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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

     

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  • Gaz de schiste : La lutte qui a changé les habitants d’In Salah (Algeria Watch)

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    Plus d’un an après les manifestations anti-gaz de schiste, les habitants de cette ville du Sahara ne sont plus les mêmes. Rassemblés, ils comptent bien rester des interlocuteurs pour les autorités dans le développement de leur région.

    Sous les arcades de la place, les passants et les marchands le saluent. Abdelouahab Messaoudi, 32 ans, jean, veste et chaussures Caterpillar ocres assorties, répond toujours avec un immense sourire. Désormais, tout le monde connaît ce fils d’un employé de l’Algérienne des eaux. Pendant huit mois, il a tenu la kheïma qui servait de QG aux opposants au gaz de schiste sur la place Soumoud.

    «Les vieux nous ont dit qu’ils n’avaient jamais vu un mouvement aussi solidaire depuis l’indépendance», raconte-t-il. Fin décembre 2014, lorsque les habitants de la ville découvrent que l’État lance des explorations de gaz de schiste à 16 km de là, ils se serrent les coudes pour se faire entendre. «Des hommes allaient faire les courses, des femmes faisaient la cuisine.

    Ce sont les femmes qui ont bloqué l’accès à la daïra», se souvient le jeune homme qui organise à l’époque la prise en charge de plusieurs victimes blessées dans les affrontements avec les forces de l’ordre. «Le gaz de schiste a fédéré et effacé les communautarismes. Nous étions dans un bateau en pleine mer. La coque était trouée. Tout le monde devait participer, sinon tout le monde se noyait», résume Mehdi, 30 ans, aide-cuisinier dans l’une des bases vie d’In Salah.

    Méfiance

    A la nuit tombée, Abdelouahab retrouve des amis, sous une kheïma. Mohamed, 31 ans, faisait partie des premiers manifestants. Il a été licencié en représailles par GTP comme 64 autres salariés. «Les négociations avec l’entreprise n’ont rien donné. Nous l’avons attaquée en justice», raconte-t-il. Le jeune homme n’a toujours pas retrouvé de travail. «Il y a du travail à In Salah, mais il faut de la maarifa», ajoute Abdelouahab qui, lui aussi, est au chômage. Le tribunal examine toujours une plainte déposée par le P/APC pour destruction d’un parc de la commune. «Les 18 accusés ont participé à la mobilisation. Cette plainte est un règlement de compte», affirme l’un des leaders de la contestation.

    A la rentrée universitaire, les autorités ont voulu démolir une petite boutique qui fait face à l’université de Tamanrasset. «Le propriétaire a beaucoup aidé les étudiants qui manifestaient l’année dernière», raconte un habitant. Le jour de la destruction, des dizaines d’étudiants ont bloqué l’avancée des forces de l’ordre et empêché la démolition du magasin. «En guise de remerciements, le propriétaire a organisé une fête dans la cité universitaire», se souvient un jeune protégé du froid par son burnous.

    Chèche bleu enroulé autour de la tête, Djamel Addoun, 50 ans, sert le thé. Ce retraité de l’éducation est l’un des photographes de la place Soumoud. «Aujourd’hui, les habitants se tiennent au courant de tout ce qui se passe dans la ville. Ils sont vigilants parce qu’ils ne font plus confiance à l’État», explique-t-il. «A In Salah, le FLN nous disait de voter Bouteflika, on votait.

    Pour nous, l’État ne pouvait vouloir que notre bien. Quand les habitants se sont rendu compte que cet État pouvait leur faire du mal, ils ont passé deux mois dehors», explique un ingénieur de la ville. Sous la tente, dans les effluves de khor, jeunes et moins jeunes, évoquent les mois de rassemblement avec nostalgie et fierté : «Nous avions une opinion, nous l’avons exprimée, nous l’avons défendue. On n’aurait jamais pensé y arriver», ajoute l’ingénieur. Aujourd’hui, lors des cérémonies de mariage, on chante encore des chants anti-gaz de schiste.

    Trahison

    Le matin, le vent froid soulève le sable et fait voler les foulards. Abdelouahab salue un jeune homme fin en survêtement qui conduit un fourgon blanc. Lahcene Nakhou, 28 ans, tient une boutique d’informatique sur l’une des avenues de la ville. Il est le frère d’Ahmed, 32 ans, décédé pendant les affrontements entre manifestants et forces de l’ordre, asphyxié par les gaz lacrymogènes. Ce fils d’une famille de nobles de la ville s’est senti trahi : «Pendant les affrontements, j’étais avec le commissaire pour apaiser les esprits mais mon frère est mort à cause de leurs bombes lacrymogènes».

    Lahcene insiste : «Ils ont traité les manifestants de fils du Mali et de perturbateurs. Ils considèrent qu’à In Salah personne ne comprend rien.» Ces insultes-là, la réponse des autorités, sont toujours une blessure importante pour les habitants. «Les responsables nous ont fait comprendre que pour eux, la citoyenneté ce n’est que de l’encre sur du papier», ajoute Abdelouahab.

    Rap

    A 200 m de la place Soumoud, le café de la piscine est l’un des lieux de rendez-vous des jeunes de la ville. Il y a du thé, du café, le wifi et la télévision. Abdelouahab y retrouve Adel, rappeur des Desert Boys, un groupe de la ville qui a participé à la contestation. Salarié de In Salah Gaz, diplômé en sécurité environnementale, Adel, 27 ans, est né à In Salah, comme les autres membres du groupe. «Le gaz de schiste est néfaste. Nous devions nous mobiliser sur le terrain et à travers notre musique», dit-il. Desert Boys a donc enregistré un featuring avec Lotfi Double Canon intitulé «Samidoun». Un an plus tard, Adel considère qu’il y a encore des problèmes qui doivent être au cœur de ses chansons. «Il n’y a pas assez de travail, pas assez de lieux pour les jeunes. Nous avons d’autres combats à mener», sourit-il.

    Écoute

    Les jeunes, c’est le coeur de cible du nouveau wali délégué, Lakhdar Seddas. Ancien chef de daïra de Beni Ounif, cet énarque de 56 ans reçoit les habitants tous les jours : «Nous avons découvert que derrière les manifestations, il y avait des revendications d’ordre social. Il y a une cassure entre les citoyens et les représentants de l’Etat.

    L’éloignement de la ville du chef-lieu de la wilaya était l’une des causes principales de cette cassure.» Les habitants apprécient ce nouveau responsable qui fait du travail de proximité sa priorité. «Avant, pour se faire entendre, nous devions attendre la visite du wali depuis Tamanrasset. Cette affaire de gaz de schiste c’est aussi un problème d’écoute : comment ont-ils pu vouloir nous imposer ce projet alors que tout le monde s’y opposait ?», se souvient Abdelouab.

    Devant son hôtel fermé par les autorités locales, près du marché, Abdelmalek est ravi de l’évolution : «L’APC n’avait rien fait en quatre ans. Depuis l’arrivée du wali délégué, la route a été améliorée et il y a de l’éclairage public. C’est déjà un signe de changement». Autre symbole, la population raconte en souriant que Lakhdar Seddas fait le plein pour son véhicule à la station-service comme les autres habitants.

    Maraîchage

    «On sent que l’Etat s’intéresse à cette région mais ce n’est pas la Californie», nuance un cadre. In Salah reste une ville où la vie est éprouvante. La température l’été y atteint 50°C, il y pleut deux jours par an, et l’eau de source qui alimente la ville, trop salée, rend les habitants hypertendus. «Après des mois de contestation, il fallait canaliser l’énergie de la mobilisation. On veut voir l’avenir sous d’autres perspectives que les hydrocarbures. Nous voulons désormais développer une vision basée sur le maraîchage et la plantation d’arbres», explique Hacina Zegzeg l’une des figures de la contestation, qui veut créer avec son mari l’association Smart Sahara.

    Sa fille, Djihad, fait des exposés sur le gaz de schiste «pour sensibiliser» et tente d’organiser une opération de plantation d’arbres dans son lycée : «On me dit que se sont des problèmes d’adultes mais nous devons aussi participer au développement de notre ville». Au début du mois de janvier, des habitants de la sortie ouest de la ville ont entendu un grondement sourd. Tout le monde a cru à une explosion de gaz. «On n’a jamais eu aucune information sur les explorations. Aujourd’hui, on a appris à se méfier de tout», explique Hacina.

    Personne ne sait si l’exploration est terminée. «L’appareil de forage et tous les travailleurs ont été envoyés à Hassi Messaoud. Il n’y a plus que les maintenanciers et les gendarmes», raconte l’un des employés du site. Sur la place Soumoud, il ne reste comme témoignage de la lutte qu’un slogan écrit en vert sur un mur ocre. Abdelouahab traverse encore cette place ensablée tous les jours : «Nous sommes toujours debout et nous saurons faire face si l’Etat décide de lancer d’autres projets de gaz de schiste».
    Beratto Leïla El Watan, 29 janvier 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/eco/gaz_schiste/lutte_un_an_apres.htm

  • Tunisie : Douze revendications des « sit-inneurs » au siège du gouvernorat de Kasserine (Essf)

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    1. Emploi d’un membre de chaque famille sans tenir compte du père ou de la mère, et ce dans le cadre de règles justes et équitables pour l’ensemble des chômeurs.

    2. Mise en application d’un classement préférentiel dans les recrutements selon les spécialités, l’année de l’obtention du diplôme, l’âge et le gouvernorat.

    3. L’application d’une discrimination positive pour les chômeurs de longue durée, les malades, les chômeurs âgés de plus de 35 ans et les cas sociaux.

    4. L’abaissement de l’âge de départ à la retraite pour permettre l’embauche des jeunes.

    5. L’octroi d’une indemnité de chômage égale au salaire minimum en vigueur ainsi que le bénéfice de la couverture sociale, de la gratuité des soins et du transport durant la période du chômage et la suppression des dispositifs précaires mis en place actuellement comme le travail volontaire ou les stagiaires professionnels.

    6. Mise en place de mesures d’exception dans les conditions d’âges requises dans le recrutement dans la fonction publique surtout celles en vigueur aux ministères de l’intérieur et de la défense.

    7. La restructuration de la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa ainsi que la réouverture des unités fermées et leur modernisation afin qu’elles puissent pourvoir à l’embauche des jeunes chômeurs.

    8. L’attribution de terres domaniales au profit de projets agricoles pour les jeunes chômeurs.

    9. L’examen de la situation de la société pétrolière SEREPT et la société du phosphate de Jedliane afin d’accroitre les possibilités de recrutement dans ces deux sociétés.

    10. Création de sociétés publiques à l’instar de la société la Société Nationale de Cellulose et de Papier Alfa, et ce, dans le secteur des industries de transformation employant beaucoup de main d’œuvre.

    11. Recrutement statutaire des recrutés dans la fonction publique selon différents dispositifs précaires tels les professeurs contractuels en alternance, le dispositif n° 16, les chantiers ; et l’examen des listes d’attente des lauréats des concours de CAPES oraux et écrits.

    12. Augmentation du taux des chômeurs dans les recrutements et publications de toutes les données concernant les critères et les résultats des opérations de recrutement afin de garantir toute la transparence nécessaire.

    13. Publication de tous les engagements du gouvernement vis-à-vis des « sit-inneurs » dans le journal officiel de la République tunisienne, afin d’éviter les erreurs de communications car aujourd’hui la crédibilité ne prévaut que par l’écrit.

    Kasserine, le 25 janvier r2016

    الجمعية التونسية للدفاع عن طالبي الشغل بالقصرين
    Association Tunisienne de Défense des Demandeurs d’Emploi Kasserine

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article36018

  • Syrie : « Les bombardements ne changent rien, seuls les civils paient » (Basta)

     Homs, tenu par les rebelles syriens, en juin 2014. Depuis, la cité a aussi subi des bombardements de l’aviation russe / CC Pan Chaoyue

    Quelques jours après les attentats du 13-Novembre, l’armée française intensifiait ses frappes militaires en Irak et en Syrie, contre des sites contrôlés par Daech.

    Pendant ce temps, 4,5 millions de Syriens ont fui leur pays, et la France n’accueille des réfugiés qu’en nombre très limité. Que pensent les premiers concernés de l’intervention militaire française ? Basta ! a recueilli le point de vue de deux Syriennes installées en France, depuis plusieurs années. Elles donnent leurs avis sur la réponse militaire française aux attaques, l’accueil des réfugiés, et la situation politique en Syrie.

    Des pourparlers de paix sur la Syrie doivent commencer ce 29 janvier 2016 à Genève, alors que les États-Unis, la Grande-Bretagne, la France, avec l’appui de l’Allemagne, et la Russie participent aujourd’hui aux opérations militaires en Syrie [1]. La France avait commencé à frapper des cibles de l’État islamique en Irak en 2014, puis en Syrie à partir de septembre 2015. Après les attentats du 13-Novembre, le gouvernement français a décidé d’y intensifier son intervention militaire. Et d’en modifier la base juridique, en passant d’un régime de défense de l’État irakien – face aux attaques de Daech – à un régime plus ambigu de « légitime défense individuelle », selon l’expression du ministre de la Défense Jean-Yves Le Drian [2]. Au cours des mois de décembre et de janvier, la France aurait opéré 140 bombardements, selon le ministère de la Défense, soit deux par jour en moyenne [3].

    La Russie, qui a entamé une intervention militaire juste après l’été, ne s’attaque pas seulement à des cibles de l’État islamique. Moscou, qui soutient le régime de Bachar el-Assad, cible aussi largement l’opposition et les rebelles non djihadistes. Ces frappes auraient déjà fait des centaines de victimes civiles, selon Amnesty International. L’ONG accuse la Russie de bombarder des zones d’habitations, et même des structures médicales.

    Pendant ce temps, les Syriens continuent de fuir massivement leur pays. 4,5 millions se sont exilés à l’étranger, dont 2,5 millions en Turquie, 1 million au Liban, plus de 600 000 en Jordanie, 250 000 en Irak, plus de 100 000 en Égypte [4]. Plus de la moitié des 850 000 réfugiés qui ont rejoint l’Europe par les côtes grecques en 2015 sont syriens [5]. La plupart d’entre eux sont venus trouver refuge en Allemagne, où un million de personnes ont déposé une demande d’asile l’année dernière, dont 400 000 Syriens et plus de 100 000 Irakiens. La France n’accueille des réfugiés syriens qu’en nombre très limité : 3 553 demandes d’asile ont été déposées par des Syriens en 2015, selon les chiffres du ministère de l’Intérieur. Ces chiffres ne prennent pas en compte les personnes qui ont pu arriver en France avec un visa.

    Quant aux Syriens qui vivent en France, que pensent-ils de l’intervention militaire ? Comment observent-ils la crise migratoire ? Comment analysent-ils la situation dans leur pays ? Basta ! est allé posé ces questions à deux Syriennes installées en France [6].

    « On a l’argent pour faire la guerre, mais pas pour accueillir les réfugiés politiques ? »

    Jasmine [7] a la trentaine. Elle est arrivée en France en 2011, après avoir terminé ses études dans un autre pays européen :

    « Quand je suis partie de Syrie, ce n’était pas encore un conflit. Il y avait l’oppression, mais ce n’était pas encore la guerre. C’était la révolution. C’était beau. Mais j’ai essayé de partir rapidement, parce que, pour moi, c’était un peu évident que ça allait se transformer en quelque chose de moche. J’ai vécu presque toute ma vie avec ce régime-là, je le connais bien. Ils sont vraiment très durs.

    Je pense que les interventions militaires, dans l’histoire, ont parfois été nécessaires, pendant la guerre des Balkans, en Bosnie, par exemple. En Syrie aussi, il y avait un moment où c’était nécessaire. En 2013, après les attaques chimiques, je ne voyais pas d’autres solutions pour régler ce conflit que l’intervention militaire. À l’époque, il n’y avait pas encore Daech. Mais l’Union européenne n’a rien dit. Obama a d’abord dit que les armes chimiques constituaient une ligne rouge. Puis il a changé d’avis, car la Russie a déclaré que le régime syrien allait rendre ses armes chimiques. Puis tout le monde a oublié. Mais le régime a continué la violence avec toutes sortes d’armes non chimiques, conventionnelles. C’était scandaleux. Il fallait intervenir à ce moment-là. Maintenant, on intervient juste contre Daech.

    Cette intervention militaire française me déçoit. Et c’est triste que les Français ne réagissent pas. J’ai l’impression qu’ils ne savent rien. Que si l’État dit qu’il faut aller faire la guerre, on va y aller. Mais c’est la guerre, il y a aussi des innocents derrière. Et comment fait-on la guerre contre Daech ? Où est Daech ? Parmi les civils, comme à Rakka [Syrie, Ndlr], où vivent un demi-million d’habitants [8]. Pour l’instant, on n’a pas vu de victimes civiles des frappes françaises. Mais de celles de la Russie, oui. Et les Russes bombardent des villes aux mains de l’opposition, de l’armée libre.

    C’est une question très grave que de faire la guerre en Syrie. Je pense qu’il faut la poser aussi aux Français eux-mêmes. Personne ne leur a demandé. Cela représente aussi beaucoup d’argent. On a l’argent pour faire la guerre, mais pas pour accueillir les réfugiés politiques ? La France a joué un rôle très important dans les débuts de la révolution. Elle a accueilli des opposants, elle a rapidement rompu ses relations diplomatiques avec le régime. Mais là, j’ai l’impression que la France a été entraînée dans cette guerre par les attentats. Et je n’aurais pas imaginé que l’Allemagne décide, elle aussi, d’aller faire la guerre en Syrie.

    Je connais beaucoup de Syriens qui sont partis en Allemagne. Je n’aurais jamais imaginé cette vague de migration avant. Bien sûr, je ne pensais pas que les Syriens allaient continuer à supporter ce régime. Je pensais que beaucoup allaient émigrer pour chercher un peu de dignité. Mais pas dans cette proportion. Là, on est en train de vider un pays entier. Les Syriens qui sont en Allemagne, je ne pense pas qu’ils vont rentrer. Et après leur avoir offert une éducation et la protection, l’Allemagne ne va pas les laisser partir si facilement. Mais la crise migratoire, ce n’est pas seulement la crise syrienne, c’est la crise de ce tiers-monde qui est vraiment désespéré et qui veut faire partie du monde. Je me demande pourquoi la France rejette cette migration ? » 

    « Nous voulions négocier avec Assad, c’était naïf »

    Samar Diab [9] est activiste au sein d’une association humanitaire franco-syrienne. Elle vit en France depuis plus de vingt ans :

    « L’Ouest a encouragé la révolution, mais a fait très peu pour l’aider. Les gens sur le terrain, ils s’en fichaient de ce que Hollande disait ici. Là-bas, ce qu’ils veulent, c’est ne pas mourir, ils veulent quelqu’un qui les aide. Aucun Syrien n’a demandé une intervention militaire au début. Moi, au début du conflit, j’étais aussi contre l’envoi d’armes à l’opposition démocratique. Nous voulions négocier avec Assad pour qu’il parte. C’était naïf.

    En 2013, il y a eu les armes chimiques. C’est la deuxième fois que l’Ouest n’a rien fait. Les États-Unis ont dit que l’emploi d’armes chimiques par le régime était une ligne rouge. Mais quand Assad l’a dépassée, personne n’a rien fait.

    Après les attentats du 13-Novembre, Hollande devait faire quelque chose, c’est sûr. Mais il a choisi quelque chose qui n’a pas de sens. L’existence de Daech est liée à l’existence d’Assad. L’Ouest n’a pas aidé l’opposition modérée à se rassembler et à avoir un relais sur le terrain. Maintenant, vu la situation, on ne peut plus dire qu’il n’y aura pas d’intervention militaire. Mais l’intervention aérienne n’apporte rien. Ou alors il faut apporter un soutien logistique militaire aux brigades de l’armée libre. Les bombardements ne changent rien. Seuls les civils paient. Surtout avec les bombardements russes. S’il n’y a pas de stratégie pour résoudre le conflit, ce n’est pas avec des bombardements qu’on le résoudra. Il faut le départ de Bachar el-Assad et une intervention sur le terrain. Ou bien aider ce qui reste de l’armée libre.

    Sur la question kurde, moi, en tant que Syrienne, j’aimerais que nous trouvions un terrain d’entente avec les Kurdes syriens. Il faut qu’on leur donne l’assurance d’être des citoyens à part entière. Ce qui n’était pas le cas avant. Le problème, c’est que nous, les Syriens arabes, nous ne connaissions pas toutes les discriminations que les Kurdes subissaient.

    Dans notre association, nous sommes de générations, de milieux sociaux, de communautés très différentes. Il y a des musulmans, des Druzes, des alaouites, des chrétiens… Mais l’engagement est dur, parce que la situation en Syrie descend toujours plus bas. Quand on voit les Français qui nous aident, ça nous fait tenir. Même si nous voyons que les gens ont peur des réfugiés. Moi, j’ai la nationalité française, j’ai fait venir ma mère, qui a plus de 75 ans. Ça a pris quatre mois de démarches pour qu’elle obtienne un visa de visiteur, de seulement six mois, sans droit à aucune aide. »

     Rachel Knaebel

  • Annonay Palestine

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  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

    Boycott : liberté pour l’action citoyenne !

    AFPS, mercredi 27 janvier 2016
    A la suite de la condamnation de citoyens qui avaient appelé au boycott de produits israéliens, plusieurs personnalités ont lancé un appel pour la liberté de l’action citoyenne. Le journal Politis a publié leur texte. Signer la pétition
     

    Un message de Salah et d’Elsa

    jeudi 28 janvier 2016

  • Tunisie: Les six jours qui ont de nouveau fait trembler l’ordre néocolonial (NPA)

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    Un calme relatif règne sur la Tunisie, après 6 jours de colère qui ont replongé le pays dans l’atmosphère insurrectionnelle de janvier 2011...

    C’est la crise de l’emploi qui a mis, de nouveau, le feu aux poudres ! Et ce sont encore des jeunes, notamment des « diplômés-chômeurs» qui se sont soulevés contre un gouvernement soumis aux ordres du capital mondial. Celui-ci poursuit la même politique économique et sociale qui ne cesse  d’alimenter la ruine économique et le chaos social.

    La nouvelle explosion de colère des sans-emploi a débuté le 17 janvier à Kasserine1, à la suite du décès du jeune diplômé-chômeur Ridha Yahyaoui lors d’une action de protestation. Très rapidement, la contestation a embrasé l’ensemble du pays. L’ampleur et la rapidité d’extension du mouvement, mais aussi les violences qu’il a déchaînées, ont poussé le pouvoir à décréter un couvre-feu sur l’ensemble du territoire2. Ce dernier a permis un retour au calme après des affrontements et des heurts violents entre manifestants et forces de l’ordre.

    Les dégâts sont importants : un policier est décédé et on dénombre plusieurs centaines de blessés des deux côtés. Le couvre-feu s’est traduit par l’arrestation de plus de 500 personnes, tous des malfaiteurs et des casseurs selon le ministère de l’Intérieur.

    Un mouvement discrédité, voire criminalisé

    Les crimes du système économique et social, qui ont poussé les classes populaires et la jeunesse à l’insurrection révolutionnaire il y a cinq ans, à savoir le chômage des diplômés du supérieur, le sous-emploi de masse et la misère généralisée, ont connu une extension phénoménale après la révolution. Le taux de chômage se situe officiellement à 15,3 %. Le sous-emploi touche deux actifs occupés sur trois. Le nombre de familles répertoriées comme étant extrêmement pauvres et bénéficiant des programmes d’aides de l’État, s’élève à 834 000 familles, soit environ 42 % de la population. Dans le même temps, beaucoup d’autres familles pauvres sont exclues de ce statut qui garantit un minimum vital3.

    Le chômage des diplômés du supérieur a augmenté de 71 % depuis 2010 : leur nombre est passé de 139 000 à 242 000 en 20154. Parmi eux, 34 000 médecins, pharmaciens et ingénieurs. Dans le même temps, plus de 100 000 sont en situation de chômage déguisé, insérés dans des programmes créés à cet effet.
    Le gouvernement, les quatre partis de la coalition gouvernementale, ainsi qu’une bonne partie de la presse ont tenté de discréditer, voire de criminaliser, la révolte des jeunes sans emploi. Le Front populaire, quant à lui, n’a pas hésité à soutenir le mouvement, reconnaissant même qu’il y est impliqué.

    Cette nouvelle révolte a remis à l’ordre du jour la grave crise sociale dans laquelle ne cesse de s’enliser la Tunisie. Elle a démontré aussi que le processus révolutionnaire conserve toute sa vigueur, malgré un bilan largement négatif. Plusieurs sit-in se poursuivent et réclament des réponses claires et rapides à un gouvernement très affaibli et aux abois. Des appels ont été lancés pour la reprise des manifestations.

    De Tunis, Fathi Chamkhi
    Député Front populaire

    • 1. Kasserine est une ville du sud-ouest, située à environ 280 km de Tunis.
    • 2. Le couvre-feu de 20h à 5h a été mis en place le 22 janvier. Il renforce ainsi l’état d’urgence en vigueur jusqu’au 21 février 2016.
    • 3. Une pension mensuelle d’environ 68 euros par famille (150 000 familles), plus un carnet de soins médicaux gratuits (232 000 familles) ou bien à demi-tarif (602 000 familles), des aides à la scolarité : 13 euros par élève (333 000 élèves) à chaque rentrée scolaire, et 45 euros par étudiant (40 000) à l’occasion de la rentrée universitaire.
    • 4. http ://www.ins.nat.tn/indexfr.php

    https://npa2009.org/tunisie-les-six-jours-qui-ont-de-nouveau-fait-trembler-lordre-neocolonial