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  • Egypte. La propagande sécuritaire discréditée par l’affaire Moheb Doss (A l'Encontre.ch)

     
    Moheb Doss en 2014. A l'arrière-plan, on voit un tag «Libérez Boudy» avec un portrait de ce jeune révolutionnaire emprisonné. (Photo de Hany Hanna)

    Moheb Doss en 2014. A l’arrière-plan, on voit un tag «Libérez Boudy» avec un portrait de ce jeune révolutionnaire emprisonné.
    (Photo de Hany Hanna)

    La stratégie de répression du régime du maréchal Sissi repose sur la suspicion généralisée. La suspicion de sympathie avec les Frères musulmans est jetée indistinctement sur les opposants au régime, voire sur ses partisans critiques. Dans un Etat de droit, cette pratique ne résisterait pas à la présomption d’innocence. On ne croit une accusation que si elle est fondée. Mais l’Egypte est encore sous le choc de l’expérience des Frères musulmans au pouvoir et de leurs connivences affichées avec les terroristes islamistes. Les Egyptiens ont donc laissé l’armée prendre le pouvoir pour les protéger de toute possibilité de retour au pouvoir de la confrérie, voire d’un risque de guerre civile et de troubles internes comme ceux qui déchirent la Syrie ou la Libye. Seule armée du Moyen-Orient arabe encore forte, l’armée égyptienne est aux yeux de la population la garante de la stabilité du pays, voire de l’existence même de l’Etat égyptien. Les plus inquiets soupçonnaient en effet les Frères musulmans de vouloir le diluer dans une internationale islamiste et les Etats-Unis de travailler à sa division. Par principe, tout un pan de la population soutient son champion contre ses opposants. Peu importe que les accusations contre ces derniers ne soient pas étayées sur des preuves! Puisque le pouvoir affirme les avoir, comment ne pas lui faire confiance? La propagande répressive est rodée au point que tout opposant arrêté est présumé aux yeux d’une partie de l’opinion publique comme Frère musulman, sympathisant des Frères ou agent du complot américain consistant à instiller le poison islamiste dans la région.

    Utilisant cette stratégie en pilotage automatique et rendu nerveux par le 5e anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011 qu’il a tout fait pour étouffer, le régime arrête les jeunes révolutionnaires à tout va. Parmi eux un certain Moheb Doss. En procédant à cette arrestation, le régime vient d’ébranler la pierre angulaire de sa stratégie répressive: la présomption d’appartenance au complot des Frères musulmans. Cette fois elle ne peut pas s’appliquer. Tout simplement parce que Moheb Doss est chrétien! Il a été arrêté le 6 janvier à l’entrée de la cathédrale du Caire où il allait célébrer le réveillon du Noël copte orthodoxe. Moheb est aussi est surtout un des six fondateurs du mouvement pétitionnaire Tamarrod qui a été à l’origine de l’éviction du pouvoir du président, Frère musulman, Mohamed Morsi [en fonction du 30 juin 2012 au 3 juillet 2013]. Cet étudiant en droit avait lancé en mai 2013 avec une poignée d’autres jeunes une pétition exigeant le départ de Morsi. La pétition avait recueilli en quelques semaines des millions de signatures et fait descendre des millions d’Egyptiens dans la rue le 30 juin 2013, ouvrant la voie à l’arrivée au pouvoir du maréchal Sissi.

    Ce CV ne lui a pourtant été d’aucun secours. En ce réveillon de Noël, le pouvoir a décidé de ne lui faire aucun cadeau. Le 6 janvier vers 21h30, Moheb se rend à la cathédrale du Caire avec deux amis dont le journaliste Gamal George au moment même où le président Sissi s’apprête à y aller pour présenter ses vœux à la communauté copte. Après l’habituel contrôle de sécurité, des policiers en civil leur demandent leurs papiers. Moheb Doss présente sa carte d’identité. Le policier qui le contrôle lui demande, d’après le témoignage de Gamal George: «C’est donc vous Moheb du mouvement Kefaya?» Il faut savoir que «Kefaya!» (Assez!) est un des mouvements qui ont appelé à manifester le 25 janvier 2011 et initié la révolution. Doss répond par l’affirmative. «Alors venez avec nous, nous avons quelques questions à vous poser», lui répond le policier. Moheb Doss n’est pas autorisé à passer un coup de fil et son téléphone portable est confisqué. Les amis de Moheb demandent aux policiers où ils l’emmènent. Ces derniers répondent qu’ils l’emmènent au commissariat proche d’Al Ouaili. Ses deux amis s’y rendent aussitôt. Là-bas, on leur explique qu’il a été emmené au centre de la Sécurité de l’Etat! Jusqu’au lendemain 7 janvier après-midi, aucune nouvelle. Puis, vers 17h, huit policiers perquisitionnent sans mandat le domicile où Moheb vit avec ses parents et sa sœur. Ils confisquent l’ordinateur familial et repartent aussitôt. Le 8 janvier, à l’aube, la famille reçoit un coup de fil du centre de la Sécurité de l’Etat où il est détenu. On leur annonce qu’il a été déféré au parquet de la Sûreté de l’Etat et qu’il a écopé de quinze jours de détention préventive. Sa famille peut désormais le visiter et lui apporter des affaires à condition que la visite ne dépasse pas deux minutes.

    Mais de quoi Moheb est-il soupçonné? D’«appartenance à une organisation illégale». Son cas est joint à l’affaire 796/Sûreté de l’Etat où un certain Mahmoud El Saqqa est soupçonné d’animer un mystérieux «groupement du 25 janvier». Moheb Doss ne connaît pourtant pas Mahmoud El Saqqa et ne risque pas de faire partie de la même organisation que lui. Difficile d’y voir plus clair car aucun avocat n’est autorisé à consulter son dossier. Mais la seule question des policiers lors de son arrestation est en lien avec sa participation à la révolution du 25 janvier. Ceci concorde bien avec la nervosité croissante du pouvoir par rapport au 5e anniversaire de la révolution du 25 janvier 2011 qu’il a tout fait pour étouffer. Depuis un mois, le régime arrête les jeunes révolutionnaires à tout va. Le 19 janvier, la police affirme avoir perquisitionné 5000 appartements du centre-ville du Caire! Pourtant, Moheb Doss twittait le 24 décembre 2015: «La probable présence dans la rue de la confrérie criminelle des Frères musulmans, l’impréparation du mouvement révolutionnaire et l’absence d’un plan de mobilisation clair font que descendre dans la rue serait actuellement une démarche non progressiste. # Mon humble avis.» Peu susceptible donc d’avoir fomenté des troubles pour le 25 janvier 2016, il dérange visiblement le régime pour d’autres raisons. Top of Form

    D’abord, Doss fait partie des fondateurs de Tamarrod qui n’ont pas continué à soutenir Sissi après l’éviction de Mohamed Morsi. Ils se sont retirés dès qu’ils ont découvert l’embrigadement par le pouvoir de certains membres du mouvement. Ce retrait était aussi et surtout motivé par le fait qu’Abdel-Fattah Al Sissi n’avait pas adopté, selon Doss, les démarches révolutionnaires nécessaires pour se débarrasser du régime corrompu de Moubarak, ni adopté une politique d’indépendance nationale. Doss est même allé plus loin dans un entretien accordé au site Baouabet Yanair (Le portail de janvier) en juillet 2015 où il traite Sissi de pire chef d’Etat de l’Egypte depuis le XIXe siècle et lui reproche de mettre l’Egypte sous la dépendance des Etats-Unis. L’hypothèse de la punition de l’effronté est d’autant plus probable qu’un autre fondateur de Tamarrod, le journaliste Hassan Chahine, a été renvoyé du poste qu’il occupait à l’hebdomadaire Al Yom Al Sabi’ après avoir soutenu à l’élection présidentielle de 2014 le rival de Sissi, Hamdine Sabahi. Depuis, les portes de la presse, largement soumise aux pressions sécuritaires, lui sont fermées. Leur collègue Mahmoud Bad qui a, lui, activement soutenu Sissi est désormais député. Il a un appartement, une voiture et des gardes du corps.

    Hatem Bachat

    Hatem Bachat

    Plus récemment, Moheb Doss a participé aux élections législatives qui ont eu lieu en décembre 2015 dans le cadre de la campagne d’un candidat de l’opposition: le général Hatem Bachat. Cet ancien directeur adjoint des Renseignements généraux s’est présenté avec succès aux élections sous l’étiquette du parti libéral des Egyptiens libres, fondé en 2011 par le milliardaire copte Naguib Sawires. Cet engagement du jeune révolutionnaire peut surprendre d’autant plus que Doss est nassérien. Mais en tant que camarade de Hatem Bachat à l’Heliopolis Sporting Club du Caire, il a été séduit par l’esprit démocratique et unitaire de Bachat et le respect des adversaires dont il a fait preuve lors de l’élection du conseil d’administration du club. A ce propos, Doss écrivait en mars 2015 sans le quotidien Al Masry-al-Youm qu’il espérait que cette attitude du général Bachat soit celle des candidats aux futures élections législatives, précisant que la société que la révolution du 25 janvier avait l’ambition de créer était celle du respect mutuel. De là, il n’y avait qu’un pas pour participer à la campagne législative de Hatem Bachat, une campagne où l’emploi des jeunes occupait une place importante.

    En participant à cette campagne, Moheb Doss a s’est aventuré dans un terrain doublement miné. D’abord parce que les Egyptiens libres, initialement alliés à Sissi, se sont retournés contre lui. Cela s’est manifesté par le refus de Sawires de la proposition de la Sécurité de l’Etat de faire partie d’un groupe parlementaire visant à regrouper les trois quarts du parlement et dirigé par le général Seif El Yazel, tête de la liste majoritaire Fi Hob Misr (Pour l’amour de l’Egypte) et ancien des Renseignements généraux. Sawires déclarait début décembre 2015 sur les chaînes paraboliques CBC et MBC Masr que cette proposition était antidémocratique et irrespectueuse du peuple. Ce rejet a ouvert la voie à une série d’autres refus parmi lesquels ceux du Wafd, le plus vieux parti libéral d’Egypte et de Mostaqbal Misr (L’Avenir de l’Egypte), la liste de Mohammed Badrane, le leader étudiant qui a tenté de ramener le mouvement estudiantin dans le giron du régime. Ces ratés retentissants ont conduit le 19 décembre au limogeage de Salah Hegazy, le directeur de la Sécurité de l’Etat, un appareil supposé se distinguer par son efficacité et sa discrétion. Il faut dire que le micmac a été tel que des députés connus pour être des agents des services de la Sécurité de l’Etat comme Mustafa Bakri se sont mis à dénoncer les interventions de ces mêmes appareils lorsqu’ils n’ont pas eu les postes qu’ils pensaient mériter!

    De même que Naguib Sawires a dénoncé ce mois de janvier 2016 sur la chaîne ON TV les attaques du pouvoir contre la révolution du 25 janvier 2011 comme une tentative de falsifier l’histoire. Il a aussi déclaré que ce qui avait fait descendre la Egyptiens dans la rue n’était pas une quelconque manipulation mais le refus de l’injustice et la répression. Il est même allé plus loin en déclarant: «Les pratiques et les façons de procéder actuelles nous ramènent aux mêmes pratiques et façons de faire qui avaient cours avant le 25 janvier 2015 et qui ont fait descendre les gens dans la rue.» Sawires a précisé qu’il entendait par là les interventions de la Sécurité de l’Etat y compris dans le processus électoral et les médias ainsi que les arrestations arbitraires des jeunes. Il a enfin fustigé la confusion de la politique économique actuelle. Il est vrai que sous le gouvernement actuel, à bien des égards libéral, «dérégulateur» au plan économique, les entreprises de travaux publics dont Orascom, la compagnie de Sawires, souffrent de l’absence d’appel d’offres et ne travaillent sur les nouveaux grands chantiers que sous les conditions imposées par l’armée.

    L’élection du général Bachat sur une liste de l’opposition gêne aussi parce qu’elle casse le monopole de la défense de l’Etat que s’arroge le pouvoir. Ce dernier avait l’habitude de jeter sur les opposants le soupçon de participation à un complot étranger menaçant la sécurité de l’Etat. Mais l’entrée de Bachat en politique dans les rangs de l’opposition démonte cette argumentation. Elle démontre aux yeux de ceux qui ne voulaient pas encore le croire que l’opposition n’implique pas l’hostilité à l’Etat. De ce point de vue, elle enlève la raison d’être de la répression.

    L’arrestation de Moheb Doss révèle en fin de compte que les arrestations récentes ne sont pas motivées par la participation à un prétendu «groupement du 25 janvier» comme le voudrait la version officielle mais simplement à la Révolution du 25 janvier 2011. L’hommage bref et convenu rendu par le président à la Révolution à l’occasion de son anniversaire n’empêche pas des députés et des médias proches du pouvoir de la présenter comme un complot de l’étranger. Or non seulement Doss y a participé mais il a contribué à l’échec des démarches du pouvoir visant à l’enterrer au profit de «la révolution du 30 juin». La récupération de Tamarrod l’y aurait pourtant aidé. Après avoir mis en doute la prétention de Sissi à représenter l’indépendance nationale, il a contribué à faire élire un ancien général des Renseignements généraux comme député d’une opposition élogieuse vis-à-vis de la révolution du 25 janvier 2011. Moheb Doss monterait-il ainsi les serviteurs de l’Etat contre le régime? Habituellement, le pouvoir accuse ses opposants de comploter avec les Frères musulmans et de porter atteinte à la sécurité de l’Etat et à l’économie nationale. Avec l’élection du général Bachat sur la liste des Egyptiens Libres, le pouvoir a affaire à un ancien général des Renseignements généraux élu sur les listes d’un parti fondé par un des plus gros employeurs du pays. Il est pour ainsi dire tombé sur un os. Le régime reproche-t-il à Moheb Doss d’avoir mis cet os sous ses dents? (25 janvier 2016)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016 Par Hany Hanna
     
  • Tunisie: révolte de la jeunesse marginalisée (Al'Encontre.ch)

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide  le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Un jeune Tunisien emmené après une tetntative de suicide
    le 22 janvier 2016 à Kasserine

    Par Alain Baron, le 24 janvier 2015

    Depuis le 17 janvier, des explosions de colère secouent une partie de la jeunesse tunisienne. Elles se traduisent notamment par des manifestations, des sit-in devant ou à l’intérieur de bâtiments de l’Etat, des barrages routiers à l’aide de pneus enflammés, quelques pillages et même la mort d’un policier.

    Les raisons de la colère

    Tout a commencé à Kasserine, une ville déshéritée de l’intérieur du pays où un jeune chômeur est mort électrocuté le 16 janvier. Il était monté sur un poteau électrique pour protester contre son retrait arbitraire d’une liste d’embauches dans la fonction publique.

    Dès le lendemain, des affrontements avec la police ont eu lieu sur place. Ce mouvement s’est ensuite étendu dans une série de localités et certains quartiers de grandes villes. Le 22, le couvre-feu entre 20h et 5h a été décrété sur l’ensemble du pays [1].

    Les causes de ces mouvements ne sont pas nouvelles. Depuis des années des milliers de jeunes, souvent titulaires d’un diplôme de l’enseignement supérieur, réclament un emploi. C’était déjà le cas lors du soulèvement du bassin minier de Gafsa en 2008, puis de l’immolation de Mohamed Bouazizi le 17 décembre 2010 qui a été le signal du début de la révolution.

    Mais cinq ans plus tard, la situation de l’emploi n’a pas changé, elle s’est même détériorée. Le nombre de suicides est en augmentation parmi les jeunes, et des explosions locales de colère ont périodiquement lieu. Cela a par exemple été le cas en 2015 dans le sud du pays ainsi que dans la région de Gafsa où des jeunes chômeurs ont paralysé plusieurs mois le bassin minier.

    Une des raisons pour lesquelles la tragédie de Kasserine a été le point de départ d’une vague nationale de mobilisations, est l’aggravation de la crise globale que traverse la Tunisie.

    Accentuant la politique néo-libérale en vigueur du temps de Ben Ali, le pouvoir est incapable d’apporter la moindre solution aux jeunes réclamant un emploi.

    Simultanément Nidaa Tounès, le parti arrivé en tête aux élections d’octobre 2015 a explosé. Un de ses députés a comparé les clans rivaux à « une dispute entre coqs pour une poubelle ».

    Résultat, Ennahdha est redevenu le premier parti représenté à l’Assemblée. Avec un ministre de la Justice et un ministre de l’Intérieur réputés proches d’Ennahdha, les dossiers des exactions commises lorsque ce parti dirigeait le gouvernement en 2012-2013 ne sont pas près d’avancer.

    L’absence d’alternative crédible

    La création rapide de milliers d’emplois durables serait pourtant possible. Pour financer une telle mesure, le Front populaire propose par exemple un impôt exceptionnel sur les grandes fortunes, ainsi qu’un moratoire de trois ans sur le remboursement de la dette, qui représente 18 % du budget et la principale dépense de l’Etat.

    Mais le Front populaire, qui rassemble l’essentiel des organisations de gauche, ne dispose que de 7 % des sièges au Parlement. Il peine également à se structurer et à définir une stratégie globale à la hauteur des enjeux.

    Plusieurs associations, dont la Ligue tunisienne de défense des droits de l’Homme (LTDH) ont appelé «à l’adoption d’un modèle économique dont l’objectif est la réduction des disparités régionales et des inégalités sociales», en disant leur «déception» face à l’inaction des différents gouvernements.

    En ce qui la concerne, l’UGTT a appelé le gouvernement à trouver des solutions «urgentes et efficaces» pour résoudre rapidement les problèmes du chômage et du développement dans les régions défavorisées. Elle a réitéré les projets alternatifs, qu’elle avait déjà proposés aux gouvernements précédents.

    Une solidarité hésitante

    Même si la grande majorité de la population reconnaît la légitimité des revendications des chômeurs, beaucoup sont choqués par les violences commises ces derniers jours. Ils craignent que des djihadistes se mêlent aux manifestants afin de développer le chaos. Suite au traumatisme causé par les exactions de Daech en Tunisie, la crainte existe que les tâches supplémentaires confiées à la police et l’armée se fassent au détriment de leurs autres tâches : la lutte contre les réseaux et maquis islamistes ainsi que le trafic d’armes en provenance notamment de Libye.

    En ce qui les concerne, les organisations de jeunes ont du mal à mobiliser. Les rassemblements et manifestations de solidarité organisés dans les grandes villes par l’Union des diplômés-chômeurs (UDC) et l’Union générale des étudiants de Tunisie (UGET) n’ont jamais rassemblé à ce jour plus de 300 participant-e-s.

    Les difficultés d’une jonction avec le mouvement ouvrier organisé

    Comme souvent en Tunisie, la possibilité d’un réel mouvement de solidarité va largement dépendre du positionnement du mouvement syndical. Mais de ce côté-là, rien n’est en ce moment très simple.

    Sous l’impulsion de la gauche de l’UGTT, le mouvement syndical sort en effet d’une année de mobilisations intenses.

    Celles-ci ont permis au premier semestre une victoire historique dans l’enseignement secondaire, et des avancées appréciables dans le reste du secteur public ainsi que dans certaines entreprises privées.

    La vague de grèves générales régionales dans le secteur privé au second semestre a par contre été brutalement interrompue le 25 novembre après l’attentat de Daech à Tunis.

    Après des mois de tensions, le risque existe aujourd’hui que les syndicalistes les plus combatifs relâchent la pression. Cela accentue au sein de l’UGTT le danger d’un retour de balancier vers la routine et la recherche de consensus avec les adversaires des intérêts des salariés et des chômeurs [2].

    Un compromis à minima avec le patronat a par exemple été trouvé en catastrophe le l9 janvier au sujet des augmentations salariales dans le secteur privé.

    Du coup, la reprise des grèves générales régionales dans le privé a été annulée, dont celle prévue le 21 janvier dans la région de Tunis. (24 janvier 2016)

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    [1] Une série d’articles sur ces mobilisations est disponible sur le blog tunisien Nawaat :

    – Kasserine : après le deuil, l’embrasement (19 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/19/kasserine-apres-le-deuil-lembrasement/

    – Reportage à Kasserine : « Personne ne saura calmer la colère de la faim » (21 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/21/reportage-a-kasserine-personne-ne-saura-calmer-la-colere-de-la-faim/

    – Ridha Yahyaoui : Un stylo m’a tué (22 janvier)
    http://nawaat.org/portail/2016/01/22/ridha-yahyaoui-un-stylo-ma-tuer/

    [2] Le 20 janvier, au premier rang des invités à la cérémonie des 70 ans de l’UGTT, figuraient les porte-parole de l’ensemble du spectre politique tunisien, dont le Président d’Ennahdha, ainsi qu’un représentant du syndicat patronal UTICA.

     

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige la «patience» et n'annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l'AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l'Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour "la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles». Interrogé par l'AFP, l'analyste Selim Kharrat ne s'est pas montré «étonné» de l'absence d'annonces immédiates. «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l'aurait fait bien avant l'éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite»", notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il "aurait pu prendre des mesures non coûteuses" contre la corruption et a "manqué une occasion de donner un signal positif", a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c'est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benaliste et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l'Encontre)

    A Kasserine, le 21 janvier 2016: la police affronte les jeunesse. Le Premier ministre exige de la «patience» et n’annonce aucune mesure contre le chômage. Selon l’AFP, Inès Bel Aiba: «Le ministre Kamel Jendoubi (société civile et droits de l’Homme) a, lui, affirmé que le chef du gouvernement ne tarderait pas à annoncer des mesures pour la jeunesse, l’emploi et la prise en charge des situations difficiles».
    Interrogé par l’AFP, l’analyste Selim Kharrat ne s’est pas montré «étonné» de l’absence d’annonces immédiates.
    «Si le gouvernement avait des solutions à proposer, il l’aurait fait bien avant l’éclatement de cette crise. Il ne faut pas oublier que sa marge de manœuvre est très réduite», notamment financièrement, a-t-il dit. Mais il «aurait pu prendre des mesures non coûteuses» contre la corruption et a «manqué une occasion de donner un signal positif», a ajouté M. Kharrat. Selon lui, «ce que réclament les manifestants, c’est non seulement du travail mais aussi des dirigeants intègres et au service des populations». La réponse du gouvernement, de facto, les ex-Benalistes et Ennhada: le couvre feu! (Réd. A l’Encontre)

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016
     
  • Tunisie. La nécessité d’une mobilisation citoyenne… (Al'Encontre.ch)

    fmi-bm-tunisie

    Entretien thématique avec Sami Souhili conduit par Alain Baron

    Le diktat du capital financier.

    Tout ce qui se passe dans notre région dépend étroitement des choix du capital financier et de sa volonté d’y imposer sa domination. C’est vrai en Tunisie, mais également en Libye, en Syrie, au Yemen, etc. Il ne s’agit pas de grandes idées abstraites, comme tout le monde le sait.

    Les guerres actuelles sont également liées aux besoins du capital financier qui n’arrive pas à faire suffisamment de bénéfices par les voies classiques. Vendre des armes reste la seule alternative générant de gros profit: il a investi dans ce secteur et il veut récupérer le maximum d’argent. Les Russes s’y mettent maintenant et essayent de prouver que leurs avions sont meilleurs que ceux des Américains. Ils veulent leur part du marché.

    La Tunisie dépend donc beaucoup de ce qui se passe dans le reste du monde, elle n’est qu’un des éléments de la chaîne. Le capital financier n’est en effet pas tunisien, mais international. Et celui-ci ne va pas attendre que la bourgeoisie vassale, locale, qui est en train d’accumuler de l’argent, ait la capacité de peser. Celle-ci est vouée à fonctionner dans le cadre du projet du capital financier international. Celui-ci fait aujourd’hui plus de profit dans les activités financières que dans la production, et il accumule des fortunes.

    Actuellement, la Tunisie, est sous le diktat du FMI (Fonds monétaire internationale) et de la Banque mondiale (BM): le pouvoir ne veut pas utiliser l’argent qu’il détient pour développer l’action publique.

    L’Etat ne manque d’argent que parce qu’il l’a décidé ainsi. Il pourrait en effet disposer de davantage de ressources: l’UGTT (Union générale tunisienne du travail) avait en effet présenté un projet concernant la fiscalité, ainsi qu’une liste de contribuables sur lesquels, selon l’ancienne loi, l’Etat aurait dû prélever des milliards. Mais le pouvoir ne l’a pas fait. Il s’agit là d’un choix.

    Simultanément, l’Etat s’endette pour appliquer la restructuration voulue par le capital financier, et 30 % de cet argent va aller au développement de l’économie numérique.

    Les menaces contenues dans le plan quinquennal

    Le plan quinquennal expose clairement ce que prévoient de faire les personnes actuellement au pouvoir en Tunisie. Malheureusement beaucoup de militant·e·s ne connaissent pas ce plan, y compris au sein de l’UGTT.

    Il ne s’agit pas de la répétition des Programmes d’ajustement structurel (PAS) lancés à partir de la fin des années 1980.

    Aujourd’hui, le capital financier se trouve dans une phase de restructuration globale de l’économie mondiale. Celle-ci vise à remplacer au maximum la main-d’œuvre stable par des salarié·e·s précaires ne disposant donc pas de la même sécurité qu’auparavant. En termes français remplacer des CDI (Contrat à durée indéterminée) par des CDD (Contrat à durée déterminée).

    En ce domaine, la situation de la Tunisie n’est pas différente de celle des autres pays, même si elle est pire en termes de chômage et d’appauvrissement.

    Cette politique passe dans l’industrie par la digitalisation, la robotisation et la mécanisation. Mais cela concerne également les services. Et comme on le sait, les services se sont beaucoup développés depuis un certain temps en Tunisie.

    Dans ce cadre, 30 % des investissements en Tunisie vont se faire dans les activités numériques, et c’est principalement à cela que va servir l’argent des prêts accordés par le capital financier international, en plus de rembourser la dette [1].

    Une volonté affichée de libéralisation et de privatisation

    L’autre caractéristique essentielle de la situation actuelle est la libéralisation et la privatisation de tous les secteurs d’activité: Santé, Enseignement, Transports, Culture, tout doit être marchandisé, tout doit permettre aux financiers de pouvoir mettre la main sur ces activités. Le scénario utilisé est tellement évident, que nous le voyons, tous, très clairement.

    Le secteur privé représente aujourd’hui 66% de l’économie tunisienne. Ses dirigeants disposent de beaucoup d’argent, ils construisent des immeubles, achètent des maisons et des voitures, etc. L’Etat, par contre, n’a pas de ressources: il ne peut pas faire de routes, il ne peut pas investir.

    En 2013, le déficit du budget de l’Etat avait atteint 6,5% du PIB, et depuis, il ne cesse d’augmenter.

    Mais on a l’impression que le pouvoir ne se soucie pas trop de cela. Il laisse prospérer l’économie informelle, et une nouvelle mafia financière se développe aujourd’hui. Elle gagne en puissance et est en train de coordonner ses efforts et ses projets non seulement avec le FMI, mais également avec les mafias financières occidentales qui veulent rapidement mettre la main sur l’essentiel de l’économie tunisienne, ou au moins disposer d’enclaves lui permettant d’accéder à des marchés beaucoup plus importants.

    Dans ce cadre, le pouvoir prévoit de légiférer pour faciliter l’accès des multinationales aux multiples domaines de l’économie digitale, de les favoriser comme c’était déjà le cas lors du tournant vers la libéralisation à la fin des années soixante-dix.

    L’accord de libre-échange «complet et approfondi» en cours d’adoption (ALECA – L’accord de libre-échange complet et approfondi entre l’UE et la Tunisie) prévoit de permettre au capital international d’investir également dans l’agriculture.

    Afin d’accroître leurs profits, les multinationales de l’agro-industrie voudraient développer des monocultures répondant aux besoins du marché mondial. La Tunisie se spécialiserait alors dans un nombre limité de cultures agricoles, sans aucune maîtrise du choix de celles-ci. Elle n’aurait plus un minimum d’autonomie sur le plan agricole, ce qui serait une atteinte à sa souveraineté.

    Mais la Tunisie a besoin de continuer à avoir une production diversifiée fournissant à la fois du blé, des légumes, de la viande, etc. L’ALECA menace cette diversité nécessaire à la satisfaction des besoins de la population à des prix correspondant, un tant soit peu, au pouvoir d’achat des citoyens.

    Et récemment, le FMI a bien fait comprendre au gouvernement tunisien que s’il voulait avoir une aide financière, il lui faudrait arrêter de fournir aux paysans l’assistance technique gratuite leur permettant de rester compétitifs.

    Déjà, les petits paysans sont en train de s’appauvrir, et si l’ALECA est mise en œuvre ils vont devoir vendre leurs terres.

    Le plan quinquennal explique l’absence de croissance économique par l’existence de multiples entraves au développement du secteur privé. Il énumère des problèmes fonciers, administratifs, bureaucratiques, ainsi que des privilèges dont bénéficieraient des individus liés à des personnes ayant des positions de pouvoir.

    Pour faciliter l’essor du secteur privé, l’Etat devrait notamment :

    • se limiter à percevoir des impôts dans le cadre de la loi de finances;
    • maintenir une fiscalité favorable aux plus fortunés car sinon ils n’investiront pas, et que s’ils n’investissent pas, le pays ne pourrait pas se développer;
    • alléger la réglementation concernant le foncier.

    Dans le plan quinquennal, un point est particulièrement mis en avant: il faudrait que la Tunisie rembourse sa dette alors que son taux d’endettement est passé de 6,8% à 50% du PIB.

    Il est expliqué que ce qui fait la valeur de la Tunisie est qu’elle avait toujours remboursé sa dette, et que c’était la raison pour laquelle elle a pu emprunter sur les marchés internationaux. Il est ajouté que la Tunisie était le premier pays africain à avoir fait cela.

    Dans la Santé, l’Enseignement, l’Agriculture ou l’Industrie, les détenteurs de capitaux et leurs porte-parole expliquent que le secteur public est incapable de se développer et d’améliorer la qualité des biens et services fournis. Pour eux, la solution serait le Partenariat Public-Privé (PPP).

    Le PPP, c’est évidemment un processus de privatisation. Dans tous les pays du monde où le PPP a été mis en place, le public s’est mis dans les pas du privé. Il est entré dans la vision du privé c’est-à-dire la rentabilisation.

    Pour moi, et dans l’intérêt de la majorité de la population démunie, la Santé ou l’Enseignement ne doivent absolument pas être soumis à ce genre de raisonnement.

    Au contraire, on doit améliorer le secteur public, et les sources de financement existent.

    L’exemple du système de santé

    Dans le secteur de la Santé, il y a eu ces dernières années une progression vers la privatisation et la marchandisation des prestations. Le secteur public n’a pas été vendu, mais il dispose de moins en moins de moyens. Le secteur privé, par contre, est en pleine expansion.

    La Santé publique repose sur la première ligne de soin constituée par les dispensaires. Plus de 70 à 80 % d’entre eux permettent d’assurer des soins de proximité : les gens ne vont pas faire 20 à 30 kilomètres pour être soignés! Mais au lieu de développer les dispensaires, les pouvoirs publics les ont laissé tomber.

    La raison en est que les «décideurs» pensent possible de les remplacer, au moins en partie, par des cabinets privés dans la mesure où tout le monde va maintenant être couvert par la Caisse nationale d’assurance-maladie.

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    Et comme cela va coûter plus cher aux patients, les assurances complémentaires sont en train de se préparer, comme cela se passe en France. Un processus de privatisation est donc en marche.

    Personne n’est content d’aller dans les hôpitaux publics. Bien sûr, le personnel en place est qualifié, mais il manque des médecins, des infirmiers, du matériel, les locaux sont vétustes et en mauvais état, etc. Les hôpitaux locaux et régionaux sont délaissés au profit d’une troisième ligne de soin composée de quelques CHU (Centres hospitaliers universitaires).

    Des gens sont contents parce qu’il est annoncé la création de nouvelles facultés de médecine et de nouvelles universités, etc. Mais en fait, cela va dégarnir complètement tout ce qui est soin de proximité, tout ce qui est prévention et prise en charge des maladies. Et cela va permettre au privé de prendre la place.

    Pour une même prestation, le coût de revient dans le privé est supérieur de 60 % à celui du secteur public. De leur côté, les promoteurs de la privatisation mettent en avant la qualité de l’hôtellerie et de l’accueil.

    Très peu de jeunes aujourd’hui veulent être médecin généraliste, ils veulent tous être spécialistes. De leur côté, les décideurs ont fait du populisme en suivant les usagers qui disent «je veux un spécialiste».

    Résultat, il y a 65% de médecins spécialistes en Tunisie et seulement 35 % de généralistes, alors que cela devrait être l’inverse.

    De plus, parmi les spécialistes du secteur public, 70 % sont des médecins universitaires. Dans le grand Tunis qui compte 3,1 millions d’habitants, il y a plus de médecins-universitaires qu’en Ile-de-France qui compte 12 millions d’habitants. Il s’agit là d’un choix en faveur de ce qui est appelé «la médecine hospitalière».

    Et maintenant, les autorités sont en train de dire qu’il faut créer des facultés partout. Cela pourrait être bien, mais en fait c’est pour jeter de la poudre aux yeux, parce que les facultés s’occupent de formation et pas de procurer des soins. De plus, les facultés forment des médecins qui travaillent ensuite dans le privé.

    Pour accomplir le même acte, les médecins de la Santé publique gagnent entre 20 et 50 fois moins que s’ils travaillaient dans le privé. Ceux qui restent dans le secteur public sont considérés comme des fous car il s’agit de deux statuts sociaux complètement différents.

    Pour combler un peu la différence de rémunération des spécialistes, le pouvoir a commencé par mettre en place l’APC (Activité privée complémentaire au niveau des CHU) ou l’APR (Activité privée au niveau des régions). En fait, c’était une première forme de Partenariat Public-Privé. Ce système est très mauvais pour la Santé publique et facilite le passage de médecins au secteur privé. Il occasionne un surcoût des soins pour les malades et la Santé publique.

    Le résultat de cette politique a été que le poids du secteur privé a été multiplié par 20, puis par 30 en une dizaine d’années. Et la part de l’Etat dans le total des dépenses de santé est passée de plus de 50% à environ 14% actuellement.

    Tout cela n’a pas lieu par hasard, c’est une vision, c’est une politique, c’est des choix. Et le résultat, c’est l’état dans lequel se trouve le secteur de la Santé actuellement.

    Créer des comités citoyens

    Comme je l’ai dit précédemment, nous sommes actuellement face à une restructuration globale de l’économie, il ne s’agit pas d’une simple continuation de ce que faisait Ben Ali.

    Ben Ali, c’était la fin des Plans d’ajustement structurel (PAS). Là, c’est autre chose, c’est une restructuration globale. Le capital financier est en train de changer complètement l’économie mondiale. Il veut précariser massivement le prolétariat par l’intermédiaire de l’informatisation de l’industrie et des services. Il est donc urgent de résister tout de suite.

    Je suis pour que l’UGTT demande des comptes au gouvernement au sujet plan quinquennal et l’ouverture d’une discussion sur ce plan.

    Mais le problème est que ce plan devra ensuite faire l’objet d’un vote au Parlement. Et celui-ci est très majoritairement partisan de l’orientation néolibérale. C’est donc très compliqué.

    Ceux qui siègent au Parlement expliquent que ce sont les citoyens et les citoyennes qui les ont élus. Et le système politique fait que lorsqu’on élit quelqu’un, il faut ensuite attendre cinq ans pour lui demander des comptes lors des élections suivan et citoyensen avec les citoyen-! Résultat, les élu-e-s peuvent faire n’importe quoi pendant ce temps-là.

    Le second problème est que les partis politiques en Tunisie n’ont pas de projet politique clair et structuré.

    Il faut donc trouver le moyen de développer une mobilisation citoyenne pour s’opposer à la politique mise en œuvre. C’est la proposition que j’ai faite au sein de l’UGTT.

    L’UGTT a bien entendu pour tâche première de défendre les revendications immédiates des salariés, mais elle ne peut pas ne se limiter à cela.

    Appartenant à la société civile, l’UGTT a la possibilité de se coordonner avec les autres composantes de celle-ci. Elle peut simultanément s’adresser à des citoyens « epsilon » qui voient leur situation se détériorer, et les faire participer à des mobilisations.

    J’ai donc personnellement proposé au sein de la Commission administrative de l’UGTT de créer des structures qui dépassent l’UGTT.

    L’UGTT, bien sûr, est la plus grande organisation de Tunisie. Elle a de grandes traditions. Elle joue un rôle central dans le pays également parce c’est une organisation de masse ayant environ 900’000 membres.

    L’UGTT a des structures permettant de coordonner des mobilisations. Mais elle n’a pas la capacité, à elle seule, de mener des actions permettant d’empêcher la privatisation du système de Santé. Et c’est la raison pour laquelle je suis pour créer des comités citoyens de défense de telle ou telle structure de soin, de tel ou tel hôpital, ainsi que du système de Santé publique en tant que tel.

    Et c’est pareil pour l’enseignement (secteur de l’éducation dans ces diverses dimensions) et les autres secteurs.

    Ces comités seraient composés de syndicalistes, de membres d’associations et de partis politiques, ainsi que de simples citoyens voulant se battre sur un sujet donné.

    Dans ce type de cadre, ce n’est pas la seule UGTT qui va décider de faire ceci ou cela. Elle doit, à mon sens, aider à constituer ces structures citoyennes visant à défendre les acquis ainsi qu’à demander des comptes aux décideurs.

    Chaque organisation ou individu fera ce qu’il voudra, et décidera d’appartenir ou pas à ces structures.

    Je suis persuadé que les partis politiques y participeront, mais cela doit être au même titre que les autres composantes. Il n’est pas question qu’ils cherchent à imposer leur point de vue particulier.

    A mon avis, il ne faut pas attendre que tout le monde soit d’accord pour commencer ce genre d’action, parce que cela va très vite.

    L’idée est d’agir au quotidien avec les citoyennes et citoyens qui veulent se battre. Partout, on trouve des gens qui veulent lutter. Des formes de regroupements de ce type existent déjà partout, même si ils ne sont pas formalisés en comités comme, par exemple, à Sidi Bouzid, Gafsa, Kasserine, etc. Mon but n’est pas d’appuyer sur un bouton et faire bouger les gens: il s’agit de participer à un mouvement social réel qui existe déjà de façon permanente, et contribuer à le développer.

    Les comités de citoyens que je propose n’ont bien sûr rien à voir avec les Comités de défense de la révolution ayant vu le jour en 2011, et qui ont été par la suite manipulés par Ennahdha afin de faire du grabuge pour parvenir au pouvoir.

    Les comités que je propose sont en effet tournés contre la politique du capital financier. Ennahdha et d’autres partis de droite se situent dans le cadre de celle-ci, et n’ont donc aucun intérêt à en faire partie. La sélection des participants à ces comités se fera d’elle-même, du fait du type d’objectif poursuivi.

    Cette démarche est handicapée par l’absence de vision claire, intelligible et compréhensible par les gens qui ont réellement intérêt au changement.

    Mais on ne va pas attendre pour agir d’avoir discuté pendant des heures ou des années dans l’espoir de disposer ensuite d’un éventuel projet très savant, très intelligent et très révolutionnaire, mais sans impact sur le réel. Tout cela ne m’intéresse pas. Je veux simplement que l’on puisse expliquer ce à quoi nous devons faire face, et définir collectivement comment nous pouvons agir.

    16-19 avril 2015, Washington, réunion de la BM et du FMI: présence du groupe tunisien avec le ministre du Développement Yassine Brahim, le ministre des Finances Slim Chaker et le Gouverneur de la BCT (Banque centrale) Chedly Ayari

    16-19 avril 2015, Washington, réunion de la BM et du FMI: présence du groupe tunisien avec le ministre du Développement Yassine Brahim, le ministre des Finances Slim Chaker et le Gouverneur de la BCT (Banque centrale) Chedly Ayari

    Les gens en ont marre des discours savants, des discours politiques n’ayant pas le moindre impact.

    Il faut certes leur parler de l’impérialisme, du capital financier, du FMI et de la Banque mondiale, etc. Mais il est encore plus nécessaire de leur proposer de s’organiser avec eux pour améliorer l’état de l’hôpital de tel ou tel endroit, pour empêcher la vente de biens appartenant au peuple tunisien.

    Pour cela, face au développement du privé, il faut commencer par dire que la Santé publique coûte moins cher, et qu’elle permet d’avoir des soins de proximité.

    Et c’est la même chose dans l’Enseignement avec le développement des cours particuliers qui poussent les élèves vers le privé. Des parents se disent en effet: «je vais mettre de l’argent une bonne fois pour toutes dans le privé pour que mon enfant s’en sorte». Et pendant ce temps là, on est en train de brader tout le secteur public.

    Il faut résister tout de suite. Certes, en ce qui me concerne, j’ai besoin de rêver, mais j’ai aussi besoin d’un impact sur le réel. En fait, j’ai besoin des deux.

    Il y a quelque chose qui manque pour le moment. Et ce n’est pas un hasard si les gens qui tiennent un discours comme le nôtre ne sont pas les plus proches des populations les plus pauvres. Des conservateurs faisant de la charité sont beaucoup plus présents que nous dans les quartiers populaires et les milieux ouvriers, et ils sont en train de s’y développer. Il serait donc temps de bouger autrement et de développer un projet beaucoup plus clair.

    Ce dont les gens ont besoin, c’est de l’action, d’être présents sur le terrain et de prendre leur destinée en mains. (10 janvier 2016. Cet article est suivi d’un article sur l’actualité )

    Publié par Alencontre le 25 - janvier - 2016

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    Sami Souhili est médecin-urgentiste à l’hôpital de Menzel Bourguiba (gouvernorat de Bizerte) depuis 1992 (après l’avoir été à Nabeul entre 1989 et 1991). Il est secrétaire général du syndicat UGTT des médecins, pharmaciens et dentistes de la Santé publique. Il est membre à ce titre de la Commission administrative de l’UGTT, l’instance nationale où sont prises les principales décisions entre deux congrès. Avec son syndicat, Sami a pris une part active aux débats sur la Santé organisés lors des Forum sociaux mondiaux de Tunis en 2013 et 2015, aux côtés de plusieurs associations et syndicats dont Sud Santé-Sociaux.

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    [1] Dès 2012, le thème de l’économie numérique a fait la une de la presse. Le ministre des Technologies de l’information et de la communication résumait ainsi le projet le 14 mai 2012: «Rappelons tout d’abord et très brièvement quels seront les enjeux de l’économie numérique pour la Tunisie?

    L’économie numérique représente une grande chance pour la Tunisie pour trois raisons. La première est qu’elle est considérée comme la plus grande ambition pour les quinze prochaines années et le gouvernement semble en être conscient.

    La seconde raison est que le pays a besoin de changer et restructurer ses administrations mais aussi repenser et transformer au plus vite les relations des secteurs public/privé. L’économie numérique en est un des vecteurs de ce changement.

    La troisième raison consiste à permettre aux compétences tunisiennes de se développer afin qu’elles servent notamment à l’export, autrement dit chercher à vendre le savoir-faire tunisien en matière des technologies de l’information et de la communication à l’étranger par la levée de toutes sortes d’obstacles pour aller dénicher des projets non seulement au Maghreb mais aussi en Afrique subsaharienne.» (Maher Gordah in L’actualité autrement, Kapitalis). On ne peut que douter des effets l’économie numérique pour «le développement» du pays et de l’emploi, en Tunisie et de l’Afrique subsaharienne. Surtout lorsque certaines études la présentent comme un «substitut du développement de l’agriculture et de l’industrie comme moteur du développement».

    Patrick Artus, économiste de Natixis, écrivait à propos de l’économie numérique, le,22 janvietr «Il existe une fascination chez les hommes politiques et dans les opinions publiques au sujet de la capacité de ramener au plein emploi les pays grâce au développement des auto-entrepreneurs, des indépendants («l’Ubérisation» de la société), du secteur des Nouvelles Technologies, du numérique. On s’interroge donc sur les réformes (du marché du travail, de la protection sociale…) capables de stimuler le nombre d’auto-entrepreneurs, d’indépendants, de développer le secteur du numérique. Mais en réalité, les auto-entrepreneurs, les indépendants et les Nouvelles Technologies ne peuvent pas ramener au plein emploi, le nombre de créations d’emplois de ce type étant beaucoup trop faible. Le retour au plein emploi dépend en réalité de la capacité à créer des emplois salariés pour les chômeurs peu qualifiés dans les services peu sophistiqués (distribution, services à la personne, restaurants-loisirs…)! (Réd. A l’Encontre)

    http://alencontre.org/moyenorient/tunisie/tunisie-la-necessite-dune-mobilisation-citoyenne.html

  • Béjaïa : Marche contre la vie chère

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    Ils étaient plusieurs centaines de travailleurs à marcher hier à partir de la maison de la Culture jusqu’à la place Saïd-Mekbel.

    Ils sont issus de plusieurs secteurs de la fonction publique, à savoir des communes, de la direction des équipements publics, de la culture, de l’administration publique, de l’enseignement supérieur et des œuvres universitaires, de l’éducation nationale, de la santé publique, de la formation professionnelle, etc.

    Cette action a été observée par la coordination du Syndicat national des administrations publiques (SNAPAP) qui a appelé en parallèle à une journée de grève.

    Les manifestants ont tenu à dénoncer vertement « la politique d’austérité adoptée par le gouvernement qui s’est traduite par des augmentations sur les prix de l’énergie et des services et qui ont généré, par ricochet, d’autres hausses dans certains secteurs et sur certains produits ». Les mécontents ont évoqué en mal la loi de finances de l’exercice en cours (2016). 

    « Nous sommes sortis aujourd’hui pour dénoncer la politique d’austérité décidée, sans pitié, par le gouvernement et qui a enfoncé le pouvoir d’achat des travailleurs à travers la loi de finances 2016 », a asséné Nacer Kassa, président de la coordination du SNAPAP de la wilaya de Béjaïa. Et d’ajouter : « Nous nous attendions à l’amélioration de notre pouvoir d’achat par une hausse conséquente des salaires mais nous avons été surpris par les mesures d’austérité et les augmentations entérinées dans la loi de finances que nous dénonçons énergiquement ». 

    Augmentation conséquente des salaires, révision du statut de la fonction publique et des statuts des secteurs qui en dépendent, baisse de l’IRG, révision du point indiciaire, ouverture de postes budgétaires, intégration des contractuels, arrêt des harcèlements envers les travailleurs et syndicalistes sont autant de points figurant dans la plate-forme de revendications de la coordination. 20 janvier 2016 | 19:52

    http://www.jeune-independant.net/Bejaia-Marche-contre-la-vie-chere.html

    source:

    https://www.facebook.com/PSTDZ/?fref=nf

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Rassemblement en solidarité avec le peuple tunisien (Essf)

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    Solidarité avec le peuple tunisien

    En lutte pour la dignité, la justice sociale et le développement régional

    Cinq ans après la révolution, Kasserine puis plusieurs autres villes de Tunisie se soulèvent de nouveau pour leurs droits économiques et sociaux bafoués.

    La mort du jeune diplômé chômeur Ridha Yahiaoui, électrocuté alors qu’il réclamait son droit à l’emploi, souligne, de manière dramatique, que les acquis restent en deçà des attentes légitimes des populations marginalisées qui réclament travail, dignité et liberté.

    Les mesures d’urgence, décidées à la hâte par l’actuel gouvernement tunisien, masquent mal son échec et celui des gouvernements successifs à s’attaquer prioritairement aux urgences économiques et sociales et à répondre aux exigences du développement des droits économiques et sociaux des plus défavorisés.

    Le spectacle donné par les partis politiques au pouvoir, embourbés dans des querelles partisanes, ne fait que renforcer l’ampleur des mouvements déclenchés à Kasserine et qui s’étendent à de nombreuses villes et régions du pays, mouvements souvent criminalisés par les gouvernements successifs.

    Partant de ce constat, les associations, partis politiques et militants de l’immigration tunisienne en France :

    - présentent leurs condoléances à la famille du jeune Ridha Yahiaoui et leur compassion aux blessés

    - exigent l’ouverture d’une enquête sérieuse sur la manipulation de la liste des dossiers prioritaires pour une embauche dans la fonction publique et des sanctions contre les tricheurs et corrompus,

    - se déclarent totalement solidaires avec toutes celles et ceux qui, par des moyens pacifiques, militent pour leurs droits légitimes au travail, à la dignité et à la liberté,

    - expriment leur solidarité avec les populations des régions déshéritées, hauts lieux de la révolution tunisienne, qui luttent contre le laxisme du pouvoir dans la mise en place des projets de développement et l’absence de vision stratégique pour l’emploi et la lutte contre la corruption.

    - mettent le gouvernement en garde contre les graves conséquences et les risques de dérapage et de récupération par des groupes terroristes ou malfrats.

    - déclarent la création du « comité de suivi des luttes sociales en Tunisie »

    Paris, le 21/01/2016

    Le comité de suivi des luttes sociales en Tunisie appelle à :

    Rassemblement samedi 23 janvier 2016 à 15H00

    Place de la République

    Métro République, Lignes 3, 5, 8 et 11

    Premiers signataires :

    Associations : ADTF – AIDDA – AMF – ATF – ATMF – CFT – Collectif3C – Collectif Algérien, Agir pour le Changement Démocratique en Algérie – CRLDHT – FTCR – Forum Permanent de Solidarité active – MCTF – REMCC – Tunisie Plurielle – UTIT – Vérité et Justice pour Farhat Hached.

    Partis politiques : Front Populaire/France – Al Massar/France - Al Joumhouri/France – Ettakatol/France.

    Soutiens : Coopérative Economique Ecologique Sociale Aussi – Ensemble ! – LDH – MRAP – NPA – PCF – Réseau Euroméditerranéen France – Union Syndicale Solidaires.

    Les personnalités : Khaled Abichou – Mourad Allal – Tewfik Allal – Hédi Chenchebi – Mohsen Dridi – Hassen Slama.

    Contact : mstunisie2016@gmail.com

    jeudi 21 janvier 2016

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37022

  • Nouveutés sur l'Etincelle

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    Daech, passé du rang d’allié possible à celui d’ennemi public numéro 1


    Oil Akbar !


    Daech, né de la guerre américaine en Irak

  • Israël : le boycott que Valls veut criminaliser (Regards)

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    Alors que le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS) s’étend contre les produits israéliens, le premier ministre trouve que « ça suffit » et annonce des mesures. Sur ce sujet comme sur les autres, il faut juguler la contestation.

    Manuel Valls préfère la liberté d’expression sur une plaque commémorative que dans la bouche des militants pro-palestiniens. Le 5 janvier il dévoilait l’hommage « à la mémoire des victimes de l’attentat terroriste contre la liberté d’expression perpétré dans les locaux de Charlie Hebdo le 7 janvier 2015 ». Deux semaines plus tard, le premier ministre confiait aux "Amis du CRIF" vouloir durcir les mesures contre les appels au boycott des produits israéliens.

    « Je pense que les pouvoirs publics doivent changer d’attitude vis-à-vis de ce type de manifestations », a-t-il déclaré lundi soir. « Je pense que nous allons prendre des dispositifs – mais toujours dans l’État de droit – qui doivent montrer que ça suffit, et qu’on ne peut pas tout se permettre dans notre pays. » Dans la lignée de l’interdiction des manifestations pro-Gaza à l’été 2014, Manuel Valls demeure dans une logique de criminalisation du mouvement de solidarité avec la Palestine.

    BDS : des victoires importantes

    La manœuvre est toujours la même, et bien rodée : disqualifier les critiques de la politique israélienne en les assimilant à de l’antisémitisme. « On est passé de la critique d’Israël à l’antisionisme et de l’antisionisme à l’antisémitisme. » En décembre dernier déjà, Manuel Valls condamnait devant l’Assemblée nationale le mouvement Boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), dénonçant la volonté « de confondre critique légitime de la politique de l’État d’Israël avec l’antisionisme et l’antisionisme qui bascule dans l’antisémitisme ».

    Lancée en juillet 2005 par 170 organisations palestiniennes, cette campagne internationale préconise des « mesures de sanction non violentes (...) jusqu’à ce qu’Israël honore son obligation de reconnaître le droit inaliénable des Palestiniens à l’autodétermination et respecte entièrement les préceptes du droit international ». Trois types de mesures sont recommandées : boycott de l’économie et des institutions israéliennes, notamment universitaires, retrait des investissements étrangers, sanctions contre l’État et ses dirigeants.

    Le mouvement a remporté des batailles importantes l’année dernière, y compris en France : Orange a promis de rompre son contrat avec la société de téléphonie israélienne Partner Communications, le festival de BD d’Angoulême a annulé le sien avec Sodastream, une entreprise de machines à soda installée dans une colonie de Cisjordanie, et Veolia s’est complètement retiré du pays. Sur le front culturel, des vedettes comme Lauryn Hill et Thurston Moore de Sonic Youth ont refusé de jouer dans le pays.

    L’interdiction d’une critique citoyenne

    La campagne pourrait toutefois être mise à mal par la décision de la Cour de cassation, qui a déclaré illégal en octobre dernier, l’appel à boycotter des produits israéliens et confirmé la lourde condamnation de quatorze militants BDS. Ces derniers étaient entrés dans des supermarchés à Mulhouse où ils avaient crié des slogans, distribué des tracts et porté des vêtements appelant au boycott des produits israéliens. La France devient ainsi le seul pays à pénaliser les appels à ne pas acheter les produits israéliens.

    La Cour a invoqué un article de la loi de la presse qui évoque le délit de "provocation à la discrimination, à la haine ou à la violence envers une personne ou un groupe de personnes à raison de leur origine ou de leur appartenance à une ethnie, une nation, une race, ou une religion déterminée". Or cette loi « ne prévoit nullement de protéger la politique d’un État contre une critique citoyenne, lorsque cette critique prend la forme d’un appel au boycott de produits, rappellent les militants et intellectuels signataires d’un appel à renforcer le mouvement BDS. À de nombreuses reprises, des organisations ont appelé dans le monde au boycott de la Birmanie ou de la Russie, de la Chine ou du Mexique, sans que soit jamais évoquée une telle clause ».

    Dans le contexte d’un état d’urgence dont on a vu comment il était utilisé contre les mouvements sociaux durant la COP21, la dissuasion et la répression de la contestation étendent leur emprise, activement soutenues par un Manuel Valls dont les combats sont décidément très sélectifs.

    http://www.regards.fr/web/article/israel-le-boycott-que-valls-veut

    http://www.politis.fr/articles/2016/01/pour-valls-bds-ca-suffit-37/