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  • 17 octobre 1961 (Que faire?)

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    À propos de La Bataille de Paris de Jean-Luc Einaudi

    Le 17 octobre 2011, la Ve république devra se souvenir de l’un des évènements les plus abjects de son histoire. En référence au film de Gillo Pontecorvo La bataille d’Alger, Jean-Luc Einaudi dresse un parallèle effarant en mettant en lumière le sort qui fût réservé aux « Français Musulmans d’Algérie » durant la période qui entoura le 17 octobre 1961.

    Pour Jean-Luc Einaudi, la « bataille de Paris » remonte à la guerre interne au mouvement indépendantiste algérien.

    Le conflit opposant le Front de Libération Nationale (FLN) au Mouvement National Algérien (MNA), qui a pour but le contrôle de la communauté algérienne, fait une centaine de morts. Si le FLN remporte cette lutte d’influence dans les années 50, c’est encore par la force qu’il doit s’imposer auprès de la population algérienne en obligeant les algériens qui résident en France à cotiser 3 000 francs par an.

    Devenu enfin hégémonique en 1958, le FLN peut alors lancer son offensive sur le territoire français.

    Les cibles visées sont des lieux stratégiques pour l’économie française mais aussi des commissariats, où des policiers perdent la vie. Comme le montre un certain nombre de procès-verbaux de syndicats policiers, les policiers s’indignent de la trop faible répression envers les militants du FLN.

    Il est alors mis en évidence par toute une série de témoignages que la population d’origine algérienne vit une véritable montée des violences policières à son égard.

    Vivant dans des conditions des plus précaires, les algériens sont victimes de « ratonades ». Ce terme désigne les rafles qui sont organisées en pleine rue, généralement la nuit, où les policiers ramassent des individus typés maghrébins, les font monter violemment dans des cars de police et les tabassent au commissariat. Une fois que ces innocents ont perdu connaissance, ils sont jetés dans la Seine, beaucoup mourront. C’est ce que Chebbah Iddir explique, un des nombreux témoignages récoltés par J-L Einaudi : « Les cinq policiers me firent monter dans le car. Là ils me fouillèrent mais ne trouvèrent rien. Alors que nous étions partis vers Colombes, les policiers firent monter dans le car un de mes compatriotes. Puis le car prit la direction de la seine. On s’arrêta près du pont d’Argenteuil. Les policiers firent d’abord descendre mon compatriote. Ils lui donnèrent des coups de crosse jusqu’à ce qu’il soit assommé. Puis le chauffeur le prit par les pieds et un autre par la tête. Ils le jetèrent dans l’eau. Peu après, je vis des petites bulles apparaître à la surface de l’eau. Mon frère était mort. » Grâce à un courage effarant C. Iddir réussit, lui, à s’en sortir.

    Ces violences racistes ne sont pas à déconnecter d’une discrimination orchestrée par l’État français.

    Celle-ci vise à faire payer la perte de l’Algérie aux Algériens résidant en France. Car si De Gaulle, fraîchement arrivé au pouvoir, veut en finir avec la guerre d’Algérie, des membres importants de son gouvernement ne l’entendent pas ainsi. Premier ministre, Michel Debré veut mener une guerre sans concession au FLN, et n’hésite pas à couvrir tous les crimes policiers. Et puis il y a celui que les militants pro-algériens appellent Charogne, celui que la république nomme M. Papon. L’auteur en trace un long portrait : collabo, tortionnaire à Constantine, il fût nommé préfet de police de Paris en mars 1958. Dès le 28 août, il organise une rafle de 5 000 algériens qui sont internés dans des lieux comme le Vel d’Hiv, qui rappelle des heures bien sombres. Là encore on pense qu’il y a eu des morts.

    Mais c’est en août 1961 que les violences s’intensifient.

    Les rafles diviennent quotidiennes, les arrêtés sont désormais constamment tabassés, humiliés voire tués. Un remaniement ministériel a lieu, où il est décidé de l’éviction d’Edmond Michelet qui était partisan de l’autonomie algérienne. Courant septembre 61, l’institut ­médico-légal relève 21 cadavres nord-africains, tous morts à la suite de violences. Le couvre-feu imposé aux FMA est déclaré le 5 octobre 1961. Face à la mise en place d’un véritable régime d’apartheid, le FLN est désormais hégémonique auprès de la population algérienne. Le 17 octobre 1961, les FMA seront volontaires pour défier pacifiquement le couvre-feu, imposé par un régime on ne peut plus raciste et appliqué par une police on ne peut plus assassine.

    Ces violences racistes ne sont pas à déconnecter d’une discrimination orchestrée par l’État français. Celle-ci vise à faire payer la perte de l’Algérie aux Algériens résidant en France Dans des termes des plus froids, Jean-Luc Einaudi retrace heure par heure, faubourg par faubourg et rue par rue le 17 octobre 61.

    On compterait environ 40 000 algériens désarmés qui seraient venus manifester en plein cœur de Paris.

    Sauf que la plupart d’entre eux n’arriveront jamais à former un cortège. De par les nombreux témoignages reçus, l’auteur montre la manière dont toutes les sorties de métro sont quadrillées. Dès que les algériens en sortent ils sont matraqués. Mains sur la tête, parfois inconscients, ils sont emmenés dans des bus affrétés par la RATP vers des commissariats, des centres d’internement ou des lieux réquisitionnés. À leur descente du bus ils sont de nouveau insultés, tabassés, et volés. La plupart des blessés graves ne recevront aucun soin et mourront. Par détermination, les Algérien arrivent malgré tout à former quelques cortèges. Les policiers tireront dans le tas, tuant femmes, hommes et enfants.

    Face à ce déchaînement de haine qu’ont fait les témoins ?

    Quelle fut la réaction de la population française ? Au mieux elle se rendit coupable de passivité. En effet, ­l’ouvrage démontre que bien peu de réactions ont émergé des témoins présents. Pire, des petits groupent se sont créés pour indiquer aux flics où se réfugiaient les manifestants.

    Il n’est donc pas étonnant que tout le monde ait voulu étouffer ce massacre pour mieux l’oublier ensuite. L’humanité parlera de violences importantes mais, prétextant la peur de la saisie, jamais le journal ne mènera l’enquête pour savoir ce qu’il s’est réellement passé. La population française se rassembla par centaines de milliers pour protester contre les 9 morts de Charonne, mais par quelques centaines seulement après le 17 octobre. Combien de morts ? Comment le savoir puisqu’aucune commission d’enquête n’a pu être saisie. Mais d’après les rapports du FLN, on monterait à plus de 300.

    Le livre se termine par un dernier évènement. En se rendant à une commémoration en 1990, un Algérien est arrêté par la police… au faciès. Cette anecdote, qui n’en est pas une, nous rappelle que le 17 octobre 61 n’est pas très loin, que les violences policières n’ont jamais disparu et que la racisme d’État agit toujours.

    par Gaël Braibant 25 mai 2012

    http://quefaire.lautre.net/17-octobre-1961

  • Poussée djihadiste dans les camps palestiniens du Liban (Orient 21)

    «  Depuis le milieu des années 2000, il y a un développement exponentiel de groupes djihadistes dans certains camps palestiniens au Liban, comme Ain El-Hilweh  », explique Nicolas Dot-Pouillard, chercheur du programme européen When Authoritarianism Fails In The Arab World (Wafaw). «  Cette tendance s’est renforcée avec la guerre civile en Syrie.  »

    Les images sont extraites du reportage «  Réfugiés palestiniens : ça suffit, on rentre  », réalisé en 2012.

    Nicolas Dot-Pouillard
     

     

  • Nouveautés sur Association France Palestine Solidarité

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  • Zina Harraïgue : une grande figure de la Révolution algérienne nous quitte (ESSF)

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    Nous venons d’apprendre le décès de Zina Harraïgue-Benadouda.

    Pour beaucoup d’entre nous et surtout pour la nouvelle génération d’Algériennes et d’Algériens ce nom pourrait ne rien évoquer. Mais il nous semble important d’évoquer ce que Zina a été et surtout a donné pour qu’aujourd’hui nous puissions encore nous prévaloir de vivre dans un pays libre et indépendant. Permettez-moi d’apporter ce court résumé de son parcours recueilli de son vivant avant que la longue maladie dont elle souffrait ait fini par l’emporter.

    Une enfance difficile

    Née en 1934 d’une famille mixte (père algérien, mère allemande), Zina est sœur de 5 garçons et 2 filles. Orpheline de père à 8 ans, elle mène une vie difficile, guettée par le typhus et d’autres maladies endémiques que la misère générale faisait être le lot quotidien de la plupart des Algériens de l’époque. Pour y faire face, elle est obligée de travailler très jeune en gardant les enfants des familles européennes nanties.
    Ballottée entre Bougie et Sétif, elle va connaître à 11 ans sa première expérience politique en assistant aux massacres du 8 mai 1945. Marquée par l’événement, elle deviendra sensible aux propos de ses frères engagés dans la lutte clandestine du PPA.

    De 1945 à 1954, contrainte et forcée par les dures conditions d’existence, elle quitte l’école pour travailler comme fille de salle – infirmière dans une clinique de la ville. En novembre 1954, elle part pour la France avec sa mère, deux de ses frères et une sœur.

    C’est là que commence le travail en usine : fabrication à la chaîne de boulons pour bateaux de 6h du matin à 6h du soir.

    Une première responsabilité par délégation de pouvoir

    Militant nationaliste et syndicaliste, son frère est arrêté et déporté à la prison de Berrouaghia. Les ouvriers de l’usine viennent voir Zina et lui demandent de prendre la place du frère pour les représenter au syndicat. Elle avait déjà fait l’écrivain public pour eux.

    Au retour de prison, le frère réunit les ouvriers et les convainc de rejoindre le FLN. C’est la période de l’affrontement entre messalistes et frontistes pour s’assurer le contrôle de l’émigration. La région de Lyon, Saint Etienne, Firminy est un véritable champ de bataille et Zina s’y trouve impliquée pour le transport d’armes et la liaison avec les responsables régionaux et centraux. C’est là qu’elle rencontre Kaddour Ladlani, et Salah Louanchi, de la direction de la Fédération de France du FLN.

    Le travail pour l’organisation commence à l’emporter sur le travail à l’usine. Les jours fériés et les congés de maladie ne suffisent plus à justifier ses absences. Elle quitte donc l’usine pour s’adonner au travail de l’organisation clandestine à plein temps.

    Intégrée dans une cellule dont le frère était responsable [1], elle finit par assumer pratiquement les charges les plus ingrates : transport de documents, d’armes, d’argent pour les « groupes de choc ».

    « Elle est la seule à pouvoir passer inaperçue » et puis c’est la sœur de celui auquel les militants vouent un grand respect. Omar Harraïgue lui-même trouve en elle la seule personne en laquelle il puisse vouer une totale confiance. La voici donc investie de toute la confiance et de toutes les charges de liaison et communication.

    Les déplacements deviennent plus importants ; ils atteignent une échelle régionale. Ils comprennent même parfois l’accompagnement de hauts responsables pour leur servir de couverture.

    Une nouvelle responsabilité par délégation de pouvoir

    1957 est l’année qui voit la mise en place de l’Organisation spéciale de la Fédération de France du FLN (dorénavant OS.FFFLN). Zina y est intégrée sans qu’elle le sache vraiment. Elle subit les mêmes tests et les mêmes épreuves que les militants hommes qui ont été sélectionnés pour en faire partie.

    La sphère de ses missions s’élargit, le réseau des liaisons s’étend maintenant à tout le territoire français et c’est à elle, entre autres, que revient la lourde charge du transport de l’argent entre Lyon et Paris ainsi que celui des armes dans le sens inverse. Elle devient le contact principal de la wilaya du Sud avec la direction de la fédération. Elle rencontre toute la nomenclature de la FFFLN : Boudaoud, Bouaziz, Kebaïli, Manaa, Benadouda etc.

    Elle finit par être recherchée par les services de police français et condamnée elle aussi par contumace. Elle entre alors en clandestinité au moment même où son frère quitte le territoire français pour rejoindre l’armée de libération nationale aux frontières.

    « J’ai obtenu ainsi mon indépendance » dit-elle, en fait, elle devient libre de tout ancrage local ou régional. Elle ne sert plus de couverture à personne sauf s’il s’agit d’accomplir une mission dans le cadre des opérations militaires engagées par le FLN-ALN en territoire français.

    Elle fait l’apprentissage de la fabrication des bombes, du maniement des armes et s’implique dans les attentats visant des personnalités politiques entre autres Jacques Soustelle et le sénateur Benhabylès.

    En 1959-1960, elle prend la responsabilité de l’armement comme adjoint d’Aït Mokhtar quand l’O.S. est démantelée et qu’il n’y a plus, pour un temps, d’hommes pour accomplir cette mission.

    Adjoint d’Aït Mokhtar c’est-à-dire adjoint du principal responsable de l’O.S. encore en territoire français, soit un degré de responsabilité qui aurait placé n’importe quel homme au rang d’officier d’une unité de combat.

    Passages aux frontières et retour à la norme

    La période 1959-1960 aura été l’une des plus terribles de la bataille menée par le FLN en France. C’est pendant cette période que Zina est arrêtée avec 3 valises bourrées d’armes et des photos de policiers. Mais en fait qui arrête-t-on ? Non pas Zina Harraïgue, mais la sœur de Omar.

    On ne lui reconnaît pas encore, du côté français comme du côté algérien, son identité propre et sa pleine responsabilité dans l’action armée. C’est « la couverture », « l’auxiliaire », « la porteuse de valises » non pas l’une des responsables des actions armées de l’O.S. en France.

    Après un interrogatoire de 5 jours presque sans manger ni boire, elle est transférée à La Roquette d’où elle s’évade en février 1960. Il s’agit de la première grande évasion et l’une des plus spectaculaires de l’histoire de la révolution algérienne.

    Alors commence un long retour vers d’autres frontières. D’abord en Allemagne où elle est transférée après son évasion. Là, le plus haut responsable de la FF.FLN, Omar Boudaoud lui suggère de « faire comme les autres (militantes), essayer de terminer les études, d’apprendre quelque chose ». Evidemment, elle n’est pas de cet avis, elle veut rejoindre les frontières parce qu’on lui a toujours dit que le militant « brûlé » en ville devait rejoindre les maquis. Elle pouvait encore rendre service au pays et à l’organisation.

    On décide alors son départ pour Rabat où elle est hébergée chez une riche famille algérienne dont les filles n’étaient pas engagées dans la lutte.

    Elle découvre des aspects qu’elle n’avait jamais connus dans l’organisation du FLN en France. Le régionalisme battait son plein, l’écart entre les instances dirigeantes de la Fédération du FLN au Maroc, la base militante et la grande masse du peuple se creusait.

    On lui propose de travailler dans les camps de réfugiés un peu comme une assistante sociale, elle qui voulait poursuivre la lutte armée dans les maquis au milieu de ses frères d’armes.

    Elle découvre alors la misère des maquisardes cantonnées aux frontières et les mentalités rétrogrades : « les militantes étaient juste bonnes à marier ».

    En 1962, elle refuse de rejoindre le pays par ses propres moyens comme on le lui proposait. Elle reprend le chemin de l’Allemagne puis de la Suisse où elle est admise en sanatorium pour guérir des séquelles d’une grave maladie contractée durant les années de clandestinité.

    Elle apprend les festivités de l’indépendance par les journaux et la télévision.

    De retour au pays, elle se fond au milieu du peuple dans la plus grande modestie et humilité.

    Ce que l’on peut lire à travers le témoignage de cette femme militante, engagée dans la lutte de libération de son pays, l’Algérie, c’est cette terrible injustice qui a fait qu’à aucun moment, y compris aux pires instants de la traque policière, personne ni même elle-même, dans sa propre conscience de soi et dans la représentation de sa contribution à la lutte, n’a pu se vivre autrement que comme un prolongement (un substitut) du frère de sang (Omar), du frère de lutte (Madjid) et du grand frère (le FLN) dans lesquels elle s’est dissoute.

    Comment l’organisation révolutionnaire et la mémoire collective ont-elles pu à ce point occulter le rôle de ces femmes responsables sans pouvoir. Car il faudra bien reconnaître un jour et (se) poser la question du fait qu’aucune femme n’ait été désignée ni dans les instances dirigeantes de l’organisation politique ni dans les organes délibératifs.

    Daho Djerbal
    Maître de conférences
    Département d’histoire. Université d’Alger

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38985

  • Egypte, état des lieux (NPA)

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    Politique

    Depuis qu’il a destitué l’islamiste Mohamed Morsi en juillet 2013, l’ex-chef de l’armée et actuel président Abdel Fattah al-Sissi permet le retour sur la scène publique des caciques de Moubarak. Plusieurs figures de l’ère Moubarak négocient des accords à l’amiable avec les autorités, comme Rachid Mohamed Rachid, ancien ministre de l’Industrie et du Commerce extérieur, ou encore Zakareya Azmi, l’ancien chef de cabinet du président Moubarak.
    Le cas le plus emblématique étant celui de Hussein Salem : L’Egypte a demandé aux autorités judiciaires en Espagne, en Suisse et à Honk-Kong l’annulation du gel de ses avoirs après un accord à l’amiable concernant des accusations de corruption.
    Cette demande intervient selon la même source « après un accord à l’amiable définitif passé avec l’Etat égyptien qui récupère (auprès de M. Salem) des avoirs et des liquidités d’une valeur de 5,3 milliards de livres égyptiennes ».
    Les autorités ont également contacté Interpol pour demander l’annulation de leur notice rouge visant l’homme d’affaires, qui s’était réfugié en Espagne après la révolte de 2011 qui chassa Hosni Moubarak du pouvoir. Proche de la famille Moubarak, Hussein Salem avait été condamné par contumace à des peines de prison dans plusieurs procès pour corruption, notamment pour la vente de gaz à Israël à un prix inférieur à celui du marché.
    Tout cela alors que Sissi a plusieurs fois répété qu’il faisait de la lutte contre la corruption l’une de ses priorités.

    Corruption toujours 

    Le ministre de l’approvisionnement Khaled Hanafi a démissionné suite au scandale des ventes fictives de blé. Le pain étant l’aliment le plus consommé par le peuple (un pain baladi subventionné coûte 1 ct d’euro) et la production locale étant insuffisante (le pays est le plus gros importateur de blé du monde), les autorités avaient décidé de subventionner le blé local en le payant plus cher qu’au prix mondial mais sur le blé acheté aux producteurs locaux 220 000 tonnes payées 530 000 LE étaient fictives (jamais livrées)

    Situation au Sinaï 

    Les Forces armées sont impuissantes, elles ont recours à des supplétifs qu’elles arment sans passer par les structures tribales. C’est très mal vu par les chefs tribaux qui jugent qu’il y a un risque à armer des civils non contrôlés par eux contrairement à ce qui se passait auparavant, d’autant que ces supplétifs abusent de leur force vis à vis des civils, particulièrement des femmes.
    Ils sont la cible évidemment de la Province du Sinaï au même titre que la police et l’armée : 60 d’entre eux ont été exécutés en un an.

    Économie, prêt du FMI

    L’Egypte et le Fond monétaire international (FMI) ont signé fin août un accord pour un prêt de 12 milliards de dollars s’étalant sur trois ans. En contrepartie, les autorités égyptiennes doivent adopter des réformes économiques drastiques pour augmenter les revenus de l’Etat et réduire leurs coûteuses subventions publiques. « Le Parlement a approuvé le projet de loi présenté par le gouvernement concernant la Taxe sur la valeur ajoutée ». La TVA remplace une autre taxe sur la vente qui était de 10%. Selon le gouvernement, une cinquantaine de produits et de services sont exemptés de la nouvelle taxe, dont des produits de première nécessité comme le pain.
    Une lettre ouverte signée par le Parti de l’Alliance Populaire Socialiste(1), Karama(2), Egypte Libre(3), le Courant Populaire(4), le Parti Communiste et des personnalités comme Hamdeen Sabahi(5), Georges Ishak du Conseil National des droits de l’homme... a été adressée à Sissi pour qu’il suspende les négociations avec le FMI. Ils y dénonçaient la politique économique suivie jusque là qui ne tient pas compte des intérêts des travailleurs. Ils y critiquaient la dévaluation de la Livre égyptienne (LE) intervenue en mars (- 13% et maintenant aux alentours de 15%), l’instauration de la TVA, la poursuite des privatisations des entreprises d’état et la nouvelle loi sur la Fonction Publique portant un coup d’arrêt aux embauches de diplômés. Ils mettaient en garde sur le risque de voir la dette de l’Égypte s’élever dangereusement si on ajoute au prêt du FMI le prêt de 25 milliards de dollars accordé par la Russie pour financer la centrale nucléaire de Dabaa et si on prend en compte les baisses très importantes des investissements directs, des revenus du tourisme et du Canal de Suez ainsi que celles des devises envoyées par les Égyptiens de l’étranger.
    De fait l’accord, l’Egypte devra baisser significativement son déficit de 10% en un an avec dévaluation de la Livre égyptienne(LE) et suppression des subventions sur les prix du carburant d’ici 2019, prix qui augmenteront de plus de 65% durant l’année fiscale 2016-2017.

    Problème de l’eau

    En mars 2015 un accord a été signé entre le Soudan, l’Egypte et l’Ethiopie au sujet du méga barrage de la Renaissance fixant la répartition de l’eau entre les 3 pays.
    Cet accord baisse la proportion allouée à l’Egypte mais dès maintenant l’Egypte fait face à une pénurie d’eau sévère. Selon le ministre des ressources hydriques et de l’irrigation la crise a pour principale cause la poussée démographique qui réduit la part d’eau de chaque individu. « Les Egyptiens consomment bien plus que leur part d’eau provenant du Nil. La consommation du pays est de 80 milliards de m3 par an, alors que notre part est seulement de 55 milliards de m3 », a-t-il poursuivi avant d’indiquer que le déficit était compensé par d’autres sources comme l’eau des pluies de la côte nord, les nappes d’eau souterraines et l’eau traitée, provenant de sources agricoles.
    Il n’a pas évoqué la question des infrastructures ; canalisations et autres, arrivées à saturation et non entretenues ce qui fait que 35 % de l’eau potable se retrouve dans le sol.

    Répression

    Le gouvernement militaire égyptien est devenu l’un des plus répressifs du monde, bien plus répressif que sous la dictature policière de Moubarak, contre laquelle les jeunes se sont battus. Aujourd’hui, il est interdit de manifester, les tagueurs sont punis de prison ferme, toute liberté d’expression est sévèrement réprimée, les réseaux sociaux sont muselés, des dizaines de milliers d’opposants au régime croupissent dans les prisons ou sont tout simplement portés disparus. En 2016, l’Égypte a été jugée un des pays les plus liberticides au monde par le Legatum Institute en se classant 140e sur 142 pays pour l’index des libertés personnelles – seuls le Yémen et le Soudan seraient plus liberticides que l’Égypte.
    En Egypte, plusieurs ONG accusent le gouvernement et la justice égyptienne d’utiliser la détention provisoire comme un moyen de punition politique. Un cas célèbre, celui du photojournaliste Shawkan. Avec 343 autres personnes, il encourt la peine de mort pour avoir manifesté le 14 août 2013 contre la dispersion ultra-violente du sit-in pro-Morsi de Rabaa Adaweya par la police égyptienne. Il faisait un reportage sur cette évacuation pendant laquelle les forces de l’ordre ont tué plus de 1 000 personnes en moins de 24 heures. Il est aujourd’hui en détention provisoire depuis plus de trois ans, une violation du droit international mais également du droit égyptien. En Egypte, plusieurs centaines de personnes se trouvent en détention provisoire depuis plus de deux ans. L’ONG égyptienne Egyptian Initiative for Personal Rights (EIPR) estime que la détention provisoire a remplacé la détention administrative utilisée pendant les 30 ans d’état d’urgence sous Hosni Moubarak.

    Des libérations quand même

    - L’avocate Mahienour El Masri, militante Socialiste révolutionnaire, a été libérée il y a 2 semaines environ.
    - Le 21 août dernier, l’avocat Islam Khalil a été transféré au poste de police de Mahattet Raml, à Alexandrie, en vue de sa libération, un tribunal ayant ordonné sa remise en liberté contre une caution de 50 000 livres égyptiennes mais il a été torturé et n’a été libéré que 10 jours après.
    - Malek Adly un avocat du Centre égyptien pour les droits économiques et sociaux (ECESR) a été remis en liberté le 28 août après son soutien aux rassemblements contre la rétrocession des îles Tiran et Sanafir.
    - Amr Badr, rédacteur en chef du site yanair.net impliqué dans la même affaire a lui aussi été inculpé. Il avait été raflé dans la fameuse charge de la police contre le local du syndicat des journalistes. Le chef du syndicat et deux de ses adjoints sont d’ailleurs toujours détenus pour avoir accueilli dans leur local Amr Badr et un de ses collègues.

    Loi sur la construction des églises 

    Sujet très sensible depuis la montée en puissance des FM et des salafistes. Les Coptes représentent environ 10% (peut être plus) des 92 millions d’habitants, il n’y a pas de statistiques bien que l’inscription de la religion sur la carte d’identité soit obligatoire. La question des églises donne lieu régulièrement à des émeutes particulièrement en Moyenne et Haute Egypte. En général ce sont des musulmans qui attaquent les chrétiens en les accusant de transformer des maisons en églises, ça se solde en général par des « médiations », en fait on reloge les chrétiens dans un autre lieu et les assaillants ne sont que très rarement poursuivis. Sissi avait promis de régler la question avant la fin de l’actuelle session parlementaire, la loi actuelle datant de 150 ans (empire ottoman révisée en 1934) et très restrictive puisque tous les ministères devaient se prononcer y compris celui des chemins de fer et de l’irrigation. Il faut savoir qu’il n’y a que 2 869 églises pour les 9 millions de chrétiens. La loi a été adoptée par 2/3 des députés sans véritable débat.
    La nouvelle loi stipule que le gouverneur de province doit répondre sous quatre mois à toute demande de construction d’églises présentée par la communauté chrétienne. En cas de refus, le gouverneur doit motiver sa décision, et la communauté peut faire appel de cette décision devant la justice administrative. La loi précise que « la superficie de l’église (...) doit convenir au nombre et aux besoins des citoyens de la communauté chrétienne et doit prendre en considération la croissance de la population », a précisé M. Hamrouch. Mais cet article a fait débat car il est « trop vague et imprécis », déplore Mona Gaballah, affiliée au parti des Egyptiens libres fondé par l’homme d’affaires milliardaire copte Naguib Sawiris. « Quelle surface va-être accordée ? Qui décide de la surface ? »
    L’Eglise copte orthodoxe a salué dans la nouvelle loi un pas dans la bonne direction mais certains députés chrétiens et les organisations de défense des droits de l’homme ont déploré que l’Etat n’ait pas plutôt opté pour une loi unique pour l’ensemble des lieux de culte. La construction des mosquées est en effet régie par une loi de 2001 beaucoup moins restrictive, puisqu’elle pose comme seule condition la propriété du terrain et le respect des normes de construction. « La nouvelle loi est une loi confessionnelle qui traduit la préférence de l’Etat pour les adeptes d’une religion par rapport à une autre », a déclaré à Reuters Ishak Ibrahim, de l’Initiative égyptienne pour les droits personnels (EIPR). « Une loi unique aurait montré que l’Etat protège les droits de tous ces citoyens de manière égale. Cela aurait envoyé un message fort aux extrémistes », a-t-il ajouté.

    Mouvement ouvrier

    Le directeur général de l’OIT (Organisation internationale du travail, organisation regroupant syndicats, patronat et gouvernements dépendant de l’ONU ), avait écrit au président Sissi pour rappeler au gouvernement égyptien de « garantir l’application des conventions internationales du travail sur la liberté syndicale ».
    Il lui a demandé de révoquer la décision interdisant la reconnaissance officielle des syndicats indépendants en la justifiant par le fait que les syndicats indépendants sont contraires à la loi 35 de 1976, qui interdit le pluralisme syndical. D’autres personnes signalent que l’article 76 de la Constitution de l’Égypte de 2014 indique que la formation d’organisations de travailleurs « sur une base démocratique est un droit garanti par la loi ».
    L’OIT estime que l’interdiction de reconnaître les syndicats indépendants va à l’encontre de la Convention 87 de l’OIT sur la liberté syndicale et la protection du droit syndical et de la Convention 98 sur l’application des principes du droit d’organisation et de négociation collective. L’Égypte a ratifié ces deux conventions dans les années 1950.
    Le secrétaire général de la fédération syndicale Egyptian Trade Union Federation (ETUF), Gebaly al-Maraghy, a fustigé l’OIT dans un commentaire paru dans le journal privé Al-Masry Al-Youm, qualifiant le courrier de Ryder6 ( « d’ingérence injustifiée dans les affaires de l’Égypte ».
    Maraghy souhaitait même une « déclaration officielle pour condamner cette intervention dans les affaires de l’Égypte ou de tout autre État arabe ».
    Kamal al-Fayoumi, qui était à la tête des grèves pendant les manifestations historiques contre le gouvernement, le 6 avril 2008 à Mahalla a expliqué que les travailleurs ne recevaient « aucune aide de l’ETUF, qui est un syndicat illégal et qui participe à la corruption [de l’État] ».

    Arsenal d’Alexandrie :

    Suite à la grève de mai 2016, 26 ouvriers ont été poursuivis pour incitation à la grève et attendent leur procès devant un tribunal militaire le 18 septembre. Alors que l’entreprise était fermée depuis trois mois la direction a brusquement ordonné sa réouverture le 24 août avec seulement 600 des 1 800 ouvriers qui n’ont touché pendant ces 3 mois que le salaire de base les obligeant à recourir à des emprunts vu sa faiblesse. La question est de savoir quel sera le sort des ouvriers mis de côté : sont ils licenciés et quid des indemnités prévues par le code du travail égyptien ?
    D’autre part les causes de la grève de mai qui étaient la mort de deux ouvriers en février et le manque de sécurité sont toujours là puisqu’un 3e ouvrier est mort sans que la direction ne le reconnaisse.

    Femmes

    Harcèlement sexuel :
    Après l’obstination de Noha Elostaz, première égyptienne à faire condamner son agresseur pour harcèlement sexuel à 3 ans de prison il y a 8 ans, la mobilisation sur le terrain a permis que ce fléau qui touche 90% des femmes soit pris en compte et jugé. En 2015 sept hommes qui avaient agressé une femme Place Tahrir ont été condamnés à la prison à vie et 2 autres à 20 ans de prison.

    Excision :
    L’excision a beau être illégale en Egypte depuis 1996 (sauf « nécessité médicale »), elle reste tout de même très courante. Un récent rapport international de l’UNICEF classait en effet encore l’Egypte parmi les plus touchés avec 87% de la population féminine concernée, toutes religions confondues, dont beaucoup de mineures (14% des excisions se font sur des filles de 7 ans et moins, 75% sur les filles de 9 à 12 ans). Bien que tous ceux qui la pratiquent s’exposent à la prison, elle est en grande partie réalisée dans des cliniques privées, sous surveillance médicale, ce qui n’empêche pas cette opération d’avoir d’effroyables conséquences sur la santé des jeunes filles.

    En mai dernier, Mayar Mohamed Moussa, 17 ans, est morte des suites de son excision dans un établissement hospitalier où ses parents l’avaient conduite. Son décès avait provoqué une vague d’indignation et forcé le gouvernement à envisager de nouvelles mesures pour qu’une telle tragédie ne se reproduise pas. Fin août, le gouvernement et le parlement ont adopté un amendement visant à durcir les auteurs de mutilations génitales et toute personne les ayant assistés. Le texte prévoit ainsi une peine allant de cinq à sept ans de prison pour « toute personne pratiquant une excision sur une femme », une peine d’un à trois ans de prison pour « quiconque fait pratiquer l’opération sur une femme » et des circonstances aggravantes si l’excision a entraîné une « infirmité permanente ou la mort ». Cette loi est d’autant bienvenue que l’année dernière, la libération après seulement 3 mois d’incarcération d’un médecin ayant pratiqué une excision mortelle sur une adolescente et condamné à 2 ans de prison avait créé le scandale dans le pays. Des ONG le soupçonnent aujourd’hui de continuer d’exercer en toute liberté et donc potentiellement de continuer à perpétrer ce crime dans le nord du pays.

    LGBTQ

    En 2014, les révélations d’un webzine cairote attestaient que la police égyptienne employait Grindr et d’autres applications de rencontre pour identifier leurs utilisateurs et les arrêter. En 2016 Solidarity with Egypt LGBTQ, un organisme qui s’emploie à dénoncer les exactions commises contre la communauté gay en Egypte, a révélé qu’entre 2013 et 2015, 125 gays et 47 personnes trans ont été inculpés suite à des affaires d’ « immoralité » et condamnés à des peines allant d’1 à 12 ans de prison ; dans 53% des affaires, internet et les réseaux sociaux ont été utilisés pour localiser et arrêter les accusés.
    En avril dernier, onze hommes gays ont été condamnés à des peines allant de 3 à 12 ans d’emprisonnement. Ils avaient été arrêtés en septembre 2015 pour « débauche » suite à des rapports sexuels consentis. Cumulées, ces peines s’élèvent à 101 années de prison.

    Ce texte a servi de base à une discussion lors de la réunion de la Commission Maghreb Moyen-Orient du NPA du 6 septembre 2016

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article38973

  • Sarkozy et Cameron sévèrement critiqués pour l'intervention en Libye (La Presse.ca)

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    L'ex-président français Nicolas Sarkozy et l'ancien premier ministre britannique David Cameron sont sévèrement critiqués pour leurs rôles dans l'intervention militaire multinationale menée en Libye en 2011 et qui a mené à la chute du régime Kadhafi, dans un rapport de la Commission des Affaires étrangères du Parlement britannique rendu public mercredi.

    Le premier, qui tente aujourd'hui un retour sur la scène politique française en vue de la présidentielle de 2017 aurait agi notamment pour accéder au pétrole libyen, améliorer sa situation politique personnelle en France et accroître l'influence française en Afrique du Nord, peut-on lire dans le document.

    Le second qui a démissionné de son poste de premier ministre le 24 juin à la suite de la victoire du Brexit et qui a renoncé à son poste de député de la circonscription de Witney dans le centre de l'Angleterre cette semaine est montré du doigt pour son rôle « décisif » dans la décision de la communauté internationale d'intervenir militairement en Libye.

     Le rapport stipule que David Cameron doit être celui qui porte la « responsabilité ultime de l'échec en Libye, pays qui a été transformé en «État défaillant» à la suite du renversement de Mouammar Kadhafi.

    «Le résultat est un effondrement politique et économique, une guerre civile et tribale, une crise humanitaire et migratoire, une violation généralisée des droits de l'homme», souligne le rapport.

    Pour les parlementaires, le premier ministre de l'époque, David Cameron, qui a pris ses décisions avec le président français Nicolas Sarkozy, aurait dû savoir que les islamistes radicaux allaient chercher à profiter de la rébellion.

    Cinq ans après la chute de Kadhafi, le pays livré aux milices formées d'ex-rebelles, reste miné par les luttes de pouvoir et les violences meurtrières, ce qui a favorisé la montée en puissance du groupe djihadiste État islamique (EI).

    14 septembre 2016 à 14h57 La Presse

    Avec Le Figaro, Le Monde et l'Agence France-Presse

    http://www.lapresse.ca/

    Lire aussi:

    Campagne de Libye: un rapport parlementaire accablant pour David Cameron (RFI)

  • Frontière jordano-syrienne. 75 000 réfugiés piégés en plein désert dans des conditions effroyables (Amnesty)

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    Des vidéos et des images satellites montrant des cimetières et des tumulus improvisés donnent un rare aperçu de ce qui se passe dans la zone désertique située entre la Jordanie et la Syrie, où sont piégés des dizaines de milliers de réfugiés pratiquement coupés de toute aide humanitaire depuis deux mois, a déclaré Amnesty International.

    Des témoignages récents recueillis par l’organisation auprès de personnes se trouvant dans cette zone appelée « la berme » (du nom du mur de sable marquant la frontière côté jordanien) décrivent une situation désespérée marquée par la souffrance humaine, et soulignent les conséquences tragiques de l’incapacité de la communauté internationale à s’entendre sur le partage des responsabilités en ce qui concerne la crise mondiale des réfugiés. La semaine du 19 septembre 2016, les dirigeants du monde entier vont se réunir à New York pour deux sommets de haut niveau sur la question des réfugiés.

    « La situation dans la berme donne un triste aperçu des conséquences que peut avoir l’incapacité lamentable des États à partager les responsabilité dans la crise mondiale des réfugiés. Cette absence de partage des responsabilités a amené de nombreux pays voisins de la Syrie à fermer leurs frontières aux réfugiés », a déclaré Tirana Hassan, directrice en charge de la réaction aux crises au sein d’Amnesty International.

    « Les personnes piégées dans la zone de la berme se trouvent dans une situation désespérée, caractérisée par une pénurie de nourriture et une propagation des maladies. Certains réfugiés souffrent, voire meurent, de maladies faciles à prévenir, simplement parce que les autorités ne les autorisent pas à entrer en Jordanie et ont bloqué tout accès aux secours, aux soins médicaux et à une aide humanitaire digne de ce nom. »

     

    Les voisins de la Syrie, dont la Jordanie, où vivent 650 000 réfugiés, accueillent la grande majorité des personnes qui fuient le conflit, ce qui pèse lourdement sur leurs ressources. À l’approche des deux sommets sur les réfugiés, Amnesty International appelle les dirigeants mondiaux à passer des discours aux actes et à s’engager concrètement à accueillir une part équitable des réfugiés, afin de soulager la pression sur les pays qui les hébergent en nombre. L’organisation demande également à la Jordanie d’autoriser immédiatement les réfugiés de la berme à entrer sur son territoire.

    Famine, maladies et décès

    L’aide humanitaire aux réfugiés de la berme, déjà limitée par le passé, est totalement interrompue depuis que les autorités jordaniennes ont fermé les points de passage de Rukban et Hadalat à la suite d’un attentat qui a fait sept morts parmi les gardes-frontières le 21 juin 2016. Depuis, une seule distribution de nourriture a eu lieu début août à destination des plus de 75 000 personnes piégées dans cette zone. Les autorités jordaniennes interdisent aux organisations humanitaires de se rendre dans cette zone désertique, les contraignant à larguer de la nourriture par-dessus le mur de sable au moyen de grues.

    Abu Mohamed, qui vit dans le camp informel de Rukban depuis cinq mois, a indiqué que la situation s’y était fortement détériorée depuis l’attentat du 21 juin.

    « La situation humanitaire est catastrophique, en particulier pour les enfants. Nous avons de l’eau potable mais pratiquement pas de nourriture ni de lait […] C’est terrible », a-t-il déclaré.

    « Beaucoup de personnes sont mortes […] Ils ont juste distribué du riz et des lentilles, et un kilo de dattes séchées, mais c’est tout de que nous avons eu depuis un mois. Le moral est extrêmement bas chez les habitants du camp. »

    Des images vidéo qu’Amnesty International s’est procurées montrent deux cimetières improvisés à Rukban, avec des dizaines de tumulus, situés à proximité des tentes des réfugiés.

    L’impossibilité de bénéficier de véritables soins médicaux et les conditions de vie effroyables forment un cocktail mortel. Le manque d’hygiène, les mauvaises conditions sanitaires et l’accès limité à l’eau potable auraient entraîné une multiplication des cas d’hépatite, qui serait la principale cause de mortalité chez les enfants à Rukban.

    De source humanitaire, depuis juin 2016, au moins 10 personnes sont mortes d’hépatite. Des réfugiés de Rukban ont indiqué que beaucoup des victimes étaient des enfants souffrant de jaunisse – une des conséquences de l’hépatite.

    Des travailleurs humanitaires ont également signalé au moins neuf décès survenus lors d’accouchements depuis le 21 juin. De nombreuses femmes enceintes figurent parmi les réfugiés, et elles n’ont pas accès aux soins médicaux.

    Le nombre exact de décès est difficile à vérifier car l’accès à la zone est très restreint.

    Déplacez le curseur pour visualiser les changements intervenus à Rukban.

    Selon des personnes vivant à Rukban, fin août 2016, un jeune homme de 20 ans est mort de la jaunisse, probablement à la suite d’une hépatite. Il serait décédé d’une hémorragie gastro-intestinale. En l’absence de médicaments, rien n’a pu être tenté pour lui sauver la vie.

    Les autres maladies les plus courantes dans le camp sont les infections respiratoires, la déshydratation, la leishmaniose et la diarrhée.

    Des images satellite qu’Amnesty International s’est procurées montrent que, depuis fin 2015, la densité de population à proximité des deux camps frontaliers informels de Rukban et Hadalat a fortement augmenté.

    Bien que les réfugiés soient un peu moins nombreux à Hadalat depuis l’interruption de l’aide humanitaire en juin et les frappes aériennes russes survenues dans la région en juillet, globalement le nombre de réfugiés ne cesse d’augmenter dans la zone de la berme.

    À Rukban, le nombre total d’abris est passé de seulement 368 en septembre 2015 à 6 563 fin juillet 2016, pour atteindre plus de 8 295 en septembre 2016. Cette augmentation spectaculaire s’explique par le fait que, ces derniers mois, des milliers de personnes ont continué de fuir le conflit en Syrie, où les crimes de guerre et autres graves violations sont quotidiens.

    Renforcement des restrictions pour des raisons de sécurité

    Les autorités jordaniennes ont évoqué à maintes reprises leurs craintes en matière de sécurité pour justifier la fermeture de la frontière – ayant eu pour conséquence l’arrêt de l’aide humanitaire dans la zone de la berme. Mohammed al Momani, ministre d’État pour les Affaires médiatiques, a déclaré à Amnesty International que la zone de la berme était en train de « devenir une enclave de Daesh » (c’est-à-dire une zone contrôlée par le groupe armé se désignant sous le nom d’État islamique). Il a reconnu que la situation humanitaire était mauvaise et a affirmé que la Jordanie était prête à assumer sa part de responsabilité, mais il a aussi appelé les Nations unies et la communauté internationale à prendre une part équitable des responsabilités concernant les réfugiés de la berme.

    « Il ne fait aucun doute que la sécurité est un élément important à prendre en compte, mais la protection des Jordaniens ne doit pas se faire aux dépends de l’aide humanitaire et de la protection de ceux qui en ont désespérément besoin », a déclaré Tirana Hassan.

    Par le passé, la Jordanie a soumis les réfugiés syriens à des procédures rigoureuses de contrôle et d’enregistrement avant de les laisser entrer sur son territoire. Rien ne l’empêche de remettre en place ces procédures afin d’ouvrir ses portes aux réfugiés qui fuient le conflit en Syrie tout en assurant sa sécurité.

    L’ONU est en train de négocier une reprise de l’aide humanitaire avec les autorités jordaniennes. Le projet consisterait à déplacer les points de distribution à deux kilomètres à l’intérieur de la zone désertique, à distance de la frontière jordanienne, afin de créer une zone tampon.

    « Que l’aide soit distribuée au niveau de la berme ou deux kilomètres plus loin ne change rien au fait que des dizaines de milliers de personnes attendent une protection internationale aux portes de la Jordanie, et ne dispense en aucun cas les autorités d’offrir un abri sûr aux personnes qui fuient le conflit et les persécutions », a déclaré Tirana Hassan.

    « Forcer directement ou indirectement les réfugiés à retourner en Syrie en leur refusant l’entrée dans le pays et en leur imposant des conditions de vie intolérables constitue une violation flagrante des obligations internationales de la Jordanie. Les autorités doivent permettre à l’aide humanitaire de parvenir sans entrave aux réfugiés qui sont piégés dans cette zone. Elles doivent renoncer à toute tentative de les contraindre ou de les inviter à partir. »

    Quoi qu’il en soit, la solution à plus long terme devra être mondiale. À l’échelle internationale, le nombre de places de réinstallation offertes aux réfugiés syriens reste terriblement insuffisant. Le poids de la crise des réfugiés continue de reposer principalement sur les pays de la région, trois d’entre eux accueillant à eux seuls plus quatre millions de personnes.

    « Sans réels engagements suivis des faits en matière d’augmentation des réinstallations, les deux sommets prévus sur les réfugiés resteront purement symboliques », a déclaré Tirana Hassan.

    « L’absence de solution à long terme pour les réfugiés piégés dans la zone de la berme sera révélatrice non seulement de l’échec de la communauté internationale à cet endroit, mais aussi de son manquement à ses obligations à l’égard des réfugiés du monde entier. »

    15 septembre 2016

    https://www.amnesty.org/fr/press-releases/

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