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Culture - Page 8

  • "Palestine en vue" Premier festival du film palestinien en Rhône-Alpes

    "Palestine en vue" Premier festival du film palestinien en Rhône-Alpes

    Ce premier festival du film palestinien, initiative de la toute jeune association ERAP (échanges Rhône-Alpes Palestine), après avoir démarré sur Annecy en mai, se déroulera* du 3 au 12 juin dans une dizaine de villes de la région.

    Plus de vingt séances de cinéma avec dix films différents

    A travers ce festival, l’association souhaite faire connaître au public rhône-alpin la Palestine, sa société, ses problèmes quotidiens, sa culture et notamment la richesse de son art cinématographique.

    Ouverture du festival le 3 juin 2015 à 20h au Cinéma Comoedia – LYON

    Projection « Les Chebabs de Yarmouk » En présence de Monsieur l’ambassadeur Hael El Fahoum, d’Emad Burnat et du réalisateur Axel Salvatori-Sinz

    L’invité d’honneur du festival est Emad Burnat, agriculteur palestinien et cinéaste, Il est le premier palestinien nommé pour l’ Oscar du meilleur long métrage documentaire.

    Mais aussi, participeront aux débats Béatrice Guelpa (journaliste), Norma Marcos (Fragment d’une Palestine perdue), Shereen Suleiman (service culturel de la Mission de Palestine), Rachid Mashrawi (Letter from Al Yarmouk), Salvatori Sinz (Les Chebabs de Yarmouk), Amer Shomali (18 fugitives) liste non limitative ....

    Plus d’info

    http://www.france-palestine.org/Palestine-en-vue-Premier-festival-du-film-palestinien-en-Rhone-Alpes

  • Kurdes (Bretagne et diversité)

    Peuple kurde (Peuple kurde - A cheval sur plusieurs états)

    Les Kurdes sont aujourd'hui 35 millions, liés par une culture commune mais vivant écartelés entre quatre États : Turquie, Irak, Iran et Syrie, ainsi qu'à l'étranger. En effet, près de 2 millions d'entre eux ont dû émigrer, et se considèrent en exil, au sein de la diaspora kurde. L’aspiration à un État propre a toujours été très forte dans l’ensemble du Kurdistan et s'est maintenue en dépit de multiples répressions.

    Tous les Kurdes partagent des dialectes issus du kurde, langue indo-européenne de la branche iranienne, et une culture et une histoire communes.

    Seul le Kurdistan irakien jouit d'un statut autonome, partout ailleurs les revendications kurdes sont ignorées ou bafouées.

    Les Kurdes appartiennent au rameau iranien de la grande famille des peuples indo-européens. L'ère kurde est datée de 612 avant J.C, et ce sont les Mèdes qui fondent un empire, en Assyrie, Iran et Anatolie. Ce règne des Mèdes s'achèvera vers le milieu du VIème siècle av. J.C., mais leur religion et leur civilisation domineront l'Iran jusqu'à l'époque d'Alexandre le Grand. On est un peu dans le flou sur ce passé lointain-

    Après avoir opposé une résistance farouche aux invasions arabo-musulmanes, les Kurdes finirent par se rallier à l'islam, sans pour autant se laisser arabiser. Cette résistance s'étala sur près d'un siècle.

    A la faveur de l'affaiblissement du pouvoir des califes, les Kurdes qui jouaient déjà un rôle de premier plan dans le domaine des arts, de l'histoire et de la philosophie, commencent à affirmer dès le milieu du IXème siècle leur propre puissance politique. Mais le cours de l'histoire est bouleversé par les invasions massives des peuplades déferlant des steppes de l'Asie centrale. Puis ce sont les invasions turco-mongoles du XIIIème siècle.

    Dans la deuxième moitié du XVème siècle le pays kurde va prendre forme comme une entité autonome, unie par sa langue, sa culture et sa civilisation mais politiquement morcelée en une série de principautés. Cependant, la conscience d'appartenir à un même pays est vive, au moins parmi les lettrés.

    Au début du XVIème siècle le pays kurde devient l'enjeu principal des rivalités entre les empires ottoman et perse. Placés devant le choix d'être un jour ou l'autre annexés par la Perse ou d'accepter formellement la suprématie du sultan ottoman en échange d'une très large autonomie, la plupart des dirigeants kurdes optèrent pour cette seconde solution. Ce statut particulier assura au Kurdistan près de trois siècles de paix.

    La société kurde aborda la Première Guerre Mondiale divisée, décapitée, sans projet collectif pour son avenir. En 1915, les accords franco-britanniques dits de Sykes-Picot prévoyaient le démembrement de leur pays.

    Le clivage s'est accentué au lendemain de la défaite ottomane face aux Puissances Alliées, en 1918. Le Traité International de Sèvres  de 1920, qui préconisait la création sur une partie du territoire du Kurdistan d'un Etat kurde, restera cependant lettre morte. Le 24 juillet 1923, un nouveau traité fut signé à Lausanne, qui consacrait l'annexion de la majeure partie du Kurdistan au nouvel Etat turc. Auparavant, la France avait annexé à la Syrie, placée sous son mandat, deux provinces kurdes. Le Kurdistan iranien vivait en état de quasi-dissidence par rapport au pouvoir central persan. Restait encore en suspens le sort de la province kurde de Mossoul, très riche en pétrole.

    Ainsi fin 1925, le pays des Kurdes, connu depuis le XIIème siècle sous le nom de "Kurdistan", se trouvait partagé entre 4 Etats: Turquie, Iran, Irak et Syrie. Et pour la première fois de sa longue histoire, il allait être privé même de son autonomie culturelle.

    Victime de sa géographie, de l'Histoire et aussi sans doute du manque de clairvoyance de ses propres dirigeants, le peuple kurde a été sans doute la population qui a payé le plus lourd tribut, qui a souffert le plus du remodelage de la carte du Proche-Orient.

    Extraits d'une conférence de Kendal Nezan, Président de l'Institut kurde de Paris.

      Peuple kurde - A cheval sur plusieurs états

    Les Kurdes sont aujourd'hui 35 millions, liés par une culture commune mais vivant écartelés entre quatre États : Turquie, Irak, Iran et Syrie, ainsi qu'à l'étranger. En effet, près de 2 millions d'entre eux ont dû émigrer, et se considèrent en exil, au sein de la diaspora kurde. L’aspiration à un État propre a toujours été très forte dans l’ensemble du Kurdistan et s'est maintenue en dépit de multiples répressions.

    Tous les Kurdes partagent des dialectes issus du kurde, langue indo-européenne de la branche iranienne, et une culture et une histoire communes.

    Seul le Kurdistan irakien jouit d'un statut autonome, partout ailleurs les revendications kurdes sont ignorées ou bafouées.

    Les Kurdes appartiennent au rameau iranien de la grande famille des peuples indo-européens. L'ère kurde est datée de 612 avant J.C, et ce sont les Mèdes qui fondent un empire, en Assyrie, Iran et Anatolie. Ce règne des Mèdes s'achèvera vers le milieu du VIème siècle av. J.C., mais leur religion et leur civilisation domineront l'Iran jusqu'à l'époque d'Alexandre le Grand. On est un peu dans le flou sur ce passé lointain-

    Après avoir opposé une résistance farouche aux invasions arabo-musulmanes, les Kurdes finirent par se rallier à l'islam, sans pour autant se laisser arabiser. Cette résistance s'étala sur près d'un siècle.

    A la faveur de l'affaiblissement du pouvoir des califes, les Kurdes qui jouaient déjà un rôle de premier plan dans le domaine des arts, de l'histoire et de la philosophie, commencent à affirmer dès le milieu du IXème siècle leur propre puissance politique. Mais le cours de l'histoire est bouleversé par les invasions massives des peuplades déferlant des steppes de l'Asie centrale. Puis ce sont les invasions turco-mongoles du XIIIème siècle.

    Dans la deuxième moitié du XVème siècle le pays kurde va prendre forme comme une entité autonome, unie par sa langue, sa culture et sa civilisation mais politiquement morcelée en une série de principautés. Cependant, la conscience d'appartenir à un même pays est vive, au moins parmi les lettrés.

    Au début du XVIème siècle le pays kurde devient l'enjeu principal des rivalités entre les empires ottoman et perse. Placés devant le choix d'être un jour ou l'autre annexés par la Perse ou d'accepter formellement la suprématie du sultan ottoman en échange d'une très large autonomie, la plupart des dirigeants kurdes optèrent pour cette seconde solution. Ce statut particulier assura au Kurdistan près de trois siècles de paix.

    La société kurde aborda la Première Guerre Mondiale divisée, décapitée, sans projet collectif pour son avenir. En 1915, les accords franco-britanniques dits de Sykes-Picot prévoyaient le démembrement de leur pays.

    Le clivage s'est accentué au lendemain de la défaite ottomane face aux Puissances Alliées, en 1918. Le Traité International de Sèvres  de 1920, qui préconisait la création sur une partie du territoire du Kurdistan d'un Etat kurde, restera cependant lettre morte. Le 24 juillet 1923, un nouveau traité fut signé à Lausanne, qui consacrait l'annexion de la majeure partie du Kurdistan au nouvel Etat turc. Auparavant, la France avait annexé à la Syrie, placée sous son mandat, deux provinces kurdes. Le Kurdistan iranien vivait en état de quasi-dissidence par rapport au pouvoir central persan. Restait encore en suspens le sort de la province kurde de Mossoul, très riche en pétrole.

    Ainsi fin 1925, le pays des Kurdes, connu depuis le XIIème siècle sous le nom de "Kurdistan", se trouvait partagé entre 4 Etats: Turquie, Iran, Irak et Syrie. Et pour la première fois de sa longue histoire, il allait être privé même de son autonomie culturelle.

    Victime de sa géographie, de l'Histoire et aussi sans doute du manque de clairvoyance de ses propres dirigeants, le peuple kurde a été sans doute la population qui a payé le plus lourd tribut, qui a souffert le plus du remodelage de la carte du Proche-Orient.

    Extraits d'une conférence de Kendal Nezan, Président de l'Institut kurde de Paris.

    Et aujourd'hui ?

    De nombreux épisodes guerriers se sont succédé au cours du siècle dernier : révoltes dans les années 30, république du Kurdistan éphémère en 1946, instabilité irakienne dans les années 60, coups d'état, années 80 marquées par la guerre irako-iranienne. L'état irakien de Sadam Hussein va violemment vouloir éradiquer la question kurde : destruction de 90% des villages, internement d'1,5 million de civils kurdes, usage d'armes chimiques à Halabja, ville martyre du Kurdistan. Deux millions de Kurdes vont se réfugier dans le Kurdistan irakien autonome, sous l'égide des Nations Unies.

    Autre trajectoire pour les Kurdes de Turquie. La résistance nationale kurde fut très discrète jusqu'à l'émergence du PKK, Parti des Travailleurs de Abdullah Öcalan, en 1978. La lutte armée va reprendre dès 1984, s'est poursuivie dans les années 1990, puis contre les peshmergas irakiens en 1992-1993. Après l'arrestation d' Öcalan, en 1999, le parti décida de chercher une solution politique dans le cadre d'une Turquie démocratique. Ce n'est toujours pas choses faite, et les emprisonnements arbitraires, y compris d'élus kurdes légitimes sont monnaie courante. Partis dissous, représailles, arrestations et déportations y compris sur le territoire européen, assassinats comme en janvier 2013, autant d'épisodes sombres qui laissent à penser que la question kurde est loin d'être résolue.

    En Iran, les Kurdes se sont vus déclarer la guerre par l'Ayatollah Khomeiny en 1979. Les leaders kurdes du PDK-Iran vont être assassinés. Un dialogue dit constructif a repris par la suite, mais c’est pourtant en Iran que la situation des Kurdes reste la plus dramatique.

    Avec ses deux à trois millions de Kurdes (peut-être plus, peut-être moins), le Kurdistan syrien, appelé Kurdistan occidental (en kurde : Kurdistana Rojava), deviendra-t-il une réalité géographique, politique et économique ? A l’image du Kurdistan oriental, devenu province fédérale du Kurdistan irakien - économiquement et politiquement stable. Mais le conflit en cours en Syrie a bien d’autres enjeux. Jusque lors, une partie des kurdes syriens n’ont pas la nationalité syrienne et sont donc des « sans-papiers ».

    Les Kurdes parlent des dialectes proches les uns des autres, tous issus du kurdelangue indo-européenne de la branche iranienne: le sorani au Kurdistan du Sud et de l'est, le kurmandji  dans les quatre parties, le zazaki au Kurdistan du Nord, et d'autres dialectes sont parlés au Kurdistan tels que le lori, le laki, le gorani, etc. Comme une conséquence de la division du Kurdistan entre plusieurs Etats, la langue kurde est écrite en trois alphabets distinct: latin, cyrillique, arabe. La majorité des Kurdes est sunnite (80 %), mais il existe d'autres croyances tels que l'alévisme, le yézidisme, le zoroastrisme, le christianisme, le judaïsme (actuellement en Israël) et dans une plus faible proportion le chiisme.

    Et côté cinéma ?

    Le plus connu des cinéastes kurdes, Yilmaz Güney, qui filme la Turquie des années 60 et 70, dépeint les Kurdes sans jamais les nommer, censure oblige, dans un cinéma de la marginalité qui met aussi en scène les femmes et les couches sociales déclassées.
    Yol, Le troupeau, Elégie, Espoirrestent des chefs-d'œuvre.

    La double évoultion, régionalisation de la question kurde et constitution d'une diaspora kurde semblent être à la base d'une nouvelle représentation artistique des Kurdes.
    Cinq grands films illustrent cette quête : Beko de Nizamettin Ariç, Kurde de Turquie, Un temps pour l'ivresse des chevaux du Kurde iranien Bahman Ghobbadi, Tableau noir de l'iranienne Samira Makhmalbaf, Vive la mariée... et Passeurs de rêves de Hiner Saleem.
    Il faut citer aussi le Kurde syrien Mano Khalil, et parmi les talents confirmés aujourd'hui, le Kurde de Turquie Kazim Öz.
    La diaspora kurde a établi un important festival de films kurdes à Londres.

    Notes cinéphiles d'après Hamit Bozarslan - 2003

    Quelques pistes bibliographiques kurdes...

    http://www.bretagne-et-diversite.net/fr/peuples/kurdes/

     

  • Berbères (Bretagne et diversité)

    Peuples berbères

    (Peuples berbères - Principales zones berbérophones)

    Les Berbères, ou Imazighen, sont présents à l'heure actuelle dans une dizaine de pays de l'ensemble Maghreb-Sahara-Sahel :

    Maroc, Algérie, Tunisie, Libye, Égypte, ainsi que, pour les Touaregs, Niger, Mali, Burkina-Faso et Mauritanie. Mais l'Algérie et le Maroc sont, de loin, les deux pays qui comptent les populations berbérophones les plus importantes, près de 20 millions. Signe fort de l'identité berbère, la langue berbère est riche d'une tradition orale qui a su intégrer les médias modernes. De plus, la renaissance volontariste de l'alphabet traditionnel, le tifinagh, a permis de suppléer à la mémoire collective... Confrontés à l'arabisation de leurs territoires, les Berbères résistent de mille façons, et peuvent encore modeler le visage du Maghreb de demain.

    Les berbérophones

    L'évaluation du nombre de berbérophones est une question difficile et controversée car il n'existe pas dans les pays concernés de recensements linguistiques systématiques et fiables [...] Pourtant, si l'on soumet à la critique l'ensemble des chiffres avancés par les diverses sources, depuis les débuts de la présence coloniale française jusqu'à nos jours, on peut raisonnablement estimer les berbérophones à :


    – environ 25 % de la population en Algérie, soit entre 7 et 8 millions
    – environ 40 % de la population au Maroc, soit 12 à 13 millions

    Au Maroc, la berbérophonie est répartie en trois grandes zones dialectales qui couvrent l'ensemble des régions montagneuses : au nord, le Rif avec le dialecte tarifit ; au centre, le Moyen-Atlas et une partie du Haut-Atlas avec le dialecte tamazight ; au sud/sud-ouest – Haut-Atlas, Anti-Atlas et Sous –, le domaine chleuh avec le dialecte tašelhit.

    En Algérie, les principales régions berbérophones sont la Kabylie et les Chaouias de l'Aurès, et de petits îlots résiduels, de faible importance, excepté le Mzab.

    Le troisième et dernier grand ensemble berbérophone est constitué par les populations touarègues, à cheval sur plusieurs pays à travers la zone saharo-sahélienne : principalement le Niger et le Mali. Les autres pays : Algérie, Libye, Burkina-Faso comptent des effectifs touaregs plus modestes. L'ensemble des populations touarègues avoisine cependant le million d'individus.

    Le reste de la berbérophonie est constitué par des isolats, disséminés entre Tunisie, Sud de la Mauritanie (Zenaga), Égypte dans l'oasis de Siwa et Lybie. Du fait de l'exode rural, il existe de très consistantes communautés berbérophones dans les principales villes du Maghreb. Mais le processus a touché aussi l'Europe, notamment la France, où l'immigration berbère est très ancienne et numériquement considérable : les Kabyles à eux seuls y représentent sans doute un bon million de personnes.

    Unité et diversité de langue berbère

    La langue berbère se présente donc actuellement sous la forme d'un nombre élevé de « dialectes », c'est-à-dire de variétés régionales, répartis sur une aire géographique immense et souvent très éloignés les uns des autres. Les échanges linguistiques entre les différents groupes berbérophones sont faibles en raison même de ces distances ; ce ne sont que les mouvements de populations récents et les médias modernes, avec la radio, les disques, les cassettes, qui ont rétabli le contact. [...]

    On a parlé de berbérophones et de berbérophonie car, à l'heure actuelle, le critère le plus évident, le plus indiscutable d'identification des populations berbères est la langue. Non qu'il n'y ait d'autres traits socio-culturels distinctifs – une tradition orale spécifique, un patrimoine culturel, des particularités d'organisation sociale… – mais tous ces autres paramètres ont un pouvoir discriminant moins net.

    Ces berbérophones, identifiés par une pratique linguistique spécifique, sont de nos jours démographiquement minoritaires parce que le Maghreb a connu depuis le Moyen Âge un lent processus d'arabisation linguistique. Le fond du peuplement maghrébin est donc d'origine berbère : l'immense majorité des arabophones actuels ne sont que des Berbères arabisés depuis des dates plus ou moins reculées. Mais au niveau des réalités socio-culturelles présentes, il est évident que la berbérité, la conscience d'être Berbère est liée à la berbérophonie et ne concerne plus qu'une minorité, importante, de la population de ces pays [...]

    L'écriture berbère : tifinagh et libyque

    Les Berbères possèdent une écriture alphabétique consonantique qui leur est propre depuis l'Antiquité. Son utilisation a perduré chez les Touaregs qui la dénomment tifinagh. Chez eux, cette écriture a des fonctions essentiellement ludiques et symboliques ; elle n'a pas servi à fixer la mémoire historique ou la littérature de ce groupe [...]

    Une tradition orale riche et diverse

    Les Berbères ont et ont toujours eu une tradition littéraire très vigoureuse et diversifiée : poésie, contes, légendes, devinettes et énigmes… En fait, dans les sociétés berbères traditionnelles, tous les moments de la vie, quotidiens ou exceptionnels, sont ponctués par la littérature, poésie, chants, contes… [...]

    La quête identitaire berbère

    Mais la clef de voûte, l'inspiration permanente est indiscutablement la quête identitaire. Recherche du moi individuel et du nous collectif face à l'arabité et à l'arabisme négateur, face à l'Occident aussi, elle prend des formes diverses : quête mythologique, plutôt désespérée ou parcours de combat [...]

    D'après Salem Chaker, professeur à l'INALCO, Directeur du centre de recherche berbère.

    Et côté cinéma ?

    La figure du Berbère a d'abord irrigué le cinéma colonial abondant, plus de 250 films tournés, qui prévaut jusqu'aux indépendances. Fictions, imaginaire et mythes comme pour L'Atlantide de Jacques Feyder (1921), Touaregs au coeur de La croix du sud d'André Hugon (1931) ou Chleuhs de l'Atlas dans Itto de Jean Benoît Lévy et Marie Epstein (1934).

    Ensuite, on trouvera des films à caractère ethnologique ( Le rite du ligoté de Paul Pascon, Airs en terre berbère de Izza Genini ) ou des films historiques. Mais l'inspiration viendra aussi de l'adaptation d'auteurs comme Mouloud Mammeri, dans L'opium et le bâton de Ahmed Rachedi, La colline oubliée de Abderrahmane Bouguermouh. La montagne de Baya de Azzedine Meddour remet en scène des traditions ancestrales, Machaho de Belkacem Hadjaj revient au monde rural kabyle, La maison jaune de Amor Hakkar nous ramène dans les Aurès...

    En 1994, le Festival de Douarnenez dédie son éditions aux Berbères

    Aujourd'hui, à Agadir au Maroc, se tient ISSNI N' OURGH, le  festival international du film amazigh (8 éditions) : http://www.festivalissninourgh.com/

    Enfin de nombreux portraits de musiciens, leaders, ou artistes berbères émergent ces dernières années. A signaler aussi de nombreux festivals de cinéma amazigh, qui ne sont pas encore très confirmés et des expériences de formations plus riches de promesses, comme à Béjaïa en Kabylie.

    Quelques repères bibliographiques :

    http://www.bretagne-et-diversite.net/fr/peuples/berberes/

     

  • Bretagne et diversité: Près de 400 films emblématiques de la diversité culturelle dans le monde (BED)

    Peuple palestinien

    Peuple palestinien - Territoires palestiniens et camps de réfugiés

    L’histoire de la Palestine pourrait débuter avec Canaan ou la Bible, la conquête romaine ou les Evangiles, les Byzantins ou la conquête arabe, les Croisades ou Saladin, ou encore l’Empire ottoman. On peut aussi avancer qu’elle ne peut être saisie qu’à travers les trois religions monothéistes (judaïsme, christianisme, islam). On peut encore l’aborder à partir du conflit permanent entre la vallée du Nil et celle de l’Euphrate, entre deux grandes civilisations, l’Egypte pharaonique d’un côté, Sumer et Babylone de l’autre. Toutes ces entrées sont possibles pour raconter la Palestine. Mais toutes disent que les « commencements » au sens de l’instant zéro, n’existent pas en réalité. Elias SANBAR

    Les siècles passés 

    Commençons donc par la Haute Antiquité, où la terre de Palestine était déjà une région d’échanges et de convoitises. Les Philistins, d’où vient le nom « palestinien », se sont fixés au 12ème siècle avant J-C, sur la bande côtière du sud-ouest de la terre de Canaan, c'est-à-dire dans une région longeant la Méditerranée depuis l'actuelle bande de Gaza jusqu'à Tel-Aviv et Jaffa.


    Au 1er siècle avant J-C, au moment de la formation du christianisme, les Romains conquirent la Palestine, dont la religion officielle était le judaïsme.
    Pendant la période byzantine, du 4ème au 7ème siècle après J-C, la Palestine apparut comme « la terre des Chrétiens ».


    Au 7ème siècle, après la victoire des armées arabes, ses habitants se convertirent peu à peu à l’islam. La soif de pouvoir de l’Eglise de Rome favorisa le développement des Croisades, dont l’un des buts était la reconquête du tombeau du Christ. C’est parce que cette région de la Méditerranée a toujours été une zone de passages et d’échanges économiques, au croisement de l’Orient et de l’Occident, que toutes les religions s’y sont rencontrées et ont pu s’y développer.


    A partir du 16ème siècle, la Palestine fut dans l’empire Ottoman, basé en Turquie.


    Vers 1900, elle comptait près de 600 000 habitants, surtout musulmans, avec 10% de Chrétiens et 3% de Juifs. C’était un pays essentiellement rural cultivant aussi bien des produits destinés à la consommation domestique, que d’autres, emblématiques, exportés dans tout le Moyen-Orient : huile d’olive, savon de Naplouse, oranges de Jaffa, agrumes… Des villes comme Jaffa, Haïfa et surtout Jérusalem connurent un important développement.


    C’est la preuve que le slogan « une terre sans peuple pour un peuple sans terre », avancé par les pionniers du sionisme au moment de leur installation, qui laissait entendre que la Palestine était inhabitée et qui niait ainsi l'existence d'une culture palestinienne distincte, n’est pas fondé.

    L’histoire contemporaine de la Palestine 

    Elle se confond malheureusement avec celle du « conflit » qui débute à la fin du XIXème siècle quand Théodore Herzl fonde le mouvement sioniste en Europe. Dans les premières années du XXème siècle, au moment de la montée des nationalismes et de l’apparition des premiers pogroms en Russie, on assiste à la naissance d’un sentiment antisémite qui entraîne la création, par des intellectuels, d’une «identité juive ». En même temps, au Moyen-Orient, se développe un mouvement nationaliste arabe (y compris un sentiment national palestinien) qui souhaite se séparer des Turcs.


    Après la 1ère guerre mondiale, tout le Moyen-Orient est placé sous la tutelle de la Grande-Bretagne et de la France. En 1916, M.Sykes et F.Georges-Picot se partagent le « butin ». Pour la France : le Liban et la Syrie, pour les Britanniques : l’Irak, la Palestine et l’actuelle Jordanie. En 1917, la déclaration Balfour prévoit que « le gouvernement de Sa Majesté envisage favorablement l’établissement en Palestine d’un foyer national pour le peuple juif». Avec l’arrivée au pouvoir de Hitler, l’antisémitisme se renforce et à la fin de la seconde guerre mondiale, les Juifs sont poussés en masse vers la Palestine. Ses habitants ont à faire face à la fois à la colonisation britannique et à la colonisation sioniste qui, dès le début, vise, leur départ, en organisant une politique délibérée et massive de rachat des terres. Les Palestiniens, chassés de chez eux se révoltent. Les organisations sionistes établissent des colonies qu’ils cultivent de manière collective dans les kibboutz.

    La création d’Israël

    Aucun compromis n’est trouvé quand éclate la 2nde guerre mondiale. La Grande Bretagne décide de porter l’affaire devant l’ONU qui propose, en 1947, un plan de partage des territoires. Alors que les Juifs représentent moins de 30% de la population et ne possèdent que 6,5% des terres, l’état juif se voit attribuer 56,5% du territoire. Le mouvement sioniste engage une politique de terreur qui débouche sur la création de l’état d’Israël en 1948. De nombreux massacres sont perpétrés.

    Les survivants, terrorisés, s’enfuient, emportant avec eux la clé de leur maison, car ils espèrent revenir bientôt. C’est la Nakba (la catastrophe).

    800 000 Palestiniens, sur une population de 1,4 million à la veille de 1948, sont expulsés. 151 000 demeurent en Israël, et les 450 000 habitants de Gaza et de la Cisjordanie « ne sont pas déplacés mais détachés de leur patrie ». Les autres s’installent dans les autres pays arabes : Liban, Syrie, Jordanie, où ils ont un statut de réfugiés, soumis à des régimes plus ou moins coercitifs. Ils sont des « porteurs de pays » et reconstituent dans les camps leurs territoires perdus, perpétuant leurs us et coutumes, véritable paradoxe d’un mouvement national traditionnel dans ses mœurs et révolutionnaire dans son idéologie politique.


    En 1950, est créée l’UNRAW, une agence de l’ONU chargée de venir en aide aux populations palestiniennes déplacées. Sa mission est provisoire puisqu’adossée à la fameuse résolution 194, votée à l’ONU, qui prévoit le « droit au retour ».


    Au lendemain de la proclamation de l’Etat d’Israël, les Palestiniens, ne pouvant accepter les propositions de partage qui leur sont faites, s’organisent pour reprendre leur destin en mains. C’est la première guerre israélo-arabe. Lors de l’armistice, en 1949, Israël est en possession de 78% du territoire et les expulsions de Palestiniens se poursuivent. Dès lors de petits groupes de résistants commencent à lancer des attaques contre l’Etat d’Israël. En 1957, un groupe de combattants, parmi lesquels Yasser Arafat, décide de réunir tous ces résistants, et fonde le Fatah, d’abord clandestin.


    En 1967, Israël lance une nouvelle guerre, connue sous le nom de « guerre des six jours ». Plus de 300 000 Palestiniens sont encore exilés et le conflit prend une dimension internationale. L’ONU adopte une nouvelle résolution qui confirme les frontières de 48 et reconnaît aux Palestiniens le droit au retour dans leurs villes et villages, mais sans en préciser la date. Les colons juifs refusent de quitter leurs maisons.


    Cette défaite renforce l’Organisation de Libération de la Palestine (OLP) créée quelques années auparavant par le Président égyptien Nasser, et Yasser Arafat est élu Président de l’OLP. Après des années noires, la Résistance palestinienne est dans l’impasse et pour prouver qu’elle n’a pas disparu, elle mène des actions spectaculaires : prise d’otages, détournements d’avions, etc… Elias Sanbar écrit : « L’image positive du Palestinien se dévoie : le fedayin masqué, qui gardait l’aura du résistant, devient le terroriste cagoulé, preneur d’otages à Munich. La cause palestinienne en sera marquée.  Des années durant, les Palestiniens essaieront, par leur retour à un combat légitime, par leur adhésion plus tard à une paix négociée, de se défaire de cette accusation d’être « un peuple terroriste.»

    Yasser Arafat et l’Autorité palestinienne

    Malgré tout, le nouveau leader palestinien obtient d’importants succès diplomatiques reconnaissant les droits légitimes de son peuple et la représentativité de l’OLP, auprès de Ligue arabe, puis de l’ONU et de l’Europe. « Tout s’est construit surtout à l’extérieur de la Palestine et c’est encore à l’extérieur que la résistance palestinienne livre ses combats contre l’armée israélienne qui envahit le Liban en 1982 pour en chasser l’OLP qui s’installe alors à Tunis ». En 1988, les Palestiniens de Cisjordanie et de Gaza organisent une révolte généralisée contre l’occupant : c’est l’Intifada. Ce cri d’un peuple revendiquant son indépendance est repris par le Conseil national palestinien à Alger quelques mois plus tard qui proclame la création d’un Etat palestinien. La Conférence de Madrid en 1991, les accords d’Oslo en 1993, la déclaration européenne de 1999 et la résolution 1397 du Conseil de sécurité consacrent cette reconnaissance de l’identité palestinienne. La reconnaissance du pays a été confirmée par l’admission de la Palestine à l’UNESCO en 2011 et à l’Assemblée générale de l’ONU en 2012.
    Même si aucune des résolutions de l’ONU concernant Israël n’a été appliquée depuis... personne ne peut plus nier l’existence de la Palestine et des Palestiniens.

    La naissance du Hamas

    Issu du mouvement des Frères musulmans, le Hamas a essaimé dans tout le monde arabe. En Palestine, il a été fondé en 1987, après l’Intifada. Ne reconnaissant pas l’Etat d’Israël, il est opposé aux accords d’Oslo et prône la lutte armée, argument utilisé par Israël pour rompre le dialogue avec l’Autorité palestinienne. En 2006, il remporte les élections législatives et entre au gouvernement de l’Autorité palestinienne, puis prend le contrôle de Gaza. La 2ème Intifada éclate en 2000 et cette fois, elle est armée. Si la 1ère Intifada avait débouché sur un espoir, la seconde le referme. Elle a eu pour conséquences l’accélération de la colonisation et la construction du Mur dit de « séparation », devenu la matérialisation d’un projet d’annexion, par une société israélienne elle-même dans l’impasse.

    Les rêves de paix d’Alain Gresh

    (Directeur adjoint du Monde diplomatique)
    exprimés dans son ouvrage : « De quoi la Palestine est-elle le nom ? »


    « Il est facile de résumer l’état du conflit en Palestine : une impasse meurtrière alimentée par les haines et les peurs, une injustice insupportable cachée sous « l’indifférence de ceux qui ne sont pas concernés ». La seule solution qui apparaissait jusque-là réaliste, deux états vivant côte à côte, s’éloigne à la vitesse à laquelle s’étend la colonisation en Cisjordanie et à Jérusalem.
    Si l’on accepte cette réalité – la présence sur la terre de Palestine de deux peuples -, il faut en tirer les conséquences : la solution ne peut être imposée par l’une des deux parties ; elle nécessite un combat commun pour un projet commun. Projet chimérique ? Pas plus que le pari de l’ANC sud-africain...Il ne s’agit pas ici de fixer des contours précis d’un dénouement idéal, qui ne peut être dessiné que par les protagonistes, mais plutôt de réfléchir sur la voie à emprunter. »

     

    Et côté cinéma ?

    Un excellent festival, Israéliens, Palestiniens, que peut le cinéma ? né sous l’impulsion de Janine Euvrard se tient à Paris chaque année depuis 2003, et a donné naissance à un livre éponyme. Depuis leur aîné Michel Khleifi, les Palestiniens ont pris leur image en charge et leurs réalisateurs sont prolifiques : Rashid Masharawi, Azza el Haszan, Elia Suleiman... travaillant aux côtés de leurs confrères israëliens : Elia Suleiman, Assi Dayan, Amos Gitaï ou Avi Mograbi ... ou de la cinéaste juive Simone Bitton.

    Contribution de Monique Prévost, avec Isabelle Tuil-Tordjman.

    Bibliographie succinte

    • Israéliens, Palestiniens, que peut le cinéma ? de Janine Halbreich-Euvrard , Ed. Michalon
    • De quoi la Palestine est-elle le nom ? d’Alain Gresh, Ed. Actes Sud
    • Dictionnaire amoureux de la Palestine de Elias Sanbar, ed.Plon
    • La Palestine expliquée à tout le monde de Elias Sanbar, ed.Seuil
    • Atlas des Palestiniens, ed. Autrement
    • Salaam Palestine de Bruno Pilorget, Marc Abel et Véronique Massenot, un carnet de voyages illustré
    • Le site de France-Palestine http://www.france-palestine.org/

    http://www.bretagne-et-diversite.net/fr/peuples/palestiniens/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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    CHAMKHI Fathi - 8 février 2015
     
      Tunisie - 11 février 2015

     Front populaire (Tunisie) - 10 février 2015

    Communiqué du Front populaire sur les protestations dans le Sud-Est de la Tunisie

     

  • Naji...

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    Naji al-Ali, créateur de caricaturiste palestinien de Handala. Assassiné par le Mossad en 1987 à Londres.

    Il n'y a aucun marches contre le terrorisme et pour la liberté d'expression pour Naji.

  • Maroc : "Sur la planche" de Leila Kilani (AEL)

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    Les Mercredis du cinéma de l’AFASPA, en partenariat avec la CCAS et le CE des Caisses d’Epargne d’Ile de France présentent

    Tanger - Aujourd’hui, quatre jeunes femmes de vingt ans travaillent pour survivre le jour et vivent la nuit. Elles sont ouvrières réparties en deux castes : les textiles et les crevettes.

    Leur obsession : bouger. "On est là" disent-elles. De l’aube à la nuit la cadence est effrénée, elles traversent la ville. Temps, espace, sommeil sont rares. Petites bricoleuses de l’urgence qui travaillent les hommes et les maisons vides.

    Ainsi va la folle course de Badia, Imane, Asma et Nawal...

    Parmi les ouvrières qui épluchent des crevettes dans les usines de Tanger, deux jeunes filles marocaines répètent machinalement le même geste. Badia et Imane rêvent d’un monde meilleur. Si au moins elles pouvaient travailler dans les usines textiles de la zone franche, où elles seraient chronométrées par les grands groupes textiles... Rage et rêve d’évasion vont de pair dans ce film poignant et implacable, servi par des comédiennes épatantes.

    Javier Martin, comité de sélection de la Quinzaine des réalisateurs

    Un film en résonnance avec l’actualité du procès de Wafae Charaf récemment condamnée à 2 ans de prison pour sa solidarité active avec les travailleurs licenciés suite à la création d’une section syndicale dans une entreprise de la zone franche de Tanger.

    Mercredi 10 décembre 2014 à 20h au cinéma LA CLEF, 34 rue Daubenton, Paris 5e Métro Censier-Daubenton

    Débat à l’issue de la projection avec Fatima Har de AILES Femmes du Maroc

    Participation aux frais de la séance : 5 euros

    AFASPA - Association Française d’Amitié et de Solidarité avec les Peuples d’Afrique

    http://www.afriquesenlutte.org/afrique-du-nord/maroc/article/maroc-sur-la-planche-de-leila

  • Du 28 au 30 novembre, rencontres cinématographiques sur la Palestine. Genève

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    Faire connaître et discuter dans la cité et dans la société civile, la réalité quotidienne du peuple palestinien, les enjeux sociaux, économiques et politiques de la résistance à l’occupation et à la colonisation, au travers du regard des cinéastes palestiniens, où qu’ils vivent, c’est le but des rencontres cinématographiques du 28 au 30 novembre prochain à Genève.

    Aller au site officiel

    http://www.gauche-anticapitaliste.ch/?p=880#!prettyPhoto

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  • Immigration, école et rapports de domination (A l'Encontre)

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    Un ouvrage posthume d’Abdelmalek Sayad [1], réalisé à partir de ses archives personnelles, rassemble un ensemble de textes inédits consacrés aux relations entre l’école et les enfants de l’immigration. Il y livre sa vision de l’école et des rapports de domination à l’égard de ce public scolaire.

    Abdelmalek Sayad, né en Algérie en 1933 et mort en France en 1998, est un sociologue spécialiste des questions d’immigration. Avant d’exercer le métier de sociologue, il était instituteur en Algérie. À son arrivée en France il fut l’un des collaborateurs de Pierre Bourdieu. Il a été directeur de recherche au CNRS ainsi qu’à l’école des Hautes Études en Sciences Sociales.

    Abdelmalek Sayad est considéré comme l’un des spécialistes les plus reconnus des questions d’immigration et de l’altérité. Ses travaux de recherche portent principalement sur la problématique de l’émigration, de l’immigration algérienne notamment dans le contexte post-colonial. Ses principaux ouvrages sont, avec Pierre Bourdieu, Le déracinement. La crise de l’agriculture traditionnelle en Algérie, Paris, Les Éditions de Minuit, 1964 ; L’immigration, ou les paradoxes de l’altérité, De Boeck, 1992 ; La double absence. Des illusions de l’émigré aux souffrances de l’immigré, Paris, Seuil, « Liber », 1999.

    C’est un travail considérable qu’ont réalisé Benoit Falaize et Smaïn Laacher de sélection et de mise en forme de cet ensemble de textes inédits d’Abdelmalek Sayad concernant l’école et les enfants de l’immigration.

    Si l’on pouvait déjà percevoir des éléments de la pensée de Sayad sur l’éducation, dans des textes comme Les enfants illégitimes (Actes de la recherche en sciences sociales n° 25, 1979), la question scolaire est ici au centre du propos. À l’heure où les thématiques des ségrégations et des discriminations scolaires sont particulièrement vives, cette contribution est sans nul doute très importante. L’ouvrage est composé de dix textes rédigés entre 1977 et 1997. Dans la préface Benoit Falaize et Smaïn Laacher rappellent leur contexte de production, depuis le moment où l’école française était tenue d’accueillir de nouveaux élèves issus du regroupement familial au début des années 1970 jusqu’à la construction progressive du problème de « l’échec scolaire » durant les décennies suivantes. Les textes d’Abdelmalek Sayad retracent la façon dont l’école a « accueilli » ces élèves de façon très problématique entre vision culturaliste, de retour au pays, et de relégation dans des dispositifs spécifiques (CLIN, Classe d’initiation pour élèves non-francophones, CLAD ; Classe d’adaptation, ELCO, Enseignements langues et cultures d’origine).

    « Cultures d’origine » et mauvaise conscience coloniale et postcoloniale

    C’est la logique de cette « politique éducative » qui est discutée par Sayad à l’occasion de ses différentes interventions auprès de professionnels ou dans le champ politique. Le centre de sa critique concerne le maintien de dispositifs visant la valorisation des « cultures d’origine », notamment les ELCO (Enseignements langues et cultures d’origine). Les ELCO consistent à proposer aux enfants de travailleurs migrants des enseignements visant à conforter la langue (supposée) maternelle, celle du pays d’origine, dans la perspective de maintien d’un lien symbolique avec la « culture d’origine » et d’anticipation d’éventuels retours au pays. Les ELCO sont dispensés par des intervenants ressortissants des pays étrangers dans le cadre d’accords diplomatiques [2]. Réalisés durant le temps de classe, ils consistent à en extraire les enfants concernés pour les diriger vers ces dispositifs. Pour Sayad, cette politique différentialiste n’est que la face immergée d’un rapport d’altérité qui traverse l’école tout entière comme en témoigne le vocabulaire officiel : « enfants étrangers » : « enfants de migrants », « pédagogie interculturelle », « respect des différences », etc. Autant de témoignages de cet « engouement culturaliste » qui a envahi l’école et dont on comprend les risques de dérives essentialisantes et folklorisantes.

    Cet « engouement culturaliste », qui trouve sa source dans une vision pseudo-généreuse du respect de la « diversité culturelle », est empreint de rapports post-coloniaux et contribue à la reproduction des rapports de domination en maintenant l’élève immigré dans une situation d’infériorité sociale. Le point d’orgue de cette ethnicisation de la question scolaire est la publication en 1985 du rapport de Jacques Berque, L’immigration à l’école de la République, à la demande du Ministre de l’Éducation nationale d’alors, Jean-Pierre Chevènement. Sayad, membre de la commission Berque, en a finalement démissionné en raison de fortes divergences, le rapport Berque symbolisant selon lui la pensée dominante sur l’école et l’immigration, qui considère les enfants de l’immigration dans un statut d’infériorité et d’altérité.

    L’obsession des catégorisations scolaires

    Pour Sayad, la contradiction originelle de l’école française est son obsession des catégorisations qui nient toute complexité. Si les enfants de l’immigration sont renvoyés à une altérité mythifiée, c’est en rapport aux élèves français, dont la définition est tout aussi floue : « un Français moyen, c’est-à-dire abstrait ». Non seulement l’école est incapable de penser en dehors du schème de l’intégration, mais s’obstine à interpréter l’échec scolaire en fonction de catégories naturalisantes en dehors de toute considération sociologique : capitaux économiques, conditions d’habitat, précarité, rapport des familles à la culture scolaire légitime, etc. La question de fond soulevée par Sayad concerne la reconnaissance de la légitimité de présence [3] des enfants de l’immigration dans l’école française. Les enfants d’immigrés payent le prix fort d’une école et d’une société française qui considèrent que le « surgissement » des enfants d’immigrés dans l’espace national constitue « un accident », une « aberration sociologique ».

    L’école française est ainsi prise en défaut « d’impréparation » à l’accueil de ces nouveaux élèves et d’incompréhension de la situation vécue par leurs parents. Si les difficultés au sein de la famille sont réelles, ce n’est pas en raison de la prégnance de modèles culturels du pays d’origine, mais précisément parce que ceux-ci sont profondément déstabilisés par la situation d’immigration. Que fait l’école par exemple de la « supériorité linguistique » des enfants par rapport à leurs parents ? De fait les enfants de l’immigration, de surcroît ceux nés en France, sont plongés dans un bain linguistique francophone et dans des styles de vie qui les éloignent de leur « culture d’origine ». Pourquoi l’école feint-elle de nier cette évidence en les renvoyant systématiquement à « leurs » origines ? Pourquoi l’État français et l’école ne se soucient-ils pas de considérations autres que culturalistes ? Sayad évoque notamment l’insécurité économique, la « dépendance totale », le sentiment de honte, et la peur qui constituent la condition d’immigré et qui pèsent sur la scolarité des enfants.

    La relégation dans des classes « infamantes »

    Ce sentiment d’infériorité et d’illégitimité est renforcé par la relégation des enfants dans des classes « infamantes ». Quant aux enseignements de « langues et cultures d’origine », ils symbolisent la hiérarchie des langues dans l’école française. L’enseignement de certaines langues à l’école ne renvoie en effet à aucune présence de ressortissants des pays concernés : anglais, allemand, russe, chinois, etc. D’autres au contraire sont liés à la présence d’immigrés et à leur intention exclusive. Le principe même de considérer ces langues comme des « langues d’immigrés » témoigne de leur statut de langues dominées. La participation d’Abdelmalek Sayad à la commission Berque est peu connue, cette expérience s’est pourtant avérée importante. Du point de vue privilégié qui fut le sien au sein de la commission, Sayad n’a pas hésité à prendre des contre-pieds. Il constate en effet que la commission considère l’immigration comme une extériorité. Le vocabulaire de la commission consacre les oppositions entre le « eux » (les immigrés) et le « nous » (la Nation). Sayad s’inquiète des propos de façade qui proposent la suppression des enseignements spécialisés pour les élèves issus de l’immigration. Il craint que cette proposition « généreuse » ne dissimule la possibilité de reconstitution d’autres formes d’« enseignement-ghetto ». Il s’inquiète notamment de l’existence de ségrégations spatiales particulièrement préoccupantes : « cités pour immigrés », « écoles pour immigrés ». Pour Sayad, « La hiérarchie des espaces commande la hiérarchie des écoles, la hiérarchie des personnels et la hiérarchie des enseignements ».

    Quelle école construire ?

    Sayad ne se limite pas à une analyse critique des contradictions de la politique scolaire à l’endroit des enfants de l’immigration, il formule un ensemble de propositions résumées par la formule suivante : « Plutôt que de confirmer les contradictions propres à la condition d’immigré, plutôt que de les redoubler ou de les renforcer en leur apportant la consécration culturelle qui est en son pouvoir, l’école se doit de dissiper pour elle-même et pour ses élèves l’illusion ou les illusions qui habitent l’immigration ». Pour Sayad l’école doit dépasser plusieurs contradictions lourdes à commencer par le rapport au temps. L’action scolaire de fait s’inscrit dans le temps long. Or les ELCO, avec leurs impensés de retour au pays, entretiennent les élèves dans une situation provisoire et précaire. L’école doit admettre et reconnaître que le retour au pays est une chimère, qu’il ne sera plus pour la grande majorité des élèves. L’école doit donc les traiter comme les autres dans un souci d’égalité. L’école doit également lutter contre le sentiment de méfiance et de défiance qu’elle suscite auprès des parents en leur accordant le temps nécessaire au dialogue.

    En lieu et place d’un enseignement de « langues et cultures d’origine » Sayad proposait un enseignement prenant en charge l’histoire de la composition historique de la population française par l’apport des différentes migrations et adressé à tous les élèves. À ce titre, Abdelmalek Sayad considérait que les enseignants devraient bénéficier non seulement d’une formation scolaire et pédagogique mais également politique. Par le biais de programmes scolaires universels adressés à tous les élèves sans aucune distinction, l’école devrait contribuer à enraciner les élèves, à leur donner une légitimité. La proposition centrale de Sayad consistait à abolir la confusion scandaleuse entre enseignement pour enfants d’immigrés et enseignement spécial, par crainte que les classes spéciales constituent le refuge de toutes les déficiences et de toutes les inadaptations scolaires (ce qui est aujourd’hui partiellement le cas).

    École et situation postcoloniale : une perspective à poursuivre

    Nous manquons aujourd’hui singulièrement d’ouvrages et de recherches concernant les relations entre l’école et la situation postcoloniale en France [4]. L’ouvrage posthume d’Abdelmalek Sayad couvre partiellement ce manque. Certes la problématique des enfants étrangers, immigrés, n’est pas totalement absente des travaux de recherche. Peu en revanche, comme ceux de Sayad, se sont à ce point attachés à analyser les catégories de pensée, à déconstruire les fausses évidences et à lutter contre certains points de vue réducteurs et stigmatisants. Sa perspective qui pourrait troubler plus d’un politique ne s’oriente pas vers la reconnaissance d’un quelconque particularisme culturel mais prioritairement vers la lutte contre toute forme d’enfermement et d’assignation identitaire.

    Certes les analyses de Sayad soulèvent des questions.

    Comment ne pas voir que son propos se situe sur une ligne de crête entre «l’indifférence aux différences», dénoncée par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, et la prise en compte différentialiste d’une «culture d’origine» ? En réfutant toute forme d’essentialisation Sayad ne prône pas pour autant une approche totalement indifférenciée et assimilationniste de l’ordre scolaire. Ce qu’il appelle de ses vœux c’est une reconnaissance de la légitimité des enfants de l’immigration et l’obligation de leur octroyer le droit à disposer eux-mêmes de leur avenir dans une visée émancipatrice, grâce aux outils fournis par l’école. Si l’école ne doit pas être indifférente aux différences, c’est bien à propos des conditions de vie objectives, des désavantages économiques sociaux et spatiaux qui pèsent sur leur rapport à l’école.

    Pour le reste l’école doit admettre que les enfants dont elle a la charge, sont devenus « illégitimes » aux yeux de leurs parents, en raison de leur acculturation, parce qu’ils sont « les enfants de la France », comme le soulignait déjà Sayad dans Les enfants illégitimes. Ce constat, d’autant plus juste aujourd’hui avec de nouvelles générations « d’enfants de l’immigration » nés en France, ne devrait-il pas convaincre les institutions à renoncer définitivement au vocable récurrent et pesant de la « diversité » : « politique de diversité », « candidats de la diversité », « chartes de la diversité » ?

    Article publié dans La Vie des idées, 27 octobre 2014. ISSN : 2105-3030.

    Publié par Alencontre le 28 - octobre - 2014
    Par Choukri Ben Ayed

    [1] Abdelmalek Sayad, L’école et les enfants de l’immigration. Essais critiques, Le Seuil, 2014 (textes rassemblés par Benoît Falaize et Smaïn Laacher). 249 p.

    [2] Ces enseignements perdurent encore aujourd’hui.

    [3] Cette expression est issue des travaux d’Abdeljalil Akkari, Akkari A., (2001), « Les jeunes d’origine maghrébine en France. Les limites de l’intégration par l’école », Esprit critique, vol. 03/8.

    [4] On se référera notamment à la note de synthèse de Jean Paul Payet et Agnès van Zanten publiée dans le n°117 de la Revue française de pédagogie de 1996 : L’école, les enfants de l’immigration et des minorités ethniques. Dans cette note les deux auteurs constatent la quasi-inexistence de travaux consacrés aux relations entre école et minorités ethniques.

    http://alencontre.org/europe/france/immigration-ecole-et-rapports-de-domination.html