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Culture - Page 5

  • Maroc : des détenus sahraouis en grève de la faim depuis le 1er mars (Essf)

    Aziza Brahim

    Le 1er mars, le défenseur des droits de l’homme sahraoui Naama Asfari et 11 de ses codétenus ont entamé une grève de la faim illimitée pour protester contre leur détention arbitraire.

    Alors que leur état de santé s’est détérioré, l’ACAT appelle la France à faire pression sur le Maroc pour que Naama Asfari et ses codétenus soient libérés.

    Le 15 mars, les grévistes de la faim avaient perdu en moyenne 7 kilos chacun. Ils souffrent pour la plupart de douleurs chroniques au cœur et aux intestins ainsi que d’une baisse de la tension artérielle. Après 17 jours de grève, aucun responsable pénitentiaire n’étant venu s’enquérir des revendications des détenus ces derniers ont décidé d’arrêter les consultations médicales, basées sur des mesures de poids, du pouls et de la tension.

    Cela fait trois ans que Naama Asfari et ses coaccusés ont été condamnés pour leur participation présumée au camp de protestation sahraoui de Gdeim Izik en novembre 2010 [1]. Au cours de l’évacuation forcée du camp, des affrontements ont éclaté entre l’armée et des manifestants sahraouis, au cours desquels neuf soldats marocains auraient trouvé la mort.

    Naama Asfari a été condamné pour meurtre alors même qu’il a été arrêté la veille du démantèlement. Torturé, battu, humilié, privé d’eau et de nourriture pendant sa garde à vue en 2010, il avait signé des aveux sous la torture. Ces aveux sont les seuls fondements de sa condamnation inique, dictée par un tribunal militaire : 30 ans de prison. Avec lui, 24 autres militants sahraouis ont subi un sort similaire et ont été condamnés à des peines allant de 20 ans à la réclusion criminelle à perpétuité. Les tortures qu’ils ont subies ainsi que leur procès ont été condamnés par plusieurs instances des Nations unies.

    Selon Hélène Legeay, responsable Maghreb/Moyen-Orient à l’ACAT, « la grève de la faim de ces militants sahraouis a déjà trop duré. Après trois ou quatre semaines de grève de la faim, des dégâts parfois irréversibles apparaissent. Comment la France peut-elle rester silencieuse face à des victimes de torture qui mettent leur vie en jeu pour réclamer justice, tout en réaffirmant qu’elle va décorer un responsable marocain soupçonné de complicité de torture ? » |2]

    Le mandat de la MINURSO, la mission des Nations Unies au Sahara occidental, sera renouvelé à la fin du mois d’avril. Il s’agit de la seule mission de l’ONU qui ne dispose pas d’un volet concernant les droits de l’homme, notamment du fait de l’opposition du gouvernement français.

    En février 2014, l’ACAT a déposé une plainte pour torture en France aux côtés de Naama Asfari et son épouse française, Claude Mangin. L’ACAT a aussi porté plainte contre le Maroc auprès du Comité contre la torture des Nations unies. , par ACAT France

    ACAT (Action des chrétiens pour l’abolition de la torture)

    Communiqué de presse

    Notes aux rédactions :

    · [1] À partir du 9 octobre 2010, des milliers de Sahraouis d’El-Ayoun, Boujdour, Dakhla et Smara, des villes situées dans la partie du Sahara occidental sous administration marocaine, ont quitté leur résidence pour s’installer dans des campements temporaires à la périphérie des villes. Il s’agissait là d’une mobilisation collective spectaculaire destinée à protester contre les discriminations économiques et sociales dont les Sahraouis s’estiment victimes de la part du gouvernement marocain.

    · [2] Le 20 septembre 2015, François Hollande a annoncé qu’Abdellatif Hammouchi, le chef de la DGST marocaine, « se fera remettre la distinction d’officier de la Légion d’honneur au moment où ce sera souhaitable et opportun ».

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37583

     

  • Syrie. «La reconquête de Palmyre» et «les mérites» de Bachar el-Assad (AL'Encontre.ch)

    Maurice Sartre

    Maurice Sartre

    Entretien avec Maurice Sartre, historien

    Les médias diffusent des «images» sur la «reconquête» de Palmyre par la dite armée de Bachar el-Assad. Tout cela présenté comme une sauvegarde du «patrimoine de l’humanité» grâce à l’armée du clan Assad face aux criminels (effectifs) de Daech. Si ce n’est que Bachar et sa clique ne peuvent être rangés dans une autre catégorie de massacreurs que Daech, à la différence qu’ils sévissent depuis plus longtemps. Tout cela participe de la revalorisation de Bachar dans le contexte des dites «négociations de Genève».

    • Nombreux sont ceux qui, depuis mars 2011, ont sous-estimé la détermination de la clique de truands au pouvoir à Damas – dans une Syrie de plus en plus privatisée dans les années antérieures – de s’agripper aux structures de son «empire». Poutine, ses avions, ses hélicoptères de combat et leurs bombardements, ainsi que ses troupes «spécialisées» – avec l’expertise acquise en Tchétchénie – ont certes été d’une aide particulière pour lui permettre de refaire surface avec plus de force, depuis septembre 2015. Mais Bachar et son cercle de malfaiteurs disposent aussi de la carte iranienne: le duo Ali Kahmenei-Hassan Rohani et, avant tout, la structure militaire du «Corps des gardiens de la révolution» (en abrégé: Pasdaran). Bachar ne dépend pas du seul Poutine. Certes Poutine et sa garde militaire ont su utiliser la faillite des Etats-Unis dans la région pour y remettre leurs bottes ainsi que sur la scène diplomatique internationale.

    Toutefois, le marasme économique d’ampleur régnant en Russie, qui s’accompagne d’une crise sociale s’exprimant sous diverses formes – et pas seulement en Asie centrale où ses traits nationaux-religieux sont invoqués pour justifier l’intervention en Syrie, avec la bénédiction ou le silence approbateur de divers impérialismes –, ne fait pas du Kremlin un «acteur» qui puisse jouer un rôle déterminant. De plus, la camarilla Assad peut compter sur le bras armé de l’Iran dans l’espace syrien: le Hezbollah libanais.

    Enfin, comme le disent les diplomates ayant fricoté avec le régime de Damas dans des «négociations»: «il dit 49 fois non et une fois noui». Ce qui ne constitue un «obstacle» que pour ceux – des Etats-Unis à la France en passant par d’autres puissances» – qui ont accepté que dans une prétendue «transition démocratique» l’ascendant des Assad se perpétue. Le gouvernement de Netanyahou ne fait d’ailleurs aucune objection à ce scénario. Car cela le sert. Divers articles de la presse israélienne le constatent et l’analysent.

    • Revenons à la présentation de la «reconquête de Palmyre». Le 26 mars 2016, lors du journal d’informations de 12h30, Antoine Denéchère nous annonce: «Une bonne nouvelle nous parvient depuis la Syrie. La cité antique de Palmyre, patrimoine mondial de l’Humanité, est en passe d’être libérée. L’organisation Etat Islamique subit en effet une offensive importante de l’armée de Bachar el-Assad, appuyée par les Russes.» Puis, il nous prévient que sera interrogé, en direct, en tant qu’invité, l’historien Maurice Sartre, spécialiste de Palmyre.

    Ce dernier va effectuer quelques mises au point face à un journaliste qui puise «ses informations» – pour ne pas dire son savoir – dans on ne sait dans quel battage publicitaire. (Rédaction A l’Encontre)

    *****

    Vous êtes professeur émérite d’histoire ancienne à l’Université de Tours et vous avez coécrit récemment Zénobie, de Palmyre à Rome (Ed. Perrin, 2014). Est-ce que vous avez des informations sur la libération de Palmyre, est-ce que c’est fait?

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    Maurice Sartre: Non, je ne crois pas que c’est fait. Les dernières informations font état de combats qui ont encore lieu et il semblerait – et là je suis comme tout le monde, je ne suis pas à Palmyre – que les troupes de Daech se soient retranchées précisément dans la ville antique. Ce qui modère en quelque sorte notre joie ou notre plaisir de les voir déguerpir du site antique. Car la menace qui pèse sur la ville reste très grave, très lourde et ce n’est pas les combats au milieu des ruines qui peuvent nous rendre très optimistes. Donc, pour l’instant, il semblerait que l’armée de Bachar tienne la citadelle, la zone des grands hôtels à l’entrée sud-ouest de la ville et une partie au moins de la vallée des tombeaux, c’est-à-dire la zone archéologique à l’ouest de la grande colonnade.

    Maurice Sartre, je rappelle que vous êtes spécialiste de la Syrie antique et notamment de Palmyre, est-ce que, en tant qu’historien justement, vous pouvez dire «merci Bachar el-Assad de nous aider à libérer Palmyre»?

    Sûrement pas. D’abord, parce que Bachar est à l’origine de tout le drame que traverse la Syrie. Il ne faut quand même pas oublier que huit morts sur dix sont le fait de Bachar el-Assad et pas de Daech. Ensuite, le pillage de Palmyre, l’armée de Bachar el-Assad s’y est livré grandement pendant le temps où elle l’occupait et en avait repris le contrôle entre 2012 et 2015. Et, enfin, je n’oublie jamais non plus que c’est Bachar el-Assad qui a livré sans combat Palmyre à Daech, s’abstenant même de bombarder les convois de Daech qui faisaient route de Deir ez-Zor à Palmyre à travers 200 km d’un désert plat comme la main et où il n’y a aucune cachette.

    Ne faisons pas de Bachar le sauveur qu’il faut remercier. Il est le complice de Daech très largement. Il ne faut pas oublier que c’est quand même lui qui leur achète du pétrole et une partie du blé qui font leur fortune et qu’il avait livré la ville de Palmyre sans aucun combat. Cela n’empêche pas que je suis très heureux de voir Daech déguerpir. Mais que le deuxième tyran de la Syrie reprenne le contrôle de Palmyre n’est sûrement pas quelque chose qui est fait pour réjouir qui que ce soit et sûrement pas les Syriens.

    Est-ce que vous vous dites aujourd’hui que vous allez bientôt pouvoir retourner à Palmyre et observer l’étendue des dégâts?

    D’abord, que je retourne à Palmyre est très accessoire. Bien sûr j’aimerais y retourner. Je pense que le directeur général des antiquités qui fait un travail formidable va sans doute très vite faire le bilan des destructions. Bien sûr il ne pourra pas, comme d’habitude, tout dire et notamment révéler l’ampleur des pillages qui avaient eu lieu avant l’arrivée de Daech et qui étaient considérables déjà. Mais peu importe, je crois que pour l’instant ce qui est urgent c’est effectivement de faire le point. Non pas sur ce qu’on connaît déjà, car par les photos aériennes on connaît beaucoup des destructions les plus graves, c’est-à-dire ce qu’a fait Daech et qu’il a mis en scène, ce qui fait que le monde entier est au courant. Cela on le connaît. Mais ce qui est le plus grave, c’est l’étendue des pillages et donc la disparition d’un patrimoine archéologique insoupçonné, inconnu, non identifié même encore par les historiens. Et il est extrêmement important de le faire le plus vite possible avant que l’armée de Bachar el-Assad ne se remette, comme elle l’avait fait avant, à piller le site et à se livrer elle-même au trafic des antiquités. (26 mars 2016, journal d’informations de France culture de 12h30).

    Publié par Alencontre le 27 - mars - 2016
     
  • Jénine Paris 12

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  • Nouveautés "Langue Amazighe" (Algeria Watch)

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  • Le groupe de rap « Ewlade Leblade » défie le président mauritanien (Afriques en Lutte)

    https://www.youtube.com/watch?v=st7mvB2kP2U

    Le groupe de rap « Ewlade Leblade » défie le président mauritanien

    Nos amis du site mauritanien « Cridem » donnent la parole à des musiciens de rap en rupture avec le président Mohamed Ould Abdel Aziz.

    En effet, un des parents du Président mauritanien et un de ses conseillers ont tenté, par un grossier chantage, de forcer ce groupe de rap, Ewlade Leblade, d’écrire un morceau en faveur du régime en place depuis 2008 et qui a fait main basse sur les richesses du pays et piétine les droits élémentaires. Mais de telles courbettes allaient totalement contre l’éthique de ces musiciens qui ont refusé catégoriquement de répondre à cette demande.

    Du coup, leurs faits et gestes sont surveillés et leurs habitudes quotidiennes traquées (écoute téléphonique, suivi et renseignement près de nos proches etc.). Un des membres de leur groupe du nom d’Hamada s’est même retrouvé pendant deux mois dans la prison de Nouakchott enfermé avec les terroristes les plus dangereux du pays.

    Voici comment ces rappeurs expliquent et justifient leur engagement dans un clip et dans un texte dont nous publions des extraits, une charge sans concessions contre la nature profonde du régime mauritanien.

    La rédaction de Mondafrique

    « Vous n’êtes pas plus mauritaniens que nous »

    « Le clip dénonce différentes affaires passées sous la trappe ou du moins sur lesquelles personne n’a voulu s’attarder (…) Nous ne livrons que les informations dont nous sommes sûrs

    Le gâteau en forme de la Mauritanie et aux couleurs nationales n’est autre qu’une image pour représenter la répartition des richesses par les personnes qui dirigent le pays. L’image est choisie pour bien montrer que les richesses du pays sont découpées et partagées comme s’il s’agissait d’un gâteau, un gâteau qui pour le manger, on doit être invité à cette table. Une des personnes autour de la table prend 60% du gâteau pour symboliser la distribution inégale entre les mêmes personnes autour de la table. Ce symbole fort, n’est pas une insulte à notre nation car vous n’êtes pas plus mauritaniens que nous, mais une personnification de ce qui se passe aujourd’hui en Mauritanie.

    Deux portraits du président brulés

    Lorsqu’on brûle la photo du président, on parle de l’atteinte à l’éthique et la morale mais lorsque l’un de nos membres est mis en prison et accusé à tord de violeur et de vendeur de drogue, cela ne choque personne. Certains vont même avancer que cette hypothèse est possible, tout ça pour contenter le chef de d’Etat qui est dernière toute cette mascarade. Il a beau nié cela mais lorsque l’un de ses proches se permet de semer la terreur auprès des jeunes et que les forces de l’ordre jouent de leur pouvoir, il n’a d’autre mot que l’usage abusif du pouvoir pour qualifier de tels agissements.

    Voilà l’image que vous donnez à la jeunesse mauritanienne. Et nous n’acceptons pas que vous vous permettez de salir notre nom pour embellir le vôtre. Pour les défenseurs du président et ceux qui ont pu être offensé par notre clip, sachez que ce que vous avez ressenti lorsque vous avez vu le portrait du Président brûlé et le sentiment que nous avons eu suite aux fausses accusations portées sur notre groupe et Hamada.

    Pour ceux qui n’ont toujours pas compris que le rap n’est pas là pour chanter les louanges des personnes mais pour dénoncer les problèmes sociaux, tels que la pauvreté, le racisme, le chômage et l’exclusion. Nous avons pendant des années travaillé dans ce sens mais après un premier mandat sans aucun changement positif, nous avons fini par comprendre que la seule personne responsable de tous les maux des citoyens n’est autre que le chef d’Etat et son gouvernement mafiosi.

    « Alors nous chantons »

    Nous n’avons pas utilisé la violence physique, mais l’art pour exprimer notre colère et la frustration d’une majeure partie de la jeunesse, c’est une réalité que cela plaise ou non. Nous ne vivons pas dans le fictif, alors nous chantons, et continuerons à rapper le mal-être de notre société.

    « La colère est une haine ouverte et passagère ; la haine, une colère retenue et suivie » (C.D.P), comme le dit Izak « Nous sommes en colère, en colère parce que personne ne réagit devant notre injustice, en colère car on nous traite comme des moins que rien alors qu’on était les premiers à avoir cru qu’il y aura un changement, à avoir espéré que celui qui s’est dit « Président des pauvres » allait respecter ses engagements. Nous ne sommes pas les premiers ni les derniers à être tombé dans le panneau. Mais tous ça, c’est fini, nous n’accepterons pas de subir la terreur et les menaces. Et si Dieu le veut, nous retournerons dans notre pays, car il n’est pas plus mauritanien que nous. »

    Sachez une chose, c’est que nous sommes l’avenir de demain. Aujourd’hui, la jeunesse n’a pas froid aux yeux et que nous seront prêts à tout pour avoir nos droits. 9 mars 2016 

    Source : http://www.mondafrique.com

    http://www.mondafrique.com/groupe-de-rap-ewladeleblade-defie-president-mauritanien/

    http://www.afriquesenlutte.org/mauritanie/article/le-groupe-de-rap-ewlade-leblade

  • Algérie : Statut du tamazight, choix culturels et linguistiques, académie et peuple...(Essf)

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    Pour l’auteur de cette contribution, les choix culturels et linguistiques des Algériens doivent se fonder sur leurs réalités et leurs besoins actuels plus que sur une « essence » difficilement définissable. « Sommes nous obligés de convoquer les morts pour légitimer les revendications d’aujourd’hui ? », s’interroge-t-il. Et de répondre que « l’identité culturelle collective, politique ou sociale n’est pas dictée par nos origines mais par notre existence dans le monde réel et la projection que l’on fait pour notre devenir ».

    Le tamazight [berbère] devrait être bientôt officialisé, une fois qu’aura été adoptée par les membres du Parlement la nouvelle Constitution amendée, dont l’article 3 bis stipule que cette langue sera « également langue nationale et officielle » aux côtés de l’arabe lequel, aux termes de l’article 3, « demeure langue officielle de l’Etat » algérien.

    Les populations algériennes, et particulièrement les berbérophones, vont désormais pouvoir construire leur devenir identitaire, culturel et linguistique avec le poids juridique et institutionnel que leur octroiera cette nouvelle Constitution. C’est indéniablement un acquis démocratique. Il vient couronner de longues années de luttes et de combats. Ni le caractère anti-démocratique de cette révision de la Constitution – qui, il faut le souligner, est élaborée dans le mépris des règles élémentaires de la démocratie –, ni les vices de forme et l’ambigüité juridique avec lesquels cette constitutionnalisation du tamazight est introduite et encore moins les calculs politiciens qui la sous-tendent ne doivent faire de l’ombre à la légitimité de cette officialisation.

    Cependant, cet acte n’est pas dénué de contradictions et d’ambigüités, tant sur le plan strictement formel que sur le plan de la démarche préconisée pour une officialisation finale et concrète.

    Ambigüité juridique et atermoiements politiques

    Quand la Constitution instaure un préalable technique avant une officialisation complète et concrète du tamazight, cela signifie qu’elle y voit un « corps malade », qui ne peut s’épanouir ou gérer les domaines scientifiques et technologiques sans être guéri par des soins appropriés !

    Certes, le tamazight est, dans l’immédiat, dans l’incapacité de promouvoir une vie culturelle au-delà du folklore, un enseignement de qualité ou une pensée scientifique respectant les exigences du monde moderne. Un travail de rattrapage (ou de « mise à jour », selon la formule en vogue) du retard que cette langue a subi dans son histoire est, bien évidement, nécessaire.

    C’est toutefois « l’expert » seul qui est invité pour ce travail ! Il est présenté comme l’intellectuel qui dispose des règles (abstraites) et, à travers ces règles, de l’autorité pour effectuer ce travail ! Or, l’expertise sert aussi à mettre en place l’idéologie professionnelle des linguistes, celle des savants de la langue à qui on reconnaît une fonction distincte de celle du peuple et de l’artisan de tous les jours. Le linguiste, détenteur d’un savoir linguistique (et idéologique !) peut ainsi éliminer le peuple et son produit artisanal et spontané et devenir le seul capable de contrôler le processus de production en amont et en aval.

    La revendication d’officialisation du tamazight, il faut le rappeler, est portée par un mouvement large et populaire. Le mouvement culturel berbère, le MCB, a produit, dans le sillage d’experts et de militants comme Salem Chaker, ou encore derrière des autorités scientifiques et intellectuelles comme Mouloud Mammeri, des dizaines voire des centaines d’artisans de la langue. Ils sont l’expression directe et patente de la volonté démocratique et populaire de voire cette langue s’émanciper et se moderniser. Ils lui donnent déjà le quitus pour une existence concrète et les outils nécessaires pour son ancrage dans un univers linguistique plus vaste et non uniquement pour survivre comme « monument ethnographique ».

    Le piège est de confiner ce débat à l’intérieure de l’institution qui s’appelle « académie ». Il faut, d’ailleurs, se demander ce que c’est que l’académie : c’est une « bureaucratie culturelle » qui a comme fonction de fournir à l’Etat un ordre, un code linguistique, une esthétique et la culture officielle dont il a besoin. Pour empêcher la bureaucratie culturelle d’imposer sa langue et sa culture officielle, il faut continuer à se battre partout, pas seulement à l’intérieur de cette institution et quelle que soit la couleur qu’on veut lui donner.

    Le discours officiel prépare déjà, bien évidement, sa future académie et ses futurs « experts » à donner une orientation précise au travail de promotion du tamazight (c’est déjà flagrant dans la conférence de presse lors de laquelle Ahmed Ouyahia a annoncé cette officialisation). Mais rien n’est encore joué. Il reste à se rappeler l’expérience de lutte qui a aguerri les populations berbérophones, notamment en Kabylie (il faut reconnaître que dans d’autres régions berbérophones, l’institutionnalisation du tamazight est une revendication secondaire). Faisons en sorte que la « rue » impose ses propres experts et qu’elle soit en mesure d’imposer la feuille de route de cette académie.

    Elevée une langue au rang de langue officielle de l’Etat signifie qu’elle doit être en usage dans les institutions de cet Etat dont la capacité d’assurer une prise en charge adéquate de la réalité culturelle, sociale, scientifique ou diplomatique que vit le pays dépend du dynamisme de cette même langue et du génie populaire à la porter haut !

    Or, si l’on perçoit le tamazight comme « corps malade », qu’il faut d’abord soigner, il faut se souvenir que ceci est aussi valable pour la langue arabe, le véritable arabe parlée par les millions d’Algériens, y compris par les officiels dans leur vie quotidienne. Car l’arabe dont parle la Constitution n’est pratiquée que d’une manière formelle à l’intérieur des institutions et, d’une manière laborieuse, même à l’école. Nous savons tous que le véritable arabe que parlent les officiels dans leur famille et avec leurs enfants n’est pas celui qu’ils pratiquent devant les caméras de télévision. Nous connaissons aussi l’arabe parlé par les enseignants experts de l’éducation à nos enfants. Il est loin de celui qu’ils parlent avec leurs propres enfants à la maison. S’il y a lieu de moderniser cet arabe, s’agit-il de partir de celui pratiqué officiellement dans tout le monde arabe et d’arriver à le rapprocher de ses expressions locales ? Ou faut-il partir du parler local pour lui donner une assise moderne ! Dans les deux cas nous aurons un arabe algérien !

    Crise de l’état social et « panique identitaire »

    Parmi les Etats-nations appartenant à l’univers culturel et linguistique arabe, l’Algérie peut être considérée parmi les plus solides. Cette cohésion est l’expression d’une guerre de libération des plus meurtrières et des plus radicales qu’ait connues la région. Le fait national algérien relève d’un héritage commun et d’un riche souvenir pour « avoir fait des grandes choses ensemble », « avoir souffert, joui et espéré ensemble », selon l’expression d’Ernest Renan [1].

    Mais quand le premier président de l’Algérie indépendante, Ahmed Ben Bella, déclarait, en 1963, « Nous sommes des Arabes, des Arabes, dix millions d’Arabes. [...] Il n’y a d’avenir pour ce pays que dans l’arabisme [2] », il introduisait dans la conscience des Algériens une « panique identitaire [3] » qui nous poursuit jusqu’à aujourd’hui. Avec cette sentence, Ahmed Ben Bella confondait l’identité culturelle, qui varie entre groupes voire entre individus, et identité nationale, façonnée dans la dynamique d’un mouvement national des plus émancipateurs. Il engageait la nation algérienne sur le sentier de l’essentialisme culturel, où les Algériens seraient des Arabes et des musulmans par essence ! Pourtant dans le registre de l’essentialisme, celui des origines, il serait plus juste de dire que nous sommes des Amazighs.

    Sommes-nous obligés de convoquer les morts pour légitimer les revendications d’aujourd’hui ? Faut-il faire appel à El-Kahina, rappeler le « message » de Okba Ibnou Nafaâ ou faire le procès des Banou Hilal pour justifier l’état des lieux d’aujourd’hui ? L’identité culturelle collective, politique ou sociale n’est pas dictée par nos origines mais par notre existence dans le monde réel et la projection que l’on fait pour notre devenir.

    Le nationalisme se nourrit aussi de la satisfaction des besoins sociaux essentiels. Rappeler la dimension sociale de l’Etat ne signifie pas réduire la politique au « social » ou se détourner du champ spécifiquement institutionnel. C’est surtout rappeler qu’après les expériences fondatrices des massacres du mai 1945, de la crise du PPA-MTLD en 1949, de l’indépendance en 1962, de la révolte d’avril 1980 en Kabylie, de la révolte juvénile d’octobre 1988, et du Printemps noir de 2001, la lutte pour la démocratie politique n’est plus dissociable de son contenu social, que l’enjeu est le pouvoir, qu’on doit lutter pour des réformes institutionnelles sur le mode de scrutin, la représentativité des assemblées élues, la parité, etc. mais ne pas oublier que le chômage est un cancer qui mine les meilleures formules démocratiques.

    Au moment où s’affaiblit la fonctionnalité de l’Etat-nation tel qu’il a émergé depuis l’indépendance dans sa version d’Etat social, l’introduction du tamazight dans le débat constitutionnel ne doit pas servir à ressusciter les différences originelles dans une logique « ethnique » du nationalisme fondé sur les racines, mais sur un pacte constitutionnel centré sur le devenir. jeudi 4 février 2016

    Nadir Djermoune* « Du droit du tamazight de s’émanciper de »son« académie... (opinion) ». Maghreb Emergent. 4 février 2016 13:03 :


    http://www.maghrebemergent.com/contributions/opinions/55340-du-droit-du-tamazight-de-s-emanciper-de-son-academie.html

    * Nadir Djermoune est enseignant-chercheur à l’institut d’architecture d’urbanisme de l’université de Blida.

    Notes

    [1Ernest Renan, Qu’est-ce qu’une nation (conférence donnée en 1882 à la Sorbonne), in : Qu’est-ce qu’une nation ? Et autres essais politiques, Paris : Agora, Les classiques, 1992 ; cité par Daniel Bensaïd dans La discordance des temps, Essais sur les crises, les classes, l’histoire, Paris : Editions de la Passion, 1995, p. 151

    [2Jamel Zenati, « L’Algérie à l’épreuve de ses langues et de ses identités : histoire d’un échec répété », Mots. Les langages du politique [En ligne], 74 | 2004, mis en ligne le 28 avril 2008, consulté le 23 janvier 2016. URL : http://mots.revues.org/4993.

    [3L’expression est de Daniel Bensaïd, op. cit., p. 149.

    http://www.europe-solidaire.org/spip.php?article37112

    Lire aussi:

    https://fr.wikipedia.org/wiki/Langues_berb%C3%A8res

  • Solidarité avec Ashraf Fayad (Afps)

    "Je suis l’expérience de l’enfer sur la planète Terre".Retour ligne automatique Le poète palestinien Ashraf Fayad a été condamné à mort pour "apostasie" par des juges d’Arabie saoudite. Il lui est notamment reproché d’avoir publié un recueil de poèmes en 2007, "Instructions internes", qui contiendrait des poèmes athées. (Cette condamnation à mort intervient après une première condamnation à quatre ans de prison et 800 coups de fouets).

    Nous vous invitons à participer à la soirée de solidarité en sa faveur qui se tiendra le jeudi 21 janvier 2016, à 20 heures au théâtre Toursky (espace Léo Ferré).

    Cette soirée est co-organisée par l’association le Scriptorium, le Théâtre Toursky, l’Union des Poètes & cie, la revue des Archers.

    Au cours de ce temps de solidarité, des poètes et des artistes français et étrangers liront des poèmes de Fayad Ashraf, ainsi que des poèmes en rapport avec le sujet, ponctués par des moments musicaux.

    Cette réunion s’inscrit dans une succession de manifestations qui ont eu lieu et vont se dérouler dans d’autres villes de France et régions du monde : Maison de la Poésie de Paris, Berlin, Strasbourg, Montréal...

    L’objectif de cette soirée est triple :

    - sensibiliser le public le plus large à cette cause pour faire annuler la sanction

    - témoigner de l’aspect irréductible de la parole poétique sous toutes les latitudes et dans toutes les sociétés humaines

    - envoyer à Ashraf Fayad le signe d’une présence solidaire en poésie

    La communauté poétique et littéraire a répondu favorablement à notre initiative.

    Nous avons à ce jour reçu le soutien des institutions suivantes : La Maison des Écrivains et de la Littérature, Le Printemps des Poètes, la Biennale des Poètes, les Amis de Richard Martin, le P.E.N. Club français, la Société des Gens de Lettres, le CipM, the World Poetry Movement.

    Pour rappel, une pétition en faveur d’ASHRAF FAYAD est en ligne sur change.org. Chacun peut, chacun doit la signer !

    Dominique Sorrente, président du Scriptorium et représentant de l’Union des Poètes & cie - Richard Martin, directeur du théâtre Toursky et directeur de la publication de la revue des Archers

    Association le Scriptorium, Théâtre Toursky, Union des Poètes & cie et revue des Archers - Marseille, jeudi 21 janvier 2016

    http://www.france-palestine.org/Solidarite-avec-Ashraf-Fayad

  • Yennayer ‘zo bet lidet ! (Le Peuple breton)

    fest-noz

    Pedet e oa mouezh-aotreet an UDB, Nil Caouissin, da lidañ ar bloavezh nevez (Yennayer) gant ar Gabiled e Roazhon. Un nozvezh leun a blijadur e koun Lounès Matoub. Ur varzhoneg skrivet e 1995 gant Fañch Péru, ezel eus an UDB, zo bet distaget gant Nicole Logeais ha Nil Caouissin ivez. Amañ eo kinniget deoc’h ar brezegenn en deus lennet Nil Caouissin evit ar gouel-se.

    Azul fellawen
    Demat d’an holl

    Ho trugarekaat a ran da vezañ pedet ac’hanon da lidañ Yennayer amañ ganeoc’h. E-pad pell em eus bevet e-maez eus Breizh. Gouzout a ouzon pegen talvoudus eo en em gavout a-wechoù gant ar re a zo perzh eus an hevelep sevenadur. Enoret on o tremen ar mare-se en ho touez.

    Un dra voutin hon eus d’an nebeutañ : Breizhiz kenkoulz ha Berbered, ur sevenadur pobl hag ur yezh hon eus ha ne fell ket deomp asantiñ koll anezho. Ne gred ket deomp e vefe ret bezañ heñvel evit bezañ kevatal ; ar c’hontrol eo, n’eus kevatalded ebet pa vez rediet ur bobl da zont da vezañ heñvel ouzh an trevadennour evit kaout gwirioù. Atav eo bet Unvaniezh Demokratel Breizh a-du gant ar pobloù minorel o stourm. En Istanbul e oan ma-unan e miz Du, e-kerzh an dilennadegoù evel enseller etrebroadel galvet gant an HDP.

    Ganeoc’h ivez hon eus liammoù abaoe pell. Ur chañs eo evidomp kaout ac’hanoc’h e Breizh en hor c’hichen. Diskouez a ra deomp n’omp ket hon-unan ha pegen hollvedel eo ar stourm evit an emrenerezh ha liesseurted ar sevenadurioù. Ur stourm evit an denelezh eo, estreget evit ur bobl bennak.

    Pa weler e klask gouarnamant Bro-C’hall lakaat an dud da veskañ an divvroadourien hag ar spontourien eo pouezusoc’h c’hoazh eget da gustum tremen mareoù evel-se ganeoc’h, ha kaout soñj eo ur gaou lavaret e vefe eus ur brezel etre ar sevenadurezhioù, rak e pep bro, e pep pobl, e vez kavet demokratourien ha faskourien, n’eus forzh peseurt levr e implijfent, ar C’horan pe unan all. An estren nemetañ a anavezomp eo an hini a nac’h ouzhimp ar gwir da vezañ disheñvel dioutañ. 17 janvier 2016

    Assegwas Amaggas

    Tanemirt

    Allocution de L'UDB, au Nouvel an Kabyle, Rennes

    http://lepeuplebreton.bzh/2016/01/17/yennayer-zo-bet-lidet/