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  • Algérie: Chaos mondial, krach pétrolier et impasse libérale, quels enseignements ? (Npa)

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    Entre juillet 2014 et janvier 2016, les cours du brut ont plongé de manière quasi ininterrompue, baissant de moins 75% en 18 mois seulement.

    Les médias abondent de considérations autour des retombées négatives de la brutale dégringolade du baril sur les économies dont les équilibres économiques extérieurs et internes sont fortement tributaires de la conjoncture des prix du pétrole. Dans notre pays, ce sont les répercussions de la chute des recettes d’exportation pétrogazières sur les équilibres de la balance commerciale et du budget de l’Etat qui mobilisent l’essentiel des commentaires, chiffres et données officielles à l’appui.

    Les exportations des hydrocarbures (94,54% des exportations globales) se sont réduites à 35,724 milliards de dollars en 2015 contre 60,304 milliards de dollars en 2014, moins-40,76%. Pour 2016, les prévisions situent les recettes en question à 26,4 milliards de dollars soit une baisse de moins 25%. Par rapport au niveau de 2014, la perte de recettes devises cumulée pourrait atteindre à fin 2016, le montant de 70 milliards de dollars environ. Il faut rappeler que l’Algérie a connu d’importantes « décrues » des cours pétroliers qui s’étaient soldées par une baisse substantielle des recettes d’exportation algériennes : moins 43% en 2009, moins 26% en 1998 ; moins 43% en 1986. La période 1989-1999 a été marquée par des fluctuations à la baisse, cinq au total.

    Le commerce extérieur enregistre un déficit de 13,71 milliards de dollars en 2015 contre un excédent de 4,306 milliards de dollars en 2014. La fiscalité pétrolière recouvrée durant les dix premiers mois de 2015 a totalisé 1.978,9 milliards de DA contre 2.885 milliards de DA durant la même période de 2014, soit une baisse de 31,4% en un an. Quant au niveau des réserves de changes de 185,273 milliards de dollars atteint à fin septembre 2014, il devrait descendre fin de l’année en cours sous la barre de 151.5 milliards de dollars.

    Pour une économie vivant quasi intégralement des importations financées exclusivement par des revenus pétroliers, la poursuite de l’effondrement des prix est effectivement lourde de périls. Pointe à l’horizon, le spectre de la régression économique et sociale et ses risques politiques majeurs, si un redressement rapide non seulement des cours mais aussi et surtout de la stratégie économique n’intervient pas. Mais, par delà les commentaires des chiffres de conjoncture pétrolière, l’interprétation qui domine très largement dans les discours et les médias illustre clairement que dans l’examen des faits économiques et sociaux, la posture analytique n’est jamais indépendante de la posture politique et idéologique qui l’inspire, assumée ou non. Les grilles de lecture de la réalité conjoncturelle mobilisées ne sont pas des constructions techniques socialement et politiquement incolores, elles sont le produit d’économistes ou observateurs engagés et reflètent des intérêts déterminés multiples, comme le signalent, d’ailleurs, les centres de préoccupation et les thèmes privilégiés, de même que des occultations, des omissions et des non-dits significatifs. Ainsi, le thème de » la contrainte extérieure » est remis en exergue, plus exactement ses succédanés, la « nécessaire » austérité, pour le peuple, bien sûr, et « l’urgence des réformes structurelles », un euphémisme pour le renoncement à toute politique de développement national authentique. Au secours, les « 10 commandements du Consensus de Washington » sont de retour. Haro sur les transferts sociaux, restriction des dépenses publiques, suppression des subventions, vérité des prix, privatisation des entreprises publiques, élimination des « obstacles » à l’entrée des capitaux étrangers, appel aux capitaux étrangers y compris par l’endettement externe, la batterie d’artillerie FMI est de nouveau alignée au complet… Vite oubliés les dégâts territoriaux et sociaux profonds, gros de menaces sur la stabilité du pays, dans le Sud du pays notamment, auxquels ont conduit les politiques à courte vue, de largage des responsabilités économiques et sociales de l’Etat, mises à l’honneur dans les années 1990. Ignorée, l’impasse dans laquelle nous ont conduit trois décennies de réformes libérales. Pis, la chute des prix du pétrole est l’occasion de nous proposer un nouveau coup d’accélérateur du processus de démantèlement libéral inauguré sous l’ère de Chadli

    On cherchera en vain dans les scénarios de l’impact de la chute des recettes d’exportation d’hydrocarbures sur les « équilibres stratégiques  du pays », qui reviennent en boucle dans les médias, les analyses qui en évaluent les retombées négatives sur le pouvoir d’achat et le coût de la vie de la majorité des familles algériennes qui vivent avec des revenus modestes et les risques de paupérisation accrue. Au contraire, on assiste à la promotion d’un discours délibérément alarmiste visant à apeurer la population et faire qu’elle aille désarmée sinon consentante à l’abattoir social qu’on lui prépare. Elites et patronat de concert, dissertent d’autant volontiers sur le thème des "nécessaires sacrifices" à consentir par la masse, qu’ils en sont, eux, dispensés par la grâce de Dieu. La malédiction de la pétrodépendance est décriée ad nauséam, mais les politiques qui ont, des décennies durant, aggravé les vulnérabilités et les handicaps structurels historiques de l’économie algérienne, la maintenant dans une position de mono-exportateur d’énergies (pétrole et gaz), sont toujours données comme la seule alternative possible. On sait que la contrainte extérieure a été, dans les années 1990, le prétexte d’une ouverture désindustrialisante et de révisions qui ont aggravé les carences structurelles de l’économie algérienne et installé la précarité sociale. La dynamique de développement initiée au cours des deux premières décennies de l’Indépendance a été brisée avant que ne soient corrigées ses fragilités et qu’elle n’ait atteint sa phase de maturité. L’édification d’une économie de production a laissé la place à une économie de bazar axée sur le seul commerce d’importation.

    En réalité, la «  contrainte extérieure » est le prétexte pour d’autres recompositions internes. Une recomposition et un repositionnement des intérêts économiques et politiques au profit du renforcement et de l’extension des positions du capital (privé algérien et multinationales) et des couches qui lui sont liées, au détriment des intérêts du peuple algérien et de son développement

    Focalisés à outrance sur les ajustements économiques et sociaux qu’ils somment l'Algérie d’opérer  obligatoirement - comme si elle avait la capacité de manœuvrer avec les mêmes armes et dans le cadre des mêmes règles du jeu que le capital mondialisé-les partisans d’un nouveau round de thérapies de choc occultent délibérément et volontairement la responsabilité fondamentale du capital financier et du cartel bancaire dans la manipulation à la baisse des prix de l’or noir masquant l'enjeu véritable qui se profile derrière la scène du chaos du marché pétrolier. Comment pourraient-ils, d’ailleurs, mettre en cause les agissements d’un modèle qui constitue pour eux la référence des références.

    Ils feignent d’ignorer qu’on est dans une logique de restructuration violente, guerrière et hors normes du rapport de forces international dont le chef d'orchestre sont les Etats-Unis (notamment les institutions et organismes-clé : FED, FMI, Banque Mondiale, AIE, mais aussi Pentagone, services spéciaux, think thank et réseaux affiliés...) et que dans la très grande reconfiguration géopolitique en cours, il est une construction qui est menacée, c’est l’État-national. Et singulièrement l’Etat périphérique. Ces « réformateurs » dont le verbe redouble d’agressivité à chaque chute des prix pétroliers se défaussent de leur responsabilité foncière dans l’état actuel de fragilité dangereuse des équilibres économiques stratégiques du pays en présentant au peuple la facture à payer, sous forme de Loi des Finance 2016. Il y a quelques années, le patronat et ses élites planchaient déjà, lors d’un symposium, sur la question de la facture en s’interrogeant ingénument : l’Algérie peut-elle satisfaire la forte demande sociale alors que ses ressources sont limitées ?

    Comme si c’était le petit peuple des salariés et des maigres retraites qui avait été à l’origine de la désindustrialisation, du désinvestissement, de l’explosion des importations tous azimuths et des consommations énergétiques, du boom des grosses fortunes, de l’évasion fiscale, de la fuite des capitaux, etc…

    Ils tirent argument de la conjoncture baissière du baril qui représente, on le sait, la donne-clé fondamentale dans l’élaboration des politiques économiques dans notre pays, pour exiger une relance du fameux triptyque libre-échange, IDE, privatisation qui a échoué – de l’aveu même des officiels – et qui nous a plombés dans le surplace depuis trois décennies comme nous allons le voir à travers l’examen de l’évolution de variables-clé de la politique économique ces dernières décennies.

     

    Une conjoncture pétrolière qui a évolué favorablement…

    Revenu brut moyen US $/TEP exportée(en dollars courants) 

    Période 1978-1988 1989-1999 2000-2010 2011-2015
    US dollar/TEP 165 116 312 597

     

    Mais qui n’a engendré aucune dynamique réelle de l’économie algérienne

    Taux de croissance annuelle moyen TCAM- 2000—2014

    Recettes d’exportation Hydrocarbures Importations PIB réel
    8,2% 13,8% 2,9%

     

    L’industrie, socle du système productif, parent pauvre de l’évolution : TCAM 2000-2013

    BTP Services Ind. Manuf Energie Hydrocarbures
    7,7% 6% - 2% 6, 5% -0, 6%

     

    Le secteur le plus dynamique de l’industrie nationale est celui de l’énergie électrique dontla production, il faut le rappeler, est assurée presque totalement à partir du gaz naturel. La génération électrique absorbe 40% environ de la consommation de cette énergie primaire.

    Durant les années 2000-2013, la croissance du PIB hors hydrocarbures et hors agriculture, a été stimulée par les activités de services, c’est-à-dire l’activité de transport (essentiellement routier) et le commerce (de détail essentiellement), dopées par le boom des importations de biens de consommation ainsi que par le BTP, 7,5%/an. Le dynamisme de la branche des services est fortement corrélé à celui des importations de marchandises qui ont cru de 500%  entre 2000 et 2013. La part de ce secteur dans la population occupée est passée de 40% en 2000 à 60% en 2013.

    Tandis que le secteur industriel ne représentait plus que 4% du PIB en 2012, on recensait cette même année 23.258 importateurs qui se partageaient une enveloppe devises de plus de 40 milliards de dollars.

    Désindustrialisation, désinvestissement

    Le secteur de la construction de logements et immobilière, ainsi que celui des infrastructures administratives et économiques ont été les principaux bénéficiaires des dépenses publiques d’équipement durant les années 2000-2013, en moyenne 36%, contre 0,16% à peine pour le secteur de l’industrie.

    Part des investissements du secteur industrie dans l’investissement public total -1990-2013

     

    Le paradoxe d’une croissance économique à la fois de contenu non industriel et énergivore

    Dynamique de la consommation énergétique finale durant les années 2000-2013

    Déclin des consommations industrielles

    Le secteur industriel ne  représente plus que le cinquième de la consommation énergétique. Hors BTP et matériaux de construction, il  n’occupe plus que la portion congrue de cette structure : 11,6%. 

    Le recul des consommations industrielles corrobore celui de la production industrielle hors branches des hydrocarbures et de l’énergie électrique, sur l’ensemble de la période. Entre 1989 et 2013, l’indice de la production industrielle hors secteurs de l’énergie a régulièrement baissé, -25%.En revanche, la branche des hydrocarbures affiche un accroissement de 31,5% et celle de l’énergie électrique de 314% environ. Le recul relatif des consommations énergétiques industrielles est également constatable  dans l’évolution de la structure des ventes physiques d’électricité et de gaz naturel. La part de la Haute tension baisse de 35% en 1980 à 20% en 2013.Même tendance pour le gaz où  la Haute pression descend de 68% à 34%.

    Les secteurs moteurs : Allocation à des fins improductives prédominantes d’une ressource rare et non renouvelable

    La croissance de la consommation énergétique a été tirée essentiellement par la demande des transports routiers (produits pétroliers), de la branche des matériaux de construction (gaz naturel et électricité) b,ranche à composante énergétique élevée en forte croissance : Matériaux de construction et cimenteries  pour les besoins de la construction immobilière ainsi que de l’infrastructure routière, ainsi que par la demande des secteurs résidentiels et résidentiels commercial et tertiaire en pleine expansion.Demande impulsée par la construction de routes, de logements, de parkings, le résidentiel commercial, l’habitat de rente. Déclin des autres branches

    Consommation énergétique finale par branche industrielle et secteur- TCAM 2001-2013

    Industrie Sider./Gaz Sider/elec. Chimie/gaz Chimie/elec. Autres ind./elec.
    4,55%   0,58%   0,12% 2,19% 2,0%  2,57%

     

    Autres ind./gaz  Mat. de const. MDC Gaz MDC Elec. Transport Ménages
    6,5% 5,8% 7% 4% 8,4% 4%

     

    L’énergie est utilisée de façon largement prédominante, comme bien de consommation et non comme facteur de production.

    La consommation énergétique finale ne traduit ni les priorités productives d’industrialiser le pays,  ni le profil de nos disponibilités, ni le souci de la contrainte devises, ni l’impératif de préserver l’environnement. Elle est en revanche caractérisée par de grandes disparités socio économiques croissantes et porteuses de risques pour la stabilité.

    Ces déséquilibres criants interpellent sur la question des orientations qui ont conduit à cette impasse

    Des choix économiques et sociaux fondamentaux

    Le marqueur énergétique est un révélateur pertinent de la nature sociale de ces choix

    Le choix d’infrastructures lourdes sur la consommation énergétique d’un pays ; urbanisme, logement, réseau de transport. Le mode de transport privilégie le secteur routier- autoroute Est-Ouest- contre le rail-, le véhicule particulier et la consommation des carburants déficitaires- diéselisation continue et grandissante du parc, couteux en devises et polluants. 97% du transport de voyageurs tout comme 97% du transport de marchandises se fait par route.71% de la consommation totale d’énergie des transports de voyageurs serait due à l’utilisation de la voiture particulière, et ce, pour assurer 48% de la demande totale de transport exprimée en voyageurs/km. Résultat :Entre 2000 et 2013, la consommation d’essences a doublé et celle de gas-oil a été multipliée par 2,68.En revanche, le GPL est très abondant mais totalement marginalisé. «SIRGHAZ», le carburant aujourd’hui le moins cher du marché algérien avec son prix de 9 DA/litre  ne représente que 3% dans le mix carburant et sa consommation stagne à un niveau bas.

    Durant la période 2000-2013, l’Algérie a importé un volume cumulé d’environ 7,2Mt de gas-oil et de 3,3Mt d’essences. Les importations au chapitre » Energie et lubrifiants » ont explosé, passant de 129 millions de dollars en 2000 à 4 955 millions de dollars en 2013.

    Le chemin de fer qui assurait en 1970 près de 30% du trafic national de voyageurs et de marchandises a vu sa part relative du marché réduite à 10% du trafic marchandises et à 15% du trafic voyageurs.Pour les déplacements urbains, avec la même dépense d’énergie, la distance possible est 11 fois plus importante en tramway et 2,5 fois plus importante en bus qu’en voiture. Avec la même consommation d’énergie, la tonne de frêt parcourt 5 fois plus de distance par cabotage maritime, 4 fois plus par train entier et 2 fois plus par voie fluviale que par poids lourd. Le transport en commun en bus consomme 13% de la consommation totale d’énergie pour satisfaire 30% de la demande. Le rail voyageurs1% de consommation pour /1% de demande ; le rail marchandises 1% de consommation pour 6% de la demande. Faible performance énergétique du système de transport en Algérie (énergie consommée par service de transport rendu Ce modèle ponctionne les réserves de pétrole et de change de l’Algérie. , Au choix délibéré mais anti économique du routier—s’ajoutent, les retards inexplicables dans le solaire, une fiscalité énergétique inexistante, le gaspillage énergétique du secteur énergétique lui-même..). Ce modèle pour couches aisées et riches ponctionne les réserves de pétrole et de change de l’Algérie. 

    La facture des importations de voitures : le coût de combien d’usines ?

    En 2013, les importations algériennes de voitures ont atteint le montant de plus de 7,33 milliards de dollars et le nombre a totalisé 554.269 unités contre 43 119 véhicules en 2000, soit 13 fois plus en…13 ans ! La facture totale de ces 13 années d’importation de véhicules s’élève à plusieurs dizaines de milliards de dollars sans compter celle de la pièce de rechange. Combien d’unités de montage et de postes d’emploi cette enveloppe aurait-elle servi à créer ? Le parc auto est passé de 2,9 millions de véhicules en 2000 à 5,5 millions en 2013, un parc de plus en plus diésélisé.

    Médicament : croissance des officines plutôt que des usines

    Les importations de médicaments (en millions de dollars)

    1975 1990 2013
    116 500 2280

     

    Inexistants au début des années 1990, les intervenants du secteur privé au stade de l’importation des médicaments et de la distribution grossiste regroupent, en 2008, 60 importateurs et 400 grossistes distributeurs. En 2013, la facture des importations de médicaments a atteint le montant de 2,28 milliards de dollars, soit 5 fois plus qu’en 1990 (500 millions de dollars)1 et 20 fois plus environ qu’en 1975 (116 millions de dollars)2 et ce, en dépit du dispositif fiscal avantageux mis en place par les pouvoirs publics au profit des laboratoires privés afin de limiter justement les importations et malgré l’option en faveur du générique et l’interdiction de l’importation des produits fabriqués localement.

    A l’ouverture du marché des médicaments au début des années 1990, il était prévu que les entreprises privées qui allaient se lancer dans l’importation s’installent au bout de 5 ans d’activités pour produire les nomenclatures de médicaments qu’ils importaient. Au contre leur nombre s’est multiplié et la facture a été multipliée par 4,22 en 23 ans. Les importateurs se sont conduit comme des commerçants considérant ce produit comme une marchandise comme les autres.

    LA STRATEGIE DU TRIPTYQUE : DU DISCOURS A LA REALITE

    Outre la libéralisation totale  du commerce extérieur - la conditionnalité - reine des programmes d’ajustement structurel du FMI (Le FMI n’accepte pas de gendarme qui contrôle ce qui entre et ce qui sort, déclare, à propos du commerce extérieur, son patron de l’époque, Michel Camdessus, à Abdesslam Belaid, alors Chef du gouvernement. Cf. La Tribune du 2 août 1995), privatiser pour attirer les IDE forme le complément systématique  des politiques d’ajustement du FMI et de  la Banque Mondiale. Les gouvernants algériens en ont fait les axes  d’orientation stratégique de l’économie et la preuve convaincante de leur engagement effectif dans la voie des  réformes libérales. De même,  les adhésions à la ZLE, la ZALE  et l’OMC sont  autant de «signes de notre volonté de s’intégrer au processus de mondialisation appréciés des investisseurs potentiels.

     

    LIBRE ECHANGE : un accord à sens unique

    L’accord sur la création, à l’horizon 2017, d’une zone de libre échange avec l’UE, avait été vivement salué lors de sa conclusion. Le ministre des Affaires étrangères de l’époque, Mohammed Bedjaoui avait jugé que l’association UE/Algérie était un succès politique. Son successeur au ministère, Abdelaziz Belkhadem qui, à ce titre, avait bouclé la série de négociations estimait, quant à lui, qu’ « avec cet accord, on perd une économie obsolète. Il se déclarait convaincu que la protection du produit national n’aurait pas servi à grand-chose. Ce serait, avait-il soutenu, une prime à la médiocrité et à la stagnation »3. Le ministre de l’Industrie et de la Promotion de l’investissement de l’époque, Abdelhamid Temmar, quant à lui, s’adressant à ceux qui exprimaient leur scepticisme quant aux bienfaits de cet accord, n’hésita pas, à l’occasion d’une conférence organisée par le Club Excellence Management, à affirmer « ne connaître aucun pays au monde qui ait été économiquement ni même politiquement fragilisé par son adhésion à la ZLE, mais qu’il connaît par contre des pays parmi lesquels nos voisins maghrébins qui en ont tiré grandement profité… Bien conduite, estimait-il, l’adhésion de l’Algérie à la ZLE pourrait se traduire positivement par un surcroît d’IDE, l’amélioration de notre système bancaire, la mise à niveau de nos entreprises et pourquoi pas l’émergence à terme d’un secteur privé performant »4. Le Docteur Abderrahmane Mebtoul insistait pour rappeler, pour sa part, que cet accord constituait une priorité dans le programme présidentiel 2004/20085. Le président du FCE, Réda Hamiani, était, lui aussi, au départ, favorable à l’accord d’association, estimant encore en septembre 2007 que le démantèlement allait profiter aux producteurs algériens6. L’Algérie allait bénéficier, pensait-on, de délocalisations et de sous-traitance. Des attentes estimées légitimes car, jugeait-on, à la mesure de la promptitude avec laquelle le gouvernement avait procédé au démantèlement tarifaire. On a offert sur un plateau tous les segments intéressants du marché intérieur autour desquels pouvaient se mouvoir et se développer les entreprises algériennes qui n’ont que le marché national de 32 millions de consommateurs.

    L’UE devait accompagner le processus de démantèlement tarifaire en accordant aux entreprises algériennes des mesures d’appui multiformes destinées à amortir le choc de l’ouverture..

    Cet accord, explique Réda Hamiani, était, à l’origine, « un accord sensé nous atteler à l’Europe dans une démarche de co-développement, d’investissement, de mise à niveau, etc7. Qu’en est-il en réalité ?

    L’accord en question qui a facilité les échanges a permis surtout de gonfler les importations de l’Algérie en provenance des pays de l’U.E. Selon les données du ministère du Commerce, leur montant est passé de 11,255 mds USD en 2005, année de la signature de l’accord d’association avec cette zone, à 29,49 mds USD en 2014 soit une augmentation de 162% en 10 ans. Au total, pour la période de 2005 à 2014, les pays de l’UE ont exporté vers l’Algérie pour 195 milliards de dollars. En contrepartie, les exportations algériennes hors-hydrocarbures vers les marchés européens, pour l’ensemble de cette période se sont établies au modeste niveau de 12,3 milliards de dollars, soit à peine 6,3% du montant cumulé des exportations européennes. « Le démantèlement tarifaire a déjà eu pour conséquence une perte de recettes pour le Trésor équivalente à 3 milliards de dollars. Le préjudice que l’Algérie aurait accusé en termes de recettes fiscales pour le Trésor de 2010 à 2017, est évalué à 8,5 milliards de dollars.

    Pour protéger son économie, l’Algérie a demandé à ses partenaires un report du démantèlement tarifaire qui devait marquer l’établissement de la zone de libre-échange entre eux. Celui-ci mettait en danger plusieurs filières de l’industrie nationale, mal protégées et mal préparées à la concurrence de produits européens admis sur notre marché sans taxes ni droits de douane

    L’ouverture économique «improvisée et non préparée a été fatale à bon nombre d'industries». «Hormis les secteurs de l'agroalimentaire et du bâtiment, tout est à reconstruire», a affirmé Réda Hamiani en soulignant que la production locale ne couvre aujourd'hui que 05% des besoins des consommateurs contre 18% dans les années 90 à cause d'une ouverture économique «improvisée et non préparée qui a été fatale à bon nombre d'industries».

    PRIVATISATION : La recette sans les ingrédients

    Des constats successifs d’échec

    Privatiser pour attirer les IDE : le FMI et la Banque Mondiale en ont fait un complément systématique des politiques d’ajustement. En signant, en 1995, un engagement avec le FMI et la Banque mondiale, les gouvernants algériens vont faire de la privatisation une préoccupation majeure. Selon le crédo libéral, elle est censée apporter une efficacité plus grande à la croissance d’une manière générale, la transition à l’économie de marché se mesurant, par ailleurs, par la prédominance de la place qu’occupe le secteur privé dans l’économie d’un pays. Pour les gouvernants algériens, la privatisation est considérée comme un signal d’attraction fort en direction des capitaux étrangers et la preuve convaincante de leur engagement effectif dans la voie des réformes libérales. Alors ministre de la Coordination des Réformes et de la Participation, Hamid Temmar, tout en confiant à une délégation patronale française, le 5 février 2000, que « l’Algérie allait privatiser et vite », révélait dans la foulée que cela allait concerner 903 entreprises publiques au total, dont 519 EPE et 384 EPL et 90% du tissu industriel public, les banques constituant, pour lui, la priorité des priorités en matière de privatisation. Il ne s’agit plus de réformer le secteur public, « nous n’allons pas assainir le secteur public. C’est clair et net. Nous vendons », insiste Hamid Temmar. Son successeur à ce poste, Noureddine Boukrouh, après avoir dénoncé les politiques menées avant lui, qui "n'ont rien produit parce que pleines de contradictions", faites théoriquement pour privatiser mais en fait "pour ne pas privatiser",« le processus de privatisation lancé entre 1995 et 2001 n’a pas donné les résultats escomptés », annonce le 2 avril 2001 un nouveau dispositif de privatisation, sur deux ans. La privatisation menée sous Temmar a été «un échec total», de l’avis de quasiment tout le monde. Sur plus de 1200 entreprises publiques proposées à la privatisation, à peine un tiers a été repris dans un processus conduit «n’importe comment», où l’on a privilégié «le copinage» et «le bradage», dixit l’économiste Camille Sari. 

    D’autres, comme l’ancien syndicaliste au complexe d’El Hadjar Smaïn Kouadria, y voit une opération de «corruption à grande échelle» qui a donné naissance à ceux qu’on nomme aujourd’hui «les nouveaux milliardaires».

    Amara Benyounes, ministre de l’Industrie est formel : « Le processus de privatisation des entreprises publiques a échoué ».

    L’objectif ne manque pas d’ambition : la privatisation doit nous apporter les capacités technologiques que nous n’avons pas, les capacités managériales dont nous sommes dépourvus et les marchés extérieurs sur lesquels nous devons commencer à prendre pied. Le questionnement porte sur la réalité des capacités technologiques, managériales et financières du secteur privé en Algérie.La privatisation est-elle en mesure de moderniser le potentiel industriel et d’en accroître la production ? Le tableau est fort éloigné de la vision optimiste qui semble animer les promoteurs de la privatisation

    Entre 2000 et 2011, 716 026 entités ont été crées dont 89% dans le tertiaire soit 34% dans les Services   et 55%  dans le commerce où plus de 84% de l’activité se concentre dans le commerce de détail.

    La répartition des PME privées par secteur d’activité montre la faiblesse caractérisée du nombre de PME industrielles pour espérer les voir relayer les entreprises du secteur public dans la relance économique sur base productive .

    À peine plus de 18 % de l’ensemble des PME privées sont de type industriel, le reste étant essentiellement des entreprises de services (près de 46 %) et de BTP (près de 35 %). Les entreprises spécialisées dans le secteur agroalimentaire sont essentiellement de type familial, ne maîtrisent pas le processus d'exportation et ignorent les exigences réglementaires. La branche des industries agro-alimentaires (IAA) ne compte que 5.000 entreprises, seules cinq entreprises exportent régulièrement, en majorité des produits de terroir comme l'huile d'olive et les dattes ainsi que le sucre raffiné. Ce « qui marche », c’est le commerce de mobiles,  d’automobiles, la spéculation immobilière, les services. Les PME qui sont dans la production, souligne Réda Hamiani, « sont malades». Lors d’une réunion avec les représentants du patronat et de la centrale syndicale UGTA, en novembre 2012, le Premier ministre Abdelmalek Sellal a révélé que seulement 15% des entreprises algériennes sont connectées à un réseau Internet, à peine 9% ont une adresse électronique et aucune entreprise ne propose sur son site un catalogue des produits qu’elle veut commercialiser.

    Un privé qui recherche des gains à court terme, peu enclin à investir dans la sphère productive

    La part des crédits allouée au secteur privé est plus importante que celle dédiée au secteur public, et ce, depuis 2005. La part des crédits octroyés au secteur privé est passée de 14,8% en 1997 à 57% en 2007, elle s’établit à 52% en 2012. Mais ces crédits ne sont pas orientés vers l’investissement productif qui reste le parent pauvre. Les crédits à l’importation, estimés à un peu plus de 12 milliards de dollars, sont plus importants que ceux alloués à l’investissement productif. Candidat à la reprise de Michelin, le patron de Cevital, Rebrab avait prévu de transformer le site industriel en d’autres activités, commerciales

    Le secteur des concessionnaires automobiles engrange un chiffre d’affaires annuel de quelque 700 milliards de dinars, des sommes transférées à l’étranger, sans compter les dividendes de l’activité des concessionnaires. De toutes ces sommes faramineuses, seuls 3% à 6% des résultats de l’exercice sont versés au Trésor public.

    L’échec de la privatisation d'El Hadjar

    Le complexe, propriété de l'Etat algérien, avait été racheté à 70% en 2001 par l'indien Ispat, qui appartient au groupe Mittal. Il devait doper la siderurgie algérienne, il l’a dupée, en fait. Le bilan est négatif : sous-investissement, dégradation des installations et équipements, fermeture des sites de production essentiels, réduction des effectifs et pas d'amélioration des conditions de travailLa cokerie mise à l’arrêt depuis la fin 2010 car la multinationale indienne n’ayant pas intérêt à la réhabilitation de cette structure, préférait s’appuyer sur le coke que le groupe produit dans ses usines européennes, le coke importé «à moindre coût» pour alimenter le haut fourneau

    Le complexe, faut-il le souligner, n’a pas concrétisé les prévisions du  million de tonnes d’acier annuellement depuis sa reprise par ArcelorMittal en 2001. La production d'acier prévue pour 1 million de tonnes a chuté à 600 000 en 2012, puis a carrément dégringolé en 2013 et 2014 pour se situer à 300 000 tonnes aujourd'hui au moment où la demande nationale a explosé pour atteindre pour les seuls ronds à béton et fils pour machines, environ 4 millions de tonnes, ce qui signifie qu'El-Hadjar ne fournit le marché national qu'à moins de 10%. L'importation lui coûte annuellement environ 10 milliards de dollars. La Banque extérieure d’Algérie (BEA), a été obligée de lui accorder un crédit bancaire de 14 milliards de dinars, dont 9 milliards destinés au rachat de la dette d'ArcelorMittal auprès de la banque.

    L’IDE, au compte-goutte et à puissant effet de levier

    Un quart de siècle après les premiers signaux concrets d’ouverture à l’investissement étranger émis par la loi sur la monnaie et le crédit de 1990, suivis d’une succession de Codes toujours plus soucieux, les uns que les autres, d’attractivité et de dispositions incitatives en faveur du capital étranger, celui-ci ne s’est guère précipité pour investir. . Pourtant, dans un schéma, disons idéal, de division régionale du travail, l’Algérie forte de ses atouts énergétique et de proximité géographique mais plus généralement la région euro-méditerranéenne représente, pour les économies européennes, dans le contexte de crise structurelle qu’elles traversent depuis plusieurs années, un espace de choix privilégié pour recomposer leur tissu industriel et redéployer leurs chaines de valeur, ouvrant, en même temps, à notre pays l’opportunité historique de répondre aux défis du développement d’un tissu productif diversifié et générateur d’emplois valorisants et gratifiants pour notre jeunesse. Un peu sur le modèle de celui qu’a impulsé le Japon, en Asie du Sud Est, dans les années 1980 ou l’Allemagne en Europe centrale, dans les années 1990 ; modèle, il est vrai, où les considérations géostratégiques et géopolitiques ont pesé autant sinon plus que les considérations économiques On nous dit, l’attirail algérien, si on ose s’exprimer ainsi, ne serait pas convaincant. S’il y a une faible attractivité pour les IDE, ce serait dû à l’inefficacité des dispositifs d’encouragement. La thèse du manque d’incitations internationales comme explication de la faible attractivité du pays ne tient pas la route. L’Algérie a ratifié 83 accords internationaux incitatifs à l’IDE dont 46 accords bilatéraux et 6 accords internationaux d’investissements, 42 conventions de protection réciproque et des investissements, 27 conventions fiscales de non double imposition mais en dehors des hydrocarbures point d’IDE ou presque. Les experts internationaux reconnaissent qu’il n’y a aucune grande entreprise qui ait investi en Algérie et qui ait échoué, qui n’ait pas rentabilisé son investissement. Le Président de la section algérienne du Comité national des Conseillers du commerce extérieur de France, Mr Michel Bissac lui-même reconnait qu’ « aucune entreprise française ne fait face à des blocages en termes d’investissement en Algérie. » La question, nous concernant, est : est ce que nos partenaires occidentaux qui dominent nos échanges commerciaux depuis près de quatre décennies sont vraiment intéressés par l’investissement productif hors hydrocarbures en Algérie ? Force est de le constater : l’Algérie est, pour ces pays, une destination commerciale fructueuse et très prisée mais pas une terre d’IDE sinon au compte-goutte et à puissant effet de levier, dans un rapport de 1 à 5 en moyenne. Le total des transferts des associés de Sonatrach  s’est élevé à 30 310,6 millions de dollars entre 2009 et 2014 pour une recette d’exportation totale cumulée durant cette période de 441 988,3 millions de dollars soit un taux de transfert moyen de 6,857% des recettes d’exportation

    IDE et transferts des associés de Sonatrach2000-2014

    Ces dix dernières années, l’Algérie a importé pour près de 200 milliards de dollars de l’Union Européenne, en contre partie, durant la même période, les investissements de cette région en Algérie ont représenté moins de 4% de ce montant et encore essentiellement dans les hydrocarbures.

    L’Algérie est le premier marché africain des produits agricoles français, un statut objectif de client stratégique de 1er plan mais qui ne s’est traduit par aucune construction d’usine, aucun investissement productif.

    Même constat à propos du marché du médicament qui atteint à présent des montants annuels de 3 milliards de dollars environ où les officines fleurissent mais pas les usines. L’Algérie est le 10 ème pays importateur de médicaments de la France
    Sans parler du secteur énergétique où l’Algérie a investi entre 2000 et 2013, une enveloppe globale de près de 100 milliards de dollars. Des investissements appelés à croître encore. Le seul marché de la pièce de rechange industrielle de Sonatrach représente en moyenne 3 à 4 milliards de dollars d’importation par an.

    Nos partenaires préfèrent le commerce aux IDE, pourquoi ? Parce que c’est un marché acquis ! En 35 ans, de 1978 à 2013, les parts de marché de nos fournisseurs traditionnels se sont remarquablement maintenues. En moyenne : entre 19% et 15% pour la France, entre 12% et 10% pour l’Italie, entre 5%et 9% pour l’Espagne, entre 6% et 4% pour les USA. La courbe de l’évolution des importations totales en milliards de dollars est équivalente à celle des importations à partir de la France

    En réalité, le point aveugle de ces approches est l’ordre économique mondial considéré de fait comme un donné auquel il faut s’adapter « au mieux de nos avantages et de nos intérêts ». Comme s’il suffisait d’ouvrir la porte pour que le capital étranger entre
    La question des motivations réelles des investisseurs étrangers est curieusement absente des élaborations de nos experts. Ces motivations sont-elles réellement fonction de la qualité de l’attirail, du moins pour ce qui est de l’Algérie. La rationalité qui guide les arbitrages des investisseurs entre tel ou tel placement tel ou tel investissement, tel ou tel pays n’est pas fonction de nos « efforts d’adaptation ».A fortiori dans le contexte de crise mondiale actuelle où c’est la rationalité du sauve- qui- peut qui domine chez les investisseurs internationaux. Depuis bientôt 8 années, le monde assiste, apparemment impuissant, aux métamorphoses brusques, violentes et imprévisibles de la crise qui a frappé, en 2007-2008, le système financier des Etats-Unis, clé de voute de l’ordre capitaliste mondial, le fracturant de l’intérieur même de son intime mécanisme. Cette crise qui a d’abord évolué en crise de dimension économique et sociale, puis en crise politique, dégénère, à présent, le verbe n’est pas fort, en crise géopolitique. Une crise de nature systémique et de proportion globale sans issue visible qui fait rappeler aux analystes qu’il a fallu au système capitaliste, 15 ans et une guerre mondiale pour sortir de celle de 1929. L’horizon de profit s’est raccourci de manière drastique, n’offrant plus que la spéculation financière et boursière et les guerres comme débouché rentable au capital. C’est l’immédiat qui tient lieu et place d’avenir.

    Il faut savoir que les Firmes multinationales sont tout simplement à la recherche de la liberté totale, celle d’investir là où elles veulent, le temps qu’elles veulent, pour produire ce qu’elles veulent, en s’approvisionnant là où elles veulent, et en ayant à supporter le moins de contraintes possible en matière de droit du travail et de conventions sociales. Elles peuvent toujours trouver d’autres espaces dans lesquels les salaires sont plus bas, les incitations fiscales et financières plus excitantes, le marché plus grand, le droit de l’environnement moins contraignant, etc, etc, etc. Pour reprendre l’image de l’expert pétrolier international Nicolas Sarkis, elles sont aujourd’hui, «  comme un chasseur qui se voit sollicité de choisir son gibier aux quatre cois du monde. Comment peut-on réussir dans ce benchmark effréné du plus attractif qui finit par laminer les marges de manœuvre de la politique nationale en la réduisant à des mesures d’amélioration du climat des affaires.

    Contre la stratégie de gestion de l’impasse,  travailler à remettre en perspective le projet émancipateur et social

    L’économie algérienne est- elle fatalement condamnée à faire du surplace et nos gouvernants à se contenter de «  faire tourner le ballon » ? Les questions posées dans les années cinquante par l’économie du développement restent pertinentes. Comment assurer la transition d’activités faiblement productives, où les possibilités d’évolution technologique et de gains de valeur ajoutée sont limitées, vers des activités fortement productives offrant de meilleures possibilités d’innovation et d’accroissement de la valeur ajoutée, devient alors le cœur du changement structurel et plus généralement du développement de l’économie. Ce qui distingue la manufacture des autres secteurs c’est la capacité à générer des rendements dynamiquement croissants. L’industrie manufacturière génère aussi des externalités dans le développement technologique, la création et l’acquisition de compétences. Pour les PED, la croissance et le développement ne consistent pas à repousser les frontières de la technologie mais plutôt à réorienter la structure de la production vers des activités à plus forte productivité.(Cf. Rapport sur le développement industriel. 2013. ONUDI)

    Où se trouvent véritablement, les sources essentielles des mécanismes de blocage du passage à une économie productive, à la diversification du PIB et de nos échanges internationaux. En un mot, des mécanismes qui nous condamnent au rôle de sous-périphérie plombée dans le sur-place.

    La casse libérale y est pour l’essentiel. L’expérience industrielle de l’Algérie a été de trop courte durée pour enclencher le processus de changement dans ses multiples facettes. L’apprentissage technologique qui aurait permis à la main-d’œuvre d’assimiler la logique de fonctionnement d’un système productif à base industrielle n’a pas eu lieu. Mais fondamentalement et l’exemple de notre pays le montre, l’impasse est de naturelle structurelle et elle traduit l’impossibilité radicale d’apporter les réponses qu’exige le développement économique et social de nos pays dans le cadre de la dépendance de la mondialisation capitaliste. Il est impératif de s’émanciper des rapports de puissance porteurs de logiques systémiques de dépendance et de sous-développement, en un mot à bâtir une cohérence alternative nouvelle.

    La crise exige une réponse centralisée de l’Etat, un secteur public fort entendu comme principal instrument de la maîtrise économique, car « là où est la propriété, là est le pouvoir ».

    Or l’Etat s’est-il donné les moyens politiques et institutionnels de repousser les limites actuelles de ses marges de manœuvre pour s’armer des capacités d’agir en tant que moteur et acteur majeur incontournable de la sortie du sous-développement, renforcer ses fonctions de garant de l’équité et de réducteur des inégalités et des injustices, du respect des priorités productives et environnementales et regagner ainsi sa légitimité dans toutes ses fonctions tant régaliennes qu’économiques.

    Sans les ruptures radicales qu’exige une politique effective de développement national, enraciné, ces régimes ne peuvent se donner les politiques qui répondent aux aspirations de leur jeunesse et de leurs peuples. En revanche, cette politique, hantée par les risques réels de déstabilisation, ne s’attaque pas, en vérité, à ce qui en constitue les racines politiques, économiques et sociale, car prisonnière des pressions des intérêts des forces de l’argent qui imposent les limites à ne pas franchir. Dictée par la conjoncture et la préoccupation de ne pas perdre le pouvoir, cette politique aux allures tactiques défensives de « faire tourner le ballon », n’est pas, cependant, un jeu à somme nulle. Elle conforte les privilèges mal acquis et les agissements des prédateurs de l’économie nationale, dont elle aggrave les vulnérabilités, creuse davantage les inégalités et érode en définitive les capacités de réponse aux menaces impérialistes dans la région et à nos frontières.

    Par Abdelatif Rebah.

     
  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Nouveautés sur AURDIP

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    • Bulletin d’information : Technologie à double usage – comment l’Europe finance les entreprises militaires israéliennes à travers Horizon 2020
      | ECCP

      Les fonds de l’Union européenne pour la recherche ont été une source très importante de financements pour les universitaires, entreprises et institutions d’État israéliens. Alors qu’Israël n’est pas un pays de l’UE, depuis 1995 les demandeurs israéliens sont en mesure d’accéder aux fonds de l’UE pour la (...)

    • Is Zionist a rude word ?
      | Open Democracy |Jonathan Rosenhead |Tribunes

      Words trail meanings beyond their formal definitions. Raymond Williams in his Key Words leads us through the dizzying journeys that words we thought we knew well have taken over their history. For example, who nowadays brings to mind what ‘Protestants’ were protesting about ? Or take ‘fascism’. (...)

    • Le “S” de BDS : enseignements de la campagne contre Elbit Systems
      | Maren Mantovani & Jamal Juma' for al-Shabaka

      Des sociétés d’armement israéliennes telle Elbit Systems paraissent invincibles, pourtant l’industrie d’armement israélienne est plus vulnérable qu’il n’y paraît. Marne Mantovani, auteure invitée d’Al-Shabaka et le conseiller politique Jamal Juma’ examinent les tendances nationales et mondiales et identifient des chemins à suivre pour que les militants des droits humains poursuivent leurs actions afin de mettre Israël devant ses responsabilités face au droit international.

  • Quimper Palestine (Afps)

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    « Trois mois en Palestine aux côtés des Israéliens et des Palestiniens partisans d’une paix juste »


    Témoignage de Corinne et Laurent Mérer

    Réunion publique le vendredi 16 septembre à 20h 30

    aux Halles Saint François, Rue de la Grandière, Quimper

    AFPS Pays de Cornouailles

     

    http://www.france-palestine.org/Trois-mois-en-Palestine-aux-cotes-des-Israeliens-et-des-Palestiniens-partisans

  • L’AFPS à la fête de l’Humanité 2016

    Du 9 au 11 septembre 2016 - Stand AFPS - Avenue Che Guevara - village du monde

    L’ensemble du stand sera sous le thème « Palestine : on ne nous fera pas taire – Boycott, Désinvestissement, Sanctions ».

    Les thèmes BDS et liberté d’expression, réfugiés et prisonniers seront au centre de nos préoccupations.

    Nous avons conjointement souhaité ouvrir notre stand sur celui de l’association pour le jumelage entre les camps de réfugiés palestiniens et les villes françaises (AJPF) ce qui permettra une meilleure circulation entre nos stands et d’initier des actions communes sur les réfugiés ou les prisonniers politiques palestiniens.

    Vendredi 9/09

    • 15h - Ouverture du stand
    • 19h - inauguration du stand - Apéritif et rencontre

    Samedi 10/09 -

    • 11h - "Les réfugiés palestiniens aujourd’hui"

    Intervenants : Attalah Salem et Rania Madi, BADIL - Thaer Alsahli, journaliste et réfugié du camp de Yarmouk (Syrie) - Ahmad Dawud, réfugié palestinien du Liban - Khaled Yamani

    Animation : Claude Leostic (AFPS) et Isabelle Tordjmann (AJPF)

    • 17h - "Israël : un processus de fascisation ?

    Intervenants : Aida Tuma Sliman, députée arabe du Hadash (joint list) à la Knesset - Fadwa Khader, membre du bureau politique du Parti du peuple palestinien (PPP)

    Animation : Jean-Paul Roche, vice-président de l’AFPS

    Dimanche 11/09

    * 11h - "BDS : un outil pour imposer le droit"

    Intervenants : Guy Perrier, membre du BN et responsable du groupe de travail BDS de l’AFPS, BDS France (nom de l’intervenant à venir), AURDIP (à confirmer)

    Animation : Taoufiq Tahani, président de l’AFPS

    • 15h30 - animation culturelle

    Que faire au stand de l’AFPS ?

    Se détendre : boire une bière palestinienne Taybeh ou un thé au bar en dégustant des gâteaux.

    Découvrir : trouver des livres, des T-shirts, des affiches ou encore de l’artisanat palestinien (huile d’olive, keffiehs, broderies).

    Rencontrer : des Palestiniens, des militants, des élus, des universitaires tous solidaires du peuple palestinien.

    S’engager : s’inscrire pour parrainer un enfant palestinien, signer une pétition, adhérer à l’association.

    Comme chaque année on trouvera sur le stand un espace débat, un bar, une librairie et une table de vente de matériel. Vous pourrez aussi y signer des pétitions et y trouver du matériel d’information sur la Palestine.

    Sur le stand de l’AJPF :

    projections de films (BADIL), cartes postales (de délégations de l’AJPF), photos (BADIL), exposition, stand musique ("Refugees of rap" sur la scène Zebrock le 9 à 17h et "Alkamanjati" sur le stand de l’AJPF), cuisine

    AFPS, samedi 3 septembre 2016

    http://www.france-palestine.org/L-AFPS-a-la-fete-de-l'Humanite-edition-2016

  • Sahara Occidental : Les prisonniers en grève de la faim (El Watan)

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    Les prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik ont entamé, vendredi, une grève de la faim de 48 heures pour demander le règlement de leur situation et protester contre les conditions inhumaines et les mauvais traitements perpétrés à leur encontre de la part de l’administration de la prison marocaine, a rapporté hier l’APS citant le ministère des Territoires occupés et de la Communauté sahraouie établie à l’étranger.

    Les autorités marocaines ont procédé récemment au transfert de 21 prisonniers politiques sahraouis du groupe de Gdeim Izik depuis la prison de Salé à El Aarjat, après l’annonce de la Cour de cassation marocaine, le 27 juillet dernier, du jugement des 23 condamnés dudit groupe et le renvoi de l’affaire devant une juridiction pénale de droit commun.

    En novembre 2010, des affrontements ont éclaté au Sahara occidental occupé, lorsque les forces de sécurité marocaines ont démantelé un camp sahraoui à Gdeim Izik, où des milliers de Sahraouis manifestaient pour des revendications sociales et économiques. Des centaines de Sahraouis ont été arrêtés et 25 d’entre eux ont été condamnés par un tribunal militaire à de lourdes peines d’emprisonnement allant de 20 ans à la perpétuité.

    Les prisonniers politiques sahraouis avaient mené plusieurs fois des grèves de la faim pour protester contre leur incarcération arbitraire et leur jugement inéquitable. Des organisations internationales ainsi que les familles des prisonniers ont, à plusieurs occasions, demandé un procès équitable, conformément au droit international dans ce dossier, puisqu’il s’agit de détenus politiques.

    De son côté, le Haut-Commissariat de l’ONU aux droits de l’homme a exprimé son inquiétude face aux rapports attestant que les accusés sahraouis avaient été torturés et maltraités pendant leur détention provisoire. «Le recours aux tribunaux militaires ou d’exception pour juger des civils soulève de sérieux problèmes quant à l’équité, l’impartialité et l’indépendance de l’appareil judiciaire», a déclaré le porte-parole du Haut-Commissariat onusien.

    Trois ans après le verdict du procès, la Cour de cassation marocaine a ordonné la tenue d’un nouveau procès devant une juridiction civile. Fin août, l’eurodéputée espagnole Paloma Lopez a exhorté l’Union européenne à prendre toutes les mesures nécessaires afin de garantir le respect des droits de l’homme au Sahara occidental par les autorités d’occupation marocaines.

    Elle a préconisé ainsi la suspension de l’Accord d’association avec le Maroc, eu égard à «l’échec de la politique du dialogue». «Compte tenu du niveau d’utilisation de la violence contre les prisonniers politiques sahraouis et l’échec de la politique européenne fondée uniquement sur le dialogue avec les autorités marocaines d’occupation et institutions connexes, d’autres mesures sont nécessaires pour garantir le respect des obligations du Maroc en matière des droits de l’homme, y compris la suspension de l’accord d’association», a-t-elle plaidé dans une question écrite adressée à la chef de la diplomatie européenne, Federica Mogherini.

     04.09.16

    http://www.elwatan.com/sahara-occidental-les-prisonniers-en-greve-de-la-faim

  • Nouveautés "Syrie"

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    La syrie DANS L'ETAU (Gilbert Achcar)

    « Bouclier de l’Euphrate », l’intervention en Syrie: Erdogan s’en va-t-en guerre

    Daraya, Jarablus : Escalade militaire en Syrie sur fond diplomatique

    Géopolitique de la guerre civile en Syrie

    Comprendre la bataille d’Hassaké entre le régime et les kurdes

    Comment le régime Assad contrôle l’aide de l’ONU destinée aux enfants syriens

    États-Unis : Terre d’accueil douce-amère pour les réfugiés syriens

     

     

  • La guerre d’Israël contre les ONGs prend un tour très inquiétant (Chronique de Palestine)

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    Guerre israélienne contre les ONGs

    Ramzy Baroud – “Tu mérites de voir souffrir et mourir tes proches et ceux que tu aimes. Mais peut-être seras-tu frappé avant eux,” était une partie du message de menace reçu par un membre de l’équipe de direction d’Al-Mezan, une organisation de défense des droits de l’homme, basée à Gaza.

    Al-Mezan, avec trois autres organisations palestiniennes – Al-Haq, Addameer et le PCHR (Palestinian Center for Human Rights) – s’active beaucoup à faire avancer une plainte contre Israël devant l’ICC (International Criminal Court) sous l’accusation de crimes de guerre en Palestine, particulièrement durant la guerre contre Gaza en 2014.

    En avril 2015, l’Autorité Palestinienne (AP) a officiellement signé le Status de Rome et dans le mois de novembre qui a suivi, les organisations sus-mentionnées ont présenté un ensemble substantiel de faits prouvant qu’Israël devait être suspecté de crimes de guerre et de crimes contre l’humanité.

    Mais même avant cette date, la guerre contre les organisations non-gouvernementales (ONGs) de défense des droits de l’homme battait déjà son plein. Les restrictions imposées aux ONGs israéliennes qui s’opposent à l’occupation par Israël de la Palestine sont tout sauf récentes. Mais dans tous les cas, les pressions, les violences, les restrictions de mouvement, les intrusions violentes dans les bureaux des associations et les arrestations [kidnappings], sont les ingrédients de la politique israélienne contre les ONGs palestiniennes de défense des droits humains.

    “Depuis septembre 2015, plusieurs organisations se sont retrouvées confrontées à de dures campagnes d’intimidation dont l’objectif est de les discréditer et de générer un sentiment d’insécurité dans leurs équipes de direction,” écrit Amjad Iraqi dans le journal en ligne +972Mag. “La campagne de harcèlement a culminé en menaces de mort contre deux personnes : un des premiers avocats d’Al-Mazen, et Nada Kiswanson, une juriste suédoise et palestinienne qui représente l’organisation al-Haq à la Haye.”

    Israël, sans aucun doute, se sent remis en question. Il voit avec inquiétude que son premier slogan – qu’il serait un oasis de démocratie dans un aride désert d’autoritarisme – a vraiment du plomb dans l’aile. Son occupation, ses guerres et son blocus à Jérusalem-Est, en Cisjordanie et à Gaza, et la dissémination sur Internet et les réseaux sociaux d’informations et d’images sur ses pratiques, rend impossible la poursuite de sa hasbara [propagande] officielle. Donc, la colère l’a poussé à réagir.

    La Knesset israélienne a mis les bouchées double pour voter des lois et en proposer de nouvelles afin de limiter le travail des ONGs de défense des droits humains comme de toute organisation civile qui paraîtrait critique à l’égard du gouvernement, et montrerait de la sympathie pour les Palestiniens.

    Des lois liberticides

    La “Loi sur les ONGs” est maintenant effective. Elle oblige ces ONGs à déclarer leurs sources de financement et punit celles qui s’en abstiennent. Elle permet aussi de prélever de lourdes taxes sur ces financements, même s’ils sont dûment déclarés. L’Union Européenne et le gouvernement des États-Unis ont prévenu Israël contre ce genre de lois. La loi sur les financements des ONGs est cependant rédigée dans une terminologie si opaque que cela permet au gouvernement israélien de s’en prendre à ces organisations sans paraître trop vindicatif ou politiquement motivé.

    « Ce qui arrive en Israël aujourd’hui, c’est le fascisme, » a déclaré David Tartakover, cité par le journal britannique The Guardian. Tartakover – l’artiste qui a conçu le logo de la campagne « la Paix Maintenant » dans les années 70 – parle « d’une régulière poussée dans les restrictions » qui a débuté en 1995 (à la suite de l’assassinat du premier ministre israélien Yitzhak Rabin sous les coups d’un juif d’extrême-droite) mais qui s’est accélérée à partir de l’année dernière.

    Un exemple parmi d’autres est la loi sur « la loyauté dans la Culture » qui, selon Michael Griffiths, rappelle « quelque chose comme le roman ‘1984’ ». Mais il ne s’agit pas de fiction. Cette loi s’attaque aux artistes et aux auteurs et saisit les fonds des organisations dont la production est considérée comme contestable par les dirigeants politiques israéliens.

    Ceci a conduit à la censure du roman « Borderlife » écrit par l’israélienne Dorit Rabinyan, qui dépeint une histoire d’amour entre un homme palestinien et une femme juive. Le ministre israélien de l’Éducation, l’ultra réactionnaire Naftali Bannett, a interdit le roman sous le prétexte qu’il serait une défense d’une « assimilation » entre juifs et arabes.

    Avec aujourd’hui le gouvernement le plus réactionnaire de toute l’histoire israélienne, et un parlement du même acabit, l’avalanche de lois répressives va très probablement se poursuivre.

    Un débordement de propos violents et racistes

    Cependant, alors qu’en Israël les organisations et les artistes dissidents sont menacés par la censure et la confiscation de leurs fonds, les Palestiniens sont soumis à des conséquences bien plus graves. Pour s’en faire une idée, il suffit de relever le langage utilisé dans une conférence organisée il y a peu par le journal israélien « Yediot Aharonot ».

    Selon le journaliste d’investigation Richard Silverstein, la conférence, qui passa l’essentiel de son temps à s’en prendre à la campagne BDS (Boycott, Désinvestissement et Sanctions), s’est transformée en « véritable carnaval de haine ».

    « Depuis les ex-célébrités hollywoodiennes jusqu’aux ministres en exercice et le chef de l’opposition… tout le monde a juré fidélité à la cause, » écrit-il.

    S’y trouvaient des officiels de premier rang, dont le ministre en charge du renseignement, Israël Katz qui avait appelé au « meurtre civil ciblé » des responsables de la campagne BDS comme Omar Barghouti. Toujours selon Silverstein, les termes employés par Katz étaient “sikul ezrahi memukad” « dérivant de l’expression en hébreu qui sert d’euphémisme pour parler de l’assassinat ciblé d’un terroriste, ce qui littéralement signifie « une mise en échec ciblée ».

    Travaillant main dans la main avec divers gouvernements occidentaux, la perception israélienne du mouvement non-violent BDS en arrive au point de vouloir traiter un mouvement de la société civile comme une organisation criminelle. Le mouvement BDS a de façon constante exigé des comptes de la part des gouvernements et entreprises en Occident qui collaborent d’une manière ou d’une autre aux violations israéliennes des droits humains et de la loi internationale.

    Un fascisme qui tend à se répandre ?

    Les récentes menaces de mort contre des militants des droits humains – qui ne font que réclamer le respect de la loi internationale et la justice pour les milliers de Gazaouis civils tués durant les dernières guerres – représentent une évolution toute logique dans l’activisme permanent d’Israël.

    Tandis que restreindre l’activité des organisations indépendantes de défense du droit est une affaire habituelle pour les gouvernements du Moyen-Orient, la campagne israélienne actuelle n’en est que plus dangereuse du fait qu’elle reçoit très peu de couverture médiatique et trouve même un certain soutien auprès du gouvernement des États-Unis et d’autres gouvernements occidentaux.

    Une des dernières manifestations en est la loi récemment votée au parlement (majorité Démocrate) du New-Jersey et signée par le gouverneur Chris Christie. Le New-Jersey est maintenant le dernier en date des états US à avoir mis hors la loi la campagne BDS et à menacer de représailles les compagnies qui appliquent le boycott d’Israël.

    Si la pression s’avère insuffisante, Israël va continuer à s’attaquer aux ONGs, à menacer leurs militants et à restreindre les activités de quiconque se permettra d’être critique.

    « Ce qui se passe aujourd’hui en Israël, c’est du fascisme, » nous dit Tartakover. Et il a bien évidemment raison !

    vendredi 2 septembre 2016

    A1 

    Dr Ramzy Baroud écrit sur le Moyen-Orient depuis plus de 20 ans. Il est chroniqueur international, consultant en médias, auteur de plusieurs livres et le fondateur de PalestineChronicle.com. Son dernier livre, Résistant en Palestine – Une histoire vraie de Gaza (version française), peut être commandé à Demi-Lune. Son livre, La deuxième Intifada (version française) est disponible sur Scribest. Visitez son site personnel.

    24 août 2016 – Palestine Chronicle – Traduction : Lotfallah

    http://chroniquepalestine.com/guerre-disrael-contre-ongs-prend-tour-tres-inquietant/

  • La gauche kurde seule contre tous (Alternative Libertaire)

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    Viyan Qamislo: Cette milicienne YPJ est tombée face à Daech, sur le front de Manbij.

    Ça devait bien finir par arriver : les impérialistes occidentaux lâchent les YPG pour complaire à Ankara. La parenthèse ouverte il y a deux ans à Kobanê se referme. Mais il n’y a pas le choix : la lutte continue.

    Avec l’entrée de l’armée turque en Syrie le 24 août, la guerre civile entre dans une nouvelle phase. Ce pays martyr est, plus que jamais, le jouet des rivalités entre puissances impérialistes – iraniennes, turques, russes, américaines, françaises, britanniques, saoudien- nes, émiraties, qataries…

    Dans ce bourbier cruel, Alternative libertaire soutient, depuis 2014, les forces de la gauche kurde – le PYD et les milices YPG-YPJ, aujourd’hui fer de lance de la coalition arabo-kurde Forces démocratiques syriennes (FDS). Si AL soutient la gauche kurde, ce n’est pas seule- ment parce qu’elle est « notre meilleur rempart contre Daech » comme on l’entend trop souvent dans la bouche de certains Occidentaux, mais surtout parce qu’elle est la seule force politique à proposer un projet fédéraliste, démocratique, féministe et, d’une certaine façon, laïque, pour le Moyen-Orient.

    Un projet où toutes les composantes culturelles de la région – arabes, kurdes, turkmènes, sunnites, chiites, chrétiennes, yézidies… – puissent vivre à égalité. En ce sens, elle est le rempart de toutes et tous les amis de la liberté et de l’émancipation.

    Pour tout le monde, c’est une évidence : l’armée turque n’est pas entrée en Syrie pour combattre Daech ; et pas vraiment non plus pour combattre Bachar ; elle n’a occupé la région de Djarabulus que pour empêcher la jonction des cantons d’Afrin et de Kobanê, et donc l’unifi- cation territoriale du Rojava (Kurdistan syrien). Ankara amorce ainsi la constitution de la « zone tampon » qu’elle annonce depuis des années, et qui lui permettra de continuer à contrôler les filières djihadistes qui partent de son territoire pour rejoindre Raqqa, la capitale du « califat ». Au passage, l’armée turque a pilonné les positions des FDS, et bombardé plusieurs villages sous leur contrôle, faisant des dizaines de morts.

    Le Rojava, un pion sur l’échiquier impérialiste

    Depuis la bataille de Kobanê (septembre 2014-juin 2015), la gauche kurde a accepté le sou- tien financier et matériel de certaines puissances étrangères (Russie, États-Unis, France…) pour ne pas rester isolée face à d’autres (Iran, Turquie, régime de Damas…). Si on veut voir le verre à moitié plein, on peut dire qu’elle a joué, avec une habileté certaine, un impérialisme contre un autre. Si on veut voir le verre à moitié vide, on peut dire qu’elle a joué un jeu dange- reux. Car évidemment les impérialistes ne voient dans le Rojava (Kurdistan syrien) qu’un pion sur leur échiquier. Et c’est ce pion qu’ils sont en train de sacrifier.

    Lâchage de Washington, Moscou et Paris

    Mis devant le fait accompli, les États-Unis essaient, en vain, de limiter les affrontements entre leur allié historique dans l’Otan (la Turquie) et leur allié de circonstance (les FDS). Mais, fonda- mentalement, John Kerry s’est empressé d’assurer Ankara de sa loyauté et de prendre ses distances avec les FDS. Dès le 26 août, il déclarait à Genève :

    « Nous sommes pour une Syrie unie. Nous ne soutiendrons aucune initiative kurde indépen- dante. Il y a eu un certain engagement limité, comme chacun le sait, avec une composante de combattants kurdes, sur une base limitée, et nous avons coopéré très étroitement avec la Turquie pour bien s’assurer qu’il y ait une meilleure compréhension des règles régissant cet engagement. »

    Comme en écho, son homologue russe Segueï Lavrov, a aussitôt ajouté :

    « Je suis convaincu que les Kurdes doivent rester une partie de l’État syrien, et faire partie de la solution, plutôt que d’être un acteur instrumentalisé pour atomiser et fragmenter le pays ». La Russie, marraine de Bachar el Assad, et en plein rapprochement avec la Turquie depuis la rencontre Erdogan-Poutine du 10 août, fixe ainsi les limites auxquelles elles souhaite que les FDS se conforment. Elle s’est en revanche bien gardé de condamner l’attaque turque [1].

    La France est servilement alignée sur Ankara. François Hollande, a signalé, dès le 25 août, « comprendre » l’intervention turque, laissant échapper quelques paroles de regret pour les bombardements turcs sur les positions des FDS [2].

    « Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes »

    Il ne faut pas imaginer que la gauche kurde est surprise de ce lâchage. Depuis le début, elle savait fort bien que cette bienveillance de la part des impérialistes occidentaux n’était que temporaire. « Les Kurdes n’ont pour amies que leurs montagnes » dit un proverbe local, signi- fiant par là que ce peuple ne doit compter que sur lui-même.

    Dans les semaines qui viennent, si ce lâchage se poursuit, la gauche kurde risque de se retrouver de nouveau bien seule. Pour notre part, nous continuerons à soutenir son action. Car face aux potentats sanglants d’Ankara, de Damas ou de Raqqa, elle incarne la seule possibilité d’une alternative démocratique, fédéraliste et populaire.

    Alternative libertaire, 1er septembre 2016

    http://alternativelibertaire.org/?Syrie-la-gauche-kurde-seule-contre