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Documents - Page 5

  • Jean-Pierre Filiu (Télérama)

    Professeur des universités, historien et spécialiste du monde arabo-musulman, Jean-Pierre Filiu est l'un des meilleurs experts de la Syrie. “Nous sommes à Alep dans une situation de surenchère milicienne”, estime-t-il. “Désormais, le dernier mot revient sur place à des milices qui n'obéissent à personne.”

    http://www.telerama.fr

  • Tragédie d’Alep, attentat de Berlin, un monde capitaliste en décomposition (Anti-k)

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    Perspectives révolutionnaires et campagne présidentielle

    La tragédie d’Alep suscite, à travers le monde, émotion et révolte non seulement contre les bourreaux du peuple syrien mais aussi contre leurs complices qui s’indignent, cyniques et impuissants, pour mieux faire oublier tant leur abandon du peuple syrien que leurs propres crimes en Irak, à Mossoul, en Afghanistan ou au Yémen. L’odieux attentat terroriste de Berlin revendiqué par l’Etat islamique ne fait que souligner le terrible enchaînement de violences barbares qu’engendre l’offensive libérale et impérialiste des classes dominantes de par le monde.

    Cette tragédie s’inscrit au centre des négociations entre les grandes puissances alors que se dessine une nouvelle politique des USA sous la houlette de la réaction alliant milliardaires et généraux.

    « Je pense qu’avec la libération d’Alep, on dira que la situation a changé, pas seulement pour la Syrie, pas seulement pour la région, mais pour le monde entier, il y aura un avant et un après la libération d’Alep » a pu déclarer avec cynisme le dictateur sanglant de Syrie. Avec brutalité, il exprime une réalité politique tant dans la situation au Moyen-Orient que dans les rapports internationaux.

    Les USA devenus incapables d’assumer leur prétention à maintenir l’ordre mondial sont contraints de composer avec les ambitions impérialistes de la Russie, de l’Iran et autres Turquie ou Arabie saoudite…

    Ils encouragent la montée des forces réactionnaires comme ils l’ont fait dans le passé en portant une lourde responsabilité dans la formation d’Al Qaïda. Trump sera l’homme de cette politique des USA concentrés sur la défense de leurs propres intérêts, de ceux de Goldman Sachs and Co.

    La mondialisation libérale et impérialiste rentre dans une nouvelle phase où la lutte pour le maintien des profits et éviter un nouveau krach, une faillite généralisée, s’exacerbe tant au niveau national qu’international.

    Les bourgeoisies n’ont pas d’autre réponse à leur faillite qu’une fuite en avant qui ne peut qu’aggraver les tensions tant économiques et sociales que militaires et internationales.

    Cette offensive provoque à travers le monde de multiples réactions et révoltes, de nouveaux affrontements se préparent à travers lesquels le mouvement ouvrier est appelé à connaître un nouvel essor. Nous n’en connaissons ni les rythmes ni les étapes, mais cette possibilité est inscrite dans le développement des luttes de classes. Elle porte la seule réponse à la banqueroute des classes capitalistes. Nous voulons nous donner les moyens d’y être acteurs en faisant vivre une perspective pour ces mobilisations et ces luttes qui permette d’inverser le cours des choses.

    Sur ce chemin, il n’y a pas de raccourcis ni de voie détournée. Ce qui est à l’ordre du jour est de rassembler les forces en vue de ces affrontements qui posent la question de leur issue révolutionnaire pour en finir avec la domination des classes capitalistes.

    « Crise de la représentation politique » ou nécessité d’un parti des travailleurs ?

    Un nouveau discours politique se développe jusqu’à la caricature, contre « la caste », la corruption des dites élites, antisystème… Ni droite ni gauche, ni bourgeoisie ni prolétariat, ce nouveau populisme serait porté par les classes populaires.

    « Ils ne nous représentent pas » devient y compris au sein de la gauche radicale le mot d’ordre du jour. La « crise de la représentation politique » serait un des facteurs déterminants de la situation actuelle y compris du point de vue des luttes des travailleurs. Cette formule, même si elle peut exprimer une part du mécontentement, est fourre-tout et mélange la censure de la démocratie qu’impose la finance en se soumettant les Etats par le biais de la dette publique et le rejet de la mondialisation et des partis institutionnels voués à la défense des intérêts des classes dominantes, leur corruption comme leurs mensonges ou le recours à la violence d’Etat pour imposer leur politique. S’interrogeant sur cette question, notre camarade Ugo Paletha écrit dans un article intitulé Vers l’autoritarisme ? Crise de la démocratie libérale et politique d’émancipation : « Malheureusement, cette crise d’hégémonie est trop souvent ramenée par les commentateurs politiques, et par certains segments de la gauche radicale, à une disjonction entre l’offre et la demande électorales, autrement dit à la version simpliste d’une crise de représentation politique. Il arrive même qu’elle soit perçue comme le symptôme d’une corruption des élites politiques, recodant ainsi sur un plan moral – donc dépolitisant – la crise politique à laquelle nous faisons face.

    Ces interprétations sommaires mais répandues de la crise de la démocratie libérale ont donné une force certaine au récit populiste (au sens de Laclau, diffusé notamment par Podemos et ses principales figures politiques et intellectuelles, Pablo Iglesias et Iñigo Errejon. Ces derniers, comme le Parti de gauche (PG) et Jean-Luc Mélenchon en France, ont bâti leur discours politique dans la période récente sur l’idée simple – et juste à un tel niveau de généralité – qu’ « ils [les membres de l’élite politique] ne nous représentent pas ».

    Mais ce slogan – et l’imaginaire qui lui est associé – charrient trop souvent une solution illusoire : l’émergence de nouveaux leaders, plus moraux, et de figures charismatiques mieux capables, non simplement d’incarner le peuple, mais à travers eux de le construire comme acteur politique en s’érigeant au-dessus des mouvements sociaux et des organisations politiques […] L’un des défauts essentiels de la démarche défendue par ces courants, dans leur diversité, est qu’elle repose sur une fausse évidence : l’exercice du pouvoir politique permettant seul d’impulser un changement social d’ampleur, les institutions politiques – et partant les élections – constitueraient le champ de bataille central pour la gauche radicale, et plus profondément l’unique locus de la politique d’émancipation. Pablo Iglesias a d’ailleurs affirmé dans un discours récent : « Nous avons appris à Madrid et à Valence que les choses se changent à partir des institutions. Cette idiotie que nous disions quand nous étions d’extrême gauche, que les choses changent dans la rue et non dans les institutions, c’est un mensonge ».[…] Cette conception relève de ce que Marx nommait l’« illusion politique », reposant sur une série de fausses équivalences entre le pouvoir politique, le pouvoir d’État et le pouvoir tout court. » Oui, et c’est bien cette question qu’il nous faut discuter. Pour le mouvement ouvrier, la question n’est pas celle d’être mieux représenté dans le cadre des institutions mais bien de se donner un instrument politique pour préparer l’affrontement avec les classes dominantes, la conquête du pouvoir par les travailleurs eux-mêmes, la population.

    L’écume et la vague de fond

    Nous avons besoin de nous dégager des effets de mode, analyses superficielles, qui confondent l’écume avec le mouvement de fond. Une première remarque s’impose, du point de vue des classes exploitées, du mouvement ouvrier, cette dite « crise de la représentation » n’est pas vraiment une nouveauté. Elle a commencé avec la faillite de la social-démocratie en 1914 puis la soumission des partis communistes à la bureaucratie stalinienne avant que les partis communistes ne réintègrent après la deuxième guerre mondiale le giron des institutions bourgeoises. Faire semblant de redécouvrir le monde n’est pas une bonne façon de faire sauf si on cherche à être une nouvelle représentation politique dans le cadre de ces institutions, la politique de Podemos ou de Mélenchon, c’est à dire recommencer une histoire qui s’est avérée une impasse dramatique.

    La montée des forces réactionnaires n’est pas liée à une simple question de représentation mais bien à la crise globale du capitalisme mondialisé, à l’impuissance du système politique institutionnel dit démocratique dans les pays riches à contenir le mécontentement, les inquiétudes, les souffrances qui touchent des fractions de plus en plus larges de la population.

    La globalité de la crise condamne à l’impuissance, au mieux, des forces politiques qui ne s’attaquent pas à la racine des problèmes, la politique des classes dominantes et de leurs Etats, la logique capitaliste du profit et de la concurrence.

    A la fin de cette année 2016, le basculement du monde dans l’instabilité et dans des tensions exacerbées exige des réponses démocratiques et révolutionnaires. Encore moins que par le passé, il n’est possible de replâtrer le système. Une vision stratégique claire seule permet d’avoir une boussole à travers les différents moments de l’actualité ou les mille aspects des luttes de classes.

    Le lien entre nos tâches quotidiennes et la perspective du pouvoir ne peut se faire que si nous disons clairement et sans ambiguïté l’enjeu de notre combat, non seulement dans notre programme mais y compris dans notre agitation en trouvant les formules pour populariser l’idée d’un pouvoir démocratique des travailleurs.

    La tragédie d’une révolution écrasée n’est pas la fin du processus ouvert en 2011

    La montée des idées réactionnaires loin de nous pousser à chercher des positions de replis, des formules qui permettraient d’éventuelles alliances avec des forces réformistes sous couvert de faire face au recul, nous encourage au contraire à travailler collectivement à élaborer nos analyses et explications qui fondent notre démarche révolutionnaire. Les forces réactionnaires ont le terrain libre non pas parce que les travailleurs ne seraient pas « représentés » mais bien parce qu’il n’y a pas de mouvement significatif capable de formuler une politique pour les mobilisations en vue de luttes politiques, d’affrontements pour en finir avec le pouvoir des classes dominantes.

    A partir de 2011, dans les premières années du NPA fondé au tout début de la crise qui s’est développée depuis, notre compréhension de la période s’articulait autour d’une idée essentielle : la vague révolutionnaire qui balaye le monde arabe souligne le fait que les conditions objectives d’une nouvelle période révolutionnaire mûrissent.

    Ces révolutions s’inscrivent dans une évolution globale du monde qui fonde et légitime une stratégie révolutionnaire.

    Les bouleversements opérés par la mondialisation libérale et impérialiste ont mûri les conditions objectives pour une transformation révolutionnaire de la société en mettant en concurrence les travailleurs à l’échelle de la planète, en prolétarisant des millions de paysans, en ouvrant les frontières, en développant comme jamais les relations internationales, les transports, les nouvelles technologies. En portant les contradictions mêmes du capitalisme à un niveau d’exacerbation jamais atteint au point que le décalage entre les progrès scientifiques, techniques et la dégradation sociale pour le plus grand nombre, le creusement des inégalités, la paupérisation sont devenus insoutenables.

    Ce sont ces contradictions qui ont engendré la première vague révolutionnaire de la nouvelle période.

    Un mouvement irréversible a été engagé, il connaîtra des hauts et des bas, des victoires et des défaites, de lentes accumulations de forces puis de brusques accélérations, des explosions mais notre stratégie doit toute entière s’inscrire dans cette nouvelle période de guerres et de révolution.

    La catastrophe financière est imminente, la discussion sur les moyens de la conjurer est au cœur du débat à l’échelle nationale et internationale. L’étape que vient de franchir la crise économique et financière a des influences politiques qui créent une période d’instabilité politique, d’usure, de discrédit des partis institutionnels qui entraîne une évolution rapide des consciences.

    La question de la dette n’a pas de solution dans le cadre des rapports de classe du capitalisme, la dette publique s’inscrit dans le fonctionnement à crédit du capitalisme qui doit anticiper en permanence les profits non encore réalisés ou qui ne se réaliseront… pas. Le gonflement de la bulle financière accroît sans limite cette logique de l’économie d’endettement tant public que privé. Tous les partis sont confrontés à ce problème qui les ruine à court terme.

    La question sociale s’impose comme la question politique clé en lien avec la question de la démocratie.

    « Non à l’austérité », « annulation de la dette », « aux peuples de décider », deviennent des mots d’ordre quasi universels.

    La crise écologique, par sa globalité, remet en cause l’ensemble du système et fait de la circulation des capitaux un facteur écologique de première importance. Elle donne au besoin d’une gouvernance mondiale, à celui d’une planification démocratique un contenu évident autant il est vrai qu’il n’y a pas de réponse locale ou partielle à la crise écologique planétaire.

    Le principal facteur de stabilité des vieilles bourgeoisies impérialistes, les surprofits impérialistes, est sapé par une terrible concurrence internationale avec son corollaire, la mise en concurrence des travailleurs à l’échelle internationale : crise de la domination de la bourgeoisie qui nourrit le populisme mais aussi émergence d’une nouvelle classe ouvrière internationale porteuse de la transformation révolutionnaire de la société.

    La réponse des classes dominantes et des grandes puissances à l’émergence encore incertaine de ces exigences dans le monde arabe a été la répression dont la tragédie d’Alep marque le sinistre et sanglant apogée alors que le djihadisme poursuit ses exactions barbares.

    Les forces réactionnaires ont pu briser cette première vague de la révolution, elles n’en sont pas pour autant venues à bout. Les exigences de la révolution ne sont pas, elles, brisées, elles gagnent du terrain, se répandent.

    A l’opposé des confusions sur « la nouvelle représentation », la nécessité d’une démocratie révolutionnaire

    La déferlante réactionnaire ne doit pas nous enfermer dans l’instant. Elle est la seule politique d’une classe en faillite incapable d’offrir d’autres perspectives aux peuples que l’égoïsme national, l’obscurantisme religieux, la mystique nationale et la haine de l’autre pour leur imposer la régression sociale, démocratique, la guerre en permanence.

    Toute notre politique doit être fondée sur l’idée qu’à l’opposé, les travailleur-e-s, et la jeunesse, les classes exploitées vont chercher les moyens de se défendre, les armes pour se battre.

    La perspective révolutionnaire va progressivement, à travers les expériences quotidiennes, gagner les consciences.

    C’est cette expérience qui construit le lien concret et pratique entre notre activité quotidienne, les luttes d’aujourd’hui et la lutte pour le pouvoir demain.

    La révolution n’est pas un saut qualitatif à partir de rien mais bien un bouleversement, une rupture, conséquence de l’accumulation de contre-pouvoirs locaux gagnés dans les syndicats, les associations, les institutions elles-mêmes. L’agitation, l’activité révolutionnaire n’est pas une simple dénonciation ou incantation mais la lutte pied à pied pour gagner des positions, la lutte pour des micropouvoirs démocratiques et révolutionnaires, accumulation primitive de forces révolutionnaires, de matériels explosifs en vue de la conquête du pouvoir. La révolution est bien un processus, celui de la révolution en permanence.

    La bataille pour la candidature de Philippe Poutou, vers un parti des travailleurs…

    Ces dernières années, le NPA a connu des doutes, des hésitations à assumer une politique de parti pour la transformation révolutionnaire de la société s’adressant à l’ensemble de la classe ouvrière, de la jeunesse. Il en a été fortement affaibli.

    Nous donner maintenant les moyens d’être présents dans la campagne présidentielle autour de Philippe Poutou, ouvrier candidat, est une étape importante pour surmonter nos difficultés en défendant une politique et un vote de classe, contre leur système, en rupture avec lui. En rupture aussi avec celles et ceux qui dénoncent les élites pour mieux rester dans le cadre institutionnel et y enfermer le mécontentement.

    C’est une bataille importante pour contribuer à ce que l’ensemble du mouvement révolutionnaire sorte des politiques d’auto affirmation pour rassembler, unir ses forces pour faire face aux tempêtes à venir.

    Le mouvement anticapitaliste et révolutionnaire est devant une nouvelle étape. Depuis l’effondrement de l’ex-URSS, il y a près de 30 ans, l’extrême gauche, pour l’essentiel le mouvement trotskyste, n’a pas réussi à répondre aux nouvelles possibilités ni aux nouveaux besoins nés de la fin du stalinisme et de la transformation de la social-démocratie en social-libéralisme. Aujourd’hui ces évolutions laissent un champ de ruines, des militantEs désemparés, démoralisés pour beaucoup. Nous n’avons pas encore réussi à opérer notre révolution culturelle, un saut qualitatif de groupes opposants à la social-démocratie et au stalinisme en un petit parti ouvrier et populaire, que ce soit Lutte ouvrière et l’appel à un parti des travailleurs après 1995, Voix des travailleurs et la politique d’unité des révolutionnaires de 1997 à 2000, la LCR avec la fondation du NPA, aujourd’hui le NPA lui-même.

    Lutte ouvrière s’enferre dans un repli sur soi contraire à l’orientation qui avait permis à LO de jouer un rôle essentiel dans le développement du mouvement révolutionnaire au sein de la classe ouvrière. Ce repli s’exprime de façon caricaturale dans l’analyse de La Russie de Poutine que fait LO. Dans un article intitulé Décembre 1991 : la fin de l’URSS, pas des idées communistes, publié le 14 décembre dernier, Lutte ouvrière revient sur l’effondrement de l’URSS et sur le régime de Poutine. « Arrivé à la tête de la Russie en 2000, Poutine se donna pour tâche de rétablir la «verticale du pouvoir», dans l’intérêt de la bureaucratie dans son ensemble. Il imposa que les affairistes se soumettent à l’État et paient leurs impôts, tout en permettant leurs pillages, avec comme perspective la réintégration de la Russie dans le marché mondial.

    Mais le capitalisme en crise n’est plus capable de progrès depuis longtemps déjà. Il est incapable de se substituer efficacement à l’économie et aux rapports sociaux hérités des soixante-dix ans d’existence de l’URSS, si ce n’est pour permettre à une minorité de s’enrichir.

    La fin de l’URSS a marqué une étape décisive dans le processus réactionnaire dont le stalinisme avait été l’incarnation sanglante, et il n’y a pas lieu de se réjouir de l’évolution en cours. La perspective d’une future Union socialiste mondiale des travailleurs reste la seule qui permettra à l’humanité de reprendre sa marche en avant. » Quelle est la place de la Russie aujourd’hui dans le monde libéral et impérialiste ? Continuité de la bureaucratie ? Continuité de l’Etat ? De l’Etat ouvrier ? Le lecteur ne saura pas. Cette analyse fermée et métaphysique est l’expression de la fermeture de LO elle-même.

    Pourtant, la nouvelle époque dans laquelle nous entrons demande un dépassement de l’extrême-gauche, rendu nécessaire mais aussi possible par le basculement du monde dans une crise globale sans précédent qui crée les conditions objectives de cette mue, l’exige et la rend possible.

    Cette question s’était déjà posée après la fin de l’URSS, à partir de 1995 après qu’Arlette Laguiller a rassemblé plus de 5 % des voix à l’élection présidentielle et le mouvement de novembre-décembre 95 puis quand, ensemble la LCR et LO ont obtenu 5 députés au Parlement européen. En 2002, l’extrême gauche réalisait plus de 10 % des voix à l’élection présidentielle.

    Rien de significatif n’est sorti de cette période. Conditions objectives ?

    Non, ou du moins pas seulement, mais l’incapacité de l’extrême-gauche à surmonter ses divisions. Il ne s’agit pas d’une question psychologique, ou morale, de sectarisme, mais bien d’une question politique de fond : les conceptions de construction par en haut, d’auto construction dans laquelle le programme est plus un instrument de délimitation, de clivage qu’un instrument d’intervention et de regroupement.

    Rompre avec ces conceptions n’est pas abdiquer d’une fermeté stratégique, bien au contraire. Les idées ne servent pas à cliver sinon ce sont des formules dogmatiques, elles servent à agir, à unir pour agir.

    Nous rééditons en annexe de cet article un texte de 1997 rédigé par Voix des travailleurs, groupe constitué par les militantEs excluEs de LO à ce moment-là, qui illustre notre propos en revenant sur l’histoire de la façon dont la construction d’un parti s’est posé pour le mouvement ouvrier. Nous voulions opposer la réalité aux mythes.

    Un parti de la classe ouvrière participe d’un processus d’auto-organisation dans lequel sont acteurs groupes, tendances, militantEs, un processus créateur qui suscite initiatives, cimenté par une même conscience révolutionnaire, socialiste et de classe.

    Le parti est une sorte de melting-pot à travers lequel il se transforme lui-même, évolue, se renforce, élabore sa politique à travers une confrontation permanente tant entre les différents courants qui s’y retrouvent qu’avec les autres forces du mouvement ouvrier.

    C’est notre capacité à rassembler toutes nos forces qui peut nous permettre de surmonter nos actuelles difficultés. Cette capacité ne renvoie pas à des qualités morales, individuelles mais bien à une question de stratégie, la compréhension de la nouvelle période, les tâches qui en résultent, les changements qu’elle implique et la volonté de construire un parti révolutionnaire et démocratique sur des bases de classe.

    Démocratie Révolutionnaire, Par Yvan Lemaitre

    http://www.anti-k.org/

  • Dossier: Révolutions et contre-révolutions dans la région arabe 2011-2016 (NPA)

     

    Il y a six ans débutait en Tunisie un processus révolutionnaire secouant la plupart des États d’Afrique du Nord, du Proche et du Moyen-Orient.

    Dans un mouvement cumulatif début 2011, des soulèvements de masse remettaient en cause des régimes politiques d’origine très diverses (républiques nationalistes pro ou anti-occidentales, monarchies absolues ouvertement réactionnaires ou se voulant modernistes). Un dictateur après l’autre était conspué avec une haine commune, contre la confiscation de l’État et l’arbitraire, contre la corruption et le chômage généralisés. Et dans plusieurs d’entre eux, face à la répression sanglante, des manifestations immenses scandaient le slogan « Ash-shab yurid isqat an-Nizam ! » « Le peuple veut la chute du régime ! »… D’hier à aujourd’hui, ce dossier revient sur quelques éléments d’un processus essentiel.

    1. Flux et reflux de la vague révolutionnaire
    2. Les jeux des grandes et moyennes puissances
    3. Le rôle de l’Iran dans la tragédie syrienne
    4. La dimension kurde du conflit syrien

     Hebdo L’Anticapitaliste – 364 (24/12/2016)

    http://www.anti-k.org/2016/12/23/dossier-n-04-presentation-revolutions-et-contre-revolutions-dans-la-region-arabe-2011-2016/

  • Aux admirateurs de gauche de la Syrie d'Assad (Médiapart)

    Pour revoir la soirée du 14 décembre à Mediapart, après la chute d'Alep

    Invité du dernier MediapartLive, consacré à la Syrie, je prolonge ici mon coup de colère contre ces hommes et ces femmes qui se disent de gauche, donc solidaires en principe des luttes pour la justice partout dans le monde, et qui se déclarent favorables au régime des Assad, père et fils, principal responsable du désastre syrien.

    Après des bombardements massifs par l’aviation russe qui ont duré quatre mois, l’armée de Bachar al-Assad et les milices chiites venues de toute part, mobilisées par les mollahs iraniens, ont donc fini par « libérer » Alep-Est.

    La libérer de qui ? De ses habitants. Plus de 250 000 personnes sont forcés d’évacuer leur ville pour échapper aux massacres, comme avant eux la population de Zabadani ou de Darayya, et comme ce sera le sort, après eux, de bien d’autres Syriens si le « nettoyage » programmé, social et confessionnel, se poursuit dans leur pays, couvert par une grande campagne médiatique d’intoxication.

    Qu’en Syrie même des nantis d’Alep, toutes confessions confondues, se réjouissent d’être débarrassés de la « racaille » – entendre les classes populaires qui peuplaient Alep-Est – n’est guère étonnant. On l’a souvent observé ailleurs, la morgue des classes dominantes est universelle.

    Que des mollahs chiites d’un autre âge fêtent l’événement comme une grande victoire des vrais croyants sur les mécréants omeyyades, ou proclament qu’Alep était jadis chiite et le redeviendra, peut aussi se comprendre quand on connait leur doctrine aussi délirante que celle de leurs émules sunnites.

    Enfin, qu’ici même, en France, en Europe, des hommes politiques et des faiseurs d’opinion d’extrême-droite ou de la droite extrême marquent bruyamment, de nouveau, leur soutien à Assad est également dans la nature des choses.

    Ils n’ont que mépris pour les Arabes et les musulmans, et ils pensent aujourd’hui comme hier que ces peuplades  doivent être menés à la trique.

    Mais comment ne pas exploser de colère en lisant les déclarations favorables au régime des Assad, père et fils, proférés par des hommes et des femmes qui se disent de gauche, donc solidaires en principe des luttes pour la justice partout dans le monde ? Comment ne pas s’enrager en les entendant vanter l’indépendance, la laïcité,  le progressisme, voire le socialisme d’un clan sans foi ni loi qui s’est emparé du pouvoir par un coup d’État  militaire,  il y a plus de quarante-cinq ans, et dont le seul souci est de l’exercer éternellement ?  « Assad pour l’éternité », « Assad ou personne », « Assad ou nous brûlerons le pays », scandent ses partisans.  Et cette gauche-là acquiesce sous le prétexte qu’il n’y a pas d’autre choix : c’est lui ou Daech.

    Or les Syriens qui se sont soulevés en 2011 n’ont attendu personne  pour dénoncer vigoureusement les groupes djihadistes de toutes origines et de toutes obédiences, Daech en particulier, qui ont infesté leur soulèvement après sa militarisation forcée.  Ces groupes, totalement étrangers à leurs revendications de liberté et de dignité, n’ont d’ailleurs pas tardé à s’attaquer principalement aux forces vives de l’opposition, civiles et militaires, et à sévir contre la population dans les zones qu’ils ont réussi à contrôler. Ils ont ainsi conforté Assad dans sa propagande, aussi bien à l’intérieur qu’à l’extérieur, et lui ont notamment permis de se présenter en protecteur des minorités confessionnelles.

    Ces mêmes Syriens ont souvent par ailleurs exprimé leur méfiance vis-à-vis des instances qui ont prétendu, et continuent de prétendre les représenter, et qui se sont révélées d’une effarante médiocrité. Espérant une intervention militaire occidentale qui n’était, de toute évidence, jamais envisagée par l’administration d’Obama, inféodés à tel ou tel pays voisin (l’Arabie saoudite, le Qatar ou la Turquie), divisés entre eux et inexistants sur le terrain, ils ont été incapables de formuler un discours politique cohérent à l’adresse du monde.

    Mais ni l’intrusion des djihadistes ni les défaillances de la représentation autoproclamée de la révolution - ni tout autre argument brandi pour justifier l’injustifiable - n’infirment ces deux données fondamentales : la première, que les Syriens avaient mille raisons de se révolter, et la seconde, qu’ils se sont révoltés avec un courage exceptionnel, faisant face, dans l’indifférence quasi générale, à la terreur sans bornes du clan au pouvoir, aux ambitions impériales de l’Iran et, depuis septembre 2015, à une intervention militaire russe agréée par les États-Unis, qui a déjà fait des milliers et des milliers de victimes civiles.

    Alors, est-elle vraiment indépendante et anti-impérialiste cette « Syrie d’Assad » où l’Iran et la Russie agissent comme bon leur semble, conjointement ou séparément,  et dont le destin dépend uniquement désormais de leurs accords ou désaccords ?  Que les admirateurs de gauche de ladite Syrie lisent le traité léonin signé avec la Russie, le 26 août 2015, lui accordant des privilèges exorbitants et une totale et permanente immunité quant aux dommages causés par les raids de son aviation.

    Peut-on sérieusement qualifier de laïque un régime qui s’est employé dès sa naissance, pour s’imposer et durer, à envenimer les relations entre les différentes communautés confessionnelles, qui a pris en otages alaouites et chrétiens, qui a lui-même présidé à la contamination de la société syrienne par le salafisme le plus obscurantiste, qui a manipulé à son profit toutes espèces de djihadistes, et pas seulement en Syrie ?

    Est-ce du progressisme que de promouvoir le capitalisme le plus sauvage, appauvrissant et marginalisant des millions de citoyens, cette masse démunie qui survivait dans les faubourgs des grandes villes ?

    C’est elle qui a été la principale composante sociale de la révolution, et c’est elle qui a été aussi la cible privilégiée du régime, avec son artillerie lourde, ses barils d’explosifs et son armement chimique. « Tuez-les jusqu’au dernier », réclamaient littéralement les chabbîha (nervis des Assad) depuis le début du soulèvement… et qu’on laisse la nouvelle bourgeoisie « progressiste » piller tranquillement les richesses nationales et entasser ses milliards de dollars dans les paradis fiscaux !

    Faut-il encore, après tout cela, rappeler les crimes contre l’humanité commis par Hafez al-Assad, en toute impunité, durant ses trente ans de règne sans partage ? 

    Deux noms de lieu les résument : Hama où plus de 20.000 personnes, peut-être 30.000, ont été massacrées en 1982, et la prison de Palmyre, véritable camp d’extermination où les geôliers se vantaient de réduire leurs suppliciés en insectes.  C’est de cette même impunité que certains, hélas de gauche, voudraient faire bénéficier Bachar al-Assad, le principal responsable du désastre, de ces plus de dix millions de déplacés, ces centaines de milliers de morts, ces dizaines de milliers de prisonniers, de la torture et des exécutions sommaires dans les prisons, de l’interminable martyre de la Syrie.

    Et ce martyre, tant que les bourreaux ne seront pas vaincus et punis, préfigure tant d’autres dans le monde - un monde où la Syrie aura disparu.

    Farouk Mardam Bey (historien et éditeur franco-syrien)

    19 déc. 2016

    Le blog de Farouk Mardam Bey

    https://blogs.mediapart.fr/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • Récupération politique ? (Révolution Permanente)

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    Montpellier Rassemblement Alep. Le PS à la baguette pour dédouaner l’impérialisme français !

    Environ 150 personnes se sont rassemblées ce vendredi 16 décembre à Montpellier pour témoigner de leur soutien à la population de la ville d’Alep, à l’appel du collectif « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat ». Mais derrière un mot d’ordre formulé de façon très large et donc facilement trompeur, le contenu politique concret imposé lors de l’événement s’est malheureusement révélé être une couverture pour l’impérialisme français.

    L’événement a circulé sur la toile :

    le collectif local « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat » organisait, ce vendredi soir, son onzième rassemble- ment pour Alep, incitant à se rassembler « en soutien à la population civile de la ville d’Alep ». Une initiative qui semblait bienvenue face aux massacres, aux bombardements et aux souffrances que subit la population syrienne depuis des années, et dont les médias français nous incitent à nous rendre compte tout spécialement maintenant. Il est évident que si l’émotion est un début, il faudrait réussir à la transformer en force de frappe collective pour mettre un terme à l’horreur.

    Mais cet appel minimal et ce collectif au nom très neutre cachaient en fait une réalité et des contenus bien plus orientés. Sur place, les slogans entonnés dénonçaient Al-Assad, Poutine et Khamenei, chef religieux de l’Iran.

    Mais lorsqu’une militante de BDS a voulu ajouter Hollande à la liste des « assassins », les organisateurs du rassemblement, dont une partie est encartée au PS, lui ont vite fait comprendre que ce genre d’initiative n’était pas souhaité. Une façon de passer délibérément sous silence la responsabilité des autres pays impérialistes, à commencer par la France.

    Le tract distribué, dans la même veine, cible le régime d’Al-Assad, présenté comme seul responsable des massacres et des bombardements, qui ne sont pourtant en aucun cas l’apanage du régime syrien. Tout en dénonçant sur son tract le complotisme qui « tend à douter de tout », le collectif « Alep : pour un cessez-le-feu immédiat » l’alimente donc, en se présentant comme un faux-nez du PS manipulant une émotion populaire légitime pour justifier la politique du gouvernement.

    En affichant en outre la volonté « d’aider les réfugiés qui sont plusieurs millions dans plusieurs pays (Liban, Jordanie, Turquie, Grèce) », les organisateurs font mine d’oublier le bilan comptable du quinquennat Hollande et ses millions de réfugiés syriens refoulés ou morts pendant leur voyage vers l’Europe. On se souvient d’Aylan, mais qui parlera des autres ?

    Le reste n’est qu’hypocrisie et larmes de crocodile, in fine négation des responsabilités du parti au pouvoir, dont se réclame une partie des organisateurs. Exiger un cessez-le-feu, non seulement sur Alep mais sur toute la Syrie, est une évidence ; mais il faut y ajouter l’ouverture des frontières et l’accueil immédiat de tous les réfugiés.

    Pour finir, les discours prononcés devant la Préfecture, dont celui de Michel Calvo (trésorier de la fédération PS de l’Hérault) ont appelé à restructurer le collectif pour mener une action humanitaire en soutien au peuple syrien.

    Mais une action humanitaire sera bien dérisoire si les impérialistes de tout poil, Hollande, Valls ou Fillon les premiers, poursuivent leur politique guerrière et meurtrière. Face à l’urgence de la situation, nos supplications sont dérisoires : l’heure est à la reconstruction de solidarités internationalistes fortes, pour le renversement d’un système qui n’en finit plus de pourrir et d’entraîner dans ses convulsions des millions de vies humaines.

    Dom Thomas

    http://www.revolutionpermanente.fr/

  • Notre position sur la Syrie (NPA 86) + Dossier

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    Le NPA de la Vienne participe à la mobilisation poitevine de solidarité avec Alep.

    Il s’agit pour nous, à une échelle de masse, de dénoncer des crimes contre l’Humanité, de demander, dans l’unité la plus large, l’arrêt des bombardements, et la mise en place de solutions humanitaires rapides. Les populations civiles, et les révolutionnaires syriens, en ont besoin.

    La mobilisation en France (du moins localement), pour la première fois depuis le début de la révolution, rassemble plusieurs organisations politiques de gauche, et de nombreux citoyens. Il faut le saluer, même si cela arrive très tard. Néanmoins, des désaccords de taille continuent d’exister entre certaines de nos organisations. Le NPA tient donc, ici, à donner son positionnement sur la politique à adopter.

    Révolution permanente !

    Depuis les premières heures de la révolution syrienne, dans l’effervescence des printemps arabes, le NPA est aux côtés du peuple syrien. Nous avons, en particulier, écrit des dizaines d’articles dans notre journal "L’Anticapitaliste". Ces articles sont disponibles en cliquant ici. Le NPA a de nombreux militants membres de la IVème Internationale (au même titre que Ensemble !). Nous avons donc des liens avec des groupes politiques syriens engagés dans la révolution. Ceux-ci ont été invités à plusieurs reprises dans certains de nos meetings.

    Ce premier paragraphe vise simplement à mettre en lumière la révolution syrienne. Non, la Syrie ne connait pas une guerre entre DAESH, Al Nostra et l’État Loyaliste de Assad. Cette version est le fruit de la propa- gande du régime de Bachar Al Assad, qui, en faisant entendre cette version, se place, aux côtés de la Russie et de l’Iran, en rempart contre le terrorisme.

    La révolution syrienne, et en particulier à Alep, n’est pas liée aux groupes terroristes islamistes, mais bien à un soulèvement populaire, pour en finir avec la dictature de Assad fils, pour répondre à des exigences démocratiques et sociales. Nier cette révolution, c’est déjà faire le jeu de Assad.

    C’est pourquoi nous ne défendons pas une politique de la paix entre les différentes parties.

    Nous soutenons, de toutes nos forces, la révolution. Nous disons, avec le peuple syrien, Bachar Dégage ! La paix en Syrie, dans l’immédiat, ne se fera pas avec des élections où Bachar pourrait être réélu. Le préalable à la paix, c’est le départ de Assad.

    Refus de tous les impérialismes, de tous les obscurantismes

    Combattre Assad, c’est notamment combattre l’intervention russe en Syrie. Poutine intervient en Syrie aujourd’hui car il a besoin du soutien de Assad afin de garder un partenaire politique ayant une ouverture sur la Méditerranée. Comme en Tchétchénie, Poutine, sous prétexte de lutte contre l’islamisme, détruit toutes les résistances démocratiques ou indépendantistes.

    De l’autre côté, les USA, appuyés notamment par la France, et en relation avec les monarchies du Golfe, ont plus ou moins soutenus les groupes "rebelles" les plus réactionnaires, au moins pour les USA. L’objectif était de contrer la Russie et l’Iran. Toutefois, depuis les attentats, la solution Assad est apparue comme alléchante. Ils ont alors organisé, eux aussi, des bombardements sur la Syrie, tuant, là encore, des centaines de civiles. Et la victoire de Trump pourrait profiter à Assad, comme celle de Fillon, s’il gagnait la présidentielle. Bref, nous avons là affaire à des manœuvres entre impérialismes, qui se soucient de leurs intérêts géopolitiques au détriment d’un peuple qui lutte et qui souffre.

    Nous rappelons pour notre part notre opposition aux interventions militaires impérialistes.

    Nous sommes opposés aux bombardements. Nous avions en revanche relayé l’appel des révolutionnaires syriens, de l’Armée Syrienne Libre, à recevoir des armes pour lutter plus efficacement contre Assad. Mais la France n’a pas répondu positivement, laissant les révolutionnaires sans équipements de qualité, face à un régime soutenu, lui, par la Russie, et face à Daesh, soutenu par les monarchies du Golfe.

    La situation aujourd’hui est pire qu’en 2011.

    La révolution est affaiblie, mais elle est toujours debout. Il ne faut pas céder. Notre rôle est d’organiser la solidarité la plus large, pour sortir du marasme les populations écrasées par le régime et les impérialismes. Mais il faut aussi continuer à soutenir la révolution, ne surtout pas ignorer les révolutionnaires, demander l’arrêt des bombardements, crier avec les syriens Bachar dégage !

    Même en Syrie, ils n’empêcheront pas le printemps d’arriver, et avec lui l’éclosion de mille Communes.

    mercredi 14 décembre 2016

    http://www.npa86.org/

     

    Lire aussi:

    Syrie : Avec la complicité des grandes puissances, Alep agonise (NPA)

    «Burning country»: les syriens dans la guerre et la révolution…(Anti-k)

    Alep, victime de tous ses bourreaux La Syrie nous le rappelle tragiquement : plus que jamais, socialisme ou barbarie ! (Révolution Permanente)

    Avec la conquête surprise de Palmyre, l'EI sort renforcé (L'Express)

    Le régime syrien combat-il vraiment l’État islamique? (Slate)

  • Désigner enfin l'impérialisme russe pour ce qu'il est en Syrie (Le Huffinton Post)

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    Un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie.

    Certains esprits simples, en France et au-delà, ne peuvent concevoir l'impérialisme que comme américain, ou en tout cas occidental.

    On rappellera la définition du Larousse de ce "phénomène ou doctrine d'expansion et de domination collective ou individuelle". Jamais la Russie n'a été historiquement présente en Syrie, où se sont pourtant succédé les empires de diverses obédiences. Et, contrairement à une vulgate peu éclairée, Moscou n'est pas intervenu en 2011 aux côtés du régime Assad pour défendre de supposés acquis stratégiques: la base maritime de Tartous, sur la Méditerranée, était alors désactivée ; les Assad père et fils avaient accumulé sur des décen- nies les dettes impayées à l'égard de Moscou, sans avoir montré la moindre disponibilité à les régler ; enfin, aucune menace militaire sérieuse ne pesait sur le régime Assad en 2011, confronté qu'il était alors à des manifestations largement pacifiques.

    Vladimir Poutine s'est bel et bien engagé sans réserve aux côtés de Bachar al-Assad, dès le printemps 2011, en cohérence avec une vision du monde partagée et en application d'un dessein impérial longuement mûri.

    Cette vision commune à Poutine et Bachar repose sur la primauté absolue des régimes contre les peuples, dont les contestations ne peuvent être que le fruit de conspirations ourdies à l'étranger, d'où la légitimité à les traiter militairement comme une menace extérieure. Le dessein impérial de Poutine se nourrit de l'expérience historique : une puissance à vocation internationale doit consolider ce statut au Moyen-Orient, pour le meilleur (Bush père et le "nouvel ordre mondial" en 1991) ou pour le pire (Bush fils et l'invasion de l'Irak en 2003). Poutine a donc investi à fonds perdus en Syrie en armements, financement et soutien diplomatique, escomptant bien en être récompensé au centuple.

    Ce pari niait toute existence autonome d'un peuple syrien, et naturellement tout droit à l'autodétermina- tion pour la population de Syrie.

    Il rejoignait paradoxalement la vision du monde d'un Barack Obama de plus en plus désabusé, crispé sur la logique interétatique qui devait déboucher, reconnaissons-le, sur la conclusion, en juillet 2015, d'un accord sur le nucléaire iranien. Cet accord, pour la signature duquel Washington avait suspendu toute avancée sérieuse sur le dossier syrien, était censé favoriser la paix et la stabilité sur le moyen et le long terme dans la région. Deux mois plus tard, la Russie s'engageait massivement en Syrie, et directement cette fois, après un véritable discours-programme de Poutine à la tribune des Nations-Unies. Discours dont la tonalité "souverainiste" pouvait se résumer à : Vive les régimes et à bas les peuples !

    Les cinq années écoulées ont vu la Russie mener une véritable "guerre froide à sens unique", où Poutine a naturellement engrangé les succès, tant Obama était pressé de reculer pour éviter toute tension sérieuse au Moyen-Orient. La métaphore graphique de David B., en exergue de ce texte, est à cet égard éclairante. Elle nous rappelle que Poutine n'a jamais pu faire que ce qu'on lui a laissé faire. Que son expansion en Syrie, avec réactivation d'un port de Tartous désormais largement doté, puis établissement d'une base aérienne de premier rang à Lattaquié, n'a été rendue possible que par l'abandon du peuple syrien à cette machine de guerre. On voit avec le recul comment l'institution d'une "zone de sécurité" à la frontière turque aurait pu à la fois enrayer le flux des réfugiés et enraciner une "troisième voie" hostile à Assad comme à Daech.

    Au lieu de cela, le monde a laissé la Russie établir sa propre "zone de sécurité" au nord de la Syrie, par le déploiement de ses batteries anti-aériennes les plus avancées.

    Le calvaire d'Alep en est la conséquence directe, avec liberté absolue pour les bombardiers de Poutine et d'Assad de pilonner des zones résidentielles, tout en interdisant à l'ONU, déjà privée d'accès au sol, d'opérer des largages humanitaires par voie aérienne. Pendant ce temps là, Daech, ostensiblement épargné par les frappes russes, continue de recruter et d'inspirer des attentats dans le monde entier depuis la ville syrienne de Raqqa, dans la vallée de l'Euphrate. Daech a même profité de l'acharnement de Poutine et d'Assad contre Alep pour s'emparer de nouveau de Palmyre, que Moscou prétendait avec emphase avoir "libéré" en mars 2016.

    Résumons donc : un dessein impérial qui fait fi des peuples, s'engage aux côtés d'un des plus barbares despotes de ce temps et permet à Daech de proliférer encore et encore. C'est cela l'impérialisme russe en Syrie et c'est en ces termes qu'il faut le désigner. Pour l'heure, le chef de la diplomatie russe peut publiquement accuser les Etats-Unis d'avoir encouragé l'offensive de Daech à Palmyre. Et son homologue américain, toute honte bue, se borne en écho à exhorter la Russie à la "compassion" envers la population d'Alep, abandonnée de tous. Voici venu le temps des assassins.

    Professeur des universités, en charge du Moyen-Orient à Sciences Po (Paris)

    http://www.huffingtonpost.fr/

  • Nouveautés sur Europe Solidaire Sans frontières

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  • The counterrevolution crushes Aleppo (ISO)

    Residents of Aleppo pull victims from the rubble after another regime bombing

    Residents of Aleppo pull victims from the rubble after another regime bombing

    THE COMBINED forces of Bashar al-Assad's regime, Russian air power and Iranian-backed Shia death squads are reconquering Eastern Aleppo, according to reports--and with it, the last of the major cities liberated by the Syrian Revolution since 2011.

    The Syrian regime and its Russian ally are in the last barbaric stages of an onslaught against Aleppo. Ashley Smith analyzes the consequences of the rebel stronghold's fall.

    "Aleppo is being destroyed and burned completely," Mohammad Abu Rajab, a doctor in Aleppo, said in a voice message quoted by the Guardian. "This is a final distress call to the world. Save the lives of these children and women and old men. Save them. Nobody is left. You might not hear our voice after this. It is the last call, the last call to every free person in this world. Save the city of Aleppo."

    After it was freed from regime control in 2012, Aleppo was "a symbol of the democratic alternative that could be Syria," as Syrian revolutionary Joseph Daher put it.

    That's why Assad and his Russian and Iranian allies declared unremitting war against it. They subjected Eastern Aleppo to a siege to starve its people and force them to flee. Aleppo's population, once greater than the Cleveland metropolitan area, collapsed to an estimated 250,000 earlier this year.

    In the past month, Assad's forces moved in for the kill. Everything from schools to hospitals to homes and more have been bombed, reducing a whole section of Syria's once-largest city to a pile of rubble. Ground operations have retaken one section of the city after another.

    While Assad claims to be liberating Aleppo from terrorists, he is, in fact, slaughtering not only armed rebels fighting government forces, but untold numbers of civilians.

     

    Stephen O'Brien, the United Nations' humanitarian chief, said Aleppo was becoming "one giant graveyard." Abdul Kafi Alhamado, an English teacher in Aleppo, gave the same assessment to the BBC: "The situation inside the eastern part of Aleppo is literally doomsday. Bombs are everywhere, people are running, people are injured in the streets, no one can dare go to help them, some people are under the rubble."

    The regime reportedly considers civilians who escaped the siege as suspected supporters of the anti-Assad revolution. Hundreds of men and boys have been rounded up and thrown into Assad's jails to suffer torture and death.

    - - - - - - - - - - - - - - - -

    WITH THIS victory, Assad has restored his rule over the major cities of Syria--but at an enormous humanitarian cost.

    His regime is responsible for the vast majority of the 400,000 lives lost in five years of warfare. Countless cities and villages have been destroyed. Fully half of the country's pre-war population--11 million people--have fled their homes. There are 5 million Syrian refugees scattered throughout the region nearby, and 1 million have made treacherous sea and land crossings to Europe.

    Assad had to turn to this kind of barbarism to crush the revolution that began in 2011. It was a popular, pro-democracy uprising, just as legitimate as the other rebellions against the autocracies throughout the rest of the Middle East and North Africa collectively known as the Arab Spring.

    Syrians rose up against Assad's neoliberal dictatorship, organizing a tide of non-sectarian, multiethnic demonstrations throughout the country. They were confronted by three forces of counterrevolution.

    First and foremost was the regime itself. Assad responded to the uprising by sending his police and military to fire on peaceful protests and search out activists to arrest, jail and torture in Syria's vast gulag of prisons. Their slogan was "Either Assad or we burn the country."

    Instead of deterring the revolt, Assad's brutality led opponents to take up arms in self-defense. Whole sections of the Syrian military defected to form the Free Syrian Army. The popular revolt and the armed resistance liberated large areas of the country, where Local Coordination Committees and regional Local Councils were set up to begin to remake Syrian society democratically from below.

    - - - - - - - - - - - - - - - -

    FACED WITH the real possibility of defeat, Assad turned to the classic strategy of all tyrants: divide and conquer.

    His regime, while nominally secular, is well versed in manipulating religious and ethnic divisions. Its chief base is among the minority population of Arab Alawites, who practice a version of Shia Islam. Assad has always postured as a defender of the Alawites and other religious minorities against the threat of the country's Sunni majority.

    But Assad established a relationship with reactionary Sunni fundamentalists in the early 2000s. He allowed them to use Syria as a base to conduct attacks against the U.S. occupation of Iraq. When the occupation ended and some of the jihadists turned on Assad, he jailed them.

    After the revolution broke out in early 2011, Assad released thousands of these prisoners in the hopes that they would coalesce as a rival to the mainly secular, pro-democratic uprising. These included Abu Muhammad al-Jolani, leader of Jabhat al-Nusra (now called Jabhat Fateh al-Sham); Zahran Alloush, founder of Jaysh al-Islam; and Hassan Aboud, founder of Ahrar al-Sham.

    Assad hoped the reactionary fundamentalists would target more secular revolutionaries and turn the revolt into a sectarian one, while he postured as a defender of Alawites, Christians and other religious minorities against terrorism. But all of this was a cover to attack revolutionaries, their Local Committees and the Free Syrian Army.

    The Assad regime also maneuvered to prevent Syria's oppressed Kurdish minority from uniting with the predominantly Arab revolt. Though it has repeatedly betrayed and oppressed the Kurds over many years, a whole section of northern Syria was effectively ceded to the Syrian wing of Turkey's Kurdish Workers Party (PKK), called the Democratic Union Party (PYD).

    The regime's divide-and-conquer strategy aided and abetted the second counterrevolutionary force: the various Islamic fundamentalist forces. The jihadists released from jail near the beginning of the uprising helped form both the al-Qaeda affiliate in Syria, the Nusra Front (now rebranded as the independent organization Jabhat Fateh al-Sham) as well as the Islamic State in Iraq and Syria (ISIS).

    For its part, Nusra did fight the regime, and while imposing its reactionary rule in areas it dominated. ISIS, which established its base in Raqqa, didn't even fight the regime, but actually established a de facto non-aggression pact that included oil sales.

    - - - - - - - - - - - - - - - -

    THESE TWO forces of counterrevolution--the Assad regime and the Islamic fundamentalist semi-opposition--were bolstered by a third: the imperialist and regional powers. Both Iran and Russia intervened in Syria to save Assad from what appeared to be certain downfall.

    Iran, which views Assad as a regional ally, sent military advisers, its own Shiite militias and those of its Lebanese ally Hezbollah to bolster the Syrian government's depleted ground forces.

    Russia, with the aim of projecting itself as an imperial power in the region, deployed its air force, targeting not ISIS, as it claimed, but Syrian revolutionaries. Indeed, 90 percent of Russian bombing runs were carried out against targets other than ISIS.

    Other regional powers, including Saudi Arabia, Qatar and Turkey intervened against the Assad regime, but not in support of the revolution. Instead, they backed various Islamic fundamentalist forces.

    Finally, the world's biggest imperialist power, the U.S., also intervened as a counterrevolutionary force.

    Contrary to the claims of some on the left, the U.S. did not want regime change in Syria. At best, it aimed for an orderly transition that would get rid of Assad, but preserve his state, while adding some elite elements of the opposition--a similar outcome to elsewhere in the Middle East, which the U.S. turned to more explicitly after the disastrous intervention in Libya,

    The U.S. did fund some handpicked rebel groups. But it denied them crucial anti-craft weaponry that would enabled the rebels to overcome the Assad regime's sole military advantage: airpower.

    The last thing the U.S. wanted was a successful revolution from below. Instead, it used the rebels as a bargaining chip in fruitless negotiations to achieve an orderly transition to pacify the country. And since the rise of ISIS in Iraq and Syria, the U.S. has abandoned most of its support for the rebels and focused on defeating the so-called caliphate. To do so, it was more than willing to engage in de facto collaboration with Russia and the Syrian regime.

    - - - - - - - - - - - - - - - -

    AS A direct result of U.S. policy, the popular revolution and its military wing dwindled while the counterrevolutionary Islamic fundamentalists funded by Turkey and the Gulf States grew in force.

    Nevertheless, as recently as last March, Syrian revolutionaries were still able to mount demonstrations against both the regime and the Nusra Front during a brief ceasefire. Since then, however, the revolutionary forces have lost further ground to Islamic fundamentalist forces as the Assad regime's sieges and the relentless bombing of Russian warplanes took their toll.

    Assad thus got the scenario he always wanted; he and his Russian and Iranian backers can now claim they are fighting a "war on terror" against Sunni jihadists.

    This result has exposed the U.S. as a weakened power in the Middle East. To be sure, it is still the region's dominant power, but it is no longer able to dictate the region's politics. Meanwhile, Russia's position has gained in strength, while U.S. officials have been able to do little other than propose resolutions for cease-fires in the UN Security Council, which Moscow has vetoed.

    Russia has managed to outfox the U.S. and ensure the survival of its ally Assad against any orderly transition sought by Washington. And now, with the surprise election of Donald Trump, U.S. policy in the Middle East is about to change.

    Trump advocates an explicit alliance with Russia and Assad against ISIS and al-Qaeda. But in a sign of the total incoherence of his ideas, he also proposes scrapping the nuclear treaty that the Obama administration negotiated with Russia's ally Iran--a move that could disrupt any U.S and Russian collaboration in Syria.

    With U.S. policy in tatters, various parties involved in the conflict--including long-standing American allies--have struck deals with Russia.

    For example, Turkey's President Recep Tayyip Erdoğan, who used a recent botched coup attempt as a pretext to curtail democracy and re-launch the government's war on the Kurdish minority, has worked out a pact with Russia. The strategic aim is to use the cover of their common war against ISIS in Syria to prevent the Kurdish PYD from consolidating territory.

    - - - - - - - - - - - - - - - -

    THE SYRIAN government, Russia and Iran will likely agree to a negotiated settlement brokered with the U.S. and other powers at some point. But it will be an unstable deal.

    Even after the victory in Aleppo, Assad's regime will still only control only about a third of the country. The Kurds control a large part of the northern region; ISIS still retains power in Raqqa and its surroundings; and Islamic fundamentalist militias like Jabhat Fateh al-Sham retain power in Idlib.

    Turkey will fight to stop the consolidation of any Kurdish autonomous zone. The U.S., Russia and Assad will continue their war on ISIS, and Saudi Arabia and Qatar will continue to back their fundamentalist allies to conduct a guerilla resistance against the regime.

    Apart from the interests of imperial and regional powers, any kind of settlement will ultimately be based on the betrayal of the Syrian people's hopes for democracy and equality--thought it will at least provide Syrian revolutionaries at home and abroad space to rebuild their forces for a struggle in the future.

    Such struggles will no doubt come. The Syrian regime, like those in the rest of the region, has little to offer but repression and austerity. Amid the counterrevolutionary settlement, Syrian revolutionaries will have to build a new left based on the multiethnic and non-sectarian solidarity of the early stages of the revolution.

    Internationally, the left must reckon with its failure to unanimously support the Syrian Revolution, and it needs to re-learn how to combine opposition to all forms of imperialism with solidarity with revolution from below.

    As part of that effort, we must oppose the tide of xenophobia and Islamophobia, and demand that our own governments admit any and all Syrian refugees who want to come to the U.S., and provide them with sanctuary and assistance to rebuild their lives.

    December 13, 2016

    https://socialistworker.org/