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  • Brest Rassemblement

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    Communiqué du collectif « Paix au Moyen-Orient ».

    Rassemblement mercredi 1er mars à 18 heures au Monument aux Morts

    Avec la reprise de son aéroport par les forces gouvernementales, la reconquête de Mossoul est entrée dans une phase cruciale. Après la Syrie et Alep, c'est aujourd'hui en Irak, dans les quartiers Ouest de Mossoul où 700 000 civils dont près de la moitié d'enfants se trouvent pris au piège que l'on peut craindre un nouveau drame humanitaire.

    Plus que jamais nous devons rester mobilisés pour dénoncer les drames qui se déroulent sous nos yeux, exiger la protection des populations civiles et réclamer l'ouverture d'un sommet de l'ONU afin de trouver une issue politique aux conflits qui embrasent aujourd'hui le Moyen-Orient.

     

  • Nouveautés sur "Lutte Ouvrière"

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  • Nouveautés sur Chronique de Palestine

     Capture vidéo

    Procès Azaria : « Pas de justice pour les Palestiniens ! »

    Jonathan Cook – Le soldat qui a assassiné un Palestinien blessé, a été condamné à 18 mois de prison et à une rétrogradation. Des groupes…

    mercredi 22 février 2017 / 
     
     
    Photo : Anne Paq/Activestills.org

    Quand Israël et la Grande-Bretagne célèbrent le traumatisme historique des Palestiniens

    Dct Samah Jabr – Après cent ans, la Grande-Bretagne semble en être au même stade moral que lorsque le secrétaire britannique aux Affaires étrangères, Arthur…

    mardi 21 février 2017 / 
     
     
    Robert Fisk : Photo : Youtube

    Trump et la Palestine : pitoyable, risible, dramatique…

    Robert Fisk – L’abandon par Donald Trump de la solution à deux États s’est transformé très rapidement en une sombre comédie. C’était presque aussi drôle…

    lundi 20 février 2017 / 
     
     
    Photo : Izzeldin Abuelaish

    Justice pour Bessan, Mayar, Aya et Nour

    Jillian Kestler-D’Amours – Des années après l’assassinat de ses filles par l’armée israélienne à Gaza, le procès exigé par Izzeldin Abuelaish devrait enfin avoir lieu.…

    dimanche 19 février 2017 / 
     
     
    Yahya as-Sinwar

    Un nouveau départ pour la résistance palestinienne ?

    Abdel Bari Atwan – L’élection d’un « tenant de la ligne dure » comme nouveau leader du mouvement Hamas dans Gaza devrait annoncer la fin de l’ère…

    samedi 18 février 2017 /
     
     
    Photo : Ezz Zanoun/Al Jazeera

    Combattre l’occupation grâce à l’étude du cosmos

    Ylenia Gostoli – Vivre dans ce qui a été nommé la plus grande prison à ciel ouvert du monde, n’a pas dissuadé l’astrophysicien Suleiman Baraka…

    vendredi 17 février 2017 / 
     
     
    Photo : ActiveStills.org

    Trump et Israël

    Neve Gordon – Avec Trump à la Maison Blanche, Israël continuera à étendre les colonies en Cisjordanie. Félicitant le président élu Donald J Trump, le…

    jeudi 16 février 2017 / 
     
     
    Al Jazeera/Rami Khateeb

    Les Palestiniens de Jérusalem se battent pour sauver leurs maisons

    Jaclynn Ashly – Des dizaines de familles palestiniennes vivent sous la menace constante d’expulsion par les groupes de colons israéliens dans la ville occupée. Ahmad…

    mercredi 15 février 2017 / 
  • Au Liban, le soutien de Marine Le Pen à Assad fait des remous (L'Orient le Jour)

    Marine Le Pen a eu droit lundi et mardi, au Liban, à des égards inhabituels pour elle de la part de hauts responsables étrangers, mais également à des critiques parfois virulentes, notamment après sa prise de position en faveur de Bachar el-Assad.

    Walid Joumblatt, Samy Gemayel et Samir Geagea ont critiqué, avec plus ou moins de virulence, les propos de la candidate à l'élection présidentielle française.

    Marine Le Pen a eu droit lundi et mardi, au Liban, à des égards inhabituels pour elle de la part de hauts responsables étrangers, mais également à des critiques parfois virulentes, notamment au sujet de ses prises de position en faveur de Bachar el-Assad. Lundi, la présidente du Front national a estimé que le président de la Syrie, engagée dans une guerre aux conséquences régionales dramatiques, notamment pour le Liban, est "une solution bien plus rassurante pour la France que l'Etat islamique".

    "J'espère que la France fera un meilleur choix que cette droite fasciste", a fustigé mardi le leader druze Walid Joumblatt, à l'issue d'un entretien avec le président français François Hollande à l’Élysée. Le chef du Parti socialiste progressiste réagissait là aux propos sur la Syrie de la candidate de l'extrême droite à la présidentielle française.
    "Les déclarations de Mme Le Pen au Liban ont insulté le peuple libanais et le peuple syrien", a encore dit Walid Joumblatt, pour qui les plus hauts dirigeants du pays ont commis une faute en recevant la présidente du Front national (FN).

    Le positionnement de Marine Le Pen sur la Syrie lui a aussi valu la réprobation des Kataëb, un parti qui entretient pourtant des liens historiques avec le FN - certains cadres et ex-cadres frontistes ont combattu à leurs côtés durant la guerre du Liban (1975-1990).
    "Lutter contre (l'extrémisme) ne se fait pas en soutenant les dictatures mais en soutenant les forces modérées et en diffusant des valeurs de tolérance et de diversité démocratique", a jugé le parti dans un communiqué publié après une rencontre entre son chef, Samy Gemayel, et Marine Le Pen. "Certes il y a les liens du sang, mais ce que Mme Le Pen dit sur Bachar el-Assad n'est vraiment pas acceptable", a souligné un responsable Kataëb.

    Samir Geagea, chef des Forces libanaises hostile au président Assad n'a, lui aussi, pas manqué d'afficher ses divergences avec Marine Le Pen qu'il a reçue mardi à Meerab. Il a fait savoir à son invitée qu'il considérait le président syrien comme "l'un des plus grands terroristes de la Syrie et de la région". Il lui a également rappelé "les opérations militaires du régime Assad au Liban durant des décennies, ainsi que la série d'assassinats qui a visé les personnalités de la Révolution du Cèdre (l'alliance du 14 Mars, ndlr), pointant du doigt ainsi le régime Assad. M. Geagea a dans ce contexte affirmé qu'il ne pouvait accepter le maintien au pouvoir de Bachar el-Assad, refusant toutefois l'équation selon laquelle "l'alternative au président Assad serait les islamistes". "Nous ne voulons ni l'un ni l'autre", a-t-il dit.

    "J'ai dit dès le début du conflit syrien, et j'étais la seule à l'époque, que contribuer à la chute de Bachar el-Assad c'est permettre à l'EI de gouverner la Syrie", avait déclaré Mme Le Pen à L'Orient-Le Jour dans une interview dimanche soir. "En géopolitique, il faut souvent faire le choix du moins pire, et pour moi le moins pire c'est Bachar el-Assad", avait-elle également souligné avant de préciser qu'en vas de victoire à la présidentielle, elle normaliserait les relations entre la France et le régime syrien.

    Si cette visite au Liban aura permis à Mme Le Pen de rencontrer, pour la première fois, un chef d'Etat, ses rencontres avec les responsables libanais auront été plus distantes que ce qui avait prévalu lors de la visite d'une autre candidat à la présidentielle française, Emmanuel Macron, à Beyrouth, fin janvier.

    A l'époque, le président Michel Aoun avait reçu l'ancien ministre français de l'Economie dans un bureau plus chaleureux que l'immense salle dans laquelle il se tenait lundi à bonne distance de Mme Le Pen, après une protocolaire poignée de main.

    Saad Hariri, le Premier ministre et leader de la communauté sunnite du pays, avait, lui, salué en M. Macron un "ami", ajoutant : "Ce qu'il représente, la jeunesse, la manière de faire la politique, est important".
    Cette fois, c'est par un communiqué, plutôt qu'en raccompagnant son hôte à l'issue de la rencontre, que le locataire du Grand Sérail a mis en garde Mme Le Pen contre tout "amalgame" entre islam d'un côté et terrorisme de l'autre. "Les Libanais et les Arabes, comme la majorité du monde, considèrent que la France est la patrie des droits de l'homme et de l'Etat républicain qui ne fait aucune distinction ethnique, religieuse ou de classe entre ses citoyens", lui a-t-il dit durant leurs échanges, selon le communiqué.

    OLJ 21/02/201
     
  • Isabelle Gattiker, la femme-flamme du FIFDH (TV5 Monde)

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    Désormais aux commandes du Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains (FIFDH), Isabelle Gattiker est une femme souriante, pugnace et passionnée. La directrice nous dévoile son parcours et nous livre les secrets de cette 15ème édition.

     
    Le Festival du Film et Forum International sur les Droits Humains est sans conteste le plus important festival au monde du genre. Léo Kanneman, co-fondateur de cette manifestation avec elle, se souvient de la jeune femme qui terminait ses études d'histoire contemporaine.  : " Isabelle était alors en charge de la coordination. C'est une femme qui a du goût pour le cinéma. Elle est particulièrement entreprenante et quand elle s'engage, c'est toujours  à fond. Elle ne lâche rien, jamais !"

    Il vaut mieux, en effet, avoir l'endurance et la persévérance nécessaire pour assumer une telle tâche. Isabelle et son équipe de 46 personnes (parité hommes-femmes !) , après avoir visionné les films, puis décidé de leur sélection, gère le bon suivi des deux compétitions internationales, fiction et documentaire.

    Il y a également l'accueil et l'accompagnement des invités, l'organisation des débats, les masterclasses, bref, il s'agit de conduire l'immense navire FIFDH à bon port, c'est à dire à la satisfaction générale. Pas évident. L'endurance dure neuf jours. 35 000 festivaliers sont attendus.

    S’indigner "contre", c’est important, mais s’indigner "pour" : voilà le défi. Isabelle Gattiker
                                                                                                         

    Isabelle Gattiker, l'engagement toujours

    Isabelle Gattiker est née à Berne en 1978. De 2002 à 2005, elle organise le Festival du film sur les droits humains et le Festival Cinéma Tout Ecran, à Genève puis assiste pendant deux ans le réalisateur israélien Amos Gitaï en qualité de coordinatrice de production sur ses long-métrages News from Home (News from House) (2006)  et Désengagement (Disengagement) (2007) .
    Sa passion la conduit à produire des films pour l'ONU et le CICR. Engagement toujours.

    Dans l'édito qu'elle écrit pour présenter cette 15ème édition,  le souffle de la passion est intact : " Etre révolutionnaire en 2017, c’est surmonter la peur, c’est choisir ses mots, c’est se laisser émerveiller par les cinéastes et les artistes, c’est prendre le temps de revenir à la raison. Halte aux slogans. Pour changer le monde en 2017, il faut poser les bonnes questions et proposer un horizon d’action. Pourquoi nous battons-nous ? Qu’est-ce qui nous réunit ? Vers quoi voulons-nous aller ? Comment pouvons-nous l’atteindre ?"
    Tièdes s'abstenir.

    Ce qui rejoint ces films en compétition, c'est qu'ils changent notre manière de voir le monde.
    Isabelle Gattiker

    Comment se passe la programmation, la sélection des films ?

    Isabelle Gattiker :

    On reçoit a peu près 500 films par édition. Et on en sélectionne en tout une quarantaine, et seulement 20 documentaires sont en compétition et huit fictions. C'est une sélection extrêmement vive, difficile, douloureuse. Je crois que le secret, c'est l'équilibre. Arriver à trouver des films de grands cinéastes mais aussi des films méconnus, qui traitent de thématiques différentes. Ce qui rejoint ces films en compétition, c'est qu'ils changent notre manière de voir le monde. Ils nous montrent le monde comme on ne l'a jamais vu. Cette année,  il s'agit de la thématique autour des migrations et de la désobeissance civile, une question ouverte à laquelle nous n'avons pas de réponse préparée. On essaye de mettre en lumière des zones d'ombre, des violations oubliées, des situations que les gens ne comprennent pas bien, comme ce qu'il se passe au Yémen, aux Philippines...

    On a le sentiment que ces films qui expliquent et dénoncent, ne restent souvent que sous l'applaudimètre d'un festival. Il y a une vraie frilosité de la part des chaînes de télévision à les diffuser ..

    Isabelle Gattiker :

    Nous, nous avons de la chance ! Nous avons la Radio-Télévision Suisse (RTS) qui est l'une des dernières chaînes de télévision à investir, et investir vraiment, dans le documentaire d'auteur engagé. Chaque année, sur les 40 films, une dizaine a été co-financée par la RTS. Ce qui est extraordinaire pour un tout petit pays. C'est magnifique et il ne faut pas que cela change. Il  faut protéger ce bastion courageusement. Il y aussi Arte...Ce sont des films qui bousculent, qui dérangent, qui font moins d'audimat. Il faut plus prendre le temps de les regarder et les chaînes sont soumises à une pression d'audimat qui ne favorise pas ce genre de création..

    Un festival réussi, c'est quoi ?

    Isabelle Gattiker :

    On se rend compte qu'un Festival est réussi quand les salles sont pleines (ce qui arrive chaque année) mais surtout pleines de jeunes. Et l'année dernière, la moitié du public avait moins de 40 ans. C'est extraordinaire ! Souvent, un événement de ce type, autour des droits humains, attire un public plus âgé. On mesure aussi les interactions sur Internet, sur les réseaux sociaux. Les personnes viennent mais aussi elles en parlent, elles repostent nos articles et nos contenus, il y a une vraie réflexion. Nous avons une vingtaine de partenaires (dont TV5Monde ndlr) et ils viennent assister aux séances. Enfin, bien entendu, la presse internationale. Sommes nous cités ? Y-a-t-il des articles sur nous ? Chaque année, nous avons de gros événements qui sont repris par tous les médias internationaux. Il y a deux ans c'était Edward Snowden. Il a parlé en direct pendant 45 minutes. L'année dernière, c'était le docteur Mukwege  et cette année, ce sera Dilma Roussef. Nous voulons nous tourner vers le futur, proposer des choses concrètes. Il y a des situations scandaleuses mais on peut agir. C'est là où nous avons un rôle à jouer.

    21 fév 2017 Frantz Vaillant

    http://information.tv5monde.com/

  • Maroc « Nous dénonçons l’arrestation de défenseurs de l’environnement à Bni Oukil, opposés au projet de carrière du mont Dchira »(AMDH et ATTAC CADTM )

     

    l’AMDH et ATTAC CADTM Maroc   « Nous dénonçons l’arrestation de défenseurs de l’environnement à Bni Oukil, opposés au projet de carrière du mont  Dchira »

     

    Rabat, le 18 février 2017

    Communiqué conjoint de l’AMDH et ATTAC CADTM Maroc 

    « Nous dénonçons l’arrestation de défenseurs de l’environnement à Bni Oukil, opposés au projet de carrière du mont  Dchira »

    Le 15 février, Mohammed Akkad, qui défend les droits à un environnement sain des habitants de Bni Oukil , près d’Oujda (est du Maroc) a été arrêté par la gendarmerie royale dans l’enceinte même du Tribunal de première instance d’Oujda. M. Akkad a subi des violences de la part de la gendarmerie au moment de son arrestation.

    L’arrestation arbitraire de M. Akkad est en lien direct avec la lutte menée par les habitants de la Commune rurale d’Isly, près d’Oujda, contre un projet de carrière de gravier. Ce projet constitue une menace pour les activités agricoles des habitants et va détruire le patrimoine écologique   du mont Dchira, haut lieu historique de cette région.

    La répression des militants se développe dangereusement. Seize personnes, dont des militants écologistes de la région, sont aujourd’hui poursuivies en justice dans le cadre de cette affaire. Une décision de la wilaya (préfecture) criminalisant toute action contre ce projet pouvait laisser prévoir une telle escalade. Les autorités locales n’ont pas pris en comptes les nombreuses plaintes des habitants contre ce projet.

    Nos deux associations n’ont cessé d’alerter contre l’écran de fumée que représentent les faux projets environnementaux (une carrière n’est jamais présentée comme un projet environnemental) et de développement. LEt nous défendons le droit des populations victimes de l’injustice climatique et sociale de lutter contre  les abus des patrons locaux comme étrangers, qui bénéficient d’une protection totale de l’Etat.

    ATTAC Maroc et l’AMDH apportent leur soutien total aux habitants de Bni Oukil qui s’opposent avec courage contre les projets destructeurs de la nature dans la région de l’Oriental.

    Nous dénonçons les intimidations du responsable de ce projet dangereux ainsi que le harcèlement de l’Etat. Et nous appelons à :

    • La libération immédiate et sans conditions de Mohammed Akkad et nous dénonçons l’agression dont il a fait l’objet dans le hall du Tribunal qui a entraîné des blessures.
    • L’arrêt des poursuites contre les défenseurs de l’environnement et de l’intégrité physique des habitants de Bni Oukil
    • L’arrêt du projet de carrière, refusé par la population locale.
    • Nous lançons un appel à toutes les organisations pour élargir la campagne de solidarité avec les luttes de Bni Oukil et contre toutes les dépassements de l’entrepreneur de ce projet et les violations commises par les autorités, mettant en péril la santé et la sécurité de ces habitants.

    La solidarité et l’union des luttes est notre force pour obtenir nos droits et préserver notre dignité

    Bureau central de l’AMDH

    Secrétariat national d’ATTAC CADTM Maroc

    http://attacmaroc.org/

  • « On assiste aujourd’hui à une montée de grèves et de luttes urbaines »(PST)

    Membre de la direction nationale du Parti des travailleurs socialistes, Nadir Djermoune revient sur la situation sociale et politique en Algérie aujourd’hui.

    Quels sont les effets de la crise sur la prétendue politique d’industrialisation et d’intégration dans le marché mondial de l’État algérien ? L’effet des privatisations ? Et quelle part y prend la bourgeoisie algérienne ?

    La politique d’industrialisation poursuivie par le pouvoir algérien est plutôt une politique de « désindustrialisation », après une politique économique centrée sur une industrie « industrialisante » menée avec beaucoup de volontarisme les premières décennies de l’indépendance. Le pouvoir, dès les années 1980, sous la présidence de Chadli Benjedid a engagé une restructuration de tout l’appareil productif tant industriel qu’agricole.

    L’offensive des libéraux dans la décennie 1990 a trouvé chez Bouteflika son homme providentiel, un « Bonaparte éclairé ». Celui-ci a mené une politique de privatisations tous azimuts avec cependant une intégration très prudente au marché mondial. Cette prudence est dictée par deux considérants. Le premier est économique : l’impérialisme vise surtout les richesses énergétiques et une sous-traitance sans condition des secteurs économiques les moins porteurs. Le deuxième est surtout social : l’équilibre acquis par la société algérienne, tout relatif par ailleurs, est historiquement attaché à la souveraineté nationale et à une protection du marché national et de ses secteurs énergétiques. Il s’avère donc difficile voire impossible d’effacer ces acquis d’un revers de main. La résistance populaire, des travailleurs, y compris des secteurs de la bourgeoisie et de la bureaucratie bourgeoise au pouvoir, a eu raison des velléités néolibérales de la présidence.

    Mais aujourd’hui, cette prudence n’a mis hors privatisation que les seuls secteurs énergétiques du pétrole et du gaz sous contrôle de la Sonatrach et de la Sonelgaz. Tous les autres secteurs sont pratiquement privatisés ou en cours de privatisation. Et l’ensemble de l’activité économique reste ainsi très dépendante des prix du pétrole, dont la baisse accentue les tensions.

    Quelles en sont les conséquences pour les travailleurs et la population ?

    Les effets de ces privatisations commencent à se faire sentir dans le monde du travail par une grande précarisation et une montée du chômage, notamment chez les jeunes et les nouveaux diplômés.

    Bien évidemment, ces privatisations enrichissent des secteurs de la grande et moyenne bourgeoisie qui devient de plus en plus agressive et offensive sur le plan politique.

    Si d’un côté, le monde du travail, les jeunes chômeurs, les étudiantEs se battent, mènent des grèves et des protestations d’une manière récurrente – avec malheureusement une grande faiblesse sur le plan de l’organisation syndicale –, le patronat en revanche exerce des pressions plus organisées, avec une forte présence au niveau médiatique et des liens forts avec les rouages du pouvoirs, avec son lot de corruption.

    Quels sont les appuis qui permettent à Bouteflika de se maintenir au pouvoir ? En particulier quel rôle joue l’armée ?

    Si Bouteflika se maintient au pouvoir malgré sa maladie et les effets néfastes de sa politique économique au niveau populaire, c’est grâce à deux faits. Une certaine aisance financière durant son mandat, ce qui lui a permit de construire et de nourrir une clientèle diversifiée, chez les petits et grands commerçants et entrepreneurs, chez les paysans, des secteurs des fonctionnaires et même chez les jeunes, avec des aides pour la création d’entreprise...

    Il a aussi réussi à neutraliser ses oppositions politiques et à verrouiller toute expression politique. De plus, le fantôme de la guerre civile des années 1990, l’insécurité régionale, lui ont facilité la tache.

    Comme au début des années 1990, la crise pourrait-elle profiter à nouveau aux forces fondamentalistes islamistes ?

    La crise des années 1990 était aiguë, sur le plan économique mais aussi politique. Elle a touché les couches populaires mais aussi les couches moyennes. La montée des islamistes a surfé sur un processus de fascisation dans la société. Aujourd’hui, la crise n’est pas si aiguë. Entre-temps, les islamistes ont été défaits politiquement, même si idéologiquement, ils restent présents dans l’espace algérien. Mais les défaites subies sur le plan militaire et politique et l’intégration des forces islamistes dans le système, notamment pour les Frères musulmans, les ont fragilisés. Ils ont perdu toute crédibilité au yeux de pans entiers de la population, notamment chez les travailleurs. Les bouleversements qui traversent la région et le monde musulman, les effets néfastes de Daesh sur la Libye ou encore l’Irak et la Syrie introduisent des méfiances pour leurs discours de la part de larges couches de la société.

    Quelles sont les perspectives, alors que le processus révolutionnaire engagé en 2011 en Tunisie se heurte à une offensive réactionnaire ?

    L’effet domino du processus révolutionnaire engagé en Tunisie n’a pas eu de répondant direct en Algérie, même si on a assisté à des protestations de rue. Mais il faut aussi noter que l’Algérie avait connu un mouvement de même ampleur en 2001. Si ce mouvement n’a pas débouché sur un changement de régime, il n’en reste pas moins qu’il est resté vif sous forme d’émeutes et de révoltes sporadiques.

    Les protestations sociales continuent. On assiste aujourd’hui à une montée de grèves et de luttes urbaines qui gagnent les catégories tels les diplômés chômeurs, les étudiants, le mouvement contre la cherté de la vie, les mouvements environnementaux, notamment concernant l’exploitation du gaz du schiste... Récemment, l’augmentation des prix de électricité et du gaz mais aussi de l’essence et ses conséquences sur le transport, ont fait sortir des gens dans la rue dans certaines régions les plus défavorisées. De son côté, le mouvement syndical tente de se réorganiser en dehors de la centrale syndicale UGTA, bureaucratisée et de plus en plus inféodée au pouvoir.

    La perspective reste aujourd’hui l’organisation de la protestation, la construction d’une résistance aux offensives des libéraux et du patronat et une politique de défense des acquis sociaux non encore démolis. Politiquement, il faut construire une convergence des luttes sur le plan démocratique, antilibéral et anti-impérialiste.

    Propos recueillis par Yvan Lemaitre

  • Les seigneurs de la guerre d’Israël tournent à nouveau leurs yeux vers Gaza (A l'Encontre.ch)

     

    «Come you masters of war, … I can see through your masks… You lie and deceive, a world war can be won, you want me to believe, but I see through your eyes, and I see through your brain. … You’ve thrown the worst fear that can ever be hurled, fear to bring children in to the world.» (From Bob Dylan’s «Masters of War»)

    «Venez, les seigneurs de la guerre… Je peux vous voir sous vos masques… Vous mentez et trompez en prétendant qu’une guerre mondiale peut être gagnée, vous voulez que je vous croie, mais je vois ce qu’il y a dans vos yeux et dans vos cerveaux… Vous avez créé la pire des craintes, celle de mettre au monde des enfants.»

    Et voilà, ils sont de retour nos seigneurs de la guerre. Les va-t-en-guerre arrivent. Ils ne manquent pas une occasion de saisir un micro pour proférer des menaces concernant le déclenchement d’une nouvelle guerre. Et pourtant personne ne leur pose les questions évidentes: Pourquoi? Pour quoi? Le Nord est tranquille, comme le Sud aussi, relativement.

    Mais deux ans et demi se sont écoulés depuis la dernière guerre contre Gaza, et l’ADN israélien exige une nouvelle série de carnages. Et leurs postes respectifs – ministre du Logement ou ministre de l’Education – sont ennuyeux pour des gens comme eux. Le fait d’encourager des gymnasiens à aborder des mathématiques avancées ou construire de nouveaux logements publics est mortellement ennuyeux. Ils ont besoin d’une nouvelle guerre, qui leur permettra peut-être d’atteindre les postes qu’ils convoitent.

    La Bande de Gaza se meurt. Un rapport des Nations Unies a prédit qu’en 2020 Gaza ne serait plus capable d’assurer la vie humaine, il ne resterait donc à ses habitants que trois ans à vivre. Il y a longtemps que Gaza est devenue une cage impropre à la vie. Mais lorsqu’il n’y a pas de tirs de Gaza vers Israël, personne ne s’intéresse au sort des Gazaouis. Le Hamas arrête ses tirs, mais il a suffi que des rebelles tirent deux fusées depuis la Bande pour susciter 19 (!) attaques aériennes israéliennes et faire sortir tous nos va-t-en-guerre de leurs trous.

    Lorsqu’il a parlé de Gaza, les yeux de Yoav Galant, ministre du Logement, se sont allumés et son visage a semblé reprendre de la couleur. «Je pense que nous devrions être prêts d’ici le printemps», calcule ce seigneur de la guerre, qui rêve de retourner à Gaza pour tuer encore, comme il l’a si bien fait lors de l’opération «Plomb durci» il y a huit ans. Pourquoi au printemps? Il ne faut pas poser la question. Il y a certainement une raison que vous ignorez. C’est peut-être parce que Charles Aznavour a chanté au sujet du retour au printemps.

    La semaine dernière, Galant a saisi toutes les opportunités médiatiques – sauf sur la chaîne de musique classique Kol Hamusica – pour attiser les flammes et pousser vers une guerre. Il est vrai que personne ne prendrait la peine d’interviewer ce ministre du Logement barbant – que son collègue de parti Moshe Kahlon, ministre des Finances, déteste également – si ce n’est pour parler de Gaza. Comme il n’a pas brillé dans la construction, Galant, un ex-militaire, tente de revenir aux destructions. Le parti du Likoud l’attend.

    Le ministère de la Défense est aussi convoité par Naftali Bennett, ministre de l’Education. Mais pour y parvenir il faut attiser les flammes. Puisque le rapport officiel sur l’échec à gérer les tunnels du Hamas à Gaza n’a pas suffi, Bennett rêve lui aussi d’une nouvelle guerre. «La prochaine séquence de guerre approche», a-t-il déclaré, et c’est une prédiction qui se réalise toujours en Israël. Il n’a pas caché à quel point il est pressé de retourner sur les champs de la mort de Shujaiyeh [massacre de civils en juillet 2014] et les briefings confidentiels avec des officiers de l’armée.

    Et puis il y a évidemment l’actuel ministre de la Défense, Avigdor Lieberman, qui. même dans son rôle actuel de modéré, ne manquera pas non plus une occasion. «Nous n’arrêterons que lorsque l’autre côté crie “Oh Dieu, à l’aide!” (gevalt)», a déclaré avec arrogance le ministre. Il y a de nouveau eu les promesses creuses d’une victoire décisive qui ne se réalisera jamais, et pourtant tout le monde est d’accord d’accepter l’argument.

    Une fois de plus tout le monde attend l’année prochaine, comme s’il s’agissait d’un destin transmis par le tout-puissant s’il ne l’est pas par Gaza. En fait, Gaza crie gevalt. Mais aucun des va-t-en-guerre n’écoute. Gaza constitue pour eux une possibilité d’avancer leurs carrières, de mobiliser les forces et pour conceptualiser une guerre contre l’ennemi qui n’est qu’un assaut contre une population impuissante, et «une armée de hooligans». Gaza leur permettrait de faire à nouveaux les grands titres, de connaître à nouveau la gloire, et de retourner au bon vieux temps des vestes de combat. Sinon il n’y aurait aucune raison de se lancer dans une nouvelle attaque contre Gaza.

    La dégradation de la situation pourrait être rapide. Il suffirait à peine de quelques nouvelles déclarations de guerre, de quelques réponses «disproportionnées» de l’armée israélienne à chaque pétard ou cerf-volant lancé depuis Gaza, pour que nous nous y rendions. C’est Israël plutôt que Gaza qui avait également provoqué la guerre en 2008 et en 2014. L’armée peut se trouver à Gaza avant de pouvoir dire «cigares et champagne».

    Et il n’y a personne pour crier «stop», personne pour dire que ceux qui ne veulent pas une guerre à Gaza devraient arrêter le blocus plutôt que de détruire la Bande pour la troisième, la quatrième, la cinquième fois. Mais pour le dire il faudrait du courage, une qualité qui fait défaut parmi nos seigneurs de la guerre qui, comme l’expriment les paroles de Dylan, ne seront jamais pardonnés. (Article publié dans Haaretz en date du 12 février 2017; traduction A l’Encontre)

    Publié par Alencontre le 20 - février - 2017 Par Gideon Levy

    http://alencontre.org/

  • 51 prisonnières palestiniennes sont détenues dans des conditions dramatiques (AFPS)

    Le centre d’études pour les prisonniers de Palestine a déclaré mercredi que 51 prisonnières palestiniennes détenues dans les prisons israéliennes vivent dans des conditions dramatiques.

    Riyad Al-Ashqar, chercheur et porte parole du centre a indiqué que les autorités de l’occupation maintiennent les prisonnières palestiniennes dans l’isolement total, dans les prisons de "Hasharon et Damoun" où elles sont soumises à toutes les formes d’abus et de tortures, en précisant que les juges de l’occupation ont récemment prononcé à leur encontre plusieurs condamnations à la prison ferme.

    Il précise que 9 prisonnières sont détenues dans deux cellules dans la prison de Damoun, 45 autres sont détenues dans la prison de Hasharon et que plus de la moitié d’entre elles ont été condamnées au cours des deux derniers mois pa les tribunaux militaires à des peines allant de 1 à 17 ans de prison.

    La prisonnière Shouruq Ibrahim Dwayyat, 19 ans, de Jérusalem, détenue depuis le 7/10/2015, a été condamnée à 17 ans de prison ; Shatila Souleiman Abu-Ayadeh, 22 ans, de la ville de Kafr Kassem, a été condamnée à 16 ans de prison ferme, sur des accusations d’attaque au couteau ; ainsi que la prisonnière Maysoun Moussa, de Bethléem, détenue depuis juin 2015, et qui a été condamnée à 15 ans pour les mêmes raisons.

    Al-Ashkar rappelle qu’au cours de l’interrogatoire, les agents de renseignement déploient toutes les techniques d’interrogatoire psychologiques et physiques tels que les passages à tabac, la privation de sommeil, l’intimidation et le "shabah" qui consiste à suspendre la prévenue pieds et mains liés pendant de longues heures dans une position inconfortable, sans aucun égard à leur spécificité en tant que femme. Mais leurs souffrances ne s’arrêtent pas là, au contraire elles continuent pendant et après leur transfert dans les prisons où les services pénitentiaires s’y emploient pour les humilier et les accabler.

    Et la pire des souffrances ressentie par les prisonnières est le transfert vers les tribunaux à bord de véhicules appelés "Al-Bostah", une opération qualifiée de désastre, de punition et de torture délibérée, que l’occupation renouvelle délibérément au gré des comparutions fréquentes devant les tribunaux, mais le comble de la souffrance c’est en hiver très tôt le matin où la température est basse et le plus souvent les gardiens interdisent aux détenues de prendre des couvertures ou des vêtements chauds, ce qui multiplie leurs souffrances.

    Parmi les prisonnières se trouvent 13 jeunes filles mineures. 7 d’entre elles ont été blessées par balles lors de leur arrestation et malgré les premiers soins elles souffrent et se plaignent encore de douleurs insupportables et de complications mais aucun soin ni traitement adéquat ne leur a été fourni.

    Istebriq Ahmed Nour, 15 ans, de Naplouse est considérée comme la plus jeune prisonnière palestinienne. Elle a été arrêtée par des soldats israéliens le 21/10/2015 après lui avoir tiré dessus à bout portant à la main et à la jambe alors qu’elle rentrait de l’école, parce qu’elle avait "l’intention" de commettre une attaque au couteau.

    Le centre d’études pour les prisonniers de Palestine a appelé les institutions internationales pour les droits des femmes à intervenir pour soutenir et défendre les droits des femmes palestiniennes et appliquer les dispositions des accords que les autorités d’occupation violent au quotidien.

    Traduction : Moncef Chahed

    Ma’an News, lundi 20 février 2017

    Groupe de Travail Prisonniers

    http://www.france-palestine.org/

  • Ne pas lâcher prise sur la Ligne verte : c’est le talon d’Achille d’Israël Nadia Hijab (BDS)

    cndpfakinadojbag

    Nadia Hijab est directrice exécutive d’Al-Shabaka : le réseau politique palestinien, dont elle est co-fondatrice en 2009. Elle intervient fréquemment comme conférencière et commentatrice dans les médias, et elle est maître de conférences à l’Institut des Études palestiniennes.

    Le poète Dylan Thomas exhortait son père – et tous ceux qui approchent de la mort – « N’entre pas apaisé dans cette bonne nuit » mais « rage, rage encore lorsque meurt la lumière ». La mort de la solution à deux États est prédite depuis près de vingt ans, depuis qu’il est devenu évident qu’Israël a signé le processus de paix d’Oslo en 1993 sans aucune intention de permettre un État palestinien souverain.
    Et pourtant, la lumière a refusé de mourir. Il était dans l’intérêt de tous les pays, dont Israël et l’Organisation de libération de la Palestine (OLP/Palestine), de maintenir des lueurs de vie dans la possibilité de deux États, en dépit de la colonisation acharnée du territoire palestinien occupé (TPO) par Israël qui, jusqu’ici, y a implanté quelque 200 colonies de peuplement avec 600 000 colons, des actes qui constituent des crimes de guerre en droit international.


    Pour les Palestiniens vivant dans la zone grise de l’occupation, les libertés les plus fondamentales de la vie d’un peuple, le droit à la liberté, au mouvement, à la santé, et l’accès à l’eau, entre autres, ces libertés sont violées quotidiennement. Les réfugiés et les exilés palestiniens sont grandement abandonnés à leur sort, et les citoyens palestiniens d’Israël doivent faire face, du mieux qu’ils le peuvent, à la discrimination et leur dépossession par Israël. Dans l’ensemble, la stagnation du corps politique palestinien empêche une action collective efficace.


    Mais si les Palestiniens sont trop impuissants, jusqu’à présent, pour s’évader de cette zone grise, ce n’est pas le cas de l’aile droite israélienne et du mouvement des colons. Ils se sont renforcés au cours des décennies et ils ont pénétré l’armée, le système politique, et le système judiciaire, leur pouvoir considérable est entièrement soutenu et financé par l’État israélien. Ni les États-Unis ni l’Union européenne ne lui ont fait payer sa colonisation de la Cisjordanie, y compris Jérusalem-Est. Au contraire, les USA, et l’UE avec ses États membres, tout comme les pays d’Asie, d’Afrique et d’Amérique latine, veulent maintenir leurs relations militaires et commerciales avec Israël.


    Le mouvement des colons ne veut plus exister dans l’opacité d’un scénario à deux États : il recherche la clarté d’une annexion officielle de ce qui reste du TPO (Israël a déjà annexé Jérusalem), illégalement ou, au moins, de la Zone C qui représente quelque 60 % de la Cisjordanie. Tel est l’objectif, pour l’instant, du dirigeant de droite israélien, et ministre de l’Éducation, Naftali Bennett, qui a annoncé, avec jubilation, que « l’ère d’un État palestinien est finie » après que Donald Trump a remporté les élections présidentielles américaines.


    Le projet de loi que le parti de Bennet, le Foyer juif, a fait voter à la Knesset le 6 février 2017, pour « régulariser » les avant-postes illégaux comme Amona, construits sur une terre palestinienne privée, avait pour but de faire une déclaration claire sur qui possède la terre, et qui détient un pouvoir réel en Israël. Le projet de loi a été qualifié de vol de terre, même en Israël, au milieu de mises en garde que l’initiative atterrirait à la Cour pénale internationale.


    La réaction horrifiée de la communauté internationale à ce projet de loi pour la « régularisation » a été presque comique. Le ministère allemand des Affaires étrangères a déclaré que sa confiance dans l’engagement du gouvernement israélien pour une solution à deux États se trouvait « fondamentalement ébranlée », tandis que la France appelait Israël à revenir sur la loi et à honorer ses engagements. Où étaient-ils passés depuis 50 ans alors que ces crimes de guerre étaient commis ? Toutes les colonies qu’Israël a construites, que ce soit sur des terres non habitées ou sur les ruines de maisons et les terres privées palestiniennes, toutes sont illégales au regard du droit international, comme l’exploitation incessante des ressources naturelles des Palestiniens. En outre, le recours continu d’Israël à la force pour maintenir son occupation empêche le peuple palestinien de jouir de son droit, internationalement reconnu, à l’autodétermination. Actuellement, les puissances mondiales sont en train d’espérer qu’une décision de la Haute Cour israélienne, contre le projet de loi, leur évitera d’avoir à agir pour stopper les pratiques néocoloniales d’Israël.

    Israël ne peut pas légaliser ses conquêtes : cela menacerait l’ordre mondial

    Ce que cet épisode a démontré, plus que tout autre chose, c’est qu’en dépit de toutes ses manœuvres, Israël n’a pas encore réussi à gommer complètement la Ligne verte, ni à légaliser l’acquisition permanente du TPO. À ce jour, la communauté internationale ne reconnaît ni son annexion officielle de Jérusalem-Est, ni sa revendication unilatérale sur Jérusalem-Ouest. Le monde maintient que Jérusalem a un statut distinct (corpus separatum) en vertu du Plan de partition de 1947 et que son statut ne peut être accepté que par des négociations.


    Même si la communauté internationale n’a pas tenu Israël pour responsable de façon efficace – par exemple, l’étiquetage, autour duquel l’UE a fait tant de battage, des produits des colonies qui entrent sur le marché de l’UE a eu un impact minime -, elle n’approuvera pas le projet d’Israël de colonisation, et elle ne lui accordera aucune légitimité aux yeux du monde.


    En bref, Israël ne peut répéter la victoire initiale du mouvement sioniste avec la création d’un État en Palestine, incluant l’expansion des frontières de cet État bien au-delà de celles définies par le Plan de partition de 1947, sur lequel repose son existence. Israël est dans le mauvais siècle pour ce projet colonial.


    La Ligne verte – la ligne d’armistice à la fin des combats entre les armées arabes et israéliennes en 1949 – est à la base du refus de la communauté internationale de légaliser l’occupation d’Israël car elle distingue ce que le monde considère comme l’État israélien, du territoire qu’il a occupé en 1967 et des actes illégaux qu’il y a commis.
    Plus important, le statut du TPO, ce n’est pas une chose qui concerne uniquement le peuple palestinien : il concerne tout État exposé à une perte de territoire. Et la menace posée par les changements israéliens unilatéraux pour la stabilité de l’ordre mondial concerne l’Europe en particulier, qui a souffert de deux guerres mondiales.


    C’est pourquoi la Résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, votée le 23 décembre 2016, n’est pas importante seulement pour les Palestiniens : elle l’est pour l’ensemble de l’ordre de l’après-guerre, car elle réaffirme l’illégalité des colonies et l’application du droit international – notamment les lois régissant l’occupation militaire – au territoire occupé. Et c’est pour cela qu’Israël a été si en colère après la 2334 : sa capacité à effacer la Ligne verte en a pris un gros coup.


    Bien que l’hypocrisie de la communauté internationale soit évidente dans sa façon de traiter très différemment l’occupation de la Palestine par Israël et l’occupation de la Crimée par la Russie, ces deux occupations ont comme base la même législation internationale. Peut-être que la déclaration la plus importante nous venant de la nouvelle Administration US est celle de l’ambassadrice des USA aux Nations-Unies, Nikki Hayley, devant le Conseil de sécurité, à propos de la flambée de violences en Ukraine au début de ce mois. Elle a appelé à une cessation immédiate de l’occupation russe de la Crimée, et déclaré que les USA ne lèveront pas leurs sanctions contre la Russie tant que la Crimée ne sera pas rendue à l’Ukraine. Étant donné les mots chaleureux de Trump à propos de la Russie, la déclaration a été une surprise mais, sans aucun doute, elle a été bien accueillie par les Européens.


    Lâcher prise sur la Ligne verte en ce moment serait une erreur grave, peut-être irréversible. Le caractère illégal des activités israéliennes dans le TPO conserve la faculté pour les Palestiniens de poursuivre Israël et les dirigeants israéliens devant les tribunaux internationaux et nationaux. C’est aussi un élément important dans le renforcement des efforts du mouvement de boycott, désinvestissement et sanctions (BDS), créé et dirigé par la société civile palestinienne.


    À ce jour, les efforts visant l’État n’ont eu qu’un succès modeste parce qu’Israël s’est positionné comme précieux pour la communauté internationale dans les domaines du commerce, du développement des armes, et de la géopolitique. La révélation de l’intention véritable  des dirigeants israéliens, concernant l’acquisition permanente du TPO par la force, rend le moment opportun pour une pression concertée par l’OLP/Palestine pour, au minimum, obtenir l’interdiction totale des produits des colonies et la fin des relations avec l’État israélien et les organismes du secteur privé, telles que les banques, qui financent les colonies de peuplement.

    La Ligne verte n’entre pas dans l’opposition un État contre deux États

    La Ligne verte est considérée comme la frontière sur laquelle reposerait une solution à deux États. Pourtant, arguer que les Palestiniens ne doivent pas laisser tomber la Ligne verte, ce n’est pas se déclarer comme partisan d’un résultat politique avec une solution à deux États. En revanche, c’est un argument pour utiliser toutes les sources possibles et efficaces d’une force disponible, sans renoncer aux droits inaliénables des Palestiniens.


    Il est important de plaider cette cause à présent, car les voix sont plus nombreuses chez les Palestiniens et dans le mouvement de solidarité avec la Palestine à demander de changer le but politique des Palestiniens, d’une solution à deux États vers une solution à un seul État, ou vers une lutte pour les droits civils. Ces voix vont probablement devenir plus fortes à l’approche de l’anniversaire de la 50e année d’occupation en juin prochain, avec les Palestiniens qui, tant en Israël que dans les TPO, sont confrontés aux menaces israéliennes les plus draconiennes pour leur existence sur leur terre depuis le début de l’occupation.
    Il est naturel qu’un peuple en quête de ses droits nationaux et humains, et ses alliés, veuillent la clarté et l’unité sur le but politique final. En outre, la fissure croissante entre ceux qui plaident pour un État ou une lutte pour les droits civils, dont beaucoup sont des militants palestiniens et de leurs sympathisants populaires, d’un côté, et ceux qui sont favorables à deux États de l’autre, dont beaucoup sont des dirigeants et hommes d’affaires palestiniens (aussi bien que les sionistes libéraux), cette fissure a nui à la capacité des Palestiniens à s’unir autour d’une action collective.


    Malheureusement, parvenir à la clarté du corps politique palestinien sur l’objectif final n’est pas réalisable à ce stade. Cela a été possible autour d’un État unique de 1969 à 1974 quand le programme de l’OLP se fondait sur un État démocratique et laïc. C’était également possible autour de deux États dans les années entre la déclaration d’indépendance palestinienne en 1988 et la reconnaissance ultérieure d’Israël jusqu’à la fin des années 1990 et l’échec du processus d’Oslo.


    Aujourd’hui, les Palestiniens n’ont pas le pouvoir de réaliser un objectif politique final dans un avenir prévisible. Ce qui ne devrait pas empêcher, et n’empêche pas, d’œuvrer pour obtenir des acquis intermédiaires, sans compromettre les droits fondamentaux. Telle est en fait la position que défend le mouvement BDS : il se base sur le droit et non sur une « solution ». En ne se prononçant pas pour une issue politique finale, le mouvement peut mobiliser le plus grand nombre d’acteurs palestiniens et de la solidarité, encourageant chacun à agir à sa façon pour contester les violations du droit par Israël. Ils peuvent, en effet, se concentrer sur l’occupation et/ou sur les droits des citoyens palestiniens d’Israël, et/ou sur les droits des réfugiés palestiniens.


    Beaucoup d’énergie est gaspillée sur la question de l’objectif final, une énergie qui serait mieux utilisée pour élaborer des stratégies spécifiques afin de mettre un coût sur l’occupation et les violations du droit par Israël. Elles pourraient adopter soit une démarche basée sur le droit afin d’aider la société civile, soit une démarche basée sur une solution afin d’établir un contact avec les gouvernements et les entreprises. Nul besoin de nier le résultat politique ultime de deux États, Israël et Palestine, dans lesquels tous les citoyens jouissent des droits humains, ou d’un seul État palestinien-israélien, où tous jouissent de tout l’éventail des droits.
    Cela n’aurait donc aucun sens d’abandonner toutes les sources de pouvoir disponibles pour arrêter et faire reculer les actes illégaux d’Israël et promouvoir les droits des Palestiniens, y compris, et peut-être surtout, la Ligne verte. Les questions les plus immédiates sont dans la façon d’éviter les pièges à venir dans les négociations menées par l’Administration Trump, tout en tirant parti de l’objectif d’Israël de révéler ses véritables intentions à l’endroit du TPO, d’une manière qui rende impossible pour quiconque de fermer les yeux.

    Traiter avec les Opérateurs

    L’initiative de la droite israélienne de légaliser ses avant-postes a souligné la réalité que, en dépit de sa force écrasante, elle n’a aucune voie unilatérale pour une reconnaissance internationale de son statut dans les territoires. Seule, l’OLP/Palestine, en tant que représentante du peuple palestinien, peut accepter un changement dans le statut qui permettrait à Israël de conserver certains de ses « butins » – et il va sans dire qu’elle ne doit pas agir ainsi ; la société civile palestinienne doit faire tout son possible pour s’assurer qu’elle ne le fera pas. La période à venir est pleine de dangers et de défis qui nécessiteront des stratégies et des actions claires et collaboratives de la part des Palestiniens.


    L’un des principaux dangers est le désir de Trump de faire un « deal » sur la Palestine et Israël. Israël fera probablement monter la pression économique et militaire qu’il exerce sur les Palestiniens sous son occupation, et qui sont déjà sous très haute pression. En outre, la démarche de l’Administration Trump pèse déjà lourdement sur les Palestiniens avec la nomination du partisan des colons par excellence, David Friedman, au poste d’ambassadeur US. Le défi ici est de réfléchir à la façon dont l’OLP/Palestine peut résister à cette poussée, avec le soutien (et la pression) des citoyens palestiniens d’Israël et le soutien international, et quelles stratégies elle peut adopter pour qu’elle n’apparaisse pas comme un « partisan du refus », qu’elle ne s’écroule pas sous la pression (notamment des États arabes), et qu’elle puisse exercer une contre-pression. En interne aussi, elle doit trouver les moyens de supprimer peu à peu toute coordination sur la sécurité avec Israël, ce qui peut ne pas se justifier dans les meilleurs délais, mais qui ne peut plus du tout maintenant être excusée.


    Un autre défi concerne les tensions qui pourraient monter entre la société civile palestinienne et le mouvement de solidarité Palestine aux États-Unis, qui est l’une des sources de pouvoir les plus fortes pour le peuple palestinien, si et quand l’OLP/Palestine entreprend des négociations parrainées par l’Administration Trump. Le mouvement solidarité Palestine et ses alliés naturels – notamment les communautés noires, latino-américaines, et autochtones des USA – ne peuvent envisager une situation qui « normalise » les relations avec l’Administration Trump et ses aspects nationalistes et racistes en faveur des Blancs. En outre, il sera difficile de maintenir la Palestine à l’ordre du jour avec autant de questions conflictuelles auxquelles sont confrontés les citoyens américains – notamment l’accès aux soins, l’environnement, l’éducation, et les droits des salariés.


    Cependant, la situation pourrait changer d’ici les deux ans. La mobilisation de vastes secteurs de la société civile américaine sur les droits des immigrés, la santé et l’éducation, et contre le racisme et la discrimination, pourrait changer radicalement la composition du Congrès lors des prochaines élections, passant des Républicains au Parti démocrate. Et les forces progressistes comme celles qui soutiennent la cause palestinienne – soutenant notamment des sanctions contre Israël – grandissent au sein du Parti démocrate.
    L’Europe, l’autre grande arène, est aussi préoccupée. L’UE fait face au retrait de la Grande-Bretagne, aux menaces d’élections de dirigeants d’extrême-droite dans des pays clés, et à l’imprévisibilité de la nouvelle Administration américaine. Mais les Européens craignent aussi un affaiblissement de l’ordre mondial, et les actions d’Israël peuvent fournir l’occasion pour la société civile de faire pression sur leurs gouvernements afin qu’ils prennent leurs responsabilités et mettent fin à leurs relations avec les entités israéliennes qui fonctionnent au-delà de la Ligne verte, ou qu’ils envisagent les mêmes sanctions qui sont appliquées contre la Russie après son occupation de la Crimée.


    L’OLP/Palestine a évolué sur des fronts qui peuvent être, et qui sont, mis en avant plus efficacement, tels que l’adhésion de la Palestine à la Cour pénale internationale (CPI), et son engagement auprès du Conseil des droits de l’homme, incluant la décision du Conseil de créer une base de données de toutes les entreprises engagées dans une activité illégale dans le TPO. Ces points d’entrée peuvent aussi être utilisés par les organisations palestiniennes de défense des droits de l’homme qui sont engagées directement avec la CPI et le Conseil des droits de l’homme, entre autres organisations internationales, en coordination avec ou par les activités de lobbying de l’OLP/Palestine.


    Et l’adoption de la Résolution 2334 du Conseil de sécurité des Nations-Unies, malgré tous ses défauts, notamment le maintien de la coordination de sécurité avec Israël, peut encore être marquée comme une victoire de l’OLP/Palestine. Bien qu’il n’y ait pas pénurie de résolutions similaires, sa réaffirmation, à l’époque actuelle, était un avertissement à Israël qu’il aura à faire face à une grande bataille dans ses tentatives de formaliser son acquisition illégale de territoires par la force. De plus, la RCSNU 2334 va plus loin que les textes précédents des Nations-Unies en demandant à « tous les États » de « faire la distinction dans leurs relations » entre territoire israélien et territoire occupé en 1967.


    C’est pourquoi Israël lutte durement contre la RCSNU 2334, notamment au niveau de chaque État des États-Unis. Déjà, des États US essayaient de s’opposer au succès du mouvement BDS en boycottant les entreprises qui refusaient de faire des affaires dans les colonies – une vingtaine d’États ont une législation à cet effet. Maintenant, des États citent expressément la RCSNU 2334 comme un élément de leur contre-attaque. Par exemple, l’État de l’Illinois a mis en garde l’UE contre le fait d’encourager les entreprises à suivre ce chemin, disant que « l’adoption de sanctions conformément » à la RCSNU 2334 (laquelle ne mentionne pas la menace de sanctions) pourrait « faire prendre le risque aux entreprises européennes d’une violation de la législation de l’Illinois ».


    Le manque d’un progrès assuré sur la réalisation du droit dans un avenir prévisible laisse les Palestiniens vivant sous l’occupation et le siège israéliens, les citoyens palestiniens en Israël, et les réfugiés palestiniens, face à des jours très sombres. Cependant, il y a encore des raisons d’espérer, notamment la détermination de la société civile palestinienne et les points d’entrée que l’OLP/Palestine a obtenus à la CPI, entre autres. La hâte de la droite israélienne à s’emparer du pouvoir en Israël et à terminer l’annexion de la Palestine va créer plus d’ouvertures pour l’action. Alors que la société civile américaine se mobilise contre Trump, c’est le moment de tenir ferme, de défendre les acquis, d’exploiter les opportunités, et de se prémunir contre les concessions.

    Et c’est le moment de s’accrocher à cette Ligne verte.

    Nadia Hijab – 15 février 2017 – Al Shabaka

    https://al-shabaka.org/
    Traduction : JPP pour BDS FRANCE

    https://bdsf34.wordpress.com/