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  • Les États-Unis poursuivis en justice pour des dons exonérés d’impôts soutenant les colonies israéliennes illégales (Agence Médias Palestine)

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    La plainte assigne le Département du Trésor U.S. qui permet à des milliards de dons exonérés d’impôts de soutenir les confiscations de terres par Israël.

    Une plainte a été déposée devant un tribunal U.S. pour empêcher les organisations à but non lucratif d’envoyer des milliards de dollars de dons, exonérés d’impôts, pour soutenir les colonies israéliennes de peuplement illégales et l’armée israélienne.

    Un groupe de citoyens états-uniens a déposé plainte le 21 décembre contre le Département du Trésor U.S., affirmant que 150 organisations à but non lucratif avaient envoyé un total estimé à 280 milliards de dollars en Israël au cours deux dernières décennies.

    Les demandeurs au procès affirment que les dons ont été des « passe-plats » et des « entonnoirs » utilisés pour soutenir l’armée israélienne et les colonies illégales dans les territoires palestiniens occupés.

    Dans le code des Impôts U.S., ces organisations sont listées à l’article 501-c-3 (1), où les donateurs se voient accordé le statut d’exemptés d’impôts et autorisés à réclamer une déduction d’impôt sur leur cadeau.

    Sheldon Adelson, le magnat états-unien des casinos, et plusieurs autres riches hommes d’affaires pro-israéliens sont cités dans le procès en tant que donateurs, mais pas en tant que défendeurs.

    Le Département du Trésor a refusé de commenter le procès, déclarant dans un courriel à Al Jazeera : « Nous ne commentons pas les litiges en cours ». (Voir à la source les 73 pages rédigées pour le dépôt de la plainte, en anglais) Susan Abulhawa, auteure palestinienne-étatsunienne et militante des droits humains, qui a mis son nom au bas des 73 pages de la plainte, a déclaré que le but recherché est de d’obtenir justice pour le peuple palestinien.

    « Je veux que ces organisations qui ont aidé Israël soient obligées de payer des restitutions pour les victimes touchées par leurs actes » dit Abulhawa.

    Dans la plainte, il est dit que ces organisations sans but lucratif ont contribué directement aux violations de la législation des États-Unis et au droit international, elles ont déstabilisé la politique étrangères U.S., et contribué à d’innombrables crimes et violations des droits de l’homme visant les Palestiniens.

    « Depuis trente ans au moins, le contribuable étatsunien a financé et/ou subventionné des activités criminelles à l’étranger, c’est-à-dire, des assassinats, des incendies criminels, des destructions malveillantes de biens, des agressions, des coups et blessures et un nettoyage ethnique, et aussi des actes terroristes internationaux », dit-elle.

    L’avocat des demandeurs, Martin F. McMahon, a déclaré que le Département du Trésor U.S. ne devait pas seulement mettre fin à ces exonérations d’impôts, mais qu’il devait aussi récupérer les centaines de millions de dollars en arriérés d’impôts.

    « La plainte vise à tenir pour responsables les entités exonérées d’impôts par leur révocation de leur statut d’organisation à but non lucratif », a dit McMahon à Al Jazeera.

    La plainte affirme : « L’objectif de ces organisations caritatives est de débarrasser la Cisjordanie et Jérusalem-Est de tous les non-juifs, en accord avec les impératifs bibliques tels qu’ils sont perçus. Elles ont connu beaucoup de succès dans leur démarche, comme il est précisé dans ce document, principalement en raison de l’incapacité lamentable et de longue date du Trésor à surveiller et empêcher leurs activités criminelles au cours, au moins, des 30 dernières années ».

    McMahon indique que son cabinet travaillait dans le seul intérêt public, et qu’il recherchait d’autres plaignants pour les joindre à la plainte.

    La plainte vise notamment les groupes : Falic Family Foundation, FIDF (les Amis des forces de défense israéliennes), American Friends of Ariel, Gush Etzion Foundation, Americain Friends of Har Homa, et Hebron Fund.

    Le Département du Trésor a 60 jours pour déposer sa réponse à la plainte des demandeurs.

    « L’Administration (Obama), comme chaque Administration avant elle depuis 1967, considère l’activité de colonisation de peuplement comme illégitime et contre-productive pour la cause de la paix », a déclaré le Département d’État U.S. à Al Jazeera dans un courriel.

    « Les États-Unis n’ont jamais défendu ni soutenu les colonies et les activités qui leur sont associées et, par extension, ne suit poursuit pas de politique qui les légaliserait. »

    Traduction : JPP pour l’Agence Média Palestine

    Ali Younes – 30 décembre 2015

    Source: Al Jazeera

    (1)

    501c est le paragraphe c de l’article 501 du code fédéral des impôts américain IRC (Internal Revenue Code, en français « Code de Revenu Intérieur »), instauré en 19171. Il fait la liste des vingt-huit types d’associations ou d’organismes à but non lucratif qui sont exemptés de certains impôts fédéraux sur le revenu aux États-Unis. Les articles 503 à 505 fixent les conditions requises pour accéder à de telles exemptions. Beaucoup d’États américains se référent au paragraphe 501c pour le classement des associations exemptées aussi de taxation locale.

    Article 501-c-3 : 501c3 : fondations ou organisations de charité, de bienfaisance, religieuses, scientifiques, littéraires ou éducatives ainsi que certaines associations de sport amateur. Les universités américaines sont régies par cet alinéa, ainsi que certaines fondations privées (en) (définies pour la première fois par le Tax Reform Act of 1969 (en)). Le droit américain distingue les organisations non-lucratives des organisations caritatives (charitable organizations). Si les deux types d’associations sont exempts d’imposition fiscale, seules les organisations caritatives peuvent recevoir des dons défiscalisés. Parmi ces dernières, la loi distingue les public charities (par ex. les fondations communales (en)), telles que la Cleveland Foundation (en), des fondations privées (telles la Fondation Rockefeller ou la Wikimedia Foundation).

    https://fr.wikipedia.org/wiki/501c

    http://www.agencemediapalestine.fr/les-etats-unis-poursuivis-en-justice-pour-des-dons-exoneres-dimpots

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  • En Arabie saoudite, des exécutions de masse qui aggravent les tensions confessionnelles (Orient21)

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    Fuite en avant du régime

    Dimanche 3 janvier à midi, la France n’a toujours pas réagi à l’exécution de l’opposant chiite saoudien Nimr Baqer Al-Nimr, alors que l’Union européenne et les États-Unis ont chacun exprimé leur inquiétude. L’ambassade saoudienne à Téhéran a été prise d’assaut et brûlée, tandis que la tension avec Riyad est au plus fort. Ces assassinats vont encore aggraver les tensions dans la région et aviver encore plus les tensions confessionnelles entre sunnites et chiites, de la Syrie au Yémen en passant par l’Irak et le Liban.

    Les huit bourreaux saoudiens recrutés en mai 2015 par petites annonces ne sont pas restés longtemps inactifs. Il fallait bien ces renforts pour organiser samedi 2 janvier l’exécution simultanée de 47 condamnés dans douze villes différentes du royaume. Il n’y a qu’un seul précédent à ces exécutions de masse : le 9 janvier 1980, moins de deux mois après la prise de la Grande Mosquée de La Mecque (elle durera deux semaines et fera plusieurs centaines de morts), 63 insurgés, parmi lesquels leur leader, Jouhaymane Al-Oteïbi, étaient décapités en public dans huit villes d’Arabie. Le fait d’avoir dispersé le lieu des exécutions indiquait que pour le régime, celles-ci avaient moins valeur de châtiment que d’exemple pour ceux de ses sujets qui seraient tentés de suivre la voie des suppliciés. Il en va de même avec les exécutions du 2 janvier, censées illustrer le caractère implacable de «  la guerre contre le terrorisme  » endossé publiquement par Riyad depuis plusieurs mois. D’après l’agence de presse officielle, elles se sont déroulées dans douze prisons  ; dans quatre d’entre elles, les condamnés ont été fusillés et, dans les huit autres, ils ont été décapités.

    Ce n’est pas davantage une surprise : le 23 novembre 2015, le quotidien Okaz, proche du ministère de l’intérieur et dirigé d’une main de fer par le prince héritier Mohammed Ben Nayef, annonçait l’exécution imminente d’une cinquantaine de «  terroristes  ».

    Il est vrai que la définition légale du terrorisme par l’Arabie saoudite répond à une acception très large. Il ne s’agit pas seulement des djihadistes d’Al-Qaida ou de l’organisation de l’État islamique (OEI), mais plus largement de tout opposant à la monarchie saoudienne. En février 2014, feu le roi Abdallah promulguait une nouvelle loi1 qualifiant pénalement de «  terrorisme  » toute activité «  visant à affaiblir le système politique  », à «  nuire à la réputation du royaume  » ou relevant de la propagande en faveur de l’athéisme. C’est à ce titre qu’en octobre 2014, un tribunal saoudien a condamné à mort Cheikh Nimr Baqer Al-Nimr, influent religieux chiite qui a joué un rôle important dans la mobilisation des chiites saoudiens lors du «  printemps arabe  » avorté de 2011.

    C’est principalement dans la province orientale, où est concentrée la très grande majorité de la population chiite du royaume (près de 10 % de l’ensemble de la population), que les soulèvements contre le régime se sont fait sentir. En fait, dès la fin de 2010, des troubles récurrents se sont produits dans la région de Qatif, et notamment dans la localité d’Awamiyya. Depuis, dans l’indifférence quasi générale des médias étrangers, où un soulèvement latent secoue Awamiyya, avec une alternance de manifestations, d’emprisonnements, d’attaques contre les policiers, de tirs à balles réelles. Le bilan précis de cette intifada chiite rampante et très localisée n’est pas connu, mais elle a probablement causé plusieurs dizaines de morts depuis cinq ans.

    Des opposants discriminés depuis longtemps

    Depuis la création du royaume en 1932 par le roi Abdelaziz Ibn Saoud, les chiites se plaignent à juste titre des discriminations dont ils sont l’objet. Des mouvements de révolte ont eu lieu périodiquement dans la province orientale  ; ils ont culminé à l’automne 1979, en partie sous l’effet de la victoire en Iran de la révolution islamique. Le roi Fahd (1982-2005) a nommé son fils gouverneur de la province et si la discrimination n’a pas pris fin, d’importants investissements et travaux publics ont réduit le sous-développement de la région, comparativement aux autres provinces saoudiennes. Plus tard, dans les années 1990, un dialogue politique s’est esquissé, aboutissant à un accord avec certains leaders en exil en 1993. Ceux-ci, comme le cheikh Hassan Al-Saffar sont rentrés au pays et une poignée de chiites ont été nommés au majlis ach-choura(conseil consultatif). Plus tard, au début des années 2000, alors que les relations avec l’Iran se normalisaient, certaines ouvertures ont paru possibles. Une conférence de dialogue national s’est tenue en 2003, sous l’égide du prince héritier — mais dirigeant de fait — Abdallah, avec des responsables sunnites et chiites, une première dans l’histoire du royaume2. Mais cette ouverture a fait long feu, les promesses se sont dissipées et la dégradation des rapports avec l’Iran n’a fait que confirmer l’opinion de ceux qui, dans la communauté chiite, n’espéraient rien de ces ouvertures.

    C’était le cas de Cheikh Nimr Baqer Al-Nimr qui, pour sa part, campait sur une position intransigeante et refusait de discuter avec le régime, d’où son aura au sein de la jeunesse chiite radicalisée par l’échec du processus politique lors de mouvement de contestation de 2010-2011. Pour autant, contrairement aux assertions du régime, aucune preuve n’a été apportée de son implication dans une action violente. Selon des diplomates en poste à Riyad, leurs gouvernements avaient reçu l’assurance3 que les chiites condamnés à mort après les manifestations ne seraient pas exécutés. Manifestement, c’est une autre logique qui a prévalu au sommet du pouvoir à Riyad.

    Les porte-parole officieux du régime ont été prompts à assurer sur les réseaux sociaux qu’on ne pouvait pas interpréter ces exécutions à l’aune de la fracture chiites-sunnites puisqu’il y a davantage de sunnites que de chiites parmi les suppliciés.

    Le «gendarme» du monde sunnite

    On ne fera pas aux dirigeants saoudiens l’insulte de les croire incapables d’avoir mesuré les conséquences politiques de la mise à mort d’opposants politiques du calibre de Nimr Al-Nimr, qui bénéficie d’un puissant soutien chez les chiites saoudiens  ; ni d’avoir mésestimé les conséquences régionales de ces exécutions. Téhéran avait préventivement mis en garde l’Arabie saoudite à ce sujet. Sans surprise, l’Iran, l’Irak et le conseil suprême chiite libanais ont promptement réagi avec fureur à l’annonce saoudienne, le porte-parole du ministère iranien des affaires étrangères allant jusqu’à affirmer que l’Arabie «  paiera un prix élevé  » à la suite de l’exécution de Cheikh Nimr. La nouvelle a aussitôt suscité des manifestations anti-saoudiennes dans le petit royaume voisin de Bahreïn, où la population est majoritairement chiite mais qui est dirigé par une monarchie sunnite4. Une situation qui n’est pas sans rappeler les émeutes chiites qui avaient enflammé Bahreïn et la province orientale de l’Arabie en avril 1980, après la pendaison en Irak de l’ayatollah Mohammed Bakr Al-Sadr par le régime de Saddam Hussein.

    Il est vrai cependant que la détermination saoudienne à combattre les djihadistes semble connaître un regain de vigueur. Cela est davantage dû au fait que ces derniers, qu’il s’agisse d’Al-Qaida dans la péninsule Arabique (AQPA) ou de l’OEI, ont ouvertement déclaré la guerre à la famille Saoud, ce qui ne lui laisse guère d’autre choix que de riposter. C’est ainsi qu’il faut comprendre, le 14 décembre 2015, l’annonce précipitée de la formation d’une «  coalition antiterroriste  » de 34 pays, parmi lesquels ne figurent ni l’Iran, ni l’Irak auxquels l’invitation n’a pas été adressée. Trois des pays cités par l’Arabie (le Pakistan, le Liban et la Malaisie ont d’ailleurs purement et simplement nié avoir été informés de leur appartenance à cette coalition dont la configuration et le mode de fonctionnement apparaissent particulièrement peu clairs5. De manière significative, les pays occidentaux, États-Unis en tête, qui faisaient depuis plusieurs mois pression pour que l’Arabie intensifie sa lutte contre les djihadistes de l’OEI, se sont montrés particulièrement discrets après la révélation par Riyad de la formation de cette coalition. D’autant qu’au Yémen, dans leur offensive contre les rebelles houthistes, les Saoudiens ferment les yeux, voire encouragent AQPA à étendre ses activités, les deux parties étant liées par une hostilité commune aux chiites.

    Tout comme la guerre menée par l’Arabie au Yémen depuis le mois de mars 2015 qui a déjà causé près de 6 000 morts, les exécutions du 2 janvier paraissent obéir davantage à une logique punitive qu’à un projet politique mûrement réfléchi. Les autorités de Riyad veulent affirmer leur détermination face à l’Iran, se poser en leader du monde sunnite, s’émanciper de la tutelle stratégique américaine. La jeune génération, illustrée par le prince héritier et ministre de l’intérieur Mohammed Ben Nayef et le vice-prince héritier et ministre de la défense Mohammed Ben Salman, veut démontrer que son pays prend l’initiative et ne se contente plus d’être sur la défensive.

    Sombres perspectives pour le royaume

    Soit. Mais après  ? Rien ne montre à ce jour que l’Arabie saoudite a une approche politique de l’après-guerre au Yémen. De même, à quel objectif politique répond l’assassinat d’un dirigeant estimé au sein de l’opposition chiite  ? La famille Saoud offre-t-elle une porte de sortie pour la minorité chiite  ? Ou bien la stratégie saoudienne se limite-t-elle à mener une guerre sans fin au Yémen et une répression continue de la minorité chiite du royaume, au risque de donner raison à l’écrivain algérien Kamel Daoud pour qui «  l’Arabie saoudite est un Daesh qui a réussi  », The New York Times,20 novembre 2015]  ?

    On notera que la guerre au Yémen est menée par Mohammed Ben Salman. La lutte contre les djihadistes, en revanche, est l’apanage du prince héritier Mohammed Ben Nayef, qui a mené le combat de façon déterminée contre l’insurrection islamiste du début des années 2000, au point d’échapper de justesse à la mort en 2009 lors d’un attentat-suicide d’un militant d’Al-Qaida qui avait réussi à l’approcher, et d’être, pour cela, très estimé par l’administration américaine. Se pourrait-il qu’une partie même infime de l’explication de la guerre au Yémen et des exécutions massives de ce début d’année soit à chercher dans la sourde rivalité entre les deux Mohammed, chacun cherchant à prouver qu’il est l’homme fort dont le pays a besoin, alors que la santé du roi Salman, âgé de plus de 80 ans, est fragile  ?

    Le royaume, durement affecté par la chute importante et durable des cours du pétrole, auquel il a largement contribué par l’augmentation de sa production d’hydrocarbures, vient d’annoncer des mesures d’austérité draconiennes6 sans précédent, au risque de susciter un mécontentement social que le régime a toujours tenté d’éviter en achetant la paix sociale avec l’argent du pétrole.

    Austérité et crise sociale, pauvreté, enlisement au Yémen, aliénation de la minorité chiite... : les perspectives pour l’Arabie saoudite en ce début d’année sont bien sombres. Et la politique menée par les dirigeants de Riyad pour répondre à ces défis donne le sentiment de relever de la fuite en avant bien davantage que d’une stratégie mûrement réfléchie.

    Olivier Da Lage  3 janvier 2016
     
     
  • Royaume des Saoud. L’effet baril explosif d’une exécution (A l'Encontre.ch)

     Cheikh Nimr al-Nimr, dignitaire chiite et opposant à la dynastie sunnite des Saoud

    Cheikh Nimr al-Nimr, dignitaire chiite et opposant à la dynastie sunnite des Saoud

    Le Royaume des Saoud – client militaire des Etats-Unis, de la France, du Canada, de Grande-Bretagne et soutien de la dictature Sissi en Eygpte – bombarde le Yémen, depuis le 26 mars 2015, sous un logo militaire que l’on dirait cousu au Pentagone: «Tempête décisive». Plus exactement, les bombes royales – aux prix somptueux – devaient viser les positions des tribus Houthis, assimilés très rapidement au pouvoir de Téhéran [1]. Un Iran concurrent du Royaume dans cette région où les livres sacrés sentent le pétrole. Et une aire constituant une articulation géopolitique de première importance au même titre, dans les temps présents, qu’un champ de guerres agies par de nombreuses puissances impérialistes et sous-puissances impérialiste régionales dans un Moyen-Orient où les Etats-Unis ont perdu la main.

    Le type de coalition formée pour la «Tempête décisive» ­– qui a fait des milliers de morts civils, détruit des villes historiques et provoqué une des dites crises humanitaires les plus terribles, pour reprendre le langage orwellien de l’ONU – parle d’elle-même: 30 avions de combat fournis (initialement) par les Emirats Unis; 15 par le Bahreïn, où la majorité chiite est réprimée fermement; 15 par le Koweït et 10 par le Qatar. Des bombardiers gérés par les firmes les ayant vendues qui assurent le service dit «technique».

    Dans la foulée, les «combattants» de cette coalition sous-traitent «leur» guerre sur le terrain yéménite – qui est à la jonction d’une nappe pétrolière ne respectant pas les limites des cartes de géographie – à des mercenaires colombiens qui ont fait leur apprentissage dans une armée ayant combattu les FARC (Forces armées révolutionnaire de Colombie) et l’ELN (Armée de libération nationale) et aussi ayant servi de tueurs pour permettre aux grands propriétaires de Colombie – parmi lesquels de nombreux militaires haut gradés – d’étendre leur propriété en expulsant des paysans pauvres. Le New York Times du 25 novembre 2015 en donnait une bonne description.

    La firme organisant cette sous-traitance militaire pour des princes «guérilleros» était dirigée par un ancien de Blackwater, rebaptisée depuis les scandales trop médiatisés Academi (sic), Erik Pirince. Depuis lors, cette firme privée de mercenaires est passée sous la direction de l’armée émiratie. Les salaires sont à hauteur de 3000 dollars. Pour ce qui est du personnel inclus dans les «contrats d’assistance» garantis par les vendeurs d’armes et l’appareil militaire des pays livreurs, les salaires ne sont pas mentionnés dans les comptes du Royaume des Saoud. Il est vrai qu’ils sont aussi transparents que ceux de Nestlé ou d’Amazon. Car, sur la voie de la démocratie, le Royaume des Saoud a pris le risque de permettre aux femmes de conduire et même de voter pour des élus: des mercenaires galonnés d’un pouvoir qui leur échappe). Sans oublier d’infliger, en 2014, des peines capitales, exécutées proprement, à la hauteur de tête de 135 personnes (Les Echos, 15 octobre 2015).

    Ce pouvoir des Saoud a annoncé, le samedi 2 janvier 2016, l’exécution de 47 personnes condamnées pour «terrorisme». En dehors du caractère massif de ces exécutions, c’est un nom parmi tous les suppliciés qui fait l’effet d’un «baril d’huile enflammé» sur une région en feu: celui du cheikh al-Nimr. Un chef religieux chiite, opposant acharné et non-violent au régime saoudien incarné par la dynastie sunnite des Al-Saoud. Aussitôt rendue publique, son exécution a provoqué des manifestations à Bahreïn, des condamnations au Liban ainsi qu’en Irak. La réaction de Téhéran ne s’est pas fait attendre: «Le gouvernement saoudien soutient d’un côté les mouvements terroristes et extrémistes [allusion à la Syrie et au Yémen, ici Al-Qaida au sud Yémen] et dans le même temps utilise le langage de la répression et la peine de mort contre ses opposants intérieurs (…) il paiera un prix élevé pour ces politiques.» Ces paroles ont été prononcées par le ministre des Affaires étrangères Hossein Jaber Ansari; un diirigeant qui ne prononce pas de tels termes sans l’accord de plus hautes instances de la mollarchie.

    Une exécution strictement politique

    Agé de 56 ans, al-Nimr était un ardent défenseur de la minorité chiite dans ce pays où la population est à 90 % sunnite. Le dignitaire avait notamment mené, en 2011, la contestation populaire qui avait éclaté dans l’est du royaume, dans la foulée des «printemps arabes». «Cheikh al-Nimr était l’une des responsabilités religieuses les plus respectées de la communauté chiite. Il était un opposant assez déterminé. Contrairement à d’autres dirigeants qui avaient à partir de 1993 ouvert un dialogue avec les autorités, il était hostile à ce dialogue. Mais autant que l’on sache, il n’était pas impliqué dans des actions violentes contre le régime», décrit Alain Gresh, directeur du journal en ligne Orient XXI et journaliste du Monde diplomatique.

    Lors de son arrestation Cheikh al-Nimr – non-violent reconnu – avait été accusé d’avoir ouvert le feu sur les forces de l’ordre, sans que ces assertions soient vérifiées. Lui-même avait été blessé par balle entraînant plusieurs mois d’hospitalisation. Les autorités saoudiennes lui reprochaient «essentiellement de provoquer la division entre les musulmans et de mettre en cause l’unité nationale [..] on lui reprochait évidemment d’avoir des relations avec l’Iran, ce qui était sans doute le cas, mais au sens où de nombreux religieux chiites ont des relations avec ce pays», ajoute A. Gresh.

    Ce chef religieux avait ensuite été condamné en 2014 à la décapitation suivie de crucifixion pour «terrorisme», «sédition», «désobéissance au souverain» et «port d’armes» par un tribunal de Riyad spécialisé dans les affaires de terrorisme. «Lors de son procès, l’accusation s’est essentiellement appuyée sur ses prêches. Donc, il a surtout été condamné pour ses sermons», fait remarquer Adam Coogle, spécialiste du Moyen-Orient auprès Human Rights Watch (HRW).

    Selon HRW: «Son procès a été entaché de nombreuses irrégularités. En outre, il n’a pas eu de représentation légale lors de ses interrogatoires et les autorités ne lui ont pas donné l’opportunité de bénéficier d’une défense digne de ce nom. On ne peut pas considérer qu’il ait eu droit à un procès équitable.»

    Faire taire toute opposition

    L’exécution du cheikh al-Nimr exprime les prétentions régionales du nouveau roi Salman. Une décision propre à ceux, selon Gresh, qui ont «pris le pouvoir depuis la mort du roi Abdallah, avec notamment le roi Salman et surtout son fils et le ministre de l’Intérieur Mohammed Ben Nayef. Donc on a deux des trois principaux dirigeants qui sont très jeunes et qui ont fait preuve d’une agressivité sur le plan régional qui n’était pas habituelle chez les Saoudiens. On l’a vu lorsqu’ils ont déclenché la guerre contre le Yémen (…). Beaucoup s’interrogent, y compris parmi les alliés de l’Arabie saoudite, comme les Etats-Unis, sur la sagesse de cette équipe.»

    Washington marche sur un tapis de verres, sans être exactement un fakir. John Kirby, ancien contre-amiral de la marine des Etats-Unis et porte-parole du Pentagone, fait savoir: «Nous avons maintes fois fait connaître au plus haut niveau des autorités saoudiennes nos inquiétudes, et appelons à nouveau le gouvernement à respecter les droits de l’homme et à garantir des procès honnêtes.» Comme à Guantanamo? Salman a appris la leçon. Au-delà de la déclaration, le Département militaire comprend que le Royaume des Saoud est englué au Yémen, «mal pris» en Syrie et que Daech appelle la population à se soulever contre le pouvoir. Cela dans un contexte où la chute drastique des cours du pétrole a poussé les nouveaux dirigeants à imposer une politique d’austérité à laquelle la population saoudienne n’est pas accoutumée, pour utiliser un euphémisme. La crise régionale, redoublée de guerres, frappe à la porte du dit Occident.

    Publié par Alencontre le 3  janvier 2016

    [1] Nous reviendrons sur les traits et l’évolution de ce conflit. (Réd. A l’Encontre)

    http://alencontre.org/arabie-saoudite/royaume-des-saoud-leffet-baril-explosif-d'une-execution

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Les journées de décembre 1960 : le tournant décisif (Babzman)

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    Il y a 55 ans, le 11 décembre 1960, au chant de « Min djibalina talaa saoutou el ahrar », le peuple algérien descendait dans la rue, la poitrine nue, face aux mitrailleuses françaises. « C’est fini, on ne se taira plus, même s’il faut en mourir », clamait-il.

    Bravant la mort, le peuple occupe le haut du pavé dans les grandes villes comme Alger, Oran et Constantine, où la population algérienne – les indigènes comme les Européens les appelaient – est surveillée de très près par les officiers français de l’action psychologique à travers les S A U. Le peuple descend dans la rue également à Skikda, Annaba, Bejaia, Blida, Cherchell, Tlemcen …

    Pour illustrer l’ampleur des manifestations populaires patriotiques du 11 décembre 1960 qui urent lieu sur tout le territoire national, je voudrais évoquer, à titre introductif au débat, l’exemple de Belcourt et de la Casbah
    Belcourt. Il est 10 heures. Sous une pluie fine, une marée humaine, brandissant le drapeau de l’Algérie combattante, surgit des quartiers populaires du Vieux Kouba, du Ruisseau, du Clos-Salembier, de Birmandreis, en passant par le Ravin de la Femme Sauvage. Grossie par la foule descendue des hauteurs de Belcourt et des lieux environnants, elle s’approche du quartier européen du Champ-de-manœuvres où s’étaient groupés les partisans de l’Algérie française.
    Sur fond du chant patriotique Min Djibalina, des milliers de voix entonnaient à l’unisson :

    « Vive le GPRA
    Abbas au pouvoir
    Algérie musulmane
    Vive l’ALN !
    Vive le FLN ! « 

    « C’est un spectacle qui coupe le souffle, écrit un journaliste français. La rue Albert – Rozet (laaguiba comme les enfants de Belcourt la nomment), une ruelle de 3 mètres de large, qui descend sur près de 800 mètres des hauteurs de Belcourt, semble prête à éclater sous la tempête qui s’y déchaîne. 5000 Musulmans sont entassés et brandissent des drapeaux vert et blanc à croissant rouge, des pancartes :

    -Algérie indépendante
    – Libérez Ben Bella
    – Referendum sous contrôle de l’O N U
    – Lagaillarde au poteau

    Au premier rang, des jeunes lèvent le poing. Derrière eux des jeunes juchés sur des épaules, brandissent des banderoles « Vive le FLN », témoigne le journaliste français.

    Sur une large banderole barrant la rue de Lyon (aujourd’hui Mohamed Belouezdad), on lit Négociations.
    Une sorte de réponse au général de Gaulle, Président de la République française, qui, avant d’entamer son voyage en Algérie au mois de décembre 1960, avait réaffirmé son refus de discuter avec le GPRA de l’avenir de l’Algérie, lors d’un discours prononcé à Paris le 4 novembre, un mois auparavant. Le but de son voyage en Algérie était de présenter aux corps constitués son projet de loi qu’il devait soumettre à référendum le 8 janvier 1961. Le projet de loi portait sur la mise en place d’un Parlement et d’un exécutif algérien « qui, une fois établis, détermineront en temps utile, la date et les modalités du référendum d’autodétermination ». « Construire l’Algérie algérienne sans et contre le FLN », disait Bernard Tricot, collaborateur immédiat de de Gaulle. C’est cette Algérie que les officiers de l’action psychologique voulaient faire plébisciter par les Algériens.

    Les militants du Front de l’Algérie française, le FAF, accueillirent, par des cris hostiles, le général de Gaulle, arrivé en Algérie le 9 décembre 1960. Ils appelèrent à la grève générale. C’est pour étendre cette grève aux quartiers musulmans qu’ils entrèrent en force dans Belcourt. « Ils sont venus nous provoquer, déclara un jeune de Belcourt à l’envoyé spécial du quotidien français Le Monde. Nous avons réagi ». D’où le caractère apparemment spontané de la manifestation, comme le souligne un responsable de la zone 6 de la wilaya IV. Mais le peuple d’Alger était conscient de l’enjeu. Sa réaction fut politique. Il surprit les officiers de l’action psychologique qui pensaient l’entendre crier « Algérie algérienne », lui faisant avaliser, par- là, la politique néocoloniale du général de Gaulle intéressé par les gisements de pétrole de l’Algérie.
    En voyant le drapeau de l’Algérie combattante surgir dans Alger qu’il pensait « pacifiée », un des officiers confia à un journaliste français : « Nous avons subi un véritable Diên Biên Phû psychologique… Pensez qu’on crie « Vive le FLN ! ». Reprenant cette réaction, le journaliste écrivait : « L’explosion des sentiments populaires…réduisait à néant les constructions de l’action psychologique ».

    Un autre exemple pour illustrer ces manifestations sorties des entrailles de la société humiliée par le colonialisme français. Celui de la Casbah, berceau du nationalisme algérien, symbole de la lutte permanente contre l’ordre colonial sanguinaire, la Casbah qui connut la torture et les disparitions au cours de la Bataille d’Alger.
    La Casbah, encerclée par les Zouaves, entourée d’une triple rangée de barbelés, la Casbah des guillotinés réveillée par les you you des mères des martyrs crie à pleins poumons :

    « Tahya el Djazair,
    Yahia el Istiqlal. « 

    A travers les ruelles en escaliers, les enfants arborent le drapeau de l’Algérie combattante.
    Les manifestations patriotiques de masse gagnèrent tout le territoire, malgré les dangers de mort. Car il y a eu des morts par dizaines. Les militaires français tirèrent sur la foule à Alger, à Oran. Ils tuèrent la petite écolière Saliha Ouatiki (13 ans) dont l’enterrement au cimetière Sidi M’Hamed fut troublé par les tirs des militaires français sur la foule qui accompagnait l’enfant-martyr à sa dernière demeure.

    En ce mois de décembre 1960, la guerre d’indépendance entrait dans sa septième année. Les manifestations de masse, se conjuguant à la lutte armée, contraignirent le gouvernement français de discuter de l’avenir de l’Algérie avec le GPRA et de signer avec lui le cessez-le-feu, le 18 mars 1962.
    Les manifestations populaires, prélude de la victoire finale, marquèrent ainsi un tournant décisif dans la longue lutte du peuple algérien pour l’indépendance.

    Si le peuple, un jour, …….

    Mohamed Rebah Déc 11, 2015

    • C’est à Diên Biên Phû, au Viet Nam, que le corps expéditionnaire français subit la défaite qui sonna le glas du colonialisme français dans cette région. Un historien allemand qualifia les manifestations de décembre 1960 en Algérie de Diên Biên Phû politique pour la France impériale.

    http://www.babzman.com/les-journees-de-decembre-1960-le-tournant-decisif-par-mohamed-rebah/

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

    Pétition: Libérez le clown palestinien Mohammed Faisal AbuSakha!

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    Pourquoi c’est important ‪#‎FREEABUSAKHA LETTRE aux Forces de Défense israéliennes Téléphone: +972-(0)3-697-7957 Fax: +972-(0)3-697-5177 cogatspokesman@gmail.com Nous appelons à la libération immédiate de l’enseignant et artiste de cirque palestinien Mohammed Faisal AbuSakha, arrêté par l’armée israélienne le lundi 14 décembre au checkpoint de Zaatara où il passait en taxi en allant de chez lui à Jénine...
     
     
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    Les abris de fortune dans ce quartier de Gaza ne sont pas bien équipés pour faire face au froid et à la pluie.   Souvent, les habitants ne peuvent pas se laver et la communauté est un terrain propice à la propagation des bactéries et des virus. [Lara Aburamadan/Al Jazeera]   Khuza’a, bande de Gaza...
     
     
    La Knesset vote – sans problème - une loi dangereuse pour financer le peuplement colonial

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    Dahlia Scheindlin – 29 décembre 2015, +972 Une nouvelle loi officialise l’externalisation de l’activité de peuplement rural en Cisjordanie. Une aubaine pour le peuplement des colonies, un coup dur pour la démocratie – et pour le contribuable. Des nouveaux logements dans la colonie israélienne de Shilo, village de Qaryut, en Cisjordanie, le 6 juin 2015....
     
     
    478 bâtiments palestiniens détruits par Israël cette année

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    31 décembre 2015, par IMEMC L’occupation israélienne aurait détruit en 2015 quelques 478 bâtiments palestiniens, dont des maisons, des cliniques et des sites historiques. Un institut de recherche affilié à l’OLP a recensé les destructions qui ont eu lieu cette année dans toute la Cisjordanie occupée et à Jérusalem-Est. Le Centre de recherche et de...
     

  • Tunisie - Sfax : Grève à la société de services pétroliers « Weatherford » (Afriques en luttes)

    greve-ugtt-sfax1.jpg

    Ugtt/ Sfax

    Un groupe de 40 employés de la société de services pétroliers « Weatherford » à Sfax, ont mené un sit-in, devant le siège du gouvernorat, afin de réclamer la reprise de leur activité au sein de la société, après une grève menée par leur collègues, afin d’assurer la pérennité de l’investissement étranger en Tunisie.

    Le président de l’URICA de Sfax, Anouar Triki, a indiqué que les travailleurs de « Weatherford », qui sont entrés en grève pour une dizaine de jours, revendiquent une augmentation salariale et le retour de 4 employés du syndicat de base de l’URT, qui ont été suspendus pour des raisons disciplinaires.

    De son coté, le secrétaire général de l’union régionale du travail de Sfax, Hédi ben Jômaa , a souligné que l’administration de la société « Weatherford » a failli à ses engagements concernant l’augmentation des salaires et la réintégration des 4 employés licenciés.

    « Les employés qui sont contre la grève auraient du revendiquer le droit à la dignité humaine qui a été bafouée par les employeurs » a-t-il souligné.

    Source : Direct Info 1er janvier 2016 

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/tunisie/article/tunisie-sfax-greve-a-la-societe-de

  • Egypte. Quelles perspectives pour la nouvelle vague de grèves? (Al'Encontre.ch)

    Le 29 décembre 2015: des travailleurs de l'usine d'acier et d'aluminium d'Helwam en grève (Mada Masr Independent, progressive media)

    Le 29 décembre 2015: des travailleurs de l’usine d’acier et d’aluminium d’Helwam en grève (Mada Masr Independent, progressive media)

    Les grèves n’ont jamais vraiment cessé en Egypte [1] malgré le régime ultra-répressif de l’ex-maréchal Abdel Fattah Saïde Hussein Khalil al-Sissi – devenu président le 8 juin 2014 – et plus précisément malgré toutes ses attaques contre le droit de grève, les libertés de manifester et tout récemment encore contre la simple autorisation de syndicats indépendants.

    Mais depuis mi-octobre 2015. elles ont pris une nouvelle ampleur. Cette nouvelle vague traverse le pays, du nord au sud, du Canal de Suez au delta du Nil, dans de nombreux secteurs professionnels, du textile au pétrole en passant par l’acier, le textile la santé ou le tourisme. Les travailleurs entrent en grève. Ni la menace, ni la répression ne les arrêtent et des négociations s’ouvrent comme le rapporte la presse.

    Des grèves dans les grandes entreprises emblématiques

    Trois mille travailleurs de la plus grande compagnie d’aluminium du pays – Egytalum Company, majoritairement entreprise d’Etat, située à Nagaa Hammady dans le gouvernorat de Qena au sud du pays – ont entamé une grève le 27 décembre 2015. Pour le moment, elle est encore partielle et ne touche qu’un tiers des effectifs, mais pourrait s’étendre. Les mêmes jours, ce sont des ouvriers de l’entreprise géante d’acier Iron and Steel Company de 11’000 salariés, à Helwan, la banlieue du Caire, qui entraient en grève. Dans la même période, des grandes entreprises textiles de Shebin al-Kom ainsi que ceux d’une autre grande société, la firme pétrolière Petrotrade à Assiout (capitale du gouvernorat, dans la Haute-Egypte, sur la rive occidentale du Nil), ont engagé un mouvement.

    Travailleurs qui manifestent contre le non-paiement du «bonus» (Al-Masry Al-Youm,  27 octobre 2015)

    Travailleurs qui manifestent contre le non-paiement du «bonus» (Al-Masry Al-Youm, 27 octobre 2015)

    Ils demandent des «bonus», c’est-à-dire une part des bénéfices de ces entreprises que leur garantit, en principe, la loi, et qui constituent une bonne partie de leurs salaires. Toutefois, fort souvent, ces entreprises ne le leur accordent pas au prétexte de difficultés conjoncturelles ou de «malentendus» avec l’Etat.

    En plus des 12 mois de «bonus» réclamés à la compagnie d’aluminium (Egytalum Company), les salariés demandent également la démission du directeur ainsi que de nombreux responsables dont des élus politiques et syndicaux officiels. Ce qui rappelle bien sûr des exigences de la révolution. A l’aciérie d’Helwan les revendications sont semblables.

    La Shebin al-Kom Textile Company de 1500 ouvriers est localisée dans le gouvernorat de Menoufiya, dans le delta du Nil. Cette ancienne compagnie d’Etat, privatisée il y a dix ans, fut renationalisée en 2011. Lors de la période de privatisation, elle en a profité pour licencier de très nombreux travailleurs et réduire ses capacités de production. Or, l’engagement pris par les autorités judiciaires, en 2011, avait été de réembaucher les licenciés et de redonner ses pleines capacités productives à l’usine. Les salariés exigent donc par la grève, depuis déjà trois semaines, la réalisation de ces promesses.

    S’agit-il de simples grèves dispersées…

    Ce n’est pas la première fois que les ouvriers de Shebin al-Kom entrent en lutte. Leurs revendications ne leur sont pas propres. Il y a au moins une dizaine de grandes entreprises, dans des situations analogues, qui se battent depuis des années – régulièrement ou par intermittence – pour les mêmes objectifs.

    Travailleurs du textile rejoignant des travailleurs de l'administration qui exprimer leur mécontentement face à la retenue du «bonus» de 10% annuel (Al Masry Al-Youm, 26 octibre 2015)

    Travailleurs du textile rejoignant des travailleurs de l’administration qui expriment leur mécontentement face à la retenue du «bonus» de 10% annuel (Al Masry Al-Youm, 26 octibre 2015)

    Cependant, l’ampleur de leur lutte présente rappelle comment les travailleurs de cette entreprise ont été au centre d’un phénomène qui a été nouveau en Egypte en mars 2014: la première coordination de luttes regroupant 11 entreprises publiques privatisées, dont justement Shebin al-Kom, mais aussi Lin de Tanta, Chaudières el Nasr, Ideal, Huiles et Savons d’Alexandrie, Mécanique agricole de Nubara, Samanoud, Papier Simo et… Petrotrade.

    Or, Pétrotrade, compagnie pétrolière de 12’000 salariés, est aussi en grève à Assiout, dans le sud du pays, pour une égalité de traitement avec les autres unités du groupe, après que d’autres secteurs de la firme se soient mis en grève afin d’exiger leur part des «bonus », il y a un plus d’une semaine et durant dix jours sur 56 sites, surtout dans la région d’Alexandrie.

    A cela s’ajoute le mouvement des médecins des hôpitaux, propriété de la compagnie d’état d’assurance de santé. Ils se sont mis en grève à la mi-décembre pour obtenir les mêmes avantages en matière de salaires et de conditions de travail que leurs collègues des hôpitaux du ministère de la Santé. Or, ces derniers ont annoncé leur soutien et l’ont concrétisé par une manifestation, le 23 décembre 2015.

    Pour rappel, le mouvement des médecins, en mars 2015, avait été le moteur de la vague de contestation du moment et l’initiateur dans le secteur de santé de la première des coordinations en Egypte. C’était aussi lui qui avait été à l’origine – avec la coordination des entreprises privatisées/nationalisées – du premier embryon de programme revendicatif, à l’échelle nationale, des classes populaires égyptiennes. Il pouvait de décliner de la sorte:

    • salaire minimum que le gouvernement avait promis mais pas tenu;
    • retour des compagnies privatisées au secteur public;
    • limogeage de tous les éléments corrompus de leurs secteurs respectifs;
    • de meilleures conditions de travail et de salaires pour tous les secteurs: santé, poste, aviation, chemins de fer, compagnies privées…

    Néanmoins, analogie n’est pas similitude. Ces luttes ne peuvent faire penser à ces «coordinations passées». Il n’est possible d’entrevoir une coordination des luttes, qui manque tant, que si ces mouvements s’accompagnaient et trouvaient leur prolongement par un grand nombre d’autres. [Une dialectique qui renvoie à des moments spécifiques, dont les causalités sont d’origines multiples.]

    L’indice de grèves qui en accompagnent et prolongent d’autres

    En effet, tout d’abord, au cours des premières semaines de décembre 2015, se sont déclenchées des grèves au Canal de Suez, dans des hôtels de certaines villes de la mer Rouge ou de Charm el-Cheikh, dans une compagnie de produits fertilisants à Assiout et diverses autres.

    Au Canal de Suez, à partir du 8 décembre et pendant deux semaines, ce sont 2000 travailleurs, de 6 des 7 entreprises sous-traitantes de l’entretien et des transports des docks, qui ont demandé des hausses de salaires et des avantages égaux aux salariés en titre du Canal, avantages souvent 5 fois plus élevés. Il ne faut pas oublier que ces grèves écornaient l’image du projet de Sissi qui avait fait de son nouveau projet de Canal le centre de sa démagogie autour d’une nouvelle Egypte moderne où tout serait plus beau dans le meilleur des mondes.

    A Charm el-Cheikh, les employés des hôtels et du tourisme se battent contre les licenciements. En effet, après l’attentat terroriste contre l’avion de touristes russes, le 31 octobre, la fréquentation touristique s’est effondrée et les patrons en ont profité pour licencier environ 30% de leurs salariés. Or la chute du tourisme frappe de plein fouet non seulement cette région mais toute l’économie égyptienne pour qui elle est centrale. Et à travers ce conflit, comme au Canal de Suez, c’est encore l’incapacité du régime à assurer la sécurité économique du pays qui est dénoncée de fait par les grèves [voir encadré, en fin d’article sur le tourisme].

    A la Assiuut Fertilizer Company, les travailleurs se sont mis en grève – et ont occupé leur entreprise, ce qui est rare – contre une réduction de leurs salaires de 25%, pendant que les travailleurs de l’Egyptian Dredging Company à Abu Zaabal, dans le gouvernorat de Qalyubia, au nord du pays, font grève contre le non-paiement de leurs salaires, tout comme les journalistes d’Al-Shorouk ou de TeN TV. Cette pratique de l’employeur est fréquente en Egypte, alors que la richesse des nouveaux riches s’étale de plus en plus ouvertement dans certains quartiers du Caire. D’ailleurs, le pouvoir veut les rendre plus «présentables» en chassant les petits vendeurs de rue.

    Le 30 novembre 2015, grève de 5000 salariés à la Jawhara Food Processing Company (Mada Masr Independent, progressive media)

    Le 30 novembre 2015, grève de 5000 salariés à la Jawhara Food Processing Company (Mada Masr Independent, progressive media)

    Ce sont encore 5000 travailleurs de la Jawhra Food Processing Company, dans le gouvernorat de Beheira dans le delta du Nil, qui, à partir de fin novembre-début décembre, sont entrés en grève pour des augmentations de salaire et le paiement de leur part de bénéfices, tout comme les employés de la Compagnie d’assurances à Eitai al-Baroud ou les travailleurs du métro appartenant à l’administration Nationale des Tunnels. Ce à quoi il faut ajouter les chauffeurs de bus du Caire ou même les enseignants de l’école Ola Garden dans le gouvernorat de Giza… pour ce que la presse, soumise à la censure sévère du régime dictatorial de Sissi, veut bien laisser transparaître.

    Un signal aux grèves donné par l’usine textile géante de Mahalla el-Kubra et… Sissi,
    dans le développement des tensions dès septembre

    Ces luttes ont été enclenchées et unifiées, d’une certaine manière, par deux éléments à leur origine, à caractères tout à la fois politiques et nationaux.

    D’une part, l’ensemble de ces luttes a été déclenché par deux grèves en octobre, finies le 1er novembre: celle de 11 jours par 14’000 salariés de Misr Spinning and Weaving Company à Mahalla el-Kubra, l’usine géante de 17’000 salariés qui joue depuis longtemps un rôle central dans le mouvement social égyptien – dans le déclenchement de la révolution – rejointe par celle de 6 jours des 7000 salariés de Kafr al-Dawwar Textiles Company; les premiers débrayages menaçant à la Simo Paper Company, à l’Iron and Steel Company d’Helwan et à la Tanta Flax and Oils Company. Or, toutes ces entreprises ont marqué l’histoire récente – ou moins récente – du mouvement ouvrier égyptien, de la révolution et des coordinations pour Simo et Tanta. Le gouvernement a cédé au moment où il a senti planer une possible généralisation.

    Les travailleurs des deux plus grandes usines textile de Malhalla, Kafr al-Dawar Textile Company et Misr Spinning and Weaving Company, sont en grève pour non-paiement du «bonus» promis pat le président al-Sissi (25 octobre 2015). Mada Masr Independent, progressive media

    Les travailleurs des deux plus grandes usines textile de Malhalla, Kafr al-Dawar Textile Company et Misr Spinning and Weaving Company, sont en grève pour non-paiement du «bonus» promis pat le président Al-Sissi (25 octobre 2015). Mada Masr Independent, progressive media

    Il est difficile de savoir ce que les travailleurs des deux entreprises emblématiques ont réellement obtenu à l’issue de leur lutte, tellement les autorités ont l’habitude de faire des promesses qu’ils ne tiennent pas. Mais ce qui est apparu, à l’échelle du pays, c’est que les salariés ont crié victoire à la fin de la lutte. Dans la foulée s’est enclenchée une grève à la Samanoud textile Company à Gharbiya – une autre des 11 usines coordonnées de 2014 – et à l’entreprise textile Vistia à Alexandrie, les deux pour des augmentations de salaires. Puis tout le reste… Une sorte de généralisation diluée dans le temps et géographiquement. Ce genre de configuration qu’un événement pourrait à nouveau cristalliser.

    Dans les causes de cette «vague», il faut prendre en compte que Sissi avait promis en septembre un «bonus» de 10% aux salarié·e·s des entreprises publiques. Il faut avoir, aussi, en mémoire que Sissi avait promis cette hausse du «bonus» au mois de septembre 2015 parce qu’il craignait à ce moment un mouvement de colère qui était en train de gonfler dans la fonction publique. Il exprimait l’opposition à une nouvelle loi, qui, entre autres, devrait réduire les bonus, la part des bénéfices dédiée aux salarié·e·s2. Sissi avait réussi à contenir cette vague de colère qui cherchait à se rassembler dans une manifestation nationale appelée pour le 12 septembre. Il le fit, d’une part, par l’engagement de maintenir cette hausse, et, d’autre part, par l’interdiction simultanée de la manifestation et la répression la plus violente et, enfin, par le dérivatif d’élections législatives, prétexte à l’imposition d’un ordre encore plus rigoureux.

    De fait, s’il a repoussé l’échéance, la crise évitée en septembre semble éclater maintenant. A peine la farce des élections terminée – qui n’ont guère retenu que de 2 à 10% de participation [3] – la grève se déclenchait à Mahalla et, un peu plus tard, dans le tourisme et au Canal de Suez. Il y a là comme une sorte de réponse ouvrière à cette comédie électorale, une remise en cause, quasi directe, de la légitimité de ce pouvoir.

    Sissi avait déjà promis une hausse du salaire minimum pour janvier 2014. Il ne l’avait tenue que partiellement. Cela avait déclenché une énorme vague de grèves dans la fonction publique en février et mars et provoqué la chute du gouvernement el-Beblawi (9 juillet 2013-24 février 2014, démission présentée au président Adli Mansour). L’aboutissement interne au mouvement avait été la création des premières coordinations de lutte en Egypte. Du coup, craignant une cristallisation rapide des luttes en un tout et l’émergence d’une conscience ouvrière de classe, al-Sissi [le coup d’Etat militaire du 3 juillet 2013 avait fait tomber Morsi, il prenait «le relais» et «capturait» un mouvement de masse anti-Morsi], après sa démission de ses fonctions gouvernementale le 26 mars 2014, décidait de se présenter aux présidentielles pour couper court au travers du processus électoral au mouvement social et à la prise de conscience en cours.

    Sissi a donc repris, à nouveau, ses promesses qu’il ne tient pas et les élections comme dérivatif. Mais le procédé s’use et son efficacité décroît. Certes les effets sur des luttes ont été moins importants cette fois qu’en février-mars 2014, du moins à ce qui peut en être jugé. Mais cette technique gouvernementale commence à atteindre ses limites non seulement du fait du crédit politique nettement plus limité de Sissi, mais surtout du fait d’une situation socio-économique et politique globale très différente.

    En effet, au plan politique, jusqu’au début 2015 le champ politique était occupé et partagé par deux camps de frères ennemis: l’armée et les Frères musulmans. L’armée s’appuyait sur la crainte du succès du terrorisme islamiste qu’il confondait avec la Confrérie des Frères pour justifier toutes les entraves aux libertés et enrégimenter derrière lui tout ce qui dans la société égyptienne faisait passer sa haine des Frères musulmans avant tout autre chose, y compris au risque des libertés et d’une répression dont l’ampleur à venir n’était pas saisie, sur le moment

    Or, avec la disparition progressive de la Confrérie que ne compense pas la crainte suscitée par Daech, s’ouvre un espace politique où la question sociale pourrait à nouveau gagner le centre de la scène politique et où l’armée reste de plus en plus seule face au mouvement social. C’est la grande crainte de Sissi et des classes possédantes.

    Car cette situation ne pourrait que pousser à faire percevoir le mouvement ouvrier et populaire comme un véritable opposant, sérieux, face au régime. Et le seul porteur d’espoir pour toutes les classes opprimées, le poussant ainsi à le politiser dans la mesure où s’établit une jonction entre le passé encore présent dans une couche militante, le présent et des réseaux politico-sociaux se réanimant.

    Or justement, l’inflation touchant toutes les catégories populaires est au plus haut. L’année a été la pire depuis longtemps pour le monde rural. De nombreux villageois sont descendus dans les rues pour protester contre l’incurie des autorités face aux inondations récentes et on se rapproche de l’anniversaire du déclenchement de la révolution, le 25 janvier. C’est souvent l’occasion de toutes sortes de débordements de la part de fractions de la jeunesse. Une page Facebook à ce propos, «retour sur la place», annonce que des dizaines de milliers, et plus, de personnes sont prêtes à y retourner en 2016, alors que des détenteurs de hauts diplômes sans emploi ont déjà marché sur Tahrir, il y a quelques semaines.

    Bien sûr, il y a loin d’un clic sur Internet à une présence dans la rue face à des soldats qui n’hésitent pas à tirer. Mais le seul fait d’un défi aussi massif, ne serait-ce que sur Internet, inquiète le pouvoir, qui a révélé son appréhension en arrêtant le 28 décembre quatre dirigeants du «Mouvement du 6 avril», le seul mouvement important de démocrates révolutionnaires qui résiste encore.

    Alors, d’un côté, le régime n’a jamais été aussi féroce, dictatorial et jamais aussi proche de celui de Moubarak avec un retour massif aux affaires des riches «feloul» (résidus), les partisans de l’ancien régime… mais il n’a jamais été aussi proche, de ce fait, des conditions qui ont précipité la chute de Moubarak. [Des tensions existent entre des secteurs capitalistes et les positions imposées – appels d’offres biaisés – par les militaires pour ce qui est de leur emprise économique, entre autres dans le processus d’appropriation de terres bonifiées qui fait partie des plans du gouvernement, au même titre que la création d’une nouvelle capitale administrative sur la route Le Caire-Aïn Al-Sokhna (est), non loin de la zone du Canal.]

    La chute de Moubarak avait été décidée par l’armée lorsqu’il leur est apparu, au cours du soulèvement révolutionnaire de janvier 2011, que la classe ouvrière menaçait d’entrer en scène par un appel à la grève générale. Les autorités, de tous les «bords», lors des cinq années du processus révolutionnaire passé, n’ont eu de cesse de camoufler aux masses laborieuses le caractère central de cette opposition de classe.

    Dans ce décours, les Frères musulmans ont perdu de leur influence; l’essentiel de la gauche, les nassériens, les démocrates officiels se sont perdus en soutenant Sissi. Bien des démocrates révolutionnaires se sont découragés, victimes d’une répression terrible. Mais ne peuvent être négligés les contrecoups des limites de leurs conceptions stratégiques ou de leur impréparation – liée en partie à la jeunesse de secteurs des composantes révolutionnaires – face à un tel processus révolutionnaire.

    Aujourd’hui reste maintenant l’armée – qui certes met encore l’accent politique sur la lutte contre le terrorisme – face au prolétariat. Dans quelle mesure l’expérience accumulée pour des secteurs de ce prolétariat au cours des longues années de combats incessants et courageux va-t-elle trouver des voies d’expression et sous quelle forme? Ce que justement voulaient éviter les militaires, il y a cinq ans. C’est ce qui doit retenir ceux et celles qui saisissent la dimension de permanence de ce processus, au-delà des variations.

    Quels que soient les événements des semaines à venir, il est certain, pour la période qui s’ouvre, que les conditions d’un nouvel affrontement massif sont en train de se mettre en place.

    J’écrivais à propos des premiers événements révolutionnaires que la solution à la révolution égyptienne se trouvait en Chine. C’était une image faisant tout à la fois allusion au gigantisme de la classe ouvrière chinoise et de ses luttes, mais surtout à un premier signal d’arrêt donné au mouvement de réaction libérale mondial réalisé en 2010 par des mobilisations massives du prolétariat chinois [Foxconn, Honda, Toyota].

    Les révolutions arabes comme d’autres mouvements dans le monde ensuite se sont situés dans cette continuité. On ne comprendrait pas combien le mouvement du prolétariat égyptien est destiné à durer, si on ne le replace pas dans ce contexte mondial de retour général du balancier. Cependant, l’absence (ou la faiblesse extrême) d’organisations ouvrières et de conscience prolétarienne plus ou moins constituée fait tout à la fois que la crise multiface comme les combats se diluent dans le temps et que les prises de conscience dans cet espace sont lentes. Des processus sont en cours, de l’Egypte, de la Tunisie à la Turquie, au Bangladesh, y compris en passant par la Grèce et l’Espagne. Ce processus socio-politique, avec toutes ses variations locales et ses différentes figures, est à l’œuvre. Il est important d’en prendre conscience, de l’examiner en le soumettant au débat, et de la sorte de viser à en faire prendre conscience, si les socialistes révolutionnaires veulent participer et intervenir efficacement dans chacun de ces conflits.

    La classe ouvrière égyptienne illustre un aspect de ce processus général en montrant dans ces grèves qu’elle est loin d’être battue et qu’elle continue activement son chemin et son combat pour le pain, la liberté et la justice sociale dans le cadre d’une «longue révolution» [4]. La perspective de coordination et de politisation de ses luttes, certes difficile comme partout, n’apparaît pourtant pas si éloignée que ça, inscrite en tout cas dans les conditions objectives. Elle pourrait être un but atteignable pour la période, surtout si des militant·e·s révolutionnaires veulent ou savent s’en faire les vecteurs: la crise de l’humanité se réduit toujours à la crise de sa direction révolutionnaire… à l’échelle internationale. [Du moins si l’on comprend que la formule n’est pas univoque, mais renvoie à une dialectique complexe, historicisée et située dans un espace socio-politique interconnecté, mais pas homogène, entre: degré d’organisation du prolétariat au sens large, avec ses mutations; conscience accumulée, avec parfois accélération soudaine; et expressions organisationnelles plurielles aptes à saisir l’ensemble du tableau et à lui donner une signification, une dynamique et un sens pour une large majorité active des masses laborieuses.] La révolution égyptienne doit plus que jamais être la nôtre. (30 décembre 2015; les phrases entre crochets sont de la rédaction de A l’Encontre, comme le travail d’édition)

    Publié par Alencontre le 2 - janvier - 2016 Par Jacques Chastaing

    [1] Pour comprendre la signification de cette persistance à long terme des grèves en Egypte : http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-ce-que-la-persistance-des-greves-en-egypte-nous-dit-de-la-revolution.html

    [2] Sur ce qui se passait en septembre : http://alencontre.org/moyenorient/egypte/egypte-un-mois-de-septembre-imprevisible.html

    [3]  Selon des ONG. Officiellement elle est de 28%, mais personne n’y croit.

    [4] Selon la formule de Maha Abdelrahman: Egypt’s Long Revolution: Protests and Uprisings (Forthcoming) Routledge 2015.

    Dans Al-Ahram Hebdo du 30 décembre 2015, sous le titre «Urgence pour le tourisme: sortir de l’impasse», il est affirmé: « Tout dépend de la reprise des vols en provenance de Russie et de Grande-Bretagne», explique Elhami Al-Zayat, président de l’Union des chambres de tourisme. Car à la suite du crash de l’avion russe dans le Sinaï fin octobre dernier, ces deux pays qui fournissent à eux seuls près de 50 % des arrivées touristiques en Egypte, ont suspendu leurs vols : l’un vers la totalité de l’Egypte, l’autre vers Charm Al-Cheikh seulement. Ainsi, les chiffres du tourisme ainsi que les réservations à venir ont énormément baissé surtout que d’autres pays européens comme la France, la Suisse et la Belgique ont déconseillé à leurs ressortissants tout voyage en Egypte. «C’est une crise sans précédent pour le secteur du tourisme puisqu’elle touche la sécurité des moyens de transport aériens, qui constitue la colonne vertébrale de l’industrie du tourisme. L’Egypte a perdu près de 2 milliards de L.E. en novembre à cause de la décélération du mouvement du tourisme», assure Mohamad Abdel-Gabbar, vice-président de l’Organisme de la promotion touristique (ETA).» (Réd. A l’Encontre)

    http://alencontre.org/egypte/egypte-quelles-perspectives-pour-la-nouvelle-vague-de-greves

  • Einstein et le sionisme (Que faire?)

    L’homme qui révolutionna la physique il y a tout juste 100 ans était plein de contradictions.

    Pour n’évoquer que ses idées politiques, il rejetait les nations et éprouvait une répugnance viscérale à l’égard des militaires. Ses engagements concrets furent pourtant en faveur de la bombe atomique américaine et en faveur du sionisme. Dans le cas de la bombe, c’est la peur de voir les nazis brandir le feu nucléaire qui le conduit à écrire au président Roosevelt pour l’inciter à les devancer. Il s’en mordit les doigts dès le mois de mai 1945, sans attendre Hiroshima.

    Pour le sionisme, on comprendra peut-être mieux comment cette idéologie a pu exercer un tel attrait si on examine comment Einstein a pu y adhérer.

    Le premier soutien de l’idée sioniste était un certain Napoléon Bonaparte. En 1799, il occupe l’Egypte et une partie de la Palestine. Afin de contrôler la région, il a l’idée d’inciter les Juifs de France à venir la coloniser. Pour cela, il prévoit de détruire la mosquée d’Al-Aqsa et de reconstruire le Temple de Salomon. Il fut vite chassé du Moyen-Orient et n’eut pas le temps de mettre son projet à exécution. Mais d’autres grandes puissances reprendront à leur compte l’idée d’une colonisation juive pour contrôler la Palestine.

    C’est finalement la montée de l’antisémitisme tout au long du XIXe siècle, puis jusqu’à la Shoah, qui alimentera le sionisme.

    Ces deux idéologies sont basées sur un même mensonge : sur l’idée que les Juifs seraient des étrangers dans leurs pays respectifs. Pourtant, ces pays ont aussi été bâtis par les Juifs, et c’est justement dans les pays qu’ils ont le plus contribué à construire que l’antisémitisme est le plus virulent au début du XXe siècle. En Russie, par exemple, ils sont accusés de tous les maux. Le gouvernement multiplie les brimades à leur encontre et encourage les pogroms. La police tsariste rédige le Protocole des sages de Sion, un document censé démontrer l’existence d’un complot juif pour conquérir le monde. Certains dirigeants russes envisagent même leur extermination. Et pourtant, la Russie doit son existence même aux Juifs.

    En effet, les Russes se sont sédentarisés au Xe siècle, après s’être emparés de la ville khazare de Kiev (Kiev signifie au bord de l’eau en Khazar). Apparentés aux Bulgares, les Khazars avaient bâti depuis le VIIe siècle un empire prospère entre la Mer Noire et la Mer d’Aral. Leur conversion au Judaïsme, décidée au IXe siècle par l’empereur Bulan, est la plus massive retenue par l’Histoire pour cette religion. Les Khazars sont l’un des rares peuples de l’époque à savoir frapper la monnaie, ce qu’ils font pour plusieurs voisins. Ils introduisent aussi le papier en Europe. Les marchands affluent d’Europe et d’Asie à la grande foire de Samandar, sur la célèbre Route de la soie (entre la Chine et l’Europe), tandis que par le port de Tmurtorokan transite le commerce de Bagdad et Constantinople avec la Scandinavie ou l’Europe de l’est. Avec l’aide des Byzantins, les Russes s’emparent des terres khazares, et s’efforcent au cours des siècles d’effacer les traces du peuple auquel ils doivent leur civilisation. Jusqu’à Staline, qui ordonna la construction d’un barrage dont les travaux causèrent malencontreusement la destruction de la forteresse de Sarkel. L’ultime trace que les nationalistes russes veulent effacer, ce sont les Juifs eux-mêmes. Ils les déportent vers la Crimée en 1942, ce qui revient à les livrer à Hitler.

    Naissance du nationalisme juif

    Persécutés en Russie, en Pologne, en Ukraine, quelques Juifs commencent dès le début du XXe siècle à adhérer au sionisme et à partir vers la Palestine. Mais beaucoup de réfugiés choisissent l’Europe occidentale, et particulièrement l’Allemagne. D’autres Juifs sont sur place depuis des siècles et se considèrent à bon droit comme des Allemands à part entière. A eux aussi, l’Allemagne doit beaucoup. D’anciennes familles juives sont si assimilées qu’elles sont devenues protestantes. Einstein, lui, ne croit qu’au Dieu de Spinoza, qui ne se préoccupe pas des humains, qui n’intervient jamais dans le monde qu’il a créé, et qui ne saurait ni passer une alliance avec un peuple élu ni même fonder une religion. Il ne se serait sans doute jamais considéré comme Juif s’il n’avait pas été confronté à l’antisémitisme.

    Il le rencontre lors de son installation à Prague en 1911 : il se déclare « sans religion » au guichet administratif mais voit le fonctionnaire écrire « Juif » sur son dossier. Invité en 1914 par l’Académie des Sciences de Saint-Pétersbourg, il prend position pour la première fois : « Je trouve scandaleux de me rendre sans nécessité dans un pays où les gens de ma tribu sont persécutés avec tant de brutalité. » Mais ce qui le choque plus encore, c’est l’attitude de la bourgeoisie juive allemande vis-à-vis des réfugiés. Celle-ci approuve la politique de la République de Weimar, qui les parque dans des camps et des ghettos. Einstein prend publiquement la défense des réfugiés. « Les Juifs n’ont pas à plaider à charge contre une partie de leur peuple pour être acquittés par les antisémites. [...] Nous ne devons pas consacrer tous nos efforts à ne pas passer pour des Juifs, bien au contraire, nous devons nous imposer en tant que Juifs. » II commence à parler de « nationalité juive ». Ce sont en effet les antisémites qui lui imposent sa judéité et, pour lui, celle-ci ne peut pas être de nature religieuse.

    En 1921, il accompagne aux Etats-Unis le président du Mouvement Sioniste, Chaïm Weizmann, afin de récolter des fonds pour l’Université hébraïque de Jérusalem. Mais, déjà, des affrontements opposent en Palestine les colons sionistes aux populations arabes. Einstein s’inquiète d’un « nationalisme juif très virulent qui menace de dégénérer en étroitesse d’esprit ». La pression antisémite l’empêche pourtant de rompre lui-même avec ce nationalisme, qu’il qualifie de nécessité mais qui est si contraire à ses autres convictions. « Si nous n’étions pas contraints de vivre au milieu de gens violents, étroits d’esprit, je serais le premier à rejeter le nationalisme au profit d’un humanisme universel. »

    Contradictions

    Les idées politiques d’Einstein sont plus confuses que ses théories scientifiques. Et il n’est certainement pas le seul, alors, à connaître une telle confusion. Tout en faisant la promotion du sionisme, il déclare en 1938 : « Ma conscience du judaïsme résiste à l’idée d’un État juif avec des frontières, une armée, et une part de pouvoir temporel ». En 1946, il accuse les Anglais de diviser Juifs et Arabes pour mieux régner et s’oppose au partage de la Palestine en deux États. Il prône un État binational où Juifs et Arabes vivraient ensemble. L’ONU ne l’écoute pas et vote un plan de partage qui accorde 57 % de la Palestine aux Juifs et 43 % aux Arabes. À l’époque, pourtant, les terres détenues par les colons sionistes ne représentent que 5,5 % de la Palestine. Aussi les Arabes refusent-ils ce partage et déclarent-ils la guerre à l’État naissant d’Israël. C’est ainsi qu’ils vont tout perdre. Les Palestiniens sont chassés de leurs maisons et deviennent des réfugiés à leur tour.

    Einstein se résigne. Il admet que les Israéliens « doivent se battre pour leurs droits ». Parce qu’il prône le désarmement, il est aux États-Unis la cible des maccarthystes, comme il était en Allemagne la cible des nazis. Il en vient donc à considérer Israël comme sa patrie. Mais en 1952 il refuse la proposition de David Ben Gourion, qui voulait faire de lui le nouveau président de l’État d’Israël : « Si j’avais été président il m’aurait fallu dire parfois au peuple israélien des choses qu’il n’a pas enve d’entendre ». En fin de compte, l’erreur d’Einstein aura été de ne pas analyser le problème en terme de classes.

    Si la bourgeoisie juive allemande méprisait les Juifs de l’Est, ce n’est pas parce qu’elle avait perdu sa « conscience juive » mais parce qu’elle trouvait son intérêt dans l’exploitation de ce sous-prolétariat. C’est elle qui, comme le reste de la bourgeoisie et pour mieux régner, divisait les travailleurs entre Allemands et étrangers. Une autre erreur aura été de faire des concessions à l’antisémitisme : de se considérer comme étranger dans son propre pays simplement parce que ses ennemis le proclamaient. Après la Shoah, beaucoup de Juifs ont commis les mêmes erreurs, et c’est bien compréhensible. Aujourd’hui encore, la montée de l’antisémitisme dans le monde provoque un nouvel afflux de Juifs vers Israël, où ils remplissent les colonies, toujours à cause de ces erreurs. Des erreurs tragiques que Palestiniens et même Israéliens n’ont pas fini de payer.

    Brice Errandonea 6 septembre 2009

    Sources :

    Ne dites pas à Dieu ce qu’il doit faire, François de Closets, Ed. France Loisirs

    Le vent des Khazars, Marek Halter, Ed. Robert Laffont

    Histoire de l’autre, 12 historiens israéliens et palestiniens. Ed. Liana Levi

    http://quefaire.lautre.net/Einstein-et-le-sionisme

    Commentaire: La conversion des Kazhars serait une théorie (pour le moment)