre Israël jusqu’au respect du droit international
    Soutien à la résistance du peuple palestinien
    Oui à la liberté d’expression, non à la criminalisation de la solidarité

    http://www.ujfp.org/spip.php?article3463

  • Solidarité Syrie : rassemblement le 21 août à Paris (Essf)

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    Un an après le massacre à l’arme chimique perpétré à la périphérie de Damas par Bachar Al Assad

    Jeudi 21 août 2014, Paris commémore sa libération, il y a 70 ans, du régime nazi ; ce soir là, en solidarité avec le peuple syrien, nous dirons « non à l’impunité » du nazillon qui, il y a tout juste un an, a gazé plus de mille Syriens dans la banlieue de Damas.

    Massacre à l’arme chimique du 21 août 2013

    L’impunité 1 an après !

    Il est impensable que le funeste anniversaire du massacre à l’arme chimique perpétré par Bachar Al Assad, le 21 août 2013, soit commémoré dans l’indifférence générale.

    Ce jour du mois d’août 2013, sur les quartiers Sud et Ouest de la périphérie de Damas, l’armée de Bachar Al Assad a lancé des missiles balistiques sol-sol contenant du gaz sarin faisant plus de 1000 victimes, notamment des centaines d’enfants. À l’encontre de ceux qui continuent de distiller une forme de négationnisme concernant cette attaque chimique [1], rappelons que « la Commission d’enquête mandatée par l’ONU confirme les allégations d’utilisation de gaz sarin par le régime, avec des preuves accablantes et irréfutables ». Le 9 septembre 2013 le Secrétaire général de l’ONU Ban Ki-Moon a qualifié devant le Conseil de Sécurité de l’ONU de crime de guerre cet acte barbare, et il a demandé que les responsables de ce crime soient présentés à la justice.

    Malheureusement les grandes puissances, par un aveuglement irresponsable et par lâcheté, ont fait peu de cas du franchissement de la « ligne rouge » par Bachar Al Assad le 21 août 2013, lui donnant par là-même le droit de continuer à massacrer son peuple en toute impunité. Les bombardements d’habitations par des barils de chlore ou d’explosifs continuent de semer la mort et la désolation dans une indifférence quasi- générale. La liste des syriens morts sous la torture dans les geôles du régime ne cesse de s’allonger. La Cour Pénale Internationale n’a toujours pas été saisie.

    Bachar Al Assad, peut ainsi continuer à martyriser le peuple syrien et ses enfants, partageant son entreprise de mort avec celle des intégristes qu’il a aidés à prospérer aux dépens des démocrates syriens jusqu’à l’actuel embrasement de toute la région.

    Après quarante-trois années de dictature et 40 mois de Révolution pour une Syrie libre et démocratique, nous réaffirmons avec force notre exigence de mesures de protection du peuple syrien lui donnant les moyens d’en finir avec la destruction du pays, les bombardements et la terreur d’État. Nous en appelons à une solidarité en actes et à une mobilisation de toute la société française pour soutenir ceux qui se battent pour le respect des droits humains contre la dictature et contre les groupes obscurantistes. Cela passe notamment par une aide humanitaire décuplée. Nous demandons que la France et l’Union européenne aident les Syriens à arrêter le massacre des populations et la destruction d’un inestimable patrimoine de toute l’Humanité, et à reprendre la main sur leur avenir.

    Rassemblement le jeudi 21 août à 18 heures Devant la Fontaine Place St Michel

    Métro Saint Michel, ligne 4

    Signataires :

    Collectif Urgence Syrie, Souria Houria, Coordination de Paris pour le soutien de la Révolution syrienne, Déclaration de Damas, Collectif du 15 mars, L’Association des Amis de Samir Kassir, CISLD (Comité d’Information pour une Syrie Libre et Démocratique), Appel Solidarité Syrie, LDH, MRAP, ATTAC, UJFP, FEMED [2], REMDH, Mouvement Émancipation, EÉ – Les Verts, NPA, Appel d’Avignon à la solidarité avec le peuple syrien, …

    Notes

    [1] On a dénombré 20 attaques chimiques en 2013 (Alep, Damas, Homs, Idleb, Deraa) et 10 en 2014 à ce jour.

    [2] Fédération Euro-Méditerranéenne contre les disparitions forcées.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article32789

  • Gaza et les négociations du Caire (Julien Salingue Essf)

     
    La première des hostilités dont sont victimes les habitants de Gaza est le blocus illégal et inhumain
     
    « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure »

    Près de 2 000 morts, plus de 10 000 blessés, plus de 400 000 déplacés, des dizaines de milliers de bâtiments détruits ou endommagés… Le bilan de l’agression israélienne contre Gaza s’alourdit, malgré les « trêves » et autres « cessez-le-feu », de jour en jour. Il s’agit tout simplement, en termes de bilans humain et matériel, de la plus violente offensive israélienne dans les territoires palestiniens depuis la guerre de juin 1967.

    À l’heure actuelle, l’attention se polarise sur les « négociations » en cours au Caire, en vue d’un cessez-le-feu durable. Ces négociations aboutiront-elles ? Rien n’est moins sûr. Et quand bien même elles aboutiraient, rien ne sera réellement réglé.

    Un « cessez-le feu » ?

    Le récit politique et médiatique dominant demeure imprégné du point de vue israélien. Les « hostilités » se résumeraient aux bombardements sur Gaza et aux tirs de roquettes palestiniens. Une « sortie de crise » passerait donc par un accord permettant de mettre un terme aux uns et aux autres. Les diri- geants et les médias occidentaux pourraient ainsi respirer un grand coup et passer à une autre actua- lité, en attendant que dans un an ou deux, une nouvelle campagne militaire israélienne ait lieu au prétexte des tirs de roquettes, et chacun s’interrogerait et tenterait de comprendre pourquoi la « trêve » n’a pas duré…

    Les données du problème sont pourtant simples. La première des hostilités dont sont victimes la bande de Gaza et ses habitants est le blocus illégal et inhumain imposé à la petite enclave côtière, avec la complicité de l’Égypte, depuis plus de 8 ans. Ce blocus a détruit la vie au sein de Gaza et menace chaque jour un peu plus ses habitants d’une véritable tragédie humanitaire. Un rapport de l’ONU publié en 2012 indiquait ainsi que la bande de Gaza ne serait « plus vivable » en 2020, en raison du manque d’infrastructures (au moins 80 hôpitaux supplémentaires devraient être construits, le nombre d’écoles devrait être doublé) et de la pénurie de ressources essentielles (avant l’agression actuelle, la moitié des habitants de Gaza n’avaient pas un accès régulier à l’eau potable et près de 80 % de la population devait se contenter de 4 heures d’électricité par jour).

    L’opération israélienne en cours a aggravé encore un peu plus la situation, avec des dégâts estimés entre 5 et 6 milliards de dollars (soit environ 3000 dollars par habitant). La seule centrale élec- trique de Gaza a été détruite et les officiels annoncent qu’il faudra au moins un an pour la réhabiliter ; des milliers de bâtiments ont été endommagés ou détruits, parmi lesquels des écoles, des hôpitaux et des établissements industriels indispensables ; le nombre d’habitants dépendant de l’aide alimentaire internationale a encore augmenté, pour atteindre plus de 75% de la population. Selon un responsable de l’ONG israélienne Gisha, qui fait notamment campagne pour la liberté de circulation des biens et des personnes depuis et vers Gaza, sans levée du blocus, « cela prendrait 100 ans de reconstruire Gaza » si le blocus n’est pas levé, qui empêche notamment les matériaux de construction d’entrer dans la Bande.

    « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure »

    Les demandes palestiniennes pour la signature d’un accord de cessez-le-feu ne sont absolument pas, dans de telles conditions, et ce contrairement au récit dominant des négociations en cours, « maxima- listes » ou « radicales ». Elles font d’ailleurs consensus chez l’ensemble des forces palestiniennes, y compris la très docile Autorité Palestinienne de Ramallah, dirigée par un Mahmoud Abbas dont on con- naît pourtant la tendance au «compromis», ou plutôt à la compromission. On pourrait s’étonner du fait que quasiment personne, chez ceux qui vantent la «modération» d’Abbas pour mieux l’opposer à la «radicalité» du Hamas, n’ait souligné ce fait, si l’on ne savait pas déjà que ce genre de propos est avant tout destiné à affaiblir la partie palestinienne.

    Quelles sont ces demandes ?

    La levée du blocus, évidemment, qui passe notamment par l’ouverture des frontières avec Israël et avec l’Égypte, la réhabilitation du port et de l’aéroport de Gaza (détruit et fermé depuis la fin de l’année 2000), l’extension à 10 kilomètres de la zone de pêche au large de Gaza. Comme le souligne la juriste Francesca Albanese, qui a travaillé durant 8 ans pour l’ONU, « Aucune de ces revendications n’est nou- velle. Les Nations Unies, entre autres, ont régulièrement exigé la levée du siège, siège illégal selon la législation internationale, comme une condition nécessaire pour mettre fin à la situation humanitaire désastreuse dans la Bande. Faciliter les mouvements des marchandises et des gens entre la Cisjor- danie et la Bande de Gaza avait déjà été stipulé dans l’Agrément sur le Mouvement et l’Accès (AMA) signé entre le gouvernement d’Israël et l’Autorité Palestinienne en 2005. Même la construction d’un port et la possibilité d’un aéroport à Gaza avaient déjà été stipulées dans l’AMA, alors que leur réalisation effective n’a jamais suivi. La demande d’élargissement de la zone de pêche autorisée est inférieure à celle envisagée en 1994 dans les Accords d’Oslo et elle faisait déjà partie de l’arrangement du cessez-le-feu en 2012 »

    Rien de « maximaliste » ou de « radical » dans de telles exigences, qui correspondent tout simplement au minimum vital pour la population de Gaza, et qui sont reconnues comme légitimes par l’ensemble des organismes internationaux. Ce sont ces revendications qu’Israël refuse d’entendre, démontrant une fois de plus que ce que la puissance occupante refuse au nom de sa prétendue sécurité n’est pas la satisfaction des droits nationaux des Palestiniens (eux aussi consacrés par le droit inter-national) mais l’établissement des conditions de la satisfaction de leurs besoins les plus élémentaires: circuler, se loger, se soigner, se nourrir convenablement, s’éduquer. D’où l’exaspération de la population de Gaza et des organisations de la résistance palestinienne, et ce sentiment de plus en plus répandu chez les habitants de l’enclave, et ce malgré la violence de l’agression actuelle, tel que le résume Raji Sourani du Palestinian Center for Human Rights (PCHR) : « Plutôt mourir que revenir à la situation antérieure ».

    Sans justice, pas de paix !

    Nulle intransigeance donc de la part des Palestiniens, mais au contraire une certaine modération puis- que nulle organisation ne demande aujourd’hui la satisfaction de l’ensemble des droits nationaux des Palestiniens (fin de l’occupation civile et militaire, droit à l’autodétermination et droit au retour des réfu- giés) en échange d’un cessez-le-feu, mais seulement des droits basiques et un peu d’oxygène.

    L’intransigeance est à situer, une fois de plus du côté de l’État d’Israël, qui démontre à qui voulait l’oublier qu’il poursuit, au nom de sa soi-disant « sécurité », une entreprise méticuleuse de des- truction de la société palestinienne afin de l’empêcher de pouvoir revendiquer collectivement ses droits. Tel est l’un des objectifs inavoués de l’agression contre Gaza: renvoyer la petite bande côtière à l’âge de pierre afin que les préoccupations de la population ne soient pas liées à la lutte pour la fin de l’occupation mais à la lutte pour la reconstruction et la survie.

    C’est pourquoi, dans les négociations actuelles, Israël refuse d’entendre parler d’une véri- table levée du blocus, qui permettrait en effet aux Gazaouis de respirer un peu et, à terme, de se réor- ganiser pour combattre l’occupation. On serait tenté de dire que l’État d’Israël aurait tort de se priver d’agir de la sorte dans la mesure où personne, dans les chancelleries occidentales, ne formule de quel- conques exigences à son égard et ne considère qu’il faudrait exercer de quelconques pressions à son encontre. Bien au contraire, on accuse les Palestiniens d’être responsables de l’échec des soi-disant « trêves » et on exige qu’ils cessent de revendiquer leurs droits, les plus élémentaires, en échange d’une « accalmie », entendre la fin des bombardements massifs.

    Dès lors, il est plus qu’urgent d’entendre les appels répétés des organisations palesti- niennes, qu’il s’agisse des organisations palestiniennes ou des structures de la société civile, qui ne cessent de répéter que l’urgence est aujourd’hui à l’imposition de véritables sanctions contre Israël, avec l’extension de la campagne BDS (Boycott-Désinvestissement-Sanctions), seule à même d’exercer de véritables pressions sur Israël, de contribuer à son isolement et de modifier le rapport de forces en faveur des Palestiniens. Comme le soulignaient dès le 15 juillet plusieurs organisations de la société civile de Gaza, « sans pression et sans isolement, le régime israélien n’a cessé de prouver qu’il continuera à perpétrer des massacres tels que ceux auxquels nous assistons pour l’instant et qu’il n’a nullement l’intention de mettre un terme à des décennies d’épuration ethnique, d’occupation militaire et de politique d’apartheid. (…) Nous vous invitons à rallier la campagne sans cesse croissante de Boycott, Désinvestissement et Sanctions afin de demander des comptes à cet État voyou qui se révèle une fois de plus si violent tout en bénéficiant pourtant de la plus grande impunité ».

    Le meilleur service à rendre aux Palestiniens est donc de faire preuve d’au moins autant de déter-mination et d’obstination qu’eux en faisant payer le prix des souffrances qui leur sont infligées à l’État d’Israël et à tous ceux qui le soutiennent, entre autres et notamment le gouvernement Hollande-Valls.

    Trêve durable ou pas, la lutte devra se poursuivre afin d’éviter qu’Israël ne se sente libre, à l’avenir, de bombarder, d’emprisonner, d’expulser, de tuer et de coloniser. Qu’il s’agisse de leurs droits nationaux ou de leurs droits les plus élémentaires, les droits des Palestiniens ne sont pas négociables et ne peuvent être sacrifiés sur l’autel des intérêts de l’État d’Israël et de ses alliés occidentaux et arabes. En d’autres termes, et comme le répètent depuis des décennies les Palestiniens et tous ceux qui sont authentiquement solidaires de leur cause : sans justice, il n’y aura pas de paix.

    Julien Salingue  15 août 2014

  • Maroc, Fès: mort d’un prisonnier politique après 72 jours de grève de la faim (AEL)

    Les opposants au Maroc passent par des mauvais moments.

    Au lendemain de la condamnation de la militante Wafaa Charaf à une peine d’un an de prison ferme, une nouvelle encore plus tragique est tombée : l’étudiant et militant de gauche Mustapha Meziani est mort mercredi 13 août à Fès. Il décède après une grève de la faim de 72 jours pour protester contre le refus des autorités de lui permettre de s’inscrire à l’université.

    L’association marocaine des droits de l’homme (AMDH) qui avait déjà interpellé les autorités maro- caines sur les risques encourus par Mustapha Meziani les rend responsables de la mort du jeune homme de 31 ans. Mustapha Meziani, était détenu dans le cadre de l’affaire de l’étudiant du PJD, Al-Hasnaoui, tué dans des affrontements entre des groupes d’étudiants islamistes et marxiste.

    Le jeune homme qui considérait sa détention comme une punition pour son activité militante était en grève de la faim pour protester contre sa détention, son exclusion de l’université et pour réclamer son droit à une réinscription à l’université. Les militants associatifs s’inquiétaient ces derniers temps des risques graves pesant sur la santé de Meziani dont la situation s’était dégradée.

    Cela avait conduit à son transfert, le 4 août dernier, au CHU Hassan II de Fès où, selon le communiqué de l’administration pénitentiaire, il avait été placé en réanimation où, précise-t-elle, il a bénéficié "jusqu’à son décès de plusieurs soins et examens médicaux, dont les frais ont été pris en charge par l’administration de l’établissement pénitentiaire".

    L’Association marocaine des droits humaines (AMDH) qui avait adressé une lettre ouverte au chef de gouvernement, Abdelilah Benkirane, sur la situation "inquiétante que connaissent certaines prisons du pays". Elle avait insisté sur le cas de Meziani et réclamait l’ouverture d’un dialogue avec lui pour "préserver son droit sacré à la vie".

    Après l’annonce du décès de Meziani, l’AMDH a mis en cause la négligence avec laquelle les institutions de l’Etat, la chefferie du gouvernement, le ministère de la justice et l’administration pénitentiaire, ont traité les demandes du défunt.

    L’AMDH rappelle qu’elle a saisi toutes les instances y compris le chef du gouvernement pour que la demande légitime d’une réinscription à l’université soit acceptée. En vain, indique l’AMDH, "comme si la vie humaine ne vaut rien chez l’Etat marocain qui prétend adhérer aux droits de l’hommes tel que reconnus universellement". 15 août 2014

    Source : Huffington Post

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-fes-mort-d-un-prisonnier

  • Quimper, rassemblement samedi 16 août

     

     

    LDI-2014-07-21-002.jpg

    AFPS Pays de Cornouailles

    - pour l’arrêt définitif des bombardements sur Gaza,

    - pour la levée du blocus, illégal et criminel de Gaza,

    - pour l’arrêt de l’agression israélienne en Cisjordanie et à Jérusalem-​​Est,

    - pour des sanc­tions immé­diates contre Israël jusqu’au respect du droit international,

    - pour le soutien au gouvernement palestinien d’entente nationale,

    - pour le soutien aux orga­ni­sa­tions pales­ti­niennes et israé­liennes qui appellent à la paix.

    http://www.france-palestine.org/Rassemblement,24512

  • New York

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