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  • Cela s’est passé un 30 décembre 1958 … La bataille de Djebel Mongorno (Babzman)

    30-12-58

    La bataille de Djebel Mongorno, près de Médéa, est sans conteste l’un des faits marquants de cette « guerre d’usure », livrée contre l’occupant par les combattants de l’Armée de libération nationale (ALN) de la wilaya IV historique.

    Le 29 décembre 1958, sous le commandement du colonel Si M’hamed Bouguerra, les trois katibate Zoubiria, Hamdania et Omaria, qui comptent près de 400 hommes, se déploient à travers les maquis de la zone 2, en direction du quartier général de la Wilaya IV, localisé au massif de Ouled Bouachra. Un important rendez-vous doit se tenir quelque part à l’intérieur de ce massif forestier, réputé imprenable, en vue de fédérer les trois Katibate en une seule entité militaire. L’objectif du commandement de la wilaya IV est de parvenir à mettre sur pied un bataillon capable de contrecarrer la stratégie militaire de l’ennemi. Mais le rendez-vous n’aura jamais lieu. Un imprévu va bouleverser tous les plans.

    Des unités de l’ALN, qui font route vers Ouled Bouachra, observent un mouvement de troupes ennemies vers la zone de réunion. C’est alors qu’elles décident de se déployer dans les maquis avoisinants, notamment à djebel Mongorno, distant de quelques kilomètres du lieu de rendez-vous. Informées de la présence de dirigeants de l’ALN dans cette région, les forces armées françaises improvisent un ratissage de grande ampleur. Des troupes estimées à plusieurs milliers de soldats se mettent en position d’encerclement. Pour l’état-major, c’est une occasion inespérée qui se présente pour décapiter la Wilaya IV.

    A l’aube de la journée du 30 décembre, des éléments des katibate Zoubiria et Hamdania prennent position sur les points culminants de ce vaste massif forestier, afin de sécuriser la zone et couvrir la retraite des autres éléments, déjà présents à Ouled Bouachraa, en cas d’encerclement.

    L’affrontement est donc inévitable vu l’impressionnant dispositif militaire déployé, ce jour-là, et qui n’augure de rien de bon pour les deux katibate. Elles sont loin d’être aussi équipées que leurs ennemis.

    Vers dix heures du matin, les premières salves éclatent, annonçant le début de l’une des plus grandes bataille qu’ont eu à livrer les troupes de l’ALN durant la guerre de libération. L’effet de surprise va déstabiliser l’Etat-major français, contraint de stopper son avancée vers Ouled Bouachraa où s’est regroupé, quelques heures auparavant, le gros des troupes de l’ALN, et de livrer bataille à « Djebel Mongorno ».

    Les combats vont gagner en intensité, au fur et à mesure que le temps passe, et s’étendre vers des zones plus lointaines, formant un rayon d’action de plusieurs kilomètres à la ronde.

    Pendant d’interminables heures, la zone de combat est soumise à un déluge de feu que crachent sans interruption les canons de l’artillerie légère, déployée tout autour du Djebel Mongorno.

    L’enfer vient également du ciel : un ballet incessant d’avions de combat, « Jaguar », « T6 », « B26 » et « B291 » larguent leurs bombes sur les positions occupées par les éléments des katibate zoubiria et Hamdania, dans une tentative désespérée d’éviter une « déroute » qui commence à se dessiner, en cette fin de journée. D’importants renforts affluent des garnisons de Blida et d’Alger vers les lieux de l’affrontement.

    Aux crépuscules, quelques tirs sporadiques continuent de retentir, ici et là, moins intense qu’à la mi-journée où les combats faisaient rage. Tous les éléments de l’ALN, encore en vie ou légèrement blessés, ont réussi à traverser les mailles du dispositif d’encerclement mis en place par l’armée coloniale, afin d’empêcher toute possibilité de retraite. Des hommes se sont portés volontaire pour assurer le repli de leurs compagnons vers des maquis plus sûrs. Certains parviendront à rejoindre le reste des troupes, d’autres viendront rallonger la liste des martyrs,

    140 valeureux combattants des katibate zoubiria et hamdania sont morts en martyrs lors de la bataille de Djebel Mongorno. Beaucoup de ces martyrs, notamment parmi l’effectif de la katiba hamdania, décimée presque entièrement, ont été brûlés au napalm, selon les témoignages de rescapés.

    En revanche, dans les rangs de l’ennemi, les pertes sont plus importantes. Selon certaines sources, elles sont estimées à environ 200 morts ; d’autres sources les situent aux alentours de 600. Trois avions ont été également abattus.

    Outre les pertes infligées à l’ennemi, la bataille de Djebel Mongorno a eu le mérite d’accélérer la réorganisation des unités combattantes de l’ALN, constituées, depuis cette bataille, d’un effectif réduit, très mobile, bien entraîné et doté d’un armement plus performant. Déc 30, 2015

    Sources :

    • APS Blida

    http://www.babzman.com/cela-sest-passe-un-30-decembre-1958-la-bataille-de-djebel-mongorno/

  • Demain on enterre Aït Ahmed dans la Wilaya de Tizi Ouzou, Kabylie, Algérie (Anti-k)


    L’arraisonnement d’Alger aout 56

    Hocine Ait Ahmed est mort le 23 décembre 2015, à 89 ans. Il aura passé sa vie à lutter pour un pouvoir socialiste et démocratique en Algérie. Le dernier des neufs chefs historiques de la Révolution Algérienne, cofondateur du FLN s’est éteint en Suisse. Il sera enterré demain en Suisse. Il est l’un de ceux qui en France dans les années 80, permirent de mieux comprendre pour des milliers de Français l’histoire de cette guerre d’indépendance du côté Algérien.

    Revenu lors du soulèvement kabyle en 1988, il repart en 1992 après l’assassinat de BOUDIAF lui-même, chef historique… On peut les voir tous deux avec BEN BELLA, KHIDER, LACHERAF, menottes aux poignets, à ALGER après avoir été arraisonnés dans un avion RABAT TUNIS …Coup monté en 56 par le gouvernement MOLLET qui élu pour rétablir la paix en Algérie, enverra le contingent et des milliers de Français jeunes dans cette sale guerre, qui entacha la SFIO des pratiques sales de la torture systématique, après avoir donné les plein pouvoirs à l’armée, multiplié les exécutions et les assassinats contre un FLN qui ne fit qu’accroître son influence sur le Peuple Algérien en Algérie, comme en métropole.

    Son bras droit du FFS (fondé en Kabylie lors de l’affrontement avec le pouvoir de BEN BELLA de Septembre 63 à 65) sera assassiné en 88 par un obscur petit truand financé par les services algériens, à PARIS. Arrèté, le tueur est réexpédié en Algérie, sans aucun jugement par l’Etat Français en pleine période de cohabitation.

    Le FFS, le parti créé par AIT AHMED, est à l’origine du pluralisme algérien. Il est créé à la suite du fameux discours de TIZI OUZOU où AIT AHMED appelle au soulèvement. La Kabylie se soulève. Ben Bella chef de l’état, envoie le Colonel Boumédienne qui ratisse la région sans parvenir à ses fins. On relève plus de 400 morts dans les villages et les villes et des milliers d’arrestations.. pourtant le mouvement d’AIT AHMED survit, même après son arrestation et son emprisonnement à la prison de LAMBESE, condamné à mort, puis gracié.

    BEN BELLA est contraint de négocier… le pluralisme est sur le point de naître d’un accord passé entre le pouvoir et le FFS… mais trois jours après la signature, le 19 Juin 1965, BOUMEDIENE prend le pouvoir. BEN BELLA sera assigné à résidence pendant plus de 12 ans… AIT AHMED réussit à s’évader.

    En 1988, un soulèvement a lieu à TIZI OUZOU.. la répression s’abat… AIT AHMED rentrera en 1989, fort d’avoir su entre 63 et 65 contenir le conflit entre Alger et Tizi Ouzou en évitant l’ethnicisation du conflit intérieur.

    En 92 à la mort de BOUDIAF, AIT AHMED après avoir relancé le FFS s’exile pour ne revenir que sporadiquement en Algérie.. Comme le dit POLITIS … à ce moment là, alors que l’armée assassine BOUDIAF se servant de la confusion créée par l’émergence des islamistes, peut être scelle t’il son destin… Certes il a gagné la guerre d’Algérie… Il a par contre perdu la paix du temps de son vivant.

    Il reste une des références du pluralisme algérien, de la lutte pour l’indépendance et de l’idée démocratique et socialiste en Algérie.

    Il sera enterré Vendredi aux côtés de sa mère. Jugurtha son fils, lui rendait cet après midi à LAUSANNE un hommage émouvant.

    En AVRIL 1992, dans le cadre d’une conférence Méditerranéenne, il prononçait un discours qui n’est pas totalement sans rapport avec la situation que nous vivons en France….alors que le FIS émergeait dans les urnes algériennes.

    Blog mediapart – 31 DÉC. 2015 – PAR PASCAL GERIN-ROZE

    Khider_-_Lacheraf_-_Aït_Ahmed_-_Boudiaf_-_Ben_Bella

    “Le processus démocratique en Algérie et la coopération en Méditerranée”

    Extrait  de l’Intervention de Hocine Aït-Ahmed, Colloque à Madrid, avril 1992

    Madame le président, Mesdames, Messieurs,

    Quelques paroles en espagnol pour exprimer mes vifs remerciements et vous dire la joie d’être ici, parmi vous.

    Pour moi, l’Espagne est, bel et bien, le pays où je suis venu souvent, pendant et après la guerre de libération de mon pays. Mais le souvenir le plus émouvant est la dernière rencontre que j’ai eu, à Madrid, en mars 1955 avec Larbi Ben M’Hidi, l’un des meilleurs dirigeants de la Révolution Algérienne. C’était la veille de son retour, vers ce peuple qu’il a tant aimé. Il sera fusillé, comme vous le savez, par la soldatesque coloniale. L’Espagne, c’est également cette civilisation hispano-musulmane qui a marqué la culture universelle. C’est surtout, pour nous, aujourd’hui, le succès d’une transition pacifique et progressive, de la dictature à la Démocratie.

    Ce succès est dû à la maturité de votre peuple, à la lucidité de vos dirigeants et des forces vives du pays. Sans la Démocratie, comment l’Espagne serait-elle devenue ce qu’elle est, libre, plurielle et prospère. Comment pouvait-elle devenir un vrai pôle culturel qui rayonne dans tous les domaines.

    Madame le président, Mesdames, Messieurs,

    Ainsi se termine votre torture, je poursuis mon intervention en langue française.

    Il n’est pas question de refaire ici l’histoire de si qui conduit l’Algérie au désastre. Mais avant d’évoquer la situation actuelle, je voudrais rappeler deux données fondamentales du système politique algérien sans lesquelles il est impossible de comprendre ce qui se passe :

    • L’une concerne le FLN :
    • Le parti unique n’a jamais été l’instance suprême dont dériveraient tous les instruments du pouvoir qui détermineraient la stratégie du système. C’est au contraire un pluralisme d’appareils qui a caractérisé le FLN. On y retrouve l’armée, la police politique, les syndicats, les organisations dites de masse, les associations professionnelles…Et ces clans se sont livré entre eux des luttes souvent plus dures que s’ils se réclamaient de partis différents.
    • l’autre concerne l’armée :

    Depuis 1962, elle est érigée en maîtresse du destin national. Ayant défini la stratégie du système jusqu’en 1990, elle assume désormais davantage de responsabilités dans la gestion directe du pouvoir. Elle a partagé et partage encore l’essentiel du pouvoir avec la police politique dans un rapport complexe fait parfois d’alliances mutuelles. C’est dans le jeu subtil entre ces deux instances – parti unique et armée – que s’est décidée toute la vie politique de notre pays.

    Les événements d’Octobre 1988 ont constitué un séisme qui a mis à nu l’impopularité et le discrédit du FLN. L’ouverture démocratique qui les a suivis fut pour le pouvoir la seule sortie honorable de la crise économique et sociale et pour fuir ses propres contradictions.

    En effet, les luttes féroces entre les différents groupes du pouvoir avaient fini par totalement paralyser les institutions. Acculé par la révolte des jeunes, le régime n’avait plus le choix qu’entre une dictature militaire – dont notre armée ne voulait pas – et une sortie qui assurerait la pérennité du système. Il a opté pour une transition démocratique…à petites doses, à doses calculées ! A lui seul, le terme d’ “ association politique ” pour désigner les partis autres que le FLN, montre l’ambiguïté de cette transition. Le code de l’Information – que tous les journalistes estiment être un “ code pénal bis ”- ; la multiplication des partis politiques sans aucune base sociale, phénomène encouragé quand il n’a pas été organisé, montraient aussi les limites d’une transition où le FLN poursuivait sa domination de la vie politique. N’ayant ni relais ni crédit dans la population, le pouvoir optait pour la parcellisation et l’atomisation du champ politique, tout en maintenant son hégémonie sur les institutions étatiques.

    Ce pari était dangereux et nous n’avons pas fini d’en payer les conséquences : il a donné aux Algériens une vision caricaturale du “ politique ” et à continuer à les dégoutter du pluralisme. Malgré ces obstacles, notre peuple est sorti de sa léthargie : même imparfaits, même avec parfois une déontologie très…approximative, des journaux se sont crées, le mouvement associatif s’est développé, le combat pour les droits de la personne humaine a acquis le droit de cité.

    Le succès du FIS aux élections municipales en juin 1990, aurait pu être l’occasion pour le pouvoir de tirer des enseignements sérieux et de renoncer à sa stratégie de bipolarisation FIS – FLN qui a pris en otage la société algérienne. Il a réussi à manipuler l’opinion nationale et internationale en attribuant sa défaite à un simple “ vote sanction ”, qui nécessiterait seulement de réorganiser l’ex-parti unique, au lieu d’analyser cette défaite comme celle du régime politique. De plus, il a tenté de faire porter au FFS, qui avait boycotté ces élections municipales, la responsabilité de la victoire du FIS. Ce qui démontrait au passage qu’il considérait le FFS comme un contrepoids politique réel et crédible. Parallèlement, on a continué à essayer d’organiser un champ politique sur mesure qui permettrait au gouvernement de rester le seul arbitre.

    Tout a été mis en œuvre pour qu’aucun parti ne puisse apparaître comme une alternance. Et surtout pas le FFS. Nos prises de position, nos deux premières marches en mai et décembre 1990 n’ont pas été médiatisées alors qu’elles avaient, chacune, réuni plus de monde que l’ensemble des autres marches. Nous avons eu les pires difficultés à obtenir des locaux. Sans parler du plus grave : les efforts pour nous fixer en Kabylie dans un premier temps, et pour nous empêcher de nous structurer au niveau national, dans un second temps. A la veille des élections législatives de juin 1991, les exactions du FIS – tolérées voire suscitées – ont été le prétexte à une première interruption du processus électoral et à quatre mois d’asphyxie politique sous état de siège.

    Mais l’événement nouveau dans le processus démocratique est l’implication directe de l’armée qui apparaît ainsi comme la gardienne du système politique. Certes, elle intervient contre les débordements du FIS, mais elle impose en même temps le départ d’un chef de gouvernement qui avait la confiance de chef de l’Etat. Mais ne nous y trompons pas : ces interventions comportent un risque pour une institution qui s’est voulue “ l’émanation du peuple ” : l’échec des politiques suivies par le gouvernement Ghozali, et éventuellement par le Haut Comité d’Etat, pourrait être considéré comme celui de l’intervention de l’armée elle-même. C’est le risque devant lequel nous nous trouvons aujourd’hui, trois mois après le coup d’Etat. Avant d’aller au-delà dans l’analyse de la situation actuelle, je voudrais être clair sur un point : Le DANGER que représenterait pour nous une Algérie qui sombrerait dans l’intégrisme.  Je sais que beaucoup d’Algériens et que beaucoup d’entre vous, ici, en Europe, sont sincères lorsqu’ils disent redouter l’arrivée au pouvoir d’extrémistes religieux.

    Passons d’abord sur l’étrangeté qui réside à vouloir singulariser la démocratie en Algérie en affirmant qu’elle doit être sauvée, non par son peuple, mais par des tanks !…Et venons en à l’essentiel. Nous avons trop dénoncé depuis 1989 le laxisme de l’Etat face aux menées du FIS pour que notre position en la matière souffre la moindre ambiguïté. Cela nous donne le droit de rappeler que ceux qui se proclament aujourd’hui les pourfendeurs du FIS ont une terrible responsabilité dans son ascension.

    Qui peut contester en effet que l’intégrisme religieux en Algérie est l’héritier d’un intégrisme nationaliste fondée sur la pensée unique, l’enfermement sécuritaire allié à la haine anti – occidentale ?

    Qui a décrété l’Islam religion d’Etat ?

    Qui a élaboré et imposé un Code de la Famille des plus obscurantistes ?

    Qui, autre que le FFS, a affronté le FIS sur le terrain quand il tentait de perturber ici un gala, là d’expulser une association musicale ?

    Je ne suis, nous ne sommes au FFS, ni des rêveurs, ni des manipulateurs : avant d’appeler au deuxième tour des élections, nous avons bien réfléchi à ce scénario qui, à partir d’une majorité parlementaire intégriste, pouvait faire basculer notre pays vers le modèle iranien.

    Mais nous avions le sentiment qu’à l’épreuve du pouvoir, le FIS se serait affaibli, voire aurait implosé étant donné qu’il n’a pas d’expérience de gestion, qu’il n’a pas de programme de substitution à sa démarche magico- métaphysique et qu’il est traversé par des courants contradictoires. Nous l’avons dit et répété : la Constitution permettait au Président de la République d’intervenir pour défendre la démocratie et les Droits de l’Homme. Et si on n’avait pas confiance en la magistrature suprême, si opération de choc il devait y avoir, elle pouvait attendre de prendre les “ comploteurs ” en flagrant délit. La tenue du second tour aurait par ailleurs, j’en suis sûr, permis le ressaisissement du corps électoral. La réussite de la manifestation à laquelle j’ai appelé le 2 janvier le montre. Nous avions la quasi- certitude – et le pouvoir le reconnaissait – que remporterions à Alger des victoires sur le FIS hautement symboliques, ainsi qu’à Sétif et Boumerdès.

    Si nous avons voulu jouer le jeu, c’est parce que nous rejetons notamment les amalgames trop rapides qui visent à faire passer l’Algérie pour l’Iran. A qui fera-t-on croire que la religion a, dans notre pays, les mêmes racines qu’elle a en Iran ?  Comparaison n’est décidément pas raison. J’ajouterai à propos de l’Algérie et de l’Iran que comparaison est déraison. Car, pouvait-on imaginer à Téhéran, en pleine ascension de Khomeini au pouvoir, une manifestation comme celle organisée par mon parti le 2 janvier à Alger, qui fut la plus importante et la plus joyeuse depuis l’indépendance ?  Non, soyons sérieux : ce qui s’est passé en Algérie en deux étapes – juin 91 et janvier 92 – est une espèce de révolution de palis, une énième tentative de restructuration du pouvoir en place par le sommet. Un groupe du système a remplacé un autre groupe.  En Octobre, comme en Juin, comme en Janvier, l’escalade a été programmée. Chaque fois, pour ne citer que cet exemple, des voitures banalisées ont tiré sur la foule.

    • Si la lutte contre le FIS avait été le seul moteur de l’interruption du processus électoral, pourquoi l’armée n’avait pas imposée sa dissolution dès juin 1991, au moment où le FIS était au plus bas de sa popularité ?
    • Pourquoi a-t-on laissé des mairies contrôlées par le FIS établir les listes des indigents qui pouvaient recevoir une aide au lieu de confier cette tâche à l’administration ?
    • Le FIS n’en aurait pas tiré le profit électoral que je vous laisse imaginer… Pourquoi le gouvernement s’est- il empressé de faire voter à un parlement moribond et discrédité des lois aussi importantes que celles sur les hydrocarbures, l’ordre public, le parjure ?
    • Le pouvoir ne croyait-il pas vraiment à la tenue des élections, et donc à l’avènement d’un nouveau parlement ?
    • Si le FIS était véritablement l’ennemi n° 1, pourquoi le chef du gouvernement a-t-il pris pour cible le FLN – et accessoirement le FFS – pendant toute la campagne électorale ?
    • Ignorait-il que traiter de “ menteur ” et de “ corrompu ” un parti (qui est aussi le sien) et qui se confond depuis trente ans avec le pouvoir aurait FATALEMENT des conséquences désastreuses sur l’électorat ?
    • Pourquoi un scrutin majoritaire à deux tours qui octroie à 25% des suffrages 60% des sièges ?
    • Pourquoi un découpage électoral qui a enlevé environ 45 sièges dans les régions où le FFS est le mieux implanté ?
    • Ne parlons pas du véritable charcutage électoral visant à nous enlever encore quelques sièges ici et là ?

    Non, ce n’est décidément pas l’ “ immaturité du peuple algérien ” qui explique le résultat du 26 décembre.

    L’absence d’alternative démocratique crédible ne l’explique pas davantage. Si c’était le cas, le pouvoir n’aurait pas autant d’énergie à tout faire pour entraver le FFS. Il n’aurait pas eu la même peur devant le FIS que devant la possibilité de voir le FFS devenir une alternative, c’est-à-dire le rassembleur non seulement des démocrates, mais aussi d’une partie de la majorité silencieuse après le succès de la marche organisée entre les deux tours.

    Est-il exagéré après cela de dire que ce coup était loin d’avoir une SEULE CIBLE ?

    Aujourd’hui, trois mois après l’interruption du processus électoral, nos prévisions les plus sombres sont, hélas, dépassées. Notre pays est dans une impasse politique qui met en danger sa cohésion et son devenir. Le FIS, c’est banal de le dire, a prospéré et mobilisé les “ lumpens ” en exploitant trois problèmes cruciaux de notre société :

    • La crise économique et sociale
    • L’illégitimité et la corruption du pouvoir
    • Le “ vide politique ” qui, pendant trente ans, fait des mosquées le seul lieu de parole.

     

    Où sommes-nous de ces problèmes ?

    La crise économique et sociale ?

    Elle s’est aggravée. Le régime affirme que les problèmes de l’Algérie sont “ avant tout d’ordre économique ”. Mais ne soyons pas hypocrites : les nouvelles autorités ont perdu tout espoir de stabiliser la faillite économique, au moins pour le court terme. Les indicateurs socio-économiques sont au rouge. Des millions d’Algériennes et d’Algériens vont s’enfoncer davantage dans la pauvreté et la précarité.

    Croit-on qu’ils pourront accepter le traitement de choc qu’on veut leur administrer ?

    Il est clair, hélas, qu’il n’y aura pas de coup de baguette magique qui redressera notre économie.

    Le problème de la légitimité ?  

    On attendait des ruptures avec l’ordre ancien, d’ailleurs promises par le HCE dès son installation. On les attend toujours. Le discours actuel s’inscrit dans la continuité. Tournant le dos à ses promesses, le pouvoir a reconduit les principaux responsables du régime. Et il y a ajouté quelques renégats des trois formations politiques importantes pour donner l’impression qu’il existe une volonté d’associer celles-ci à la gestion du pays. Le gouvernement Ghozali avait promis des élections libres et propres. Il a mené le pays à la catastrophe. Et il est toujours là, alors qu’il avait lui-même proclamé lors de son investiture que l’échéance législative était sa seule raison d’être. On fait en outre semblant de croire que la légitimité historique peut servir de substitut à la légitimité tout court, tout en continuant d’exploiter la légitimité religieuse…

    Mais qui croira qu’on accorde un réel intérêt à ce problème pourtant crucial de la légitimité quand l’absence de dialogue avec les forces politiques issues des urnes est évidente ?

    La logique de l’octroi et les pratiques de cooptation sont à nouveau mises en avant. On n’envisage pas la reprise du processus électoral avant deux ans. Mieux : on envisage de faire la Constitution par un organe consultatif qu’on ne parvient pas à créer et dont on ignore les prérogatives précises.

    La lutte contre la corruption ? Elle prend aujourd’hui des allures de règlement de comptes personnels. Tout se passe comme si l’étalage de quelques dossiers était destiné à faire oublier l’essentiel. L’éradication de ce fléau passe en effet par l’instauration d’un état de droit respectueux des libertés publiques et de la séparation des pouvoirs. Rien n’est fait pour s’attaquer aux causes fondamentales de cette gangrène : la nécessité de mette fin au pouvoir absolu qui engendre la corruption absolue.

    Comment imaginer qu’avec les mêmes hommes, les mêmes méthodes, les mêmes justifications, on puisse enrayer un fléau profondément ancré dans le système ?

    Le “ vide politique ” ? Sans grand espoir de pouvoir améliorer la situation économique et sociale de millions de chômeurs et d’exclus, le pouvoir ne fait rien par ailleurs pour ne pas laisser au FIS le monopole de la moralisation de la vie publique et de l’opposition. Ainsi, on n’hésite pas à affirmer qu’il “ n’existe pas de parti démocratique ”… et ce n’est pas vrai, on fait tout pour qu’il en soit ainsi. Ce qui explique notamment l’acharnement à vouloir étouffer ou discréditer le FFS.

    Il faut regarder les choses en face : le processus démocratique est bel et bien stoppé. On nous dira que rien n’est interdit. C’est vrai ! Mais il n’y a pas besoin d’interdire, puisque tout est soumis à autorisation et que les autorisations ne sont pas données…On arrive ainsi à une EXTINCTION SUBTILE de la VIE POLITIQUE. En février dernier, nous n’avons pas eu l’autorisation de tenir un colloque dans une salle fermée sur “ l’avenir de la démocratie ” auquel devait participer de nombreuses personnalités. Des locaux de notre parti ont été fermés. L’interpellation pour deux heures ou pour 24 heures de militants du FFS est là pour intimider et réintroduire la peur.

    Les atteintes à la liberté de la presse témoignent elles aussi, de la volonté d’embrigadement des média. Les associations syndicales, alliées d’hier, et aujourd’hui critiquées, sont dans le collimateur. La volonté affirmée de “ recomposer le champ politique ” procède toujours du même fantasme : inventer des forces qui n’existent pas, hier, c’était les “ indépendants ” – dont on a vu l’échec électoral -, aujourd’hui, un “ grand rassemblement ”. Qu’il soit entendu que je ne conteste à personne, et surtout pas à celui qui fut mon compagnon de lutte et de prison et qui, de surcroît, s’est toujours réclamé de la démocratie – le droit de vouloir se constituer une base politique en créant un parti. Mais pas avec les moyens et au nom de l’Etat, au moment où, précisément, on annonce le retrait de toute subvention aux partis qui, comme le nôtre, est loin de disposer des moyens considérables du FLN.

    Bref, je suis inquiet car on recrée le “vide politique” qui a fait le lit du FIS. Et ce “vide” ne pourra être rempli que par les extrémistes…

    Hocine Ait Ahmed

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     31 décembre 2015

    http://www.anti-k.org/2015/12/31/demain-on-enterre-ait-ahmed-dans-la-wilaya-de-tizi-ouzou-kabylie-algerie/

    Voir aussi:

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/haroun_a_propos_ait_ahmed.htm

  • «Le meilleur hommage à Si L’Hocine, c’est l’instauration de la démocratie» (Algeria Watch)

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    Proche collaborateur durant la période difficile des années 1990, Mustapha Bouhadef apporte son témoignage sur le leader Aït Ahmed, le politique et l’homme qui se confondent. «On ne peut distinguer, chez Hocine Aït Ahmed, l’être humain de l’homme politique. Sa lutte pour les droits de la personne humaine et la démocratie est indissociable du vécu quotidien des Algériens.»

    Vous étiez l’un des collaborateurs directs de Hocine Aït Ahmed au sein du FFS pendant de longues années. A quand remonte votre premier contact et dans quel contexte ?

    Mon premier contact avec Hocine Aït Ahmed date de 1990, au moment de l’ouverture politique ayant suivi les événements d’Octobre 1988, qui laissait espérer enfin une voie démocratique. C’est dans ce contexte que j’ai rencontré Si L’Hocine, qui recevait beaucoup de monde à l’époque et qui m’a convaincu, par son charisme et le programme politique, de rejoindre le FFS.

    Dans le cadre de la préparation des textes du premier congrès, j’ai eu le privilège de diriger une commission sur l’éducation et la culture, qui a élaboré le projet du «système éducatif» du parti, avec le concours de beaucoup de compétences avérées dans ce domaine particulier. La période de la préparation de ce congrès était particulièrement féconde et constructive, période où j’ai commencé à mieux connaître Si L’Hocine.

    La période la plus difficile était la décennie rouge, notamment les années 1994 à 1996. Comment l’avez-vous vécue au FFS ? Avez-vous subi des pressions ?

    En effet, c’était une période très difficile. Hocine Aït Ahmed a été obligé de reprendre le chemin de l’exil pour différentes raisons, dont la «liquidation» en direct à la télévision de Mohamed Boudiaf pendant une conférence à Annaba, qui signifiait à la population jusqu’où les assassins pouvaient aller ; la fermeture de plus en plus dure des champs politique et médiatique ; la gestion, par un pouvoir autoritaire, de la société, avec une restriction drastique des libertés individuelles et collectives, faisant fi des droits de la personne humaine, droits qui furent le combat permanent d’Aït Ahmed.

    C’était une période où, pour le FFS, il s’agissait de résister, pacifiquement bien sûr, et de préserver ses militants, au moment où les enlèvements et les assassinats étaient le quotidien de la population algérienne. N’oublions pas le lourd tribut payé par le FFS avec les assassinats de militants, membres du conseil national, de M’barek Mahiou, secrétaire national, tant regrettés par tous. C’était aussi la période du contrat national qui aurait pu constituer une sortie de crise pacifique et qui aurait pu éviter la tragique effusion de sang. C’est dans cette conjoncture que, fin décembre 2001, des individus armés se sont présentés à mon domicile, alors que je n’y étais pas…

    Quels étaient vos rapports avec Aït Ahmed à ce moment-là ? Comment réagissait-il aux événements ?

    Nous nous rencontrions régulièrement à l’étranger, le secrétariat national et lui-même, pour faire des analyses de la situation du parti et du pays ; pendant ces séances il écoutait tout le monde et des décisions étaient prises concernant la marche du parti. De plus, son contact avec le FFS était pratiquement quotidien et on réalisait qu’il suivait attentivement l’évolution politique dans le pays.

    Qu’est-ce qui vous a le plus marqué chez l’homme ? Au-delà de l’homme politique, Aït Ahmed, l’humain, comment le décrivez-vous ?

    On ne peut distinguer chez Hocine Aït Ahmed, l’être humain de l’homme politique. Sa lutte pour les droits de la personne humaine et la démocratie est indissociable du «vécu quotidien» des Algériens. Doué d’une intelligence politique aiguë, il ajoute constance, persévérance, pugnacité dans les idées et les actions. J’ai pu apprécier sa capacité d’écoute, la pertinence de ses remarques, son esprit de synthèse, ses connaissances dans pratiquement tous les domaines, sa grande culture et surtout sa propension à proposer d’innovantes initiatives de dépassement aux événements conjoncturels.

    Mais ce qui m’a le plus marqué chez Hocine Aït Ahmed, c’est son humanisme, sa simplicité, sa défense permanente des droits de l’homme et son abhorration de la police politique dont il ne cessait de réclamer la dissolution. Toutes les précautions prises lui ont, peut-être, permis de finir son cycle de vie militante par une mort naturelle parmi ses proches. Cette hauteur de vue fait, peut-être, qu’il n’a pas su éviter parfois de sacrifier ses proches collaborateurs, dans certaines circonstances.

    Ceux qui l’ont combattu violemment hier le célèbrent aujourd’hui. Qu’est-ce que cela vous inspire ?

    Cette question me rappelle ce qu’il m’avait dit lors de la disparition d’un opposant, ancien responsable de la Révolution, que le pouvoir s’est soudainement mis à glorifier : «Ils nous préfèrent morts plutôt que vivants.» Il n’a pas échappé à cette règle. D’aucuns veulent déjà s’ériger en héritiers de son combat qu’ils ne partageaient pas de son vivant. Cela prouve, s’il en était besoin, la valeur universelle et la justesse de sa lutte pour la liberté et la démocratie.

    Comment avez-vous vécu la disparition de Si L’Hocine ?

    J’ai été frappé par le large mouvement de sympathie de la part de la population algérienne. Quant à moi, j’ai perdu quelqu’un qui m’a beaucoup appris. J’ai ressenti, au moment de l’annonce de son décès, que l’Algérie perdait un grand dirigeant politique et surtout un repère. C’est le seul qui a continué le combat pour la démocratie après l’indépendance du pays : le pays s’est libéré du colonialisme certes, mais sans liberté des personnes hélas ! Faire aboutir l’instauration de la démocratie et le respect des droits de la personne humaine, y compris dans les institutions, la société civile, la société politique, c’est le meilleur hommage que nous pouvons rendre à Hocine Aït Ahmed. 

    Hacen Ouali El Watan, 29 décembre 2015

    Mustapha Bouhadef. Ancien premier secrétaire national du FFS

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/tribune/bouhadef_haa.htm

    Lire aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Front_des_forces_socialistes

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      Par Haggai Matar. Publié le 14 décembre 2015 sur le site +972, un magazine israélien en ligne. L’organisation d’anciens soldats israéliens est attaquée ces jours de toutes parts – du président israélien au ministère de la défense et à la police. Pourquoi donc ? Breaking the Silence (briser le silence) est une organisation juive composée d’anciens soldats israéliens dont la plupart ont servi dans des fonctions de combat. Tout ce qu’ils veulent faire, c’est dire à la société israélienne, qui les a envoyés (...)

       

     

    • En Israël, une vidéo d’extrémistes juifs célébrant la mort d’un bébé palestinien fait scandale

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  • Non, Aït Ahmed n’est pas récupérable par les clans (Anti-k)

    HOCINE AÏT AHMED N’EST PAS RÉCUPÉRABLE. IRRÉMÉDIABLEMENT, IL A PRIS LE CAMP DE LA SOCIÉTÉ CONTRE LE RÉGIME. NON, AÏT AHMED N’EST PAS RECUPERABLE PAR LES CLANS, IL EST L’HOMME DE LA NATION

    Saïd Djaafer, directeur éditorial du Huffington Post Algérie
    Huffpostmaghreb le 25 décembre 2015

    La mort de Hocine Aït Ahmed donne lieu à des expressions de reconnaissance venant même de ceux qui l’ont constamment insulté, dénigré et qui ont menti sur lui avec un aplomb extraordinaire. C’est inévitable et ses proches, sa famille, qui ont l’élégance du défunt sont obligés de faire avec et de laisser passer, d’attendre que la poussière retombe…

    Pourtant, avouons-le, il nous est insupportable d’entendre Ammar Saadani dire, avec une absence de pudeur qui nous hérisse, que Hocine Aït Ahmed, « comme Boudiaf et même Bouteflika… ont fait l’objet d’injustice de la part de petits ».

    Il nous est insupportable de l’entendre dire que lui et son clan veulent la démocratie que voulait Hocine Aït Ahmed. C’est faux. Hocine Aït Ahmed a combattu un régime autoritaire avec tous ses clans, par conviction et sans aucune compromission.

    Il nous est insupportable d’entendre de la part d’un représentant d’un clan du régime suggérer que Hocine Aït Ahmed ait besoin d’une quelconque « réhabilitation ». Cela est indécent de la part d’un représentant qualifié d’un régime qui a dilapidé le capital historique et humain d’une des plus grandes révolutions du 20ème siècle.

    Que ses proches nous pardonnent d’exprimer notre colère en ces temps de recueillement, Ammar Saadani, ne s’étant pas contenté de faire le minimum protocolaire mais a rompu la trêve de la pudeur.

    Il faut donc lui rappeler que Hocine Aït Ahmed a combattu l’ensemble du régime avec sa police politique et ses meutes d’aboyeurs politiques et médiatiques qu’il lâchait contre les militants de la démocratie et de la liberté.

    Il faut donc lui rappeler que Hocine Aït Ahmed n’a jamais, au grand jamais, joué un clan contre un autre et qu’il les considérait, tous, comme faisant partie d’un même régime, d’une même entreprise de saccage systématique de l’énorme potentiel de notre nation.

    Hocine Aït Ahmed était bien dans l’opposition au régime mis en place à l’orée de l’indépendance, il n’était pas seulement opposé « à certains responsables dont il contestait le mode de gouvernance et la méthode de gestion. », selon la formule de Bouteflika.

    Non, Hocine Aït Ahmed n’est pas récupérable. Irrémédiablement, il a pris le camp de la société contre le régime. Et ce n’est pas une déclaration scandaleusement opportuniste de M.Saadani qui changera les choses.

    Hors de question d’apporter une quelconque légitimité à certaines parties du régime contre d’autres. Ils font partie, pour lui, du même désastre.

    Il était ce que vous nous avez empêché d’être

    Hocine Aït Ahmed, contrairement aux éléments de langage que le régime a fourni à ses fonctionnaires politiques et à ses médias, n’a jamais été un homme qui ne dit « que non ». C’était un grand homme politique, un dirigeant responsable, soucieux d’éviter que le pays n’éclate en morceaux en raison de l’impéritie de ceux qui le gouvernent.

    Et même s’il ne tenait pas en grande estime ceux qui détenaient le pouvoir, il a toujours affiché sa disponibilité à discuter la recherche d’un compromis vertueux pour faire sortir le pays et la société de la régression, pour aller vers le rétablissement de la souveraineté de peuple et sortir d’une confiscation aux conséquences désastreuses.

    Disponibilité au compromis mais intransigeance absolue sur sa finalité qui ne peut être qu’un sortie ordonnée et pacifique vers l’Etat de droit et la démocratie. Hors de question de participer à la guerre des clans ou de l’alimenter.

    C’est ce qui rendait absolument pitoyables ces journaux qui ont « vu » Hocine Aït Ahmed avec le général Toufik à l’aéroport de Boufarik ou ceux qui n’en finissaient pas de trouver les preuves du « deal ».

    Ce n’est pas aujourd’hui qu’on instrumentalisera SI L’Hocine. Aucun clan ne peut l’utiliser car il était contre le système des clans. Il n’était pas contre Toufik pour être avec Bouteflika ou Saadani.
    Trop grand pour ces mesquineries. Il avait une autre idée de la politique et de l’Algérie.

    Il était jusqu’au bout ce rêve d’une Algérie humaine, plurielle, moderne et citoyenne que les clans nous ont empêché d’avoir. Et de voir. Et que nous voulons toujours.

    Laissez-nous donc enterrer Hocine Aït Ahmed, sans vos pitreries, sans vos opportunismes. Laissez les Algériens saluer le départ d’un grand sans vos parasitages. Que l’on ne nous force pas à aller plus loin. Ne nous forcez pas à rompre la trêve de la pudeur.

    Qu’on se le dise : Hocine Aït Ahmed n’a pas besoin d’une « réhabilitation » de la part du régime, de ses hommes, de ses clans. Il est au paradis des révolutionnaires, dans le cœur des femmes et des hommes. Dans nos cœurs.

    Sources : Huffpostmaghreb.com


    HOCINE AIT AHMED

    L’HOMME QUI AIMAIT LES MILITANTS ET LES ALGÉRIENS

    HuffPost Algérie
    Par Saïd Djaafer
    le 24 décembre 2015

     

    Ceux qui lisent ou relisent, les « Mémoires d’un combattant, l’esprit d’indépendance » de Hocine Aït Ahmed (republié et traduit en arabe aux éditions Barzakh) découvrent une chose assez rare : les notes de renvoi en bas de page sont aussi importantes que le récit.

    On ne les lit pas en « passant », on s’y informe. On y découvre des noms d’une multitude de militants que le jeune Hocine Aït Ahmed a côtoyés durant la période couverte par le livre, 1942-1952. C’était un témoignage respectueux pour ces faiseurs, peu connus en général, de l’histoire que les règles du récit obligeaient de les présenter de manière succincte.

     

    On lit le livre avec ses notes de bas de page en découvrant ce grand réservoir de militants sur lesquels on ne connait pas grand-chose. Quand on rencontre Hocine Aït Ahmed, il pouvait s’étaler longuement sur ces noms – et d’autres qui jalonneront son parcours – pour en parler avec respect, affection et aussi avec humour.

    Hocine Aït Ahmed était un militant. Il aimait les militants. Il aimait leur parler, les toucher, leur donner des tapes sur le dos, les plaisanter, les chambrer. Il aimait en parler. Pour lui, c’est cette multitude de militants qui a fait le mouvement national et la révolution.

    Les dirigeants « historiques » – il n’aimait pas particulièrement ce terme – sans en amoindrir leur rôle étaient portés par l’abnégation de ces militants qui n’auront pas les honneurs des journaux ou des manuels d’histoire.

    Et ces notes de bas de page succinctes devenaient dans sa bouche des récits extraordinaires sur les femmes et les hommes du mouvement national dont le carburant essentiel a été – et il le demeurera pour lui-même après l’indépendance et ses nouveaux combats – une quête de dignité, une affirmation d’humanité.

    Parfois, le nom ne revenait pas – et il s’en excusait avec humour, « mon cerveau est un disque dur qui est plein, on ne peut pas le formater me disent les médecins, il faut juste rebooter » – mais il persistait. Il avait trouvé la technique : il racontait la situation toujours avec humour, le décor, le nom du lieu… et par magie, le nom du militant revenait. Son visage s’illuminait alors d’une vraie joie d’enfant. Et ce nom, il le répétait plusieurs fois, comme pour s’excuser de l’avoir oublié…

    Une lutte permanente pour la dignité

    Ce combattant au long cours connaissait les servitudes du militantisme dans une adversité absolue, cet arrachement permanent au confort de l’abandon et du renoncement, du refus de la réflexion et de l’engagement. Il connaissait l’énorme effort sur soi que le militant, sous le poids d’une menace existentielle permanente, devait faire constamment pour renouveler la flamme, pour se renouveler.

    Il avait un immense respect des militants, ces déblayeurs de terrain, ces fabricants de progrès et de perspectives. Il n’acceptera jamais le fait que le régime qui s’est mis en place à l’indépendance a décidé que l’indépendance pouvait se passer de la liberté et des libertés. Il a continué, lui, avec d’autres à militer contre cette régression, ce coup d’arrêt brutal au mouvement d’émancipation de la société algérienne.

     

    Une lutte sans concession. Cet homme « historique » restera fidèle au combat premier : la dignité pour lequel on s’est battu, pour laquelle on est mort, ne pouvait s’accommoder de la chape de plomb militaro-policière qui s’est mise en place à l’indépendance. Une confiscation à laquelle il ne s’est jamais résigné. La primauté du politique sur le militaire, c’était en définitive, la primauté du citoyen, l’affirmation de sa souveraineté. C’était la primauté du militant politique sur l’agent de la police politique.

    Hocine Aït Ahmed a dirigé l’OS (organisation spéciale) C’était en quelque sorte un militaire. Il n’avait pas la naïveté de croire que l’Algérie indépendante pouvait se passer d’une armée ou de services de renseignements. Mais il avait la conviction absolue, totale, que ces instruments ne devaient pas se substituer à la nation et ni exercer, au nom de la légitimité révolutionnaire, une tutelle sur la société.

    La police politique et les « dobermans »

    Il a toujours combattu l’existence d’une police politique et il savait qu’il lui devait la campagne de dénigrement systématique qui le présentait comme un séparatiste, un agent de l’impérialisme… Il rendait les coups parfois à ces « dobermans » qui, dans les médias, se piquaient de lui faire des leçons de patriotisme.

     

    Il a été écœuré par l’outrance de la campagne de haine et d’accusation de « traîtrise » qui l’a ciblée ainsi que Abdelhamid Mehri – avec qui il a retrouvé une vieille complicité de militant – après la signature de la plateforme de Rome.

    Ce rejet de la police politique relève de sa conviction démocratique. Mais il y avait aussi une position éthique : quand la police politique phagocyte le champ social, on tue le militant, on fabrique des indicateurs, on tue le politique, on fabrique des marionnettes.

     

    Et pour Hocine Aït Ahmed cette entreprise organisée d’élimination du militant et du militantisme était le plus grand tort fait à l’Algérie. Une régression, un appauvrissement qui peut mener à l’asservissement dans un monde dangereux où les puissants n’hésitent pas à fabriquer des guerres pour remodeler les pays.

    Cette vision globale d’une Algérie – et d’un Maghreb uni – qui doit se donner les moyens par l’adhésion de la population et l’action des militants de toutes les tendances de se défendre recouvre une vision très moderne de la sécurité nationale.

    | Hocine Aït Ahmed avait en effet une vision très réaliste de ce que veut le « centre » : « l’ordre brutal du monde, du capitalisme colonial hier et de la globalisation néolibérale aujourd’hui, nous dit une seule et même chose : vous avez le droit d’être des peuples unis dans la soumission au colonialisme ou la dictature mais la démocratie et la liberté vous ne pouvez les vivre que comme des petites coteries, des clans, des ethnies, des sectes et que sais-je encore ! ». –

    Seules les libertés, celles-là qui permettent aux militants des différents courants de se concurrencer politiquement mais également de fabriquer en permanence un consensus national sont à même de nous prémunir d’une « fumisterie néocoloniale qui convient parfaitement à certains, qu’ils l’habillent d’extrémistes religieux, du despotisme des castes mercantilistes appuyées sur des dictatures militaires ou qu’il s’agisse des régionalismes racistes et belliqueux incapables de construire une route ou des tracés de pâturage entre deux communes sans provoquer une guerre ! »

    Un dessein

    Le chef politique et le chef militaire de l’OS en a tiré de manière définitive la conclusion de la supériorité morale, politique et même sécuritaire du militant sur l’agent et de la dangerosité absolue pour la nation du rôle assumé par la police politique.

    Les dégâts de cette mise au pas, de cette entreprise systématique du discrédit du politique, de la manipulation des partis et des médias et de la dissuasion à l’action militante écœuraient Hocine Aït Ahmed. Pour lui, c’était une entreprise d’affaiblissement du pays, une dilapidation d’un capital humain inestimable, celui-là même dont on a besoin dans les moments difficiles.

    Les militants pour Hocine Aït Ahmed n’étaient pas et ne sont pas des notes de bas de page. Ils sont beaucoup plus. Infiniment plus. Ils sont la nation qui se renouvelle sans cesse et qui accumule dans la liberté et la fidélité aux idéaux.

    Un jour, au détour d’une longue discussion en privée à Alger, il nous disait son espoir de voir les jeunes Algériens, malgré les difficultés et malgré un environnement dissuasif, renouer avec le militantisme politique.

    « Les militants politiques sont précieux, ils sont des citoyens en alerte, des vigilants. Ils sont engagés dans une action qui transcende leurs propres vies. Et dans notre cas, hier comme aujourd’hui, militer c’est être dans un dessein d’une société de progrès où les femmes et les hommes recouvrent leur dignité, leur humanité. Y a-t-il plus noble dessein que celui-là… ? » 28 décembre 2015

    Sources : Huffpostmaghreb

    LIRE AUSSI :

    Mécili : « Comprendre, se souvenir, pas pour se venger mais pour sortir du cauchemar… » (Hocine Aït Ahmed)

    Hocine Aït Ahmed, combattant de l’indépendance et infatigable militant de la démocratie en Algérie est mort

    http://www.anti-k.org/2015/12/28/non-ait-ahmed-nest-pas-recuperable-par-les-clans/

  • Un couple de réfugiés syriens gays construit un nouvel avenir en Allemagne (Amnesty)

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    Photo de la banderolle des camarades allemands de "Die Linke"

    Said et Jamal ont fui la Syrie après avoir été torturés en raison de leur engagement politique. Ils viennent de démarrer une nouvelle vie à Berlin, la capitale allemande, où ils ont été accueillis au titre de la réinstallation.

    « Nous avons pleuré de joie, déclare Jamal* en évoquant le moment où lui et Said*, son compagnon, ont appris que l'Allemagne leur ouvrait ses portes.

    « Ça a été un moment de bonheur. Nous avons été surpris d'être rapidement acceptés pour une réinstallation, [après seulement] six mois. »

    Said et Jamal ont eu de la chance. Beaucoup d'autres réfugiés qui peuvent prétendre à la réinstallation attendent bien plus longtemps l'appel téléphonique décisif annonçant qu'ils peuvent s'installer pour de bon dans un lieu sûr et en paix.

    Un nouveau chez-soi à Berlin

    Nous trouvons Said et Jamal au milieu des cartons et des meubles, en train de déballer leurs affaires et de s'organiser dans leur nouvel appartement. Leur soulagement est perceptible, ils rayonnent de bonheur : cela fait bien longtemps qu'ils n'avaient pas eu un lieu où s'installer.

    Tous deux étaient journalistes en Syrie. Engagés en politique, ils ont été arrêtés par les forces de sécurité, puis torturés. Il était trop dangereux de rester, et ils ont fui au Liban en 2014.

    Mais Jamal, qui est séropositif, ne pouvait pas obtenir dans ce pays le traitement dont il a besoin. En janvier 2015, le HCR, l'Agence des Nations unies pour les réfugiés, leur a tendu une planche de salut. On leur a proposé un accueil à Berlin dans le cadre du programme d'admission à titre humanitaire des réfugiés syriens mis en place par l'Allemagne.

    Comme une famille

    « Nous avons quitté le Liban le 8 janvier 2015, explique Said. Il faisait si froid quand nous avons débarqué de l'avion ! » « Nous étions à la fois très impatients et inquiets, se souvient Jamal. Nous ne savions pas ce qui nous attendait. Nous nous étions préparés pour tout. »

    Après avoir passé 12 jours dans un centre de transit pour réfugiés, les deux hommes ont été placés dans un Wohnheim, un foyer d'hébergement pour les familles et les jeunes. « Nous avions notre propre appartement, explique Jamal, ils nous ont pris en compte comme une famille, pas comme deux adultes isolés. Nous avons eu vraiment de la chance ! »

    Ils ont décidé de partir au bout de neuf mois parce qu'ils ne sentaient pas à l'aise. « Une personne qui suivait les cours d'allemand avec moi savait que j'étais gay et l'a dit à nos voisins », explique Jamal.

    Ils ont fait une demande d'appartement et ont dû avoir de nombreux entretiens avec leur assistante sociale. Ils ont fini par obtenir l'aide d'une organisation de soutien aux personnes vivant avec le VIH.

    Construire une nouvelle vie

    Lorsqu'ils sont arrivés en Allemagne, Jamal craignait de se trouver à court du traitement antirétroviral dont il a besoin pour rester en bonne santé. Maintenant qu'il est pris en charge par un médecin, il peut se consacrer à d'autres choses, par exemple à apprendre la langue. Said dit en plaisantant qu'il est jaloux de Jamal, qui apprend l'allemand à toute vitesse.

    Tous deux suivent des cours cinq jours par semaine et doivent valider le premier niveau avant de pouvoir postuler à un emploi. En attendant, ils font un peu de journalisme en ligne – sans être payés pour le moment.

    Ils ont de nouveau une vie sociale, et c'est une vraie délivrance après le stress de plusieurs années à fuir. « Ça a été l'une des choses les plus difficiles, nous dit Jamal. Il faut beaucoup de temps pour établir la confiance. Mais nous nous sommes déjà fait de bons amis – des Allemands, des Israéliens et des Norvégiens. »

    Et tous deux apprécient beaucoup Berlin, une ville accueillante où l'on peut vivre ouvertement son homosexualité. « C'est si différent du Liban ou de la Syrie, dit Jamal. Au Liban il y a deux clubs [gays], mais c'est illégal [d'être homo]. »

    Donner quelque chose en retour

    Pour le moment, Said et Jamal ne pensent qu'à construire leur avenir, et pour commencer, à terminer leurs études universitaires. « J'aimerais bien aussi m'engager dans un parti politique ici, nous dit Said. En Syrie, nous étions militants et nous avons participé aux manifestations [du début 2011, à l'époque où le conflit a éclaté.] »

    « Je veux travailler avec d'autres réfugiés installés à Berlin, déclare Jamal. Je suis réfugié, alors je sais ce dont ils ont besoin. Ce serait vraiment bien de pouvoir aider les autres de la même façon que moi j'ai été aidé. »

    « La plupart des Syriens qui arrivent ici ont des problèmes psychologiques en raison de ce qu'ils ont vécu, ajoute Said. Ils ont le sentiment d'avoir tout perdu : leurs amis, leur famille, leur travail – leur vie. »

    Jamal explique que certains réfugiés ont peur et préfèrent ne pas révéler leur orientation sexuelle ou leur éventuelle séropositivité. « Et s'ils ne disent rien, ils ne peuvent pas être aidés. Nous pourrions intervenir par exemple en assurant la traduction pour des gens qui ont à parler de choses délicates. Vous imaginez la situation si je ne pouvais pas parler de mes problèmes de santé ? Ce serait catastrophique. »

    La réinstallation a donné à Said et Jamal la possibilité de commencer à reconstruire la vie qu'ils ont été contraints de laisser derrière eux en Syrie. « Nous voulons travailler, être indépendants, avoir un bon travail et un salaire, expliquent-ils. Comme avant. »

    *Les noms des deux hommes ont été modifiés pour protéger leur anonymat.

    Actuellement, plus de 4 millions de réfugiés de Syrie ont trouvé abri dans seulement cinq pays de la région voisine. Amnesty demande que 400 000 d'entre eux, ceux que le HCR considère comme les plus vulnérables, soient réinstallés dans des pays riches d'ici à la fin de l'année 2016. La réinstallation est une planche de salut pour les réfugiés les plus vulnérables dans le monde, notamment les personnes avec de graves problèmes de santé. Nous estimons que 1,45 million de personnes auront besoin de cette protection vitale d'ici à la fin de 2017.

    Lorna Hayes and Khairunissa Dhala, Amnesty International's Refugee and Migrants' Rights Team,

    https://www.amnesty.org/fr/latest/campaigns/gay-syrian-refugees-build-future-germany