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Culture - Page 3

  • Genève Palestine

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    Du 1er septembre au 31 décembre 2016
    Vernissage : mercredi 14 septembre, 19h

    http://www.urgencepalestine.ch/

     

  • Rencontres cinématographiques de Béjaïa (Algeria Watch)

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    Le ministère de la Culture a refusé de délivrer le «visa culturel» sans lequel la projection du film ne peut se faire.

    Le film documentaire Vote off, du jeune réalisateur-producteur algérien Fayçal Hammoum, produit par Thala films, a été déprogrammé des 14es Rencontres cinématographiques (RCB) qui se déroulent jusqu’à ce vendredi à la Cinémathèque de Béjaïa. Le ministère de la Culture a refusé de délivrer un «visa culturel», qui tient lieu d’une autorisation de projection.

    C’est depuis 2011, en vertu de la loi n°11-03 du 17 février 2011 relative à la cinématographie, décret 13-276, que le département de Azeddine Mihoubi exige un «visa culturel» pour tout film programmé dans une manifestation culturelle. Vote off est le premier film à faire les frais de cette loi dans le cadre des RCB qui appliquent cette loi depuis l’année dernière.

    C’est l’incompréhension chez le réalisateur. «Je suis surpris, je ne m’attendais pas à cela, d’autant que mon film est très loin d’être partisan», nous a-t-il déclaré au téléphone. «On ne peut que se rendre à l’évidence et appeler les choses par leur nom : il s’agit là d’un cas flagrant de censure», accuse-t-il dans une lettre adressée à l’opinion publique, dont nous avos été destinataire d’une copie.

    Le ministère a dû prendre le soin de superviser au préalable ce film de 81 minutes dont le contenu est apparemment dérangeant par le spectre de l’abstention bien réelle qu’il ne fait que filmer à quelques mois des législatives de 2017. Selon son synopsis, «Vote Off suit la jeunesse algérienne pendant le mois qui a précédé l’élection de 2014. Une jeunesse active mais qui n’a jamais voté…».

    La caméra de Fayçal Hammoum a investi le terrain de la campagne électorale à Alger pour la présidentielle d’avril 2014 pour prendre le pouls de la société dont fait partie une jeunesse désabusée et abstentionniste. Elle s’est posée dans des meetings de candidats, dans leurs permanences, dans la rue, à El Watan… pour «un voyage électoral ou plutôt une balade où se côtoient le doute, la peur, l’espoir».

    «Au-delà des parcours individuels de mes personnages qui sont au centre du projet, j’ai aussi fait ce film pour une raison simple et sans doute un peu naïve : je veux croire que l’Algérie peut et doit devenir aussi démocratique que possible», réagit, dans sa lettre, Fayçal Hammoum. Il considère qu’«interdire ce film, c’est interdire la croyance qui en est à l’origine.

    La croyance en un pays de droit où l’expression d’une idée n’est pas vécue comme une menace mais une chance. Interdire ce film, c’est interdire par avance tous les films qui voudront affirmer cela. C’est, qu’on le veuille ou non, avouer que rien ne changera». Le jeune réalisateur est convaincu qu’«on peut toujours enterrer un film mais jamais la parole et encore moins la pensée des hommes».

    L’association Project’heurts qui a été forcée d’annuler la projection du film, et pour affirmer son attachement «aux valeurs de la démocratie et de la liberté d’expression et de création», a maintenu le rendez-vous de demain à 17h, l’heure prévue de la projection du film Vote off, mais pour engager un débat sur «la loi sur le cinéma, sur la liberté de création en Algérie en présence du réalisateur et du producteur du film».

    «Ce bras de fer constant avec le ministère de mon pays et autres autorités ‘‘suprêmes’’ de la culture commence à me fatiguer. Et je suis, de la même façon, fatigué d’avance de devoir demander grâce pour un film condamné à mort par la censure», écrit, déçu, Fayçal Hammoum à propos d’un film qu’il aurait pu appeler «A quoi rêvent wled houmti». A la liberté, certainement.


    Kamel Medjdoub El Watan, 7 septembre 2016

    http://www.algeria-watch.org/fr/article/presse/vote_off_censure.htm

    « Vote off », un documentaire sur la présidentielle de 2014 censuré (Jeune Afrique)

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

     
    Pour l'anniversaire du cessez-le-feu, les agences de l'ONU exhortent à mettre fin à la 'spirale de dé-développement' de Gaza

    Pour l’anniversaire du cessez-le-feu, les agences de l’ONU exhortent à mettre fin à la ‘spirale de dé-développement’ de Gaza

    26 août 2016 Dans un rapport qui témoigne des deux ans du cessez-le feu qui a mis fin à ‘l’Opération Bordure Protectrice’, des agences de l’ONU ont exhorté à mettre fin à ce qu’ils décrivent comme la « spirale de dé-développement » de la Bande de Gaza. Dans un communiqué émis vendredi, 16 responsables d’agences des Nations...
     
     
    Concert "de Ramallah à Paris" à l'alimentation générale (Paris) le 8 septembre 2016

    Concert « de Ramallah à Paris » à l’alimentation générale (Paris) le 8 septembre 2016

    IN TRANSIT | 3ème ESCALE : de RAMALLAH à PARIS Avec MUQATA’A (Boikutt), DAKN, HAYKAL, JULMUD, DJ SKYWALKER et DJ MISSY NESS. Pour cette troisième rencontre, In Transit – في عُبُور invite le public parisien à s’immerger dans l’univers sonore de Ramallah en Palestine. Depuis quelques années, la ville offre à la scène musicale des talents qui...
     
     
    Solidarité: les fans du Celtic défient l’UEFA pour la Palestine

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    Alors que le Celtic Glasgow devrait être sanctionné par l’UEFA après l’apparition de drapeaux palestiniens dans les tribunes de Celtic Park lors du barrage de Ligue des champions contre les Israéliens d’Hapoël Beer-Sheva, certains supporters du club écossais se mobilisent et ont lancé un appel aux dons pour venir en aide aux Palestiniens.   « Le...
     
     
    22 août 2016: 50 raids israéliens sur Gaza : une nuit très difficile pour les habitants de Gaza

    22 août 2016: 50 raids israéliens sur Gaza : une nuit très difficile pour les habitants de Gaza

    Par Ziad Medoukh 22.08.2016 – L’armée de l’occupation israélienne poursuit ces attaques et ces agressions contre la bande de Gaza. L’armée israélienne a blessé cinq palestiniens partout dans la bande de Gaza ce dimanche 21 août 2016 lors des bombardements qui ont visé plusieurs régions dans cette prison à ciel ouvert. Les avions militaires israéliens ont...
     
     
    Prévention des attentats: pourquoi Israël n’est certainement pas le modèle à suivre

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    Tribune collective, le 19 août 2016 Depuis le terrible massacre à Nice, plus de 84 victimes et des centaines de blessés, des discours médiatiques et politiques de plus en plus nombreux comparent ce qui se produit en France et en Europe à la situation en Israël. Ainsi, des recommandations de s’inspirer du « modèle israélien » sont...
     
     
    PHOTOS: Une année de luttes de femmes en Palestine et Israël

    PHOTOS: Une année de luttes de femmes en Palestine et Israël

    Par Activestills, le 8 mars 2016 Elles se sont confrontées à la police place Rabin à Tel Aviv,elles se sont opposées à l’occupation, à la violence contre les femmes et ont combattu le racisme et la brutalité de la police. Une année de luttes de femmes Photos: Anne Paq, Ahmad Al-Bazz, Faiz Abu-Rmeleh, Mohannad Darabee, Mohannad...

  • Farouk Mardam-Bey : "La traduction littéraire de l'arabe au français est plus importante que jamais" (Le Point)

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    INTERVIEW. De l'aveu du directeur de la collection Sindbad chez Actes Sud, il est urgent de prendre des risques pour imposer un plus grand nombre d'écrivains arabes afin de conquérir le public francophone.
    Propos recueillis par Heluin Anaïs

    Les auteurs arabophones ne sont pour l'instant qu'une poignée, malgré le succès de nombreuses oeuvres de la littérature arabe. Et, plus récemment, de romans tels que L'Immeuble Yacoubian (2002) de l'Égyptien Alaa El Aswany et Taxi (2009) de Khaled Al Khamissi. Farouk Mardam-Bey* espère pourtant voir émerger dans l'édition un renouveau allant au-delà des freins économiques culturels, politiques et symboliques actuels. Il s'est confié au Point Afrique.

    Le Point Afrique : À la rentrée littéraire, plusieurs romans arabes francophones sont attendus. Beaux Rivages de Nina Bouraoui, Chanson douce de Leïla Slimani, Dieu n'habite pas La Havane de Yasmina Khadra, Ce vain combat que tu livres au monde de Fouad Laroui... Les traductions de l'arabe au français sont beaucoup plus rares. Avec Pas de couteaux dans les cuisines de cette ville du Syrien Khaled Khalifa que vous publiez dans votre collection, on ne trouve dans cette catégorie que Le Messie du Darfour du Soudanais Abdelaziz Baraka Sakin. Rareté habituelle ou propre à cette rentrée ?

    Farouk Mardam-Bey : Très peu d'éditeurs français s'intéressent à la littérature arabophone. Hormis Actes Sud avec la collection Sindbad, fondée en 1995 pour poursuivre le travail mené par Pierre Bernard avec ses éditions du même nom, seul Le Seuil a créé en 2012 la collection Cadre vert pour la fiction contemporaine traduite de l'arabe. Confiée au très bon arabisant Emmanuel Varlet, elle publie trois à quatre titres par an. Depuis la traduction par Gaston Wiet et Jean Lecerf du Livre des jours de Taha Hussein en 1947, dont André Gide a écrit la préface, Gallimard fait en moyenne traduire un roman par an. Idem pour Jean-Claude Lattès, qui a pourtant publié la trilogie de l'Égyptien Naguib Mahfouz, Prix Nobel de littérature en 1988. Au total, on arrive péniblement à une dizaine de titres par an.

    À la suite de ce prix Nobel et du succès du poète palestinien Mahmoud Darwich, on aurait pu s'attendre à un engouement de la part des éditeurs et du public français. Ce ne fut pas le cas...

    Les modes littéraires échappent à toute logique. Ces dix dernières années, le succès de quelques romans traduits de l'arabe aurait lui aussi pu susciter un large intérêt public et éditorial. Chez Actes Sud, il y a eu L'Immeuble Yacoubian (2002) de l'Égyptien Alaa El Aswany, vendu à plus de 300 000 exemplaires, et Taxi (2009) de Khaled Al Khamissi. Des phénomènes. Mais ces succès sont restés ponctuels. De même pour d'autres de nos auteurs dont un roman a dépassé le seuil des 10 000 exemplaires. Les Années de Zeth (2003) de Sonallah Ibrahim (1993) ou La Porte du soleil (2003) d'Elias Khoury par exemple. L'enthousiasme du public porte plus rarement sur un auteur que sur un titre.

    Le monde arabe est aujourd'hui au premier plan de l'actualité internationale. Quel effet cela a-t-il sur le marché littéraire ?

    Un ami connaisseur en marketing m'a conseillé récemment d'éviter le mot « islam » sur la couverture d'un livre consacré à ce sujet. Je crois qu'il a raison. Si les littératures arabes ont toujours eu du mal à trouver leur place en France, il me semble que c'est plus difficile encore aujourd'hui, du fait de la saturation du paysage médiatique. Il est en effet si difficile de faire le tri entre le bon et le mauvais que le public a tendance à se détourner de la littérature et surtout des essais qui portent sur ces pays. Depuis deux ou trois ans, on observe toutefois une stabilité dans la vente des œuvres traduites de l'arabe. Mais j'estime que ça n'est pas suffisant. Aujourd'hui plus que jamais, la traduction d'oeuvres littéraires de l'arabe au français est importante. Davantage qu'un essai politique ou un article, un bon roman nous permet de pénétrer en profondeur dans les sociétés arabes. Dans leur quotidien complexe.

    Dans un article, le maître de conférences en langue et littératures arabes à l'université de Provence Richard Jacquemond affirme que « les flux de traduction de l'arabe et vers l'arabe sont marqués par une logique relationnelle Nord-Sud ». Qu'en pensez-vous ?

    Le manque de traductions ne concerne pas que les littératures arabes. Loin de là. Toutes les langues dites « rares » souffrent du même problème. La littérature indienne par exemple, qu'elle soit écrite en anglais ou dans des langues d'Inde et du Pakistan, est encore moins traduite en français que les littératures arabes, alors que le continent indien est trois fois plus grand que le monde arabe. Depuis un an et demi, on observe de plus un affaissement de la vente de littérature traduite. Or, le coût de la traduction est très élevé. Pour un roman de 400 pages, il faut en effet compter entre 8 000 et 9000 euros. Les aides du Centre national du livre (CNL) ne dépassant pas les 50 %, un éditeur ne peut supporter la charge qu'en vendant au minimum 5 000 exemplaires. Ce qui limite forcément les prises de risque.

    Comment se situe la France par rapport au reste de l'Europe en matière de traduction de littérature contemporaine arabe ?

    Dans le cadre du premier état des lieux de la traduction en Méditerranée réalisé en 2010 par l'association Transeuropéennes en partenariat avec la Fondation Anna Lindh (Traduire en Méditerranée), Emmanuel Varlet a établi que seulement 0,6 % des traductions d'oeuvres étrangères vers le français sont des traductions de l'arabe. Malgré ce faible chiffre, la France est le premier pays européen en la matière. Avant même la Turquie et l'Espagne. Étonnant aussi : avant l'Iran.

    Dans les œuvres littéraires traduites de l'arabe, on a longtemps observé une domination du Machrek sur le Maghreb. Est-ce toujours le cas ?

    Pour la plupart des éditeurs français, en général peu connaisseurs de ces champs littéraires, les littératures maghrébines se résument en effet aux productions francophones. Or, si ces dernières ont en effet longtemps été dominantes en Algérie et au Maroc, ce n'est plus le cas aujourd'hui. En Tunisie, l'arabe a toujours été la première langue d'écriture. Il faut que les visions évoluent...

    Autre tendance historique de la traduction de l'arabe vers le français : l'opposition entre une école de traduction « orientalisante » et « francisante ». Qu'en est-il aujourd'hui ?

    L'école francisante a largement pris le dessus, et c'est une bonne chose. Si certains textes classiques méritent une traduction très proche de l'original, ce n'est, selon moi, pas le cas de la littérature contemporaine, qui pour être appréciée par un lectorat étranger a souvent besoin d'être adaptée. D'autant plus que les éditeurs arabes n'interviennent presque jamais sur les textes, qui nous arrivent donc souvent avec des fautes ou des maladresses. La nouvelle génération de traducteurs fait très bien ce travail. La plupart ont fait des études d'arabe et ont vécu dans un pays arabe. Ils sont donc familiers de la langue parlée, et pas seulement de l'arabe littéraire, ce qui n'était pas le cas des anciens orientalistes. Le problème, c'est que ces jeunes traducteurs peinent à trouver du travail.

    Publié le - Modifié le | Le Point Afrique

    * Né à Damas, Farouk Mardam-Bey a travaillé comme conseiller culturel à l'Institut du monde arabe. Il dirige la collection Sindbad chez Actes Sud. Il vit en France depuis 1965.

    http://afrique.lepoint.fr/

     

  • Nouveautés sur Agence Médias Palestine

    Le logo de l’UE ne protège plus des bulldozers d’Israël

    Silvia Boarini – The Electronic Intifada – 15 août 2016   « Avec les démolitions, les gosses prennent peur. C’est vraiment dur, mais nous continuons. Israël veut que nous partions, mais nous ne bougeons pas. Nous avons notre foi », dit Bilal Hammadin, 22 ans, habitant du village d’Abu Nuwwar, près de Jérusalem.   Le regard de...
     
     
    Des manifestations mondiales mettent en lumière la grave crise de l'eau à Gaza et en Cisjordanie

    Des manifestations mondiales mettent en lumière la grave crise de l’eau à Gaza et en Cisjordanie

    Une installation lumineuse internationale coordonnée par la ‘Coalition de l’Eau’ demande des droits à l’eau égaux pour le Palestiniens. Une installation lumineuse internationale coordonnée par la « Coalition de l’Eau » demande des droits à l’eau égaux pour les Palestiniens, le 14 août 2016. (Oren Ziv/Activestills.org) Des militants du monde entier ont organisé, ces quelques derniers jours,...
     
     
    Apprendre la Palestine à travers Shakespeare

    Apprendre la Palestine à travers Shakespeare

    Par Bayan Hannad, The Electronic Intifada – 12 août 2016 « Roméo et Juliette en Palestine : enseigner sous l’occupation », par Tom Sperlinger, Zero Books (2015)   « Roméo et Juliette en Palestine » raconte les cinq mois que le conférencier de l’université de Bristol, Tom Sperlinger, a passés à enseigner la littérature anglaise dans une université palestinienne en...
     

  • 32ème édition du festival du cinéma méditerranéen d’Alexandrie (Babzman)

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    A l’occasion du 32ème festival international du cinéma méditerranéen d’Alexandrie qui se tiendra du 21 au 27 septembre 2016, la guerre de libération nationale algérienne sera mise à l’honneur.

    Sous le thème « Cinéma et résistance », les organisateurs ont en effet prévu la projection de plusieurs oeuvres cinématographiques traitant ledit sujet. Des nombreux films, l’assistance visionnera « La bataille d’Alger », de l’Italien Gillo Pontecorvo (cinquante ans après la sortie du film en 1966), « Zabana » (2012), de Said Ould Khelifa, mais également, « Le Colonel Lotfi » (2015), du réalisateur Ahmed Rachedi.

    Pour rappel, le festival international du cinéma méditerranéen d’Alexandrie a été fondé par l’association égyptienne des auteurs et critiques de cinéma édition, avait connu la consécration de Lotfi Bouchouchi,pour son film « Le puits », ainsi que Mohamed Zaoui pour son documentaire « Dernières paroles ». Le FICM d’Alexandrie, compte parmi les plus anciennes manifestations dédiées au cinéma en Egypte.

    Mounira Amine-Seka Août 09, 2016

    http://www.babzman.com/

    http://www.huffpostmaghreb.com/

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  • Les débuts triomphants de l’orchestre des Jeunes de Palestine au Royaume Uni (AURDIP)

    L’orchestre des Jeunes de Palestine au Royal Concert Hall de Glasgow, le 26 juillet 2016

    Fidèle à ses habitudes, la pluie tombe en martelant les toits de Glasgow. Dans le foyer du Royal Concert Hall, des jeunes gens vêtus de noir strict et portant des écharpes imprimées du quadrillage manifeste du keffiey palestinien, déambulent anxieusement. On perçoit la nervosité d’avant concert.

    C’est le deuxième soir de ce début de tournée de six soirées en Grande Bretagne de l’Orchestre des Jeunes de Palestine. Pour la première soirée de leur tournée, l’orchestre a rempli la salle de concert de Perth ; leur performance dans la monumentale salle de concert de Glasgow a fait le plein. Dans les étapes suivantes, il y aura Leeds, Birmingham, Cardiff et enfin Londres.

    S’il y eut en effet de la nervosité avant le concert, elle n’était pas nécessaire : l’Orchestre des Jeunes de Palestine a reçu une véritable standing ovation. Même les grands comme le Philarmonic de Saint Petersbourg ne reçoivent pas cet accueil lorsqu’ils se produisent en Ecosse.

    L’orchestre des Jeunes de Palestine connaît son public. Son programme varié a démontré son talent, mais a aussi tenu compte du fait que, en tant que nouveau venu sur la scène internationale, la vente des billets repose pour l’instant autant sur la solidarité que sur un public passionné de musique classique. Avec un échantillon diversifié de styles et de sensations, le programme de l’ensemble avait clairement – et avec succès – l’intention de satisfaire tous les goûts.

    Beethoven trouve un écho

    Le premier morceau fut l’Ouverture Leonore N°3 du seul opéra de Beethoven, Fidelio. Comme Layth Sidiq, le talentueux chef d’orchestre, l’a fait remarquer dans l’une des nombreuses courtes introductions et commentaires des différents membres durant la soirée, l’intrigue de cet opéra trouve un écho puissant chez ces jeunes Palestiniens puisqu’elle raconte l’histoire d’une jeune femme qui se déguise pour libérer son mari d’une prison politique.

    Ensuite, l’orchestre a accompagné la soliste Nai Barghouti dans trois chants arabes du 20ème siècle : deux écrits par les frères Rahbani, Libanais, pour la grande chanteuse Fayrouz, et un troisième par Zakariyya Ahmad, avec des paroles tirées d’une œuvre du poète égyptien Bayram al-Tunisi, composé originellement pour la diva égyptienne Oum Kalsoum.

    L’étoile montante Barghouti – née à Akka, diplômée du Conservatoire National de Musique Edward Saïd, compositrice et flûtiste aussi bien que chanteuse – a une voix étonnante. Avec des tonalités riches et profondes malgré son jeune âge, elle n’essaie pas de rivaliser avec Fayrouz ou Oum Kalsoum, mais elle fait siens ces chants, dans un style plus naturaliste et ouvert, une prestation sincère.

    La première moitié du concert s’est terminée avec « Métal », courte pièce du compositeur contemporain Graham Fitkin, œuvre festive inspirée de la musique classique britannique d’aujourd’hui. Cette œuvre hardie, rythmée, optimiste est le résultat d’une compétition ouverte organisée par l’orchestre des Jeunes de Palestine en 2015.

    Choisie parmi plus de trente enregistrements, l’oeuvre de Fitkin met en valeur la tension et le sens du rythme de l’orchestre ; d’une vibration vivante, presque pop, la percussion marquée a besoin d’être soutenue, plutôt qu’aléatoire, pour sonner juste. Heureusement, ce fut le cas.

    La seconde moitié du programme consista dans le choix d’une œuvre internationale favorite de l’orchestre, les Tableaux d’une Exposition de Moussorgski. Série de vignettes répondant aux peintures de l’ami du compositeur, Victor Hartmann, émaillant un motif de Promenade qui représente le compositeur marchant entre les images, c’est un morceau varié qui met en valeur le talent – ou, en cas de malchance, les défauts – des différents solistes et parties de l’orchestre.

    L’Orchestre des Jeunes de Palestine s’empare magnifiquement de l’oeuvre de Moussorgski, faisant alterner la Promenade limpide et touchante et les différents « tableaux », allant du « Ballet des Poussins Non-éclos dans leurs Coquilles », vivant et même comique, aux menaçantes « Catacombes ».

    Le contexte de l’occupation

    Lorsqu’on écoute cet orchestre talentueux, on oublie facilement que l’âge des musiciens va de 26 à tout juste 14 ans, et que rien que leur présence dans une salle de concert, pour une soirée, implique de surmonter d’énormes défis politiques et logistiques.

    Même si l’Orchestre des Jeunes de Palestine est issu du Conservatoire National de Musique Edward Saïd, qui a des ramifications en Cisjordanie occupée et dans le Bande de Gaza, les membres de l’orchestre se trouvent dans toute la Palestine, y compris à l’intérieur de l’État d’Israël.

    En réalité, deux musiciens n’ont pas pu rejoindre cette tournée, bien que prévus pour ces concerts : venant de Gaza, on leur a refusé la sortie par Israël.

    L’éloignement de leurs origines, joint à la réalité du contrôle sévère d’Israël sur la circulation des Palestiniens, fait que les musiciens n’arrivent à répéter avec la totalité de l’orchestre que pendant les tournées. Le programme de cette tournée a été peaufiné en Grande Bretagne, travaillé avec des professeurs au Conservatoire Royal d’Ecosse, et finalisé auprès de musiciens invités du Royaume Uni.

    L’histoire de beaucoup des membres de l’orchestre montre à quels obstacles politiques supplémentaires celui-ci est confronté. L’altiste Omar Saad, par exemple, est un jeune Druze citoyen d’Israël dont les talents musicaux ont souvent été ombragés par les nombreuses peines de prison auxquelles il a été condamné depuis ses 17 ans pour refus de servir dans l’armée d’Israël.

    Mostafa, le frère d’Omar, joueur d’alto dans l’Orchestre des Jeunes de Palestine, a lui aussi fait de la prison pour refus de conscription.

    Quelques membres de l’orchestre viennent de camps de réfugiés de Cisjordanie et plus largement du Moyen-Orient.

    D’autres sont des citoyens d’Israël qui ont grandi séparés de leurs camarades musiciens palestiniens ; la flûtiste Nardin Ballan, par exemple, a grandi à Nazareth et a étudié et joué à Tel Aviv avec des musiciens israéliens.

    Selon un porte-parole de PalMusic, organisation représentative de l’Orchestre des Jeunes de Palestine en Grande Bretagne, les toute premières visites de Ballan en Cisjordanie ont eu lieu avec l’orchestre et ont « changé sa vie ».

    En fin de compte cependant, l’Orchestre des Jeunes de Palestine a été constitué pour jouer de la musique et, à Glasgow, il a surmonté tous ses défis pour jouer si merveilleusement bien. Voir se produire cet orchestre, ce n’est pas un acte de solidarité, c’est un régal musical.

  • Le défunt poète national palestinien va continuer à hanter Israël (Ujfp)

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    Mahmoud Darwish insiste pour mentionner ce que les Israéliens ne veulent pas reconnaître : Un grand péché a été commis ici lorsque l’État d’Israël a été fondé en 1948.

    Le spectre du poète national palestinien Mahmoud Darwish ne nous quittera jamais. Périodiquement, une chasse aux sorcières éclatera sur sa poésie, en remuant les émotions et agaçant les Israéliens jusqu’à ce qu’ils le comparent à Hitler. Cela s’atténue mais cela revient à nouveau plus tard. Il n’y a pas moyen d’y échapper. Aucun des fantômes de la guerre d’indépendance de 1948 nous laissera jusqu’à ce que nous reconnaissions notre culpabilité, admettions le péché et en assumions la responsabilité en présentant des excuses, en versant des indemnités et, surtout, jusqu’à ce que nous changions nous-mêmes. Sans cela, les fantômes continueront à nous tourmenter et ne nous donnerons pas de repos.

    Le plus récent scandale de Darwish, qui a été attisé par deux ministres ignorants – la ministre de la Culture et des Sports Miri Regev et le ministre de la Défense Avigdor Lieberman, dont il est douteux qu’ils aient jamais lu un poème de Darwish – est un autre maillon de la chaîne. Malgré leur ignorance, ces deux-là savaient qui attaquer. Ils savaient que, plus que toute autre personnage, Darwish frappe le nerf le plus sensible de la société israélienne et rend les Israéliens fous à chaque fois. Ils essayent toujours de le dissimuler par n’importe quel moyen – cachant, niant, mentant et réprimant – mais toujours sans succès.

    Darwish touche au péché originel, ce qui fait de lui un Hitler.

    Il expose la plaie béante, ce qui le place en dehors des limites. Si les Israéliens étaient convaincus qu’il n’y avait eu aucun péché, ni aucune plaie ouverte, ils n’auraient pas si peur de sa poésie. S’ils étaient convaincus que tout avait été fait correctement à l’époque, en 1948, et que rien n’aurait pu être différent, Darwish aurait été relégué au domaine des départements de littérature.

    Mais le défunt poète insiste pour mentionner ce que les Israéliens ne veulent pas savoir : un grand péché a été commis ici. La création d’Israël – comme elle a été faite – s’accompagnait d’un crime impardonnable de nettoyage ethnique sur de larges parties du pays. Aucune plantation du Fonds national juif ne peut recouvrir les ruines morales sur lesquelles l’État a été construit. Israël a ajouté l’insulte à la blessure en ne permettant pas aux Palestiniens qui ont été expulsés ou ont fui de revenir. Mille témoignages historiques, que nous évitons également comme le feu, n’égalent pas une ligne de poésie de Darwish : « Où me mènes-tu père ? »

    Je ne pourrai jamais oublier ce coup de poing à l’estomac, ou plutôt, ce coup de poignard dans mon cœur, venu du numéro du Spring 1996 de la revue hébraïque Hadarim, éditée par Halit Yeshurun. Une douzaine de pages de poèmes de Darwish de « Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ? » (traduit en hébreu par Anton Shammas) :

    « - Et qui après nous, père

    Habitera la maison ?

    Elle restera telle quelle

    Comme par le passé

    Mon enfant.

     Pourquoi as-tu laissé le cheval à sa solitude ?

     Pour qu’il tienne compagnie à la maison, mon enfant,

    Car en l’absence des leurs

    Meurent les maisons

    Résiste avec moi

    Pour le retour

    – Quand le retour ?

    – Demain !

    Tout au plus dans deux jours,

    Mon enfant. »

    Un lendemain insouciant

    Mâchait déjà le vent

    Derrière eux

    Dans les interminables nuits d’hiver ». [1].

    Je ne savais pas à l’époque, et je ne sais pas aujourd’hui, ce que nous faisons, nous Israéliens, avec ces lignes. Avec :

    « Dans notre hutte, l’ennemi se débarrasse de son fusil

    Qu’il pose sur la chaise de mon grand-père.

    Il mange de notre pain

    Comme des invités le font, et sans se déplacer.

    Fait une petite sieste

    Sur la chaise en bambou ».

    Ou :

    « Demande comment ma maison est faite, monsieur l’étranger.

    Mes petites tasses de café / pour notre café amer

    Sont-elles encore restées comme elles étaient ?

    Entrera-t-elle dans votre nez

    L’odeur de nos doigts sur les tasses ? »

    Ou :

    « Et je vais porter le désir ardent

    Jusqu’à

    Mon commencement et jusqu’à son commencement

    Et je vais aller sur mon chemin

    Jusqu’à ma fin et jusqu’à sa fin » !

    La fin de Darwish est venue trop tôt, malheureusement, depuis quelques temps déjà, en 2008. Mais ce ne fut pas la fin de sa poésie – il suffit de demander à Regev et Lieberman. L’année 1948 date aussi de quelque temps, mais, tout comme la poésie de Darwish, elle n’a jamais pris fin, pas même pour un instant. Israël n’a jamais changé de conduite – ni son approche violente et dominatrice sur les Palestiniens, qui étaient nés ici, ni leur dépossession, l’occupation et parfois également leurs expulsions.

    En 2016, Israël traite les Palestiniens exactement comme il l’a fait en 1948. C’est pourquoi Darwich ne laisse pas Israël seul, et c’est pourquoi il est si effrayant pour le pays : il affronte Israël avec la vérité la plus primordiale sur lui-même.

    Traduction GD pour le Comité Solidarité Palestine de la Région nazairienne.

    25 juillet Gideon Levy pour Haaretz

    http://www.ujfp.org/

  • Dans le monde arabe aussi, les médias libres s’organisent malgré la censure, les menaces et la propagande (Bastamag)

    En Egypte, en Tunisie, en Algérie ou même en Syrie, des médias indépendants ont éclos depuis les Printemps arabes. Tous partagent des aspirations communes : informer face aux intox et à la propagande, consolider leur indépendance malgré des moyens réduits, faire de l’investigation et traiter des sujets de fond, y compris ceux qui fâchent les conservatismes culturels. Confrontés à des régimes répressifs, à la menace terroriste ou à la guerre-civile, ils se battent pour les sociétés démocratiques du futur. Basta ! a croisé plusieurs de ces journalistes courageux, à l’occasion d’une rencontre organisée à par le site OrientXXI.

    Son site d’information est une « fille de la crise ». Lina Attalah est directrice de Mada Masr, un média indépendant égyptien lancé à la veille du coup d’État militaire de 2013 contre le président islamo-conservateur Mohamed Morsi, démocratiquement élu un an plus tôt. Basés au Caire, les membres de Mada Masr ont tous en commun d’avoir été renvoyés du journal Egypt Independent. En cause : leur trop grande indépendance d’esprit et leur liberté de parole. « Nous avons dû fonder notre propre média pour continuer notre travail, couvrir l’actualité en profondeur, y compris dans les domaines de la culture, de l’économie, de l’environnement », précise Lina, soucieuse de son indépendance vis à vis des partis au pouvoir.

    Trois ans après son lancement, Mada Masr contemple une Égypte qui ne cesse de restreindre la liberté d’expression. « Ce qui est important aujourd’hui, c’est de documenter ce qu’il se passe dans le pays sur le plan social et politique », estime Lina. Une préoccupation partagée par des journalistes venus d’Algérie, de Tunisie, de Syrie, du Liban ou de Jordanie, à l’occasion d’une rencontre initiée par le site d’information OrientXXI [1]« Les révolutions ont ouvert les yeux sur une situation politique commune aux différents pays arabes, relève Ihsane El Kadi, directeur de Maghreb Emergent en Algérie. Nous avons connu l’ouverture politique, la guerre civile, la résilience. Qu’est-ce qu’il en reste aujourd’hui ? » A voir les journalistes présents autour de la table, une première certitude : toutes et tous entendent développer davantage de relations entre leurs rédactions dans les différents pays de la Méditerranée et du Proche-Orient.

    Face à « une jungle de l’information où tout est prétexte à l’intox et à la propagande »

    Journaliste, Sana Sbouai a co-fondé le site d’information tunisien Inkyfada, lancé en juin 2014. « Ici, on prend le temps nécessaire pour produire une information de qualité », préviennent les journalistes, développeurs et graphistes à l’initiative de ce web-magazine. Une manière de dépasser les réseaux sociaux qui, s’ils ont été un outil essentiel pendant la révolution, seraient devenu depuis « une jungle de l’information où tout est prétexte au commentaire, à l’intox et à la propagande » [2]. « On se concentre sur l’investigation, les reportages, le data-journalisme [3], et c’est en ce sens qu’on parle de "slow journalism" [littéralement, « journalisme lent », ndlr] », détaille Sana.

    Le sérieux de leur travail paie : l’International Consortium of Investigative Journalists (ICIJ) a choisi Inkyfada pour révéler début avril les noms tunisiens figurant dans les Panama papers. Les menaces de poursuites en diffamation n’ont finalement pas été suivies d’effets. « Notre site a par contre été piraté, et des noms ont été changés dans les articles, précise Sana. Derrière cette attaque très pointue, il y avait une volonté de manipuler l’information. » Mais l’idée même qu’il puisse exister des « médias indépendants » reste difficile à faire passer en Tunisie, comme le souligne Sana : « On a du mal à faire entendre qu’on travaille sans agenda politique. »

    L’aspiration à une vraie démocratie

    La Jordanie a également connu quelques manifestations au début du Printemps arabe. « C’était une demande de liberté, de démocratie, face à la concentration des pouvoirs du Roi, qui est plutôt vu dans la communauté internationale comme progressif et libéral, relève Lina Ejeilat, rédactrice en chef de 7iber. Mais c’est très difficile de pousser le public à se mêler des questions de transformation politique, démocratique... On nous dit qu’on devrait être heureux de ce que nous avons en Jordanie. » Lina égrène les noms de journalistes et de blogueurs comparaissant devant les tribunaux, auxquels personne ne prête attention. « La liberté d’expression, politique, civile, ne fait pas partie des priorités en Jordanie ».

    La question de l’indépendance des médias se pose aussi au Liban. Nahla Chahal, professeure de sociologie politique et directrice de publication de l’hebdomadaire Arabi Assafir, vulgarise des textes d’analyse sur le Liban, sur ses villes, son économie, l’architecture, le goût, la politique... « Au Liban, la répression n’a pas été aussi directe qu’ailleurs, témoigne Nahla. L’État est faible, et nous pouvons écrire ce que nous voulons. Ils ont essayé d’intervenir sur des thématiques sensibles, morales en particulier, mais ils ont dû reculer devant la levée de boucliers. »

    « Si on veut résister, il faut aussi parler de social et de culture »

    La Syrie figure parmi les pays les plus dangereux pour les journalistes. Al-Jumhuriya est un site d’information sur les transformations politiques, sociales et culturelles en Syrie et dans le monde arabe, créé en mars 2012 à Istanbul par un groupe d’intellectuels syriens exilés. Son directeur, Kerem Nachar, enseigne aujourd’hui les sciences politiques en Turquie. Comment écrire en temps de guerre ? « Il faut diversifier la narration, ne pas se contenter de savoir combien de gens sont morts tel jour ou tel autre, comme le font les grands médias, observe Kerem. La Syrie est une société vivante, où des gens résistent. Notre site travaille par exemple sur les résistances laïques contre l’islamisation de la sphère publique. » Récemment, Al-Jumhuriya a publié une série d’articles sur les dix dernières années de l’histoire d’Alep. « Aujourd’hui, ma ville natale est connue comme la cité la plus dangereuse du monde. Nous montrons que c’est aussi l’une des plus riches et complexes. »

    « Nous écrivons beaucoup de choses malgré la guerre, poursuit Kerem. Si nous voulons résister, il faut aussi parler de social, de culture.... Nous parlons de la sexualité ou des LGBT [4]. Certains nous disent qu’en temps de guerre, ces questions sont secondaires. Mais pour nous, il faut lutter sur plusieurs fronts. » Bien que les noms de leurs journalistes en Syrie soient confidentiels, des menaces sont régulièrement adressées à Al-Jumhuriya. « Nous développons des stratégies pour ne pas nous mettre en danger. » Mais la conscience d’être une cible, y compris en-dehors des frontières syriennes, demeure présente en permanence.

    « L’emprisonnement ou la disparition »

    En matière de sécurité, la situation en Égypte diffère de la Syrie. « En 2015, l’Égypte est le pays qui a emprisonné le plus de journalistes après la Chine. C’est le genre de prix que l’on gagne », ironise Lina Attalah. « Le risque ici, c’est vraiment l’emprisonnement ou la disparition. » Des craintes qui peuvent se traduire par une forme d’autocensure. « Il faut résister à l’idée de ne pas publier parce que nous avons peur. Nous avons peur la plupart du temps. » Lina évoque la publication, quelques jours plus tôt, d’un dossier sur la corruption de l’État égyptien. « Le rédacteur du rapport est un inspecteur : il a été relevé de ses fonctions et envoyé en prison. Nous avons toujours des discussions internes avant de publier ce type de document. Mais nous arrivons toujours à la même conclusion : c’est exactement pour publier ce type d’articles que nous avons décidé de créer Mada Masr. »

    Au Liban, malgré tout, Nahla Chahal subit régulièrement des attaques, comme après avoir publié un article sur les queers de Palestine. « Nous pesons le pour et le contre avant de publier un sujet, et c’est légitime. Nous savons que des sujets ayant trait à la sexualité peuvent choquer, mais nous passons outre. Nous voulons montrer notre société telle qu’elle est. » Mais le recours à des pseudonymes ne suffit pas toujours à garantir la sécurité des auteurs face à la surveillance de masse. « Nous poussons les journalistes à crypter leurs communications sur internet », raconte Lina Ejeilat. Mais c’est difficile de changer la culture d’utilisation des réseaux. Il faut sans cesse se remettre à jour. »

    Le défi de l’indépendance économique

    « Le modèle économique est une question décisive. Il s’agit de rendre soutenable des médias qui se sont construits sur des bases alternatives », observe Ihsane El Kadi du Maghreb Emergent en Algérie. « La première garantie de l’indépendance, c’est le lecteur. Mais sous l’ère Bouteflika, le paiement électronique n’existe pas encore, nous ne pouvons donc pas développer ce modèle. » En Égypte, l’équipe de Mada Masr s’attelle à diversifier les sources de revenus pour garantir l’accès libre à leur site : abonnements, prestations de service, publicité, subventions, organisation d’événements, vente de revues de presse... « Nous sommes indépendants parce qu’il n’y a pas qu’une seule source qui nous donne de l’argent », complète Lina Ejeilat du site jordanien 7iber.

    Sur les deux rives de la Méditerranée, l’enjeu pour les médias indépendants est de ne pas rester confiné dans les marges. « Nous n’aurons peut-être jamais le lectorat que les grands sites web ont en Égypte, mais nous tenons à notre différence qualitative », insiste Lina Attalah. La tunisienne Sana Sbouai évoque l’effet levier de certains articles, comme celui portant sur un groupe de migrants expulsés et abandonnés à la frontière algérienne par les autorités tunisiennes. « Suite à la publication de cette enquête, l’Organisation internationale pour les migrations a eu un rendez-vous dans la nuit avec le ministère de l’Intérieur. Le lendemain, ces migrants étaient libérés et de retour à Tunis. Nous pouvons obliger les décideurs à agir en étant des watchdogs [chiens de garde, ndlr]. » Et Nalha Chalal d’opiner : « Si nous pouvons sauver une seule personne par notre travail d’enquête, nous pouvons déjà en être fiers. »

    Sophie Chapelle

    Pour aller plus loin :
    - l’émission Côte à Côte de Radio Grenouille du 17 juin : Quel journalisme après les révolutions arabes ? Quelles libertés pour quels contextes ?
    - S’informer, décrypter, participer - Guide pour s’orienter dans le brouillard de l’information (Ritimo, mars 2016).
    - la carte de la presse pas pareille méditerranéenne réalisée par le journal Le Ravi.